Titre : Ames Sœurs
Auteur : Aakanee
Genre : cruel
Base : Harry Potter
Notes : 1) comme je l'avais signalé un peu plus tôt et je me répète, ce n'est pas pour rien que cette fic est classé R, donc ceux que le sang, les entrailles, les chaires en lambeau et la torture dégoûtent, ne faites pas un pas de plus, ce chapitre et ceux qui vont suivre ne sont pas pour vous. Je n'ai aucune pitié pour mes perso et n'en aurait aucune à l'avenir, vous êtes prévenu.
2) pour ceux qui ne saurait pas, « Omea o Korosu » veut dire « je vais te tuer » en japonais et est l'expression préférée de Heero à l'encontre de Duo dans Gundam Wing. Quand à Ryo Saeba, il s'agit du fameux City Hunter ou Niky Larson si vous préférez (vade retro satanas aux infidèles qui ne connaisse pas ce coureur de jupon hilarant, je leur conseil immédiatement le manga et j'ai bien dit le manga, la BD quoi, pas le dessin animé).
3) pour certaine traduction, il faudra attendre le chapitre prochain, je peux pas tout vous dire quand même^^
4) cette histoire est complètement OOC à partir de maintenant, je ne connais entre autre pas grand chose de Sirius et Remus et des Maraudeurs, donc ne vous fier pas au bouquin, juste à mon imagination
5) il est interdit de tuer l'auteur tant qu'elle n'a pas terminé son histoire
voilà, maintenant, en selle… niark, niark, niark !!!
Ames Sœurs
Chapitre 11
Destinée Cruelle
Quelques heures.
Plus que quelques heures et tant de choses à faire encore. Tant de détails à organiser, à vérifier. Des détails préparés depuis si longtemps, appris et revu tant et tant de fois, comme s'il n'avait existé que cela tout au long de ces années. Tant de mots qui dansaient dans son esprit, laissant couler en lui une puissance qu'il s'était désespéré de retrouver, des espoirs qu'il croyait perdus. Enfin… enfin le jour était venu de les réaliser. Enfin le rêve de toute une vie, le travail de tant de génération avant lui, allait être accompli. Et cette fois, il n'y aurait personne pour se mettre en travers de son chemin.
Personne.
Et plus que quelques heures maintenant.
Malgré les lourds rideaux noirs et opaques qui couvraient les hautes fenêtres de la pièce, l'inondant d'obscurité, il savait qu'il ne faisait pas encore nuit. Il pouvait sentir les rayons pénétrant du soleil percer l'épais tissu pour venir presque brûler sa peau. Il attendait le crépuscule, le voulait, le désirait plus qu'autre chose, languissant de pouvoir sentir couler sur son corps sa fraîcheur mortelle. Pourtant, il savait qu'il ne viendrait avant plusieurs heures encore et qu'il lui faudrait affronter la rudesse du soleil bien avant de le voir glisser sur lui.
Oui, il lui restait tant de choses à faire.
Mais avant, il souhaitait profiter encore un peu de la tranquille horreur du spectacle qui s'offrait à son regard. Il ne pouvait se lasser de voir danser les flammes devant lui, brûlant lentement sur les pierres noires et anguleuses de la cheminée, léchant les derniers restes d'un sang qui les avait nourrit. Leur teinte bleu vert se reflétait à peine et n'éclairait rien de la pièce dans laquelle il reposait, confortablement assis dans son fauteuil, les bras posés avec possessivité sur un grimoire enchâssé d'or et de cuir carmin. Rien si ce n'était peut-être les traces sanglantes qu'il n'avait pas consumées et qui paraît le devant du foyer de leur couleur rubis et gluante, ultime preuve de la vie qui s'était évanouie ici, servant de bûcher à ces flammes ténébreuses.
Il écarta un instant son regard du feu pour le porter sur le petit flacon de cristal qui reposait sur la table près de lui et prit délicatement l'objet de dix centimètres à peine qui contenait le précieux liquide qu'il y avait déposé. Moins précieux certes que celui qu'il conservait dans l'écrin de bois poser sur son bureau, mais tout aussi indispensable.
Il le porta un instant devant son regard et, faisant jouer sur ses pupilles sa couleur carmine, laissa naître à ses lèvres un léger sourire satisfait.
Même couleur qui paraît encore ses longs doigts effilés.
Il l'agita un peu, faisant tanguer légèrement son contenu aussi transparent et pur qu'un rubis, comme une perle de vin dont on se languissait de goûter le bouquet. Il reposa alors le petit flacon, prenant bien garde de ne pas risquer de le renverser par un geste malheureux et, alors que d'une main, il caressait négligemment la couverture lisse du grimoire, il amena l'autre à ses lèvres et d'un geste lent, presque gracieux, tel un chat, commença à lécher le liquide déjà à moitié coaguler qui poissait ses doigts. Son goût cuivré fondit immédiatement sur sa langue, pour couler doucement dans sa gorge et le faire frémir de délice. Il se délecta alors plus fiévreusement encore de sa peau, répugnant à laisser seulement échapper à son appétit une seule goutte de la précieuse substance, teintant ses lèvres de carmin dans son empressement.
Lorsqu'il ne resta plus aucune trace du liquide sur sa main, grognant presque de dépit, il laissa sa langue jouer sur ses muqueuses encore gorgées, dans un geste provocateur pour quiconque aurait pu l'observer. Ses yeux brillaient désormais d'une teinte étrangement proche des flammes qui se consumaient dans l'âtre, reflet de ce qui aurait pu être jugé folie, mais qui étaient désormais maîtres d'un destin bien plus tragique.
D'une nouvelle ère.
Il resta encore un long moment ainsi immobile, avant que les derniers souffles du feu n'évoluent à son regard pour mourir finalement, retournant, enfant du néant, à sa mère de ténèbres. La dernière source de lumière de la pièce se tarit avec lui et elle sembla se désintégré pour ne plus laisser que le vide d'une nuit sans fin.
Il se leva alors, nullement dérangé par cette obscurité et se déplaça lentement jusqu'à son bureau pour en prendre l'écrin qui reposait dessus. Sa robe évasée à ses pieds, glissa sur le parquet parfaitement ciré, le balayant d'un son pendulaire et discret de friselis. Il se saisit du coffret d'acajou lisse et froid et l'ouvrit délicatement, exposant à sa vue son intérieur de velours rouge étrangement éclairé par le flacon central qui laissait échapper une légère lueur. Une autre fiole de pur cristal finement taillé y reposait également, jumelle de celle qu'il avait laissée sur son guéridon, mais vide.
Il le porta alors avec milles précautions jusqu'à la petite table, pour y glisser le dernier flacon, avant de le refermer et d'en tourner la clé qui scellait le sort de protection. Il glissa le petit objet d'argent qui reposait sur une chaîne, à son cou et, tirant un cordon de soie noire, appela finalement un de ses serviteurs.
Il n'eut pas longtemps à attendre avant que deux coups légers ne soient portés à sa porte et qu'il ne lui ordonne d'entrer. L'être se glissa aussitôt à l'intérieur, laissant un fin faisceau de lumière l'accompagner, pour venir rapidement allumer les différentes bougies qui ornaient la pièce. Ses dernières éclairèrent aussitôt son visage gobelin et défiguré d'une cicatrice transverse qui semblait littéralement le couper en deux, punition d'un ordre mal exécuté. Ses mains, pourtant tremblantes, accomplirent habillement leur travail, alors qu'il gardait son regard vitreux respectueusement baissé au sol.
Il était pauvrement vêtu, à peine quelques guenilles sales et déchirés qui laissaient voir les marques profondes qui zébraient son dos et ses flancs. Pourtant, il ne protestait pas, les coups qu'il avait reçus, il le savait, n'étaient que caresses comparés à ce qu'il avait déjà vu infliger. Et c'est parce qu'il n'avait pas voulu participer à cette triste mascarade qu'il avait reçu ce châtiment. Il haïssait son maître et avait beaucoup à se plaindre de lui, mais jamais ces marques ne feraient partis de ses griefs. Cette souffrance était sa fierté, un peu d'une torture inhumaine qu'il avait pris sur lui pour soulager, au moins pour un temps, une âme bien plus meurtrie. Comme il aurait voulu pouvoir fuir cependant cette maison, mais il ne pouvait pas. Pas encore. Mais un jour prochain, peut-être…
Bientôt, la pièce entière sembla renaître des ténèbres, laissant à nouveau voir l'immense bibliothèque couverte de livres, l'étrange mappemonde de cuivre et de bois qui ne dessinait rien des continents connus et le pendule lunaire qui avait stoppé sa course en attendant les premiers rayons de l'astre nocturne. Il y avait aussi les chaînes et anneaux de fer qui pendaient autrefois au mur et reposaient maintenant sur le bureau, et tant d'autres choses encore, témoins de dizaines d'années de recherches, de travaux et d'apprentissages.
Le maître des lieux laissa son regard se promener encore quelques instants sur son univers, sur ses créations, presque nostalgique.
Au sol, les ébauches d'un pentacle partiellement dissimulé par un tapis, au mur, les traces sanglantes de mois de tortures et dans l'âtre, les restes de ce qui avait un jour été un bébé. Un petit être innocent dont il avait pris plaisir à déchirer la gorge de ses mains pour en recueillir de sang.
