Donc voici la 3e partie de Colère. Les textes peuvent être lu séparément aussi vu qu'ils ont des styles différents, mais sachez que j'utilise les mêmes personnages dans Colère partie 1, Colère partie 2 et Drago Lucius Potter. (ils sont dans cette ordre là, chronologiquement). Cette partie a été ma participation à l'ASPIC (Ateliers Scripturaux Promouvant l'Imagination et la Créativité) du Discord Potterfictions, n'hésitez pas à nous rejoindre si l'envie y est !

TW important : Alcoolisme, Mort de personnage principal, Rated M
Ajout d'un avertissement : Sad end


Entête officiel de l'ASPIC

Ce texte est un OS écrit lors de la participation à l'ASPIC Été (Ateliers Scripturaux Promouvant l'Imagination et la Créativité) organisé par le serveur Discord Potterfictions

Personnage(s) / ship imposé(s) : Drago Malefoy / Harry Potter, Lily Evans

Contrainte de texte 1 : Romance

Contrainte de texte 2 : Mort d'un personnage

Mots imposés : Bouteille Cadeau Mer Superstition Touristes Village

Bonjour à toustes ! Je suis sorti(e) de ma zone de confort pour cet OS, j'espère que vous apprécierez la lecture autant que j'ai aimé l'écriture de ce texte.


31/07/2026

Je marche d'un pas lent avant de m'asseoir maladroitement à l'endroit qui me semble le plus pertinent. Ce lieu me rend toujours aussi inconfortable. J'ignore pourquoi aujourd'hui, d'entre tous les jours, je remets enfin les pieds ici. Mais voilà, aujourd'hui, moi, Harry Potter, j'ai besoin de parler.

— J'imagine que je peux simplement commencer ? C'est ce que font les gens normalement ? demandais-je.

Prenant une profonde inspiration, j'ignore par où débuter. Le commencement de tout ? Le début de la fin ? Dois-je raconter toute mon histoire ?

Tant de questions que je laisse errer un moment entre mes pensées.

— Je pense que je devrais commencer par le début puisque je n'ai jamais fait cela…

Le silence me répond tel le cruel ennemi qu'il est.

— Tout a commencé par un coup de poing, je dirais. Deux jeunes hommes beaucoup trop chétifs pour leurs âges, deux jeunes en mal d'être compris, en quête d'une liberté impossible à atteindre.

J'expire bruyamment, surpris de la vivacité de ce vieux souvenir.

— Deux jeunes hommes qui avaient trouvé une minuscule étincelle d'espoir et de bonheur dans cette période sombre que fut l'avant-guerre. Je me rappelle encore, comme si c'était hier, la haine qui se dépeignait sur ses traits. Puis, les premiers signes que notre relation changeait. Les premiers regards perplexes, la première fois que nous avons franchi cette ligne imaginaire qui séparait nos deux mondes.

Je m'interromps un moment. Il m'est tellement étrange d'évoquer ces souvenirs à voix haute, moi qui tiens tellement à ma vie privée. En même temps, ce lieu est propice à cet exercice, non ?

— Puis la guerre a éclaté. Nous nous sommes perdus de vue pendant la bonne majorité du temps. J'aimerais bien vous dire que l'après-guerre fut doux et serein pour moi, pour nous. Mais ce serait un mensonge.

Je pense à la flasque qui se trouve actuellement dans la poche de mon veston. « Il ne serait pas fier de moi », pensais-je. Je me fais alors la promesse de trouver une solution à ma consommation rapidement.

— J'avais pensé qu'après la fin de la guerre mon esprit s'apaiserait. Ce ne fut pas le cas. La colère… Cette même colère qui m'habitait déjà avant les hostilités. Cette colère était revenue telle une vaillante amie. Engloutissant tout autour de moi, j'étais paralysé dans l'espace-temps. Un zombie ne trouvant pas sa place parmi les mortels, incapable d'avancer.

J'inspire un bon coup avant de poursuivre.

— La bouteille devint mon remède, mon poison. L'alcool gelait tout. Je m'excuse de ne t'avoir jamais raconté tout cela, ce n'est pas un moment dont je suis fier. Je noyais littéralement ma colère dans la bouteille à cette époque.

Je m'étire alors les jambes, tentant de chasser l'inconfort qui m'envahit.

— Bien sûr, j'arrivais encore à garder les apparences à cette époque. Je continuais les soupers hebdomadaires chez les Weasley, les visites à Ron et Hermione, mais sans plus. L'école ne m'intéressait plus, le futur n'avait pas de saveurs. Je passais plus de temps à la taverne près du chemin de traverse que chez moi. C'est à ce moment qu'il est revenu dans ma vie. J'aimerais aussi vous dire que cette rencontre fut douce, romantique, et qu'elle a pansé mes blessures, mais ce n'est absolument pas le cas.

Je fais une pause dans mon récit. Cette taverne représente aujourd'hui la pire période et le meilleur événement de ces années post-guerre. Je sais que j'ai interrompu mon histoire, mais j'apprécie les souvenirs qui s'enchaînent dans ma tête. Ceux-là sont pour moi uniquement, j'accepte ce moment comme une salvation bienvenue.

FLASHBACK 1999 —Taverne

Il s'apprêtait à commander son habituel. Parce que oui, il était devenu cet homme qui avait un « habituel » dans une taverne. Pas un verre favori dans un club sélect, mais bien un « habituel » dans une taverne qui penche plus vers le miteux que le huppé.

— Tu as dû oublier de m'appeler pour ce verre, fit une voix qu'il connaissait bien, mais qui n'aurait pas dû se trouver ici.

