Titre : Ames Sœurs

Auteur : Aakanee

Genre : Explication… enfin presque ^^ !!! et la suite… enfin ^^

Base : HP

Note : Je vous éviterais mes longues explications quand au délais incroyable entre chaque chapitre, sachez seulement que je fais au mieux avec les circonstances. J'ai juré que je terminerais cette histoire et je le ferais. Pour ceux qui ont encore le courage de m'attendre et de me lire, merci.

Ames Sœurs

Chapitre 14

Danser avec le diable à l'ombre de la lune

Parti a

  La bête s'avança de quelques pas, s'immobilisa et s'assit. Penchant la tête de côté, elle les observa un long moment, puis sembla se désintéresser d'eux. Elle baya à pleins crocs et entreprit de lustrer les poils inexistants de sa peau. Tout à sa tâche, un Moldu ou un simple mage aurait pu croire qu'elle les avait oublié, mais les deux sorciers n'étaient pas dupes. Ils pouvaient apercevoir de temps à autre un léger mouvement de tête dans leur direction et l'éclair d'un regard vif.

  La chose était à l'affût.

  Pas un geste ne lui faisait détourner les yeux de son objectif. Pas un mouvement n'était attentivement calculé et jugé. Elle tenait ses proies et comptait bien les garder jusqu'à l'arriver de son maître.

  Ils n'avaient aucune issue.

  Un lourd silence pesait désormais sur la forêt dont seul le tintement indistinct de la clochette venait parfois rompre le charme morbide.

  Ni Ron, ni Dumbledore n'osaient bouger. Ils n'étaient pas tant paralysés par la peur que par la fascination que leur inspirait la bête et la certitude qu'ils ne pourraient lui échapper.

  Ils n'avaient jamais vu animal si macabre et gracieux à la fois. Son corps, trop élancé, malingre et couvert de muscles à l'apparence tétanisée, paraissait à peine assez solide pour supporter son poids. Pourtant, elle se déplaçait avec une agilité et une vitesse surprenante qui la rendait extrêmement dangereuse.

  Malgré son apparence fragile, aucun des deux hommes ne pouvait ignorer son potentiel mortel.

  Face à un dieu, elle aurait été la compagne du diable.

  Comme mu par une force, Ron esquissa soudain un pas en arrière, brisant le sortilège muet qui les avait tenu immobile. Il lui fallu quelques seconde pour réaliser l'ingéniosité du piège qui s'était refermé sur eux. Une invention puissante et assurément fatale à celui qui s'y laissait prendre. Ce n'étais pas tant le bête elle-même qui était dangereuse, mais le son ensorcelant de sa clochette. Un tintement discret et régulier, si léger qu'on n'y prêtait pas attention. Il touchait le subconscient pour l'envelopper de sa toile et le retenir prisonnier, tétanisant sa proie. Un mécanisme perfide tel l'écheveau d'une araignée.

  Ils venaient de perdre une bataille important et un temps précieux et avaient peut-être, sans le deviner, signés leur arrêt de mort.

  La bête, le voyant bouger, se redressa aussitôt toutes griffes et crocs dehors. Le grondement féroce qui s'échappa de sa gorge fit frissonner le jeune homme. Ron avait eu tord sur un point. Le sort que le Mange-Cœur pouvait lancer était certes à craindre, mais l'animal lui-même n'était pas sans défense. Bien au contraire.

  Sous son apparence bestiale, vivait un esprit intelligent et calculateur, sans soute aussi puissant qu'un sorcier.

  Weasley sursauta lorsqu'une main se posa sur son épaule pour le tirer en arrière. Abasourdi par sa réalisation, il en avait oublié Dumbledore. Le vieux mage était pâle et tremblant. Il paraissait soudain son âge et avait perdu cette aura de puissance et de sagesse qui l'avait toujours caractérisé. Ce n'était plus qu'un vieil homme terrifié et débordé par les évènements.

  Et Ron ne pouvait lui en vouloir.

  Il réalisa, peut-être pour la première fois, l'ampleur de la situation. Jusqu'ici les évènements s'étaient enchaînés à une telle vitesse qu'il n'avait pu prendre le temps d'y réfléchir. Ce n'était plus seulement de sa vie dont il s'agissait, mais de celle de tous les sorciers, tous les Moldus de la terre. Si Arkam parvenait à sortir des terres de Poulard s'en était fini. Le monde tel qu'il l'avait connu cesserait d'exister. Pas un mage ne serait en mesure de l'affronter.

