Moredva

Moredva, on pense, qu'à Avalon on se souviendra toujours de ce nom et des péripéties de cette jeune prêtresse fille de la Grande Prêtresse.

Moredva naquit à Avalon, où elle y passa très peu de temps, car elle fut envoyée dès l'âge de trois ans, dans une famille anglaise, vivant à quelques lieues de Londinium, et qui avait une petite fille du même âge de Moredva, à treize jours de différence.

Moredva et Niemya furent donc élevées comme deux sœurs jumelles, bien que, elle ne se ressemblait nullement.

Moredva avait la peau brune, de longs cheveux très noirs et ondulés, elle n'était pas bien grande, pas spécialement jolie non plus, sans être laide pour autant, mais malgré tout, dès son plus jeune âge on la remarqua. Tout d'abord en raison de son port de reine, de sa façon de se mouvoir, et surtout de sa présence. On avait souvent l'impression, que lorsque Moredva entrait dans une pièce, elle l'emplissait entièrement, et tout le monde ne regardait alors plus qu'elle. Moredva avait aussi, deux grands yeux, non pas noirs comme ceux des Fées à qui elle ressemblait énormément en raison de sa mère, mais d'un bleu luisant. Un bleu très foncé, comme ancien de nombreux siècles, dans lesquels semblaient se mouvoir de très anciens souvenirs et de merveilleuses images...

Moredva avait le Don de double vue, tout comme sa mère avant elle. Mais sans doute était il plus puissant et plus clairvoyant que le sien. Moredva voyait des images inconnues avec une telle clarté, qu'elles étaient telles que si elle les avait eu sous ses yeux. C'était peut être ceci qui faisait d'elle une petite fille, et plus tard une jeune fille, très mystérieuse. Mais Moredva avait un très fort caractère, elle n'obéissait à personne et jugeait tout par elle-même. Elle avait un tempérament violent et d'apparence irréfléchie, mais en réalité, chacune de ses actions étaient longuement réfléchies et pesées. Elle faisait aussi beaucoup confiance à son instinct qui ne l'avait pour le moment jamais trompé.

Sa sœur Niemya était différente à elle en tout point. Physiquement d'abord, elle avait les cheveux très blonds, la peau très blanche, elle était grande, d'une beauté froide et enfantine et elle n'attirait jamais vraiment l'attention contrairement à Moredva, qui, si pourtant on la détaillait point par point était beaucoup moins jolie que Niemya. Niemya avait deux petits yeux marron, sans éclat, sans reflet, sans force dans le regard. Elle était ombre tandis que sa sœur était lumière. Pourtant elle ne lui avait jamais reproché, au contraire elle aimait se promener avec elle pour ne pas attirer l'attention, surtout depuis qu'elle arborait tout comme sa sœur des formes de femme. Calme et douce, Niemya était le parfait contraire de Moredva, elle ne faisait jamais de bêtises, était très obéissante, et surtout n'avait pas l'esprit aventurier de Moredva, ni sa fougue, sa passion et encore moins sa curiosité ! Car Niemya avait peur de tout.

Pourtant les deux sœurs s'adoraient, Moredva était la plus âgée des deux et elle protégeait Niemya de tout ce dont elle avait peur.

C'est ainsi qu'un jour alors que s'approchait la fin de l'été, Niemya était sortie seule du haut de ses onze ans, se promener dans la forêt non loin de la maison. Forêt que Harius et Riena, ses parents, avaient formellement interdit d'accès à leurs deux filles. Moredva y allant par conséquent très souvent.

C'est ainsi qu'au matin, lorsque Moredva s'éveilla, elle trouva le lit de sa sœur vide, ce qui lui parut tout d'abord étrange, car Niemya ne se levait pas si tôt le matin. Moredva la chercha donc partout dans la maison et aux alentours sans succès, elle commença alors vraiment à s'inquiéter et courut prévenir ses parents de la disparition de sa jeune sœur. Harius et Riena la cherchèrent donc eux aussi sans succès, Harius demanda alors à Moredva :

« Moredva, ma chérie, tu n'as réellement aucune idée d'où ta sœur a bien pu aller ? Elle ne t'a rien dit ? »

C'est alors que Moredva se souvint des mots échangés la veille au soir avec sa sœur.

