Auteur : Aakanee
Genre : pas taper !
Base : HP
Notes :
Okkkkkkkkk ! ! ! Je suis enfin de retour. Désolée pour l'attente, mais à vrai dire c'est déjà étonnant que j'aie pu écrire ce chapitre si vite depuis ma petite note. Je ne sais pas si je pourrais faire de même avec le prochain (et probablement dernier), mais je vais essayer. Merci d'ailleurs à tous ceux qui m'ont laissé un petit mot d'encouragement, ça m'a beaucoup aidé, si si^^.
Je tiens également à rappeler une fois de plus (on ne sait jamais, d'ici que quelqu'un ne s'en soit pas encore rendu compte, humhum) que cette histoire contient homosexualité et scènes violentes : tortures, morts, gore.
Sinon, plusieurs personnes m'ont déjà fait remarquer que le couple Ginny/Goyle était étonnant, entre autre du fait que le jeune homme n'est pas considéré comme particulièrement beau. Tout d'abord je tiens à dire que ce n'est pas l'aspect extérieur qui prime, du moins à mon sens et de plus, plusieurs années se sont écoulées par rapport aux livres et on peut énormément changer en quelques années. Je n'avais certainement pas en tête un adolescent extraordinaire beau en imaginant Goyle, mais plutôt quelqu'un de banal avec son propre charme (d'autant que n'ayant jamais vu le film, je n'ai vraiment que mon imagination… et je préfère ça, quand je vois Draco sur les affiches… beurk !). Maintenant, c'est à chacun de se l'imaginer comme il le désire ^^. Personnellement je suis tout à fait satisfaite de mon couple, même s'il n'est pas particulièrement développé (c'est dommage d'ailleurs).
Voilà. Et maintenant revenons aux choses sérieuses.
Ames Sœurs
Chapitre 13
Traque
Partie b
Il ravala son inspiration lorsqu'une douleur vive vint lécher son bras, le tirant de son inconscience et dut se mordre la lèvre pour ne pas crier. Clignant plusieurs fois des yeux pour en chasser les larmes et le sommeil, il ouvrit finalement son regard pour découvrit, à travers le brouillard de ses pleurs le visage inquiet d'Hermione. La jeune femme eut une pauvre sourire avant de souffler un pardon et il suivit inconsciemment sa main, lorsque celle-ci, porteuse d'un coton, vint à nouveau se poser sur sa peau lésée. La souffrance, moins vive cette fois, le fit néanmoins grincer des dents, mais il se força à garder un visage presque impassible pour ne pas la culpabiliser d'avantage.
Le coton fut rapidement retiré, révélant une belle lacération qui remontait sur plus de la moitié de son bras et saignait encore quelque peu, avant d'être remplacé par une compresse sèche et un bandage. La main qui le posa, beaucoup plus large et indéniablement masculine, bien qu'encore fine et attentive à ne pas le faire souffrir d'avantage, attira son attention et il ne cacha pas sa surprise en reconnaissant son possesseur.
_ Heureux de vous revoir parmi nous, monsieur Potter, le salua calmement Rogue, avant de se concentrer à nouveau sur son soin.
Harry, parfaitement éveillé maintenant, leva un regard surpris vers sa compagne qui se contenta d'un sourire apaisant avant de lui prendre la main pour la masser doucement.
Sachant que les explications viendraient en leur temps, le jeune homme, encore épuisé, se relaxa sur la couche, attendant patiemment que le sorcier en ait fini avec lui et profitant de ces quelques instants pour observer la pièce et l'étendue de ses blessures.
Une rapide inspection de son torse désormais dénudé, suffit à révéler d'autres pansements appliqués sur une peau désormais parfaitement propre et il ne doutait pas, au vu des sensations de brûlures qui parcourraient ses jambes, que ces dernières avaient également été soignées. Très peu de compresses ou de bandages semblaient souillés ce qui étaient bon signe, mais leur nombre l'impressionna quelque peu. Il n'avait pas réalisé qu'il s'était tant écorché.
Détournant finalement son regard, il se concentra un peu plus sur la pièce. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre qu'ils ne se trouvaient plus dans le hall principal de l'école. Le lieu était beaucoup plus exigu, un bureau selon toute vraisemblance, confortable et agréablement chauffé, aux teintes chaudes, jaunes et orangées. Il ne percevait plus les murmures des étudiants, ni l'odeur familière du chocolat chaud qui l'avait imprégné lorsqu'il était arrivé. En comparaison le calme de la pièce semblait presque surnaturel.
Visiblement satisfait de son travail, Severus se releva finalement, sans un mot, le visage fermé et grave et se recula de quelques pas avant de se tourner vers une tête blonde, comme pour l'invité à s'avancer. Plusieurs personnes se dévoilèrent alors rapidement pour venir à son chevet, Remus et Percy en tête, alors qu'un peu plus en retrait mais visiblement rassuré de le voir éveillé, se tenaient Ginny dans les bras de Goyle ainsi que Fred et Crabble.
Tous lui adressèrent un petit sourire encourageant avant de retrouver une mine sombre et il se tortilla inconfortablement sur les coussins qui le soutenaient.
_ Comment te sens-tu Harry ? Demanda finalement Remus en prenant place près d'Hermione sur la couche.
_ Comme si j'étais tombé dans un champ de ronces, souffla le jeune homme. Ce qui est, ma fois, assez vrai.
Sa tentative d'humour tomba à plat et il réajusta inconsciemment ses lunettes, gêné par le silence de mort qui l'entourait.
_ Que s'était-il passé ? Demanda-t-il finalement, plus pour briser la tension qui semblait grimper à chaque seconde que par réel intérêt.
_ Tu t'es évanoui, il y a dix minutes environs. Douleur, fatigue, expliqua d'un petit mouvement de main Percy. Nous t'avons porté ici et… Le professeur Severus est venu nous aider à te soigner.
Harry hocha simplement la tête. Il se souvenait vaguement avoir aperçu la silhouette du sorcier derrière lui, dans l'ombre d'une colonne, alors qu'il expliquait laborieusement l'effroyable tournure des évènements. Sa « générosité » restait, dans un sens, un mystère, mais il n'était pas prêt d'oublier son regard, lourd de compréhension, à ses paroles. Peut-être avaient-elles eu plus d'effets qu'il ne pouvait l'imaginer. Il paraissait en tout cas en savoir plus qu'il ne le laissait voir.
