Titre : Ames Sœurs

Auteur : Aakanee

Genre : un instant de calme

avant la tempête

Base : Harry Potter

Note : 1) Un trèèèèèèèèèèèèès long chapitre que je n'ai pas encore eu le temps de relire correctement, donc il se peut qu'il y ait des fautes d'ortho ou de tournures de phrases, gomen !!!

           2) il est shonen ai, pour ceux qui ne savent pas, cela veut dire qu'il traite d'homosexualité masculine, z'aimez pas, lisez pas, vous être prévenu !!!

Ames Sœurs

Chapitre 10

Mean to be together

  Ron repoussa le cahier de cours qui était devant lui et, levant les bras pour s'étirer comme un chat, baya à s'en décrocher la mâchoire, détendant doucement ses muscles. Puis, il se frotta vivement les yeux pour éclaircirent sa vision troublée après un si long moment à potasser ses devoirs et referma doucement le livre posé à sa droite. Se laissant alors aller en arrière sur sa chaise, il abandonna un petit sourire satisfait à ses lèvres, heureux d'avoir, pour une fois, si bien travaillé et jeta un petit coup d'œil à la pendule murale.

  Huit heures.

  Déjà ?

  Il avait raté le repas s'en même s'en rendre compte et il pouvait maintenant sentir son estomac crier famine. Il avait été tellement plongé dans ce qu'il faisait, pour oublier les longues heures qui lui restaient à attendre avant son rendez-vous, qu'il n'avait pas vu les minutes passer. Ce n'était pas plus mal d'ailleurs, il n'aurait probablement pas supporté de tourner en rond dans sa chambre comme un lion en cage. Ce qui l'étonnait plus, c'est que ni Harry, ni Hermione, ni aucun de ses frères et sœurs n'étaient venus le chercher. Il espérait qu'ils ne lui en voulaient pas trop pour son escapade de l'après-midi. Il faudrait qu'il leur en parle et tente de leur expliquer. Enfin, dans la mesure où ils seraient capables de comprendre sans mourir sous le choc, ce dont il doutait.

  Seul l'avenir le lui dirait.

  Mais pour l'instant, il avait d'autres choses en tête. Il aurait à peine le temps de se doucher et d'aller chaparder un petit quelque chose en cuisine avant de devoir monter à la tour de magie, s'il ne voulait pas être en retard à son rendez-vous.

  Eteignant la lampe de son bureau, il se leva et, après avoir fait un petit tour par son placard, se dirigea rapidement vers la salle de bain pour s'y déshabiller et se glisser sous la douche. Il se plaça aussitôt sous son jet brûlant, détendant ses muscles quelques peu fourbus par sa course dans les bois et se rendit compte, peut-être pour la première fois, à quel point les derniers événements avaient été éprouvants.

  Tout s'était passé si vite qu'il parvenait à peine à l'imaginer. En tout juste vingt quatre heures, il avait découvert un nouveau Draco, l'avait empêché peut-être par deux fois de se suicider, en avait appris plus sur sa vie et sa souffrance que probablement n'importe qui  avant lui et s'en était fait un ami.

  En une journée.

  Une toute petite journée.

  C'était à peine croyable. Il lui semblait que cela avait durée des semaines, voir des mois et pourtant... Une punition, un sort, une rencontre et pouf, la magie avait opéré.

  Il avait maintenant l'impression de le connaître depuis des années, l'impression qu'ils avaient toujours été liés. Pourtant, hier encore quiconque aurait prononcé son nom devant lui se serait retrouvé transformé en crapaud. Mais peut-être… peut-être étaient-ils vraiment unis en vérité. Depuis le premier jour, depuis la première seconde où leurs regards s'étaient croisés. Même à travers le mépris et la haine. Même à travers les coups bas et les insultes.

  Ne dit-on pas bien souvent que la limite entre haine et amitié est bien tenue ?

  Oui… peut-être, y avait-il toujours eu quelque chose entre eux, une connexion qu'ils n'avaient jamais su saisir. Une connexion qui faisait qu'aujourd'hui, il avait su l'accepter sans haine, ni remord, oubliant tout ce qu'il lui avait fait, tout ce qu'il lui avait dit. Qui faisait que Draco s'était instinctivement tourné vers lui, confiant à lui seul sa détresse et sa souffrance. Acceptant sans sourire moqueur sa main tendue.

  Qui sait…

  Laissant l'eau couler abondamment sur son visage, la cueillant même avec joie en levant sa tête vers le pommeau pour quelle vienne glisser plus sûrement encore sur sa peau, il ne put s'empêcher de sourire. Il pouvait la sentir venir mourir sur ses lèvres entrouvertes, douce caresse, et ferma les yeux pour ne plus laisser danser devant eux que l'image de Draco, les bras levés vers le ciel, criant à l'astre solaire sa joie. Un instant de bonheur dont il était le seul responsable. Un cadeau qu'il avait pu offrir pour la première fois de sa vie à quelqu'un.

  Et quelle personne !

  Il se souvenait encore de la chaleur de sa main au creux de la sienne, de celles de ses lèvres effleurées par son doigt, de celle de ses mots prononcés avec tellement d'hésitation, de cette invitation et de son sourire lorsqu'il avait accepté. Si franc, si naturel, bien loin de toutes les grimaces dont il avait joué tout au long de ces années.

  Il n'avait pu s'empêcher d'être heureux à cette flamme si flagrante et ne souvenait pas avoir eu sourire plus grand que lorsqu'il l'avait vu s'éloigné en courant et s'arrêter soudain pour crier au monde son bonheur.

  Et cela, grâce à lui.

  Un sourire retrouvé, un espoir ravivé, grâce à lui.

  Il avait encore du mal à le croire, lui qui s'était toujours considéré comme la cinquième roue du carrosse, pour la première fois de sa vie, il avait fait quelque chose de bien, de vraiment bien par lui-même.

  Peut-être n'était-il pas si inutile que cela finalement.

  Arrêtant soudain l'eau après avoir fini de se rincer, il laissa tomber l'éponge encore un peu moussante qu'il tenait à la main et s'ébroua doucement avant de se glisser hors de la cabine pour enfiler aussitôt son peignoir et se frotter vigoureusement. Ne prenant même pas la peine d'en goûter le moelleux comme à son habitude, il s'en extirpa vivement pour enfiler ses vêtements et essuyant d'une main encore un peu humide, la glace embuée de son miroir, coiffa ses quelques épis dressés.

  Il s'inspecta un peu plus consciencieusement et hésita un instant avant de finalement mettre un peu du parfum que ses parents lui avaient offert à Noël, deux ans auparavant. Il ne l'avait jamais utilisé jusqu'à présent et ne comprenait pas très bien sa soudaine envie de le faire, mais ne chercha pas à l'analyser. Il pulvérisa une petite fois sa flagrance de musc et d'épice au creux de son cou et reposa bien vite la bouteille, inspirant profondément pour être sûr qu'il restait suffisamment discret. Satisfait du résultat, il sortit finalement de la salle de bain et attrapa rapidement sa cape d'hiver qui saurait seule les réchauffer au cœur de la nuit, avant de filer vers la sortit. Il ferma sa porte à clé et passa devant la chambre d'Harry prêt à gagner les escaliers avant de stopper brutalement.

  Il fit deux pas en arrière pour se retrouver nez à nez avec le lourd panneau de bois et après une courte hésitation, frappa doucement. N'obtenant pas de réponse, il recommença pour être sûr qu'il n'y avait personne, avant de finalement pousser sa chance et baisser la poignée. La porte tourna immédiatement dans ses gonds sans un grincement et s'ouvrit sur la chambre plongée de ténèbres de son ami.

