La longue file des Rohirrim serpente dans la plaine en direction du Gouffre de Helm, et, si l'atmosphère est un peu triste et lourde, le soleil les incite tous à garder espoir. Eowyn marche auprès de son oncle, de Gimli, Legolas et Aragorn, et écouter les histoires du Nain à propos des femmes-Nains la fait rire gaiement…
Pourtant, personne n'a idée du tourment secret qu'elle endure, ni des sentiments et des interrogations que soulève en elle le mystère entourant Aragorn. Pourquoi reste-t-il parfois comme perdu dans un monde secret qu'il est le seul à voir, les yeux dans le vague ? Parfois, il prend dans sa main le curieux médaillon qu'il porte au cou, et soupire imperceptiblement…
Que cache-t-il donc ?
Pourtant, elle ne peut nier qu'il l'attire irrésistiblement, comme l'aimant attire le fer…peu coutumière de cela, elle tente de rester la plus naturelle possible, mais se pose mille questions. Pourtant, elle fait son devoir, aide les femmes à cuisiner, à faire les tâches ménagères sans rechigner…quand tous sont menacés, nulle différence de classe.
Elle pense aussi à la réponse énigmatique qu'il lui a faite sur la femme qui lui avait offert le médaillon, il y avait eu comme un éclair dans son regard bleu à ce moment-là, le rendant presque lumineux…et le ton qu'il avait employé, un ton de regret. Tant d'émotion dans ses mots…
Elle comprit que cette dame l'avait quitté pour retourner avec son propre peuple, et qu'il en éprouvait une grande blessure…alors le cœur d'Eowyn eut pitié de lui, et elle souhaita de toutes ses forces pouvoir l'aider et le consoler.
Mais elle se reprit vite, et jeta avec colère une grande pincée de sel dans la soupe qu'elle était en train de préparer : comment penser à cela alors que leur terre et que leur existence étaient menacées, que la fin de toute chose était suspendue au-dessus de leurs têtes ?
Elle porta la soupe à Aragorn, assis non loin de là, puis s'en fut servir le roi, comme il était de son devoir, mais son esprit n'était pas à ses tâches ordinaires. Son esprit était troublé…Incapable de dormir, elle resta longtemps là, à regarder le ciel devant sa tente, alors qu'Aragorn était assis devant le feu, à moitié endormi, en train de fumer sa pipe. Bientôt, il s'endormit tout à fait, mais Eowyn en fut incapable, l'esprit en tempête. Entrant de nouveau dans sa tente, elle se changea et sortit de son sac une des seules choses de valeur qu'elle avait emporté avec elle : son épée.
Lentement, elle referme ses doigts sur la lourde poignée de bronze, la sort du fourreau et la regarde…la lumière de la petite lampe de la tente se reflète sur la poignée, et Eowyn laisse cette lueur, apprivoisée par le métal, teinter les murs de la tente de lumière.
D'un geste souple du poignet, elle fait jouer l'épée, puis la rentre dans son fourreau avant de se laisser tomber sur son lit, soudain lasse. Il lui semblait que son cœur allait se briser, qu'elle perdait toute dignité à cause des sentiments que lui inspirait un homme…jamais elle ne s'était sentie aussi désemparée. Son pays était menacé, et, alors qu'elle aurait dû être forte comme l'acier pour protéger son peuple, elle se sentait au contraire femme et faible…
Deux larmes coulèrent sur ses joues, et elle les essuya rageusement, ce n'était pas le moment pour elle de lâcher prise…
Il lui sembla que ses paupières étaient en plomb quand elle s'éveilla, le lendemain matin, mais, habituée à s'éveiller au premier appel, elle fit une toilette rapide et enfila sa robe.
Puis la route reprit, rythmée encore par les plaisanteries de Gimli le Nain, qui provoqua les rires en tombant de cheval. Eowyn rit elle aussi gaiement, essayant d'oublier l'effet que faisait sur elle le sourire d'Aragorn, qui chevauchait près du roi.
Mais le rire disparut vite quand la colonne des rohirrim fut attaquée par des cavaliers wargs. Les hommes allèrent combattre, Eowyn le voulait aussi mais Theoden le lui interdit, l'enjoignant d'amener le peuple sain et sauf au Gouffre de Helm, et de le faire pour lui. Frustrée d'être laissée derrière une fois de plus, elle obéit cependant aux ordres reçus. Pourtant, debout au milieu des rohirrim paniqués, elle regarda Aragorn qui lui rendit son regard en faisant volter son cheval.
