Titre: Le temps des choix

Auteur: Gaëlle

Genre: Dark, angst

Source: Harry Potter

Note de l'auteur : Attention ! SPOILERS pour le cinquième livre… Ne pas lire si vous ne voulez pas savoir… ^^

Le temps des choix

III

Allongé dans le lit de Sirius, ce dernier le maintenant d'un bras possessif contre lui, Remus Lupin ne dormait pas. Les yeux fixés sur la pénombre qui l'entourait, il rejouait dans sa tête les différents moments de la soirée.

Son arrivée chez un Rogue tremblant de rage, l'altercation avec Sirius, les accusations de ce dernier, la fureur de Severus et celle de l'animagi qui avait mené à…

Le châtain ferma les yeux.

Plus de quinze ans plus tôt, ils avaient vécu ensemble et avaient plus d'une fois tenté de devenir plus intimes...

Mais la guerre faisait rage à l'époque et lorsque l'un était d'humeur, c'était l'autre qui épuisé s'endormait trop tôt…

Puis, Peter avait trahi, laissant les accusations retomber sur Sirius Black, le parrain d'Harry… devenu depuis le Traître.

Remus s'était retrouvé seul, avait dû fuir.

Il était un loup-garou… une créature maléfique.

La répression avait été sanglante parmi les êtres magiques réputés dangereux et il avait fallu l'intervention d'une délégation menée par Dumbledore et McGonnagal pour que cela cesse…

Après cela, il était parti malgré les marques de sympathie de ses anciens amis, il lui fallait réfléchir, assimiler ce qui s'était passé.

La seule personne qu'il avait tentée de voir l'avait chassé avec un mépris et une colère proches de la haine.

Haine qui ne s'était pas apaisée au travers des années mais qu'il comprenait désormais mieux.

Severus avait été proche de lui lors de leurs études…

Ils étudiaient ensemble dans la bibliothèque et s'expliquaient l'un, l'autre les cours où ils avaient du mal à suivre.

Ils étaient devenus complices malgré les réticences de leurs amis et Lily les avait surnommés en secret les Roméo et Juliette de Poudlard.

Rogue l'avait embrassé pour la première fois en septième année…

Ce devait être la dernière.

Deux jours plus tard, James le sauvait des griffes d'un loup-garou enragé.

Il ne lui avait plus adressé la parole, se contentant de le fixer de loin avec un dégoût non dissimulé.

Un marmonnement derrière lui le fit revenir à l'instant présent comme Sirius l'embrassait dans le cou, laissant ses mains s'égarer sur sa peau, contre un mamelon qui durcit sous son attention.

Severus qui l'avait accusé de l'avoir dénié en faveur de Sirius et ce dernier qui…

" Non ! Sirius arrête maintenant ! "

Le brun s'interrompit et marmonna un instant avant de grogner d'une voix ensommeillée.

" Remus ? "

Le loup-garou se dégagea avant de s'asseoir et de grimacer comme une douleur lancinante traversait ses reins.

" Que s'est-il passé ? "

" Tu ne te rappelles pas ? "

" De… Oh… ça… "

Lupin sentit la colère menacer de le submerger.

" Oui, Sirius… Oh… ça ! Je t'avais dit non… Tu te souviens ? Je ne voulais pas… Alors aies au moins la décence d'arrêter de sourire "

Il avait l'air content de lui en plus !

" A moi ! "

Les paroles de son compagnon retentirent dans son esprit et il étouffa un frisson…

***

Nelville jeta un coup d'œil à son compagnon, il ne s'était pas attendu à ce que l'approcher soit si facile…

Et pourtant, le rencontrer sur le toit avait été tout à fait fortuit, non prémédité…

Il s'était exilé pour réfléchir, commémorer un évènement qu'il n'aimait pas évoquer…

La mort de ses parents.

Bien sûr, ils étaient toujours vivants mais… réduits à l'état de légumes, ils ne reconnaissaient même pas leur fils unique.

Il aurait préféré qu'ils ne survivent pas au Crucio qui avait détruit leur esprit, leur conscience.