Ce dernier se contenta pourtant de hausser les épaules, visiblement peut enclin à parler et Harry ne se sentit pas la force de l'interroger. Un peu plus tard peut-être, lorsque son esprit serait moins nébuleux.
_ Où est Sirius ? Demanda finalement Lupin, tentant, sans vraiment de succès, de masquer son inquiétude. Il était bien avec toi ?
_ Oui. Il… il est monté sur la haute tour de magie dès notre arrivée pour surveiller le retour de nos amis.
_ Est-il… Est-il blessé ?
_ Je ne crois pas. Pas plus que moi. Epuisé, vidé de toute force, oui et écorché. Mais pas grièvement blessé. Même s'il s'en est fallu de peu.
Le jeune homme frissonna à cette idée, manquant l'expression d'intense soulagement qui marqua un instant les traits de Remus, pour ne voir que les pupilles d'or qui avaient semblé prêtes à le dévorer.
_ Que s'était-il passé ensuite Harry ? Demanda gentiment Percy. Après votre séparation.
Le jeune homme prit une profonde inspiration, serrant inconsciemment la main d'Hermione à la recherche d'un soutient et ferma les yeux. Les images qui défilèrent dans son esprit, il le savait, lui donneraient probablement des cauchemars pendant des années.
Et lentement, doucement, dans un murmure à peine audible, il tenta de leur expliquer ce qu'avait pu être leur fuite.
***
Lorsqu'il brisa le premier rempart de feuilles, la première chose qu'il vit, fut le regard assombri de Sirius tourné vers un point désormais invisible derrière lui. Ses épaules étaient légèrement voûtées et son teint si pâle qu'il se demanda un instant s'il n'allait pas s'évanouir. Mais la main qui l'agrippa alors, suivit des deux pupilles brillantes et alertes, n'avait rien de faible, ni de fragile et il étouffa un petit grognement de douleur en sentant les doigts enserrés fortement son poignet.
Sirius ne le lâcha pas pour autant, le forçant à le regarder droit dans les yeux et Harry fut étonné par l'intensité de son regard, effrayé par ce qu'il pouvait y lire, cette certitude qu'ils allaient mourir. Il ne put s'empêcher de frissonner.
_ Il n'y aura pas d'arrêt, dit simplement le sorcier. Pour aucun de nous. Si tu tombes, je ne t'attendrais pas. Si je tombe, il faudra continuer droit devant toi. Il ne nous fera aucune concession. Il ne nous laissera aucune chance.
Le jeune homme avala péniblement sa salive, fermant un instant les yeux et prit une respiration difficile, avant d'acquiescer lentement. Il comprenait parfaitement son compagnon. Arkam voulait s'amuser avec eux, mais il avait également besoin de leur puissance et si l'un d'entre eux venait à tomber, ils ne pourraient se permettre dans sacrifier un autre dans le faible espoir de le sauver. Ce serait prendre trop de risques, offrir au sorcier une proie trop facile.
Il avait rapidement compris que leur magie ne pouvait déjà plus grand chose contre sa puissance, qu'à un contre un, leur chance frisait presque le néant et il n'osait imaginer ce qu'il en serrait s'il devenait plus fort.
Oui, il comprenait parfaitement.
Il rouvrit les yeux pour faire face au sourire fatigué de Sirius. Celui-ci posa un instant sa main sur son épaule, la serrant dans le désir, peut-être, de lui donner un peu d'espoir, avant de la laisser retomber et paume ouverte, prononcer un rapide Lumos Liber qui y fit naître une petite lumière verte.
Celle-ci, ronde et crépitante dansa un instant au creux de sa main, avant de s'envoler au son d'une nouvelle incantation, tourbillonnant rapidement autour d'eux. Elle émit un faible fredonnant cristallin, presque comme un rire, et vint un instant jouer dans le cou d'Harry chatouillant le duvet de ses cheveux et lui arrachant presque un gloussement, avant d'être rappeler à l'ordre par un claquement de doigts.
_ Les esprits, soupira Blake alors que la petite lumière regagnait rapidement ses côtés, comme contrite pour ses faire gratouiller du bout du doigt.
Et devant l'expression confondue et un peu émerveillé de son jeune compagnon :
_ Tu apprendras. Ce n'est pas compliqué mais c'est une magie que nous utilisons rarement. Les esprits ne sont pas fait pour être contrôlés, même si cela est bien utile de temps en temps. Celui-ci nous guidera jusqu'à l'école et nous éclairera le chemin.
Un nouveau bourdonnement aigu et la lumière s'agita de contentement, comme heureuse de se voir confier une telle tâche, avant de s'éloigner rapidement en direction du nord.
_ Suivons-là, souffla aussitôt Sirius. Nous avons déjà perdu trop de temps.
Harry ne se le fit pas dire deux fois et, sans un regard en arrière, partit à la suite de son compagnon. Il espérait seulement que ses amis pourraient compter sur un tel guide.
Les premières minutes de cette course se passèrent relativement facilement. Le terrain était encore peu boisé, trop proche du large pour réellement présenter d'aspérités et encore éclairé par quelques étoiles aisément visibles à travers la cime des arbres. Le sol était sec et accrochait facilement la semelle de leurs chaussures, empêchant tout dérapage et la lumière qui les guidait, couvrait suffisamment de terrain pour le permettre de voir où ils posaient les pieds.
Ils avançaient rapidement, mais dans un silence pesant, seulement brisé par le son de leurs pas résonnant lourdement sur le sol ou craquant ça et là quelques branches et feuilles, ainsi que les échos rythmés de leurs respirations. La forêt semblait désertée. Aucun mouvement, aucun son, rien qui ne puisse faire penser qu'elle avait un jour fourmillé de vie. Aucune ombre si ce n'étaient celles des arbres où des rares plantes basses qui barraient leur progression. Pire encore. Plus ils s'enfonçaient, plus elle se faisait lugubre. Menaçante. Les arbres paraissaient s'élever si haut qu'il devenait impossible d'un percevoir leurs sommets. Leurs branches se dénudaient et s'emmêlaient, alors qu'ils se faisaient plus proches, pour former des barrières parfois infranchissables. Leurs troncs adoptaient des formes étranges, distordues, parfois presque impossibles et leurs pieds se couvraient peu à peu de ronces qui semblaient gagner chaque once de terre encore vierge. Elles ralentissaient d'autant plus leur progression qu'elles se faisaient plus hautes et plus denses à mesure qu'ils avançaient. Elles étaient plus acérées également, au point qu'il devenait presque impossible de les franchir.