Eowyn, rassemblant les rohirrim, les fit avancer le plus rapidement possible sans regarder derrière elle, tentant d'oublier les cris des hommes et des orques en train de s'entretuer, ne faisant que son devoir…
Tentant d'oublier tout cela, elle aide les femmes chargées, et dirige sa petite cohorte en enfouissant ses sentiments personnels au fin fond de son cœur. Une fois de plus elle a été laissée derrière, sans aucune chance de prouver sa valeur…ce leitmotiv tourne dans sa tête mais elle n'en oublie pas son peuple, étant seul membre de la famille royale ici, elle doit le guider et le mettre en sécurité.
C'est avec un certain soulagement qu'elle aperçoit les hauts murs du Gouffre de Helm, où son peuple sera à l'abri…mais elle n'arrive pas à se réjouir, elle pense aux hommes qui combattent et qui sont restés derrière, aux prises avec les orques de Saroumane. Déposant les quelques affaires qu'elle a amenées dans les appartements privés du roi, dans la tour du Fort le Cor, elle ressort pour voir ce qu'il en est au niveau des gens qui sont arrivés avec elle et qui, pour l'instant, se sont installés dehors, faute de mieux…
Apportant une aide ici, un mot gentil là, elle parvient à leur faire entretenir l'espoir que le Gouffre tiendra, comme il a toujours tenu contre les hordes du mal. Il est de son rôle de leur faire garder espoir…
Pourtant, elle sent le doute l'étreindre en voyant le peu d'hommes qui tiennent encore le Gouffre, et le peu qui doit encore arriver…tiendront-ils face à la marée que Saroumane a décidé de déverser sur le Rohan ?
Elle s'occupe d'arranger la salle intérieure du Gouffre quand elle entend les guetteurs annoncer l'arrivée du roi Theoden. Laissant là ce qu'elle était en train de terminer, elle se précipite dehors et respire de soulagement en s'apercevant que le roi est vivant…mais combien peu sont rentrés !
D'un œil inquiet, elle cherche Aragorn du regard, puis se décide à poser à son oncle la question qui lui brûle les lèvres…le seul qui lui répond est Gimli le nain : Aragorn est tombé.
A ces mots, il lui semble que son cœur s'arrête de battre…Aragorn, mort ? elle ne peut y croire !
Et pourtant elle ne peut laisser libre cours à sa douleur, à la peine qui lui vrille le cœur, il faut tenir, essayer de ne rien montrer…de cela elle a l'habitude, elle née fille de rois. Elle ferme les yeux quelques instants, et, quand elle les rouvre, nul ne pourrait se douter du malstrom que traverse son cœur. Theoden l'a regardée un instant, mais il s'est vite détourné, devant préparer la défense du fort.
Et les heures passent, désespérantes de lenteur, et la fin du jour approche…comme il est de son devoir, elle a préparé la tenue de guerre du roi.
Alors qu'elle est en train d'aider à panser les blessés, une clameur s'élève dehors, et, relevant la tête, elle voit passer Aragorn, sanglant et mouillé mais vivant. Elle commence à se précipiter, mais s'arrête et son sourire s'efface quelque peu quand elle voit le regard du Ranger s'attendrir alors que Legolas, qu'il vient de croiser, lui remet en main son médaillon.
Elle voit là tout l'amour qu'il éprouve pour celle qui le lui a donné…il lui semble que son cœur se brise, mais elle reste digne. Elle n'est pas femme à étaler ses sentiments en public…
Mais il n'est plus temps de tergiverser, le roi a ordonné que les femmes et les enfants s'installent dans les grottes intérieures du Gouffre de Helm. Mais, avant qu'elle ne les accompagne, il la fait appeler et lui dit :
« La bataille qui va se livrer est sans espoir, ma fille…s'il m'arrivait quoi que ce soit, tu devras faire sortir les femmes et les enfants par la montagne, et les raccompagner à Edoras, que tu défendras le plus longtemps possible. S'il arrivait quoi que ce soit à Eomer aussi, sois la souveraine des Rohirrim, tu seras la seule descendante de notre famille. Mais, s'il survit, qu'il soit roi après moi… »
Eowyn regarde alors son oncle dans les yeux et dit :
« Je veux combattre ! Laisse-moi combattre à tes côtés, j'en suis capable…je ne faiblirai pas. »
Theoden observe sa nièce et dit :
« Non, tu ne combattras pas, même si je sais ton courage…tu dois survivre, ma fille- car c'est le nom que je veux te donner- pour que notre disparition ait un sens. »
Il lui caresse le visage et continue, d'une voix plus douce, avant qu'elle ne puisse protester :
«Tu ressembles tellement à ta mère, Eowyn…elle aussi était vive, forte, dévouée. Tu dois survivre pour nous, entends-tu ? »
Une brume de tristesse passe dans les yeux du roi alors qu'il pense à son fils, Theodred, qui aurait dû lui succéder, être à ses côtés pour cette bataille. De sa lignée il ne reste presque rien, qu'un rameau, Eomer, qui peut lui aussi périr à la bataille. Alors il ne restera qu'Eowyn, qui, selon les canons successoraux en vigueur au Rohan, ne peut régner. Il n'y a pas de reine en Rohan, seuls les hommes peuvent régner. Pourtant, il sait qu'elle a le courage d'un homme, qu'elle combat comme un homme…quelle ironie !
