12 septembre 2002 :
Nous nous sommes, comme prévu, rassemblées au gymnase après la compétion
d'Alexia, il n'y avait plus personne. On s'est installées sur le grand
tapis de saut à la perche. Et nous avons parlé. Lamie était tombée prés de
la fontaine dans la cour. Alexia avait lâché la barre supérieure dans le
gymnase et s'était écrasée sur la prof de natation qui fumait
tranquillement une cigarette. Paige avait plongé, la tête la première, dans
le dictionnaire des abréviations qu'elle était en train d'étudier à la
bibliothèque. Carmin, elle, était tombée dans les jardins de l'hôtel où
elle était avec sa famille en Irlande. Moi dans le couloir avec Mme Rudolf.
Tous ces accidents avaient eus lieu les uns à la suite des autres, en
partant par ma chute dans le couloir ! !
Moi, Lamie, Paige, Alexia et puis plus loin, Carmin.
On avait toutes vu ce monde qui sombrait inexorablement, lentement mais
sûrement, dans un chaos. On avait toutes vu ces cinq filles qui sont
tombées les unes à la suite des autres, un petit peu comme nous ...
Et ça l'avait fait rire, cette grande ombre enveloppée dans une étoffe
noire. Rire, d'un rire sans joie, ni lumière, juste un rire comme ça,
inutile, froid, cruel devant cette lumière qu'il avait injustement éteinte.
Il avait rit et s'était dissipé, comme un fantôme ...
Et puis les clefs ! Et le poème, différent et semblable pour chacune.
Lamie, la clef de l'eau est toujours là.
Paige, la clef des airs est toujours là.
Alexia, la clef du feu est toujours là.
Carmin, la clef de la terre est toujours là.
Lou, pour moi, la clef du temps est toujours là ...
En tirer des conclusions n'aurais fait qu'envenimer les choses plus encore.
15 septembre 2002 : Cela m'a fait réfléchir. Dagga disait qu'elle n'était pas quelqu'un de classique, je prenais ça pour de l'orgueil. Mais elle disait que moi aussi je n'étais pas « classique », c'était incohérent et pourtant ... Ma sœur avait, cette fois, bel et bien disparut des radars familiaux où était-elle ? Et cette voix que j'avais cru entendre et ce visage que j'avais cru voir? Non, ce ne pouvait pas être elle ! Pourtant elle avait dit, comme dans la dédicace tous ceux qui errent ne sont pas perdus, les racines profondes ne seront pas atteintes par le gel, la clef du temps, la porte des deux mondes, les cinq gardiennes, de nouveau, les garderont. Les cinq gardiennes ? Nous ? Et puis garder quoi ? Pourquoi ? N'importe quoi ! Quel charabia !
27 septembre 2002 : J'en suis venu à une conclusion que j'ai exposé aux autres. Une conclusion qui n'expliquait pas pour autant les choses mais les justifiaient un peu, s'il on peut dire, résumons : A 9h30 environ, je cours dans le couloir et Mme Rudolf me rattrape de sa main, celle avec une montre. Phénomène intervenant : le temps Vers 9h35, Lamie s'effondre devant la fontaine de la cour. Phénomène intervenant : l'eau Ensuite à 9h40, Paige s'enfonce dans les profondeurs de la grammaire, lorsque Alix provoque un courant d'air en ouvrant la fenêtre. Phénomène intervenant : l'air Puis à 9h45, Alexia tombe des barres fixes sur la prof de natation en train de fumer. Phénomène intervenant : le feu Et puis, Carmin, qui trébuche dans les jardins. Phénomène intervenant : la terre Tout coordonne avec le poème ! Lamie : l'eau, Alex : le feu, Paige : l'air, Carmin : la terre et moi, je serai la cinquième alors ? Pour moi, le temps ... Tout cela, construit, peu à peu, dans ma tête un sentiment naissant. Etranger à toutes les idées que j'ai pu avoir jusque là. Le fait que tout ce qui arrive en ce moment de si bizarre, est prévu depuis bien longtemps. Trop longtemps même ... Je commence à croire Dagga, Dagga avec ses histoires à dormir debout, ses histoires de clefs magiques, de porte aux cinq serrures, la porte qui sépare les deux mondes, le calme et la tempête. Le calme et la tempête ? Le calme, ici et la tempête, là-bas ? Les gardiennes des clefs existent-elles vraiment ? Ces filles qui gouverneraient les éléments dans les deux ailleurs ? Ces filles, aujourd'hui, ce serai nous ? Je n'osait y croire. Je n'osait croire ma propre sœur. Pourtant, au moment où on préférerait détourner la tête, il fallait bien regarder la vérité en face ! ! Au beau milieu de la récréation, j'eus une pulsion soudaine et je me suis dressée en vacillant légèrement dans mes Van's trop grandes. Les filles m'ont regardées, avec des yeux ronds, les mêmes que ceux de Lamie lorsque je suis revenue de là-bas. Là-bas ? Ici ? Fallait-il que ça ai un sens pour moi désormais ? Elles me fixaient, j'ai pensé qu'elles lisaient en moi, comme si elles connaissaient toutes mes peurs, toutes mes faiblesses ! Je ne voulais pas cela ! Je n'ai pas réfléchis, je n'ai pas pensé que c'était stupide ! J'étais complètement chamboulée, tout était possible ... Alors, je me suis mise à courir, je suis partit quelque part, pourvu que se soit n'importe où !