  Ok… il y était…

  Il débâtit encore quelques instants avec lui-même avant de finalement entrer, pestant contre la violation qu'il allait commettre, mais avançant néanmoins vers la petite cache où il savait trouver ce qu'il était venu chercher. Il l'ouvrit rapidement pour prendre avec délicatesse le précieux fardeau qu'elle contenait, avant de la refermer et, écoutant le silence de la nuit, se faufiler vers la sortie. Il s'arrêta cependant sur le seuil, se mordillant la lèvre, avant de faire demi-tour pour gagner le bureau. Là, il saisit une feuille parfaitement blanche et une plume, puis d'une main légèrement tremblante, écrivit rapidement un mot à Harry de son style enroulé et coulant, pour le prévenir de cet emprunt.

  Le cœur finalement plus léger, il sortit de la pièce en prenant bien soin de refermer derrière lui.

  Avant de quitter l'aile des Griffondors, il jeta un petit un petit coup d'œil discret dans le couloir pour s'assurer que ni Rusard, ni Miss Teigne n'étaient dans les parages et se glissa rapidement dans l'entrebâillement de la porte. Il salua poliment la Dame du tableau qui lui répondit d'un regard désapprobateur, mais aussi quelque peu amusé et se faufila immédiatement dans une ombre.

  Il eut à peine le temps de faire trois pas qu'il sentit un changement d'atmosphère inhabituel qui hérissa les poils de sa nuque et il se figea, le cœur battant à tout rompre.

  Pas Rusard ! Pas Rusard ! Pas Rusard ! Pitié !!!!

  Il se retourna lentement, la gorge serrée et le corps tendu comme la corde d'un arc pour voir la forme familière et amicale de Quasi-Sans-tête lui sourire malicieusement. Il relâcha le souffle qui lui brûlait les poumons et faillit hurler son soulagement et sa colère au fantôme apparemment très fier de lui avoir coller la trouille de sa vie.

  _ Ca va pas de faire des peurs pareilles aux gens !!! Siffla-t-il. J'ai failli avoir une crise cardiaque, moi !

  _ Mais c'est fait pour ! Répondit très amusé le gardien des Griffondors. Il n'y aurait aucun plaisir à être un fantôme sinon !

  _ Grrr !

  _ Eheh !

  Bien malgré lui, Ron sentit toute sa colère disparaître à la vue de la frimousse enjouée du spectre et se fendit lui aussi d'un sourire.

  _ Tu peux y aller, reprit finalement ce dernier. Rusard se trouve dans l'aile Ouest et il est parti pour y rester un bon moment. Il semblerait qu'il ait entendu des bruits suspects dans plusieurs salles de classe, si tu vois ce que je veux dire.

  _ Merci !

  _ Pas la peine, c'est avec plaisir. Je ne m'étais pas autant amusé depuis longtemps. Mais méfie-toi quand même, il finira par comprendre.

  _ J'ai pris ce qu'il fallait.

  _ Bien alors, je te laisse. On m'attend !

  Ron aurait presque pu jurer qu'il lui avait fait un clin d'œil avant de disparaître dans le mur, laissant seulement résonner derrière lui le ton clair d'un petit gloussement.

  Pauvre Rusard ! Il n'avait pas fini d'en baver !

  L'esprit plus tranquille, Ron reprit d'un pas assurer sa progression. Mais, s'il se montra moins discret, il n'en resta pas moins dans l'ombre pour le cas où un professeur aurait quelques envies de sortie nocturne pour regagner sa chambre ou aller voir un collègue.

  Il atteignit assez rapidement la cuisine maintenant déserte et sombre et se dirigea vers un frigo, se laissant guider par les rayons lunaires qui passaient les fenêtres. Il se doutait qu'une bonne partie du repas avait été « évaporé », mais il savait qu'une petite quantité était toujours conservée, au moins jusqu'au lendemain, pour les petites envies de milieu de nuit, lorsque les professeurs étaient trop fatigués ou trop paresseux pour faire de la magie. Lui-même aurait pu préparer un sort, mais tant qu'il n'était pas diplômer, les étudiants n'avaient pas le droit, aller savoir pourquoi, de pratiquer ce tour pourtant bien utile, sauf pour de petites choses. Il ne préférait pas forcer sa chance.

  Ses pas résonnèrent légèrement sur le carrelage blanc, alors qu'il se dirigeait à pas de sourie vers un frigidaire, pourtant, il lui semblait faire autant de bruit qu'un éléphant. Sans doute à cause du silence presque irréel qui semblait régner dans cette partie du bâtiment.

  Il ouvrit finalement la porte du frigo, éclairant par-là légèrement la pièce de sa faible lumière. Comme il s'y était attendu, il y avait encore quelques restes. Pas grand chose à vrai dire. Un peu de rôti, un fond de salade de tomates et quelques beaux fruits.

  Ne se sentant pas trop d'avaler la viande froide et peu tenter par les légumes, il se saisit de deux belles pommes qu'il glissa dans une des larges poches de sa cape avant de refermer la porte.

  La nuit l'envahit à nouveau et il se laissa quelqu'un instant pour accommoder sa vue, avant de finalement filer vers la sortie aussi discrètement qu'il était venu. Saisissant alors une des pommes, il se dirigea rapidement vers les escaliers dont il grimpa les marches deux à deux tout en croquant dans le fruit juteux. Il avala avec délice la chaire sucrée et légèrement acide, oubliant presque qu'il lui fallait être discret. Avec le nouveau règlement en vigueur depuis deux ans qui obligeait tous les élèves sauf exception, à se trouver soit en salle d'étude, soit dans leur chambre après huit heures trente, la vie était presque devenu un enfer. Même les plus vieux n'échappaient pas à la règles. Le seul avantage revenait à l'école qui avait vu ses taux de réussites augmenter considérablement, mais pour eux…

  Enfin, il n'avait pas trop à se plaindre non plus, en contre partie, il avait plus d'heure de liberté dans la journée et une fois par semaine, le droit à une soirée entière sans surveillance. Pauvre Rusard, il ne s'en était toujours pas remis. Lui qui n'avait jamais cessé de travailler un seul jour depuis qu'il était en poste, voilà qu'il avait tous ses samedis soirs de libre. Il en râlait encore.

  Souriant à pleine dent à cette idée, il avala une nouvelle volée de marche, complètement oublieux maintenant de toute prudence et rentra de plein fouet dans une présence sur le pas de l'escalier. 

  Sous le choc, la personne tituba en arrière, manquant également de le renverser et il ne put ravaler un hoquet de surprise. Il n'avait pas pu voir son visage et son corps, maintenant hors de porté des rayons lunaires, ne l'informait pas plus sur son identité, mais une chose était sûre, qui qu'il puisse être, un professeur ou Rusard, il allait avoir de sérieux problèmes.

  Furieux contre lui-même et oubliant qu'il n'y avait derrière lui que les escaliers et pas le reste du palier, il fit un pas en arrière, balbutiant des excuses. Il ne comprit son erreur qu'au moment où il sentit son pied se dérober dans le vide.

   Réalisant instantanément ce qui allait se passer, il eut à peine conscience de son corps entraîné rapidement sous son poids, alors que plus rien, sinon la peur ne passait dans son esprit.  Il ferma les yeux, attendant le moment où son corps entrerait brutalement en contact avec les marches en bois pour les dévaler jusqu'en bas, se demandant fugacement s'il aurait une chance de s'en sortir.

  Il entendit à peine la personne qu'il avait bousculée, hurler son nom bien que la voix lui sembla étrangement familière, mais sentit parfaitement la poigne solide qui se referma au même instant sur sa robe pour l'empêcher de tomber. Sa chute fut immédiatement bloquée, lui coupant presque le souffle sous le choc et, plus par réflexe que par volonté, il replaça aussitôt son pied sur une marche, s'assurant un peu de stabilité.