Rheï Alrăhr…
Il pouvait encore sentir sous ses doigts sa peau céder doucement, exposant ses chaires délicates et gorgées de vie. Il pouvait encore entendre à ses oreilles ses cris désespérés, ses appels à une vie qu'il savait le quitter. Il pouvait encore goûter son sang délicatement parfumé de cette pureté que seuls les nouveau-nés possédaient.
Une offrande.
Un paiement comme en reçoit le Passeur de Morts pour mener les âmes jusqu'à l'autre rive.
La première pierre sur le chemin de la destiné.
Se saisissant de la sacoche de cuir qui reposait prêt de son fauteuil, il la passa rapidement en bandoulière sur ses épaules, après y avoir déposé l'écrin et, alors que son serviteur s'évertuait encore à allumer les derniers cierges, il glissa la capuche de sa robe sur sa tête, plongeant son visage dans son obscurité d'où seul son regard pouvait percer.
Il se tourna alors vers le Gobelin.
_ Le jour est arrivé, Gohr. Souffla-t-il. Il est temps de découvrir l'Oryale.
L'être sentit un long frisson parcourir aussitôt son échine à peine le nom prononcé et faillit relever brusquement la tête.
L'Oryale ?
Ainsi ce qu'il avait glissé dans sa sacoche…
Ses yeux s'agrandirent d'horreur.
Non, ce ne pouvait pas… Pas déjà… ! Il n'avait rien vu, rien suspecté, comment… ? Et mon dieu, il ne pourrait jamais les prévenir à temps ! Il allait être obligé de le suivre, jusqu'à ce qu'il ne parte… et… Non !!!! C'était impossible ! Ils n'étaient pas prêts, ils ne savaient pas ! Ils ne savaient Pas !
Ses mains se mirent à trembler si fort qu'il faillit lâcher la flamme qu'il tenait et, oubliant toute prudence, releva sur son maître ses yeux noirs et perdus. Celui-ci ne s'intéressait déjà plus à lui, occupé à rassembler les quelques éléments dont il aurait besoin.
Il recula d'un pas, terrifié.
Mais comment… ? Il lui manquait toujours l' Aŀhŗan Nēhr, il…
Presque affolé, il avait laissé son regard se perdre sur le guéridon et ce qu'il y vit alors le fit presque défaillir.
Ils avaient échoué !
Ils. Avaient. Echoué.
Ils ne L'avaient pas récupéré.
IL était en sa possession.
Il regarda la cheminé où demeuraient les traces de sang, il regarda le mûr d'où les chaînes avaient disparues et ses yeux se portèrent à nouveau sur le guéridon dont son maître retirait le livre et le poignard d'argent et de corne qui s'y trouvaient jusqu'à présent. Il lui sembla presque que son univers venait de se désintégrer devant lui.
IL était en sa possession.
Et il allait ouvrir l'Oryale.
Tout était perdu.
***
Draco s'assit rapidement à la table d'étude, immédiatement suivit de Ron qui prit place à côté de lui, l'air de rien, ainsi que de Goyle et Ginny. Les deux couples se grimacèrent un sourire entendu et soulagé, avant de se plonger respectivement dans leurs livres. Ils avaient choisit la table la plus à l'écart de la bibliothèque, perdue dans un recoin sombre d'une chicane dans le mur de pierre froide, pour se protéger des regards indiscrets. Harry, Hermione et Crabbe ne tarderaient pas à les rejoindre, une fois qu'ils seraient parvenus à se défaire de Rogue qui avait failli les surprendre.
Un peu trop empressé après une journée passée à se battre froid pour sauvegarder les apparences, les quatre jeunes gens avaient abandonné toute prudence une fois les cours terminés et, se croyant à l'abri des regards inquisiteurs, avaient décidé de rattraper les longues heures écoulées. Malheureusement, ils avaient oublié que Rogue n'avait pas encore regagné son bureau et il s'en était fallu de peu pour qu'il ne les surprenne.
Merci à Crabbe qui l'avait vu approcher et Harry et Hermione qui avaient alors sortis le grand jeu pour détourner son attention. La claque que la jeune femme avait administré à son compagnon, avant de crier ses grands dieux sa jalousie pour un baiser qui n'avait jamais existé, avait été tellement convaincante, que les jeunes gens n'étaient pas sûrs que Harry n'en garderaient pas réellement une marque.
Ils avaient alors poursuivit leur bruyante querelle amoureuse sous le regard d'un Rogue perdu, partagé entre l'énervement et l'impuissance face à une situation qu'il n'avait visiblement jamais eue à gérer, pour leur permettre de se sauver en douce, gloussant devant la mine de leur pauvre professeur.
Ils n'étaient pas prêt d'oublier son expression et étaient bien sûrs qu'elle alimenterait bien des histoires encore.
Draco grimaça un sourire vengeur à cette idée, avant de lancer un petit regard en coin à son compagnon qui semblait complètement perdu dans sa lecture à présent. Son sourire se fit plus doux, mais plus taquin aussi et il glissa discrètement une main sous la table pour venir titiller le flanc du jeune rouquin qui sursauta aussitôt, ravalant tout juste un cri de protestation.
Goyle et Ginny relevèrent immédiatement la tête pour voir son regard furieux braquer sur un Malfoy mort de rire.
_ Draco… Grogna-t-il.
_ Oui ? Demanda innocemment ce dernier entre deux hoquets.
_ Omea o korosu !
_ Arghhhh !!! Mima le blond en posant une main sur son cœur, comme s'il venait de le tuer. Tous à terre, le glaçon est arrivé !!!
_ Moi je ne trouve pas qu'il ressemble à Heero, murmura Ginny à son compagnon d'un ton complice.
_ Vrai, répondit le jeune homme en souriant, vu son enthousiasme à sauter sur Draco, il me ferait plutôt penser à Duo.
_ Nan, je dirais un Ryo Saeba tourner shonen ai, ponctua la jeune femme.
_ GINNY ! S'exclama son frère en tournant pivoine.
_ Bah quoi ?
Draco, toujours effondré, attira le jeune rouquin ronchonnant contre lui pour l'asseoir sur ses genoux, avant de placer un petit baiser dans son cou. Puis, il tourna un regard amusé vers sa sœur pour lui souffler dans un clin d'œil.
_ Malheureusement, je crois que cette ressemblance s'appliquerait plutôt à moi !
_ Vraiment ? S'enquit aussitôt la jeune femme. On peut s'avoir ?
_ Si tu me racontes aussi.
_ Deal !
_ DRACO !
_ GINNY !
S'exclamèrent leurs deux compagnons en même temps, visiblement peu enclin à voir étalé leur intimité avec tant de désinvolture. Bien sûr, après tout juste une semaine passée depuis qu'ils s'étaient mis ensemble, il savait qu'il n'y avait pas encore grand chose à raconter, mais tout de même.
Le bond et son amie s'échangèrent un regard plein de promesses quant à de futures discussions, avant d'exploser de rire devant la mine affolée et suppliante de leur moitié respective.
Ginny déposa finalement un rapide baiser sur la joue de son compagnon pour se faire pardonner, alors que Draco resserrait un peu plus son étreinte sur la taille de Ron pour le coller à lui. Une de ses mains vint caresser doucement son flanc taquiné un peu plus tôt et Weslay oublia bien vite ses griefs sous ce geste tendre. Il laissa sa tête venir se loger au creux du cou de son compagnon, ronronnant presque de plaisir.
Tout cela lui semblait quasi irréel. Presque trop beau pour être vrai.
Il se souvenait encore du premier baiser qu'ils avaient échangé une semaine plus tôt. Il ne s'était pas vraiment rendu compte de ce qu'il faisait, complètement perdu dans son plaisir, avant que le souffle ne vienne à lui manquer. Trois choses avaient alors traversé son esprit. La première, fut qu'il était réellement en train d'embrasser Draco, un garçon (pas que cela le dérange particulièrement pour sa part), mais surtout son pire ennemi, puis son meilleur ami et que ce n'était pas une réponse à un défi, pas un petit smack de rien du tout, mais un vrai baiser, avec tout ce qui va avec. La deuxième, fut que le blondinet embrassait sacrément bien, mieux que cela même et qu'il n'était pas sûr de vouloir abandonner ses lèvres. La troisième enfin et la plus terrifiante, fut qu'il était en train de faire son coming out devant tous ses amis.
Toutes les craintes qu'il aurait pu avoir quant aux réactions de Draco, s'étaient évanouies lorsque le jeune homme n'avait pas hésité à prolonger leur étreinte, allant même un peu plus loin, alors qu'il sentait une main se glisser dans un repli de sa robe pour venir doucement caresser sa peau. Tendresse qu'il lui avait d'ailleurs rendue sans vraiment sans rendre compte. Il avait alors réalisé dans un sourire que ses sentiments étaient partagés et que le jeune homme avait visiblement désiré la même chose que lui depuis bien longtemps, même s'ils venaient seulement de comprendre leur désir.
Par contre, même en connaissant leur plan, il n'avait pu s'empêcher de craindre la réaction de leurs amis et, lorsqu'était venu le temps de se séparer pour reprendre leur souffle, il s'était rapidement écarté, les joues enflammées, hésitant à lever sur eux ses yeux. Son regard avait rapidement croisé celui de Draco, y lisant la même appréhension et ils avaient rassemblé leur courage l'un dans l'autre pour les affronter.
Ils s'étaient finalement retrouvés face à huit visages souriant follement, au point qu'ils semblaient presque prêts à se déchirer et ils s'étaient sentis soulagé plus qu'ils ne seraient jamais capables de le dire.
