Auteur : Aakanee
Genre : comment compliquer les choses, encore et encore et encore….
Base : HP
Note : Voilà bientôt trois ans que je travaille à cette histoire et son scénario n'a eu de cesse de changer. Je suis sûre que pour cette raison, elle contient pas mal d'incohérences que j'essaye au mieux de rectifier. Veuillez m'excuser pour toutes celles que j'aurais laissé échapper. Pour la dernière en date, j'ai modifié le chapitre 6. Ce n'est plus les parents de Lucius que Draco se voit obligé de tuer, mais ses beaux-parents.
Je remercie une fois encore tout ceux qui continuent à suivre cette histoire. Je sais que mes délais sont horriblement longs, je ne peux donc que vous trouvez tous extraordinaires. Vos encouragements me font toujours plaisir.
Voilààààààààààà.
Ames Sœurs
Chapitre 14
Danser avec le diable à l'ombre de la lune
Parti b
Lorsque Ron disparut derrière les épais branchages, il tomba à genoux. Ses forces le quittaient trop vite désormais qu'il puisse espérer affronter Arkam. Le simple fait de rester conscient entamait ses dernières réserves et lui volait l'énergie nécessaire pour maintenir la protection en place. Il la vit se fendre en étoile sur toute sa longueur pour finalement exploser telle une fine lame de verre, se brisant au sol en millier de gouttelettes lumineuses. Miroir de sa vie.
Il soupira un sanglot de souffrance et de désespoir.
Tout était fini.
Sa vision, désormais floue, était un jeu de ténèbres en périphérie et dédoublait les formes sur lesquelles elle dérivait. Le sang battait à ses tempes avec tant de violence qu'il lui semblait ne plus entendre que le bruit de ses pulsations. Sa peau moite, presque translucide, collait à sa robe de ce liquide carmin qui bouillonnait à nouveau entre ses reins, emportant sa vie.
Sa flamme ne tarderait pas à s'éteindre et avec elle, les milliers d'autres qu'Arkam tuerait.
Il tangua dangereusement, mais parvint à rétablir son équilibre, aspirant une grande goulée d'air glacé. Chaque inspiration semblait brûler ses poumons, lui arrachant presque des larmes. Elles étaient difficiles, le plus souvent superficielles et n'apportaient pas assez d'oxygène à son cerveau. Le simple fait de respirer lui demandait autant d'énergie qu'une épreuve d'endurance et il sentait peu à peu son esprit s'embrumer et se vriller d'une douleur atroce qui augmentait à chaque minute.
Il dut finalement poser une main à terre pour ne pas s'écrouler.
Clignant plusieurs fois des yeux, il tenta de réfréner la terreur intense qui se logea dans sa poitrine lorsqu'il vit les pans d'une robe tangués devant lui. Il releva difficilement la tête, observant à travers un brouillard le visage de sa Némésis. Une expression sereine, presque enfantine et amusée, peignait les traits du sorcier. Il savait qu'il avait gagné et sa confidence transparaissait sur tous les pores de sa peau.
D'un mouvement souple, il s'accroupit devant le vieux mage, repoussant d'une main les mèches claires qui tombaient devant son regard. Il ressembla tant à Draco en cet instant qu'Albus se prit presque à espérer que tout n'était qu'un mauvais rêve. Mais l'éclat de flamme affamée qui intensifia ses pupilles dorées écrasa aussitôt ce sentiment.
J'avoue être déçu Professeur, soupira le jeune homme d'une moue presque adorable. Je m'attendais à plus de résistance de votre part. Et cette tentative désespérée de sauver votre compagnon. Un bien pathétique sacrifice ? Et inutile avec cela. Il ne pourra pas m'échapper.
Il… il pourrait vous surprendre.
Vous n'avez pas encore compris, n'est-ce pas ?
La voix était douce, comme celle d'un père réprimandant gentiment son enfant.
Compris… quoi ? Cracha presque le mage mourant.
La forêt m'appartient Albus. Dès que j'aurais absorbé votre pouvoir, je la commanderais à ma guise. Ce jeune homme reviendra à moi sans même que j'ai à faire un pas. Il sera si facile de le tromper. Votre mort sera sa perte. Leur perte à tous.
Cette réalisation, arracha un frisson à Dumbledore.
Non !
Il ne pouvait pas. Ce ne… ce ne pouvait pas être ça ! Mon dieu, ils n'avaient pas compris. Il n'avait jamais compris. IL les avait tous berné.
