Bon voilà la fic de départ, qui devait avoir la forme d'un journal, mise sous forme de fic normale, avec scènes rajoutées et tout…j'espère que ça vous plaira^^

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L'eau et le feu – extended edition

Chapitre 1

Eowyn, fille d'Eomund et nièce du roi, pose avec un soupir presque imperceptible l'ouvrage qu'elle était en train de finir. Tranquillement, elle verse une poudre dans un verre, puis de l'eau par dessus, se lève et gagne la salle du trône. Son oncle est assis là, sur son trône, avachi mais on devine encore sous ses traits l'homme puissant qu'il fut…depuis peu, il ne parle plus qu'à peine, et Eowyn lui administre les potions que les médecins lui ont prescrit, à heure fixe.

Doucement, elle soulève le menton du vieillard, et lui fait boire à petits coups la potion…

Près du trône se tient Grima, l'homme de confiance du roi, mais Eowyn fait mine de ne pas le voir, il la poursuit de ses assiduités et elle le déteste…pour l'instant, il se contente de la dévorer du regard, et chacun d'eux est comme une brûlure sur la peau blanche de la jeune femme. Courageusement, elle l'ignore, parle doucement à son oncle puis sort de la pièce pour vaquer à ses occupations…voir son oncle ainsi lui fend le cœur, lui qui fut un si courageux guerrier ! Depuis peu, il semble être tombé dans une catatonie dont ne le sort même plus la mention des exploits de son fils unique, Theodred, qui combat du côté des gués de l'Isen…comme c'est son devoir, Eowyn prend soin du roi. Eomer, son frère, combat avec Theodred, et il lui manque car il est son seul soutien ici…de plus en plus, Grima la suit partout, elle sent sa présence malfaisante derrière elle la couvant  de son regard torve, glissant sur elle comme une malfaisante limace…

A qui pourrait-elle s'ouvrir de ce qui la taraude ? Son frère est absent, le roi n'a plus son entendement, elle n'a pas confiance en ses dames de compagnie…bien qu'elle soit membre de la famille royale, elle n'est qu'une femme dans ce monde d'hommes. Alors elle remplit son devoir du mieux qu'elle peut, en espérant que des jours meilleurs viendront, même si elle sait que la situation se détériore…selon la tradition, elle sait combattre et manier une épée comme les hommes, mais ne peut accompagner les hommes à la guerre. Eowyn est cependant de trop haut lignage pour ne pas avoir de responsabilités, et c'est sur elle que reposent l'intendance et la bonne marche de tout le palais.

Malgré ce qu'elle entend autour d'elle, Eowyn tente de rester calme et de garder espoir alors qu'elle sait que les orques envahissent son pays et que tout semble sur le point de sombrer. Mais comment pourrait-elle espérer alors qu'elle voit son oncle tomber chaque jour plus avant dans un méprisable gâtisme et la maison d'Eorl tomber en ruines ? Les mots mielleux que lui distille chaque jour Grima font leur chemin dans sa tête inquiète…

Elle n'a pas de nouvelles de son frère, et ne peut que prier chaque soir qu'il revienne sain et sauf…pourtant, le soir, seule dans son boudoir, elle se sent comme une bête sauvage qu'on aurait mise en cage, impuissante aussi face à ce raz-de-marée qu'elle pressent. Enfermée dans son carcan de dame de la cour, elle ne peut se permettre de laisser transparaître sa personnalité profonde, et cela la mine, elle qui voudrait tant pouvoir prouver ses capacités autrement qu'en s'occupant de son oncle et de l'intendance…

         Cet après-midi-là, elle achève une tapisserie avec ses suivantes quand une servante arrive en courant :

« Venez, madame, vite ! »

Eowyn essuie ses mains transpirante sur le tablier qu'elle porte et demande :

« Que se passe-t-il ? »

La servante encore essoufflée répond :

« Les cavaliers sont revenus, mais votre cousin Theodred a été gravement bless »

Un instant elle a craint pour son frère, mais son sang ne fait aussi qu'un tour lorsqu'elle apprend qu'il s'agit de son cousin, qu'elle estime beaucoup…suivie de la servante, elle gagne le plus rapidement possible la chambre de son cousin…

Theodred est allongé sur son lit, des bandages sanglants que personne n'a encore changé sont posés sur sa poitrine. Près du lit est assis Eomer, ses cheveux blonds encore en bataille, revêtu de son armure, l'air grave…

Eowyn murmure le nom de son cousin gisant, soulève les bandages, et grimace légèrement en voyant l'étendue des blessures. Theodred bouge alors un peu, ses yeux s'ouvrent légèrement mais il retombe vite dans l'inconscience…