Relevant la tête, il le vit. Malefoy avait l'air bien plus en forme que la dernière fois qu'ils s'étaient vus à Poudlard. Ce ne devait pas être son cas.

Pour une raison qu'il ignorait encore aujourd'hui, il ne lui répondit pas. Se contentant de faire signe au barman pour qu'il lui apporte son verre.

L'autre homme prit place sur le tabouret à ses côtés.

— Oh non, Potter. Tu ne bois pas cela, commenta Malefoy de son ton outré typique.

Il commanda deux verres d'un liquide différent.

Harry avait fait rouler l'alcool un bon moment dans son verre avant d'en prendre une gorgée.

Whisky Pur Feu.

Il n'avait pas touché à cette boisson depuis les festivités de la victoire l'année précédente. Le goût et la morsure typique du whisky le saisirent.

Le souvenir s'accéléra, ne lui laissant que quelques bribes. Ils avaient bu, un peu trop bu. Puis le blond avait osé le suivre dans les toilettes répugnantes de l'établissement. C'est ainsi que deux jeunes hommes qui, de façade, auraient dû tout avoir, mais dont la vie les avait brisés, perdirent leur virginité. Dans les toilettes sales d'une taverne sordide. Douceur n'était effectivement pas le bon mot pour décrire la rencontre.

FIN DU FLASHBACK

Je sens que mes joues se rosirent à ce souvenir et je reprends connaissance d'où je suis assis à l'instant. Je me ressaisis rapidement.

— Donc, comme je disais, cette rencontre fut plus brutale et arrogante que tendre. Mais quelque chose s'était enfin réveillé en moi. Une émotion différente de la colère et du vide sidéral prenait tranquillement la place. J'avais toujours le coude léger, mais jamais à en perdre la carte. Ce qui était déjà une nette amélioration pour moi. Cette amélioration n'est pas arrivée du jour au lendemain, mais déjà, le lendemain, un faible espoir m'habitait alors que je circulais sur le Chemin de Traverse.

Un faible sourire apparaît sur mon visage.

— Bien sûr que je suis retourné au bar le lendemain. Peut-être allait-il y être ? Je suis arrivé à la même heure et j'ai attendu avant de commander mon premier verre cette fois. Cet espoir grandissait doucement en moi. Je savourais pleinement l'émotion. Un espoir anxieux, mais si bienvenu au travers de mes émotions négatives. Aux alentours de dix-neuf heures, il entra dans la taverne. Il me semblait encore plus beau que la veille, que dans mes souvenirs.

Prenant une pause, je ferme les yeux un moment. À l'époque, je m'étais dit que mon imagination me jouait des tours, mais, quelques années plus tard, Drago m'avait avoué qu'il avait passé un temps fou à se préparer ce jour-là. Même aujourd'hui, j'ai l'image très précise du grand blond au sourire arrogant qui se tenait dans l'embrasure de la porte du bar. Parfaitement habillé, coiffé et imposant de charisme, il détonnait totalement avec le décor ambiant.

— Il a pris place le plus naturellement du monde à mes côtés, nous commandant encore deux verres. Cette fois, il s'agissait de deux bièraubeurres. La surprise avait dû paraître sur mes traits, puisque Drago avait clarifié son geste.

« Peu importe ce que tu buvais hier soir… Ce devait être ton choix de prédilection, ton choix de déchéance ? »

— Il ne m'avait pas laissé le temps de répondre avant d'ajouter un détail crucial dans notre rapprochement.

« Le whisky Pur Feu, c'est le mien… »

— Avec du recul, nous aurions simplement dû arrêter de boire, mais ce n'est jamais aussi simple que cela, expliqué-je alors.

Frottant mes paumes sur le devant de mon jean, j'essaye de reprendre contenance. Pourquoi est-ce si difficile même après toutes ces années ?

— À cet instant précis, dans cette taverne de mauvais goût, nous étions redevenus les deux jeunes hommes en quête de compréhension que nous étions à l'école, à l'époque où nous avions commencé à discuter dans le noir, à l'abri des regards et des jugements. Ce soir-là, nous avions discuté. De tout et de rien, mais avec une intensité non feinte.

Je soupire.

— À ce rythme-là, je ne finirai jamais par aborder la raison qui m'a amené aujourd'hui, commenté-je.

Je ris. Cela fait tellement de bien de se remémorer tous ces souvenirs.

— Les mois passèrent. Nous étions devenus de bons amis. Le moment intense dans les toilettes de la taverne ne s'était jamais reproduit. Tranquillement, ensemble, nous guérissions nos plaies, nos blessures. Finalement, malgré son apparence si confiante, Drago vivait très mal le fait d'être à l'écart de la société. Nous buvions de moins en moins, nos cernes disparaissaient et nos sourires se faisaient plus fréquents.

Je laisse un sourire niais naître sur mon visage.

— Drago avait commencé à venir à mes soirées avec Ron et Hermione. Un jour, je l'ai même convaincu de venir dîner avec moi chez Molly et Arthur.

Je ris.

— Vous auriez ri vous aussi si vous aviez été là ce jour-là. Ce fut glorieux comme moment. Aucun commentaire désobligeant n'avait été prononcé ni d'un côté ni de l'autre. Hermione m'avait finalement avoué plus tard que ma détresse ne passait pas autant inaperçue que je le pensais durant l'année précédente. Que, si Malefoy me rendait heureux, ils étaient tous contents pour moi, que je le méritais.