Il ne leur restait véritablement plus qu'un espoir maintenant. Il fallait qu'il vive !
Puisant dans des forces qu'il ne pensait pas posséder, il parvint à se relever, arrachant une expression d'admiration au mage noir. Il se remit péniblement à genoux, puis se raccrocha au tronc mort et humide d'un chêne pour se redresser. La tête lui tourna dangereusement et il sentit ses jambes prêtes à céder sous lui, mais par un effort de volonté, il parvint à l'aide de l'arbre à rester debout.
J'avoue être admiratif, applaudit Arkam. Je ne pensais pas que vous pourriez vous relever.
Je ne vous laisserais pas le tuer ! Gronda le sorcier avec hargne.
Le visage de son adversaire s'assombrit.
Pourquoi est-il si important à vos yeux ? Que possède-t-il donc qui vaille que vous le protégiez ?
Allez au diable !
Non, vous allez y aller, mais pas avant d'avoir obtenu les réponses à mes questions.
Jamais !
Le visage de Draco se fendit d'un sourire froid et avant même que Dumbledore n'ait pu bouger, il fut sur lui, une poigne de fer enserrant son cou et plaquant douloureusement son corps contre le vieux chêne.
Mauvaise réponse !
Le vieux mage toussa avec difficulté, cherchant en vain à reprendre sa respiration et tentant de se libérer de la main qui le tenait. Mais ses bras n'avaient pas l'énergie nécessaire pour contrer la force brute qui émanait du corps jeune qui l'étranglait. Et la lourde pièce de bois qui s'enfonçait segment par segment dans la plaie de son dos ne l'aidait en rien. La souffrance était telle qu'elle lui fit perdre pied et ouvrir la bouche en un hurlement muet.
Perdu dans ses tourments, il sentit trop tard la présence qui envahissait son esprit. Il tenta de la repousser dans un sursaut de colère, mais ses griffes empoisonnées réduisirent aussitôt son âme en lambeau pour y prendre ce qu'elle désirait, coupant ses souvenirs, dévastant ses pensées comme de vraies lames l'auraient fait avec la chair. Elle laissa derrière elle un esprit à moitié fou, mais elle avait trouvé ce qu'elle cherchait.
Arkam relâcha le vieux mage. Ce dernier, bien que tout juste conscient, riait comme dément, le visage tordu de douleur et les vêtements souillés d'urines et d'excréments que ses sphincters n'avaient pu retenir. Quoi qu'il ait pu penser ou dire, Albus avait montré bien plus de courage en l'affrontant que beaucoup de ses opposants passés. Le mage mourrait avec une dignité d'esprit, sinon de corps, que bien peu avait eu avant lui.
Vous avez respecté le courage de vos aînés Dumbledore, vous pouvez en être fier. Votre pouvoir sera un honneur pour moi.
Levant le bras, il psalmodia le sortilège qui lui permettrait de retrouver toute sa puissance.
Il allait enfin pouvoir accomplir sa destinée.
Rheï ena Arem. Arem ena Orin. Ae tirs nahr sarede ne Kerem. (Un sang pour une vie. Une vie pour un pouvoir. Les trois liés en un maintenant m'appartient.)
Sans hésiter, il plongea sa main dans la poitrine du sorcier pour lui arracher le cœur et le dévorer. Le cri d'agonie qui s'en suivit, sembla déchirer le ciel et résonna longtemps dans les profondeurs de la forêt, couvrant les bruits du festin barbare des êtres de l'ombre.
Sang et ténèbres.
Mes souvenirs.
Sang et ténèbres.
Même à présent, lorsque j'ouvre les yeux, c'est tout ce que je vois. Tout ce que je sens.
Encore et encore.
Rouge et noir.
Toute ma vie.
Mes victimes et ma souffrance. Mon cœur et mon âme.
Quand ai-je vu la lumière pour la dernière fois ?
Il me semble me rappeler la douceur d'une caresse, la chaleur d'une larme. Un rayon de soleil. Rêves qui m'échappent.
Ténèbres.
Une emprise si forte qu'elle m'étouffe. Une punition. Une malédiction. Des siècles d'une même souffrance, d'un appel à l'aide resté sourd. Les cris d'un enfant. Le cri de dizaines d'enfants.
Pourquoi ?
Pourquoi ne nous entendent-ils pas ?
Et le gazouillement d'un bébé. Les yeux si clairs, la peau si douce. Un sourire que l'on voudrait pouvoir aimer. Chérir. Une histoire sans cesse répétée.