A cela Dagga aurai répondu : n'importe où, n'es-tu pas quelque part ? J'aurai souri et elle m'aurai prise dans ses bras et je me serai sentit en sécurité, avec elle ... Comme avant ! Avant ...
28 septembre 2002 : J'étais partit loin, et je me suis retrouvée à l'autre bout de la ville. Mme Rudolf est passée dans sa voiture, arrivée près de moi, elle a ralentit et a ouvert sa fenêtre. Elle avait un air lugubre et de grandes taches brunes ternissaient son visage visiblement las j'aurai voulu lui parler de ma note en Algèbre mais rien ne sortit de ma gorge, de plus, ça n'avait pas l'air d'être le bon moment pour ça ! Mme Rudolf a dit des trucs bizarres : elle a dit que le processus avait commencé, que les gardiennes étaient tombées et qu'elle avaient perdu les clefs ! Comment savait-elle ça ? Je voulais lui demander mais c'était comme si on m'avait volé ma voix et je ne pus rien dire. Elle continua disant qu'il fallait prendre le relais. Prendre le relais ? Et pour Dagga ? Qu'il fallait recommencer l'invocation des éléments pour savoir quoi faire. Qu'il nous aiderai. Seules les nouvelles gardiennes pouvaient le faire et il les aideraient alors à le vaincre. Les nouvelles gardiennes ? Il ? Qui ça, il ? Vaincre qui ? Pourquoi ? Mme Rudolf était-elle devenue folle ? Comme ... Dagga ? Je la fixait, elle ne disait plus rien ma sœur n'était pas folle, elle non plus ... Elle était pâle et j'aurai jurée qu'elle tremblait si elle ne s'était pas rattrapée au dernier moment en me proposant de me raccompagner chez moi. J'ai refusé poliment, je préférais marcher, il fallait que je réfléchisse et puis la ville tiendrait dans une boîte d'allumettes !
20 octobre 2002 : Deux semaines se sont écoulées, rien ne s'est passé d'anormal, disons. Sauf le fait que Mme Rudolf baisse la tête lorsqu'elle nous voit passer dans le couloir avec les filles. Je leur ai parlé de ce que la prof de Maths m'a dit l'autre fois et ça nous a toutes fait réfléchir. On avait toutes des doutes et on voulait être fixées. On voulait essayer l'invocation des éléments, le processus ...
22 octobre 2002 : Nous nous sommes de nouveau rassemblées dans le gymnase et on a essayé de reconstituer l'invocation. On a d'abords été chercher « un peu des éléments ». Une pelletée de terre pour Carmin, un verre d'eau pour Lamie, un briquet pour Alexia, un éventail pour Paige et quand à moi, j'ai dégrafé ma montre-chrono. On a essayé de se disposer en pintacle comme dans X-Files à la télé le mercredi soir mais ça n'a pas marché. On a essayé aussi de dire des formules magiques mais bon, ça n'a pas marché non plus ! En gros, on a presque tout essayé et rien n'a fonctionné ! Alexia a proposé que l'on arrête tout cela car si ça ne marchait pas, c'était peut-être parce que nous n'étions pas les gardiennes ou que tout simplement les gardiennes n'avaient jamais existées ! Mais je n'en étais pas convaincue et les autres non plus alors, on a continué à chercher ... Lamie a eu soudain une illumination. « Je sais ! » s'est-elle exclamée « Il faut refaire comme la dernière fois mais à l'envers ! » Alex l'a regardée longtemps avec un air perplexe, elle a levé un sourcil comme devant un exercice trop difficile puis à ajouté « Je n'ai rien compris ! » alors Lamie a repris et nous on l'a écoutée car elle apportait peut-être la solution « Tu vois, il faut que, par exemple Carmin rentre en contact avec la terre en première car la dernière fois c'est elle qui est tombée en dernière et puis toi et Paige, moi et ensuite Lou ! » Carmin a protesté « Pourquoi moi en premier ? » mais Alex a répliqué « De toute façon, c'est