Un concert d'applaudissement avait alors retenti et, rassurés, les deux tourtereaux n'avaient pas attendu d'autres permissions pour se perdre à nouveau l'un dans l'autre.
Mais le plus doux moment avait été celui où Draco avait prononcé doucement à son oreille les quatre mots qu'il avait toujours rêvés d'entendre.
« _ Je t'aime, Ron. »
Il se souvenait lui avoir sourit et l'avoir serré contre lui, respirant son parfum de noix de coco avant de lui répondre gentiment :
« _ Moi aussi Draco, moi aussi. »
Les applaudissements s'étaient fait plus forts encore à ce moment là et il avait tous deux rougis jusqu'aux oreilles. Il était même pratiquement sûr d'avoir vu Ginny pleurer de joie, mais Goyle, qui l'avait bien vite pris dans ses bras, ne lui avait pas permis d'en être absolument certain.
Ron avait encore un peu de mal parfois à réaliser que leurs amis pouvaient être aussi compréhensifs. L'homosexualité (quoi que les deux garçons se considéraient plutôt bi, du à d'antérieures attractions pour la gente féminine) restait un sujet tabou et il savait qu'il était facile d'être dénigrés, voire haïs pour leur préférence sexuelle. L'intolérance était monnaie plus courante qu'il n'y paraissait et beaucoup de personnes semblaient incapables d'accepter l'existence de ces sentiments. Ce n'était pourtant rien d'autre que de l'amour et du désir et personnellement, il ne se sentait pas différent parce qu'il aimait un garçon. Il ne se sentait pas moins homme.
Heureusement, leur petit groupe était ouvert et bienveillant et constituait un cocon protecteur face au reste du monde. Certaines personnes comprendraient, d'autres non et quand ces dernières seraient trop nombreuses, il savait qu'il y aurait toujours une personne au moins pour les comprendre et les écouter.
_ EH ! Vous êtes dans une bibliothèque ici, vous pourriez avoir un peu plus de tenu !!
La voix amusée de Harry sortit Ron de ses pensées et il releva aussitôt la tête pour grimacer un sourire au jeune homme dressé devant lui, une main passé autour de la taille de sa compagne, tout aussi souriante. Crabbe avait déjà pris place près de son meilleur ami et lui racontait visiblement la fin de l'aventure au vu des regards enjoués qu'il échangeait avec Ginny et Goyle.
_ Une bibliothèque ? Dit bêtement Ron. Vraiment ??? Je n'avais pas vu ! Et toi ? Demanda-t-il en se tournant vers Draco.
_ Une bibliothèque ! S'exclama le jeune homme. Quelle horreur ! Ron nous sommes impardonnables.
_ Je crois aussi, mais je connais un moyen de nous rattraper !
_ Vraiment ?
_ Hunhun !
Et avant même que le blond ait eu le temps de réagir, Ron s'était retourné et avait capturé ses lèvres en une étreinte fougueuse qu'il accueillit avec joie. Tellement fougueuse d'ailleurs que la chaise n'y résista pas. Emportée vers l'arrière par l'élan du jeune homme, elle entraîna les deux garçons avec elle, avant de se renverser par terre dans un bruit fracassant qui attira l'attention de toute la bibliothèque.
Mort de rire autant du fait de leur audace que des mines rouges de hontes et d'amusement de leur camardes, ils se séparèrent bien vite avant d'être surpris et eurent tout juste le temps de se masquer d'une expression furieuse et haineuse avant que la bibliothécaire n'arrive.
_ Que se passe-t-il ? Demanda-t-elle en dévisageant les deux jeunes gens qui semblaient se lancer des regards furieux.
_ Rien, dit Harry. Ne vous en faite pas. Juste une chaise malencontreusement renversée, il n'y a pas eu de mal et il n'y a pas de quoi s'affoler.
La femme, une sorcière aigrie et bégueule lui lança un regard dédaigneux et hautain qui clamait haut et fort qu'elle ne croyait pas un seul instant à son histoire, mais elle ne le releva cependant pas ouvertement. Il était après tout, Harry Potter, le jeune prodige, celui qui avait réussi à détruire définitivement Voldemort, une des plus grandes personnalités de cette école. Elle se contenta donc de renifler d'un air féroce avant de dire d'un ton qui ne souffrait pas de réplique :
_ Vous êtes ici dans une bibliothèque ! Sachez-vous tenir plus correctement à l'avenir.
_ Oui, Madame, répondirent en cœur le petit groupe, un air presque angélique sur le visage qui se changea en un tirage de langues général lorsqu'elle se retourna.
Les autres élèves qui étaient venu voir de quoi il retournait ricanèrent doucement, avant qu'elle ne les envoie regagner leur place d'un coup d'œil furieux.
Oubliant complètement de maintenir l'illusion, Ron et Draco s'échangèrent un regard complice avant de se serrer la main, dissimulant mal leur amusant et s'attirant l'étonnement de plusieurs élèves qui, plus lents à partir, assistèrent à la scène.
_ Oups ! Grimaça Ron.
_ Double oups ! Renchérit Draco, une mine plus sombre sur le visage.
Comprenant parfaitement son inquiétude, Harry lui lança un sourire rassurant avant de rapidement rattraper le petit groupe qui jasait déjà.
_ Ne t'en fait pas, lui dit Hermione. Il va arranger ça.
Le jeune homme, pas vraiment rassuré, acquiesça néanmoins, soutenu par Ron qui lui pris gentiment la main. Il savait qu'il venait de faire une erreur grave, il espérait seulement qu'elle ne remontrait jamais jusqu'aux oreilles de Rogue et encore moins à celles de son père.
Tentant de chasser sans vraiment y parvenir, la peur qui lui tordait à nouveau l'estomac, toute joie envolée, il retourna s'asseoir, après avoir redressé sa chaise et se plongea dans son livre de cours, ignorant les regards désolés de ses amis. Pourtant, son attention ne se fixa pas un seul instant sur les lignes qui dansaient à son regard, mais sur les souvenirs qui venaient encore le tourmenter chaque nuit. Il semblait tout juste avoir trouver le bonheur et celui était maintenant menacer par sa faute.
Gravement menacer.
Pourquoi fallait-il toujours qu'il détruise tout autour de lui ?
Il eut soudain très peur pour Ron, pour ce que son père pourrait lui faire et ne put empêcher un frisson de remonter sa colonne.
Le jeune homme qui avait apparemment compris sa détresse, posa une main rassurante sur son bras.
Si seulement ce simple contact pouvait suffire.
Si seulement.
***
Ses pieds se posèrent sur les pierres grises et lisses du parterre de la tour, alors que les dernières volutes de magie qui l'entouraient se dispersaient lentement, comme essaimés part le vent en million de particules pailletées d'or et de cuivre. Il leva une main pour caresser ces vestiges diaprés aux couleurs du soleil couchant et tourna son regard vers l'horizon pour voir le crépuscule éteindre ses derniers rayons. L'astre éblouissant n'était plus qu'une mince ligne de feu noyée dans la pénombre qui commençaient déjà à le submerger. La nuit avait presque entièrement gagné son opposé, voile de soie bleu profond charriant des milliers d'étoiles plus ou moins brillantes. Mais il manquait à ce spectacle la reine lune, qui n'apparaîtrait pas ce soir, laissant aux ténèbres le soin, pour quelques heures, de gagner la terre entière.
Une nuit où chimère et réalité se mêlerait pour ne plus jamais se scinder.
Le dernier rayon du soleil disparut à l'horizon et un petit sourire, caché dans l'ombre de sa capuche, effleura ses lèvres. Enfin il était à lui, ce crépuscule.
Il fit lentement un pas, laissant le dernier souffle de vent frais de ce début de nuit charrier ses senteurs sauvages à son visage, des senteurs étrangement épicés : mandragore, branchiflore. Des parfums de magie et de mystère qui semblaient peu à peu envahir l'air environnant, se préparant à accueillir la vie qui renaîtrait cette nuit.
Son sourire se fit plus franc, lorsqu'il observa les proximités océanes qui longeaient l'enceinte de l'établissement. Le sort marchait parfaitement. Il pouvait voir la barrière invisible qui se dressait maintenant, arrêter les vagues déferlantes avant qu'elle n'ait pu atteindre le pied de la falaise. Mais plus qu'une protection contre les éléments déchaînés de la nature, elle les empêcherait de pénétrer, Le protégeant de leur attaque le temps qu'il retrouve toute sa puissance. Lui laissant plusieurs heures pour se nourrire de ce pouvoir dont il aurait tant besoin.
Son regard se perdit à nouveau sur l'horizon où plus aucune flamme ne venait brûler la pénombre nocturne et il avança lentement vers la porte de la tour.
Il était temps de commencer.
Il ne lui manquait plus que deux toutes petites choses et tout pourrait enfin prendre place, mais pour cela il devait encore se faire discret, au moins pour un temps. Il savait parfaitement qu'ils étaient là, à le surveiller, croyant bien à tord leur espion non démasqué. Mais ce dernier avait déjà payé de sa vie son audace. La pauvre créature avait rejoint depuis longtemps la poussière, donnant bien malgré elle son existence à la réussite de son plan. Si seulement il avait su !
Un petit rire ironique passa ses lèvres aux souvenirs de l'horreur qui avait gagné son regard lorsqu'il avait compris ce qui allait se passer. Lorsqu'il avait su qu'il avait à son tour échoué et que pire même, il lui permettait d'amorcer le Sãryl Rhreï, comme ces pauvres imbéciles qui avait cru pouvoir l'empêcher de récupérer l' Aŀhŗan Nēhr.