Des larmes qu'on ne peut jamais verser.
Un sang qui s'écoule.
Obéir.
Tuer.
Oublier tous liens, toutes amitiés, tout amour.
N'être plus rien.
Un corps qui s'écroule au sol, le regard vide, la poitrine déchiquetée. Le cri des bêtes affamées.
Fermer les yeux.
Crissement des griffes déchirants la peau, claquement des dents perçant la chair. Craquement des os. Et le formidable bruit des mâchoires mastiquant encore et encore, se repaissant du corps encore chaud.
Des pas.
Doigts glacés contre peau brûlante.
Odeur cuivrée.
Douceur veloutée sur mes lèvres.
Goût de l'agonie.
Hurlement muet.
Un appel au secours.
Je ne suis que sang et ténèbres.
George dévisagea un à un les regards désormais inquiet de ses compagnons. Pris dans le flot des évènements et de leurs émotions, ils en avaient oublié le deux membres toujours manquant de leur groupe.
Et cette pensée n'avait rien de rassurant.
Plus d'une heure s'étaient écoulées depuis l'arrivée d'Harry et Sirius. Une heure longue et douloureuse mais qui aurait du constituer un temps suffisant aux deux sorciers pour revenir. Ils étaient partis les premiers, avaient emprunté la route la plus courte et la plus sûre. Ils auraient déjà du avoir franchi les protections de l'école.
Leur absence était un voile noir sur leurs cœurs car elle ne pouvait signifier qu'une chose, Arkam les avaient rattrapé.
Si seuls quatre d'entre eux étaient en mesure de mesurer la portée de ce drame, tous frémir à cette pensée. Devait-elle s'avérer confirmée, ils auraient alors peu de chance de revoir les deux hommes vivants.
Accablé, Ernst se tourna la fenêtre, contemplant la nuit d'encre qui s'étalait devant ses yeux. Hormis les quelques arbres placés sous la protection de la barrière, il était impossible désormais de discerner la forêt. La pluie atteignait encore les carreaux de la lucarne, mais plus un souffle de vent ne venait ébranler leur fine épaisseur. Les seuls bruits qu'il pouvait percevoir étaient ceux de l'école. Le chuchotement des élèves dans le grand hall, le pas de leurs aînés parcourant inlassablement les dalles de la pièce pour rassurer et fournir un peu de réconfort physique aux plus jeunes. Parfois l'écho d'un sanglot.
Il avait un potentiel magique immense entre ses murs, mais imparfait, incomplet et qui ne serait jamais en mesure de faire face à une puissance bien supérieure. Seule une ligne de front solide et organisée aurait une maigre chance de le ralentir.
Une ligne de front.
Ernst se serait donné une taloche pour ne pas y avoir pensé plus tôt. Encore mal remit de son affrontement et inquiet pour son jeune compagnon, il n'avait pas réfléchi plus loin que le bout de son nez et s'était laissé gagné par le désespoir.
Ils n'étaient pas encore vaincus. Ô, ils le seraient probablement, il ne se faisait pas d'illusion, mais restait à savoir comment. Seraient-ils prostrés et tremblant pour attendre la mort ou tomberaient-ils en combattant avec vaillance, offrant au reste du monde magique une chance de comprendre et de se préparer ?
Il connaissait déjà la réponse.
Déterminé, il se tourna vers ses compagnons, ouvrit la bouche pour parler et la referma aussitôt, un sourire amusé aux lèvres. Happé par le flot de ses pensées, ils n'avaient pas remarqué le débat animé qui avait pris place derrière lui.
Devant un groupe de plus ou moins jeunes gens tous la tête baissée et les joues cramoisies de gêne ou de honte, se tenait un Severus dans son plus beau rôle de professeur furieux. Son pied droit tapait furieusement au sol, ses bras croisés dissimulaient à peine ses poings crispés et son expression glaciale, eut-elle été une arme, les aurait déjà tous laissés pour mort.
« Vous n'êtes qu'un ramassis de larves ! » ponctua la fin de son véhément discours, provoquant la première réaction dans la camps adverses.
Percy se leva d'un bond, outragé, pour être aussitôt repousser dans le canapé, sa bouche se refermant dans un claquement sec qui fit grincer tout le monde.
Lorsque l'on est prêt à baisser les bras, on a pas le droit à la parole jeune homme !
Qui a dit que nous baissions les bras ! Répondit du même mordant l'aîné des Weasley présent, bien décidé à se faire entendre du plus coriace et têtu professeur de leur école.