n'importe quoi alors, finissons-en ! » et sur ça, on était toutes d'accord. Alors Carmin s'est approchée du tas de terre et à posée sa main dessus. Nous on regardait, inquiets et elle, elle a fermé les yeux mais il ne s'est rien passé. Lamie a dit « Vas-y Alex ! » alors elle s'est avancée aussi et a ramassé le briquet à mèche d'amadou qui traînait par terre. Elle l'a réglé sur la plus grande flamme, elle a rejeté ses cheveux vers l'arrière, on a entendu qu'elle inspirait profondément et elle a plongé ses doigts dans le feu. A mes côtés, Paige a étouffé un cri mais très vite, on s'est rendu compte que Alexia ne sentait rien du tout alors Paige s'est rassurée mais a très rapidement re-paniqué puisque s'était désormais son tour si l'on suivait les indications de Lamie. Blanche, elle est allée prendre l'éventail en papier crépon que Carmin avait fabriqué pour la fête de la musique l'an passé. Et elle l'a agité. Sans hésiter, Lamie m'a regardé, m'a dit « A tout à l'heure ! » et elle est allée mettre la main dans le verre d'eau. Moi, je savais ce qu'il me restait à faire je les ai regardées, toutes et je nous ai trouvées un peu bêtes dans cette situation là. Mais il fallait que je continue, si ça ne marchait pas, ce serai la preuve que nous ne sommes pas les gardiennes et je voulait être sûre, rien que pour me prouver Dagga était bel et bien givrée mais qu'elle était en vie ! Alors, je me suis avancée moi aussi et j'ai contemplé ma montre, comme s'il s'agissait d'un objet fabuleux, lentement, j'ai posé mon doigt tremblant, au milieu du cadran. J'ai de nouveau eu cette douleur, ce poids qui se fracasse dans le fond de mon estomac, j'ai été prise de nausées et j'ai compris que ça se passait ...
J'ai entendu Carmin gémir et je me suis retournée mais mes doigts ne voulaient plus quitter la montre, pareil, les autres ne pouvaient bouger non plus ! Carmin s'est effondré et puis Alexia a criée, comme si la flamme avait seulement commencé à la brûler, et elle a lâché le briquet qui s'est éteint en touchant le sol et elle est tombée aussi. Paige était pâle tout d'un coup, elle avait compris que s'était à elle, on avait toutes compris que cela fonctionnait réellement ! Elle agita encore un peu l'éventail, puis son mouvement ralentit et elle s'affaissa aussi sur le sol plastique du gymnase. Lamie me regarda. Elle murmura quelque chose mais je ne compris pas quoi, elle ferma les yeux et attendit, sûre d'elle, la main dans son verre d'eau. Elle tomba aussi, comme les autres, comme les cinq filles, comme Dagga ... J'avais un peu peur maintenant que c'était à moi, mais je me sentais bien incapable de retirer mes doigts de la montre. Je savais ce qu'il me restait à faire. J'imitais Lamie en fermant les yeux et je sombrais dans l'inconscience sans même me rendre compte que je touchais le sol avec un impact violent.
15 septembre 2002 : Cela m'a fait réfléchir. Dagga disait qu'elle n'était pas quelqu'un de classique, je prenais ça pour de l'orgueil. Mais elle disait que moi aussi je n'étais pas « classique », c'était incohérent et pourtant ... Ma sœur avait, cette fois, bel et bien disparut des radars familiaux où était-elle ? Et cette voix que j'avais cru entendre et ce visage que j'avais cru voir? Non, ce ne pouvait pas être elle ! Pourtant elle avait dit, comme dans la dédicace tous ceux qui errent ne sont pas perdus, les racines profondes ne seront pas atteintes par le gel, la clef du temps, la porte des deux mondes, les cinq gardiennes, de nouveau, les garderont. Les cinq gardiennes ? Nous ? Et puis garder quoi ? Pourquoi ? N'importe quoi ! Quel charabia !