En l'espace de quelques instants, leur fuite avait changé du tout au tout.
Harry pouvait sentir son cœur battre dans sa poitrine, tambour résonnant à ses oreilles, terrifié. Il pouvait voir la forêt changer, il savait également que ce qu'elle devenait, n'était en rien la réalité, qu'il n'y avait jamais rien eu de tel autour de Poulard. Elle était manipulée. Et les grognements fréquents qui échappaient à Sirius, quelques mètres en avant, ne faisaient que confirmer ses craintes.
IL avait décidé de les chasser.
La petite lumière de l'esprit suffisait encore à peine maintenant à les guider et il devait régulièrement accélérer sa course pour ne pas la perdre de vue. Plus d'une fois en l'espace de deux minutes, il avait cru sentir son cœur s'arrêter en la voyant disparaître au détour d'un arbre, plongé, une effroyable seconde, dans une obscurité presque totale. Mais dès cet obstacle passé, elle réapparaissait, ainsi que la silhouette reconnaissable de son ami et il pouvait alors soupirer un instant.
Mais le pire restait sans doute les ronces et les branches. Leurs épines et pointes ne semblaient pas vouloir le laisser en paix, barrant chaque pouce de sa progression, volant à chaque instant devant son visage, menaçant ses yeux. Il devait constamment les repousser de ses mains, laissant ses chaires tendres à leurs caprices, coupant, lacérant jusqu'au sang. Malgré tous ses efforts, ses joues n'étaient pas épargnées, pas plus que son front ou le reste de son corps. Elles paraissaient l'attaquer sans relâche, perçant facilement la barrière de ses vêtements, titillant sa peau, l'irritant, la transperçant. Il avait beau tenter de se protéger, il ne pouvait leur échapper Il avait l'impression de devenir fou. Elles devenaient si denses qu'il parvenait encore à peine à distinguer Sirius, comme si elles tentaient volontairement de les séparer. Elles l'accrochaient, le retenaient, déchirant sa robe, s'enroulant dans ses cheveux. Chaque pas était une bataille, chaque mètre gagné, une flambée de douleur qu'il n'aurait jamais cru possible. Il pensait même avoir, à une ou deux reprises, crié.
Et soudain, ce ne fut plus que l'obscurité.
Il fit un pas, deux, se débattant telle une furie, écorchant un peu plus la paume de ses mains, ses jambes, ses bras, passant l'arbre qui lui avait masqué, l'instant d'avant, sa bouée de survie, s'élança presque et… ne fit face qu'aux ténèbres.
Il…
Il l'avait perdu.
Hurlant presque de désespoir, tremblant, il avança encore, trébuchant sur une souche invisible pour venir s'écraser dans une nouvelle mer de ronce qui sembla s'écarter pour mieux l'avaler ensuite dans son antre. Il voulut se relever, mais se trouva littéralement prisonnier de leurs branchages, accroché de toutes parts, comme retenu par des milliers de bras aux griffes acérés qui labourèrent consciencieusement sa peau. Il cria de douleur, se débattit encore et encore, tentant de se dégager, de pouvoir, ne serait-ce, que se mettre à genou, avant de comprendre qu'il ne pourrait leur échapper et se laisser finalement retomber, épuisé et terrorisé. Il éclata alors en sanglot et ramena ses bras autour de sa tête, repliant ses jambes sur son torse, tentant de se faire le plus petit possible pour échapper à leurs morsures.
Il ne sut pas combien de temps passa ainsi, des heures, des minutes, à peine une seconde ? Mais alors même qu'il commençait tout juste à se calmer, il sentit une poigne puissante le saisir par le bras et, hurlant de terreur, fut brusquement relever de son piège et remit sur ses pieds. Il vacilla un instant, tremblant, avant de sentir ses jambes céder sous son poids et retomber contre une large poitrine qui le soutint aussitôt, entourant sa taille.
Il ouvrit immédiatement son regard et crut presque pleurer de joie, lorsqu'il distingua dans un semi-brouillard, le visage inquiet de Sirius, éclairé par une petite lumière verte.
_ Je… je croyais, dit-il doucement, en retrouvant un peu de sa stabilité, qu'il n'y avait pas de retour en arrière.
Sirius poussa un petit grognement menaçant avant de le remettre sur ses jambes, visiblement rassuré et se passa la main dans les cheveux.
_ Ce ne serait pas la première fois que je ne fais pas ce qu'il faut, dit-il simplement. Et puis, je n'y suis pas pour grand chose, après tout, je ne faisais que la suivre, poursuivit-il en pointant d'un petit mouvement de main la lumière qui s'amusait encore à tourner autour de lui.
Harry en aurait presque sourit. Il n'était pas dupe, surtout au vu de bourdonnement défaitiste du petit esprit, mais il ne dit rien et se contenta de hocher la tête. Sirius lui ébouriffa alors les cheveux d'un geste affectueux et lui sourit doucement.
_ Allez, viens. Nous avons déjà dépassé le chêne millénaire, l'école ne se trouve plus très loin. A peine une cinquantaine de mètres.
Harry en écarquilla les yeux d'étonnement. Il n'avait pas réalisé qu'ils avaient déjà fait tant de chemin. Il allait répondre, lorsqu'un lourd craquement les fit sursauter et ils s'écartèrent juste à temps pour éviter le tronc imposant d'un arbre qui vint s'écraser lourdement au sol. Les deux hommes roulèrent un peu plus loin pour immédiatement se relever et reculèrent inconsciemment lorsqu'une silhouette apparue soudain à la périphérie de leur champ de vision. Une forme noire, encore masquée par l'obscurité, mais qui laissait percevoir deux immenses pupilles dorées, fixées sur eux et semblant les dévorer.
Le jeune homme sentit un long frisson parcourir sa colonne et il voulut reculer, mais son corps refusait de bouger, littéralement paralyser de terreur. Hypnotisé. Il déglutit avec difficulté, la bouche sèche et sentit la sueur couler lentement de son front.
Arkam.