Calmement, Eowyn demande à son frère :

« Que s'est-il pass ? »

Eomer tourne alors la tête vers sa sœur et dit :

« Des Orques. »

Eowyn hoche la tête pour montrer qu'elle a compris…finalement la situation est encore plus grave qu'elle le pensait. Sentant qu'Eomer ne veut pas parler, elle va chercher de l'eau chaude, des linges et lave soigneusement les blessures de Theodred, qu'elle bande ensuite de linges propres avant de lui mettre une chemise propre et de le laisser reposer…

Eomer lui demande alors :

« Le roi est-il toujours dans le même état ?»

Eowyn hoche la tête, et Eomer continue :

« Cependant, il doit savoir…viens avec moi, nous devons le lui dire, il faut faire quelque chose… »

Eowyn recouvre soigneusement Theodred, puis accompagne son frère jusqu'à la salle du trône…Eomer, malgré sa fatigue, est résolu et décidé, et sa sœur, qui le connaît bien, peut tout de même voir de la douleur dans son regard.

Une fois dans la salle du trône, alors qu'Eomer s'incline devant le roi, elle s'en approche, pose doucement sa main sur sa main et lui délivre doucement la mauvaise nouvelle. Le roi ne tourne même pas la tête, ne semble même pas réagir…il tente de bégayer quelque chose lorsqu'Eomer décrit la situation, mais Grima surgit alors, jetant son regard plein de concupiscence sur Eowyn et accusant Eomer d'être un foudre de guerre. Eowyn se recule, regarde Eomer puis Grima, et va sortir de la pièce, mais reste là, figée, pour voir Eomer saisir Grima à la gorge, Eomer qui a saisi le manège de Grima et veut le tuer. Malheureusement, cet larve qu'elle déteste a déjà trop de pouvoir et devant Eomer brandit un ordre de bannissement.

Eowyn se retient de ne pas éclater en larmes, c'est son seul soutien et le meilleur guerrier de Rohan qui s'en va là…que vont-ils devenir si plus personne ne peut les défendre ?

Elle veut suivre son frère pour au moins lui dire adieu mais les gardes l'en empêchent. Eomer lui jette un dernier regard, avant d'être entraîné hors de sa vue. Jamais Eowyn ne s'est sentie aussi seule depuis la mort de ses parents…mais son moment de flottement ne dure pas longtemps, désormais elle se défendra seule, comme l'ont toujours fait les femmes de la maison d'Eorl, et jamais Grima ne la touchera…elle a entendu ce qu'Eomer a dit, et elle se méfiera plus que jamais, si ce qu'il a dit est vrai, même Saroumane les a trahis et la situation est alors encore plus grave que ce qu'elle pensait.

De nouveau dure comme l'acier, elle regagne la chambre de Theodred qui par miracle vit encore, mais ses blessures sont trop graves et elle sait qu'il a une chance infime de survivre, mais elle veut la jouer. Posant un linge frais sur son front fiévreux, elle étend un onguent cicatrisateur de sa composition sur ses blessures. Le jeune homme délire, mais ne se réveille pas…

Eowyn reste auprès de lui, baignant son corps fiévreux, et sent soudain une main sur son épaule : Judith, sa vieille gouvernante :

« Allez vous reposer, m'lady, je vais m'occuper du prince… »

Judith a élevé Eowyn après la mort de sa mère Theodwyn, et c'est une des personnes qui la connaît le mieux. Eowyn lui sourit et dit :

« Non, je vais rester… »

Mais Judith insiste :

« Il faut que vous dormiez, c'est pas votre veille qui le ramènera mieux, notre pauvre prince… »

Eowyn sent ses yeux se fermer malgré elle, et elle doit convenir que sa nourrice a raison…elle gagne sa chambre et s'effondre sur son lit pour plonger dans un sommeil lourd et sans rêves.