27 septembre 2002 : J'en suis venu à une conclusion que j'ai exposé aux autres. Une conclusion qui n'expliquait pas pour autant les choses mais les justifiaient un peu, s'il on peut dire, résumons : A 9h30 environ, je cours dans le couloir et Mme Rudolf me rattrape de sa main, celle avec une montre. Phénomène intervenant : le temps Vers 9h35, Lamie s'effondre devant la fontaine de la cour. Phénomène intervenant : l'eau Ensuite à 9h40, Paige s'enfonce dans les profondeurs de la grammaire, lorsque Alix provoque un courant d'air en ouvrant la fenêtre. Phénomène intervenant : l'air Puis à 9h45, Alexia tombe des barres fixes sur la prof de natation en train de fumer. Phénomène intervenant : le feu Et puis, Carmin, qui trébuche dans les jardins. Phénomène intervenant : la terre Tout coordonne avec le poème ! Lamie : l'eau, Alex : le feu, Paige : l'air, Carmin : la terre et moi, je serai la cinquième alors ? Pour moi, le temps ... Tout cela, construit, peu à peu, dans ma tête un sentiment naissant. Etranger à toutes les idées que j'ai pu avoir jusque là. Le fait que tout ce qui arrive en ce moment de si bizarre, est prévu depuis bien longtemps. Trop longtemps même ... Je commence à croire Dagga, Dagga avec ses histoires à dormir debout, ses histoires de clefs magiques, de porte aux cinq serrures, la porte qui sépare les deux mondes, le calme et la tempête. Le calme et la tempête ? Le calme, ici et la tempête, là-bas ? Les gardiennes des clefs existent-elles vraiment ? Ces filles qui gouverneraient les éléments dans les deux ailleurs ? Ces filles, aujourd'hui, ce serai nous ? Je n'osait y croire. Je n'osait croire ma propre sœur. Pourtant, au moment où on préférerait détourner la tête, il fallait bien regarder la vérité en face ! ! Au beau milieu de la récréation, j'eus une pulsion soudaine et je me suis dressée en vacillant légèrement dans mes Van's trop grandes. Les filles m'ont regardées, avec des yeux ronds, les mêmes que ceux de Lamie lorsque je suis revenue de là-bas. Là-bas ? Ici ? Fallait-il que ça ai un sens pour moi désormais ? Elles me fixaient, j'ai pensé qu'elles lisaient en moi, comme si elles connaissaient toutes mes peurs, toutes mes faiblesses ! Je ne voulais pas cela ! Je n'ai pas réfléchis, je n'ai pas pensé que c'était stupide ! J'étais complètement chamboulée, tout était possible ... Alors, je me suis mise à courir, je suis partit quelque part, pourvu que se soit n'importe où !
A cela Dagga aurai répondu : n'importe où, n'es-tu pas quelque part ? J'aurai souri et elle m'aurai prise dans ses bras et je me serai sentit en sécurité, avec elle ... Comme avant ! Avant ...
28 septembre 2002 : J'étais partit loin, et je me suis retrouvée à l'autre bout de la ville. Mme Rudolf est passée dans sa voiture, arrivée près de moi, elle a ralentit et a ouvert sa fenêtre. Elle avait un air lugubre et de grandes taches brunes ternissaient son visage visiblement las j'aurai voulu lui parler de ma note en Algèbre mais rien ne sortit de ma gorge, de plus, ça n'avait pas l'air d'être le bon moment pour ça ! Mme Rudolf a dit des trucs bizarres : elle a dit que le processus avait commencé, que les gardiennes étaient tombées et qu'elle avaient perdu les clefs ! Comment savait-elle ça ? Je voulais lui demander mais c'était comme si on m'avait volé ma voix et je ne pus rien dire. Elle continua disant qu'il fallait prendre le relais. Prendre le relais ? Et pour Dagga ? Qu'il fallait recommencer l'invocation des éléments pour savoir quoi faire. Qu'il nous aiderai. Seules les nouvelles gardiennes pouvaient le faire et il les aideraient alors à le vaincre. Les nouvelles gardiennes ? Il ? Qui ça, il ? Vaincre qui ? Pourquoi ? Mme Rudolf était-elle devenue folle ? Comme ... Dagga ? Je la fixait, elle ne disait plus rien ma sœur n'était pas folle, elle non plus ... Elle était pâle et j'aurai jurée qu'elle tremblait si elle ne s'était pas rattrapée au dernier moment en me proposant de me raccompagner chez moi. J'ai refusé poliment, je préférais marcher, il fallait que je réfléchisse et puis la ville tiendrait dans une boîte d'allumettes !
20 octobre 2002 : Deux semaines se sont écoulées, rien ne s'est passé d'anormal, disons. Sauf le fait que Mme Rudolf baisse la tête lorsqu'elle nous voit passer dans le couloir avec les filles. Je leur ai parlé de ce que la prof de Maths m'a dit l'autre fois et ça nous a toutes fait réfléchir. On avait toutes des doutes et on voulait être fixées. On voulait essayer l'invocation des éléments, le processus ...