La silhouette, bien trop familière, commença à se dessiner à la lueur de leur guide et son esprit tout entier se mit alors en devoir de lui hurler de bouger. De s'enfuir. Maintenant. Mais il ne put même pas cligner des yeux.
Il ne fut tiré de sa torpeur que par une secousse à son bras et il put enfin tourner la tête pour dévisager le visage affolé de Sirius.
_ Cours, lui souffla ce dernier. Cours le plus vite possible. C'est notre seule chance. Droit devant toi. Ne t'arrête pas.
Et son corps réagissant enfin à son commandement, il fit demi-tour sur lui-même, pour se lancer à la poursuite de l'esprit qui les avait déjà précédé.
Plus par instinct que par réelle perception, il sut que Sirius avait pris sa suite et sans hésiter, se mit à courir plus vite qu'il ne l'aurait jamais cru possible, ignorant tout ce qui pouvait barrer son chemin, propulsé par sa seule peur.
Et les secondes devinrent des heures, alors qu'il cherchait désespérément à apercevoir les hautes tours de l'école, les contours de sa grande porte, courrant à ne plus pouvoir respirer. Il crut un moment qu'ils s'étaient trompés, qu'ils étaient partis dans la mauvaise direction et faillit presque paniquer, avant de voir enfin, au détour d'un arbre, les premières ébauches familière de Poulard. Le soulagement qu'il ressentit alors, faillit le faire s'écrouler, mais il parvient à garder son équilibre et même à accélérer son pas. En quelques mètres, il franchit enfin l'orée de la forêt pour fouler le pavé familier qui le conduirait jusqu'à la grande porte et sans plus se retourner, s'y élança.
Il avait presque atteint les premières marches lorsqu'un cri attira soudain son attention et il se retourna juste à temps pour voir Blake s'écrouler et rouler sur un mètre, poursuivit par Draco.
_ SIRIUS !
Impuissant, il vit ce dernier s'asseoir et se reculer précipitamment, lançant en désespoir de cause un Avada Kedavra qui n'eut pas plus d'effet qu'une piqûre de moustique. Et il leva un bras devant son visage, alors même que Draco s'apprêtait à frapper.
A la lueur des seules lumières de l'école, Harry put voir le visage contorsionné par la haine et le désir d'Arkam, son regard fou et brûlant et il sentit son cœur manquer un battement. S'il avait seulement nourri un jour l'espoir de le vaincre, celui-ci venait de s'effondrer définitivement.
Il vit avec terreur la main du sorcier s'abattre sur ami et voulu hurler, mais au même instant, une petite lueur verte passa devant Draco, le faisant sursauter et donnant juste assez de temps à Sirius pour se reculer de quelques mètres encore et franchir enfin la barrière qui devait les protéger. Il s'effondra presque au pied d'Harry, tremblant, et tous deux regardèrent avec une fascination morbide la rage monter dans le corps de celui qui, il n'y a pas si longtemps encore, était leur ami. Arkam s'avança férocement jusqu'à eux, s'arrêtant à un centimètre à peine de la barrière, les faisant inconsciemment reculer, pour effleurer légèrement la protection.
Un sifflement méchant passa ses lèvres et son visage se fit plus sombre encore, lorsqu'elle crépita sous ses doigts, mais il s'écarta finalement, sans les lâcher du regard. Les deux hommes ne bougèrent pas, incapable de fuir l'intensité de ses pupilles dorées et vacillèrent lorsque, alors que la petite lueur tentait de revenir jusqu'à eux, une main se referma soudain sur elle pour l'écraser. Il y eut un petit bourdonnement suraigu juste avant que la lumière verte ne disparaisse complètement et alors seulement, Arkam fit demi-tour pour rejoindre l'ombre qui l'attendait plus loin en arrière. Sans plus un regard pour eux, il se plaça à ses côtés et l'instant suivant, ils avaient disparu.
Des longues minutes passèrent avant que l'un ou l'autre n'ose même bouger, réalisant lentement qu'ils étaient, en vérité, encore en vie et que pour l'instant, l'école était encore protégée. Ils se relevèrent alors et lentement, s'aidant l'un et l'autre, montèrent une à une, les marches de Poulard.
Ils étaient sauvés. Pour l'instant.
***
Harry prit une inspiration tremblante et se laissa retomber sur l'oreiller. Il n'avait pas imaginé que mettre des mots sur ce qu'il avait vécu, pourrait rendre les évènements plus réels encore et plus terrifiants. Et pourtant… Ce n'était désormais plus un cauchemar, ce ne pourrait plus jamais en être qu'un.
Lentement, il ouvrit les yeux pour faire face à une assemblée tour à tour, abasourdie, choquée ou terrifiée. Cependant, il pouvait toujours lire l'incompréhension sur leurs traits, cette fine barrière qui séparait le vécu du simple ressenti. Ils ne pourraient jamais totalement savoir, ils ne pourraient jamais réellement s'imaginer. Du moins, l'espérait-il.
Ils ne pouvaient de toute façon pas être plus proche de la réalité.
Sachant qu'il leur faudrait probablement quelques minutes pour digérer tout ce qu'il venait de leur dire, Harry décida qu'il était temps pour lui de tester ses propres capacités. Lentement, lâchant la main d'Hermione qui le contemplait sans bouger, il passa en position assise, grimaçant et jurant quelque peu alors que ses muscles protestaient contre ce changement de position. A moins que ce ne soient les écorchures qui brûlaient toujours sa peau, il ne pouvait en être tout à fait sûr. Il ne s'était jamais senti aussi épuisé et courbatu de toute sa vie. Même ses multiples affrontement contre Voldemort ne l'avaient jamais laissé ainsi. Et il n'avait même pas fait usage de sa magie.
Il eut une petite moue ironique à cette pensée alors qu'il se détendait doucement et laissait passer les vagues nausées qui malmenaient encore son estomac. Une fois à peu prêt sûr qu'il pourrait se lever sans risque, il prit appui sur le bord du canapé et lentement, péniblement, se mit en position débout. Remus fut instantanément à ses côtés, ce dont il lui fut grès lorsqu'un nouveau malaise menaça de le faire s'écrouler. Mais il refusa de se rassoire pour autant et prit une petite minute pour chasser les papillons noirs qui dansaient devant ses yeux. Alors seulement, il se détacha du sorcier pour faire quelques pas et, visiblement satisfait, s'étira une dernière fois, avant de réajuster ses lunettes presque au bout de son nez.