  Il se sentit alors immédiatement tiré en avant et entraîné dans les bras de la personne, bien à l'abri sur le palier, alors qu'ils se refermaient possessivement sur sa taille, incapable de le laisser aller. Il ne refusa pas cette étrange étreinte, encore tremblant de peur et de soulagement et se laissa entraîner avec son protecteur au sol. Il entendit alors distinctement le son d'un sanglot de soulagement ravalé et, quelque peu surpris, ouvrit les yeux pour trouver encrer au sien, le regard noyer de larmes de Malfoy.

  _ Draco ? Souffla-t-il étonné.

  Le blond se contenta de secouer doucement la tête, visiblement trop secoué pour parler, alors que d'une main, il explorait doucement son visage et le reste de son corps, juste pour s'assurer qu'il était bien vivant devant lui et pas seulement le délire de son esprit alors qu'il reposait mort, quelques mètres plus bas.

  _ Ca va, sourit-il doucement pour le rassurer. Ca va…

  Draco ramena son attention sur son visage et, comprenant qu'il était sain et sauf, se permis un soupire de soulagement. Soulagement qui se mua bien vite en colère lorsqu'il lui demanda :

  _ Tu te prenais pour quoi ? Un oiseau ??? Je sais pas si tu as remarqué, mais au dernière nouvelle, tu n'as pas encore de plume.

  _ Je sais, murmura doucement le rouquin, sachant qu'il n'était pas vraiment en colère contre lui, mais relâchait surtout sa tension. Mais je me suis dit qu'avec la robe, peut-être…

  _ Argh !!! Y veut me tuer !  Et puis, on est pas encore à la chandeleur ! Pour les crêpes, il faut attendre encore un peu !

  _ Encore ? Dit Ron d'une voix étrangement enfantine et boudeuse. Mais j'en voulais maintenant moi !

  _ Si tu me promets de ne plus jouer les zozios !

  _ Promis !

  _ Alors d'accord !

  Les deux jeunes gens s'échangèrent une grimace, contenant tant bien que mal le fou rire qui menaçait maintenant de les submerger et griller ainsi leur petite escapade nocturne. Ron avait enfoui son visage dans le tissu soyeux de la cape qu'il n'avait pas lâché, gloussant et presque en larme, alors que Draco, plus posé du fait d'une frayeur encore un peu trop vive à sa mémoire, se contentait de se mordre la lèvre.

  Ils finirent cependant par se calmer et Weslay s'essuya les yeux reniflant légèrement avant de demander soudain en chuchotant :

  _ Mais au fait, que fais-tu là ?

  Draco leva un sourcil surpris. Avait-il oublié ? Il essaya d'ignorer les nœuds qui se formèrent soudain à son estomac.

  _ La même chose que toi je présume, dit-il prudemment, je me rendais à la tour de magie.

  _ Non, non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Ca je m'en doutais. Mais ce n'est pas vraiment ton chemin pour t'y rendre !

  _ Ah ça, répondit le jeune homme, dissimulant mal son soulagement. C'est parce qu'il s'est passé quelque chose d'« étrange ». Pointa-t-il  en mimant des guillemets avec ses doigts. Au moment de partir, j'ai surpris Goyle et Crabbe qui apparemment allaient eux aussi se promener. Je ne sais pas pourquoi je les ai suivis et je les ai vus se rendre dans l'aile des professeurs, chez tes frères pour être plus exacte où ils ont été accueillit par Ginny.

  _ Hu ?

  _ Exactement mon sentiment ! Puis ils ont été rejoint par Harry et Hermione.

  _ Hein ? Hurla presque Ron, avant de poser une main sur sa bouche et surveiller rapidement les alentours.

  _ On se comprend, ne put s'empêcher de sourire le blond. J'aurais bien aimé savoir ce qu'il faisait tous là, mais il allait bientôt être l'heure et je ne voulais pas être en retard, alors je suis parti pour te rentrer dedans et avoir la frayeur de ma vie.

  Le jeune homme lui grimaça, un mélange de repentir et de diablerie, avant de lui susurrer.

  _ Tu sais, je connais un raccourci pour nous rendre à la tour de magie.

  _ Hn ?

  La grimace de Ron se fit franche sourire malicieux.

  _ Le dortoir des professeurs.

  Une expression jumelle à la sienne vint se dessiner sur les traits de Draco, alors que les deux jeune gens, très fiers d'eux, se regardaient, un pétillement dans les yeux.

  _ Ron, je commence à croire que tu es moins innocent que tu ne le parais !

  _ Niark !

***

  Ginny détailla très fièrement la petite troupe assise en cercle par terre qui se regardait parfois quelque peu étonné, voir franchement surpris, mal à l'aise ou tout simplement détendu. Enfin, la dernière constatation ne valait que pour elle et Hermione. Le reste du groupe était relativement agité et gigotait un peu dans tous les sens, se triturant les mains, jouant avec les boucles de leurs cheveux, toussotant discrètement… Le choc venait essentiellement de la présence de Goyle et Crabbe à laquelle personne ne s'était attendu et qui mettait les deux jeunes gens dans une situation un peu difficile qu'ils essayaient de palier par des sourires contrits et rassurants. Ginny elle-même n'aurait jamais cru un jour les inviter si ce n'avait été la petite discussion qu'elle avait surprise et qui lui avait rapidement fait comprendre qu'ils pourraient s'avérer être de précieux alliés.

  Elle était également heureuse que Harry soit venu. Le jeune sorcier, qui tenait précieusement Hermione dans ses bras, semblait être le plus calme après la jeune fille et elle-même. Elle en avait déduit qu'il avait accepté la nouvelle ou, du moins, s'en faisait une raison. Il n'avait même pas réagit à la présence des deux compagnons de Malfoy, haussant tout au plus un rapide sourcil pour montrer son étonnement, avant d'accepter les choses comme telles. Il semblait presque… blasé. Comme si savoir que Draco et Ron avait pu devenir ami avait épuisé ses chances d'être encore véritablement surpris un jour.

  Il ne manquait en fait que Neville qu'elle n'avait pas pris la peine d'invité. Le jeune homme était trop gentil et naïf et elle savait qu'il était des choses qu'il n'était pas encore prêt à entendre. Du moins pas si brutalement. Elle avait eu plutôt en tête de lui annoncer doucement. Petit bout par petit bout.

  _ Bien, dit-elle finalement en souriant, coupant cours aux discussions conspiratrices de ses frères. Nous allons pouvoir commencer.

  Tous les regards se tournèrent d'un même mouvement vers elle et elle en fut presque impressionnée. Elle se reprit cependant bien vite.

  _ D'abord, je pense qu'une petite explication est de rigueur quant à la présence de ces deux jeunes gens, dit-elle en indiquant Goyle et Crabbe.

  Toutes les têtes, sauf celles des deux intéressés, acquiescèrent vigoureusement, visiblement très impatientes d'entendre ses explications. Ginny dut faire un effort incroyable pour ne pas exploser de rire à ce moment là et s'éclaircit un peu la gorge avant de commencer.

  _ Disons pour faire simple qu'ils n'ont rien contre le fait que nous puissions être amis et qu'ils partagent en plus, pas mal de mes points de vue.

  _ Comme… ? Laissa traîner Fred curieux de savoir ce qu'ils pouvaient avoir tant en commun.

  _ Comme le fait que Draco et Ron puissent être un peu plus que des amis.

  Ignorant les regards dubitatifs de ses frères et de ses compagnons, elle sourit grandement aux deux garçons, qui le lui rendirent au centuple. Le petit groupe ne remarqua alors pas le regard appuyé, étrangement tendre et un peu étonné, qui passa entre la jeune femme et Goyle, trop occupé à digérer cette surprenante nouvelle. Même le meilleur ami de l'adolescent passa à côté, complètement absorbé à répondre aux centaines de questions dont les jumeaux l'avaient soudain inondé sur ses goûts, ses occupations, tout ce qui pourrait leur en apprendre un peu plus sur lui. A sa grande surprise, il semblait déjà avoir été accepté comme l'un d'eux et en venait à amèrement regretter le temps où il les avait tourmentés.