« Je suis sûre que tu n'es jamais allée dans la forêt, lui avait elle dit d'un air supérieur.

- Bien sur que non ! avait alors répondu Niemya. Père et mère nous l'ont formellement interdit !

- Et alors ? Tu crois que cela m'a empêché d'y aller ?

- TU Y ES ALLE ? avait alors crié effrayée Niemya

- Evidemment, mais je suis sure que toi, tu n'auras jamais le courage d'y aller.

- C'est ce qu'on verra, avait alors répondu Niemya, c'est ce qu'on verra... »

Moredva raconta alors ce qu'elle avait dit à sa sœur, en omettant bien sur le fait que elle était déjà allée dans la forêt. En apprenant cela Harius décida d'aller la chercher, et dit à son épouse et à Moredva de rester à la maison et de ne pas en bouger.

Mais Moredva, partit tout de même dans un instant d'inattention de sa mère et courut à toute vitesse vers la forêt. Là elle réfléchit attentivement et se concentra sur l'endroit où sa sœur aurait pu aller, elle eut alors la vision d'une jeune femme drapée dans de grands voiles et un jeune homme vêtu de la robe des novices druides, ils étaient tout deux à cheval et la jeune femme avait mis à l'avant de son cheval une jeune fille, qui devait avoir onze ans, aux longues boucles blondes, Niemya.

Moredva se retourna brusquement titubant légèrement en raison de sa vision, et vit au loin dans le bois, deux chevaux qui venaient vers elle. Elle sus alors que c'étaient eux et courut dans leur direction. Niemya la voyant, sauta de cheval et cria :

« Moredva ! Moredva ! Tu vois, je suis dans la forêt ! Ces gens sont là pour toi ! »

Moredva étonnée s'approcha d'eux, et les regarda attentivement, ils étaient exactement comme dans sa vision, la jeune femme drapée sous de longs voiles, et le jeune homme, vêtu comme les jeunes druides, il avait des cheveux très blond, la peau claire et de grands yeux gris luisant d'une lueur étrange et malicieuse.

« Bonjour, leur dit Moredva, je suis heureuse que vous ayez retrouvés ma sœur, je me nomme...

- ...Moredva, la coupa la jeune femme en ôtant le voile qui lui couvrait le visage, Moredva, fille de la Haute Prêtresse d'Avalon, vous lui ressemblait beaucoup d'ailleurs, seul vos yeux doivent venir de votre père. »

Moredva masqua son grand étonnement, comment connaissait elle son nom ? Elle observa attentivement la jeune femme, elle portait une longue tunique de voyage, elle avait les cheveux longs noirs, les yeux très verts, la peau brune, et était de taille moyenne, sur son front tatoué entre ses deux sourcils il y avait un quartier de lune bleu. Moredva n'eut même pas à se concentrer pour qu'une vision de la jeune fille avec quelques années de moins, se faisant tatouée la lune bleue sur le front lui apparaisse.

« C'est un symbole qu'on vous a tatoué cette lune, vous avez jurer fidélité à la Déesse n'est ce pas ? Vous êtes une prêtresse d'Avalon, je crois ? Et vous un jeune druide encore novice, dit elle en s'adressant au jeune homme qui hocha la tête affirmativement, que désirez vous, et que faites vous sur les terres de mon père ? »

- C'est assez long, dit la jeune femme, mieux vaut aller chez toi pour en parler plus calmement. »

Moredva accompagna donc le jeune homme et la jeune femme, ainsi que Niemya, chez elle, où les parents des deux filles les attendaient avec impatience et reproche. Mais en voyant de qui elles étaient accompagnées, ils s'inclinèrent et saluèrent chaleureusement les deux voyageurs.

« Nous venons..., commença la jeune prêtresse après que elle et le jeune druide se soit restaurés et reposés quelque peu.

- ...Oui, la coupa alors Riena avec une nuance de tristesse dans la voix, nous savons, depuis qu'elle à fêter son onzième printemps, nous vous attendions.

