Titre : Le temps des Choix

Auteur : Gaëlle

Genre : Dark, angst (quoique ce chapitre est plus léger )

Source : Harry Potter

Le temps des choix

V

Un coup sec dans ses côtes arracha un grognement à Remus qui ouvrit à contrecœur les yeux. Il avait dormi d'un sommeil sans rêves – une trop rare bénédiction – et n'avait pas particulièrement envie de s'éveiller.

Un deuxième coup sec le fit se redresser complètement.

" Je suis réveillé ! " protesta-t-il.

" Tiens-toi prêt, Lupin. Nous atterrissons. "

Le châtain s'étira et jeta un coup d'œil par le hublot, regardant un instant la terre ferme se rapprocher avant de ramener son attention sur son voisin qui grommelait en fouillant la liasse de documents et plans que Dumbledore leur avait confié.

" Que se passe-t-il ? "

" Il n'y a pas d'adresse d'hôtel, " grogna le brun. " Tu as peut-être l'habitude de dormir sous les pont mais pas moi ! " siffla-t-il agressif ?

Le loup-garou ne tiqua pas devant l'attaque personnelle, la laissant glisser sans la relever.

" Ce n'est pas grave, détends-toi… Je connais quelques adresses… "

L'atterrissage fut légèrement chaotique, l'avion rebondissant sur l'asphalte avant de s'immobiliser suite à une mauvaise manœuvre et Severus n'eut pas le temps de s'étonner, accroché à son fauteuil le cœur au bord des lèvres.

Sa seule consolation fut de constater que son compagnon avait fermé les yeux tout en se crispant.

Il n'était pas le seul à se montrer légèrement nerveux dans ces appareils…

Bientôt, une hôtesse se présenta, souriant gracieusement, et s'excusa au nom de l'équipage de ce petit désagrément avant de souhaiter aux passagers de passer un agréable séjour à Boston.

Les deux sorciers se joignirent au flot de touristes et d'hommes d'affaire avant de rejoindre la douane et de récupérer leurs bagages.

Levant la main, Remus arrêta un taxi tandis que Rogue se hâtait de le rattraper tout en foudroyant du regard un groupe d'adolescent, traînant sur les trottoirs, qui avait osé le bousculer.

Il s'installa aux côtés de son compagnon qui se pencha vers le taximan et lui indiqua une adresse.

" Tu es déjà venu ici ? " demanda le professeur de potion, suspicieux.

" J'ai vécu six ans à Boston, " répliqua joyeusement le châtain sans davantage élaborer.

Le brun n'insista pas et il bénit la froideur habituel de Severus de le sauver ainsi.

Il s'était réfugié ici, après l'arrestation de Sirius, dès que la chasse aux sorcières dont les siens avaient été victimes s'était calmée, lui permettant à nouveau de prendre l'avion.

'Transplaner' lui aurait probablement coûté la confiscation de sa baguette à l'époque.

Il avait besoin de se refaire, de repartir à zéro comme Dumbledore le lui avait conseillé et… il s'était exilé ici.

Ces six années lui manquaient.

Harry dormait la bouche ouverte, remarqua Sirius amusé de sa place au pied du lit. Il avait gardé son apparence de chien, après avoir expliqué la situation à son filleul et s'était installé comme n'importe quel animal de compagnie le ferait… en prenant ses aises et réchauffant les pieds du garçon.

Le seul inconvénient était que les trois occupants de la pièce ronflaient à qui mieux, mieux l'empêchant de dormir…

Avec un soupir, il aplatit ses oreilles et tenta de penser à autre chose… peut-être qu'en comptant les moutons…

Nelville se retourna sur le côté et grommela quelques mots incompréhensibles avant de replonger dans un sommeil plus profond.

Ô joie ! Ô soulagement ! Il restait silencieux dans cette position !

Un double sifflement lui fit enfouir son museau sous ses pattes.

" Kaï ! "

Bientôt un rayon matinal vint chatouiller le nez des garçons les tirant du sommeil.

Sirius, quant à lui, s'était installé sur le dos, les quatre fers en l'air et apparemment profondément endormi.

" Oh ! Un chien ! " s'exclama le petit blond, surpris.

Le canidé ouvrit un œil avant de le refermer.

" Nan, un éléphant, banane ! "

Assis sur le lit deux places, Rogue fusillait du regard un Lupin qui s'appliquait consciencieusement à ne rien remarquer.