  Il avait été témoin du passé. Il avait vu les six plus puissants thaumaturges de ce monde l'affronter et pratiquement échouer. Aujourd'hui ces sorciers avaient disparus, leurs descendants, probablement dispersés aux quatre coins de la planète, ignorant tout de la menace qui grandissait peu à peu.

  Lorsque Arkam en aurait terminé avec eux, ce n'est pas seulement son pouvoir, mais celui de tous les élèves, de tous les professeurs de cette école qui coulerait dans ses veines. Et ce qui avait été ne pourrait plus être. Même à mille contre un, il serait vainqueur.

  Avaient-il seulement jamais eu une chance de l'arrêter ? Il n'en était plus si sûr.

  Depuis combien de siècle son âme prisonnière ruminait-elle ses desseins et sa vengeance ? Quelle pouvait être sa puissance pour, par de-là la tombe, continuer à influencer de grands sorciers sur des générations ?

  Il n'osait l'imaginer.

  Et désormais, il était libre et à nouveau de chair et de sang.

  Beaucoup disaient que l'esprit était tout, mais ils oubliaient que le corps était son ombre, son double. Son âme sœur. Sans conscience l'homme n'était qu'un pantin désarticuler et sans corps, l'esprit avait bien peu d'emprise sur la réalité. Il n'y avait qu'à voir les fantômes de Poulard. Certes ils étaient puissants à leur façon, mais même un élève de première année pouvait facilement les contrer avec un peu d'astuce.

  Il regarda autour de lui.

  Silence et mort.

  La forêt elle-même avait reconnu son maître. Il l'avait manipulé dès le départ avec la faciliter d'un enfant, faisant d'elle son terrain de jeux. Peut-être l'école était-elle un temps à l'abri derrière des barrières magiques dont les sortilèges dataient de plus de mille ans. Mais il n'aurait pas étonné d'apprendre qu'elles ne le dérangeaient pas plus qu'un bourdonnement d'insecte qu'on écrase d'une pichenette.

  Pour quelles raisons ne s'était-il pas échappé à la recherche de proies plus aisées, il l'ignorait. Mais quel quelques puissent être ses desseins, ils ne présageaient rien de bon. Et il n'était pas sûr de vouloir être présent pour les découvrir.

  _ Il faut partir, dit-il en se tournant vers son vieux professeur.

  Dumbledore ferma les yeux et secoua la tête.

  _ C'est trop tard.

  Ron sentit un poing de glace se refermer sur son estomac.

  La forêt ne semblait guère avoir changée, mais le Mange-Cœur s'était rassit, un étrange rictus difformant sa gueule. Alors, il commença à percevoir ce qui lui avait échappé. Les quelques plantes vertes qui avaient tapissé le sol au milieu des ronces, n'étaient plus que des brindilles sèches et craquelées. Le tapis d'épines s'était étoffé, formant désormais une barrière infranchissable. Et sur les branches mortes des arbres, il pouvait distinguer des formes mouvantes et inimaginables dont les yeux rouge sang étaient braqués sur eux.

  « Game over », pensa-t-il ironiquement.

  Il n'était pas sûr de savoir ce qu'il ressentait. De la peur face à cette horde ténébreuse, garde rapprochée de leur maître. Du soulagement de voir enfin se terminer cette poursuite. Du dégoût pour la chose immonde qui avait pris possession du corps de Draco. Ou de la pitié pour lui-même, car malgré tout, il ne pouvait cesser de l'aimer.

  Dumbledore l'attrapa soudain par les épaules et le força à le regarder.

  _ Ron ! Il faut que je sache, comment as-tu brisé le sortilège.

  _ Le… le sortilège ? Bafouilla-t-il.

  _ Celui du Mange-Cœur ! Comment as-tu fait ?

  _ Je ne sais pas. J'ai voulu reculer et…

  _ Ron, je t'en pris, c'est très important. Tu as du faire quelque chose. Il t'est normalement impossible de briser un sort aussi puissant. Moi même, j'en suis incapable.