  Quant aux deux jeunes gens hors du temps, ils restèrent emprisonnés ainsi l'un dans l'autre jusqu'à ce que Percy décide lui aussi de questionner Goyle qui détourna alors ses yeux coupables pour lui répondre.

  Ginny se sentit alors rougir jusqu'à la pointe des cheveux et fit semblant de chercher quelque chose dans ses poches le temps de se redonner contenance. Elle ne savait pas trop ce qui s'était passé, mais se sentait ivre de bonheur et dut se mordre les lèvres pour ne pas laisser échapper un léger rire. Elle inspira finalement profondément et, une fois sûr que plus rien ne trahirait son excitation, ramena son regard sur la petite assemblée, prenant bien soin, au moins pour quelques minutes d'éviter celui de Goyle.

  _ Bien, dit-elle ramenant instantanément le silence. J'aimerais maintenant vous présenter une autre personne.

  Elle s'écarta doucement pour laisser place au dernier invité qui se faufila timidement près d'elle, le regard fixer au sol dans la contemplation vraisemblablement palpitante des rainures du parquet. Il manqua ainsi les expressions curieuses des sorciers et sorcières présentes.

  _ Je vous présente Pim ! Déclara Fièrement Ginny en donnant un petit coup de coude à l'elfe.

 Celui-ci releva aussitôt la tête, laissant ses yeux détaillés un moment chacune des personnes présentes, avant de tenter un petit sourire.

  _ Bonjour, souffla-t-il doucement.

  Sept voix amicales lui rendirent son salut et il se détendit quelque peu.

  _ Comment le connais-tu ? Questionna finalement Hermione directement à son amie.

  _ Je l'ai rencontré aujourd'hui dans les bois, répondit la jeune femme en posant une main sur l'épaule du petit être. C'est un ami de Draco.

  _ HEIN ??? S'écrièrent les sept voix d'un même accord.

  Pim ne prit pas la fuite à cet instant qu'à cause de la poigne de sa compagne et de son sourire rassurant.

  _ Explique leur, dit-elle doucement.

  Il hésita encore quelques instants, mais les regards visiblement dénués de haine de ses interlocuteurs semblèrent le convaincre et il s'installa confortablement avant de leur raconter son histoire. Du moins, une partie. Il leur parla de son enfance avec Draco, de l'amitié qu'il avait partagée, de la violence de son père sans entrer dans les détails, mais mentit sur la manière dont ils s'étaient quittés. Il ne leur parla pas de la mort de ses grands-parents, ni de celle de son cousin que Lucius avait fait traîtreusement passer pour lui. Pas plus que de toutes les tortures qu'il avait endurées ensuite, ni… ni du danger qui les menaçait tous à présent.

  Chaque parole prononcée, chaque souvenir étaient pour lui autant de joie et de tristesse qu'il avait bien du mal à contenir, mais lorsqu'il eut terminé, il sut qu'il les avait amenés là où il avait escompté. Tous maintenant serait prêt à aider Draco, pour le meilleur et pour le pire. Dans un sens, ils l'avaient compris et pardonné. Il regrettait simplement de ne pas pouvoir tout leur dire, mais il était des choses qu'il n'était pas à lui de révéler et des noms qui ne devaient pas être prononcés.

  Pas encore.

  Le petit être sourit tristement devant leurs mines choquées et se retira dans l'ombre, les laissant prendre sur eux tout ce qu'il leur avait dit et en accepté l'horreur et les conséquences.

  Harry avait resserré un peu plus son étreinte sur sa compagne tout au long du récit, sentant son dégoût pour Malfoy père augmenter un peu plus, alors que pour la première fois, il éprouvait autre chose que de la haine pour Draco. Savoir que Ron était son ami ne voulait pas forcément dire qu'il allait l'aimer pour autant, mais maintenant, il savait qu'il ferait au moins l'effort d'être plus ouvert et peut-être même serait-il capable de lui offrir son amitié, comme Ron l'avait fait. Il réalisait enfin toute la force de son meilleur ami, un cadeau, dont il était sûr, il n'avait pas conscience. Il avait presque l'impression de ne pas l'avoir vraiment compris et en ressentit une certaine honte. Qu'avait-il manqué d'autre qui avait pu le faire souffrir sans qu'il ne le sache ? Rien, espéra-t-il sans trop y croire. Mais il n'était pas trop tard pour se rattraper.

  Hermione quant à elle pleurait doucement. Elle comprenait mieux maintenant le regard rempli de douleur du jeune homme et ne pouvait s'empêcher de ressentir un petit pincement de cœur pour tout ce qu'elle avait toujours pensé de lui. Les frères de Ron n'étaient pas plus fiers, de même que ses amis qui avait le sentiment de ne jamais l'avoir réellement compris, de ne jamais avoir été de véritables compagnons pour lui.

  Ginny elle aussi était en pleure, véritablement choqué, essayant, sans vraiment y parvenir de contenir ses sanglots. Elle semblait à deux doigts de s'effondrer et personne ne s'offusqua alors lorsque Goyle, se surprenant lui-même par son audace et la force des sentiments qui déferlaient en lui, se leva pour la prendre dans ses bras et la consoler. La jeune femme accueillit avec joie l'étreinte protectrice et enfuit son visage dans le large torse du jeune homme qui la tint doucement serré contre lui jusqu'à ce qu'elle se calme.

  Une fois ses pleurs taris, semblant enfin comprendre ce qu'il venait oser de faire, il se recula un peu, prêt à la laisser, mais la main de la jeune fille sur son bras l'en empêcha et il ne put s'empêcher de sourire lorsqu'elle l'attira à nouveau à elle.

  Un sourire qui se changea quelque peu en grimace lorsqu'il surprit le regard appuyé de trois frères qui promettait une sérieuse explication sur ce qu'il aurait le droit de faire, s'ils continuaient dans cette direction. Le reste de la petite troupe sembla plus amusée qu'autre chose et il se détendit un peu, laissant la jeune femme s'installer plus confortablement dans son giron.

  Ginny était pour sa part confuse, ne comprenant pas encore très bien ses sentiments, ni ses actes, mais étonnement heureuse. Il lui semblait presque que personne d'autre n'aurait été capable de la consoler à cet instant.

  Où tout cela les mènerait-il, seul l'avenir le lui dirait.

  Cette étrange scène avait au moins eu le don de détendre quelque peu l'atmosphère, relâchant une partie de la tension que les révélations de Pim avaient provoquée. Les discussions redémarrèrent bon train, notamment sur Ron et Draco et le pourquoi du comment de cette nouvelle amitié. Les spéculations allaient foisons et chacun y mettait du sien pour imaginer des histoires plus rocambolesques les unes que les autres. Seule Ginny et Harry restaient silencieux, l'une observant attentivement la scène, l'autre perdu dans ses pensées.

  _ Bon, finit par dire Hermione. C'est bien beau de se poser des questions, mais concrètement que fait-on pour nos deux zozios ?

  _ On les met ensembles bien sûr, sourit à pleines dents sa cadette.

  _ Ginny, avança Percy, tu sais, je…

  _ Tatata ! On en a déjà parlé, ils formeront un couple parfait.

  _ Mais… tenta une nouvelle fois son aîné sans plus de succès, immédiatement coupé par sa sœur.

  _ Bon. Que ceux qui sont d'accord lèvent la main !

  Il n'y eut d'abord que quatre bras levés. Elle-même, Goyle et Crabbe et très étrangement Harry qui s'attira les regards hallucinés de ses compagnons, auxquels il répondit par un haussement d'épaule.

  Si c'est ce qui pouvait rendre Ron heureux, alors pourquoi pas. Bien qu'il ait secrètement l'intention de surveiller étroitement Draco.

  Bientôt, sous cette impulsion, tous finirent par s'exécuter avec plus ou moins de soupires et de ronchonnements.

  _ Parfait, nous allons donc pouvoir agir. Opération Cupidon lancée !