Je hoche la tête, me levant sur mes pieds pour me dégourdir. J'ai l'impression d'être assis là depuis des heures déjà. Je n'en suis qu'au début. Sans me rasseoir, je poursuis alors.

— Ce commentaire de ma meilleure amie m'avait surpris. Je repensais fréquemment à ce qu'elle voulait dire par là, à ce que j'aurais voulu qu'elle veuille dire également. Drago me rendait heureux… Il me donnait goût à la vie. Les semaines passèrent encore jusqu'à mon anniversaire. Le premier que j'avais envie de célébrer depuis la guerre. J'ai longtemps trouvé le fait de fêter ma naissance étrange après la bataille finale de Poudlard. J'étais mort ce jour-là, réellement mort. Il m'a fallu quelques années avant de me réapproprier ma naissance réelle, celle qui me rappelait une des meilleures choses de ma vie, une des nombreuses dont je n'avais pas pu profiter réellement… maman et papa.

Mes doigts jouent nerveusement sur le rebord de ce qui me servait d'assise précédemment.

— Je digresse, désolé, dis-je, marquant une pause pour me recentrer sur mon sujet.

Drago.

S'il fallait que j'aborde tous les traumatismes de ma vie, nous serions ici longtemps.

— Drago. Donc, c'est mon anniversaire. J'ai officiellement vingt ans. Molly organise une grande fête en mon honneur. Je la laisse. Je sais combien ça lui fait plaisir. Ron a eu le sien quelques mois plus tôt et c'était très agréable comme soirée. Finalement, ça me fait un bien fou cette journée-là. Je sais que Hermione a mis son grain de sel un peu partout également. L'événement est tranquille, seulement ceux que j'aime. Je me rappelle que Teddy commençait déjà à courir partout à cette période. J'avais expressément demandé à ne recevoir aucun cadeau.

Je me rassois plus paisiblement qu'auparavant.

— Bien sûr, la pile de cadeaux sur la table dans le jardin des Weasley était immense. J'ai eu alors un pincement au cœur en réalisant toutes les belles attentions à mon égard. Puis est venu le moment d'ouvrir une belle grande boîte noire montée d'une boucle élégante argentée. Je sais directement de qui vient ce cadeau. C'est le sien. Mon cœur bat un peu plus rapidement. Drago Malefoy m'a fait un présent pour mon anniversaire. Il sourit, il m'observe ouvrir son présent, ignorant royalement le reste de l'assistance.

Mes yeux se ferment à nouveau, je dois avoir l'air si étrange, assis ainsi à sombrer dans mes souvenirs par moment. Ça m'importe peu.

— Un papier d'emballage recouvre le tout. Je le déchire doucement, conscient que plusieurs paires d'yeux m'observent, ils sont curieux de ce cadeau eux aussi. Personne ne m'interroge sur notre relation à l'époque, mais ils sont curieux, ils comprennent mal.

— Une petite carte était déposée au-dessus de deux petites bouteilles, une miniature de whisky et une miniature de brandy. Pas mon habituel « brandy pour les pauvres » comme Drago l'appelait, mais une bouteille de brandy « Dragon Barrel 1874 ». Une écriture élégante surplombe la carte « Harry ». Je me souviens de m'être flagellé intérieurement d'apprécier la manière dont il écrivait mon prénom.

Potter, voici les deux dernières, nous les boirons ensemble ce soir. J'espère que tu aimeras le cadeau et que tu accepteras de le partager aussi.

Cette petite carte ne disait quasiment rien, mais mon cœur battait déjà si vite. Là je sais que vous vous intéressez plus à ce qu'il m'a offert qu'à mon rythme cardiaque, dis-je pour dissimuler mon trouble.

— Une grande couverture. Je vous vois déjà trouver ce cadeau étrange. Tout le monde a trouvé cela étrange en fait. Sauf moi. Et Drago. Il aimait se moquer de moi, car j'étais toujours emmitouflé dans cette vieille couverture grise quand il débarquait chez moi. Est-ce la beauté de ce tissu qui me troublait ? Une couverture superbe dont je n'ai jamais voulu savoir le prix, c'était Drago après tout. Elle est encore sur le lit à la maison aujourd'hui.

— Que tu accepteras de partager ? Une couverture ? Que voulait-il dire par-là ? J'ai dû fournir un effort surhumain pour garder les apparences. La soirée se termina tard. J'ai accompagné Drago avant qu'il ne transplane chez lui.

FLASHBACK —Août 2000 — Le Terrier

— Merci d'être venu ce soir, je sais que c'est toujours un peu bizarre pour toi ici, dit Harry.

Il leva les yeux vers l'homme dont les cheveux semblaient rayonner sous le reflet des étoiles. Son souffle se coupa. Ce qu'il tentait d'ignorer depuis quelques semaines le happa de plein fouet. Il tombait amoureux de son ami. Le non-dit entre eux concernant l'épisode aux toilettes de la taverne et celui quelque peu maladroit dans un placard en sixième année s'effritait tranquillement.

Harry avait envie de sentir ses mains sur lui à nouveau, il avait envie de se coller à lui, de lui retirer cette chemise, il avait envie de tout. Envie de lui… d'eux…

Mais cette amitié était ce qui l'avait sorti de l'enfer. Il était terrorisé à l'idée de le perdre. Terrorisé de revoir l'ancien Malefoy réapparaître.

— Ce que je ne ferais pas pour toi, murmura Drago.

— Partager une couverture ? tenta Harry.

Le sujet était si glissant.

— Entre autres… fit Drago.

Harry prit une grande inspiration. S'il avait bu davantage, il aurait pu mettre son comportement sur l'alcool, mais, là, il était presque à jeun.