  _ Je vous assure, je n'en ai aucune idée. J'ai seulement voulu reculer.

  Dumbledore soupira et le contempla un long moment comme s'il espérait trouver la réponse à ces questions au fond de ses yeux. Un éclair de compréhension illumina Soudain ses traits et il le relâcha.

  _ Tout n'est peut-être pas perdu.

  _ Pardon ?

  _ Nous avons peut-être encore une chance. Ron, quoiqu'il arrive tu dois rester en vie ! Je ferais tout pour te protéger, mais tu dois me promettre en retour de t'enfuir à la moindre occasion sans regarder en arrière. Tu ne dois pas, tu m'entends, tu ne dois pas chercher à m'aider. Si tu le peux, cours, cours le plus vite possible et rejoins Poulard.

  _ Mais…

  _ Il n'y a pas de mais ! Tu ne pourras pas me sauver. Promets le moi !

  _ Professeur…

  _ Promets le moi !

  A contre cœur, Weasley acquiesça.

  _ Je vous le promets.

  Pour une raison qu'il était encore incapable de saisir, le sorcier se détendit, parvenant même à lui offrir un sourire encourageant. Il aurait aimer lui demander des explications, mais un bruit de pas l'en empêcha. Dumbledore se plaça aussitôt devant lui, faisant barrière de son corps, et ironiquement, Ron constata pour la première fois qu'il était aussi grand que son vieux maître. Peut-être même un peu plus.

  Il vit alors Arkam s'avancer dans la petite ouverture du bois, portant son… le père de Draco dans ses bras. Laissant tomber sa charge, toujours inconsciente, à même le sol, il invita son serviteur maléfique à grimper sur son épaule. Le Mange-cœur y sauta avec une facilité déconcertante, enfouissant la tête près de son oreille et produisant un son qui aurait presque pu passer pour un ronronnement.

  Arkam leva un sourcil étonné dans leur direction, ou plutôt directement sur lui et souffla un léger « vraiment » vaguement surpris.

  S'arrêtant à un mètre à peine deux sorciers, il leur adressa un sourire désarmant.

  _ Il semblerait que les Weasley soient plein de ressources.

  _ Que veux-tu Arkam, trancha aussitôt Dumbledore d'une voix glacée.

  _ Ttt ! Albus, ce n'est pas une façon de saluer un collègue.

  _ Un vipère je dirais plutôt. Et encore, c'est insulter ces pauvres bêtes.

  Arkam porta tragiquement une main à sa poitrine.

  _ Je suis blessé. Non, vraiment. Mais j'aurais du m'en douter. Les sorciers de ta lignée n'ont jamais eu de respect pour les mages plus puissants.

  _ Plus monstrueux tu veux dire.

  Un sourire épanoui.

  _ N'est-ce pas la même chose. Regardes l'histoire : Morgan, Gwendoline, Kieran, Geas… Sans doute le plus puissants thaumaturges ayant jamais existés. Tous Mangemorts.

  _ Tous tués !

  _ N'est-ce pas aussi la vérité.

  L'ironie dans sa voix fit frémir Ron.

  _ Et à combien étiez-vous à chaque fois pour les terrasser. Quatre, cinq, six ? Quels glorieux combats ! Quelle équité !

  _ Nous avons fait ce qu'il fallait…

  _ VOUS avez fait ce qu'il fallait pour conserver une institution si ancienne qu'il est désormais impossible de remonter à ces balbutiements. Vos idéaux sont si vieux que je peux entendre d'ici craquer leurs articulations défaillantes. Des millénaires d'un même enseignement pompeux et fermé, ne laissant aucune place à la nouveauté, aucune liberté.

  _ La liberté d'asservir les hommes ?

  _ Et pourquoi pas. Les Moldus sont des êtres insignifiants et ignares prit dans leurs petites misères quotidiennes sans la moindre idée des capacités dont recèle le monde. Ils le détruisent et le polluent avec tant d'acharnement que les sorciers ont depuis bien longtemps abandonner tout espoir d'arrêter leurs actes de destruction. Pourquoi devrions-nous avoir une once de sentiments pour des êtres qui nous ont traqués, torturés, brûlés pendant des siècles sous prétexte que nous étions différents ? Et lorsque enfin, nous avons choisi de nous cacher pour survivre, ils se sont retournés vers ceux de leur propre espèce. Noirs, musulman, juifs et bien d'autres encore. Il ne se passent pas un jour sans qu'un homme ne soit tué parce qu'il est jugé « anormal ». Et vous voulez les protéger ? S'ils apprenaient notre existence, ils nous tueraient sans même hésiter.