Au moins, ç'aurait été plus simple, plus facile de porter le deuil que d'espérer qu'ils lui reviennent un jour, un peu par miracle…

Parce qu'il l'aurait voulu assez fort…

Par la force de l'amour qu'ils lui portaient…

Par un nouveau sort inventé par un médicomage…

Grand-ma faisait tout pour l'empêcher de suivre leur voie, pour qu'il reste en sûreté…

Mais l'année précédente l'avait réveillé.

Les paroles de Fol Œil, même si ce dernier n'était qu'une pâle copie de l'original, avaient évoqué ses parents, ce qu'ils avaient accompli…

Elles leur avaient donné voix… substance…

Il s'était rendu compte qu'il leur en voulait… leur reprochait inconsciemment les risques qu'ils avaient pris et qui lui avaient volé leur présence.

Il avait compris pourquoi ils avaient choisi de courir malgré tout ces risques… parce qu'ils le devaient, qu'il fallait faire quelque chose…

Et l'année précédente, Harry avait tenu tête seul face à Celui dont il ne faut pas prononcer le nom… Voldemort – là, c'était dit !

Cédric était mort…

Et le Ministère n'avait rien voulu entendre, il avait entendu à la radio Fudge et ses collègues démentir les allégations de Dumbledore.

Cela l'avait mis dans une fureur noire.

Ils ne faisaient rien...

Ses parents avaient donné plus que leur vie, leur identité pour venir à bout de ce fléau et de ses Mangemorts mais Fudge et toute sa clique se à voir que le danger était de retour…

Ils appliquaient la politique de l'autruche.

Il fallait que quelqu'un fasse quelque chose...

Il savait qu'Harry agirait, les fidèles de Dumbledore aussi…

Mais est-ce que ce serait assez ?

Il était enfin prêt à prendre ses responsabilités…

Lorsque grand-ma lui avait interdit de ne serait-ce que penser à devenir Auror, il lui avait répliqué qu'il ferait ce qu'il devrait faire… parce que si tout le monde se cachait, ils auraient perdu la lutte avant même de la commencer.

Grand-ma n'avait rien répliqué.

Elle lui avait semblé un peu malade le reste des vacances et il s'était senti un peu coupable mais n'était pas revenu sur sa décision.

Parce que c'était ce qu'il devait faire…

Draco, quant à lui, était étrange, difficile à cerner…

Néanmoins fascinant, même s'ils risquaient bien de se retrouver sur des bords différents d'ici peu.

Il n'était pas naïf au point de l'ignorer mais… le blond semblait tellement différent…

Peut-être l'espoir était-il permis…

Il avait été surpris de le voir débouler sur le toit – il n'était donc pas le seul à souffrir d'insomnie cette nuit dans Poudlard – et encore plus de le voir accepter sa présence sans trop ruer dans les brancards.

" Il commence à faire tard, " fit-il doucement.

" Je ne te retiens pas. "

" Je sais… Mais nous avons Potions demain matin, " répliqua le petit blond en se levant.

Il se fendit d'un sourire en coin.

" Et Rogue n'aime pas les retardataires, surtout si Umbridge décide d'inspecter son cours… "

Son compagnon ne répondit pas, apparemment plongé dans ses pensées mais il le vit hocher de la tête avant qu'il ne s'engouffre dans les escaliers menant aux couloirs de l'école.

***

Les yeux ouverts sur le plafond, Severus Rogue non plus ne dormait pas.

Il ne savait pas exactement ce qui l'avait réveillé.

Cette pression de plus en plus insupportable sur sa vessie ou le cri de Lupin.

Immobile sur son lit, il avait étouffé dans l'œuf le réflexe de courir à sa porte avant de se lever et d'entrer dans la salle de bain.

Elle était commune mais chacune des deux portes se fermait de l'intérieur et il avait dû siffler un "Alohomora" pour voir la sienne s'ouvrir et le laisser enfin rejoindre les toilettes.

Celle donnant sur la chambre de l'animagi était restée entrouverte et des sons étouffés en provenait.