— M'embrasser ? suggéra-t-il, retenant son souffle.

Une étincelle s'alluma dans les yeux gris, comme s'il tentait de saisir ce que Harry venait de lui dire.

Après un regard aux alentours, Drago se pencha vers lui. Ses lèvres effleurèrent alors les siennes dans un baiser doux et chaste, tout l'inverse de leurs précédents contacts physiques. Les deux jeunes hommes s'éloignèrent un moment, se jaugeant du regard. Harry traversa à nouveau la distance qui les séparait, savourant le goût épicé des lèvres de Drago, ce que cela lui avait manqué. La brise estivale qui frôla sa nuque alors que les doigts de Drago caressaient l'arrière de son cou était simplement divine.

FIN DU FLASHBACK

— Pour faire court, ce soir-là… Ce baiser-là… Juste avant de partir, celui-là aurait dû être notre premier baiser. Dans tous les cas, ce fut le premier d'une longue série dans les semaines suivantes.

Je souris à nouveau comme un imbécile, mes yeux scrutant autour de moi sans jamais se poser sur quelque chose de précis.

— Je me rappelle toutes nos premières fois comme si c'était hier. La première fois que nous nous sommes dit les plus beaux mots… « Je t'aime ». Noël 2000. Nous célébrions quatre mois sans alcool, quatre mois de doux moments. Nous étions en train de sommeiller devant le sapin de Noël quand les mots m'avaient échappé, me prenant moi-même par surprise. Drago les avait répétés avec son intensité bien à lui, initialement interrogative, puis simplement factuelle. Comme si les mots semblaient étranges pour lui.

— « Je t'aime », lui avais-je répété, cette fois sûr de moi. Le baiser qui avait suivi fut sans doute le meilleur de ma vie. Nous avons fait l'amour une bonne partie de la nuit ce soir-là.

Je m'interromps. Ai-je réellement dit cela à voix haute, dans ce lieu ? Je dois perdre la tête.

— Désolé, je donne sans doute trop de détails, mais finalement, c'est un peu comme si je me parlais, seul, non ? me corrigé-je. Ça demeure une information importante puisque j'avais complètement oublié que Ron et Hermione venaient prendre le petit déjeuner le lendemain matin. Disons qu'ils nous ont trouvés dans une posture qui laissait peu de place à l'imagination. C'est ainsi que mes meilleurs amis ont appris ma relation avec Drago Malefoy. Le visage de Ron est encore gravé dans ma mémoire.

Je ris.

— Bon, je vais sauter quelques années, si vous le permettez ? Sinon nous n'y arriverons jamais.

Je me lève encore, étirant mes muscles endoloris par la position assise.

— Nous nous sommes mariés en mai 2002. Oui, j'ai légalement épousé Drago Lucius Malefoy en mai 2002. Et nous étions tous les deux consentants, ris-je.

— N'importe qui qui nous connaissait à l'école comprendrait l'hilarité et l'étrangeté de cette phrase, mais pour nous, justement, c'était important. Donc le 16 mai 2002, il devint officiellement, Drago Lucius Potter. Et non, ce n'est pas une blague non plus.

— Malgré les années qui passaient, le nom de Malefoy continuait d'avoir une association négative. Et celui de Potter, eh bien, disons qu'il pouvait ouvrir les portes du paradis après la guerre si vous comprenez ce que je veux dire…

— Une partie totalement puérile de moi adorait le fait qu'il soit devenu Drago Potter, même s'il le faisait uniquement pour le côté pratique. C'est très vieux jeu, je suis d'accord, mais j'étais peut-être un peu possessif et adorait la tonalité de son nouveau patronyme. Mon beau-père beaucoup moins, mais ça, c'est une autre histoire.

J'éclate de rire. Je dois vraiment avoir l'air d'un fou maintenant.

— Nous avons eu un sublime mariage entouré de tous ceux que nous aimions. Ma belle-mère assista même à la cérémonie, Drago cacha bien mal le plaisir que cela lui fit à l'époque.

— Puis nous sommes partis faire le meilleur voyage que je n'ai jamais fait. Même à ce jour.

FLASHBACK —Mai 2002 — Côte Jamaïcaine —Voyage de noces

— Bienvenue, Monsieur Potter, dit Drago en ouvrant difficilement la porte de la villa qu'ils avaient réservée pour leur voyage de noces, déposant Harry au sol de peine et de misère.

« Mais quelle superstition de mariage débile », pensa Harry, retrouvant son équilibre sur ses pieds.

— Merci bien, Monsieur Potter, répondit-il à son tour.

Il se prépara déjà au coup qui viendrait certainement. Il le connaissait bien, son mari. Ça sonnait si bien… Son mari. Cette seconde de distraction lui coûta un coup de sac dans le derrière.

— Faut pas abuser non plus, dit Drago.

Toutefois, la pique s'accompagna d'un sourire doux.

— Que veux-tu faire en premier ? demanda le blond, prenant les dépliants publicitaires sur la table d'entrée. Harry ? ajouta-t-il, se tournant en l'absence de réponse.

— Il doit bien avoir une chambre ici, non ?

— Une chambre ? Nous avons une villa entière à notre disposition, incluant un bord de mer privé… Tu veux vraiment trouver une chambre ? se moqua Drago.

Ils ne se rendirent même pas à l'étage ce matin-là.


Trois jours qu'ils étaient en Jamaïque, ils sortaient de la villa pour la première fois. Il fallait dire qu'un nouveau couple marié a tendance à être occupé.