  _ Et parce que nous sommes plus puissants, nous devrions faire de même ?

  _ Pourquoi pas, nous serions bien plus tranquille. Avoir des serviteurs est toujours agréable.

  _ Nous valons mieux que cela. C'est parce que nous sommes plus fort que nous nous devons de les protéger et de ne pas intervenir dans leur vie.

  _ Ah oui, j'oubliais, protéger les plus faibles… comme ces pauvres elfes.

  _ Ce n'est pas la même chose !

  _ Tient donc ? C'est une théorie intéressante. Je suis sûr qu'ils aimeraient entendre vos raisons. Mais je n'ai pas le temps de les écouter. Il se fait tard et j'ai d'autres occupations qui m'attendent. De toute façon, je les connais déjà et je ne pense pas de toute façon que nous ayons pu parvenir à un terrain d'entente.

  Son sourire se fit carnassier.

  _ Et j'ai besoin de votre sang.

  Dumbledore se retourna vers Ron.

  _ N'oublie pas ta promesse ! Ma mort lui ouvrira les portes de son pouvoir, mais il sera encore possible de l'arrêter. Il faut que tu vives Ron. Que tu vives pour qu'il soit tué.

  Son visage se figea soudain, masque de douleur et le jeune homme vit apparaître par-dessus son épaule le visage de Draco.

  _ Ce n'est pas très intelligent de tourner le dos à son adversaire.

  Il se recula, ôtant sa main de la plaie béante qu'il avait créée près du rein du sorcier et la lécha soigneusement.

  _ De plus, j'ai toujours détesté les messes basses.

  Dumbledore s'effondra sur Ron, mais parvint à repousser le jeune homme pour faire face à Arkam. La plaie suintante déversait tant de sang que la robe du magicien en était gorgée. Déjà la tête lui tournait. Pourtant, il n'avait d'autre choix que de l'affronter. Lançant un sort de guérison qui, l'espérait-il, ne drainerait pas trop son énergie, il parvint à refermer en partie le trou qui lui perçait le flanc, mais il ne put en stopper tout à fait le flot qui s'en écoulait.

  Bientôt, il ne lui resterait plus suffisamment de force pour tenir debout. Il fallait qu'il soit rapide et efficace. Sa magie aurait peu d'effet sur Arkam, mais peut-être pourrait-elle le ralentir assez longtemps.

  Il faudrait que ce soit suffisant.

  Esquivant un pas sur le côté, il prit le temps de jauger son adversaire et le thaumaturge, amusé, se prêta au jeu. Sa magie semblait se répandre par flot autour de lui, noire et asphyxiante, corrompant même la plus fine trace de vie. Il chercha dans sa mémoire les reliquats de ses apprentissages et réussit à formuler un sort de protection relativement efficace.

  Bien qu'appartenant aux plus hautes lignées de Mages, Albus s'était très peu penché sur les « Manuscrits des Terres Mortes », cinq ouvrages maléfiques dont la clé de voûte était l'Aŀhran Nēhr. Ce dernier seul, permettait de déchiffrer et utiliser à leur juste puissance, les sorts maudits qui parcourait leurs pages. Sans lui, ils ne révélaient que quelques formules mineures de protection ou guérison et parfois d'attaque.

  Alors que les quatre grimoires inférieurs étaient conservés depuis des siècles dans les sous-sols secrets d'Azkaban, leur emplacement exact connu de quelques initiés seulement, l'Aŀhran Nēhr avait été perdu. Ou plutôt, volé par un elfe des ravines découvert mort peu après aux mains d'un Détraqueur. Le manuscrit, lui, n'avait jamais été retrouvé.

   Jusqu'à ce jour.