C'est Judith qui la réveille :

« Vite, m'lady, venez, le prince est mort ! »

La gouvernante pleure, et Eowyn sent ses larmes couler alors qu'elle court vers la chambre de Theodred. Theodred est étendu sur son lit, seul son teint pâle dit que la vie n'habite plus son corps, il a l'air reposé, comme s'il était encore vivant…Eowyn regagne un peu de contrôle sur elle-même et demande :

« Quelqu'un a-t-il prévenu le roi ? »

Les serviteurs qui sont là en position de deuil secouent la tête…Eowyn donne l'ordre qu'on prépare son cousin pour son ultime toilette, et gagne la salle du trône où est assis Theoden. Doucement, elle s'assied près de lui et lui annonce que son fils est mort. Mais Theoden reste apathique, aucun lueur de compréhension ne passe dans ses yeux. Eowyn ne peut comprendre comment son oncle est devenu en si peu de temps cette ombre qui ne bouge plus, gouverne par l'intermédiaire de Grima et semble enfermée dans sa vieillesse…

Ses larmes coulant librement sur sa joue, elle salue son oncle et regagne la chambre où elle trouve Theodred prêt à être lavé et revêtu de sa plus belle tunique. Calmement, elle effectue les gestes ancestraux de la toilette des morts…concentrée sur sa tâche, elle s'entend pas Grima entrer. Voyant son cousin si beau, si jeune, qui avait toute la vie devant lui, prêt à être cousu dans son linceul, son courage s'en va et elle recommence à pleurer.

Grima jette un regard indéchiffrable au corps du jeune homme, puis commence à parler de sa voix mielleuse habituelle, qu'Eowyn déteste parce qu'elle se sent en position de faiblesse, comme hypnotisée par un serpent. Et, bien qu'elle fasse tout pour ne pas écouter ses paroles, elles lui pénètrent le cerveau, la rongeant comme la peste. Mais, cette fois, elle arrive à lui répliquer quelque chose, puis sort de la pièce pour échapper à son influence, pour ne pas devenir folle. Toujours courant, elle traverse la grande salle et s'arrête sur le perron…près d'elle, le vent arrache un étendard, et elle reste là, sentant les battements de son cœur se calmer progressivement, mais ayant honte de sa faiblesse. C'est alors qu'elle remarque trois cavaliers qui se dirigent vers le palais, et, se sentant mieux, rentre de nouveau dans la grande salle…Gandalf y est avec ses trois compagnons, un Nain, un Elfe et un Homme, curieuse compagnie s'il en est. Que peuvent-ils bien venir faire ici ?

La scène à laquelle elle assiste ensuite est une scène d'apocalypse : Gandalf, qu'elle connaît déjà, essaie de rendre à Theoden son libre arbitre pendant que ses compagnons combattent les soldats. Alors Eowyn découvre que son frère avait raison sur toute la ligne, Grima était à la solde de Saroumane et tenait son oncle sous la coupe du sorcier blanc. Voyant Theoden souffrir, Eowyn veut se précipiter mais l'homme qui accompagnait le sorcier blanc la retient de sa poigne ferme mais douce et lui dit d'attendre…

Alors Eowyn se retourne, et regarde l'homme qui la retient. Il porte des vêtements en tissu épais fatigués, des cheveux sombres mi-longs et ses yeux bleus foncés qui la regardent avec bonté. Eowyn, captée par ces yeux, reste quelques secondes immobile mais se retourne vite pour voir, impuissante, Gandalf faire sortir Saroumane du corps de Theoden, en le malmenant.

Alors Aragorn la lâche, et Eowyn se précipite aux pieds du trône…sous ses yeux, son oncle redevient celui qu'il était auparavant, et prononce son prénom de sa voix encore un peu éraillée. Eowyn sourit, tant heureuse de le voir ainsi !

Alors Hama apporte l'épée du roi, Herugrim, et il se lève, alors qu'on jette Grima dehors…il veut le tuer, et Aragorn l'en empêche. Mais déjà le roi pose la question fatidique : où est son fils ?

Alors Eowyn s'avance doucement et, les larmes aux yeux, dit :

« Il est mort cette nuit, Majest »

Theoden chancelle sous le coup, mais reste digne et demande à Eowyn de le conduire auprès du corps de son fils unique. Les larmes coulent alors sur les joues du roi qui demande :

« Que lui est-il arriv ? »

Eowyn, qui retient ses larmes, répond :

« Des orques l'ont tu »

Theoden reste là, comme s'il ne pouvait pas ôter son regard du corps gisant de son fils, puis regarde sa nièce et dit :

« Je te remercie d'avoir pris soin de lui, Eowyn…allons préparer ses funérailles, ma fille-sœur… »

Les funérailles de Theodred eurent lieu le lendemain, dans la grande tradition des Rohirrim. Le roi ne versa pas une seule larme, comme si celles qu'il avait versées la veille étaient les seules qui lui restât. Comme la coutume le voulait, Eowyn, parente la plus proche du défunt, chanta alors le rude chant des funérailles, sa voix serrée par la tristesse rendant encore plus rocailleuse la langue des hommes du nord. Elle y mit tout son cœur, voulant rendre hommage au courage de son cousin.