  _ Ginny !!!! Glapirent en cœur sept voix désolées, mais aussi quelque peu amusées.

***

  Ron ouvrit la trappe de la tour de magie, laissant passer par son entrebâillement l'air frais de la nuit, avant de la repousser complètement et de gravire les dernières marches qui le séparait du promontoire de pierres noires et légèrement argentées sous les rayons lunaires. Il resserra un peu plus sa cape autour de lui alors qu'une brise glaciale venait courir sur sa peau dans ce lieu exposer aux quatre vents, dont il inspira profondément la senteur de pins et de rosée.

  Draco le suivit immédiatement, refermant la porte derrière lui et lui rendant la cape d'invisibilité de Harry dont ils s'étaient servis pour arriver jusqu'ici en toute sécurité.

  Les deux jeunes gens se regardèrent un instant sans rien oser faire, ni bouger, ni parler, avant que Malfoy ne se décide finalement à s'asseoir contre le muret et que Ron ne vienne le rejoindre après quelques hésitations. Il prit place juste à côté de lui, prenant bien garde cependant à ne pas le toucher et plusieurs minutes filèrent ainsi sans que l'un ou l'autre ne parle.

  Chacun observait l'autre du coin de l'œil, cherchant à savoir ce qu'il pensait, tous deux pris dans un flot de pensées similaires sur ce qu'ils avaient entendu et en quoi cela risquait de les affecter.

  Ron eut en cela bien du mal à ne pas laisser échapper à plusieurs reprise des jurons, alors qu'il réfléchissait aux conséquences que cela pourrait avoir sur leur amitié à peine née. Il avait peur d'entendre Draco lui dire qu'il valait mieux qu'il ne se voit plus. Il avait peur qu'il ne lui dise que tout ça n'était qu'une lamentable erreur et qu'il valait mieux tout oublié. Il ne savait pas s'il en serrait jamais capable. Il avait plus d'affection pour le jeune homme qu'il n'aurait voulu se l'avouer et l'idée même de tout voir ainsi se terminer ainsi lui révulsait l'estomac.

  Et tout ça parce que… parce qu'ils… enfin, comment pouvait-il imaginer une chose pareille ! D'accord, ce n'était pas comme si ce genre d'idée ne lui était pas passé par la tête, mais tout de même, il connaissait l'objet de ses premières attentions depuis longtemps à ce moment là, alors que Draco et lui n'avait véritablement fait connaissance que depuis quelques heures. Ils ne pouvaient comme même pas sérieusement penser que… si ?

  Olàlà ! Mais qu'est-ce qui leur avait pris ! Ils voulaient tout détruire ou quoi ?

  Il se renfrogna un peu plus sur lui-même, pestant contre certaines personnes qui devraient apprendre à ne pas se mêler des affaires de cœur des autres.

  Draco n'était pas beaucoup mieux. Pour tout dire, il était terrifié. Horriblement terrifié et confus. Il n'osait pas regarder Ron de peur de voir le dégoût et le rejet dans ses yeux, même si ce qui avait été dit n'était que fantasme absurde. Il avait peur de le voir s'éloigner, de le voir le rejeter alors qu'il lui avait à peine offert son amitié. Il avait peur de se retrouver à nouveau seul face à ses souvenirs.

  Pourquoi avaient-il fallu qu'ils aillent parler d'une chose pareille ? Bon d'accord…

  D'accord quoi ??? Mais qu'est-ce que je raconte moi !!! Draco, tu es stupide, stupide, stupide !

  Il secoua vigoureusement la tête ne voulant pas savoir où le cours de ses pensées pourrait le mener et laissa filer encore un long moment de silence gêné.

  Finalement, Ron n'y tint plus et laissa échapper sa surprise.

  _ Bah ça !

  _ Ouaip ! Murmura son compagnon, incertain de la conduite à tenir.

  _ C'est surprenant.

  _ Huhu…

  _ Ils sont fous ! Je ne vois pas d'autres explications !

  _ Probablement…

  Weslay aurait presque juré entendre une pointe de regret dans la voix du blond, mais se persuada qu'il avait probablement rêvé et à nouveau ils restèrent de longues minutes sans parler.

  _ Je ne savais pas pour Ginny et Goyle, dit soudain Draco, déviant le sujet.

  Ron le regarda avec des grands yeux, réalisant soudain ce à quoi il faisait allusion et auquel il n'avait pas prêté attention jusqu'à maintenant.

  Sa petite sœur et… Goyle ???

  C'était impossible et pourtant…

  Il sentit soudain poindre un mal de crâne et grogna doucement.

  _ Ca ne va pas ? Demanda Draco.

  _ Si, si, c'est juste que c'est…

  _ Inimaginable ? Inconcevable ? Extraordinaire ? Pas humain ?

  _ Quelque chose dans ce goût là.

  _ Il me semble avoir entendu le même genre d'allusion à notre sujet, il n'y a pas plus de dix minutes.

  _ Oui, mais…

  _ Mais quoi ?

  _ C'est juste que… Rhooo, et puis zut, si elle est heureuse ainsi, ce n'est pas moi qui vais aller l'en empêcher.

  _ Bien dit !

  _ Mais quand même !

  Draco éclata de rire devant la mine déconfite de son ami qui donnait à son visage une moue adorable, un peu comme un petit chaton en colère, à la queue ébouriffée et crachouillant tant bien que mal tout en sachant que ça n'aurait aucun effet.

  _ Je le connais bien, tu sais et pour ça il est réglo.

  _ Si tu le dis, soupira le jeune homme en souriant doucement, étrangement réchauffé par le petit rire qui venait juste d'échapper à son compagnon.

  Il n'en restait pas mois inquiet, mais quel grand frère digne de ce nom ne le serait pas. En tout cas, il ne pouvait pas nier qu'ils étaient… mignons et pria secrètement pour que tout se termine bien.

  _ Et que fait-on pour… enfin, tu vois ce que je veux dire ? Demanda-t-il finalement.

  _ Je crois qu'on pourrait jouer avec leurs nerfs, répondit Draco un petit sourire un peu pervers accroché aux lèvres.

  _ C'est à dire… ?

  _ Je ne sais pas toi, mais je ne connais rien de plus énervant que de voir les événements s'arrêter brutalement au moment critique, comme brisé dans leur élan, si tu vois ce que je veux dire.

  _ Tout à fait, apprécia le rouquin en se frottant les mains. Que voilà une bonne idée, ehehe !

  _ On est méchant, ponctua Draco.

  _ Vi !

  _ Et ils vont nous en vouloir !

  _ Vi !

  _ On commence quand ?

  Des expressions démoniaques jumelles naquirent sur leurs traits, alors qu'ils mettaient au point leur propre plan, se rapprochant inconsciemment pour partager la chaleur de leur corps.

***

  Une semaine, cela faisait une semaine ! Et rien, nada, que quick, petzouille ! Ils n'avaient pas avancé d'un pouce !

  Ginny soupira d'énervement, contenant tout juste sa frustration, alors qu'elle se laissait une fois de plus, aller dans les bras protecteurs de Goyle. Le jeune homme et elle, étaient plus où moins ensemble, pour son plus grand bonheur, jouant pour l'instant la carte de l'amitié et de la connaissance avant d'aller plus loin. Pas encore de baiser, ni de caresses échangées, juste quelques tendres étreintes et de longues heures à discuter de tout et de rien. Oh, bien sûr ses frères, Ron y compris et même Draco d'après ce qu'elle avait pu comprendre, avaient d'hors et déjà mis les choses au clair, mais Ginny n'avait pas souhaité aller trop vite, pas plus que le jeune homme.

  Les choses viendraient en leur temps.

  Pour son frère par contre, c'était une autre affaire !