Comme c'est dommage Ronald, tu as perdu un de tes meilleurs éléments, ta meilleure équipe et tu m'as offert ce que je recherchais depuis si longtemps. Me croyais-tu à ce point stupide pour ne pas connaître vos intentions. J'ai cru perdre ma meilleure chance il y a quelques années, mais vous m'en avez offert une seconde à votre corps défendant. Je n'échouerais pas cette fois. Personne ne pourra me contrer, pas même Harry. Il n'est rien, il sera écrasé avant même d'avoir pu prononcer une parole, comme vous tous.
Son rire se fit plus fort et sombre, résonnant sur les contreforts plongés de ténèbres et semblant pénétrer l'école par chaque ouverture, chaque petit interstice qui lui était offert. Toute la population de Poulard frémit sans le vouloir à ce même instant et si la plupart ne s'en soucièrent pas, quelques-uns uns s'en inquiétèrent à raison, mais sans encore réaliser toute la portée de sa signification.
Il ouvrit sans effort le lourd panneau de bois qui le séparait de l'intérieur chauffé et tranquille de l'établissement, brisant avec facilité les quelques barrières dressées et y pénétrant lentement. Sa robe frotta silencieusement les marches de bois de l'escalier qui entreprit de descendre et la porte se referma doucement derrière lui.
Avec lui, un air vicier et corrompu se faufila, presque palpable de haine et de désir de vengeance.
Mon enfant, pensa-t-il, ton destin t'attend.
***
Il fit encore un pas hésitant, vacillant douloureusement sur ses jambes, avant de s'appuyer contre le tronc d'un arbre et d'inspirer profondément. Chaque goulée d'air qui entrait dans ses poumons était autant de pics effilés qui semblaient les transpercer et les brûler et il eut à peine la force de demeurer debout.
Il pouvait sentir son sang couler lentement le long de sa joue, de la profonde estafilade qui marquait sa tempe droite. Il gouttait lentement, réchauffant sa peau glacée, noyant son regard d'une teinte lie de vin qui le rendait presque aveugle. Combien d'autres plaies parcourraient encore ainsi son corps, il n'en était pas sûr. Trop probablement. Beaucoup trop.
Chaque pas se faisait plus pénible que le précédent à mesure que ses forces le quittaient au rythme de ses saignements. Il était même possible qu'une hémorragie soit en train de le tuer pour ce qu'il en savait. Il avait plusieurs côtes cassées qui le torturait à chaque mouvement et apparemment une épaule disloquée. Ses vêtements étaient lacérés en plusieurs endroit là où les lames d'énergie avaient coupé profondément ses chaires et étaient gorgés de sa vie.
Son chemin était tracé d'une traînée sanglante qui grandissait un peu plus à chaque pas.
Une vague de nausée passa lentement, lui ôtant un peu plus de force et il se sentit pendant quelques instants bien trop proche de l'évanouissement. Mais il ne devait pas perdre connaissance. Pas maintenant. Pas tant qu'il n'aurait pas atteint l'école.
Il devait continuer.
Il se redressa, ignorant les plaintes douloureuses de ses muscles malmenés et reprit lentement sa progression, un pas après l'autre, avec pour seul pensée : avancer. Une litanie qui courrait sur sa langue et semblait seule résonner dans les profondeurs de la forêt.
Avancer.
Encore.
Un pas.
Et un autre.
Oublier la souffrance, oublier la fatigue qui fermait son regard, oublier la certitude du réconfort que les ténèbres pourraient lui offrir et avancer toujours un peu plus.
Il aurait voulu pouvoir utiliser la magie, laisser les mots qu'il connaissait depuis si longtemps rouler sur sa langue, mais ils s'embrouillaient dans le flou de ses pensées, se mélangeant sans qu'il soit incapable de les séparer.
C'est à peine s'il se rappelait encore pourquoi il devait continuer.
Il savait juste qu'il devait avancer.
Il suivait une petite boule de lumière qu'il n'était même pas sûr d'avoir lui-même créée et qui éclairait suffisamment son chemin, alors que la nuit avançait déjà ses ombres sur toute l'étendue boisée. Elle ressemblait à une petite luciole à la lueur pâle et diffuse qui semblait s'amenuiser à mesure qu'il s'épuisait. Combien de temps encore avant qu'elle ne disparaisse ? Combien de temps encore avant qu'il ne succombe à la souffrance ?
Plus qu'il n'en avait besoin, pria-t-il silencieusement.
Il marcha soudain sur un parterre de feuilles mortes qui se déroba sous ses pieds, entraînant son poids presque mort sans qu'il n'ait la force de se rattraper et il roula à terre, dévalant sur le flanc une petite pente de presque quinze mètres. Un cri de douloureuse agonie lui échappa et sa vision se ferma pendant quelques instants.
Lorsqu'il rouvrit son regard, il ne sut pas combien de temps s'était écoulé. Il semblait allongé sur la terre meuble et humide, le dos appuyer contre le maigre bosquet de buissons qui l'avait arrêté. La lumière avait disparu, fanée au moment même où son regard s'était éteint, mais il pouvait voir maintenant se dresser devant lui une barrière d'énergie qui se fondit rapidement dans l'obscurité.
Presque certain d'avoir rêver cette étrange vision, il parvint à lever une main tremblante qui alla lentement à la rencontre de la surface lisse. A peine l'eut-il touché qu'elle se mit à briller légèrement d'azur..
Une enceinte de protection… puissante… très puissante.
Il sentit son cœur manquer un battement.
Cela ne pouvait dire qu'une chose, il était déjà sur place.
Puisant dans ses dernières forces et ignorant la souffrance, il parvint à se relever, secrètement soulagé d'avoir passé la barrière avant qu'elle ne soit dressée. Il se retourna alors lentement pour constater que l'école n'était plus qu'à quelques centaines de mètres.
Tout n'était pas encore perdu.
***
Les couloirs étaient tous plongés d'obscurité et même la lumière des étoiles semblaient incapable de percer les carreaux des hautes fenêtres qui courraient tout du long. Il pouvait néanmoins distinguer sans mal chaque obstacle, chaque porte, chaque piler alors qu'il avançait silencieusement, tel un fantôme hantant une vieille demeure victorienne.
Sa main gauche reposait sur sa sacoche de cuir, caressant inconsciemment le sceau d'étain incruster dans la peau lisse et parfaitement travaillée, alors que la droite froissait doucement le satin de sa robe dans un mouvement pendulaire parfaitement synchrone à ses propres pas.
Il se déplaçait avec la grâce des félins, possédant aussi bien leur agilité que leur regard perçant et étrangement brillant, espérant gagner au plus vite l'aile où demeurait son unique chance.
Il se trouvait pour l'instant dans la partie réservée aux classes d'où il pouvait encore parfois sentir s'échapper des résidus de magie.
Il passa soudain devant une porte ouverte, prêtant à peine attention aux contours sombres des bureaux qu'il y distingua et eut tout juste le temps de faire quelques pas avant d'entendre retentir derrière lui un feulement menaçant.
Un petit sourire ourla ses lèvres et il se retourna aussitôt pour faire face au pauvre animal qui ébouriffa ses poils autant par menace que par peur. Un petit grognement échappa de la gueule bardée de crocs qui s'éteignit bien vite face à celui, beaucoup plus rauque et dangereux, de son adversaire. La chatte poussa alors un petit miaulement de dépit, comprenant son erreur, qui se changea presque aussitôt en un râle d'agonie, quand qu'un craquement sinistre retentit dans les couloirs.
Elle n'avait eu aucune chance.
La bête s'écroula aussitôt à terre, secouer de spasmes et la cage thoracique broyée, un petit filet de sang coulant de son museau au regard maintenant voilé. Il fallut à peine plus de quelques seconde avant que la mort ne vienne la prendre et abrège une souffrance inutile. Il y eut un dernier raclement de ses griffes sur le tapis épais qui recouvrait en partie le sol et puis, juste le silence.
Un silence bien vite rompu par un appel inquiet.
_ Miss Teigne ?
Rusard ! Grimaça aussitôt avec amusement la silhouette encapuchonnée.
Elle vit le vieux fureteur approché avant même qu'il n'ait gagné la porte et ne lui laissa pas le temps de crier, ni d'avoir peur, le saisissant violemment à la gorge pour le plaquer avec une facilité déconcertante contre le mur. Il pesait son poids et pourtant son agresseur semblait l'avoir soulever avec autant de facilité qu'un petit sac de plume.
Rusard perdit aussitôt son souffle lorsque son dos entra en contact avec la roche et lâcha la lampe qu'il tenait à la main pour ouvrir de grands yeux horrifiés lorsque celle-ci roula jusqu'au corps inerte et à moitié écrasé de sa chatte. A peine plus qu'un gémissement s'échappa de ses lèvres, pathétique plainte de tristesse et de terreur mêlée et il reporta lentement son attention sur son agresseur dont il ne distingua qui les pupilles glacées. Un long frisson le parcourut violemment à ce moment et le reste ne fut alors plus que douleur telle qu'il n'en avait jamais goûté.