Peut-être le fait que vous êtes tous assis là à vous lamenter depuis dix bonnes minutes sur le pourquoi et comment de votre défaite.
Le ton, acide, suffit à repousser Percy dans les fin fonds du sofa, une moue contrite au visage. Severus, partagé entre l'amusement, la satisfaction et l'irritation, fit alors un pas dans leur direction et se fut toute la petite troupe, à l'exception de Sirius et décidément un très lupin Remus toujours au sol, qui recula de concert pour venir le rejoindre.
Rogue se pencha vers eux, le visage soudain sérieux et plus sombre qu'il ne l'avait jamais été.
Si vous n'êtes pas décidé à vous battre jusqu'au bout, alors sortez d'ici. Allez vous cachez dans quelques recoins obscure pour attendre pathétiquement votre mort. Nous n'avons pas besoin de défaitistes, ni de couards. Dans quelques heures, sinon moins, Arkam sera à nos portes, prêt à ravager cette école. Certains en son sein la protégeront jusqu'à leur dernier souffle, quelque en soi le prix, pour donner au monde, ne serait-ce qu'une chance de se préparer. Si vous n'êtes pas de ceux-là, partez ! Fuyez comme les lâches que vous êtes ! Par contre, si vous êtes décidés à vous battre, à lui prouver que son pouvoir n'est pas aussi grand qu'il l'imagine, qu'il y aura toujours quelqu'un pour lui résister, se dresser sur son chemin, alors cesser de vous lamenter et relever la tête ! Nous avons une défense à préparer !
En cet instant, captivé par le discours du sorcier, tous les partis présents surent qu'ils entrapercevaient pour la première fois le véritable visage de Severus Rogue. L'être le plus énigmatique de l'école. Capable du pire, comme du meilleur. Et toujours, toujours, imprévisible.
Que répondez-vous ?
Avez-vous réellement besoin de demander ? Murmura Sirius un léger sourire aux lèvres et les mains pleines de poils.
Non. Non, je n'ai pas besoin, remarqua le sorcier devant les visages déterminés qui lui faisaient face.
Il se redressa alors, les traits de nouveaux fermés et inaccessibles, pour venir s'appuyer contre le cadre de la fenêtre, le regard perdu dans l'obscurité. Il avait fait ce qu'il devait. Il restait juste à espérer qu'il ne soit pas trop tard.
Une main se posa furtivement sur son épaule et il salua d'un petit hochement de tête la reconnaissance muette de son confrère. Il pouvait voir à son regard qu'il avait tout juste précédé Ernst dans ses intentions oratoires. Quelques minutes de plus et il aurait été le spectateur alors que Ronald aurait exhorté ses « troupes » à partir au combat. Peut-être aurait-il mieux valu qu'il en soit ainsi. En quelques instants, il en avait plus révélé sur lui-même quand vingt ans et bien qu'ils soient du même côté, il n'appréciait pas d'avoir du exposer ainsi ouvertement une possible faiblesse. Mais si c'était là le prix à payer pour sauver la seule personne qui comptait à ses yeux, il était prêt à le verser au centuple. Il avait vendu son âme pour elle. Il avait accompli plus d'actes barbares que quiconque ne pouvait l'imaginer pour la servir et la protéger en attente de ce jour. Ce jour où enfin elle serait libérée.
Depuis des siècles sa famille n'avait eu pour but que de protéger la lignée des Malfoy, tentant vainement de prévenir l'ascension des ténèbres d'un enfant à l'autre et plongeant avec eux dans ses méandres lorsqu'elles venaient à les dévorer. Ils avaient toujours su qu'un jour Arkam viendrait à se réveiller et alors que des générations de sorciers avaient tenté d'empêcher l'inéluctable, ils s'étaient contentés de l'attendre et de s'y préparer, sachant que le seule moyen de le détruire serait de le tuer alors qu'il tenterait de regagner sa puissance. Lorsqu'il serait encore à peine un « nouveau n ».
Sa résurrection était inévitable et une étape indispensable à une définitive destruction.
Depuis près de sept siècles, ils avaient attendu cet instant. Sept cent longues années de souffrances et de morts. Mais un petit rouage était venu tout gâché. Un petit rouage nommé Harry. Lorsque Voldemort était apparu, Severus avait tout de suite su qu'il serait la clé. Qu'enfin ces centenaires de douleurs et de peurs allaient prendre fin. Mais le jeune Potter avait mis un terme à sa vie et à son règne avant que Lucius n'ait pu trouver l'Aŀhŗan Nēhr et avec sa déchéance, il avait vu la fin de tous ses espoirs.