Le roi reprend :
« Tu seras un bon guide pour notre peuple, j'en suis sûr… »
Malgré tout le contrôle qu'elle a sur elle, les yeux d'Eowyn se remplissent de larmes, et elle proteste :
« Vous ne mourrez pas, mon oncle… »
Theoden sourit légèrement et dit :
« Nul ne connaît son heure, mon enfant, mais je sais que la mienne n'est pas loin de moi… »
Il met ses mains sur les épaules de sa nièce et lui dit :
« Allons, ne pleure pas… je veux me souvenir de ton visage souriant… »
Alors Eowyn tente de sourire, et le roi lui dit :
« Laisse-moi maintenant, Eowyn…va dans les cavernes. »
Alors Eowyn s'incline et sort précipitamment de la pièce, mais elle ne peut se résoudre à gagner tout de suite les cavernes, elle refuse de passer pour une lâche…d'un geste brusque, elle fouille dans son baluchon et en sort son épée, qu'elle fait tourner dans sa main. Elle défendra son peuple jusqu'à la mort…
Elle est encore là quand arrive l'escouade des Elfes, conduite par Haldir de Lorien. Depuis la porte du fort, presque dissimulée, elle regarde ce qui pourrait être leur dernier espoir de victoire…mais que pourra faire une escouade d'Elfes, aussi puissants fussent-ils, contre plusieurs dizaines de milliers d'Uruk-Hai déchaînés ?
Lentement, sentant que la bataille va avoir lieu bientôt, elle obéit enfin au roi et gagne les cavernes remplies de femmes et d'enfants tremblant et pleurant. De son mieux, elle les réconforte, passant de l'un à l'autre…tous ont un mari, un père, un enfant là-haut, en train de se battre, et savent à quel point la situation est critique. Mais Eowyn en sait deux fois plus, et elle aussi s'inquiète pour des êtres chers : le roi, Eomer, Aragorn…
Assise seule dans les grottes alors que le tremblement de la bataille fait rage sur le fort, elle reste vigilante, ne lâchant pas son épée. Soudain, une formidable explosion ébranle le fort, provoquant une augmentation des clameurs de la bataille et des cris dans les grottes dont le sol tremble.
Eowyn cille à peine, voulant éviter de montrer sa peur pour encourager son peuple, mais sa pensée à ce moment, où elle croit que sa mort est imminente, est pour ces êtres qui lui sont chers : Eomer, le roi Theoden…et elle admet enfin, au fond d'elle-même, que le Ranger du Nord Aragorn a pris son cœur.