  Parce qu'il s'était refusé d'étudier les grimoires, Dumbledore se retrouvait aujourd'hui dans une situation désespérée. Malgré l'insistance de ses aînés à posséder les quelques connaissances qu'il pouvait en tirer, en vu d'un jour comme celui-ci, Albus avait choisi d'oublier ces sortilèges maudits. Leur simple utilisation à des fins pacifiques avait ouvert une brèche dans son esprit qu'il n'avait pu supporter. Une tentation grandissante à mesure qu'il les utilisait qui l'avait forcé à renoncer. Il n'avait pas la volonté suffisante pour leur résister, ne l'aurait jamais et en tentant d'en savoir d'avantage, il se serait exposé, ainsi que tout ceux qui l'entouraient à un grave danger. En connaissance de cause et sous l'assentiment de ses supérieurs, il s'était retiré, se fermant à jamais les portes d'une fratrie occulte, gardienne des plus grands secrets de leur histoire. Il ignorait l'identité des membres qui la composaient, il ignorait jusqu'à leurs nombres et leurs rôles dans l'immense société qu'était celle des sorciers. Mais ils savaient qu'ils composaient la caste la plus puissante des mages actuellement en vie.

  A bout de patience, Arkam lança la première attaque. Un petit sort de flamme suffisamment dangereux pour lever ses inhibitions et forcer son instinct à prendre le dessus. Les paroles proscrites montèrent à ses lèvres aussi facilement qu'un sortilège de débutant et une barrière se dressa aussitôt entre lui et son adversaire. Elle contra sans peine l'attaque et disparu avec elle dans un éclat aveuglant d'éclairs.

  _ Comme c'est intéressant, murmura Arkam. Ainsi on vous a enseigné l'Art Interdit. Et dire que je vous croyais purs,  pauvres et innocents sorciers. Certaines choses ont bien changé.

  _ Pour prévenir le retour de monstre tel que vous.

  _ Oh je vois, sourit le mage en tendant les bras atour de lui. Quelle réussite ! Mais il est vrai que vous ne possédiez pas la clé. Ttt, quel dommage.

  Avec la grâce d'une panthère avançant sur sa proie, il s'approcha de Dumbledore.

  _ Dites-moi Albus, que ressentez-vous lorsque vous goûtez à leurs maléfices ? Lorsque vous effleurez du doigt ce fuit défendu ? N'aimeriez-vous pas pouvoir mordre dedans ? En déguster la chaire juteuse et vous appropriez toute sa puissance ? Oui… Je le vois dans vos yeux. Une tentation si forte qu'elle vous brûle et vous consume. Pourquoi la refuser ?

  Le sorcier se retrouva incapable de bouger. Les paroles d'Arkam avaient rouvert en lui une faille profonde laissant échapper des ténèbres capables de séduire son esprit et sa raison. Bien sûr la tentation était exquise. Pouvoir, savoir, domination. Tenir au creux de ses mains l'avenir de tout un peuple. Connaître enfin tous les mystères de la vie, régir les morts et les damnés. Etre capable par sa seule volonté de reboiser les plaines désertes du Sahara, faire fondre les glaciers de l'antarctique, détruire des cités entières. Abolir la vie… Tant de promesses. Tant de possibilités. A portée de sa main.

  _ Professeur ?

  La voix de Ron, tout juste un murmure, eût l'effet d'une douche glacée. Arkam était presque sur lui à présent. Un pas de plus et leur corps pourraient se toucher. Une fois encore, il avait baissé sa garde. Une fois encore, il s'était laissé hypnotiser par l'attrait du pouvoir.

  Peut-être n'est-ce pas tant l'homme qu'il fallait craindre que le livre lui-même et ce qu'il contenait.

  Reculant d'un pas, il repoussa son adversaire d'une main, ignorant son cri de rage et dressa une nouvelle barrière entre eux, plus solide que la précédente.

  _ Jamais, souffla-t-il. Plus jamais.

  Les yeux du mage noir, maintenant froid et dur comme la pierre, exultèrent haine et ire et il riposta aussitôt. Son attaque, foudroyante, ébranla l'écran de pure énergie comme une feuille au vent et la fendilla sur presque toute sa longueur. La défense ne résisterait pas à une nouvelle offensive. Déjà, il pouvait la voir s'effondrer à certains endroits. Et il savait qu'il n'aurait pas les forces nécessaires pour en rebâtir une autre.

  _ Ron, supplia-t-il au jeune homme qui s'acharnait maintenant à endiguer le flot de sang qui s'échappait de son dos meurtri. Maintenant !

