Titre : Ames Sœur Auteur : Aakanee Genre : comment maintenir

son monde en haleine

Base : Harry Potter

Chapitre 5

Un être de douleur

  Pendant les trop longues minutes… ou secondes, il ne savait pas trop, qu'avaient duré ses souvenirs, Draco n'avait pas lâché le regard de McGonagall. Un regard concerné et visiblement inquiet, mais qui lui était, malgré tout, insupportable.

  Il y avait tellement de tristesse, tellement de pitié dans ses grands yeux. Un mélange d'émotions proches de celles qu'il avait pu lire en Ron, mais également complètement différentes.

  Ron ne savait rien. Rien de ces images qui l'assaillaient sans cesse, transformant chaque seconde de son existence en cauchemar. Il ne savait rien et ne s'en était pas soucier. Ce regard qu'il lui avait porté, ne contenait que le désir de le consoler, de l'aider… et peut-être de le comprendre, de lui offrir son amitié, qui sait.

  Alors que celui de la sorcière n'était que culpabilité. Elle ne se souciait pas réellement de ce qu'il avait pu ressentir, elle s'en voulait surtout d'en être la cause, il le savait. Elle était responsable de son état actuel et avait probablement peur de ce qu'il pourrait faire et des retombés sur sa personne.

  Il la détestait.

  La haïssait pour ce qu'elle lui avait fait.

  Pour ce qu'elle lui faisait.

  Au fond de lui, il savait qu'il se mentait, qu'en vérité c'est sa propre existence qu'il ne supportait plus, mais il ne pouvait s'empêcher de renvoyer sa propre culpabilité sur la sorcière.

  Il la détestait.

  Réellement.

  Il se détestait réellement.

  Se ?

  La réalité le rattrapa soudain.

  Oui, il détestait le simple fait qu'il ait pu seulement exister. Qu'il ait pu seulement respirer. Il avait été la cause de tellement de souffrance, de tellement de haine.

  Mon dieu, tellement…

  Chaque souvenir, chaque image était le douloureux reflet de sa culpabilité.

  Sans exception.

  Comment ?

  Comment avait-il pu seulement avoir le droit de vivre ?

  Draco voulut se dégager de ce regard, pouvoir détourner la tête ou, tout du moins, la toiser avec tout le mépris dont il était capable, mais il ne pouvait pas.

  Non.

  Faux.

  Il ne pouvait tout simplement plus.

  Tout son monde s'était effondré la veille et quoi qu'il puisse faire, quoi qu'il puisse dire, il savait qu'il ne serait plus jamais le même.

  Sans même s'en rendre compte, il se mit à trembler.

  Il avait si mal.

  Si mal.

  Il réalisa soudain qu'il avait cessé de respirer, son souffle comme bloqué au niveau de sa gorge par une boule de feu.

  Lentement, il se força à prendre une profonde inspiration.

  L'air lui parut lourd et fétide quand il entra dans ses poumons, mais il l'avala néanmoins avec force de nécessité.

  Ses tremblements se calmèrent quelque peu et il réalisa soudain que McGonagall lui parlait. Sa voix était à peine plus qu'un murmure et résonna étrangement à ses oreilles. Jamais auparavant, elle n'avait été si douce, si chaleureuse, presque maternelle.

  _ Draco… ? Draco, je… je suis désolée pour hier, nous… nous ne savions pas.

  Le jeune homme eut beaucoup de mal à ne pas rire devant l'ironie d'une telle phrase. Ils ne savaient pas ? Parce que lui s'en souvenait peut-être ? Pouvaient-ils réellement croire qu'il les aurait laissés ainsi triturer ses pensées s'il avait seulement eu conscience du dixième de ce qu'il avait découvert cette nuit ?

  Sa colère grandit un peu plus en lui et il crispa les poings, ravalant son air pour ne pas la laisser éclater.

  Perdue dans ses propres pensées, la sorcière ne sembla pas s'en rendre compte et continua sur sa lancée.

  _ Nous n'aurions jamais cru… enfin… c'est tellement impensable… ce sort… je ne comprends pas que nous ne l'ayons jamais décelé. Enfin, nous avons vu… une… une partie de… enfin, avant que le contact soit rompu…

  Elle soupira.