" Pas d'autres chambres disponibles, hein ? "

Le châtain se contenta de sourire avec une polie indifférence.

" C'est ce que le jeune homme à la réception a affirmé… Je ne vois pas pourquoi, il nous mentirait. "

Il s'assit également sur le lit mais se réfugiant de l'autre côté. Un sourire sarcastique se fraya un chemin sur les lèvres du brun.

" Moi non plus… "

" Mal à l'aise, hein ? "

" Mais ça ne veut pas dire que j'ai envie de partager un lit avec toi… "

Remus se contenta de hocher la tête.

" Je comprends… Je prendrai le canapé cette nuit. "

Son compagnon grogna, la colère flambant dans son esprit à la seule vue du loup-garou.

" Tu connais l'adresse que le vieux fou nous a donné ? "

" Oui… C'est un bar. Notre homme doit loger dans les appartements à l'étage… "

Severus se leva et fit un vague signe de tête.

" Profitons en tant que la nuit n'est pas tombée. "

Ouvrant la porte, il laissa le châtain passer devant lui avant de verrouiller leur chambre. Il le suivit du regard avant de lui emboîter le pas, bouillonnant de sentiments contradictoires.

Il ne parvenait pas à oublier sa trahison mais penser que Black avait posé ses mains sur lui, l'avait touché l'emplissait d'une rage possessive qu'il maîtrisa cependant.

Peut importait l'envie de coincer le châtain dans un coin et de réclamer ce qui aurait pu – dû – être sien, il n'était pas un animal…

Il n'était pas comme Black.

Il se rappelait sans pouvoir s'en empêcher – et sans vouloir éviter ces réminiscences, même s'il ne l'admettrait jamais – ce qu'il avait ressenti pendant ces années où il s'était rapproché du châtain, apprivoisé par ce dernier.

Il avait espéré… s'était laissé surprendre…

Il avait montré sa faiblesse.

Et comme résultat… une trahison cuisante.

Cela ne se reproduirait plus.

Il monta à bord du taxi qu'avait arrêté Lupin en silence, s'enfermant dans un mutisme hautain et tentant de s'y retrouver au travers des rues interminables et encombrées de Boston.

Jamais il n'aurait cru qu'autant de moldus pouvaient se réunir dans des engins aussi bruyant et puant que ceux défilant devant eux. La ville était un véritable labyrinthe réalisa-t-il, incapable de se repérer.

Il dépendait totalement du loup-garou à présent…

A cette pensée, il se renfrogna davantage, jetant un regard venimeux à son compagnon qui regardait par la vitre, le front légèrement appuyé contre le verre. Le reflet renvoyait une expression vide, un peu désorientée et il détourna le regard, gêné malgré lui.

" Oh qu'il est beau ! " s'exclama Parvati en caressant le chien, couché aux pieds de Harry.

L'animal secoua la queue avant de lever une oreille mais ne bougea pas, bien installé.

Le brun sourit à la jeune fille avant de répondre distraitement à Hermione qu'il lui expliquerait plus tard, s'attirant un regard exaspéré de son amie – il n'avait pas eu le temps de la mettre au courant au matin.

Toute conversation s'interrompit pourtant à l'entrée de McConnagal, tandis que le professeur parcourait les élèves d'un regard impérieux avant de commencer son cours.

" Madame, " fit la voix traînante de Draco derrière le brun. " Potter a emmené son nouveau familier et… je suis allergique aux poils de chiens… "

" Monsieur Potter… vous avez un chien maintenant ? "

" Certainement un cadeau de ses nombreux admirateurs, " proposa le blond s'attirant des regards noirs des gryffondors présents en e. " Notre ami a des relations très particulières et souvent de mauvais goût… "

" Monsieur Malefoy, lorsque je souhaiterai entendre votre avis, je vous le ferai savoir. Monsieur Potter, prenez garde à ce que votre animal reste tranquille ! "

Harry jeta un regard triomphant à sa Némésis qui se contenta de lui sourire froidement, les yeux illuminés d'une lueur méprisante.

Un jour, il la lui ferait ravaler… avec sa morgue et ses air supérieurs.

Un rang plus bas, Nelville sourit, plus amusé que choqué par l'attitude de son… ami.

Draco ne changerait jamais…

Ou plutôt, il était en constant changement, il s'adaptait à toutes les situations à la manière d'un caméléon, se camouflant sous un masque de sale gosse trop gâté.