Jamais il n'avait envisagé une telle tournure des évènements. Jamais il n'avait imaginé que Draco puisse aussi servir de réceptacle, sinon il s'y serait préparé et les choses seraient bien différentes maintenant.
Mais il ne servait à rien de se lamenter sur le passé. Tout ce qu'il espérait à présent c'est pouvoir retirer Lucius des mains d'Arkam avant qu'il se lasse et décide de se trouver un nouveau jouet. Peut-être à une certaine époque son but premier aurait-il été de tuer le sorcier, mais une vie en tant que membre actif des Mangemorts l'avait changé. Et c'est bien égoïstement à présent qu'il souhaitait avant tout récupérer Lucius. S'ils pouvaient également tuer Arkam, c'était un bénéfice certain, mais pas sa préoccupation première. Peut-être lorsque Malfoy serait sain et sauf, mais pas avant. D'autant qu'il fallait encore trouver le moyen de le faire sortir du corps de Draco. Même sachant que son fils était mort, Severus était à peu près sûr que Lucius refuserait que l'on touche à son enveloppe.
Un éclair déchira le ciel, illuminant un instant ses traits et il sentit soudain une formidable déflagration d'énergie déferler autour de lui. Il fit un pas en arrière, titubant, comme frappé de plein fouet et la poitrine oppressée par une terreur sans nom. Aspirant une grande goulée d'air vicié, il se força à calmer les tremblements qui avaient assaillis son corps et se raccrocha au rideau de la fenêtre pour ne pas s'effondrer.
Dehors, les éléments et la terre s'étaient fait chaos. Des bourrasques de vent formidables s'élevèrent pour déraciner plusieurs arbres et arracher les feuilles et branches des autres. La pluie se fit déluge, noyant presque aussitôt le sol sous une trombe d'eau noirâtre et la terre se fendit sur des dizaines de mètres en plusieurs endroits.
Il vit, horrifié, la brume ténébreuse entamer la barrière protectrice, perçant petit à petit son enveloppe pourtant solide. Comme un mal latent dévorant les chaires, elle s'infiltra dans le réseau « veineux » de la fortification, rongeant tel l'acide les fins maillages d'énergie qui la maintenait. Il ne lui faudrait pas longtemps pour céder sous cette attaque massive. Quelques heures tout au plus.
Un froid insidieux infiltra son corps à cette vision et il se frotta instinctivement les bras, sachant pourtant qu'aucune chaleur ne serait capable d'en atténuer les effets. Il annonçait les prémisses d'évènements terribles.
La véritable guerre venait tout juste de commencer.
Qu'est-ce que c'était ?
Il se retourna pour voir le jeune Potter, encore pâle, dressé devant lui, le symbole à son front rayonnant désespérément pour le protéger d'un mal contre lequel il ne pouvait rien.
IL a prit une vie.
Une vie ?
Le même trait horrifié peint un instant le visage de tous les Weaslay présents et il se sentit absurdement obligé de les rassurer.
Un bien affreux réconfort.
Celle de Dumbledore selon toute probabilité.
Que… Comment ?
Percy peinait à cacher son soulagement, son âme partager entre l'espoir de savoir son frère en vie et la honte de trouver son apaisement dans la mort d'un ami. Sentiments partagés par tous les partis présents.
L'énergie dégagée était trop puissante pour être né d'un sorcier aussi jeune et maladroit que Ron, expliqua Ernst. Pour définitivement éveiller ses forces, il lui fallait une personne expérimentée. Une personne…
Il hésita, voulut ajouter un mot, mais se tut, son visage soudain très pâle.
Une personne ayant parcourut les « Manuscrits des Terres Mortes », mais sans jamais y avoir été initié. Un point faible qu'il pouvait exploiter, finit Snape.
Sirius se releva, tremblant.
Cela veut dire qu'il nous a trompé depuis le début, que nous n'avons jamais été sa cible !
Je penses qu'il vous a testé pour découvrir lequel de vous il devait attaquer.
Et vous le saviez depuis le début ? Hurla le mage, les poings serrés.
Non.
La voix calme de Severus suffit à faire retomber une partie de sa colère et il dut s'avouer définitivement vaincu lorsque Remus vint se coucher à ses pieds, couinant comme pour le supplier d'écouter le sorcier jusqu'au bout.