Une force incroyable écrasa sa cage thoracique d'une pression lentement calculée, faisant craquer une à une chacune de ses côtes pour les faire s'enfoncer profondément dans ses chaires. Il aurait hurlé de douleur, s'il n'avait pas eu cette main étrangement douce bloquant tous sons dans sa gorge, et même plus encore, lorsqu'il sentit la première côte perforer son poumon. Un gargouillis inaudible et sanglant passa ses lèvres lorsque la deuxième ne tarda pas à suivre, lui ôtant presque tout ce qui lui restait de conscience. Il eut cependant le malheur de sentir, au-delà de la simple souffrance, une troisième pointe effilée pénétrer son péricarde et forcer son passage jusqu'au cœur. Une convulsion arqua son dos lorsqu'elle s'y introduisit, l'enfonçant encore plus profondément et ses yeux se révulsèrent alors que son corps entier était pris de tremblements. Un flot carmin s'échappa de sa bouche et il eut soudain conscience qu'il n'avait même pas essayer de se débattre. Mais cette idée n'eut pas le temps faire ses ravages dans son esprit. A peine fut-elle formée que son dernier souffle franchit ses lèvres bleuies et que son corps cessa de s'agiter.
Il le lâcha presque immédiatement, quelque peu irrité que son agonie n'ait pas duré plus longtemps, mais se fit une raison et, se détournant, reprit lentement son chemin ne prenant pas garde à effacer les gouttes de sang qui tâchait sa robe et ses mains. Bien d'autres couleraient avant la fin de la nuit, bien plus subtile et précieux.
Il allait atteindre la porte qui le mènerait aux escaliers du second étage lorsqu'une nouvelle interruption l'empêcha de poursuivre plus avant. La lumière se fit soudain dans tout le couloir l'éblouissant violemment, l'obligeant pour quelques courtes secondes à fermer les yeux.
Il entendit le son distinct d'un hoquet derrière lui et perçut l'influx magique avant même qu'il ne fasse chemin dans sa direction. Il se détourna lentement et resta parfaitement impassible lorsque le sort vint s'écraser misérablement contre la barrière qu'il avait dressée pour se protéger.
Il ricana doucement devant la grimace choquée et surprise qui se peignit sur le visage de son adversaire et plus encore, à son expression horrifiée lorsqu'il parla et qu'elle reconnut indubitablement sa voix.
_ McGonagall, souffla-t-il. Justement, je vous cherchais.
_ Lucius… répondit la sorcière d'un air dégoûté. J'aurais du m'en douter.
Le père de Draco ôta sa capuche pour lui faire réellement face.
_ C'est toujours un plaisir de vous revoir.
_ Plaisir non partagé, je peux vous l'assurer.
_ Tient donc, dit Malfoy en soulevant un sourcil faussement étonné. Et pourquoi ça ?
_ Vous le savez très bien.
_ Vraiment ?
_ Ce que vous avez fait à Draco…
_ A ça… mais ce n'est rien. Rien du tout. Rien comparez au sort que je vous réserve. Rien comparez au destin qui lui tend les bras.
La sorcière recula inconsciemment devant le ton menaçant et l'intensité de son regard plein d'une folie qu'il ne cachait plus à présent. Une folie toute rationnelle.
_ Son destin ? Ne put-elle s'empêcher de demander.
Un vrai sourire naquit sur le visage du sorcier lorsqu'il laissa échappé les deux mots sacrés qui firent pâlir mortellement McGonagall.
_ Rhreï Shalim.
_ Non…
Elle recula encore un peu, comprenant trop tard la cause de ce qu'elle avait vu, comprenant trop tard leur déraison à tous de se croire à l'abri. Pourtant ce n'était qu'un mythe, elle avait toujours cru qu'il ne s'agissait que d'un mythe. Mais maintenant…
Elle voulut faire encore un pas, mais il l'en empêcha. Il étendit sa main sur elle sans qu'elle puisse l'en empêcher et elle sentit aussitôt une magie glaciale et empoisonnée l'entourer. Son cri terrifiant d'agonie sembla ne jamais pouvoir s'arrêter.
***
Draco supprima le petit soupire d'agacement qui était prêt à franchir ses lèvres et détourna les yeux du problème de mathématique magique qu'il ne parvenait pas à résoudre. Il était pourtant normalement bon dans cette matière, mais ce soir, les nombres et les formules semblaient incapables de s'enchaîner de façon cohérente dans son esprit. Il se massa quelques instant les tempes pour tenter de s'éclaircire les idées, mais sans grand succès.
Il devait normalement rendre le devoir le lendemain, mais tout concourrait à ce que ce ne soit pas dans ses possibilités. Bien sûr, comme il s'agissait d'une matière optionnelle, ce n'est pas d'une importance majeure, mais il n'aimait pas rendre ses travaux en retard.
Il tenta une dernière fois de se concentrer et calculer l'angle d'inclinaison de ce maudit flux magique, mais il ne put rien tirer de son esprit que l'envie irrésistible de bayer. Furieux contre lui-même, il referma violemment son livre et jeta son crayon sur la table, le laissant rouler jusqu'à ce qu'il chute au sol sans même chercher à le retenir.
Mais qu'avait-il donc ?
Depuis l'incident de cet après-midi, il n'arrivait pas à se concentrer. Chaque action, chaque parole, chaque pensée le ramenait inéluctablement vers les souvenirs qui hantaient sa mémoire, le rendant presque fou. Tant que Ron avait été avec lui pour le soutenir, il n'en avait pas trop souffert, puisant dans sa tendresse la force nécessaire pour repousser les images qui l'assaillaient constamment. Mais depuis qu'il avait du le quitter pour regagner sa chambre, tout avait empiré. Il n'osait même pas s'imaginer l'instant où il devrait aller se coucher et où ses pensées ne pourraient plus se tourner vers rien d'autre. Rien que l'idée d'éteindre la lumière était tellement terrifiante qu'il ne pouvait s'empêcher de frémir.
Il ne comprenait pas. Certes, la fin de journée n'avait rien eut de réjouissant, malgré l'assertion d'Harry que rien de ce qui était arrivé ne transpirerait des quelques témoins présents, mais cela ne suffisait pas à expliquer son malaise. Il avait presque l'impression qu'une ombre planait sur l'école, plus noire et dangereuse que tout ce qu'ils avaient connu avec Voldemort.
Son regard se porta sur l'immensité de la nuit qui lui sembla soudain bien trop ténébreuse derrière les carreaux de sa fenêtre et il regretta de ne pas avoir accepter la proposition de Ron de dormir dans sa chambre pour ce soir. La crainte d'être surpris avait alors surpassé celle de se retrouver seul, mais maintenant elle se faisait beaucoup moins forte.
Si seulement il avait dit oui.
Mais peut-être n'était-il pas trop tard.
Il hésita un long moment, laissant ses doigts effleurer le satin noir de la cape posée délicatement près de lui. Il voulait se lever et courir vers la porte, courir vers son compagnon, mais il avait en même temps irrationnellement peur d'affronter seul la noirceur de couloir fermer à toute lumière.
Il avait beau se maugréer contre cette terreur infantile et absurde, il ne pouvait l'empêcher de rugir à ses veines. Sans savoir comment, il sentait que quelque chose n'allait, que quelques chose avait changé et qu'il n'était plus en sécurité nul part, mais moins encore dans le noir. Pourtant une petite voix à son esprit lui soufflait aussi qu'il ne fallait pas qu'il reste ici, qu'il fallait qu'il fuie à tout prix.
Il ne savait plus quoi faire.
Un cri, plus terrible que tout ce qui lui avait été donné d'entendre, retentit soudain lui glaçant le sang. Il s'éleva pendant si longtemps qu'il crut qu'il ne prendrait jamais fin, augmentant un peu plus sa terreur à mesure qu'il se faisait agonie et lorsqu'il s'arrêta, le silence fut bien plus effrayant encore.
Sa décision fut prise en quelques secondes à peine, saisissant sa cape et la drapant rapidement sur ses épaules, il se leva et gagna presque en courrant la porte de sa chambre, omettant même d'éteindre ses lumières et de la fermer derrière lui.
Il savait seulement qu'il fallait qu'il parte d'ici au plus vite.
Il se précipita dans le couloir, tentant d'ignorer sa peur alors qu'il marchait dans l'ombre de cette nuit sans lune et atteint rapidement la porte qui marquait la limite des dortoirs des Serpentards. Il l'ouvrit sans même réfléchir, sans même prendre garde à rester discret pour ne pas se faire surprendre et entra presque aussitôt en collision avec une haute silhouette drapée de noire.
Il chuta à terre et son cœur sembla s'arrêta lorsqu'il porta son regard sur le visage découvert. Une grimace de terreur déforma ses traits et il voulut reculer précipitamment pour entendre aussitôt claquer derrière lui le lourd panneau de bois qui lui coupa toute chance de retraite.
La silhouette s'accroupi devant lui, un sourire mauvais aux lèvres et il dut se faire souffrance pour ne pas vomir tant la peur lui tordait l'estomac. Elle se rapprocha de lui jusqu'à presque le toucher et il détourna la tête, incapable d'affronter son regard. D'affronter même son image.
_ Mon fils, souffla la haute stature de Lucius sur la peau dégagée de son cou avant de remonter lentement jusqu'à son oreille. Il est temps.
***
_ Remus ! S'exclama Ernst. Cessez de tourner en rond ainsi, vous me donnez le tournis.
_ Quelque chose ne va pas, rétorqua aussitôt le sorcier. Vous le savez aussi bien que moi, vous l'avez sentit.