Le village de Port Antonio leur avait été vendu comme un chef-d'œuvre côtier. Harry commençait à se dire que cette personne devait avoir abusé du rhum jamaïcain. La quantité de touristes était hallucinante. Il regrettait déjà la tranquillité de leur villa. Toutefois, Drago semblait apprécier ce bain de foule anonyme. Il le suivait donc docilement à travers la route bordant la mer. Il lui attrapa la main. Il n'allait certainement pas cacher leur relation ici.

Drago lui servit son plus beau sourire et son cœur fit un bon dans sa poitrine. Il le suivrait bien au bout du monde cet homme en fait.

— Une dernière boutique et nous retournons à la maison, murmura Drago alors qu'il le tirait dans un petit kiosque entre deux commerces plus imposants.

Un atelier de tatouage.

— Tu es partant ? demanda sa douce moitié.

Harry n'avait jamais songé à se faire tatouer. Il était surpris que Drago le propose. Après tout, son dernier tatouage ne pouvait pas être un bon souvenir.

— Tu pensais à quoi au juste ? questionna Harry à la place de répondre. Tu sais que les tatouages moldus sont immobiles ?

Drago haussa les épaules, signifiant que cela lui importait peu. Il réfléchissait, caressant du bout des doigts les images suspendues sur les murs du salon.

— Un petit symbole et deux dates, résuma-t-il.

— Deux dates ?

— 16/05/2002, 31/07/2000, et j'aimerais laisser de l'espace pour de futures dates, si tu vois ce que je veux dire, de futurs projets importants à mes yeux.

Harry réfléchit. 31 juillet, c'était son anniversaire, mais encore…

— Le 31/07/2000 ?

— La dernière fois que nous avons bu, c'est important pour moi cette date. Et c'est aussi notre premier « vrai » baiser.

Les joues de Drago se colorèrent d'une sublime teinte rose.

Il le suivrait jusqu'au bout du monde, ou au bout d'idées complètement folles.

— Tu as une vision pour le symbole ?

— J'espérais que tu trouverais pour moi, suggéra Drago.

Harry feuilleta les livres du tatoueur, jugeant l'art et la signification des images qui défilaient devant ses yeux.

— Un serpent, déclara-t-il finalement.

Drago éclata de rire.

— Tout ce temps pour que tu me choisisses un tatouage de serpent ? rit-il à nouveau.

— J'aime les serpents, tu aimes les serpents, il est temps de se le réapproprier cet animal, non ?

Probablement que Drago trouverait l'idée stupide, mais c'était ce que son cœur lui avait proposé.

— Un beau petit serpent vert émeraude, clarifia Drago, comme tes yeux.

Harry roula des yeux.

— Malefoy, deviendrais-tu guimauve ?

Drago fit une moue dégoûtée.

— Tu penses que c'est le fait d'avoir pris ton nom ? questionna-t-il faussement scandalisé.

Harry réalisa alors qu'il venait effectivement de l'appeler par son ancien patronyme.

— Oh, crois-moi… Il y a des situations où tu demeureras toujours Malefoy à mes yeux…

Le blond sembla comprendre, lui faisant son fameux sourire où il mordillait sa lèvre légèrement.

— Je vais le faire aussi ! s'exclama alors Harry, évitant de laisser son imagination s'emballer.

— Tu es sérieux ?

— Bien sûr, mon amour. Tu verras, j'ai trouvé mon idée plus tôt, ajouta-t-il.

Chacun leur tour, ils passèrent dans le cubicule du tatoueur. Toutefois, ils se firent la promesse d'attendre d'être de retour à la villa pour dévoiler les résultats.


La pénombre s'était installée depuis un moment déjà. Le mystère de leur nouvelle encre demeurait intact comme s'ils savouraient ce petit secret entre eux.

Sur la terrasse arrière de la villa, Harry déposait l'assiette où se trouvait précédemment une superbe part de gâteau au chocolat.

— Tu veux le voir ? fit Drago.

Il hocha la tête.

— Tu dois simplement deviner où il se trouve…

Drago avait ce ton joueur qu'il connaissait si bien.

Se tournant vers son mari, Harry l'observa attentivement. Comme lui, Drago semblait avoir choisi un endroit caché.

Il se leva, forçant Drago à faire de même, l'embrassant sans attendre dans le cou.

— Que fais-tu ? demanda le blond.

— Je devais m'assurer qu'il n'était pas ici, murmura-t-il, en le titillant sous l'oreille du bout de la langue.

— Te connaissant, mon cher Drago, je pariais sur un endroit sexy, mais légèrement vaniteux ? Du genre... Ton ventre… Tu adores tes abdos, non ?

Le concerné roula des yeux. Harry en profita pour se mettre à genoux, sortant la chemise blanche du pantalon de son homme. Les yeux plongés dans ceux de Drago, il remonta le vêtement au-dessus du nombril de celui-ci. Ramenant ses yeux vers le ventre parfait de son amoureux, il remarqua en premier cette petite ligne de poils blonds recouvrant son bas-ventre. Il remonta la chemise plus haut et il vit le tatouage apparaître tranquillement. Il avait raison. Le fameux serpent vert ondulait sur le bas de la cage thoracique droite de Drago. Le serpent semblait danser avec les dates qui l'entouraient.

— C'est sublime, fit Harry, se retenant de toucher le dessin fraîchement exécuté.

— Je suis si prévisible ? demanda Drago.

— Non, tu sais simplement comment me séduire… susurra Harry, embrassant le creux de l'aine de son amour.

Drago passa sa main dans les cheveux en bataille de Harry.