Je l'ai deviné au même instant que Ronald, reprit le Mangemort conscient qu'il ne pouvait maintenant plus reculer. Il lui fallait leur révéler la vérité.
« Ma famille est depuis des siècles gardienne de la lignée des Malfoy. Nous nous sommes donnés aux ténèbres pour eux dans le seul but de pouvoir un jour les sauver et nous sommes devenus de fait des traître à la cause d'Arkam. Nous n'avons survécu que parce qu'IL savait qu'il pouvait tiré profit de notre présence. Si nous connaissons les grandes lignes de la malédiction, nous n'avons jamais rien su de toutes ses ramifications.
Je ne comprends pas, murmura le jeune Potter.
Ernst poussa un soupir, lui-même quelque peu choqué par les révélations de Snape.
C'est une longue histoire.
Trop longue pour être racontée maintenant !
Tous les regards, choqués, se tournèrent vers le jeune Goyle dont le visage tourna soudain pivoine d'avoir ainsi attirer l'attention. Il se tortilla un instant sur la canapé et resserra instinctivement ses bras autour de Ginny pour l'attirer à lui.
Gregory ? Demanda celle-ci, étonnée par la véhémence du jeune homme et partagée entre plaisir et gène par sa visible possessivité.
Possessivité qui n'échappa d'ailleurs pas aux regards d'aigle protecteur de ses frères.
Ce qu'il veut dire, intervint à son tour Crabble, qui avait deviné les intentions quelques peu chevaleresque de son ami, c'est que cette histoire peut sûrement attendre et qu'il serait d'avis que nous allions sauver le frère de sa bien-aimée avant qu'il ne soit trop tard.
Merci Vincent, bougonna le jeune homme la tête désormais enfouie dans les cheveux de sa dite « bien-aimée ».
Son visage se fit plus rouge s'il était possible lorsque la jeune femme, ainsi éclairée, lui déposa un baiser sur les lèvres pour le remercier. Un trio de « grumph » se fit alors entendre, dont personne ne pris note, mais qui eut le don d'apaiser l'atmosphère, ne serait-ce que pour quelques instants. Puis le silence retomba lourd et pesant.
Je vais y aller.
La déclara pris tout le monde au dépourvu, bien plus encore que la véhémence de Goyle quelques minutes plus tôt. Onze regards se tournèrent vers Severus, surprise après surprise ébranlant leur conviction cet homme décidément mystérieux.
Une longue minute passa, finalement brisée par le bruit de griffes raclant le sol lorsque le loup se leva pour venir se placer à ses côtés.
Non !
L'exclamation horrifiée de Blake n'ébranla pas le moins du monde la bête qui s'assit aux pieds du Mangemort, une expression décidée sur sa gueule canine.
Je… tu… ce n'est pas vrai !
Sirius, il est sûrement le mieux qualifi
Ce qu'Ernst voulut ajouter, fut perdu lorsque le sorcier lui jeta un regard glacé. Il connaissait trop bien cette expression. Quoi qu'ait pu être le bien fondé des intentions de Remus, il venait de commettre une erreur qui pourrait lui coûter ce qu'il avait de plus cher. Et pourtant, Ronald était sûr de ne pas se tromper en affirmant que le loup était probablement le plus à même de ramener Ron vivant.
Blake serra et desserra le poing, la mâchoire crispée et les yeux tourmentés par la colère. Les regards de l'homme et de la bête s'affrontèrent un long moment, aucun n'étant prêt à abandonner ses positions avant que Sirius ne parvienne à une décision.
Tout le petit groupe retint son souffle lorsqu'il relâcha finalement ses mains.
Très bien, dit-il d'une voix glacée et terriblement indifférente. Fait ce que tu veux. Va te faire tuer et vois si cela m'intéresse. J'ai d'autres chats à fouetter qu'à m'occuper de l'avenir d'un lycanthrope.
Bien peu furent ceux qui parvinrent à deviner la peine et l'expression de trahison qui ressortit de sa voix. Le loup baissa la tête et émit un petit gémissement à peine audible, sursautant lorsque la porte se referma violement derrière son désormais ancien amant. Ses oreilles s'aplatirent sur sa tête, convoyant l'expression misérable qu'il ne pouvait exprimer.
Ernst s'accroupit devant lui.
Il changera d'avis.
Mais Remus en doutait et trouva bien peu de réconfort dans les paroles de son ami.
Sachant qu'il ne pouvait rien faire pour soulager la peine de l'Animagus, le sorcier se redressa et s'adressa cette fois à Severus.
Il vous faut partir sans attendre.