Ce chien… que faisait-il là ?

C'était étrange…

Qu'avait voulu dire le blond…

Un admirateur ?

Le bâtiment ne payait pas de mine avec sa pancarte néon et sa façade décrépie par la pollution et les tag. Des poubelles éventrées et renversée jonchaient la ruelle où chats de gouttière et chiens errants avaient conclu une trêve afin de se remplir l'estomac.

" Un bar branché, hein Lupin ? " souffla Rogue les paupières mi-closes. " Les choses ont dû changer depuis ton départ… "

Le châtain à ses côtés se contenta de sourire.

" Attends le soir, Severus, avant de te faire une idée… "

" Je n'ai aucune envie de traîner par ici la nuit venue, " cingla le professeur de potion. " Nous trouvons notre homme et nous prenons avec lui le premier avion en partance… "

Sans attendre de réponse, il s'engouffra dans l'étroit couloir qui menait aux appartements.

" J'aimerais que tout soit aussi simple, " soupira son compagnon avant de lui emboîter le pas.

Lorsqu'il était parti de Boston, la ville avait déjà commencé à changer… Et, à présent, deux ans plus tard, il avait failli ne pas reconnaître les lieux…

Oh bien sûr, les rues étaient les mêmes, il y avait toujours autant de trafic – dans tout les sens du terme – mais… les gens avaient peur…

Pas une peur consciente, plutôt celle éprouvée par une proie potentielle en présence de son prédateur.

Instinctive…

Comment les choses avaient-elles pu déraper à ce point sans que les autorités magiques de la région n'aient réagi ?

A moins que…

Une boule se forma dans son ventre, tordant ses entrailles comme certains indices cliquaient en place.

A moins que les mages aient perdu toute influence sur la ville…

L'étroit escalier, dans lequel il progressait à la suite de Rogue, était glissant et le cadavre gonflé d'un rat sur l'une des marches lui donna l'envie de vomir.

Il n'avait jamais bien supporté les endroits fermés…

Devant lui, son compagnon avait débouché dans un couloir enfumé et s'était arrêté devant une porte dont il re-vérifia le numéro avec une moue dubitative.

" C'est ici ? "

" Il faut croire… Nous verrons bien, " fit le loup garou en frappant contre le bois éraflé et taggué.

" Et s'il n'y a personne ? On attend bien sagement ? "

Des bruits de pas étouffés venant de l'intérieur firent sourire le châtain.

" Oh… Je ne pense pas que nous aurons longtemps à attendre, Severus… "

Si un regard pouvait tuer, il serait mort sur le champ au vu du coup d'œil venimeux que lui lança le Directeur des Serpentards.

Garder un visage serein face à ce dernier relevait de l'exploit et son compagnon se félicitait de ce tour de force qu'il accomplissait depuis près de plus de vingt ans.

La porte s'ouvrit enfin et un homme parut sur le seuil.

Il devait avoir entre trente et quarante ans mais les portait comme on aborde une couronne.

Les cheveux blonds abondant, la ride séduisante et les yeux bleus, il contrastait presque violemment dans le couloir triste et sombre.

Devant le mutisme soudain de Remus, Severus prit le relais de mauvaise grâce.

" Gabriel Lord ? "

" Lui-même, l'ami… Que puis-je pour vous ? " demanda leur vis-à-vis en s'appuyant contre le chambranle.

Son regard dériva sur Lupin sur lequel il s'attarda avant de s'écarquiller.

" Remie ? "

L'intéressé se fendit d'un étrange sourire.

" Bonjour Angel… Ca faisait longtemps… "

Hermione fulminait.

Pire que ça, elle était furieuse.

Ron le voyait bien, il suffisait de jeter un œil son visage fermé et ses iris étincelants de colère.

Elle était belle comme ça, décida-t-il un peu confusément en se demandant ce qu'il avait fait cette fois pour s'attirer les foudres de la broussailleuse brune.

Cette dernière restait silencieuse, irradiant la rage, se contentant de remplir un rouleau de parchemin – le devoir de potion sur lequel Harry et lui même peinaient tandis que Patmol se prélassait comme un bienheureux aux pieds des garçons.

Peu à peu, la salle commune se vida et la jeune fille reposa brusquement sa plume sur la table.

" Est-ce que vous avez perdu l'esprit ? " siffla-t-elle. " Et vous Sirius, montrez-vous, vous êtes ridicule ! "

L'évadé se transforma avec un petit sourire moqueur.