  _ Je suis désolée que vos pensées aient été ainsi violées, mais peut-être est-ce mieux ainsi. Nous pouvons vous aider à…

  Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Draco explosa soudain, laissant toute sa rancœur, toute sa douleur, coulées hors de lui.

  _ C'EST MIEUX AINSI ??? VOUS POUVEZ M'AIDER ??? Hurla-t-il. VOUS NE SAVEZ RIEN ! VOUS N'AVEZ RIEN VU, RIEN ! TOUS CES SOUVENIRS, TOUTES CES HORREURS, VOUS N'EN AVEZ PAS APERCU NE SERAIT-CE QUE LE DIXIEME ! VOUS NE POUVEZ RIEN POUR MOI ! JAMAIS !

  _ Ecoutez, calmer-vous, murmura la sorcière d'une voix tremblante. Nous devons pouvoir vous aider !

  _ QUE JE ME CALME ?

  Draco la fixa avec une intensité dévorante, tentant visiblement de ne pas faire un geste qu'il pourrait regretter.

  Une minute, peut-être deux passa ainsi et lorsqu'il reprit enfin la parole, son ton tranchant comme un rasoir et dangereusement calme et bas, sembla faire écho dans le couloir.

  _ Vous voulez vraiment m'aider ? Réellement ?

  McGonagall hésita un petit instant avant d'acquiescer, se demandant visiblement ce qu'il allait lui demander.

  _ Alors revenez dans le temps. Revenez dans le temps et empêchez-vous de me faire ce que vous m'avez fait. Pouvez-vous faire ça professeur ? Pouvez-vous ?

  Sa voix était à peine plus qu'un souffle, lorsqu'il prononça ses derniers mots. Il recelait un tel désespoir, une telle détresse que la sorcière le regarda avec tristesse et tendit vers lui une main qu'elle voulait réconfortante.

  Draco s'écarta avant même qu'elle n'ait pu l'effleurer.

  _ Ne me touchez pas, siffla-t-il. Jamais. Ne vous approchez plus jamais de moi.

  Reculant toujours, il fit soudain demi tout et s'enfuit en courant.

***

  Le petit être observa tristement la scène.

  Il se sentait réellement désolé pour le jeune homme. Il ne méritait pas ça. Non, jamais… jamais il n'avait mérité ce qui lui était arrivé.

  N'avait-il donc pas assez souffert ?

  Il était revenu juste à temps le matin même pour le voir quitter le toit en silence, laissant derrière lui son compagnon.

  Son cœur s'était serré lorsqu'il l'avait vu effleuré doucement la joue du jeune homme endormis en un remerciement silencieux. Il l'avait ensuite couvert tendrement de sa cape pour ne pas qu'il attrape froid et sur un dernier regard, l'avait quitté pour regagner sa propre chambre.

  Il avait tellement espéré qu'il reste avec lui, qu'il se laisse enfin aller dans le giron d'une personne, mais comme toujours, il s'était éloigné. Il avait lu dans ses yeux sa détermination à ne pas s'attacher.

  Il avait pourtant cru, lorsqu'il l'avait vu se détendre au creux de son épaule, qu'enfin, il accepterait de s'ouvrir à quelqu'un.

  Mais non.

  Il s'était dérobé.

  Pourtant, il le devait, il le fallait.

  Toutes ses années, il l'avait vu rejeté les personnes susceptibles de devenir de véritables amis, pour ne s'entendre qu'avec des gens qui l'admiraient ou l'enviaient, mais ne demandaient pas véritablement à le connaître. Et cela lui faisait mal.

  Même ses plus proches compagnons, Crabbe et Goyle ne pouvaient pas se venter de n'être plus que de simples camarades, quoi qu'il puisse en penser. Ils ne savaient rien de lui et ne sauraient jamais rien.

  Et encore une fois… encore une fois, il s'échappait, refusant de se laisser aider.

  Il aurait voulu pouvoir se jeter dans ses bras de lui-même, mais il ne pouvait pas. Pas encore.