  Le disciple hésita un instant, peur et incertitude lisible sur son visage. Mais il avait prêté serment et ne pouvait revenir sur sa parole donnée, tous deux le savaient. Il laissa tomber les pans de la robe tachés de sang, recula et ferma les yeux pour le saluer une dernière fois. Lorsqu'il les rouvrit, Dumbledore y lut plus de fierté, d'amitié et de tristesse qu'il ne s'en était vu adresser de toute sa vie. Il n'aurait pu espérer plus bel hommage.

  Les yeux de Ron se portèrent ensuite sur Arkam, cherchant une dernière fois dans ses traits, les traces du jeune homme qu'il avait aimé. Mais il ne vit rien d'autres que la soif de pouvoir et le désir de vengeance d'un Mangemort plusieurs fois centenaires.

  Fermant ses sens au spectacle de cette mort annoncée, il fit face à la forêt et sans un regard en arrière, s'enfuit dans ses profondeurs obscures. Il ne s'arrêta qu'une fois par la suite, lorsqu'un hurlement d'agonie fendit l'air et résonna des minutes durant. Puis, il reprit son chemin, toujours sans se retourner, dans l'espoir d'atteindre l'école avant qu'Il ne le retrouve.

~*~

  _ George !

  La tête rousse cligna plusieurs fois des yeux, peinant visiblement à assimiler son nouvel univers.

  Il ne pouvait lui en vouloir. Passer d'une douleur atroce annonçant sa mort, à un bureau de Poulard rempli des corps inanimés de ses amis, devait être quelque peu déstabilisant.

  Au bas mot.

  _ Si… Sirius ?

  Parvenant à chasser les derniers vertiges qui embrumaient son esprit, le thaumaturge lui sourit.

  _ Bienvenu.

  Le jumeau lui retourna une petite grimace nerveuse et passa une main sur sa poitrine, écartant les pans déchirés de sa robe. Seule cette béance témoignait encore des souffrances qu'il avait endurées. Il regarda la peau désormais lisse de son poitrail. Une petite ligne rouge-violassé marquait le point d'entrée de la main venue voler sa vie, juste sous le cœur, et demeurait la seule preuve du miracle qui avait eut lieu.

  Il écarquilla les yeux, tâtant la chaire.

  _ Comment ?

  Blake, soulagé, émit un petit gloussement et passa une main affectueuse dans la toison du compagnon à ses pieds. Il pouvait sentir maintenant le souffle régulier qui s'échappait de ses poumons, preuve de la vie qui courrait encore en lui. Le plus dur était passé.

  _ Remus, se contenta-t-il de répondre.

  George écarta encore les yeux en voyant le loup paisiblement endormi dans le giron du sorcier, sa gueule légèrement dorée reposant sur son genou.

  _ Ouah !

  _ Je sais, c'est toujours impressionnant la première fois.

  George se pencha un peu plus pour le regarder, manquant de dégringoler du canapé. Il se rattrapa de justesse, les deux mains au sol et le nez au deux centimètres à peine du museau poilu. Il eut un petit sourire contrit, se redressa maladroitement et fixa le loup avec fascination.

  _ Je peux le toucher ?

  _ George, ce n'est pas un animal ! S'exclama Sirius, un peu… bon il devait l'avouer, très possessif.

  _ Je sais, c'est juste que…

  _ George, non !

  _ Sirius, Sirius, s'éleva soudain une voix derrière eux, ne soyez pas si dur avec ce jeune homme. Il a eu une rude journée. Et je pense de que Remus a bien gagné le droit à quelques remerciements. Vous êtes trop protecteur mon vieil ami.

  Alors que les joues de Blake atteignaient des teintes carmines assez rare et que son regard semblait fixer un point très intéressant au sol, Ernst pris place à leurs côtés.

  _ Comment vous portez-vous jeune Weasley.

  _ Bien… bien merci, bafouilla George au son de cette voix familière sur un visage inconnu. Même si je ne comprends pas vraiment ce qui s'est passé. Monsieur Ernst ?

  _ Présent ! Et c'est une bien longue histoire. Suffit de dire que vous nous avez fait une belle frayeur. J'aimerais qu'à l'avenir vous essayiez de ménager un peu plus mes émotions.