  Après avoir révéler aux deux jeunes gens qu'ils étaient au courant et avoir ainsi scellé leur étrange amitié, ils avaient mis leur plan en action. Chaque cours, chaque repas, chaque instant avaient été un prétexte à les pousser dans les bras l'un de l'autre. Illusions, bousculades, erreur de potions, rendez-vous mal donnés, tout avait été bon pour le mettre tous les deux seuls et face à l'évidence qui crevaient maintenant leurs regards avertis. Et pourtant… rien !

  C'était à se désespérer.

  Ils avaient tout essayé, tout tenté et commençaient sérieusement à être à cours d'idée. Le plus frustrant étant que la plus part du temps, ils ne semblaient pas loin de tomber dans la toile amoureuse qu'elle leur avait soigneusement tissée. Mains s'attardant un peu plus que de mesure. Regards échangés pendant de longues minutes. Corps emmêlés aux bouches si proches qu'elles pouvaient presque se toucher. Mais non, pas même un petit picot sur le bout des lèvres.

  Elle ne savait plus quoi faire. Aucun d'eux ne savait plus quoi faire et cela les rendait tous plus où moins dingues, car ils ne pouvaient maintenant plus nier ce qu'ils avaient sous les yeux.

  Elle avait cependant une dernière carte à jouer, mais ce coup-ci était sa dernière tentative, après... Leur cas était perdu, même pour le plus grand sorcier de la terre. Elle avait décidé de tous les faire jouer à « action ou vérité » et avait bien l'intention de forcer le destin.

***

  Lorsque les deux jeunes gens arrivèrent, tout le monde était déjà installé. Le soleil régnant une fois de plus sur un ciel sans nuage, le petit groupe avait décidé de pique-niquer dans une partie tranquille du jardin où personne ne viendrait les déranger.

   Cette semaine avait été riche en émotions alors qu'ils avaient appris peu à peu à mieux se connaître, mais ils avaient choisi de garder leur nouvelle amitié secrète des autres élèves et professeurs, en grande partie à cause de Rogue et de ce qu'il pourrait faire. De même, ils n'étaient pas sûr de la réaction des autres sorciers et sorcières. Depuis que l'école avait été fondée, jamais Serpentards et Griffondors n'avaient éprouvé entre eux autre chose que de la rivalité, au point que s'en était presque devenu un principe. Savoir alors que leurs plus féroces représentant avaient modifié cette règle n'allait pas forcément plaire à tout le monde, élèves compris. De plus, même si le petit groupe semblait solidement lié à présent, il restait quelques doutes, quelques hésitations dans l'esprit de chacun. Tout était encore trop récent et fragile pour qu'il l'expose à la vue et à la critique de tous. Leur amitié naissante pourrait très bien ne pas y résister.

  Ils avaient donc caché chacune de leur rencontre, masqué chacun de leur échange sous les parodies de leur ancienne haine, s'assurant de ne jamais être découvert. Cela avait créé entre eux une étrange tension, qui ne s'effaçait que lorsqu'ils étaient enfin seuls et pouvait parler et agir librement.

  De fait, toute la petite troupe était rapidement venue à s'apprécier. Ils avaient découvert que, lorsqu'il n'était plus emprunt de son dédain et de ses airs supérieurs et vaniteux, Draco était un agréable compagnons, plein d'humour et joie de vivre, même si la mélancolie et une profonde tristesse marquaient parfois ses traits. Il s'était d'ailleurs énormément rapproché de Harry, avec lequel il avait eu une longue conversation où ils avaient posé toutes leurs rancœurs à plat pour en faire leur deuil. La chose faite, ils s'étaient révélés ensemble presque aussi roublards que lorsque le blond était avec Ron et des fous rires avaient souvent fusé au détriment de l'un ou l'autre de leurs amis. Les frères Weslay n'avaient pas été non plus en manque, surtout lorsqu'ils s'étaient associés au jeune homme pour harceler le pauvre Goyle qu'ils avaient bien failli faire craquer. Seul l'intervention de Crabbe avait sauvé son ami de la dépression lorsqu'il avait « appris » tous les interdits qu'ils avaient posés, en lui expliquant, à moitié mort de rire, que tout ceci n'avait été qu'un jeu.

  Tout comme Draco, les deux jeune gens s'étaient parfaitement intégrés au groupe, pour leur plus grand bonheur car ils s'étaient ainsi découverts des amis plus fidèles qu'ils n'avaient jamais pu espérer aux seins des Serpentards.

  Quant à Ron et Malfoy, ils s'étaient énormément rapprochés. Lors de leurs réunions bien sûr, mais aussi grâce au petit jeu des chasseurs chassés qu'ils avaient établi faire tourner chèvres leurs camarades et qui déclenchaient souvent chez eux des crises de rire. Il y avait également les nuits qu'ils partageaient, assis l'un contre l'autre, parfois silencieusement, parfois bercer par une discussion agréable sur les hauteurs de la tour de magie. Cette semaine avait définitivement scellé leur amitié. Une amitié profonde qui semblait parfois aller au-delà pour les deux jeunes gens. Notamment lors de leurs faux moments d'hésitations, sous les regards scrutateurs et attentifs de leurs amis, lorsqu'ils étaient tellement proche l'un de l'autre qu'un simple mouvement d'air aurait pu les unir. Le temps semblait parfois se suspendre alors et leur jeu devenir réalité, lorsque tremblant, ils sentaient naître l'envie de se toucher. Mais jusqu'à présent, ils avaient toujours reculé à temps, troublés par ces réactions qu'ils ne voulaient pas s'avouer, qu'ils craignaient d'exprimer, chacun dans le dénie de ce que cela pouvait signifier.

  Encore à cet instant, alors qu'ils s'avançaient l'un à côté de l'autre et que leurs mains se frôlaient parfois, ils devaient se faire souffrance pour ne pas les laisser se lier et retrouver la chaleur qu'ils avaient éprouvée le premier jour.

  Pourtant, cela restait inconscient, car ce qu'il avait plutôt en tête à cet l'instant, était la mine déconfite que leur offrait bien malgré eux leurs amis, après tant et tant de tentatives ratées, et qui promettaient encore quelques scènes hilarantes.

  Ils échangèrent d'ailleurs un regard entendu et plein de malice devant l'expression décidée de Ginny et prirent rapidement place dans le petit cercle, l'un à côté de l'autre, plus proche que ne le seraient de simples amis, mais pas assez pour des amants. Ils durent alors faire appel à toute leur volonté pour ne pas exploser de rire devant les regards exaspérés et presque suppliants qui se posèrent sur eux.

  Le repas commença rapidement et ils augmentèrent encore la tension en s'échangeant parfois leur aliment en gestes tendres. Tension à son comble lorsque Draco offrit délicatement une fraise à Ron et laissa ses doigts s'attarder un peu trop longtemps sur les lèvres du jeune homme. Tous retinrent leur souffle à cet instant, même les deux garçons qui eurent plus où moins conscience d'être allé un peu trop loin, alors que leurs cœurs battaient à cent à l'heure. Mais Malfoy se rattrapa bien vite et souriant à son compagnon se lécha rapidement les doigts comme si de rien n'était, mais dans le secret espoir de pouvoir goûter la saveur de sa peau.

  Il regarda alors le reste de la petite troupe qui essayait tant bien que mal de se remettre de ce nouveau coup du sort, dissimulant mal leur frustration et finit de manger tranquillement, jouant la carte de l'ignorance..

  Ron eut un peu plus de mal à se remettre, les joues encore brûlantes de ce qui s'était passé et évita pour quelques minutes de croiser le regard du blond, de peur qu'il n'y lise des sentiments qu'il n'était pas sûr de comprendre lui-même.

  Il craignait de plus en plus que ses amis n'aient eu raison.

  Il eut presque du mal à cacher son soulagement, lorsque les conversations reprirent un cours normal et que plus aucun regard ne fut braqué sur lui.

  Finalement, le repas terminé et les assiettes débarrassées, ils s'installèrent tous confortablement et Ginny mit son plan en action.