  Soupirant, il se faufila doucement le long du couloir pour le suivre jusqu'à sa chambre, laissant un dernier regard courir sur le visage triste et inquiet de son professeur.

  Il ne leur fallut pas longtemps pour regagner la maison des Serpentards et ne croisèrent personne d'autre en chemin.

  Le petit être s'arrêta devant la porte qui se refermait, avisant sur le palier une goutte cristalline aux reflets bleutés.

  Doucement, il se pencha et avança un doigt fin vers la précieuse perle. Laissant la magie couler doucement en lui, il en irradia la larme qui se transforma en une bulle rouge sang.

  Couleur du désespoir et du malheur.

  Couleur de sa douleur.

  Mauvais présage.

  Très mauvais.

  Si seulement…

***

  Il ne sut pas trop comment il réussit à regagner sa chambre, mais lorsqu'il y pénétra et referma doucement la porte derrière lui, se fut pour se jeter sur le lit et laisser ses larmes s'épancher en silence.

  Une sourde douleur lui déchirait les entrailles et il se roula en boule, tentant vainement de se protéger de ses pensées.

  Ses sanglots semblèrent augmenter d'intensité pendant quelques minutes au point qu'il crut un moment qu'il serait incapable de s'arrêter de pleurer.

   Pour se calmer, il laissa son esprit dérivé à la nuit précédente, lorsque Ron l'avait pris dans ses bras.

  Il s'y était vraiment sentit en sécurité.

  Doucement, il put au nouveau sentir la chaleur du jeune homme contre lui, il put  à nouveau entendre ses paroles sans aucun sens mais étrangement réconfortante et ses larmes commencèrent à se tarir.

  Un dernier frisson lui parcourut l'échine, un dernier gémissement lui échappa et il cessa enfin de pleurer.

  Il se sentit vider. Vider de toutes force, de toute énergie, même si la douleur était toujours présente, quoi qu'à nouveau supportable.

  Se redressant lentement, il jeta un coup d'œil à son réveil pour constater qu'il était en retard pour le match.

  Il fut tenté un instant de ne pas y aller, dévoré par le simple désir de prendre une longue douche comme il l'avait fait le matin même. Il se sentait si sale et il semblait que rien ne pouvait lui ôter cette sensation. Il n'y avait jamais assez de savon, il ne se frottait jamais assez fort. Il avait presque faillit s'arracher la peau quelques heures plus tôt et gardait encore des longues traces rouges aux endroits où son épiderme avait été abîmé.

  Pourtant, il savait qu'il lui fallait se rendre au match. Il aurait déjà bien assez de mal à expliquer son retard.

  C'est avec une mauvaise volonté évidente qu'il se leva et saisit négligemment le sac contenant ses affaires. Il ne chercha même pas à enfiler sa tenue et sortie rapidement de sa chambre. Traversant couloirs et seuil de l'école, il se dirigea vers le terrain où l'on pouvait déjà entendre les cris de joie et d'encouragement des spectateurs.

  Il longeait les gradins, lorsqu'il vit une silhouette en descendre pour atterrir juste devant lui. Il n'eut pas le temps de l'éviter, emporter dans son élan et lui rentra dedans. Il tombèrent à terre de concert et Draco fut à deux doigts de se cogner la tête contre une rambarde de fer. Il étouffa le juron qui lui montait aux lèvres et se redressait en position assise, lorsqu'il entendit une voix bien trop familière prononcer son nom.

  Il leva son regard sur Ron et sentit son cœur manquer un battement.

  Non ! Pas lui ! Pas maintenant !

***

  Ron vit Malfoy rougir et sentit lui-même une douce chaleur lui monter aux joues. Il ne s'était pas attendu à le voir là.

  Il regarda le jeune homme.

  Il regarda son sac.

  Le Blond.

  Le sac.

  Le terrain.

  Le blond à nouveau.

  Et soudain, il réalisa que quelque chose n'était pas à sa place. Draco n'aurait jamais du se trouver devant lui, mais sur le terrain en train de jouer avec ses coéquipiers. Il avait été tellement absorbé dans ses propres pensées, qu'il ne s'était même pas rendu compte que l'objet de sa rêverie était absent.

