Les 4 princesses du Torr

Il y a de cela de nombreuses années, à une époque reculée, quatre petites filles, se retrouvèrent réunies ensemble, à Avalon...

Quatre filles, très différentes, qui partageront leur secret de petite fille et plus tard d'adolescente, ensemble, dans un lieu oublié du monde, à la frontière entre l'irréel et le réel, à la frontière du Pays des Fées, quelque part en Angleterre, perdu dans les brumes de Glastonbury, l'île de verre... Ces quatre filles nées de mondes différents, qui se retrouveront pourtant unies pour l'Eternité.

Chapitre 1 : Lidwen

Lidwen, était la plus âgée, née du Grand Mariage, d'une prêtresse et d'un druide, à Avalon.

« Tu y es presque, allé pousse encore un peu, je vois la tête »

Un hurlement retentit, semblant résonner jusqu'au sommet du Torr. Kyria prit dans ses bras la petite chose mouillée qui venait à peine de sortir du ventre de sa mère, pendant que Margeth coupait le cordon ombilical. Kyria lava l'enfant avec un peu d'eau et avec un grand sourire annonça à Ilda, la mère :

« C'est une fille ! »

Et elle lui mit le nourrisson dans les bras. Ilda regarda sa fille émerveillée mais épuisée et dit :

« Lidwen, je veux qu'elle s'appelle Lidwen. »

Des années plus tard, Lidwen, fut envoyée dans une famille romaine, Caius et Camilla, ses parents adoptifs s'occupèrent d'elle, comme si elle était leur propre fille, ce que crut Lidwen, durant toutes les années où elle vécut chez eux...

Lidwen venait de fêter son douzième printemps, c'était une jeune fille maintenant, presque une femme. Elle était très grande pour son âge, sa peau était d'un blanc immaculé, ce qui contrastait énormément avec la noirceur d'ébène de ses longs cheveux ondulés. Son visage était plutôt osseux, elle avait un nez aquilin, deux grands sourcils noirs, mais surtout, elle avait deux grands yeux, d'un noir profond, lorsqu'on la regardait on ne voyait plus que ces deux yeux immense et noir, si noir, tel un gouffre immense dans lequel on avait peur de s'enfoncer, des yeux d'un noir si obscur qu'on pensait être attiré dans le néant en les regardant, mais il y avait également cette lueur dans ses yeux, cette lueur à laquelle on s'accrochait pour ne pas tomber, cette lueur immense qui illuminait son regard. Cette lueur mystérieuse, dont nul ne savait la provenance... Lidwen, était une jeune fille sournoise et mystérieuse, elle avait une petite bande d'amies, avec lesquelles elle jouait dans le petit village romain, au sud de l'Angleterre, où elle habitait avec, pour toute compagnie, ses parents adoptifs. Mais Lidwen avait quelque chose de très particulier, elle voyait certaines choses que les autres ne voyaient pas, et ceci n'avait pas échappé à ses parents adoptifs. C'est pour cette raison qu'ils ne furent nullement étonnés de voir arrivé au début de l'été, deux personnes à cheval devant leur demeure. Un homme d'une quarantaine d'année, vêtu d'une longue robe, à la façon des druides, et une jeune fille, qui ne devait pas avoir plus de vingt ans. Elle n'était pas très grande, avec de longs cheveux châtains et de beaux yeux d'un bleu très clair, mais ce qui surprit surtout Lidwen lorsqu'elle la vit se fut ce signe étrange sur son front lorsqu'elle ôta son voile, c'était un croissant de lune, bleu, tatoué entre ses sourcils.