22 octobre 2002 : Nous nous sommes de nouveau rassemblées dans le gymnase et on a essayé de reconstituer l'invocation. On a d'abords été chercher « un peu des éléments ». Une pelletée de terre pour Carmin, un verre d'eau pour Lamie, un briquet pour Alexia, un éventail pour Paige et quand à moi, j'ai dégrafé ma montre-chrono. On a essayé de se disposer en pintacle comme dans X-Files à la télé le mercredi soir mais ça n'a pas marché. On a essayé aussi de dire des formules magiques mais bon, ça n'a pas marché non plus ! En gros, on a presque tout essayé et rien n'a fonctionné ! Alexia a proposé que l'on arrête tout cela car si ça ne marchait pas, c'était peut-être parce que nous n'étions pas les gardiennes ou que tout simplement les gardiennes n'avaient jamais existées ! Mais je n'en étais pas convaincue et les autres non plus alors, on a continué à chercher ... Lamie a eu soudain une illumination. « Je sais ! » s'est-elle exclamée « Il faut refaire comme la dernière fois mais à l'envers ! » Alex l'a regardée longtemps avec un air perplexe, elle a levé un sourcil comme devant un exercice trop difficile puis à ajouté « Je n'ai rien compris ! » alors Lamie a repris et nous on l'a écoutée car elle apportait peut-être la solution « Tu vois, il faut que, par exemple Carmin rentre en contact avec la terre en première car la dernière fois c'est elle qui est tombée en dernière et puis toi et Paige, moi et ensuite Lou ! » Carmin a protesté « Pourquoi moi en premier ? » mais Alex a répliqué « De toute façon, c'est n'importe quoi alors, finissons-en ! » et sur ça, on était toutes d'accord. Alors Carmin s'est approchée du tas de terre et à posée sa main dessus. Nous on regardait, inquiets et elle, elle a fermé les yeux mais il ne s'est rien passé. Lamie a dit « Vas-y Alex ! » alors elle s'est avancée aussi et a ramassé le briquet à mèche d'amadou qui traînait par terre. Elle l'a réglé sur la plus grande flamme, elle a rejeté ses cheveux vers l'arrière, on a entendu qu'elle inspirait profondément et elle a plongé ses doigts dans le feu. A mes côtés, Paige a étouffé un cri mais très vite, on s'est rendu compte que Alexia ne sentait rien du tout alors Paige s'est rassurée mais a très rapidement re-paniqué puisque s'était désormais son tour si l'on suivait les indications de Lamie. Blanche, elle est allée prendre l'éventail en papier crépon que Carmin avait fabriqué pour la fête de la musique l'an passé. Et elle l'a agité. Sans hésiter, Lamie m'a regardé, m'a dit « A tout à l'heure ! » et elle est allée mettre la main dans le verre d'eau. Moi, je savais ce qu'il me restait à faire je les ai regardées, toutes et je nous ai trouvées un peu bêtes dans cette situation là. Mais il fallait que je continue, si ça ne marchait pas, ce serai la preuve que nous ne sommes pas les gardiennes et je voulait être sûre, rien que pour me prouver Dagga était bel et bien givrée mais qu'elle était en vie ! Alors, je me suis avancée moi aussi et j'ai contemplé ma montre, comme s'il s'agissait d'un objet fabuleux, lentement, j'ai posé mon doigt tremblant, au milieu du cadran. J'ai de nouveau eu cette douleur, ce poids qui se fracasse dans le fond de mon estomac, j'ai été prise de nausées et j'ai compris que ça se passait ...
J'ai entendu Carmin gémir et je me suis retournée mais mes doigts ne voulaient plus quitter la montre, pareil, les autres ne pouvaient bouger non plus ! Carmin s'est effondré et puis Alexia a criée, comme si la flamme avait seulement commencé à la brûler, et elle a lâché le briquet qui s'est éteint en touchant le sol et elle est tombée aussi. Paige était pâle tout d'un coup, elle avait compris que s'était à elle, on avait toutes compris que cela fonctionnait réellement ! Elle agita encore un peu l'éventail, puis son mouvement ralentit et elle s'affaissa aussi sur le sol plastique du gymnase. Lamie me regarda. Elle murmura quelque chose mais je ne compris pas quoi, elle ferma les yeux et attendit, sûre d'elle, la main dans son verre d'eau. Elle tomba aussi, comme les autres, comme les cinq filles, comme Dagga ... J'avais un peu peur maintenant que c'était à moi, mais je me sentais bien incapable de retirer mes doigts de la montre. Je savais ce qu'il me restait à faire. J'imitais Lamie en fermant les yeux et je sombrais dans l'inconscience sans même me rendre compte que je touchais le sol avec un impact violent.