Le directeur de la maison Serpentard, l'inaccessible et asexué Severus Rogue s'était senti rougir comme un adolescent bourgeonnant.

Il aurait dû repartir mais il n'en avait rien fait, s'approchant de l'ouverture.

Il n'avait pas vu l'expression de Black, n'ayant droit qu'à son dos, ses muscles roulant sous sa peau pâle, à ses furieux coups de reins.

Il n'avait pu s'empêcher de frissonner sous l'impression de sauvagerie et de puissance qui se dégageait de sa silhouette pourtant toujours décharnée.

Fasciné malgré lui, il avait laissé son regard dériver vers le visage de Lupin, ses paupières crispées… les petits sifflements de douleur qui lui échappaient…

Ses yeux suivirent un instant l'unique larme qui coulait le long d'une joue pâle avant de suivre l'arc que son corps formait sous celui de Black, jusqu'à ses cuisses écartées, maintenues douloureusement écartelées par les doigts de l'animagi qui s'enfonçaient cruellement dans la chair tendre.

A cette vue, il avait senti une chaleur malsaine naître dans son bas ventre et seul un effort de volonté l'avait empêché de s'avancer à découvert.

Ce n'était pas un acte d'amour, c'était davantage un viol…

Il aurait dû réagir, les séparer…

Crucioser Black pour lui avoir à nouveau pris ce qui lui revenait de droit.

Il était resté dans l'embrasure de la porte jusqu'à ce que le fugitif se libère et roule sur le côté.

Son pantalon soudain trop étroit, il s'était détourné, évitant le regard de Lupin en reculant dans les ombres.

Il était revenu dans sa chambre et était resté face à son lit un instant la pression dans son bas ventre le faisant trembler, une fièvre impétueuse l'envahissant, avant de s'allonger à nouveau, se refusant à la soulager.

Comme une pénitence.

Sa pénitence.

Près de deux heures avaient passé, pourtant il n'avait pas trouvé le sommeil.

Avec un soupir, il se retourna sur le ventre avant de redresser la tête comme un raclement discret se faisait entendre à sa porte.

***

Sirius se pencha en avant et saisit son compagnon par l'épaule, l'empêchant de reculer avant de l'embrasser.

Remus secoua la tête.

" Ca suffit, Sirius! Tu en as assez fait. "

Il ne criait plus, se contentant d'utiliser cette voix calme et raisonnable qui était devenue la sienne des années auparavant, masquant ses émotions comme ses traits reprenaient une expression neutre.

" Non, toi arrête !

Le brun le bascula sur le lit les dents découvertes.

" Je veux que tu arrête… Arrête ! … Arrête ! "

Chaque mot, ponctué d'une gifle, résonnait comme une litanie, un mantra maintes et maintes fois répétés.

Avec un cri étranglé, le châtain intercepta la main de son compagnon, n'échappant pas au coup mais l'empêchant de le frapper à nouveau.

" Arrête de te cacher comme ça ! Je ne le supporte plus, Remus ! Ne te cache pas de moi ! "

" Sirius… "

Choqué, le loup-garou le regarda un moment sans réagir, laissant le membre captif lui échapper.

Les doigts de l'ancien prisonnier se crispèrent sur ses cheveux, lui arrachant une protestation inarticulée.

" Ne te cache pas de moi, Remus ! Tu es à moi ! Ils m'ont pris tous mes souvenirs… Je n'ai rien pu garder de toi à part… à part… "

Sa voix s'étrangla soudain et ses yeux bleus brillèrent avant que des larmes amères ne coulent le long de ses pommettes toujours saillantes.

" A part que je t'ai cru capable de nous trahir… Que moi je t'ai trahi pour te garder, pour que lui ne te prenne pas parce que je ne supportais pas de te perdre ! Je n'ai plus de souvenirs des Maraudeurs… Juste que Lily et James sont morts par ma faute, que Harry est orphelin parce que je n'ai pas su les protéger, que Peter nous a trahi, que tu es resté le dernier à te rappeler ! Je n'ai plus de souvenirs que de mes parents, de… mon père et ma mère… de Bellatrix… Tu es à moi, Remus ! Ne te cache plus de moi, je ne le supporte pas ! Ne te cache plus, ne me mens plus ! "

Il relâcha sa prise sur les mèches du châtain, comme surpris par sa tirade, et recula, laissant la place à l'autre homme de se redresser.