Comment cela a-t-il pu arriver ? Jusque-là, aucun homme, fût-il brave, ne l'avait séduite…
Mais jamais le roi ne l'avait pressée de se marier, bien qu'elle eût dépassé l'âge normal du mariage, car les rohirrim se mariaient jeunes. Mais, pour la première fois, Eowyn se sentait plus femme qu'elle n'avait jamais été, elle avait l'impression de prendre vie sous le regard bleu profond d'Aragorn…
Les heures s'écoulent, et la clameur du combat s'intensifie. Eowyn ne sait pas combien de temps s'est écoulé depuis le début, mais elle reste l'esprit en éveil même son corps réclame du sommeil… alors que les Uruk-Hai brisent la porte de la grande salle, une femme se jette à son cou, alors que c'est la panique autour d'elle…
Puis le silence semble se faire progressivement, le bruit du combat venant de plus loin…
Enfin un soldat descend, et demande à la princesse de l'accompagner, et aux femmes et aux enfants de se préparer à partir…Eowyn suit le soldat, qui la conduit jusqu'à son oncle aux côtés duquel se trouve Eomer. Sa joie est telle de les savoir vivants qu'elle se jette à leur cou, et les embrasse…
Theoden embrasse affectueusement sa nièce et lui dit :
« Tu vois, la mort n'a pas encore voulu de moi…»
Il se détourne, regarde la plaine par la petite fenêtre et dit gravement :
« Nous avons remporté ici une victoire, mais pas la guerre…je vais me rendre à l'Isengard en compagnie d'Eomer, de Gandalf et de ses amis…j'ai une mission à te confier, Eowyn : emmène notre peuple à Edoras, retranche-toi là-bas et défend-la autant que tu pourras. Je serai de retour dans quelques jours, qu'un banquet pour les morts soit prêt, ils méritent qu'on leur rende hommage…»
C'est un ordre du roi, et Eowyn sait que cela ne se discute pas. Elle s'incline devant le roi, salue Eomer et sort. C'est alors qu'elle voit Aragorn, et l'expression sombre de son visage se transforme en joie extatique…il est vivant ! il a survécu ! son cœur chante, et il lui semble qu'il est prêt à exploser. Comme si elle n'y croyait pas, elle caresse son visage, puis, oubliant toute dignité, se précipite dans ses bras…
Une expression indéchiffrable se peint alors sur le visage d'Aragorn, et, la lâchant, s'incline en disant :
« Que la paix des Valar soit sur vous, Dame du Rohan… »
Puis il s'éloigne d'une démarche un peu chancelante, laissant Eowyn interloquée…
Quelques jours plus tard, Edoras, Hall of MeduseldEowyn finit de donner ses ordres pour l'aménagement de la grande salle en vue du banquet qui aura lieu le lendemain. Comme il est de coutume, elle porte son épée dans son dos, car elle est le chef des rohirrim en l'absence du roi…elle porte une robe beige simple au corset marron, dont les manches à pans retombent gracieusement de chaque côté de ses bras. Elle a abandonné ses tenues de cour, en l'absence du roi point de décorum. De plus, par manque de main d'œuvre, elle doit mettre elle-même la main à la pâte, elle porte donc un tablier blanc sur sa robe…
Soupirant, elle sort sur le perron, et respire l'air du Rohan, qui lui est familier mais néanmoins teinté ce jour-là d'ombre et de mort. Elle frissonne et reste longuement là, les bourrasques sauvages emmêlant ses cheveux, mais elle n'en a cure. Comment se disposer à un banquet alors que le Mordor regroupe ses forces, qu'ils seront bientôt l ?
Pourtant, Eowyn n'a pas peur, elle sait qu'elle combattra jusqu'au bout pour son pays, pour son peuple…jamais Sauron ne l'aura vivante.
Son regard se perd vers l'Est, et sa pensée dérive vers Aragorn…depuis qu'elle est de retour à Edoras, elle évite soigneusement de s'appesantir sur ses sentiments, mais ils sont bien présents. Elle n'en a pas l'habitude, mais elle refuse désormais de se cacher la vérit : elle ignore comment, mais elle l'aime.
Mais, pour l'instant, il lui importe de s'oublier elle-même pour faire son devoir de maîtresse de maison et recevoir du mieux possible le roi qui sera de retour dans quelques heures. La salle commune servira aussi de dortoir pour tous les hommes qui reviendront, aussi rassemble-t-elle de grandes quantités de couvertures et de matelas dans une petite pièce attenante, d'où ils pourront être facilement sortis. Elle fait mettre en perce des tonneaux de bière et de vins fins, sortir nombre de cornes à boire et s'assure de l'approvisionnement en viande.
Le roi arrive enfin, le lendemain, suivi d'Eomer, d'Aragorn, de Gimli, de Legolas, de Gandalf et d'autres rohirrim. Eomer embrasse sa sœur, qui porte encore son tablier et lui dit :
« Tu ne nous attendais pas ? »
Eowyn, gênée de se présenter ainsi devant Aragorn, rétorque à son frère :
« En effet, pas avant quelques heures, mon frère…mais tout est prêt… »
Elle remarque alors les deux Hobbits, et leur sourit :
« Bienvenue à Edoras… »
Merry et Pippin regardent cette belle et longiligne femme blonde, et restent bouche bée : elle est si belle ! Puis ils s'inclinent et la saluent fort courtoisement. Eowyn sourit, conquise par ces deux bouts d'homme si polis et si urbains.