  _ Bien, dit-elle. Qui est tenté par un petit jeu?

  _ Ca dépend, dit George paresseusement allongé sous un rayon de soleil. Quoi ?

  _ Action ou vérité.

  _ HEIN ??? Demandèrent plusieurs voix.

  _ Bah quoi, ça pourrait être marrant.

  _ Moi, je suis d'accord, dit Hermione, comprenant où elle voulait en venir.

  _ Oh, pitié non, souffla Percy, sous l'accord de ses deux frères. La dernière fois ça c'est transformé en jeu de massacre.

  _ Allons, allons, ce n'était pas si terrible que ça, sourit Ginny aux souvenirs de cette catastrophique journée pour ses trois frères.

  _ Non, c'était pire !

  Elle entendit Ron rire dans sa barbe à cette remarque. Lui non plus n'avait pas oublié, il avait échappé au pire alors, mais cette fois…

  _ Moi, ça me va, dit Goyle.

  _ C'est parce que tu ne connais pas ma sœur, moufla Fred désespéré.

  _ Qui est pour ? Demanda la concernée.

  Six mains se levèrent immédiatement, emportant de fait la majorité. Seul les trois frères s'étaient abstenus, ainsi que Draco qui n'était pas sur que ce soit une si bonne idée. Il craignait ce qui pourrait lui être demandé. Il était presque prêt à s'en aller, mais l'enthousiasme de Ron l'en dissuada finalement, bien qu'il se sentit mal à l'aise. Le rouquin dut inconsciemment percevoir sa gêne car il posa une main réconfortante sur son genou.

  _ Ok, dit Ginny qui n'avait rien manqué de la scène. Qui commence ?

  _ Moi ! Répondit Percy bien décidé à se venger de la dernière fois. Alors, alors qui vais-je choisir… ? Tient ! Goyle !

  Le jeune homme perdit un peu de son sourire devant l'expression machiavélique de son aîné et commença à craindre ce qui allait lui arriver.

  _ Alors, vérité ou défi ?

  _ Hum… vérité.

  _ Bien ! Depuis combien de temps étais-tu amoureux de Ginny ?

  _ PERCY !!!! S'écria la jeune fille.

  _ Bah quoi, j'ai le droit de demander, non ?

  Sa cadette ouvrit la bouche pour répliquer, mais la referma aussitôt, sachant qu'elle n'avait rien à redire, alors que près d'elle, Goyle était passé plus rouge qu'une écrevisse. Il jeta un petit coup d'œil timide à la jeune femme, se triturant les doigts, avant de finalement reporter son attention sur Percy et répondre doucement :

  _ Trois ans.

  _ Hein ?

  _ J'ai dit trois ans, répéta le jeune homme en baissant la tête.

  Tous, sauf Crabbe qui connaissait déjà la vérité, le dévisagèrent étonnés, même Ginny qui n'en revenait pas et ne put s'empêcher de lui sourire doucement. Sans même réaliser ce qu'elle faisait, elle lui releva alors doucement la tête, plongeant ses yeux dans les siens quelques instants, avant de finalement déposer doucement ses lèvres contre les siennes. Goyle lui répondit aussitôt et ils restèrent ainsi de longues secondes, sous les regards stupéfiés de leurs amis, avant que ceux-ci n'applaudissent finalement, heureux pour le nouveau couple.

  Les deux jeunes gens se séparèrent aussitôt, tous deux couleurs fushia, mais une immense expression de plaisir au visage.

  _ Okkkk, dit finalement Percy, à toi Goyle.

  Le jeune homme acquiesça et fit le tour de l'assemblée avant de finalement s'arrêter sur Fred qui n'aima pas, mais alors pas du tout le regard malicieux qu'il lui lança.

  _ Fred, dit-il. Vérité ou défi.

  _ Je crois que je vais prendre défi, répondit le jumeau voulant échapper à une nouvelle désastreuse révélation sur sa vie.

  Goyle se frotta les mains, visiblement ravi et grimaça à Crabbe qui savait déjà ce qu'il avait en tête.

  _ Bien, je te mets au défi d'embrasser Rogue sur la joue la prochaine fois que tu le verras et devant mon témoin ici présent, ponctua le jeune homme en désignant son frère d'arme.

  _ QUOI ? S'étouffa Fred.

  Tout le monde éclata de rire, alors que le pauvre garçon maugréait contre sa mauvaise fortune, sachant qu'il ne pourrait y couper et faisait signe d'un air résigné qu'il acceptait.

  Mais qu'est-ce qu'il avait fait pour mériter ça ?

  Soupirant, il se tourna alors vers Hermione, bien décidé à se venger.

  _ Action ou vérité ? Demanda-t-il de but en blanc.

  La jeune femme hésita quelques instants avant de dire :

  _ Vérité.

  _ Harry et toi avez déjà consumé votre relation ? Demanda-t-il le plus innocemment du monde.

  Hermione rougit aussitôt, alors que Potter lançait un regard chargé de menace, accompagné d'un petit grognement, au jeune homme qui se contenta de lui sourire comme si de rien n'était. Tout le monde pouffa plus où moins discrètement devant leur embarras, s'attirant eux aussi le regard foudroyant du sorcier qui eut plus pour effet d'augmenter leur fou rire que de les terrifier.

  Hermione jura dans sa barbe contre tous les Weslay en général pour les ennuis qu'ils lui causaient, avant de répondre d'une voix forte et assurée, de nouveau maîtresse d'elle-même et un petit sourire provocateur aux lèvres :

  _ Mais bien sûr !

  Toute la petite troupe grimaça son entendement et Harry se prit la tête entre les mains, se demandant ce qu'il faisait avec des pervers pareils.

  _ Et on peut savoir où ? Demanda Fred parti sur sa lancée.

  _ Tatata, une seule question, c'est la règle grand frère, lui rappela Ginny.

  _ Ne force pas ta chance, grogna Harry.

  Fred haussa les épaules.

  _ De toute façon, tu ne pourras pas me faire pire que ce que m'a demandé Goyle, alors…

  Une mimique de véritable dégoût passa sur son visage et Harry éclata de rire.

  _ Ne crois pas ça ! Je pourrais toujours te demander de lui rouler un patin.

  L'expression horrifiée qui passa sur les traits du jeune homme à ce moment là fut remarquable de vérité et tout le monde parti une nouvelle fois à rire.

  _ Ne t'en fait pas, Fred, souffla Harry entre deux hoquets. T'as peur aura suffit à payer ton audace. Je ne suis pas méchant à ce point là.

  Le jeune homme se détendit et ce fut au tour d'Hermione de poser la question fatidique.

  _ Ginny !Déclara-t-elle. Que choisis-tu ?

  _ Je crois que je vais prendre le défi.

  _ Ok, alors je te défis de ne pas toucher Goyle pour tout le reste de la journée.

  _ Hein ??? Mais c'est sadique ! S'exclamèrent en cœur les deux jeunes gens.

  _ Non, c'est juste ma petite vengeance pour m'avoir laissé patauger avec Harry.

  Ginny aurait voulu répliquer, mais il n'y avait rien à redire, ce n'était qu'un juste châtiment.

  _ Très bien, souffla-t-elle en s'écartant à contre cœur du jeune homme qui dut la laisser partir.

  Ils se regardèrent un long moment désespéré, mais se firent une raison et se contentèrent donc de rester le plus près possible l'un de l'autre. Après tout, ce n'était que pour quelques heures. Quelques terribles heures.

  _ Je ne te savais pas aussi rancunière, souffla Harry à l'oreille de sa compagne.

  _ Je ne le suis pas, mais ça lui apprendra à ne pas trop se mêler des affaires de cœur des autres, lui murmura-t-elle en retour. Et puis, j'annulerais mon défi d'ici une heure ou deux, juste le temps qu'elle comprenne.

  _ Là je te reconnais, lui répondit Harry en lui déposant un petit baiser sur le coup.