Ayant repris ses esprits, Hermione s'avança près de lui, le visage plus serein, un peu triste et toujours marquée par la peur, mais beaucoup plus calme et sans un mot caressa lentement son bras. Le jeune accepta gracieusement cette invite, s'appuyant doucement contre elle, prenant dans son giron tout le réconfort et la chaleur qu'il pouvait, heureux de son silence. Elle savait que pour l'instant, il ne pourrait en dire plus et ne demandait rien d'autre, attendant simplement le moment où il voudrait parler à nouveau, toujours à ses côtés. C'est une des nombreuses raisons qui faisaient qu'il l'avait toujours aimé.
_ Les autres sont-il arrivés ? Demanda-t-il finalement, brisant le silence de plus en plus pesant de la pièce.
Il connaissait déjà la réponse et ne fut pas étonné lorsque Severus murmura pour les autres :
_ Pas encore, malheureusement.
Il se contenta de hocher distraitement la tête et s'apprêtait à ajouter quelque chose lorsqu'un hoquet douloureux détourna son attention.
Fred s'éloigna soudain d'eux, une grimace douloureuse au visage, à moitié plié en deux, une main agrippant sa poitrine. Il bouscula par inadvertance Crabble qui, surpris, s'écroula à terre, avant de butter contre le mur et s'effondrer lentement jusqu'au sol, comme incapable de reprendre sa respiration. Du sang se mit à couler à flot de sa poitrine, s'étalant rapidement, telle une fleur écarlate sur sa robe pour mourir au sol et s'y épandre. Son visage blême, en parti dissimulé par sa chevelure rousse, laissait entrapercevoir des yeux hagards et de ses lèvres, s'échappait un souffle rauque et difficile, mêlé de sanglots.
Son cri de douleur sembla enfin sortir l'assemblée de sa torpeur et en un instant Percy fut à ses côtés, le prenant dans ses bras pour serrer son corps désormais secoué de spasmes violents et ouvrir sa robe. Il glissa une main sur sa poitrine dénudée à la recherche de la moindre blessure et pâlit un peu plus en la ramenant couverte de sang.
Fred prit alors une inspiration laborieuse et craqua son regard pour le dévisager, son front reposant au creux de son cou et son souffle chaud glissant sur sa peau pour murmurer ce qu'il avait malheureusement déjà compris.
_ George…
Sa voix lourde de terreur et de souffrance ébranla son aîné qui le serra un peu plus fort contre lui, au bord des larmes, lui offrant le seul réconfort dont il était capable. Fred émit un nouveau gémissement et se contracta soudain dans ses bras, cherchant un instant une inspiration qui ne vint pas. Ouvrant sa bouche dans un hurlement muet qui sembla pourtant déchirer l'air, il s'arqua une fois, deux, chaque muscle tendu à l'extrême, avant de finalement retomber dans le giron de son frère, complètement immobile.
Celui-ci posa alors sa tête sur sa poitrine, ignorant le sang qui tâchait sa peau et le corps secoué de sanglots. Laissant ses larmes couler librement, il se mit à bercer le corps inconscient de son cadet, caressant doucement sa chevelure et lui murmurant des phrases sans aucun sens, mais remplies d'une détresse sans nom.
Autour d'eux, leurs compagnons ne purent qu'assister, impuissants et conscients de sa signification, au spectacle déchirant des deux frères, alors que Ginny pleurait dans les bras de Goyle.
***
Ernst s'immobilisa un instant, reprenant sa respiration et observa avec attention l'étendue boisée qui les entourait. Malgré une pénombre que son sort le lumière parvenait à peine à percer, il pouvait parfaitement distinguer l'atmosphère étrange y régnait, faite de petits craquements de feuilles ou de bois, de cris distordus qu'on hésitait à attribuer à de quelconques animaux vivants et du souffle chaud d'un vent capricieux charriant des odeurs de charogne et de sang. Ils dépareillaient étrangement avec la beauté presque magique du lieu, fleurs multicolores qui semblaient prendre leur essence à la seule lueur des étoiles, cascade dorée de sève encore chaude venant nourrir la terre ou reflets diaprés des premières rosées.
Parfois entre deux buissons ou sur les hautes branches d'un arbre, il croyait apercevoir deux petites prunelles flamboyantes et pleines de malice qui perçaient à peine les ténèbres pour disparaître aussitôt. Il était presque sûr que cette chose, quelle qu'elle fut, les avait suivis dès les premiers instants de leur fuite.
George finit par le rejoindre, encore un peu surpris de la vigueur dont faisait preuve son aîné et essuya rapidement la sueur qui coulait de son front. Sous ses dessous frêles, Ernst cachait une excellente condition physique qui avait bien failli le perdre à plusieurs reprises lorsqu'il s'était laissé surprendre par ses soudaines accélérations.
Il regarda rapidement autour de lui, conscient de ce qui dérangeait le sorcier et ne put s'empêcher de frémir une fois de plus, comme écraser par l'atmosphère pesante de cette « forêt ».
Mais forêt n'était plus le mot.
Après plus de vingt minutes de course, alors qu'ils auraient du s'y enfoncer plus profondément, lutter dans ses enchevêtrements de branches et de racines, ils semblaient au contraire en sortir peu à peu. Cela ne l'avait tout d'abord pas frappé. Mais quelques minutes plus tôt, ils avaient du traverser une clairière de presque quinze mètres pour entrer dans une nouvelle zone pratiquement dégagée, faite de simples espacements d'arbres et de terre couverte par de hautes herbes dans laquelle ils n'avaient eu d'autres choix que de s'enfoncer. Il avait alors réalisé.
Et maintenant, alors même qu'ils auraient du être cernés de chênes et d'hêtres, ils couraient presque à travers plaine.
S'il n'avait pas eu toute confiance en son aîné, le jeune homme aurait juré qu'ils s'éloignaient de l'école.
_ Que se passe-t-il ? Demanda-t-il finalement en se portant à sa hauteur.
Ronald abandonna sa contemplation et le regarda un long moment, semblant considérer sa réponse avant de murmurer :
_ Il s'amuse. Il manipule la forêt à son grès pour en faire un terrain de jeu. Un terrain à son avantage.
_ Bien sûr, soupira amèrement le jeune homme, il est plus facile de nous traquer sur un sol découvert. Surtout par cette obscurité. Le peu de lumière qui nous guide, nous trahit plus sûrement que n'importe quel bruit ou mouvement.