  _ Euh… oui. Et… que vous est-il arrivé ? Demanda-t-il en agitant vaguement une main vers son visage.

  Les sourcils du sorcier se froncèrent. Ce n'était pas la première fois depuis son arrivée que les gens réagissaient étrangement face à lui. Il ne savait pas trop quoi en penser.

  Voyant que l'attention du jeune homme était retournée sur le superbe animal, il sourit de plus belle.

  _ Allez-y, touchez le, dit-il. Je vous promets que Sirius ne vous mordra pas.

  _ Ronald ! S'éleva la protestation outrée, faisant glousser ses deux compagnons.

  Devant leurs mines amusées, Sirius ne put qu'émettre un « grumph » résigné avant de permettre au jumeau de procéder. Ce dernier gagna le sol d'un mouvement assuré, témoignage flagrant de sa complète guérison et entreprit de gratouiller gentiment l'animal derrière les oreilles.

  Si celui-ci avait pu ronronner, le bruit de sa satisfaction aurait probablement assourdit toute la pièce. L'énorme peluche vivante baya de contentement et ouvrit enfin un œil, avant de pencher la tête pour permettre à George de mieux le caresser.

  Le « débauché » qui suivit son mouvement lui fit retrousser les babines d'un sourire tout canin et il se réinstalla plus confortablement contre le corps de Sirius.

  _ Tu peux bien en profiter, murmura celui-ci. Lorsque tu auras retrouvé ta forme, toi et moi auront une longue discussion sur la nécessité d'expliquer tes attentions avant d'agir. Tu m'as fichu une trouille bleue !

  Une langue râpeuse vint lécher sa main alors qu'un petit couinement d'excuse misérable s'échappait de la gorge de la bête qui ouvrit enfin complètement les yeux. Son regard de chiot battu faillit faire fondre toutes les résolutions de Sirius comme neige au soleil.

  _ Je devrais t'interdire de prendre cette forme, soupira-t-il. Tu es trop adorable pour mon propre bien !

  La tête dorée se redressa avec espoir, mais Black grogna lourdement.

  _ Oh non ! Ne crois pas que tu vas t'en tirer aussi facilement cette fois. Nous aurons cette discussion quoi qu'il advienne !

  Nouveau couinement.

  _ Mais si je t'aime, rassura-t-il son compagnon en lui caressant le dos. Je suis juste en colère.

  Les deux oreilles du loup s'aplatir misérablement, mais il sembla comprendre que Sirius lui pardonnerait en temps voulu et il rallongea une nouvelle fois sa tête contre sa cuisse.

  Le sorcier soupira tout en continuant ses attentions et rougit à nouveau lorsqu'il aperçut du coin de l'œil l'expression béate et quelque peu machiavélique de George, visiblement très amusé par la scène. Ernst, lui, riait en toute franchise, ce qui lui valut un regard noir suivit d'un bougonnement.

  _ Vous feriez mieux d'aller vous regardez dans un miroir, lui murmura Black. On verra si vous êtes toujours aussi amusé.

  A peine eut-il le temps de finir sa phrase, le mage était débout et traversait la pièce en quatre grandes enjambées pour gagner la petite glace encastrée dans le mur est. Sirius se mordit la lèvre espérant que son manque de tact n'avait pas précipité une découverte assurément choquante dont il ne pouvait mesurer les effets.

  Il vit son ami se tenir devant le miroir, hésiter un instant, puis enfin s'y regarder. Une expression indéchiffrable marqua ses traits changés et il fit un pas en avant pour mieux s'examiner, silencieux.

  Ronald n'avait pas su à quoi s'attendre. Il avait vaguement pensé à une blessure qui aurait trop saigné et marbré son visage ou à un sort qui aurait distordu ses lignes. Mais certainement pas à cela. C'était impossible. Ce ne pouvait pas !

  Il ferma les yeux et attendit quelques instants, persuader que lorsqu'il les ouvrirait le miracle aurait disparu. Mais lorsqu'il reporta son regard sur le reflet, celui-ci n'avait pas changé. Ou plutôt, il s'était complètement modifié. Finies les rides et les lignes de fatigue. Partie la peau crevassée et sèche. Envolés le voile terne qui recouvrait ses yeux, la couleur cendre de ses lèvres et la blancheur de ses cheveux. Le visage qu'il avait devant lui n'était plus tout jeune, presque la cinquantaine. Mais c'était le sien. Pour la première fois depuis plus de trente ans, il pouvait enfin se voir.