Mais Eowyn ne peut rester là à deviser, elle doit finir de superviser les derniers préparatifs. Rassemblant ses jupes, elle rentre en courant dans le palais, refusant qu'on voie la gêne qu'elle ressent.
D'une traite, elle court à sa chambre, jette son tablier sur le sol et reste interdite devant son reflet dans le miroir : Ses yeux gris brillent et son teint d'ordinaire si pâle est rose…jamais elle n'a été aussi belle.
Etonnée, elle recule d'un pas, puis détourne son regard de son image avant de sortir précipitamment de sa chambre…
Les banquets rohirrim qui honorent les morts répondent à des normes précises. Avant de commencer, on élève sa corne à la santé des morts, puis vient le moment des réjouissances, où l'on chante et on danse en leur honneur…
Eowyn a pris sa décision, a revêtu une jolie robe mais s'est contentée d'attacher ses cheveux d'or en demi-queue. Comme le veut la tradition rohirrim, il est d'usage pour une femme d'apporter une coupe à l'homme de ses pensées, et, s'il l'accepte, il l'accepte elle.
Aragorn, qui n'a pas l'air de connaître l'usage, prend la coupe, en boit une gorgée. Un sourire éclaire le visage de la jeune princesse rohirrim, et elle peut voir que le Ranger l'a percée à jour, qu'il a compris quels sentiments elle éprouve pour lui. Cependant, en inclinant la tête, il lui rend la coupe et s'éloigne.
Theoden a vu ce que sa nièce a fait, et il la félicite pour son choix, bien qu'il laissât échapper son amertume devant elle…elle ignore qu'Aragorn a été le principal artisan de la victoire du Gouffre de Helm. Voulant donner le change, il lui sourit…
Eowyn n'a pas tout à fait compris ce que son oncle lui disait, mais elle se sent triste pour lui…mais, même si l'atmosphère est festive, elle ne peut vraiment s'amuser, trop consciente de l'épée de Damoclès qui pend au-dessus de leur tête. L'ombre est présente physiquement sur le pays, visible et palpable, comme si Sauron avait décidé d'abattre les Hommes en les étouffant sous l'ombre, en les privant de la lumière du soleil…
Après le banquet, à une heure avancée de la nuit, Eowyn, en chemise de nuit, est debout devant sa fenêtre, ne pouvant dormir. La fenêtre est ouverte, et le vent léger de la nuit apporte une certaine fraîcheur à la princesse rohirrim agitée.
Le vent fait voler le léger tissu de la chemise de nuit de dentelles derrière elle, faisant d'elle une image pure et blanche, telle un ange. Mais quel avenir pour toute cette puret ? Dans peu de temps, l'ombre aura tout envahi, et elle ne sera plus qu'un souvenir…
Pourtant, au milieu du marasme d'Eowyn, une petite lumière : les yeux bleus d'Aragorn. Mais elle sait très bien qu'il partira combattre, et qu'il risque de n'en pas revenir. Cependant, pour la première fois de son existence, Eowyn a compris ce qu'était le mot 'aimer '.
Elle secoue la tête, et donne un coup de poing sur l'appui de la fenêtre : comment peut-elle s'appesantir sur elle-même alors que tout le monde est en danger ? Elle doit rester droite et forte, pour son peuple, pour l'estime d'elle-même, et ne pas plier…
Elle soupire, et gagne son lit pour essayer de prendre du repos…
Le lendemain, elle sut que Gandalf était parti pour Minas Tirith avec l'un des Semi-hommes, car il semblait que ce fût là maintenant que se portât la menace. Mais Theoden ne faisait rien, à part essayer de rassembler des informations sur la situation et d'en discuter avec Legolas, Aragorn, Gimli ainsi qu'avec ses conseillers. Il attend d'en savoir plus avant d'agir…
Quelques jours plus tard, Eowyn est assise dans la salle, elle coud non loin du roi et d'Eomer qui devisent sur les derniers rapports arrivés.
Soudain, Aragorn fait irruption dans la pièce, tout courant et hurlant :
« Les feux d'alarme de Minas Tirith sont allumés ! Le Gondor appelle à l'aide ! »
Il a l'air tout égaré, mais aussi heureux…Theoden le regarde longuement, puis répond :
« Et le Rohan répondra ! »
Eowyn regarde son oncle, et sent sa détermination…cette fois, la guerre a vraiment commencé, et elle le sait. Les Hommes vaincront ou disparaîtront à jamais…
A suivre…