_ J'en ai bien peur.
_ Et nous sommes suivis, n'est-ce pas ?
Ernst lui jeta un petit regard étonné et appréciateur avant d'acquiescer en silence et surveiller plus attentivement les buissons à la recherche du moindre mouvement. Mais l'obscurité rendait la chose pratiquement impossible et la bête était trop maligne pour s'avancer jusqu'au petit carré de lumière qu'il produisait.
_ « Elle » est derrière nous, souffla finalement George, le faisant presque sursauter. Je crois.
_ Comment…
_ Elle produit un son étrange lorsqu'«elle » se déplace, comme un grelot, à peine audible. C'est difficile à dire, mais j'arrive parfois à l'entendre.
Ernst leva un sourcil étonné, s'apprêtant à lui demander plus de précisions, lorsqu'il fut interrompu par un claquement de main qui se transforma rapidement en applaudissement. Les deux hommes sursautèrent et se retournèrent aussitôt, juste à temps pour voir apparaître à quelques mètres à peine, la stature familière de Draco.
_ Bravo ! Bravo ! Sourit cruellement ce dernier, laissant ses mains retomber. Peu de personnes ont jamais été capables percevoir la présence d'un Mange-Cœur et encore moins de l'entendre. C'est étonnant.
Il s'arrêta à un mètre à peine et claqua des doigts, une petite forme sautant alors de l'arbre le plus proche sur son épaule pour darder sur eux un regard de flammes et pousser ce qui pouvait passer pour un feulement sauvage.
Cette vison aurait pu tout aussi bien sortir des enfers. Le Mange-Cœur semblait tenir à la fois du chat et du chien. De petite taille et sans aucun poil, sa peau, comme inexistante, laissait transparaître chaque faisceau de muscles et sa couleur auburn rappelait par trop celle des brûlés. Son regard, bien trop grand, semblait dévorer sa gueule qui dévoilait une rangée de crocs blancs et luisants, terriblement pointus, encastrés dans une mâchoire puissante et mauvaise. Et à son cou émacié, encastré dans la chair, on pouvait distinguer parfaitement les reliefs d'une clochette de cuivre.
Arkam caressa sans aucune répugnance la chose qui se moula aussitôt à sa main, grattant rapidement l'arrière de son oreille avant de la laisser sauter à ses pieds.
_ Va ma belle, souffla-il finalement, observant avec une étrange tendresse la petite créature. Va et finit ton travail.
Le Mange-Cœur ronronna tout son soul, observant son maître, visiblement satisfait, avant de disparaître dans la forêt d'un saut puissant.
Alors seulement Arkam ramena son attention sur les deux sorciers, avançant d'un nouveau pas vers eux, laissant découvrir dans son ombre la silhouette de son serviteur.
Lucius fixa un instant son regard à celui de Ernst, résigné, avant de rapidement détourner les yeux vers un point invisible dans un buisson près d'eux. Ce qui allait se passer, il ne pourrait l'empêcher et il n'était pas sûr de pouvoir supporter les accusations et la haine miroitant sur le visage de celui qui l'avait un jour sauvé. Son reflet de mort.
Tout était joué.
Ronald dévisagea également un long moment Malfoy, peu sûr, une nouvelle fois, de pouvoir le déchiffrer, avant de tourner son attention sur Arkam, le visage froid et impassible. Lentement, posément, il collecta la moindre once d'énergie qui brûlait en lui en vue des quelques minutes qui allaient suivre. Il savait qu'ils n'y survivraient probablement pas. Ils étaient bien trop loin de l'école et même à deux, les chances de repousser le sorcier était pratiquement inexistantes. Mais il ne se laisserait pas tuer si facilement.
Un petit coup d'œil à son compagnon lui assura que la même pensée l'avait traversé. George ne vacilla pas, pas plus qu'il ne recula. Bien au contraire, tout comme son aîné, il rassembla et canalisa ses pouvoirs, laissant déjà brûler à ses lèvres les sorts qu'il lui faudrait lancer. Et une fois de plus, Ernst ne put que l'admirer. Il n'avait jamais soupçonné chez le jeune homme une telle force d'esprit. Mais après tout, c'était un Weasley et Ron avait déjà prouvé qu'ils étaient bien plus forts qu'ils ne le laissaient paraître.
Observant avec amusant ses proies, Arkam laissa un petit sourire narquois fleurir à ses lèvres en les voyant se préparer. Ils ne semblaient pas réaliser à quel point ils étaient pathétiques. Cela en était presque risible et trop facile. Ces deux premières victimes ne lui avaient échappé que par chance, mais il ne ferait pas deux fois la même erreur. Et le peu de sang déjà, quelques gouttes à peine, qu'il avait pu goûter de Sirius, avait suffit à lui seul à renforcer ses pouvoirs.
Il ne pouvait attendre d'en boire un autre à gorgée.
Mais il voulait également s'amuser, savourer sa vengeance.
Enfin.
Trop d'années, de siècles, prisonnier d'une stalle, avaient peu à peu aiguisé sa rancune et il comptait bien goûter chaque mort qu'il créerait de ses propres mains. Il était temps de reprendre ce qui lui appartenait.
Sans détourner la tête, il appela d'un petit mouvement de main Lucius qui vint d'un pas vif se placer à ses côtés.
_ Maître, souffla doucement ce dernier, porteur d'un dégoût qu'il ne cherchait plus à dissimuler.
Arkam eut presque un sourire à son audace. Oh oui, il allait prendre beaucoup de plaisir à le rééduquer et ceci serait le premier pas.
_ Je veux que tu me rapporte son cœur, dit-il d'une voie suave et carnassière. Le garçon est à moi.
Il sentit son serviteur flancher à ses paroles et ne put retenir le sourire satisfait qui vint fleurir ses lèvres. Il avait touché juste.
_ Non…
_ Non ?
Il se retourna avec une lenteur et un calme terrifiant et Lucius baissa immédiatement la tête, une grimace de souffrance au visage, la main sur sa poitrine, le souffle court et difficile et le cœur prêt à exploser.
_ Non ? Répéta doucement Arkam, une once de déception enfantine, mais sarcastique, dans la voix.