Avant de remonter au palais pour s'occuper du repas funéraire, elle se recueillit longuement devant le tertre de son cousin, espérant que son âme avait pu gagner le paradis des guerriers…

Elle finissait de mettre la dernière main à l'organisation du repas funéraire quand le roi arriva, accompagné de Gandalf. Il amenait avec lui deux enfants, un garçon et une fille. Si le garçon était inconscient, la petite fille était effrayée et tremblait de tous ses membres…

Le roi déposa le garçon sur un siège, et demande à Eowyn de s'occuper d'eux…La filette se précipita dans ses bras en réclamant sa mère, et Eowyn la serra contre le plus maternellement qu'elle put, elle allait faire de son mieux même si elle n'avait pas l'habitude des enfants. Le garçon reprit conscience, et elle lui demanda :

« Comment t'appelles-tu ? »

Impressionné par une si belle dame, le garçon répondit :

« Eothain, madame, je viens de l'Ouestfolde…Nous avons été attaqués par des orques et des hommes sauvages, qui pillent et brûlent tout sur leur passage…Freda et moi avons réussi à nous enfuir grâce à notre mère et au cheval de notre père, Garold. »

A cette évocation, deux larmes jaillirent de ses yeux, et Eowyn dit :

« Allons, ne t'inquiète pas, tu es en sécurité ici…venez manger, puis vous irez dormir… »

Elle les fit asseoir et manger, car elle pensait que c'est ce dont ils avaient besoin avant toute chose. Autour d'eux se tenait le conseil qui allait décider de l'avenir du Rohan, mais les enfants n'en avaient cure, sauf la petite fille, Freda, qui réclama sa mère. Eowyn fit mine de ne pas vraiment s'intéresser à ce qui se disait, mais elle entendit chaque mot prononcé, surtout lorsqu'on parla d'Eomer. Pourquoi le roi ne l'avait-il pas rappel ? En ces temps sombres un brave guerrier valait cher…lui en voulait-il pour ce qui était arrivé à Theodred ? En tout cas, il réagit assez mal lorsque Aragorn mentionna son nom. La situation était critique, et tous essayaient de trouver un moyen de sauver le Rohan. Pourtant, elle crut déceler une rivalité naissante entre Aragorn, qu'elle avait appris être un Ranger du nord, et le roi…il est vrai qu'Aragorn parlait avec grande sagesse et grande noblesse, qui ne cadrait pas du tout avec son costume dépenaillé…que cachait-il donc ?

Alors la décision fut prise par le roi en dernier ressort : il donna l'ordre de se replier au Gouffre de Helm, qui ne fut jamais pris par l'ennemi et dont les cavernes formeraient un abri sûr pour le peuple…C'était une décision sensée, mais Eowyn comprit vite qu'Aragorn, Gandalf et leurs compagnons ne l'approuvaient pas.

Pendant que des guerriers rassemblaient hommes et femmes autour d'Edoras, le palais devint comme une ruche bourdonnante…il fallait tout laisser, juste emporter des provisions.

Eowyn fouilla dans un de ses coffres qui se trouvait dans la grande salle et en sortit son épée. Elle lui appartenait depuis toujours, et elle avait appartenu à sa mère avant elle. D'un geste sûr et précis, elle fit quelques passes, et la lame brilla dans la semi-obscurité…avant de s'arrêter contre une autre. Eowyn vit alors que celui qui l'avait parée n'était autre qu'Aragorn, le Ranger en lequel elle pressentait tant de mystère. Alors qu'il parlait, elle sentait une émotion inconnue s'emparer de son âme…cet homme avait un charisme particulier, un tel charisme qu'elle en arriva même à lui dire ce qu'elle craignait le plus. Aragorn posa alors un regard indéchiffrable sur elle, comme s'il avait compris quelque chose, et, sur un salut, s'éloigna, laissant Eowyn interloquée…elle avait senti du respect pour elle dans l'attitude de l'homme, ainsi qu'autre chose, qu'elle ne sut pas nommer. Qu'avait-il compris ?

Elle rangea l'épée dans son léger paquetage, il n'y avait pas de raison qu'elle la laisse derrière elle, il y aurait sûrement à combattre là-bas. Ordinairement, si les femmes apprennent l'art du combat, c'est surtout pour se défendre, mais Eowyn n'était pas de celles qu'on peut ainsi laisser derrière.

Tournant résolument le dos, elle mit son paquetage en bandoulière et sortit du palais pour suivre le roi et tout le peuple…les jours qui viendraient seraient décisifs…

A suivre…