  Il se sentit devenir encore plus cramoisie et bafouilla des excuses incompréhensibles, avant de sauter sur ses pieds et de lui tendre la main pour l'aider à se redresser.

  Draco hésita un cours instant et détourna rapidement les yeux, visiblement peu désireux de le regarder, avant de se redresser de lui-même.

  Ron se sentit blesser et lança un regard peiné au blond qui refusait toujours de le fixer, avant de s'excuser une dernière fois.

  _ Je suis désolé, dit-il, j'aurais du mieux regarder.

  Son ton se voulait froid et détaché, mais aux oreilles du jeune homme il sembla surtout triste et pathétique.

  Secouant la tête, ne voulant pas s'humilier d'avantage, il passa devant le blond pour prendre le chemin de l'école et courir se réfugier dans sa chambre.

  Il n'avait plus qu'une envie, être seul.

  Seul.

  Toujours tout seul.

  Il n'eut malheureusement pas le loisir d'aller bien loin, avant même de comprendre lui-même ce qu'il faisait, Draco lui saisit le poignet et l'empêcha de partir.

  Lorsqu'il avait vu le regard blessé de Ron au moment où il avait refusait son aide pour se relever tout seul, son cœur s'était brisé. Il avait tout, sauf l'intention de peiné le jeune homme qui lui était si gentiment venu en aide. Car, si dans un sens, sa raison lui interdisait d'approfondir une relation qui n'aurait même jamais du voir le jour, son cœur, lui, le réclamait à pierre fendre. Et lorsqu'il l'avait vu passé devant lui pour s'en aller, il ne s'était même pas rendu compte de ce qu'il faisait, avant de sentir sa propre main se refermer sur sa peau brûlante.

  Ron leva vers lui un regard plein d'un espoir mal contenu et Draco se perdit dans ses immensités émeraude.

  _ Je… je suis désolé, finit-il par dire. Je voulais… je voulais te remercier pour hier soir. Tu aurais pu te moquer de moi ou t'en aller, mais tu es resté et… et… enfin je t'en suis reconnaissant et…

  Il fut incapable de terminer.

  Lâchant soudain le poignet de Ron, il s'enfuit en courant en direction de la forêt, oubliant match et affaire.

  Le rouquin le regarda un moment s'éloigné sans bouger, complètement mystifié, mais quand ses jambes acceptèrent à nouveau de lui obéir, il se précipita à la suite du jeune homme.

***

  Sans qu'ils le sachent quatre regards avaient plus où moins assistés à la scène et s'étaient eux aussi lancés à leur poursuite. Certains le cœur plein d'espoir et d'autres d'interrogations, mais tous avec la même idée, ne pas perdre de vue les deux garçons. Ce qui n'allait pas s'avérer tâche aisée.

***

  Il n'avait aucune idée de l'endroit où allait et ne s'en souciait pas. Il n'avait plus qu'une envie, partir, s'en aller très loin, fuir le jeune homme. Il s'était senti tellement ridicule tout d'un coup, mais surtout, surtout il avait eu tellement peur. Peur que Ron puisse voir à travers son regard le monstre qu'il était réellement.

  Qu'il le voit comme un être sans cœur et sans compassion n'avait aucune importance, mais qu'il sache tout ce qu'il avait réellement fait, tout ce dont il était vraiment responsable, lui était insupportable.

  Il ne voulait pas lire le dégoût dans ses yeux, il ne voulait pas lire le rejet sur son visage, il ne voulait pas le voir s'éloigner le premier.

  Il se sentait misérable.

  Tellement… nuisible.

  Il aurait du faire ce qu'il voulait faire avant que Ron ne le trouve la veille. Il aurait du avoir le courage de sauter. Mais il avait voulu profiter une dernière fois de la beauté d'un ciel étoilé et sans nuage. Il avait voulu goûter une dernière fois la paix.

  Et Ron était arrivé.

  Et il avait refusé de le laisser.

  Il l'avait consolé.