Le Mangemort acquiesça et se dirigea d'un pas rapide vers la porte, talonné de près par la bête qui n'avait pas hésité un seul instant malgré son désarroi.
La voix de Ronald l'arrêta avant qu'il n'ait franchi le seuil de la pièce.
Il ne vous laissera pas en vie cette fois.
Le sorcier se retourna, un étrange sourire au visage.
Je sais, mais je dois le récupérer.
Et sans attendre, il disparut dans le couloir dans un froufroutement de lin et de bruits de griffes, tous deux sachant pertinemment qu'il n'avait jamais été question de Ron.
Ernst regarda le seuil désormais vide, partagé entre l'espoir, l'amusement et la peur. Il n'était pas sûr de vouloir revoir Lucius Malfoy en vie. Et pourtant, il avait tellement de réponses à lui demander.
Secouant la tête, il se tourna vers ses élèves et collègues.
Nous avons beaucoup de choses à préparer. Mais avant, que quelqu'un me trouve l'elfe Pim.
Le bruit cassant des os et des chaires mastiqués s'évanouit peu à peu pour laisser place au silence. Accroupi près de son serviteur, une main ensanglantée caressant distraitement la chevelure de blés mûrs, Arkam embrassa du regard la scène. Du sorcier, source de sa puissance nouvelle, il ne restait rien hormis les lambeaux méconnaissable de sa robe et des ses chausses, ainsi que quelques traces carmines au sol. Une trentaine de paires d'yeux ambrés coulaient régulièrement sur lui, seule preuve des indécelables créatures qui s'étaient repus des chaires mortifères du cadavre. Elles se déplaçaient, silencieuses et damnées, ombres parmi les ombres des fourrés et des arbres, n'attendant qu'un ordre de leur maître. Elles avaient été ses seules compagnes durant les centaines d'années qu'il avait passé enfermé dans l'entre deux monde - pas tout à fait mort, mais dénué de toute vie – et lui étaient désormais à jamais fidèles.
Comme le Mange-Cœur qui, une fois encore, se reposait sur son épaule.
Maîtresses du démon pour les sorciers et du diable pour les humains. Peut-être lui faudrait-il se trouver des cornes.
Il se demanda un instant comment son nom serait prononcer dans quelques centaines d'années. Serait-ce comme aujourd'hui, avec cette crainte et cette haine des quelques hommes qui se souvenaient encore de lui ? Ou serait-il adulé, vénéré pour les changements qu'il comptait accomplir ?
Des changements qui demandaient leur lot de sacrifices.
Il avait voulu accomplir cette tâche alors, horrifié par la folie meurtrière des hommes qui tuaient sans pitié tout ceux qu'ils pensaient sorciers. Combien d'amis avaient-il perdu ? Combien d'innocents avaient été massacrés ? Sa…
Mais aujourd'hui, il le voulait plus encore. Ils les avaient observé de sa prison, se faisant plus impitoyables et terribles année après année. Esclavage. Génocides. Guerres. Il était temps que quelqu'un y mette fin et personne ne pourrait l'arrêter.
Une dernière fois, son regard coula vers les restes de Dumbledore, un sourire triste et à moitié fou éclairant son visage. En faisant disparaître le corps du sorcier, Arkam avait non seulement rendu un dernier hommage à son courage, mais avait écarté toute possibilité de voir ses pouvoirs repris. Sans prise sur ses chaires, ils n'auraient aucun moyen de découvrir le sort qu'il lui avait jeté et tenter de le contrer. Il ne pensait pas que quiconque soit suffisamment puissant pour le défaire, mais il préférait ne prendre aucun risque.
Il ne pouvait pas se le permettre. Il avait une guerre à mener et à remporter.
Un tressaillement sous sa main lui fit baissé la tête et son sourire s'élargit encore. Son serviteur avait les yeux ouverts, bien que quelque peu éteint, fixant la scène plus loin. Son visage était pâle, son corps encore difficilement remis du sort qu'il l'avait frappé et sa bouche, craquelée, laissait échapper un flot de mot dont il parvenait à peine à comprendre le sens.
Pauvre enfant, il demandait pardon.
Depuis des siècles que sa famille le servait, des générations de ses parents s'étaient succédés, acceptant plus ou moins leur destin, se pliant plus ou moins à sa volonté (Qui aurait cru que son salut viendrait de l'un d'eux ?). Beaucoup avaient volontiers vendu leurs âmes à ses desseins, mais d'autres avaient désespérément et inutilement résisté.