Lucius ravala tout juste un sanglot et mit quelques instants à comprendre qu'il venait de répondre, lorsqu'il entendit résonner à ses oreilles :
_ Oui, maître.
Encore une fois, il était prisonnier.
La scène n'avait durée que quelques secondes, mais cet instant de distraction aurait pu suffire à Ernst et George pour s'échapper s'ils n'avaient été littéralement fascinés par l'étrange échange. Et la petite graine de doute qui avait déjà été semée dans l'esprit du plus âgé, ne fit que se renforcer. Lucius avait tenté de résister. Il avait voulu refuser, bien que cette possibilité lui fut interdite.
Peut-être alors…
Mais toute autre pensée lui échappa, lorsqu'il sentit soudain une vague d'énergie déferler vers lui et il eut tout juste le temps de lever une protection pour la repousser. Le sort rebondit avec une violence extraordinaire sur la barrière, déstabilisent le sorcier qui put à peine garder sa concentration et son équilibre. Il lui sembla alors entendre son jeune compagnon crier son nom, mais n'eut pas le temps de s'y intéresser, la deuxième attaque déjà lancée.
Remis de sa surprise et cette fois bien mieux préparé, Ernst la para avec beaucoup plus de facilité et put même lancer une petite contre-attaque qui, si elle n'était pas dangereuse pour son adversaire, eut au moins l'avantage de briser un instant son élan. Il tourna alors juste à temps son regard pour voir George être frappé de plein fouet une puissante boule d'énergie lancée par Arkam et sentit son cœur manquer un battement lorsque le jeune homme fut violemment repousser contre un arbre dans un craquement sinistre.
Il aurait voulu pouvoir se porter à son secours, mais ne put que prier que ce ne soit pas son corps qui ait émit ce terrible son. Il avait à peine fait un pas dans sa direction que Lucius s'était déjà dresser devant lui, baguette à la main et les premières notes d'un nouveau sort au bout des lèvres.
_ Tu n'es pas forcé de faire, s'entendit-il dire, préparant ses propres incantations.
Lucius lui adressa un regard lourd de sens avant de souffler :
_ Si, malheureusement.
Et d'un bond, il le vit s'élancer vers lui.
Troublé par ce mouvement, mais surtout par le cri d'agonie qui perça soudain ses oreilles et la vision sanglante qu'il put apercevoir un instant derrière son opposant, il s'entendit à peine hurler le nom de George, avant d'être projeté à terre par le poids de Malfoy. Le choc ébranla sa colonne, faisant éclater dans tout son corps une douleur aveuglante et le vida instantanément de son air. Il ouvrit de grands yeux alors que la souffrance rampait rapidement dans ses os, chercha à reprendre sa respiration et eut tout juste assez de lucidité pour voir l'éclaire d'une larme apparaître au-dessus de lui et parer du bras son tranchant près à couper le fil de sa poitrine. La lame déchira le satin de sa robe pour venir mordre ses chaires, lui arrachant un cri, avant d'être projetée au loin par la force de son mouvement et disparaître dans les ténèbres d'un buisson.
Il ne réalisa pas qu'il venait de lancer un sort d'attaque avant de voir le regard de Lucius, pratiquement assis sur lui, s'écarquiller de surprise et ses bras venir se placer devant son visage pour se protéger. La magie le frappa pleinement pour le repousser à plus d'un mètre et il frappa le sol avec violence roulant dans les herbes humides jusqu'au pied d'un rocher.
Une longue seconde passa avant que Ronald ne se relève avec difficulté, chancelant sous la douleur et un voile noir passa devant son regard, menaçant de lui faire perdre pied. Il s'appuya contre un arbre, frottant d'une main poisseuse de sang son visage pour tenter de se raccrocher à la réalité et lorsque le monde sembla enfin s'arrêter de tourner, il fit quelques pas hésitant vers son adversaire avant de s'écrouler à ses pieds.
Son sang battait furieusement à ses tempes ainsi qu'une douleur sourde et il eut du mal à se focaliser. Clignant plusieurs fois de yeux, il finit par avancer une main tremblante jusqu'au corps de Lucius pour y chercher un pouls. Sa peau eut à peine le temps de toucher les reliefs de son cou, avant que son poignet ne soit soudain enfermer dans une prise puissante qui le fit sursauter. Il vit Malfoy ouvrir brusquement son regard pour le fixer au sien, resserrant son étreinte jusqu'à marquer sa chaire, l'empêchant de reculer. Il l'attira alors à lui avant même qu'il n'ait eu la moindre chance de se protéger, amenant son oreille à quelque centimètre seulement de ses lèvres et doucement, murmura :
_ Id ashen rhell idkar, rhill enidkar.
Que ce qui a été fait, soit défait.
Puis son regard se troubla, sa main retomba à terre, perdant visiblement connaissance et Ernst put enfin se dégager, vacillant à terre, les yeux grands ouverts et stupéfié.
Il avait parfaitement sentit la vague de magie passer à travers lui à peine le sort prononcé et il avait cru mourir. Mais hormis un inconfort passager pendant un instant, il ne s'était rien passé. Pas de nouvelles douleurs, pas de sang, pas même le néant.
Et cette phrase…
Un nouveau cri déchira l'air, le faisant sursauter et il se retourna pour voir un spectacle qui aurait préféré ne jamais avoir à regarder. Et en un instant, il fut sur pied.
George n'avait jamais vu la première attaque arriver, toute son attention tournée vers Ernst lorsque Lucius l'avait attaqué. Il avait été le témoin horrifié de sa puissance, craignant un instant pour la vie du sorcier avant qu'elle ne rebondisse sur la protection qu'il avait tout juste eu le temps de dresser. Cela ne l'avait pourtant pas empêcher de hurler lorsqu'il l'avait vu vaciller et soupirer presque aussitôt de soulagement.
Le sort l'avait alors touché, l'envoyant bouler à terre pour venir s'écraser contre un arbre mort sans autres de dommages que quelques égratignures et une tête secouée. Il s'était rapidement relevé, craquant par inadvertance le tissu de sa robe, pour voir Arkam à deux pas à peine de lui.
_ J'ai horreur qu'on se désintéresse de moi, avait soufflé le sorcier, le visage brillant de cruauté.