  Ses pommettes, légèrement relevées offraient un sourire presque naturel à ses traits. La peau de ses contours ovales, tendue et lisse, marquait sa détermination et son esprit vif et volontaire. Son grand regard gris-bleu avait retrouvé toute sa contradiction, à la fois doux et dur comme l'acier, et sa chevelure, la complexion de l'ébène non traité.

  Il peinait presque à se reconnaître.

  A force de vivre avec un autre visage, on en oubliait ses propres traits. Pourtant, c'était bien lui, plus vieux, plus marqué, mais indubitablement sien.

  Lucius.

  _ J'étais sûr qu'il le ferait un jour.

  Ernst se retourna soudain pour faire face à Severus, à quelques pas de lui. Le sorcier avait les cheveux emmêlés, une mine de chat qui vient de se réveiller et une expression indéchiffrable dans le regard.

  Du soulagement ?

  _ Je dois dire que cela vous change professeur. J'avais oublié votre vrai visage. Avec un peu de chance, vous ferez moins peur aux élèves.

  _ Vous pouvez parler !

  Severus eut un sourire mi-amusé, mi-carnassier, avant de partir aider ses autres compagnons dans un froufrou de tissu et Ronald le regarda s'éloigner, intrigué. Le thaumaturge avait toujours été un mystère pour lui. Sévère, sardonique, la langue pleine de piquant et dévoué à la famille Malfoy ainsi qu'aux Mangemorts, il pouvait pourtant faire preuve d'une gentillesse et d'une douceur étonnante. Comme à cet instant, alors qu'il examinait avec attention le jeune Weasley pour s'assurer que ses blessures étaient bien refermées. Il l'avait également vu agir avec Lucius, lorsqu'il ne pensait pas être observé. Il avait suivi chacun de ses pas au fil des ans, toujours avec étonnement, ne sachant jamais à quoi s'en tenir. Plus d'une fois, il avait aidé le jeune Potter ou ses amis. Plus d'une fois, il avait participé à leur chute. Qui est-il vraiment ? Qui se cachait donc sous ce masque ?

  Ses pensées furent interrompues par un cri de joie. Une bombe rousse passa à la périphérie de son regard pour se jeter dans sa jumelle dans une effusion de bonheur non feinte. Les deux frères s'étreignirent avec tant de force qu'il fut bientôt impossible de discerner l'un de l'autre. Jamais il ne s'était autant ressemblé qu'à cet instant. La tâche se compliqua encore lorsqu'ils furent rejoins par le reste de la famille pour former une masse cuivre et noire qui ne semblait plus pouvoir s'arrêter de s'embrasser. Fred surtout semblait incapable de lâcher ce jumeau qu'il avait cru perdre, comme si on lui avait arraché la deuxième moitié de son âme. Il le serrait avec possessivité, son dos contre son torse, les deux corps parfaitement moulés l'un à l'autre. George caressait sa chevelure murmurant des paroles réconfortantes, comprenant sa détresse, alors que prête d'eux, Ginny pleurait de joie dans les bras de son frère aîné. Percy se contentait, lui, de regarder ses deux frères, sans jamais les lâcher du regard, comme s'il craignait de les voir disparaître. Son soulagement était presque déchirant.

  Les retrouvailles se poursuivirent de longues minutes sous l'attention protectrice et amusée des autres membres. Chacun oubliant pour un instant, devant ce tableau unique, le drame qui se jouait. Harry et Hermione avaient pris place sur le canapé, les mains jointes et la mine réjouit. Vincent et Grégory se tenaient debout derrière, alors que Severus surveillait tout ce petit monde d'un coin de la pièce, ses lèvres trahissant parfois l'ébauche d'un sourire. Seul Sirius et son loup de comparse n'avaient pas bougé, observant la scène d'un regard hilare.

  Ce fut George qui le premier, rompit cette atmosphère bon enfant. Se dégageant un peu de l'étreinte de son frère, son regard fouilla le bureau, cherchant la pièce manquante de leur réunion.

  _ Où est Ron ?

  A suivre… encore, oui je sais ! Grrr !