Il était l'un d'eux.
Pendant des années, il avait tenté d'échapper à l'emprise de sa malédiction, y parvenant presque en coupant tout lien avec sa famille et en se faisant des amis puissants. Mais à la fin, il n'avait pas pu lui échapper. Et pourtant, même encore, il avait accomplit son possible pour se soustraire à son emprise, luttant à chaque seconde de chaque jour. Rien n'y avait fait bien sûr, mais il n'avait pu s'empêcher de l'admirer pour cela. Et de le désirer. Il l'avait comprit alors quand l'ayant à ses côtés comme allié, plus rien ne pourrait l'arrêter. Il était plus puissant que bien de sorciers qu'il avait connu. Plus déterminés et plus pur. Mais il n'était toujours pas parvenu à briser à sa volonté.
Il ne pouvait plus se permettre d'attendre pourtant. Soit il serait à lui, soit il lui faudrait le tuer.
Il le vit lécher ses lèvres, nettoyant le sang coaguler qui y avait séché, avant que son visage ne se tordre d'une grimace et qu'il ne se mette à tousser, tentant visiblement de recracher ce met cuivré.
Son regard se tourna alors vers lui, son corps toujours secouer de spasmes, et ce qu'il put y lire lui fit prendre sa décision. Derrière l'horreur et le dégoût, il n'y avait plus le feu qui n'avait cessé de l'habiter depuis le premier jour de son allégeance, mais une profonde résignation. Il sut alors qu'au pris de quelques efforts, il serait à lui, à jamais.
Doucement, il lui caressa la joue.
Le sang était à ton goût ?
Lucius ouvrit la bouche, comme pour rétorquer, mais se fut un murmure rauque qui trouva le chemin de ses lèvres.
Oui, maître.
Oh oui, il était presque à lui !
Bien. C'était le sang d'un grand sorcier, sois-en honoré.
Le Mangemort avala une respiration rapide mais ne dit rien, se contentant d'hocher la tête avec obéissance. Il était si fatigué de lutter.
Son maître se redressa alors, l'invitant à faire de même et il obtempéra sans même hésiter. Il savait qu'il aurait du se rebeller, résister à ses ordres à chaque pas, comme il en avait eu l'intention depuis qu'il avait récupéré une partie de sa volonté. Trouver enfin le moyen de lui échapper. Mais il n'en avait soudain plus courage. Il semblait que la seule partie de son âme qui avait vaillamment tenue face à ses assauts répétés, venait finalement de céder. Il ignorait s'il s'agissait de la fatigue, du poids des morts, du goût du sang, du ton cajoleur ou juste du visage de son enfant qu'il avait fait tellement souffrir – qu'il avait tué – alors qu'il avait seulement voulu l'aimer. Tout ce qu'il savait c'est que les dernières onces de sa volonté étaient en train de s'échapper comme des grains de sable tombant de ses mains, si fin qu'il ne pouvait les retenir.
Bientôt, il lui appartiendrait totalement.
Il ne broncha pas lorsque le poids du Mange-Cœur couvrit soudain ses épaules, son ronronnement éraillé lui arrachant des frissons d'horreur. Il savait que la bête venait de l'accepter comme l'un des leur, mais si corps réagissait encore, son esprit ne sembla pas s'en offusquer.
Il ne releva la tête qu'au bruit précipité de pas fendant les ronces et ébranlant la terre. Une silhouette courait vers eux. Quelque seconde encore et elle apparût enfin à leur regard.
La voix de son maître se fit écho de sa jubilation lorsqu'il la salua.
Vous voilà de retour, jeune Wesley. Vous m'en voyez honoré.
A suivre… encore et encore et encore…
J'en verrais jamais la fin -- Surtout que je n'arrive pas à caser mes explications, il semble qu'il y ait toujours autres choses à faire faire à ces braves gens.
Désespoir.
Comme d'habitude, désolée pour l'orthographe.
Pour ce qui est mon dernier paragraphe : non, Arkam n'est pas attiré par Lucius dans le sens propre du terme, donc n'essayer même pas de voir du yaoï entre eux. Il n'y en aura pas. Il est juste obsédé par lui dans sa folie. Quand à Severus et Lucius, je ne sais pas. Je me tâte. Je n'aime pas trop les histoires où les auteurs ont la fâcheuse tendance à mettre tous les hommes ensemble, je trouve ça un peu gros et lassant. Alors… amour, amitié… ça dépendra aussi de ce que vous en pensez.