Ce dernier le fixa un long moment, le regardant d'abord détourner les yeux, puis, se tortiller sur place mis mal à l'aise par l'intensité contenue dans ses iris dorés.

" Le Remus que tu cherches n'existe plus, Sirius, " fit-il enfin d'une voix monocorde. " Il est mort en même temps que James et Lily. Je ne peux pas t'aider… Je le voudrais mais je ne peux pas… "

Il recula devant la main tendue, évitant le contact, avant de se lever et d'enfiler son pantalon que le brun avait jeté à terre.

" Ne m'approche plus, s'il te plait... Je ne peux rien pour toi… "

" Charmante scène de rupture ! " lança soudain une voix sarcastique.

Rogue qu'ils n'avaient pas entendu entrer – perdus dans leurs détresses respectives – se tenait accoudé dans l'entrée et applaudissait, un sourire mauvais aux lèvres.

" Toi ! " rugit Sirius hors de lui et prêt à lui sauter à la gorge.

" Couché, Black ! Dumbledore veut nous voir… Tu ferais mieux de t'habiller, le vieux fou pourrait apprécier la vue mais j'ai des critères plus élevés que ça ! "

Il s'effaça un instant, laissant Lupin sortir avant de dédier un sourire triomphant à l'animagi et de claquer la porte.

Resté seul, le brun se laissa retomber sur le matelas la tête entre les mains et ferma les yeux comme ces derniers piquaient suspicieusement.

Il avait tout gâché.

Il avait à nouveau perdu Remus…

Avec un soupir, il se releva et passa un pantalon avant d'enfiler une robe noire par-dessus.

Il le savait pourtant…

Il le savait pourtant que se jeter sur son ami comme une bête en rut n'était pas la chose à faire…

Mais il n'avait pu s'en empêcher, résister à l'impulsion…

Remus était à lui, il fallait le marquer comme tel.

Mais à présent…

Il ne savait plus…

***

Severus fixa un moment le dos du châtain qui, accroupi devant son vieux sac, en avait ressorti un pull noir échancré en plus ou moins bon état et une paire de bottines dépareillées.

Sentant le regard du professeur de potions sur lui, le châtain les enfila rapidement avant de se relever et de faire face à son compagnon.

" C'était ma dernière robe mettable, je n'en ai plus d'autres… " fit-il d'un ton d'excuse, son petit sourire se mettant en place automatiquement.

" Et donc tu t'es reporté sur des vêtements moldus ? " constata le Serpentard d'un ton traînant.

" Ce sont les seuls que j'ai réussi à sauver… "

Le loup-garou n'avait pas abordé les circonstances de sa venue à Poudlard et le professeur de potion ne s'était pas soucié d'approfondir le sujet.

" Peu importe… "

Rogue se détourna et rejoignant le bar se versa un verre de whisky, après un instant d'hésitation il en remplit un deuxième qu'il tendit à son compagnon.

Ce dernier ne fit d'abord pas mine de le prendre avant de fermer les yeux et de soupirer.

" Merci…

" Tu as une tête de déterré… Je n'ai pas envie que Dumbledore se pose des questions. Il se mêle déjà de trop de choses… "

Le silence retomba après ça et tous deux sirotèrent leur boisson, le directeur de la maison Serpentard fronçant de plus en plus les sourcils.

" Le vieux fou nous attend... Que fait donc Black ? "

" Je te manquais déjà ? " répliqua l'intéressé, habillé de pieds en cape, un sourire moqueur courant sur ses lèvres.

Son regard tomba sur le châtain semblant vouloir le brûler sur place sans que ce dernier n'en paraisse troublé, une expression calme et impavide gravée sur ses traits fatigués.

" Dans tes rêves, le clébard ! Allons-y ! "

A suivre