La brise océanique soufflait doucement autour d'eux et il y avait cette odeur d'eau saline qui les imprégnait. L'instant semblait électrifié.

— Je devrais vérifier que tu n'en aies pas un second, non ? fit Harry, toujours à genoux.

Il glissa ses doigts sous l'élastique du léger pantalon que portait Drago, attendant sa permission. Après tout, ils se trouvaient à l'extérieur.

— Tu devrais, glissa celui-ci, le souffle impatient.

Le pantalon et le sous-vêtement atterrirent rapidement au sol, laissant leur possesseur complètement nu sous les rayons de la lune. La vision fit quasiment perdre l'équilibre à Harry. Les cheveux blonds et la peau pâle qui contrastait avec le serpent émeraude lui donnaient l'air d'un dieu. Selon Harry, bien évidemment. Il avait épousé ce dieu.

Une telle beauté méritait d'être récompensée. Il fit glisser sa langue le long de la cuisse blanche offerte, approchant sa bouche de l'érection qui se dressait fière à la vue de l'étendue maritime derrière lui. C'était excitant cette localisation finalement.

Il l'engloutit, lui retirant un soupir appréciateur. Le retirant de sa bouche, il prit le temps de lécher les deux bourses qui semblaient craindre la fraîcheur de l'endroit. Il se délecta des bruits qui parvinrent à ses oreilles. Il l'engloba à nouveau, suçant, embrassant, léchant, caressant son pénis avec toute la passion qui l'habitait en cette quatrième journée de voyage de noces.

Harry en voulait plus de lui, toujours plus.

— Enlève ta veste, dit simplement Drago.

Harry s'exécuta, se demandant si Drago pouvait voir son tatouage ainsi.

Il ne le remarqua pas immédiatement. Harry le suçait avec volupté, le fixant droit dans les yeux. Il inclina un peu la tête, courbant le haut de son dos légèrement. Il vit alors le regard gris trouver l'art dorsal qu'il arborait désormais. Le blond s'immobilisa.

— Arrête et tourne-toi, lui ordonna-t-il subitement.

Drago devenait souvent plutôt autoritaire au lit, Harry adorait cela.

Se relevant, il se tourna et appuya ses mains sur la table extérieure devant lui.

— Le dragon… entendit-il Drago soupirer. Tu t'es fait tatouer la constellation de mon prénom ?

— Je t'aime, dit Harry, comme si cela répondait à toutes les questions possibles sur le sujet.

— Je ne sais pas quoi dire, avoua Drago, fixant toujours le dos de Harry.

— Ne dis rien alors, fit Harry, cambrant suggestivement les hanches dans sa direction.

Il fallait dire que leur posture actuelle lui donnait déjà toutes les meilleures idées à faire avec Drago.

Là, appuyés sur une table, le regard plongé dans les reflets de la lune sur la mer, ils firent l'amour une fois de plus dans cette fameuse villa de rêve. Le cœur rempli de tendresse et de bonheur, loin des tracas de leur vie anglaise.

FIN DU FLASHBACK

Ignorant la rougeur de mes joues, je reprends mon récit où je l'ai laissé.

— En revenant de voyages, j'ai eu l'impression que la vie se déroulait telle une potion parfaitement planifiée, comme le disait Drago.

— Drago fut officiellement reconnu comme Potionniste Senior en juin 2004. Il ouvrit le Maître-Potionniste, boutique et distribution, deux ans plus tard. De mon côté, j'ai longuement cherché ce que le futur impliquerait pour moi. J'avais totalement perdu le goût de l'aventure, mais pas celui d'aider les autres. Toutefois, la misère des gens m'était encore très difficile à gérer.

Je souris à présent. J'étais fier de mes projets, de nos projets. C'étaient des souvenirs heureux.

— Finalement, la vie se chargea de m'amener un plan. En 2005, je discutais au Chaudron Baveur avec mon ami Dean Thomas autour de quelques cocktails sans alcool. Merci encore, Hannah, d'avoir eu l'idée d'offrir ce type de boissons après ton acquisition de la place. Mais je m'égare ! Dean me racontait les nombreuses tentatives qu'il avait faites durant l'année précédente pour faire publier son roman graphique. Je connaissais déjà ses romans. Les images de Dean étaient sublimes et l'histoire écrite par Padma Patil m'avait grandement plu.

— Je l'ai déjà mentionné, mais le nom de Potter ouvrait toutes les portes dans ces années-là. Je n'aimais pas m'en servir directement, mais j'avais tous les moyens pour faire fonctionner leurs projets. Je proposais donc à Dean de les aider à mettre Les aventures d'un sorcier solitaire sur le marché. Les contrats furent rédigés et le premier exemplaire arriva sur les tablettes en 2006. Ce fut un succès monstre. Par la suite, je recevais des dizaines de livres chaque mois.

— Alors que je me demandais que faire de cet engouement, Hermione lisait tout ce que je recevais, classant toutes les demandes méticuleusement. Ron riait qu'il n'avait jamais vu sa femme autant à l'extérieur du ministère que durant cette période. Moi, je ne l'avais jamais vu autant sourire.

— C'est Drago qui eut l'idée en premier.

FLASHBACK —12, Square Grimmaurd

— Pourquoi ne proposes-tu pas à Hermione de prendre la charge de cette division-là ? Elle serait tellement plus heureuse que dans son département.

— Cette division ? demanda Harry.

— Eh bien, tu es partenaire du Weasley, Farces pour sorciers facétieux, du Maître-Potionniste, boutique et distribution et tu as tes parts du Chaudron Baveur. Je pense qu'il est temps, mon amour, que tu assumes que tu es un homme d'affaires, dit Drago, riant de la mine offusquée de Harry.