_ Oui… non… je ne sais pas. Il pouvait très bien s'agir d'un effet du vent. De plus nous n'avons eu aucune nouvelle de notre espion, alors inutile de sauter sur les conclusions.
_ Si vous voulez vraiment me faire croire ça, souffla sarcastiquement Lupin, il faudra vous montrer un peu plus convaincant.
Et sans lui laisser le temps de répondre, il se détourna pour marcher jusqu'à la fenêtre dont il tira les lourds rideaux. Soupirant doucement, Ernst se rapprocha de son ami maintenant appuyer contre la vitre, le regard perdu dans la forêt de ténèbres qui s'étendait devant lui et posa une main sur son épaule.
Il le sentit se dérober légèrement, avant de finalement accepter son maigre réconfort, mais toujours incapable de le regarder.
_ Il faut vous calmer mon jeune ami. Vous savez aussi bien que moi que s'énerver ne nous avancera à rien. Cela ne changera pas les choses.
_ Je sais… je sais, murmura piteusement le jeune homme, c'est juste que…
Il se prit la tête entre les mains et étouffa le sanglot prêt à franchir ses lèvres, lâchant le papier froissé qu'il avait conservé jusqu'à présent étroitement emprisonné dans son poing.
Il ne devait pas pleurer ! Il ne fallait pas ! S'apitoyer ne les aiderait pas, mais dieu que cela pouvait faire mal. Si mal…
Il lui semblait qu'un poids de plusieurs tonnes pesait sur son torse, coupant presque sa respiration et que son âme saignait lentement. Il n'aurait pas été étonné de constater que ses larmes avait pris la teinte du rubis.
Mon dieu, si mal.
Pourquoi ?
POURQUOI ?
Il frappa violemment son poing contre le verre, manquant de le briser et se serait probablement effondré si Ernst ne l'avait pas rattrapé. Ce dernier l'aida à glisser doucement à terre avec lui, le serrant étroitement sans ses bras.
_ Pourquoi ? Demanda-t-il d'une voix cassée.
_ Je suis désolé, murmura simplement Ernst ne sachant pas trop quoi faire pour soulager la souffrance qui ravageait son ami. Je suis désolé.
_ Je sais… je sais qu'il y avait un risque. Un très gros risque. Mais pas ainsi… pas ainsi…
Sans même s'en rendre compte, ses larmes roulèrent finalement sur ses joues et il se recroquevilla sur lui-même, comme si cela pouvait l'aider à repousser la souffrance et la tristesse qui noyait son esprit.
Se mordant profondément les lèvres, lui aussi secoué par la nouvelle, mais interdit de se laisser ainsi aller, Ernst commença doucement à le bercer, caressant sa courte chevelure en un geste qu'il espérait réconfortant.
Oui, pourquoi ?
Il ne savait pas. Apparemment les évènements avaient tout simplement *dérapés*. Peut-être n'avaient-ils pas correctement réalisé le rituel. Peut-être y avait-il des scellées dont ils n'avaient pas deviné la puissance. Peut-être… peut-être… trop de possibilités, trop d'incertitudes. Bon dieu, il n'était même pas sûr qu'ils l'avaient réellement trouvé. Tout ce qu'il savait, tout ce qu'il venait d'apprendre, c'est que toute son équipe avait été massacrée. Tellement mutilées et éparpillées qu'il avait été impossible d'identifier un corps. D'après ce qu'il avait compris, tout n'était plus que lambeau et mer de sang.
Toute une équipe, tous de puissants sorciers… tous de proches amis… disparus.
Il se força à ravaler sa propre douleur et une fois que le jeune homme contre lui se fut un peu calmer, l'aida à se relever. Il ne pouvait pas comprendre sa souffrance, mais pensait pouvoir la deviner. Il avait perdu un amant et lui, son meilleur ami.
Doucement, il l'aida à gagner le canapé pour lui permettre de s'asseoir. Mais, il n'eurent pas le temps de l'atteindre. A peine avaient-ils fait deux pas que la porte du bureau fut brusquement ouverte, révélant à leur regard surpris une silhouette ensanglantée et méconnaissable. Elle fit un pas dans la pièce, vacillante, puis un deuxième, sans qu'ils ne pensent même à bouger, avant de s'appuyer lourdement contre le dossier d'une chaise.
Elle leva alors vers eux son visage tordu par la douleur et la fatigue, ainsi que par une terreur sans nom.
_ Il l'a, souffla-t-elle soudain d'une voix rauque. Il a l' Aŀhŗan Nēhr.
Puis elle s'effondra à terre.
_ SIRIUUUUUS !!! Hurla Remus, réagissant enfin.
Au même instant, retentit un hurlement qui leur glaça le sang et ils surent, avec certitude, qu'il était ici.
***
_ Nonnnn…
Il avait fermé les yeux.
Non… non… il ne voulait pas. Il ne pouvait pas. Il essaya de ne pas trembler lorsqu'une nouvelle fois le souffle brûlant de son père vint caresser sa peau, mais en vain et il put sans mal imaginer le sourire satisfait qui devait jouer sur ses lèvres.
Il savait !
Il savait et tout allait recommencer. Encore. Et il ne pourrait pas le supporter, pas cette fois… pas cette fois.
Ron !
Je suis désolé, désolé, désolé…
Il sentit les larmes glisser sur ses joues sans même chercher à les retenir, bien au-delà de la honte, seulement plonger dans ses terreurs.
Une main froide vint soudain effleurer sa joue et il tenta aussitôt à lui échapper, un petit cri d'animal blessé aux lèvres. Il se débâtit un instant, écartant la tête et levant les mains pour se protéger, mais perdit bien vite la bataille. La main passa dans ses cheveux, glissant dans leurs mèches dorées avec autant de gentillesse qu'une mère s'occupant de son enfant malade, alors que l'autre, fermement appuyer contre la porte, l'empêchait de s'enfuir.
_ Mon tendre enfant, soupira la voix de Lucius, presque rêveur et nostalgique. Toujours si fragile, si gentil. Si désespérément gentil.
Draco, crispé en boule, ne tenta même plus de lui échapper lorsque la main glissa à la base de sa nuque puis dans son dos, passant sous sa robe pour venir en effleurer les cicatrices qui le barraient.
_ Si désespérément perdu, reprit son aîné. La pureté même. Une aberration. Une aberration qu'il a fallu combattre pour mieux te préparer. Tu n'as été un Malfoy que tous aux longs de ces années d'oubli. Tu te souviens maintenant, n'est-ce pas ? Tous ces moments, toutes ces longues heures. Tu entends à nouveau leurs cris, leurs suppliques et les rires de tes bourreaux. Tu te rappelles n'est-ce pas, leur cruauté, leur application, leur plaisir ? Et tes larmes… tes hurlements… si beaux.
Le jeune homme se prit la tête entre les mains et la secoua violemment. Il ne voulait plus de ses souvenirs, il les refusait ! Mais ils continuaient à se déverser et il hurla presque de désespoir.
_ Te souviens-tu mon fils ?
Recroquevillé sur lui-même dans le coin le plus ombre de la pièce, il les vit entrer, un sourire moqueur et mauvais jouant sur leurs horribles faces déformées. Fermant les yeux, il se tassa un peu plus dans l'obscurité, priant qu'ils ne le voient pas, tout en sachant qu'il n'aurait pas cette chance. Un grognement retentit, juste avant qu'un souffle écœurant ne le cueille au visage et qu'une main gluante et ferme ne lui prenne le bras, le forçant à sortir de l'ombre pour le jeter sur le tapis un peu plus loin.
Il cria de douleur lorsque son flanc frappa violemment le sol et ouvrit son regard pour voir les quatre hautes statures bestiales l'entourer. Réprimant tout juste ses sanglots, il jeta un regard suppliant vers le fauteuil où était assis son père, mais celui-ci se contenant de l'observer sans bouger. Comme toujours.
Un de troll se tourna lui aussi vers lui en quête d'un ordre et il le vit hocher la tête en signe d'agrément. Comme toujours.
Deux lourdes poignes s'abattirent alors sur ses épaules.
_ Te souviens-tu de la morsure de leur coup… ?
Le fer des anneaux s'enfonçait dans ses poignets au point d'entamer la peau et manger ses chaires. Il pouvait sentir son sang couler lentement le long de ses bras tirés vers le haut. Les chaînes, intentionnellement raccourcies permettait à peine à ses pieds de toucher terre et usait douloureusement les muscles de son corps, faisant naître à son front une sueur glacée qui se mêlait à ses pleurs.
Des pleurs silencieux qu'il avait déjà trop souvent versés inutilement. Cela ne faisait qu'augmenter leur désir de torture, il le savait. Mais il n'avait que six ans et la terreur était telle qu'il ne pouvait s'empêcher de les faire couler.
Ils augmentèrent encore d'intensité lorsqu'il sentit le haut de son vêtement lui être enlevé, exposant sa peau nue et déjà martyrisée à leurs regards carnassiesr. Son désespoir et sa peur redoublèrent également lorsqu'il perçut le bruit bien trop familier du cuir être déplié et venir caresser le sol.
Il se crispa et attendit le premier coup qui ne tarda pas à venir, mordant ses chaires et lui arrachant un hurlement de douleurs qui les fit rire de plaisir. Il y en eut un deuxième, puis un troisième et encore un autre et un autre, alors qu'ils se relayaient, chacun plus douloureux que le précédent et le faisant crier un peu plus fort, combien même il essayait de ne pas le faire en ce mordant cruellement la lèvre.
