Auteur : oliv
Origine : Gundam Wing.
Disclaimer :
Les personnages de cette histoire sont la propriété exclusive de Sunrise, Bandaï et Setsu Agency
La chanson qui sert de base est toujours Overseas Telegram de Gainsbourg © Melody Nelson Publishing
Genre : Yaoi - songfics trilogie – ici le POV de Duo
Couples : 1x2x1, 3x4x3 vaguement évoquée
Pour la petite histoire : Au départ il y avait 3 opus. Ils sont toujours là. Le premier et le troisième sont toujours dans leur état d'origine (c'est-à-dire pas très bons). Je les retoucherai peut-être un jour. Aujourd'hui j'ai eu envie de reprendre celui-là. C'est celui qui me tenait le plus à cœur. Certainement car c'est ce que j'ai écrit de plus personnel. Un tres gros merci à Calamithy pour ses conseils qui sont pour moi toujours aussi précieux. Et un autre merci à Méanne, Zorky, Mimi, et toutes celles qui ont aimé cet opus en espérant que cette nouvelle version ne vous décevra pas.
Overseas Telegram
Cinq ans
(tiens je sais pas où je suis allé le trouver ce titre)
Soit le plus beau télégramme
De tous les télégrammes
Que tu recevras jamais
Et qu'ouvrant mon télégramme
Tu te mettes à pleurer
Je sais que ce télégramme
Est le dernier télégramme
De tous les télégrammes
Que je t'enverrai jamais
´
Cela fait cinq ans.
Cinq ans ce n'est pas si long finalement.
Cinq ans c'est quoi quand on y pense et que l'on a 22 ans.
Cinq ans ce n'est pas si cher que cela à payer si c'est le prix de son rêve le plus fous.
Cinq ans ce n'est pas six, ni dix, ni vingt.
Cinq ans si le compte pouvait s'arrêter à cinq ans.
Cinq ans sans missions et sans guerres.
Cinq ans est-ce seulement assez pour oublier ce que l'on a vécu.
Cinq ans est-ce seulement suffisant pour se construire une vie.
Cinq ans est-ce seulement raisonnable pour effacer tant de morts.
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J'aimerai que ce télégrammeSoit le plus beau télégramme
´
Cinq ans que nos Gundams sont aller faire un plongeon dans le soleil.
Cinq ans que je lui ai dit : « Je t'aime ».
Cinq ans que nous avons fait l'amour pour la première fois.
Cinq ans que nous avons fait l'amour pour la dernière fois.
Cinq ans que je m'étais réveillé à ses côtés.
Cinq ans que je lui avais dit que je voulais qu'il en soit ainsi chaque jour.
Cinq ans que ce même jour, il est parti.
Cinq ans que je lui ai demandé de m'emmener avec lui.
Cinq ans qu'il m'a dit qu'il ne pouvait pas accepter.
Cinq ans qu'il m'a dit qu'il ne savait pas s'il serait capable de vivre.
Cinq ans que je l'ai vu franchir le seuil de la porte.
Cinq ans qu'il a quitté notre chambre au petit matin.
Cinq ans que je l'ai vu partir son sac sur l'épaule.
Cinq ans qu'il a prononcé ces derniers mots : je t'écrirai.
Cinq ans que j'attends.
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Cinq ans qu'il est seul quelque part dans le nord de l'Ecosse.
Cinq ans qu'il essaye d'apprendre à vivre.
Cinq ans que comme moi il est seul, malgré les gens qui l'entourent.
Cinq ans que ma vie est une ombre.
´
De tous les télégrammes
Que tu recevras jamais
´
Cinq ans que je n'arrive pas à me débarrasser de l'odeur de sa peau.
Cinq ans que ma langue est en manque du sucré de ses lèvres.
Cinq ans que mes doigts non pas goûté la douceur de ses cheveux.
Cinq ans que je ne me suis pas noyé dans le bleu de ses yeux.
Cinq ans que je ne n'y ai pas vu se refléter mon sourire aujourd'hui disparu.
Cinq ans sans la mélodie de sa respiration quand il s'endormit ce soir-là dans mes bras.
Cinq ans que chaque nuit, mes doigts inconscients scrutent le lit.
Cinq ans qu'ils cherchent son dos.
Cinq ans qu'ils veulent atteindre ses mains.
Cinq ans qu'ils partent pour aller perdre dans ses cheveux, en vain.
Cinq ans qu'ils ne trouvent pas ses bras.
Cinq ans que mes doigts bredouilles se crispent dans les draps.
Cinq ans que mes ongles se plantent dans le matelas froid.
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Et qu'ouvrant mon télégrammeTu te mettes à pleurer
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Cinq ans où chaque jour qui passe est un jour de moins qui me sépare de lui.
Cinq ans où chaque jour qui vient est une épreuve de plus à surmonter.