La jeune fille, qui se nommait Lisyanda, était une prêtresse d'Avalon, et elle venait, pour emmener, sur ordre de la Grande Prêtresse, la jeune Lidwen, à Avalon pour qu'elle suive l'enseignement ancien de l'île sacrée. C'est à ce moment que Lidwen apprit qui elle était réellement, non pas fille de Caius et Camilla Marquelius, mais fille d'une prêtresse et d'un druide lors de la cérémonie du Grand Mariage. Malgré les explications que lui donna Lisyanda, Lidwen ne comprit pas la moitié de ce qu'elle lui dit, mais ce qu'elle comprit avant tout avec grand regret, c'était qu'elle devrait quitter ses parents, son village et ses amies pour un monde inconnu. Mais, Lidwen avait une âme de grande aventurière, et l'idée de voyager à cheval, jusqu'à un autre monde, la tentait malgré tout. Alors le soir, elle fit rapidement ses bagages dit adieu à ses amies, et alla se coucher, car ils devaient partir à l'aube le lendemain. Au matin, les adieux à ses parents furent déchirant, mais pour bien montrer qu'elle était courageuse, Lidwen, fit de son mieux pour ne pas pleurer, même si une fois montée sur son poney, elle avait les yeux qui la piquaient, des larmes qu'elle refusait de laisser couler. Mais après quelques heures, la curiosité l'emporta sur le chagrin, et elle commença à poser des questions à la jeune prêtresse, et tout d'abord, celle qui lui trottait dans la tête depuis hier après midi, lorsqu'ils étaient arrivés chez elle.

« Excusez moi, dit elle d'une voix timide à Lisyanda, mais que veux dire cette lune tatouée sur votre front ?

- Si la Grande Prêtresse ne c'est pas tromper sur ton compte, répondit Lisyanda, tu devrais le savoir par toi-même... »

Lidwen réfléchit un instant, puis elle se concentra sur le signe, et un éclair lui apparut, elle dit alors à Lisyanda :

« C'est le signe comme quoi, vous êtes une prêtresse, il a été tatoué sur votre front lorsque vous avez été ordonnée prêtresse, et c'est le signe de la Déesse, est je tort ? demanda Lidwen, sûre d'elle avec un petit air narquois, c'est cela n'est ce pas ? »

Lisyanda la regarda avec un petit air étonné :

« Oui, c'est exact mais...comment...comment... ?

- Comment je l'ai su ? C'est très simple, je me suis concentrée sur
votre signe, ça ne fait pas très longtemps que vous l'avez, et puis vous
vous attendiez à cette réponse, non ? Vous m'avez vous-même dit que si la
Grande Prêtresse ne c'était pas trompée en m'appelant je devrais le
trouver seule ?

- Oui, c'est vrai, mais...

- Cet enfant a un réel Don, dit alors le druide derrière elle, la Dame,
n'avait pas tort lorsqu'elle disait que c'était une prêtresse née.

- Je suis une prêtresse née ? demanda Lidwen. Ca veut dire que je
deviendrais prêtresse ? Et que j'aurais une lune bleue sur le front ?

- Si tu t'en montres capable, dit Lisyanda d'une voix un peu dure cette
fois, mais faut il encore que tu le mérites, et pour commencer ne pose
plus de questions, une prêtresse doit savoir garder le silence. »

A partir de ce moment jusqu'à la fin du voyage, qui dura exactement quatre jours, Lidwen, ne prononça plus un seul mot. Et lorsqu'elle arriva à Avalon, à l'aube du quatrième jour de voyage, elle fut éblouie, par tant de beauté, elle avait eu très peur lorsque Lisyanda avait fait lever les brumes, mais à présent face à un tel paysage, elle ne savait plus que dire, ni que penser, tout était magnifique. La lueur rose orangée, sur le dessus de la montagne verte surmontée de pierres levées qui lui semblèrent bien étrange, le chemin blanc qui y menait, et toutes ses petites maisons de chaume, illuminées d'une merveilleuse lueur rougeoyante. Toute sa vie, elle se rappellerait de cette première impression d'Avalon, à la lueur de l'astre lumineux, à son apparition, toute sa vie, cette image resterait gravée en elle, ce paysage fantastique et imaginaire au premières lueurs du Levant