Les coups s'enchaînèrent et il en perdit vite le compte, perdu dans sa douleur et son incompréhension. Il ne voyait pas pourquoi son père lui faisait ça. Pourquoi il l'avait tellement fait souffrir depuis… depuis qu'il l'avait forcé à tuer ses grands-parents ? Il n'avait jamais rien fait de mal et il l'avait même tendrement aimé. Même encore aujourd'hui, il n'arrivait pas totalement à le détester.
Pourquoi ?
Pourquoi ?
_ Père, pitié…papa…
Chaque fois… chaque fois, il suppliait. Chaque fois, il essayait de trouver une parcelle d'amour, d'humanité dans cet homme qui le regardait, impassible, souffrir milles tortures. Chaque fois, il trouvait un instant la force de détourner la tête, d'oublier les regards amusés et satisfait de ses bourreaux pour plonger ses yeux dans les siens. Il savait qu'il y avait lu un jour la souffrance et le remord pendant une fraction de seconde. Le premier jour, mais depuis lors… plus rien.
Et il savait que ce n'était pas sa mère qui viendrait le protéger. Elle avait depuis longtemps perdu l'esprit, ignorant ses cris, les rejetant, repoussant la vérité qui s'écrivait un peu plus chaque jour sur son corps battu. Elle était toujours douce avec lui, soignant ses plaies, mais sa main restait étrangement impersonnelle, comme inexistante. Il n'y avait plus rien de maternelle et d'aimant dans ses gestes. Juste la folie.
Encore une fois, son père resta insensible à sa demande et il détourna la tête vers le mur de pierre glacée contre sa peau brûlante, continuant à subir chaque coup, bientôt trop faible pour même crier.
Pourquoi ?
Il sentit à peine le dernier coup morde ses chaires déjà bien trop torturées et ses jambes cessèrent de le soutenir, le laissant pendre misérablement par les bras. Il ne souhaitait plus qu'une chose maintenant, laisser les ténèbres l'emporter et éloigner pour quelques heures au moins sa misère.
Il savait que lorsqu'il le détacherait, il n'aurait même pas la force de se protéger de la chute qui amplifierait encore ses douleurs et espérait s'évanouir avant.
Mais les choses en se passèrent pas ainsi. Au lieu de le détacher comme à leur habitude, ce qu'il supposa être l'un des Trolls appliqua sur son dos une substance qui le fit hurler comme jamais auparavant, forçant son esprit entre l'inconscience et la clarté et il sut que ce n'était pas encore terminé.
Il sentit le reste de ses vêtements lui être enlever et pour la première fois depuis longtemps, son cœur se glaça complètement. Une main glissa sur sa peau, à laquelle il tenta d'échapper malgré sa faiblesse, mais emporté par la nausée et la souffrance, c'est à peine s'il put bouger. Et ce à quoi il goûta ensuite fut bien pire que tout ce qu'il avait jamais subit, laissant échapper une plainte au-delà de l'agonie.
_ NOONNNNNN !!!!!!!!!!!!!
_ Te souviens-tu, Draco, te souviens-tu de l'odeur de leur peau, de sa texture granulée et humide. Te souviens-tu de leur toucher.
Non… non… non…
_ NON !
Il appliqua violemment ses mains sur ses oreilles pour échapper aux paroles de son père, aux souvenirs qu'elles faisaient remonter, mais il semblait incapable d'y échapper. Elles s'insinuaient dans son esprit, le frappant avec force, martelant ses faibles défenses pour les réduire à néant, créant le même vide que la torture avait causé tant d'année auparavant. Le même vide qui avait failli l'emporter quelques semaines plus tôt.
« Tu le méritais, Draco. C'était une juste punition. Toutes les souffrances que tu as causées, toutes les morts dont tu es responsable, de ta faute. Il fallait payer… il faut payer. Toujours de ta faute… »
_ Je ne voulais pas…
« De ta faute ! »
_ Je…
« C'était mérité Draco, je le sais, tu le sais ! »
_ Non…
« Tu. Le. Sais ! »
_ De ma faute… ?
Sa voix était celle d'un petit enfant, tremblante et incertaine, ronger par la culpabilité.
« Oui ! »
_ De ma faute ! Ma faute, ma faute, ma faute, ma faute…
Complètement détruit, il se mit violemment à se balancer d'avant en arrière, répétant sans cesse cette même phrase, se frappant la tête de ses poings.
_ Ma faute, ma faute, ma faute…
_ Oui Draco, ta faute. Et tu sais ce qu'il faut faire, n'est-ce pas ?
_ Mourir… parce que c'est ma faute, ma faute. Grand-père, grand-mère, ma faute… Pim, ma faute… maman, ma faute… toujours ma faute, ma faute, ma faute… toujours, toujours…
Lucius laissa un sourire satisfait et victorieux fleurir sur ses lèvres, alors qu'il regardait avec fascination son enfant ravagé.
_ Ma faute, ma faute, toujours ma faute, toujours… ma faute…
Il avait réussit.
_ Ma faute…
Shhhh ! Ce n'est pas ta faute. Ce n'est pas ta faute. Je ne crains rien. Tu ne crains rien. Tout ça, c'est du passé. Ce n'est pas ta faute. Tu n'as rien à te reprocher. Tu m'entends, rien ! Tu y étais forcé, c'est ton père le responsable. Shhhhh ! Je ne vais pas te laisser tomber. Je suis là maintenant et je vais le rester. Je vais t'aider. Shhhh ! Shhhhh !
Il fronça soudain un sourcil quand Draco arrêta brusquement sa litanie, cessant également de bouger et fixant le sol, les yeux grands ouverts, une expression surprise et légèrement détendue sur le visage.
J'ai confiance, Draco. J'ai confiance.
Le jeune homme baissa les bras pour venir enserrer sa taille et son inquiétude grandit un peu plus lorsqu'il vit ses larmes se tarir.
Moi non plus, sourit-t-il alors gentiment avant de lui tendre la main. Ami ?
Ami.
Un grognement de rage lui échappa lorsqu'il le vit sourire doucement...
« _ Je t'aime, Ron. »
« _ Moi aussi Draco, moi aussi. »
… puis complètement et il sentit qu'il était en train de le perdre.
Sans attendre qu'il ait le temps de regagner ses esprits, il lui saisit violemment la tête et prononça rapidement une formule qui lui permis de lire ses pensées. Il comprit aussitôt ce qu'il était en train de se passer et hurla presque de colère.
Il ne laisserait pas faire !
Se concentrant, il forma autour de son enfant une enveloppe de pure magie, brouillard noir qui glissa rapidement sur son corps pour s'infiltrer à l'intérieur. Draco, comme sous l'effet d'un terrible choc, ouvrit immédiatement les yeux et arqua le dos en un cri muet. Il fut secouer d'un spasme, puis deux, alors que son père récitait l'incantation.
_ Elam Lahr Shrā Kelalëtep Etanara Kõre Bryhu.
Puis le brouillard se dissipa d'un coup et son corps retomba, inerte, au sol. Quelques longues secondes passèrent sans qu'il ne réagisse et finalement, il leva vers Lucius un regard sans vie et saisit les fers qu'il lui tendait. Puis, il se redressa, tel un automate et s'éloigna lentement en direction de l'aile des Griffondors.
Son père le suivit un long moment du regard, puis se leva à son tour pour partir dans le sens opposé, vers une des pièces de l'école où il savait trouver ce dont il aurait besoin. Ce contre temps lui était pénible, mais il le savait indispensable à la réussite de son projet.
***
_ Sirius ?
Affolé, le cœur au bord des lèvres, Remus s'était précipité auprès du sorcier qu'il avait eu tant de mal à reconnaître. Pourtant, sa longue chevelure corbeau et soie et sa stature si particulière, parfaitement musclée mais étrangement gracieuse, passait difficilement inaperçues. Mais le sang qui souillait son visage et engluait ses cheveux, les meurtrissures qui marquaient chaque parcelle de son corps et ses vêtements en lambeau ne l'avaient pas aidé à reconnaître son amant.
Seul le son, même éraillé et faible, de sa voix, lui avait permis de comprendre et il s'était rapidement porter à ses côtés pour soulever délicatement son corps meurtri et le caler contre lui, reposant sa tête contre sa poitrine.
Un souffle laborieux échappait à peine à ses lèvres carmines et Remus dut supprimer le tremblement qui secouait violemment ses mains pour écarter de ses yeux, les mèches poisseuses qui tombaient sur ses yeux.
Sirius craqua alors péniblement son regard sur lui et un fantôme de sourire effleura ses lèvres quand il le reconnut, avant de se transformer en une pénible grimace, alors qu'il était secouer d'une toux violente qui le fit cracher un peu plus de sang.
Remus pâlit à cette vision et resserra inconsciemment son étreinte tout en veillant cependant à ne pas le faire plus souffrir.
_ Sirius ? Demanda-t-il alors gentiment. Que s'est-il passé ?
Le sorcier prit une pénible inspiration.
_ Trolls…, souffla-t-il. Une armée… rien put faire… un massacre… ils ont… ils ont emporté le livre… impuissant, désolé…
_ Chut, répondit Remus en lui caressant doucement le visage. Tu n'es pas responsable. Tu n'as plus à t'inquiéter de ça. Tout ce que tu as à faire pour l'instant, c'est rester avec moi, d'accord ? Je ne veux pas que tu t'endormes.