Cinq ans où chaque jour en est un de moins avant d'arriver jusqu'à lui.
Cinq ans que le temps qui passe est du non-temps.
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Cinq ans à ne pas savoir attendre.
Cinq ans à ne pas savoir quoi attendre.
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Cinq ans à essayer de trouver d'autres corps.
Cinq ans à dénuder d'autres garçons.
Cinq ans à vomir quand je me rends compte qu'ils ne sont pas lui.
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Cinq ans que mes nuits sont sans sommeil.
Cinq ans que des sanglots se nouent dans ma gorge.
Cinq ans qu'ils ne parviennent pas à trouver mes yeux.
Cinq ans que des larmes sont en moi refusant de jaillir.
Cinq ans que je me donne en spectacle.
Cinq ans d'une espèce de pantomime
Cinq ans de représentation d'un théâtre d'ombre.
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Cinq ans que je suis odieux avec ceux qui me veulent du bien.
Cinq ans que je me planque derrière mon sourire idiot
Cinq ans que je me déguise de mes blagues stupides.
Cinq ans que je ne trompe plus personne.
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Cinq ans que le petit couple modèle Quatre et Trowa...
Cinq ans que Sally et Wu Fei...
Cinq ans que même Réléna...
Cinq ans que tous ceux-là me tirent.
Cinq ans qu'ils essayent de me repêcher.
Cinq ans que je continue de m'enfoncer des sables mouvants.
Cinq ans que je refuse d'en sortir.
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Je sais que ce télégramme
Est le dernier télégramme
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Cinq ans que je veux fuir mon appartement.
Cinq ans que l'image que j'ai de moi me fait peur.
Cinq ans que je me sens abandonné.
Cinq ans que je suis sans vie.
Cinq ans que je me néglige.
Cinq ans que je me sens sale.
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Cinq ans que je ne me lave plus que pour sortir.
Cinq ans que je fais tout pour ne plus quitter mon appartement.
Cinq ans que je me terre.
Cinq ans que je m'enferme.
Cinq ans que je me complais dans ma propre prison.
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Cinq ans qu'un frisson glacial tétanise mon dos à chaque fois que le téléphone sonne.
Cinq ans que je relève mes mails frénétiquement toutes les heures.
Cinq ans que j'ai peur quand je vais chercher le courrier.
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De tous les télégrammes
Que je t'enverrai jamais
´
Cinq ans sans pouvoir détacher ne serait ce qu'un instant son image de ma tête.
Cinq ans que cette image comme un envoûtement m'accompagne partout.
Cinq ans qu'elle me suis dans tous mes déplacements.
Cinq ans qu'elle m'espionne dans toutes mes actions.
Cinq ans que même le plus insignifiant des gestes, je le fais sous son regard.
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Cinq ans à attendre chaque jour.
Cinq ans à guetter chaque instant.
Cinq ans à frémir à chaque seconde.
Cinq ans sans nouvelle de lui.
´
Cinq ans à ressentir la brûlure de milliers de lames froides et métalliques.
Cinq ans à me tordre quand je les sens s'immiscer dans mes entrailles.
Cinq ans à avoir la nausée quand ensuite elles jouent avec mes tripes.
Cinq ans que je ressens cela à chaque fois que je pense à lui.
Cinq ans que je ne peux rien faire sans penser à lui.
´
Cinq ans que mes journées ressemblent au Canon Per Tonos de Bach. (1)
Cinq ans qu'au bout de la soirée, je vais me coucher.
Cinq ans que quelques minutes après je me relève.
Cinq ans que j'erre toute la nuit dans mon appartement.
Cinq ans que mes nuits ne sont éclairées que par l'écran de mon ordinateur.
Cinq ans que chaque nuit, j'attends en vain qu'un mail arrive.
Cinq ans qu'au bout de la nuit, je finis par m'écrouler dans un coin.
´
Cinq ans que je me réveille alors en tremblant.
Cinq ans que j'ai peur que mon sommeil me fasse louper son message.
Cinq ans que je me précipite alors sur mon ordinateur.
Cinq ans que en suite je cours vers mon répondeur.
´
Cinq ans que je n'ai pas de message.
Cinq ans que las, je vais me faire un café.
Cinq ans que je mets trois sucres dans mon café.
Cinq ans que je passe ma matinée à tourner en rond.
Cinq ans que je déjeune d'un autre café.
Cinq ans que c'est ma seule nourriture.
Cinq ans que c'est ce qui me fait tenir.
Cinq que ce café est la seule chose que je continue à apprécier.
´
Cinq ans que je passe ma journée à tourner en rond.
Cinq ans que j'ai envie de cogner.
Cinq ans que mes nerfs me lâchent.
Cinq ans que je me retiens de tout casser.