  _ EH ! Protesta Ginny. Ils ne devraient pas avoir le droit de faire ça devant nous.

  _ Tututu, Ginny, souligna Draco. C'est ton défi, pas le leur.

  _ Très bien, bouda la jeune femme. Puisque c'est comme ça, Draco, vérité ou action?

  Le jeune homme grogna contre lui-même et sa stupide grande bouche, avant de murmurer le mot « défi » et manquant complètement le sourire victorieux de la jeune femme, qui n'échappa pas au reste de la petite troupe.

  Ron déglutit péniblement devant l'expression de sa sœur, craignant presque pour la vie du jeune homme, alors que les autres devinaient sans mal ce qui allait se passer et en souriaient déjà d'avance.

  _ Bien, bien, bien. Je te mets au défi d'embrasser Ron sur la bouche et un vrai baiser, pas un petit smack de rien du tout, avec langue et tout !

  _ GINNY ! S'exclamèrent les deux garçons soudain plus rouge que des tomates.

  _ Y'a pas à discuter, déclara la jeune femme. C'est le défi !

  Draco et Ron se regardèrent quelques instants, très embarrassés, alors que tout le monde retenait son souffle, crispé, attendant enfin de voir le moment qu'ils cherchaient à provoquer depuis une semaine.

  Draco déglutit péniblement, son cœur battant dans sa poitrine si vite qu'il avait l'impression qu'il allait exploser.  Il ne pouvait pas faire ça… il ne pouvait pas faire ça ! Si jamais il l'embrassait… bon dieu, il n'était pas sûr de pouvoir s'arrêter.

  Mais à quoi pensait-il ? Bien sûr que si, il le pourrait, il suffirait de s'écarter. Ce n'était qu'un baiser après tout. Bon, d'accord, un vrai, mais quand même, c'était juste dans le cadre d'un défi, ça ne voulait rien dire.

  Vraiment ?

  Il n'en était pas si sûr. Il lui semblait presque que c'était tout ce qu'il avait toujours voulu.

  Je savais que c'était une mauvaise idée !!! Je le savais, je le savais !  Ron je suis désolé !

  Mais il ne pouvait pas reculer et puis, il se doutait que pour le jeune homme, cela n'aurait aucune signification. Ron ne saurait jamais ce qu'il pensait vraiment et qu'il osait tout juste s'avouer. Ca n'allait rien changer. Il en rirait même probablement d'ici quelques heures.

  Pourtant pour lui…

  Ayez pitié de moi ! Allez mon vieux Draco, courage !

  Inspirant profondément, il fit face à Ron et, fermant les yeux, se rapprocha doucement de lui jusqu'à toucher ses lèvres.

  Le rouquin qui avait gardé les yeux grands ouverts, le regarda se rapprocher, son souffle bloqué dans sa poitrine.

  Il n'allait pas… il… il ne fallait pas… il… il… oh, sainte mère, il était en train de l'embrasser.

  Sans même se rendre compte de ce qu'il faisait, il ouvrit instinctivement la bouche pour laisser le passage à Draco qui se mêla immédiatement à lui et perdit toute pensée cohérente. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il n'avait jamais rien ressenti d'aussi fort, que c'était tout ce dont il avait pu rêver. Il referma alors instinctivement ses bras sur le jeune homme, se lançant à corps perdu dans la bataille, explorant plus profondément les sensations qui s'insinuaient en lui et emportaient ses sens.

  Draco grogna légèrement en le sentant répondre, alors même qu'il s'apprêtait à s'écarter et sourit doucement lorsqu'il l'attira un peu plus à lui, soudain libéré de toutes ses peurs. Oubliant alors le monde autour, il se laissa guider par ses instincts, pour ne profiter que du simple plaisir de se sentir enfin complet.

  Les huit autres spectateurs se regardèrent tous d'un œil entendu en les voyant échangé plus qu'un simple objet de défi et soupirèrent de soulagement. Enfin, ils y étaient arrivés !

  Si ce n'avait été la crainte de déranger le couple perdu pour le reste du monde, ils se seraient probablement chaudement congratulés.

  Une bonne chose de faite, pensa Ginny.

***

  Remus frappa légèrement à la porte avant d'entrer dans la pièce. La salle était grande et confortablement meublée. Au centre se trouvait un large bureau de bois de merisier, recouvert de quelques dossiers parfaitement rangés et alignés, sous lequel courrait un tapis d'orient aux dominances carmin et or. Même couleurs qui recouvraient le canapé reposant contre le mur de droite et que les lourds rideaux qui paraient la large fenêtre qui lui faisait face. Une immense bibliothèque regorgeant de livres rares et puissants, ornait le mur de gauche et laissait filtrer une odeur assez agréable de vieux cuir.

  Ernst se tenait débout prêt de la fenêtre, les traits étrangement adoucis par la lumière qu'elle laissait filtrer. Il ne se retourna pas à son entrée.

  Il attendit alors patiemment que son ami lui accorde et son attention et finisse par se retourner, pour lui adresser un grand sourire.

  _ Que regardiez-vous ? S'enquit le magicien, intrigué de sa visible bonne humeur.

  _ Une scène très intéressante. Nous avons bien fait de les protéger.

  _ Enfin ?

  _ Et plus encore même.

  Remus sourit à son tour.

  _ Je ne crois pas que Rogue nous pardonnera jamais de l'avoir tellement accaparé.

  Ernst renifla tout juste à cette remarque.

  _ Nous ne pouvions pas le laisser savoir ce qui se passait, dieu sait ce qui se serait arrivé s'Il avait été au courant.

  Remus hocha la tête et se rapprocha de la fenêtre pour observer lui aussi la scène.

  _ Tout semble s'arranger, dit-il. Nous avons encore une chance.

  _ Ne crions pas trop vite victoire, Remus. Ponctua gravement son ami. Tant que nous n'aurons pas récupéré l' Aŀhŗan Nēhr rien ne sera gagner.

  _ Je sais, mais l'espoir est permis.

  _ Bien sûr, bien sûr, soupira gentiment son compagnon. Il est indispensable même. Mais avez-vous fait ce que je vous avais demandé ?

  _ Oui, elles sont toutes en place. Mais je ne sais pas si ce sera suffisant si…

  _ Elles tiendront, pas longtemps, peut-être deux jours tout au plus, mais elles tiendront et cela nous laissera au moins un peu de temps. Souhaitons juste que nous n'ayons jamais à les utiliser. Oh fait, n'avez-vous pas reçu une lettre ce matin ? Que dit-elle ?

   _ Pas grand chose, répondit le magicien. Il semblerait qu'ils aient retrouvé sa trace, mais il ne veut pas trop s'avancer.

  _ Rien d'autres ?

  _ Rien d'intéressant pour notre affaire.

  _ Je vois, sourit doucement Ernst en détectant un léger rougissement sur les joues de son compagnon. Il n'y a plus qu'à attendre alors.

  Il se retourna vers la fenêtre, observant à nouveau la scène qui se jouait un peu plus loin. Un instant de bonheur qui, si la chance était avec eux, ne verrait jamais sa fin. Mais alors même que cette pensée le traversait, un frisson glacial parcourut son échine et il eut la certitude que ses espoirs étaient vains.

  Un voile noir passa sur son regard et il sentit peut-être pour la première fois depuis bien longtemps, la peur naître dans son cœur.

***

  Il regarda le grimoire qu'il tenait entre les mains. Il lui fallait user de toute sa volonté pour ne pas trembler de joies et d'excitation.

  Il était enfin à lui ! Enfin, il avait le pouvoir !

  Bientôt les anciens temps pourrait renaître.

  Il ne lui manquait plus qu'une petite chose. Une toute petite chose et il pourrait entamer le Sãryl Rhreï. Il pourrait le ramener.

  Il était temps de retourner à Poulard.

A suivre…

Oukica une auteuse sadique ???