Son compagnon hocha doucement la tête et Remus se tourna immédiatement vers Ernst qui se trouvait juste derrière eux, le visage inquiet.
S'il avait encore pu douter des causes du hurlement, ce n'était maintenant plus le cas. Comment cela avait-il pu se passer si vite ? Ils n'étaient pas encore prêts et leur chance semblait maintenant bien maigre.
Que n'avait-il retrouvé ce maudit grimoire avant !
Il fixa un long moment Sirius sans bouger, débattant sur le comportement à tenir. Il savait qu'il aurait déjà du partir protéger Draco, mais il ne pouvait raisonnablement pas laisser son ami dans cet état. D'un autre côté si jamais Lucius mettait la main sur son fils et parvenait à réveiller ses pulsions, tout était perdu. Il était déjà parvenu à prévenir cette catastrophe quelques semaines auparavant, lorsque McGonagall et Flitwick avaient commis l'irréparable. Il avait cru arriver à temps alors pour définitivement effacer la mémoire du jeune homme, lorsqu'ils avaient enfin compris les plans du sorcier, mais c'était lourdement trompé. Le mal avait déjà été fait. Sans Ron, Draco serait déjà mort et son père aurait récupéré son corps pour le placé en stase.
Mais maintenant que Lucius avait récupéré le livre maudit, le pire était à craindre.
Ses yeux s'encrèrent un instant à ceux de Remus et le désespoir qu'il y lut, lui fit prendre une décision que son âme cria comme folie et qui en était une. Abandonnant son idée première, il s'agenouilla prêt de lui et, plaçant ses mains sur la poitrine de Sirius, laissa la magie diffuser au rythme d'une incantation ancienne et puissante, secondé par Lupin.
Une aura bleutée se dégagea autour du corps presque inconscient du sorcier qui n'eut pas la force de protester et peu à peu ses plaies se mirent à guérir, se refermant lentement, ses os se ressoudant. Il passa presque dix minutes ainsi, avant que la plus grande partie de ses blessures en soient guérit et Ernst, au bord de l'épuisement, rompit alors le sortilège pour retomber pantelant en arrière.
Sirius avait maintenant les yeux fermés et dormait su sommeil du juste.
Son visage paisible attira un petit sourire à Ernst qui grimaça légèrement lorsqu'il se releva avec peine.
_ Ca va aller ? S'enquit immédiatement Remus en voyant son visage légèrement cendreux.
_ Autant que faire ce peut. Cette incantation requiert beaucoup d'énergie et ses blessures étaient nombreuses. Il n'est d'ailleurs pas tout à fait guérit et souffre encore de la perte de sang, mais il est hors de danger.
Remus secoua la tête en soufflant un remerciement.
_ Remus, souffla alors Ernst, je sais que vous aimeriez rester avec lui, mais il nous faut absolument partir. Lucius est ici cela ne fait aucun doute et il en a après Draco. Nous devons le protéger.
Le sorcier acquiesça aussitôt, réalisant soudain la porté de ce qu'il venait de dire et se releva, soulevant sans mal son compagnon pour le déposer avec précaution sur le canapé. Il déposa un rapide baiser sur son front et effleura encore une fois sa joue, avant de se détourner pour rejoindre son ami qui tentait de récupérer quelque peu.
Ils n'eurent pas le temps d'atteindre la porte que celle-ci s'ouvrit sur un de leur collègue paniqué.
_ On a tué McGonagall, annonça-t-il du but en blanc, tremblant légèrement.
_ QUOI ? S'exclamèrent les deux sorciers en même temps.
_ Et Rusard et sa chatte. Un vrai massacre.
Les deux hommes pâlirent horriblement et se regardèrent la même lueur de compréhension dans le regard.
Rhreï Kilour.
Sans attendre, ignorant le regard surpris et suppliant du professeur, ils sortirent en courant du bureau pour se précipiter vers l'aile réserver aux Serpentards.
***
La première chose dont il eut conscience lorsqu'il reprit connaissance, fut les étaux qui entouraient ses poignets et l'empêchaient de bouger. Il semblait étendu sur son lit, les bras derrière la tête probablement accrochés aux montants de fer et croisés de telle façon qu'il ne pouvait faire un seul mouvement sans se déchirer les muscles. Un bâillon encombrait sa bouche, rendant sa respiration difficile et tout appel à l'aide impossible.
Sa tête le lançait de façon à peine supportable entre la souffrance directe du au coup qu'il avait pris à la tempe et qui lui avait fait perdre connaissance et celle, plus insidieuse, de la migraine qu'il avait provoqué.
Il pouvait sentir un poids à ses côtés, probablement la personne qui l'avait agressée et qui jouait avec les mèches de ses cheveux. La peur coula lentement en lui et il n'osa pas ouvrir les yeux, pensant que, peut-être, elle ne lui ferait rien tant qu'elle le croirait inconscient.
Malheureusement pour lui, elle avait du le sentir bouger légèrement car elle cessa presque immédiatement son geste et ne le voyant pas ouvrir les yeux, lui donna une claque qui projeta violemment sa tête sur le côté, amplifiant douloureusement les effets de sa migraine et brûlant la chaire de sa joue.
Son cri fut étouffé par le bâillon et il ouvrit les yeux par réflexe, découvrant les contours plongés d'obscurité, mais bien connus de sa chambre. Inspirant profondément par le nez, il tenta de calmer la panique qui menaçait de le submerger et lentement se retourna pour dévisager son agresseur.
Malgré les ténèbres seulement percées par la lueur de sa lampe de chevet, il reconnut immédiatement la personne qui l'avait frappée et étouffa un sanglot quand il vit ses yeux dénués d'expression le fixer sans paraître vraiment le voir.
Il essaya de parler ensuite, mais aucun son cohérent ne put franchir la barrière qui obstruait sa bouche et en retour, il reçut un deuxième coup, mais dans les côtes cette fois. Il sentit immédiatement l'air quitter ses poumons sous le choc et peina à reprendre sa respiration, se tordant de douleur et cinglant les muscles de ses bras dans un mouvement trop ample.
Il fit une nouvelle fois face assaillant, le regard suppliant et noyé de larmes, mais ne put lui arracher aucune réaction. Son visage parfaitement impassible ne se troubla pas un seul instant, comme s'il semblait être à des milliers de kilomètres et ses yeux, normalement azurs, paraissaient noirs encre à cet instant. Un regard étranger, impersonnel, sans aucune émotion, comme un robot.
Un long frisson parcourut sa colonne vertébrale et, incapable de soutenir le vide de ses yeux, détourna la tête. Une main lui saisit aussitôt violemment les cheveux pour le forcer à se tourner vers lui et un nouveau coup perça sa poitrine. Puis un autre, et encore un autre. C'est une véritable pluie qui s'abattit bientôt sur lui, envoyant dans ses nerfs plus de maux qu'il n'aurait jamais cru possible, le faisant mordre si fort son bâillon qu'il semblait prêt à se déchirer. Mais ce n'était pas temps la douleur physique qui lui arrachait une agonie que celle de celle de son esprit et il ne cessait de se répéter :
Ce n'est pas lui, ce n'est pas lui, ce n'est pas lui.
Il fut bientôt au bord de l'inconscience, son corps n'étant plus qu'une immense plaie à vif qui semblait le saturer de souffrance, au point qu'il attendait le moment où il sombrerait enfin.
Les coups s'arrêtèrent soudain et il se recroquevilla spontanément sur lui-même comme si cela pouvait suffire à le protéger de ce qui allait suivre. Malheureusement, il put à peine bouger, basculant légèrement sur le flanc, ne sentant même plus la souffrance de ses bras au milieu de toute les autres. Puis, il releva lentement la tête, distinguant à peine maintenant dans son regard noyé de carmin, la stature pencher sur lui. Mais il put comprendre sans trop de mal qu'elle était couverte de son propre sang qui goûtait même de ses poings. Il n'imaginait même pas à quoi devait ressembler son corps maintenant, poupée de porcelaine désarticulée.
La mort ne lui semblait plus très loin.
Pourquoi ?
A nouveau il put voir ce regard vide fixer sur lui et à nouveau il se sentit frémir.
Ce n'est pas lui.
Mais, quoique son esprit puisse lui affirmer, il ne s'en sentait pas moins déchiré et trahi, comme s'il venait lui arracher une partie de lui-même.
Pourquoi ? Pourquoi ? POURQUOI ?
Un sanglot pathétique passa ses lèvres, à peine un gémissement arracher à sa gorge et il se sentit chavirer.
Pourquoi ?
Il eut soudain la sensation d'une main dégrafant sa robe et exposant sa peau nue à la fraîcheur de la nuit et son cœur rata un battement.
Non ! Non, non, non. Pas ça ! Je t'en supplie, pas ça ! S'il te plait… s'il te plait, je t'aime… ne fait pas ça… non…
Mais il ne pouvait rien faire et ses suppliques muettes restèrent sans réponse. Il se serra alors instinctivement en boule, mais n'était pas à même de lutter contre les mains puissantes qui coururent sur sa peau. Tentant de reculer lorsqu'il les sentit glisser sur son torse, il n'y gagna qu'un nouveau coup à la tête qui fit sombrer ses pensées.
La dernière chose dont il eut conscience avant de s'évanouir, fut de mains glaciales écartant violemment ses jambes, un nouvel appel déchirant de son esprit et puis… plus rien.
DRACO ! NON !
A suivre…
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