" Voyons Hermione… Personne ne peut… "

" Taisez-vous ! Et Lucius Malfoy qui vous a reconnu sous votre forme de chien à la gare et Umbridge qui met son sale petit bout de nez partout ? Vous y avez pensé ? Vous tenez tant que ça à retourner à Azkaban ? "

Au regard penaud qu'échangèrent ses compagnon, elle comprit que, tout à la joie des retrouvailles, ça ne leur avait pas effleuré l'esprit.

A la mention de la prison, l'animagus s'était renfrogné, les yeux un peu sauvages.

Elle soupira, se sentant soudain fatiguée et se demanda si Dumbeldore éprouvait de temps en temps ce sentiment de lassitude.

" Le mal est fait, à présent… " fit-elle en se rasseyant. " Nous pourrions prétendre que le nouveau familier de Harry s'est enfui… peut-être même le mettre en scène dès demain… Vous feriez mine de vous enfuir dans la Forêt Interdite avant de revenir chez Hagrid ou nous laisserions la cape d'invisibilité d'Harry. En vous servant de la carte des maraudeurs, vous ne devriez pas avoir de problèmes pour vous frayer un chemin jusqu'au château… Nous savons que vous êtes là, maintenant… Vous pourrez rencontrer Harry autant que vous voudrez si vous vous montrez prudent, " termina-t-elle en scrutant les traits butés du brun.

" Wow ! " fit Ron admiratif, tandis qu'à côté de lui Harry n'en pensait pas moins.

Hermione pouvait être stressante de temps en temps mais elle avait un esprit analytique hors du commun et lorsqu'elle s'enhardissait à briser les règles, peu de choses lui résistaient…

A l'exception peut-être de Sirius Black.

" Où est le risque, là dedans ? "

" Vous aimez tant le risque au point de désirer un tête à tête avec un détraqueur ? " répliqua l'adolescente du tac au tac. " Et de mettre Harry en danger par la même occasion ? "

L'ancien prisonnier n'y trouva rien à redire.

Severus Rogue était un homme d'ordre.

Une place pour toutes choses et à toutes choses sa place.

Il détestait les surprises. En général, celles auxquelles il avait droit était de celles que l'on risquait bien de pas pouvoir raconter par la suite.

Et que leur contact, l'homme dont Dumbledore avait besoin, soit un ancien ami du loup-garou, qu'il ait saisit ce dernier dans une étreinte d'ours en riant follement était d'autant plus détestable.

" Vous comptez fêter vos retrouvailles dans ce couloir ? " demanda-t-il sèchement.

Angel releva la tête.

" Non, bien sûr… Je vous en prie, entrez dans mon humble chez moi… "

Et il leur fit signe d'entrer.

Sans lâcher l'épaule du châtain.

" Je présume que tu n'as pas apporté ton corbeau pour une visite de courtoisie, " fit le blond en fermant la porte. " C'est le vieux de Poudlard qui vous envoie ? "

Remus sourit.

" En effet… Il paraît que tu t'es attiré des ennuis. "

Leur vis-à-vis se contenta de grogner.

" Je ne les ai pas attiré, Remie… Ils sont venus à moi sans que je ne le demande ! "

Sortant une bouteille d'une armoire, il la leva à l'intention de ses invités.

" Un petit verre ? "

" Nous n'avons pas le temps ! " coupa Severus sèchement.

Que cet homme le plaisante, s'il le voulait, il s'en occuperait plus tard – la vengeance est un plat qui se mange froid, c'était bien connu – l'important était de revenir au château.

" Notre avion nous attend ! "

Angel secoua la tête d'un air contrit.

" Je crains bien que ce ne soit pas possible… pas pour le moment… du moins… Les aéroports sont surveillés… "

" Par vos fameux ennemis ? " lança le maître des Potions d'une voix sarcastique.

" Plus exactement par leurs hommes, ce qui revient plus ou moins au même… "

Le blond se tourna vers Lupin avec un sourire contrit.

" Les choses ont bien changé depuis ton départ, Remie… Les autorités magiques de la ville ne sont plus que des fantoches… Les véritables maîtres sont les vampires… "

Petit sourire désabusé.

" Et tu me connais… Je n'ai pas pu m'empêcher de faire aller ma grande langue… Je suis surveillé et en sursit… Et à partir du moment où vous avez mis les pieds ici pour me ramener, vous aussi. "

A suivre