George avait à peine eu le temps de faire un pas en arrière, terrifié et penser que jamais Draco, même dans ses pires moments, n'avaient paru si terrifiant, avant qu'une main ne vienne soudain saisir son cou et ne le soulève de terre. Le corps du sorcier avait beau être celui d'un adolescent plus jeune, sa force n'en restait pas moins supérieure et il s'était rapidement retrouvé dans les airs, étouffant à moitié, ses doigts agrippant machinalement la main qui l'asphyxiait pour tenter de prendre quelques goulées d'air.
Il ne lui avait pas été difficile de comprendre que la première attaque n'avait été qu'un amusement pour Arkam et que le pire restait encore à venir. Et il ne pouvait rien faire. Tout avait été si rapide, à peine quelques secondes, que les sorts qu'ils avaient si bien préparés, étaient tous déjà morts à ses lèvres.
_ Trop facile, avait soupiré le sorcier, visiblement déçu.
Et la seconde suivante, une douleur comme il n'en avait jamais connu avait explosé dans sa poitrine, le faisant hurler, alors qu'une gerbe écarlate se répandait sur son visage et son torse.
Le corps secoué de spasmes, toujours pendu au bras de Draco et crachant du sang, il avait baissé la tête pour voir l'autre main du sorcier encastrée dans sa poitrine. Il n'avait tout d'abord pas compris, ayant du mal à concilier la vision de son corps, à celle de la chaire en lambeau qui se découvrait au travers de sa robe et semblait dévorer le bras du sorcier. Puis la réalisation l'avait lentement frappé et il avait gémi piteusement.
Malgré la souffrance terrifiante, il était resté suffisamment conscient pour sentir les doigts d'Arkam continués à percer ses chaires, avançant petit à petit dans son corps, sans aucune merci et avec visiblement beaucoup de plaisir.
Il avait encore tressailli, émettant des gargouillements à peine audible, avant de hurler une nouvelle fois lorsqu'il l'avait senti atteindre son cœur. Tout reste de cohésion l'avait quitté à cet instant et il avait à peine eu conscience que la main, au lieu de le transpercer, s'était retirée brusquement, faisant craquer ses os, avant de sombrer dans les ténèbres salvatrices.
Ronald regarda avec une horreur certaine Draco sortir sa main du corps désormais placide de George pour venir lécher le sang qui la paraît. Le liquide carmin coulait en grande quantité de la plaie béante pour noyer sa robe et venir goutter rapidement à terre.
Pendant quelques instants d'une fascination morbide, il le regarda nettoyé consciencieusement ses doigts, souriant littéralement de plaisir, comme goûtant un met sans pareil. Et ce n'est que lorsque le sorcier arma à nouveau son bras qu'il réagit enfin, lançant un sort puissant qui vint le frapper de plein fouet pour à peine l'ébranler. Il eut cependant pour effet de lui faire lâcher prise et le corps de Weasley s'effondra mollement à terre, laissant son sang venir nourrir un peu plus le sol.
Arkam se tourna alors lentement vers lui, les yeux rétrécis à l'extrême et brûlant de haine et il eut un reniflement hautain en direction du corps de Lucius. Mais Ernst ne lui laissa pas le temps de réagir. Il lui restait une dernière carte à jouer, une précaution qu'il avait prise avant de partir.
Il s'élança vers le sorcier, comme pour l'attaquer, provoquant chez lui un mouvement réflexe de défense, mais au lieu de lancer un sort, il se jeta à ses pieds, s'interposant entre le corps de son compagnon et sortit de sa robe une carte gravée d'incantations fines qu'il récita aussitôt. Celle-ci s'illumina en un instant pour créer autour d'eux la même barrière qu'il avait bâti pour protéger l'école.
Arkam hurla presque de fureur en la voyant se former, mais recula néanmoins. Il savait qu'il ne pourrait pas la franchir. Pas encore. Mais il n'en était plus très loin.
Il se força à se calmer, maudissant intérieurement cette restreinte qui le rendait si faible et lança un regard entendu à Ernst.
_ Pour cette fois, tu as gagné. Mais tu n'auras pas la même chance que ton ancêtre. Tu m'as laissé encore deux proies, deux proies que je compte bien posséder.
Et sur ces mots, il se détourna rapidement, ramassant son serviteur pour le prendre dans ses bras et s'enfoncer dans les profondeurs de la forêt, les ténèbres se refermant immédiatement sur son chemin.
Ronald ne put que le regarder partir, épuisé et choqué, sachant qu'il ne pourrait rien faire pour l'en empêcher. Il ne pouvait qu'espérer que ses deux compagnons, quels qu'ils soient, aient déjà eu le temps de regagner l'école. Mais quelque part, il en doutait.
Se laissant complètement glisser à terre, la réalité commença à le rattraper doucement et il se retourna pour effleurer le corps bien trop pâle de compagnon étendu dans l'herbe. Il savait ce qu'il allait découvrir. Il l'avait su dès l'instant où la gerbe de sang avait explosé lorsque Lucius l'avait attaqué et pourtant cela n'en restait pas moins difficile.
Il posa une main sur sa joue, encore étonnamment chaude, se forçant à ne pas regarder le trou qui perçait sa poitrine et eut un sursaut de surprise lorsque, remontant ses doigts pour fermer complètement ses yeux, il sentit un souffle courir sur sa peau.
Il n'hésita qu'un court instant avant de chercher sa carotide pour y trouver un pouls filant, à peine perceptible, mais bien présent. Ravalant un cri de joie, sans penser à sa propre fatigue, il appliqua aussitôt ses mains sur son torse et, puissant dans ses dernières réserves, commença à le guérir doucement.
A suivre…
Bon… raté… le prochain chapitre ne sera pas le dernier puisque je n'ai pas encore terminé celui-là. Pfuiiiii, déjà 22 pages (sur les deux parties) et je ne suis pas au bout. Argggggggh, je ne vais jamais m'en sortir. Enfin…
Sinon, je sais, c'est tout gore et tout violent et tout et tout, beurk ! Mais que voulez-vous, Arkam n'est pas un tendre. Et encore, je n'ai pas été aussi méchante que je l'aurais pu. Eh ! Y'a pas eu de morts dans cette partie, juste des blessés, alors… Mais bon, ce n'est pas encore fini non plus^^.
Ah oui, aussi, je n'ai toujours par de béta-lecteur et comme je suis nulle en ortho, pardon pour les fautes.
Enfin, voilààààààààà, commentaires appréciés, quant à la suite… dès que je peux.