Cinq ans que je finis invariablement par allumer la télé.
Cinq ans que je zappe frénétiquement de chaîne en chaîne.
Cinq ans que je n'ai pas vu un seul film en entier.
Cinq ans qu'au bout de la soirée, je vais me coucher.
´
Cinq ans que j'attends un mot de toi.
´
J'aimerai que ce télégramme
Soit le plus beau télégramme
De tous les télégrammes
Que tu recevras jamais
Et qu'ouvrant mon télégramme
Tu te mettes à pleurer
´
Au lendemain de la destruction de leurs Gundams et de leur retour sur terre, il était allé le voir. Il lui avait dit à quel point il l'aimait, il l'avait toujours aimé, qu'il voulait maintenant le voir vieillir et se voir vieillir à ses côtés.
L'autre ne répondit pas tout de suite. Il se contenta de le prendre dans ses bras, de le conduire jusqu'à leur chambre et de lui faire l'amour.
Puis au petit matin, il dit qu'il était désolé, qu'il n'était pas prêt pour vivre avec lui aujourd'hui, qu'il fallait qu'il apprenne déjà à vivre lui-même.
Il ajouta que s'il y parvenait, il n'y aurait personne d'autre que lui.
Personne d'autre que lui avec qui il avait envie de faire l'amour.
Personne d'autre que lui avec qui il pourrait vivre.
Personne d'autre que lui qu'il aurait envie de voir vieillir.
Mais que cela prendrait du temps des années certainement. L'autre lui répondit que ce n'était pas grave, qu'il savait qu'au mieux il lui dirait ça, mais qu'il l'attendrait parce que c'était là le sens qu'il entendait donner à sa vie.
Le premier lui offrit un « je t'aime », se leva et avant de disparaître dit : « quand je me sentirai prêt, je t'écrirai. »
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Tu auras ce télégramme
Comme mes autres télégrammes
Par Overseas Telegram
Et le Post Office anglais
´
Ce matin-là, il n'attendait plus rien, plus rien d'autre que ce qu'il attend chaque jour depuis... Ça devait bien faire cinq ans maintenant. L'employé des postes était exceptionnellement monté avec le courrier.
Ce matin-là il rangea quelques affaires dans un sac, envoya un courriel à ses amis pour leur demander de vider son appartement, il les rassura aussi, disant simplement « ce matin, je vais bien ».
Il empocha son passeport, laissa ses clés, commanda un taxi pour se rendre à l'aéroport. Le vol pour Dundee ne dura que deux heures. Ensuite en train, il finirait son voyage.
L'attente sur le quai de la gare balayé par une fine bruine perçante lui paru interminable.
Il était là maintenant assis dans un compartiment de seconde, blotti contre lui-même, le visage collé contre la vitre. Dans ses yeux, on pouvait voir passer la campagne écossaise. Elle se reflétait comme dans un lac sur la fine rangée de larmes qui baignait ses paupières.
Ses pleurs n'étaient pas chargés de tristesse. Il ne l'était pas.
Il se sentait juste vide, allégé d'un immense poids.
Et au fur et à mesure que le train avançait au milieu du crachin et des paysages verts et roses des Highlands, la bruyère imprimait ses tonalités violettes dans les lacs si bleus, un sourire, imperceptible au début, petit à petit commençait à naître sur son visage.
Il serrait sa longue natte dans ses bras et dans ses doigts un bout de papier bleu, un peu froissé, qu'il n'avait pas lâché depuis le matin. Sur le papier on pouvait lire un couple de deux mots de cinq lettres dactylographiées.
Heero
Fin du deuxième opus
1- Ce canon de Bach(2) est très connu pour sa construction. C'est un canon à trois voix qui n'en fini pas de monter et pourtant est éternellement recommençant. Pour ceux qui connaissent c'est un peu comme l'escalier éternellement ascendant de M.C. Escher ou son ruban de Möbius.
2- Duo est un garçon intelligent et cultivé donc il connaît Bach. Et comme il est extrêmement brillant, il a lu en entier Godel Escher Bach Les brins d'une Guirlande Eternelle de Douglas Hofstadter (private joke).
Duo : c'est pas vrai ? Mais on reste en vie dans celui l !
Heero : c'est pas une raison
Duo : tu crois qu'il pourrait remettre ça dans le troisième opus ?
Heero : vaut mieux prévenir que guérir
Duo : ça a l'air vide ici
Heero : il s'est sauvé avant notre arrivée
Duo : tu connais les Kerguélènes ?
Heero : pourquoi ? Il y a rien là-bas à part des pingouins
Duo : ben si son laptop émet depuis là bas !
Heero : on est pas sorti de l'auberge
Duo : et si on envoyait un gros missile ça le nettoierai d'un coup
Heero : pas possible c'est protégé
Duo : bon ben en route.