— Dis-moi que c'est faux ? Et maintenant tu fais de la publication…

Harry y réfléchit. Effectivement, dit ainsi, il était sans doute un homme d'affaires.

— Je…

— Bien sûr, tu le fais que pour aider les gens, ajouta Drago, comme s'il avait lu dans ses pensées. Tu es un homme d'affaires à ton image.

Il marqua son argument d'un clin d'œil.

Drago terminait de relire un contrat super important.

— Je pense que c'est parfait, tu peux signer !

Harry eut la larme aux yeux. De tout ce qu'il avait signé dans sa vie, ce contrat était le plus beau.

— Demain, nous commencerons la création de la Potter Corporation ! dit Drago, levant un sourcil, signifiant qu'il savait bien que son mari détesterait le nom.

— Beurk, commenta Harry.

— Parfait, de la « Je suis Harry Potter, j'aide tout le monde, mais je veux que personne ne sache que c'est moi. »

Après un dernier rire, Drago poussa le contrat vers Harry.

Contrat d'Adoption Magique

Messieurs Harry James Potter et Drago Lucius Potter

Enfant 070556 — né autour de novembre 2005

Harry avait entendu parler d'adoption magique pour la première fois lors d'un voyage aux États-Unis. Une organisation s'occupait de parcourir les zones du globe non couvertes par une communauté sorcière afin de venir en aide aux enfants « nés de non-maj » qui furent rejetés par leurs pairs en raison de leurs premiers signes de magie. Ils s'occupaient aussi de trouver des familles pour ceux devenus orphelins en raison de leur condition.

FIN DU FLASHBACK

— 2007 fut donc une année cruciale dans notre couple. Nous devenions les heureux parents d'un petit James Sirius Potter. Le pauvre enfant avait passé ses premières années dans un orphelinat sous le nom d'un démon du folklore régional.

J'ai un frisson de dégoût. Même après toutes ses années, les origines de mon fils aîné me donnent froid dans le dos. Chassant ce mauvais souvenir, je poursuis son histoire.

— La Grimmaurd et Associés a vu le jour peu après, regroupant toutes mes activités sous une même bannière légale. Hermione accepta finalement le poste de directrice des Éditions de l'elfe libre.

— Donc comme je disais, les choses se déroulaient à merveille pour Drago et moi à partir de notre mariage. Nous étions invincibles ensemble. Le Maître-Potionniste devint le principal distributeur de potions et d'ingrédients en Grande-Bretagne sous les bons soins de Drago. La compagnie de publication sortait une dizaine de livres par année, tous soigneusement choisis par Hermione et son équipe, incluant les très populaires romans graphiques Thomas-Patil et le nouveau livre scolaire, La Botanique pour les maladroits par Neville Londubat.

— Nous adoptions notre deuxième enfant en 2009. En plus, de maintenant compter sur deux autres divisions dans mon entreprise. Oui, maintenant j'arrive à le dire sans sourciller, moi, Harry James Potter, je suis un homme d'affaires.

— J'amènerai les enfants ici un jour, vous les adorerez. Aujourd'hui, je ne pouvais pas. Je devais venir seul. J'avais besoin de venir seul.

Je m'étire à nouveau. J'ai l'impression d'être assis ici depuis des heures maintenant. Comme quoi, tourner autour du pot est plus facile que d'aborder les sujets difficiles. Avalant péniblement, je me décide enfin à parler de ce qui m'amène.

— Juillet 2024 fut un mois particulièrement chaud, Scorpius venait tout juste de terminer Poudlard avec les meilleurs résultats. Nous étions à la maison à célébrer son acceptation aux hautes études de Potions. Drago était si fier qu'un de ses fils suive ses pas et veuille reprendre les rênes du Maître-Potionniste. Nous nous apprêtions à lever nos verres quand Drago s'écroula au sol pour la première fois. Accusant la chaleur, nous n'en firent pas de cas.

Je sens une larme poindre au coin de mon œil. Si je commence à pleurer maintenant, je n'ai pas fini.

— Mais les pertes de connaissance se multiplièrent dans les mois qui suivirent. Les Médicomages ne trouvaient pas ce qui clochait avec lui. Les tests se multipliaient sans réponse. Drago détestait particulièrement le fait que les Médicomages de Ste Mangouste évaluaient toutes les possibilités que la maladie vienne de sa marque. Il les soupçonnait de l'utiliser pour les mauvaises intentions. Il avait sans doute raison là-dessus.

— Les symptômes augmentaient de semaine en semaine. James, Scorpius et moi, nous nous alternions pour le superviser, à son insu. Il aurait détesté l'idée. C'est qu'il était fier mon époux.

La larme glisse doucement le long de ma joue. Une larme solitaire qui connaît déjà son chemin, suivant les sillons invisibles de ses consœurs de la veille.

— La plupart du temps, j'avais l'impression que les enfants étaient plus forts que moi dans cette maladie invisible. L'avantage d'avoir bâti ma compagnie pour des gens que j'aime fut qu'ils comprenaient notre situation et tout roulait rondement sans Drago et moi.

— Une chance, soupiré-je. James tenait le coup seul dans nos bureaux en 2024. Drago prenait très mal le fait d'être malade, d'être faible. Il en faisait toujours trop… Précipitant de nouvelles crises. Notre sentiment d'invincibilité avait explosé devant nos yeux. Après les fêtes de l'année suivante, de nouveaux symptômes apparurent…

J'étouffe un sanglot, prenant une pause pour inspirer et expirer comme je l'ai appris en thérapie.