  Draco était persuader que s'il avait su alors, jamais il ne l'aurait aidé. Et cette pensée lui faisait mal.

  S'enfonçant de plus en plus profondément dans les bois, le blond ne prêta pas la moindre attention au monde qu'il l'entourait. Il ne sentait pas les branches qui lui foutaient le visage, il ne sentait pas les ronces qui lui déchiraient ses vêtements et lacéraient sa peau y faisant naître des perles de sang.

  Il ne pensait qu'à fuir.

  Il faillit trébucher dans une souche remplie de feuille morte et se tordit douloureusement la cheville, avant de s'écorcher la main en se rattrapant au tronc écailleux d'un arbre. Il tituba quelques instants, puis repartit en courant, oublieux de la souffrance qui éclatait dans son membre endolori.

  Il devait fuir.

  Toujours plus loin.

  Au bout de ce qu'il lui parut être une éternité, il déboucha dans une petite clairière qui se terminait par une falaise.

  Il s'appuya quelques instant sur un arbre, reprenant doucement son souffle et laissa un sourire ironique naître sur ses lèvres.

  Tout n'était pas encore perdu.

  Clopinant lentement sur le terrain découvert, il s'approcha du bord de l'à-pic.

  Un lapin s'enfuit en courant à son approche pour s'arrêter quelques mètres plus loin quand il comprit qu'il ne s'intéressait pas à lui. D'un petit geste hésitant, il se remit à mâchouiller son herbe, sans pour autant lâcher le jeune homme du regard, prêt à bondir à couvert au moindre signe de danger.

  Draco, à qui la réaction n'avait pas échappé, eut un sourire tendre pour le petit animal avant de reprendre sa progression.

  Une fois assez proche de l'escarpement, il y risqua un œil.

  La muraille devait faire dans les cents mètres de hauts et tombait pratiquement à pic. Tout ce qu'il pouvait voir de sa base était un affleurement de roches et de terre tapissée d'herbes mélangés. Un peu plus loin coulait une rivière aux reflets bleutés et argentés, le long de laquelle fleurissaient des centaines de bourgeons multicolores.

  La beauté du lieu et sa douce tranquillité, lui rappelèrent son poème préféré, qu'il se mit à réciter sans même y penser.

C'est un trou de verdure où chante une rivière

Accrochant follement aux herbes des haillons

D'argents ; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

Dort il est étendu dans l'herbe, sous la nue,

Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme :

Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner ses narines

Il dort dans le soleil, la main sur la poitrine

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

  Alors que les derniers vers du poème couraient doucement dans sa mémoire, Draco fit un pas, puis un deuxième. Sauf que son pied ne rencontra pas le contact de la terre ferme. Il se sentit glisser lentement, réalisant à peine ce qu'il se passait.

  Il se sentait bien.

  Si bien.

  Tout serait bientôt terminé.

  Mais avant même que son corps n'ait pu chuter complètement, il sentit deux bras solides se refermer soudain sur sa poitrine et le tirer loin de la falaise.

  Il hoqueta de stupeur et de frustration, alors que s'échappait à son regard, le paysage auquel il voulait tant se mêler et il s'écroula à terre toujours fermement maintenu par celui qui venait de l'empêcher de sauter. Il sentit son visage toucher l'herbes soyeuse, entendit un léger bruit de fuite et fermant les yeux, il laissa les larmes s'épancher sur ses joues alors qu'il réalisait qu'une fois de plus il avait échoué.

  La douleur ne cesserait jamais.

  Combien de minutes passèrent avant qu'il ne prenne conscience de ce qu'il l'entourait, il n'aurait su le dire, mais lorsqu'il ouvrit les yeux, il était installé dans le giron de son « sauveur », la tête au creux de son cou.

  Il sentit une goutte fraîche qui ne lui appartenait pas, tomber doucement sur son front, alors qu'il était gentiment bercé et leva son regard sur le visage baigné de larmes de Ron.

  Il prit soudain conscience des longs sanglots du jeune homme qui résonnait dans sa poitrine et de sa voix, à peine plus forte qu'un murmure qui répétait sans cesse le même mot :

  _ Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?…

à suivre…