— Nous étions de retour à Ste-Mangouste. Drago était hospitalisé de manière prolongée cette fois, les crises se rapprochant trop les unes des autres. Les quelques sortilèges que les Médicomages m'avaient appris pour l'aider durant ses épisodes ne fonctionnaient plus.

— Puis, le diagnostic est tombé. J'ignorais de quoi il s'agissait. Une de ces maladies qui n'affectent que les sorciers, principalement ceux de Sang Pur. Le syndrome Blishwick, nommé en l'honneur du premier cas répertorié.

« Tu vois l'ironie là-dedans, j'imagine », m'avait murmuré sarcastiquement Drago quand le Médicomage nous avait enfin laissés seuls. « Une maladie de Sang Pur… »

— Le pire n'était pas l'ironie du sort bien sûr, c'était cette phrase que le Médicomage avait dite. « Le syndrome Blishwick n'a malheureusement pas de traitement. L'espérance de vie est généralement entre six mois et deux ans. » Une massue aurait pu me tomber sur la tête que cela aurait été moins douloureux. Être conscient de la finitude d'un être cher est définitivement le pire des supplices humains, dis-je, fixant mes chaussures.

La manche de ma chemise est maintenant trempée.

— Désolé, dis-je, essuyant à nouveau mon visage.

— À partir de ce moment, Drago avait une mission. Tous les jours, il me questionnait pour savoir si je savais qu'il m'aimait, que les enfants savaient qu'il était fier d'eux, que nos papiers étaient en ordre. Tous les jours, il me rappelait que sa fin approchait. Je répondais à ses questionnements, tentant de sourire, tentant d'être fort. Je ne l'étais pas réellement.

— Il a enregistré ses mémoires … Me demandant de les transmettre à Hermione, si elle voulait en écrire un livre comme ils en avaient discuté. Je suis incapable d'entendre le son de sa voix.

Ma voix se fissure. Je m'interromps.

— C'est faux, j'adore entendre le son de sa voix, je suis incapable de retranscrire son histoire. Hermione le fait à ma place. Même dans les derniers moments, il était encore si beau, si solide, si… Drago. Moi, je me sentais si lâche vers la fin, Drago méritait le meilleur de moi. Aujourd'hui encore, je me sens tellement lâche.

Je ne suis plus certain que mes propos sont réellement cohérents. Je continue ma tirade comme un homme en mal de solitude. Comme celui qui a perdu tous ses repères…

— Mon thérapeute m'a suggéré de lui écrire une lettre… J'en suis aussi incapable. Comment lui écrire à quel point je l'aimais, à quel point il était mon univers ?

Inconsciemment, mes bras s'enroulent autour de moi. Prenant cette position que j'ai si souvent adoptée dans les derniers mois. Les enfants sont définitivement plus forts que moi. Je leur cache ma douleur, bien sûr.

— Tu comprends, Maman ? Il m'aimait tellement Drago… C'est lui qui a demandé à être enterré ici, derrière vous… Il savait que j'aimerais être enterré ici, à Godric's Hollow. À sa mort, le 20 décembre 2025, l'homme de ma vie a enfin cessé de souffrir. Ce fut une libération, dans les premiers moments, de savoir que les douleurs s'étaient enfin arrêtées. Puis la solitude m'a fait basculer. La flasque est revenue dans mon veston. Il mérite mieux que ce que je fais… Vous méritez mieux que ce que je fais… Les enfants méritent mieux…

Ma tête prend appui sur mes bras maintenant enroulés autour de mes genoux. J'ai l'air si faible dans cette position. Personne ne me voit.

— Le 20 décembre 2025, j'appris qu'il avait fait modifier son testament pour venir ici, une ultime faveur qu'il me faisait… Comme s'il n'en avait pas assez fait de son vivant…

Je soupire. Parler me fait autant de bien que de mal finalement. J'ai l'impression que mes pensées se placent, s'espacent, s'organisent.

— Papa, Maman, dis-je, caressant le marbre froid de leur pierre, j'ai toujours eu l'impression que vous m'accompagniez dans les étapes de ma vie, replaçant les fleurs sur leur tombe. J'imagine que si j'écoute la petite voix à l'intérieur… un jour j'entendrai Drago à son tour.

Je jette un regard vers la pierre grise derrière. J'hésite à y aller. Je sais que les larmes vont ruisseler tels deux torrents sur mes joues. Prenant un peu de courage, j'y marche tranquillement. D'un coup de baguette, je rafraîchis les quelques fleurs déjà présentes. Comme guidé par une force externe, je sors ma flasque, j'en bois une rasade importante puis la dépose sur le pied de la pierre. Je la dépose pour la dernière fois.

— Je t'aime mon amour, dis-je, m'éloignant vers la porte étroite du cimetière de Godric's Hollow. Je vais faire mieux pour toi… Pour les enfants… Pour moi… Pour nous.

Je lève les sortilèges de protection autour du cimetière. Ce n'est pas tout à fait légal ce que je viens de faire… Mais, après tout, jamais je ne cesserai d'être Harry Potter.


FIN

Et voilà qui conclut cette sage en trois temps sur Harry et Drago, j'espère que vous avez apprécié les lire autant que j'ai aimé les écrire. Au plaisir de se revoir pour une prochaine histoire.

Bisous

Genny

Ps: Laisser-moi dont savoir que vous étiez ici par une petite review ou favorite ! Et dites-moi si vous voulez que j'écrive à nouveau dans le Drarry ;)