- Bien, dit la jeune femme, entendu, puis elle se tourna vers Moredva, Moredva, sais tu pourquoi nous sommes ici ? »

Après quelques secondes de concentration, les yeux fermés, Moredva se tourna vers la jeune prêtresse, les larmes aux yeux :

« Oui, dit elle essayant tant bien que mal de ravaler ses larmes, vous venez pour m'emmener à Avalon, sur ordre de ma mère, la Haute Prêtresse d'Avalon.

- Excellent, répondit, la jeune femme, es tu prête à partir avec nous ? Je sais que tu as le Don, et que tu comprendras parfaitement que nous devons t'emmener, le plus vite possible. Ce soir si nous le pouvons.

- Oui, je comprend, répondit Moredva, le voyage sera long je suppose, je vais faire mes bagages dès à présent. »

Après avoir serré sa mère, son père et sa sœur dans ses bras, elle alla rassembler ses maigres affaires, ses quelques vêtements, la coupe en bois qu'elle avait faîte il y a longtemps, et le médaillon en or que lui avait offert sa mère, où était gravé son nom.

Puis, au soir, après de lourds et pesants adieux plein de larmes, ils se décidèrent à partir. Juste avant de monter qu'elle monte sur son poney, Moredva sentit sa sœur la tirer par la manche, Niemya, emmena alors sa sœur dans un coin.

« Tu ne m'oublieras pas ? lui demanda-t-elle. Promet moi que tu ne m'oublieras jamais.

- Comment pourrais je t'oublier petite sœur ? demanda Moredva les yeux plein de larmes. Tu es ma sœur !

- Oui, mais je veux que tu me le jures - Bien, je te jure de ne jamais t'oublier quoi qu'il arrive et de toujours te protéger tant que je le pourrais. - Merci ma sœur, même si tu n'es pas ma sœur de sang, tu seras toujours ma sœur d ans mon cœur. »

Et elles se jetèrent dans les bras l'une de l'autre en pleurant, puis, dans un dernier signe d'adieu, Moredva monta sur son poney que lui avait donné son père, et partit avec la jeune prêtresse et le jeune druide, dans les dernières lueurs du couchant.

Le voyage fut long et pénible, et Moredva dut lutter contre la fatigue de rester pendant de longues heures à cheval. Elle était épuisée chaque soir, et fut heureuse lorsque le soir du troisième jour, la jeune prêtresse du nom de Eilen lui annonça que dans moins d'une heure ils seraient à Avalon. Effectivement, peu de temps après, ils arrivèrent dans un endroit marécageux, où une barge les attendaient. A son grand étonnement, Moredva vit que sur cette barge, tenant des rames, il y avait deux petits hommes sombres qui semblaient les attendre. Ils montèrent tous les trois avec leurs chevaux sur la barge qui s'avança lentement dans les eaux. Bientôt, Moredva ne vit plus la terre ferme d'où ils étaient partis, tout était entouré de brumes. Eilen, se leva soudain, et leva les bras vers le ciel, Moredva avait le souffle coupé, un acte magique, songea-t-elle, puis, soudain, les brumes se dissipèrent, et Moredva eut le souffle de nouveau coupé par la beauté de ce qu'elle vit.

Avalon...Oui, ce lieu était vraiment merveilleux, elle venait à peine de le voir, n'avait même pas encore posé son pied sur cette terre et déjà elle l'aimait de tout son cœur.

Lorsqu'elle posa le pied sur le sol de terre, de nombreuses personnes étaient face à elle, entourant les nouveaux venus, parmi eux, il y avait une femme, lorsqu'elle la vit ainsi elle lui parut gigantesque, mais lorsqu'elle l'étudia attentivement, elle s'aperçut que c'était une petite femme brune, pas plus grande qu'elle. La femme, qui était en réalité la Dame d'Avalon ce que Moredva avait deviné au premier coup d'œil, leva les yeux vers elle, et leurs regards se croisèrent. Moredva vit soudain, cette même femme beaucoup plus jeune la regarder de ce même regard trahissant une affection profonde, et lui adresser un grand sourire. Mais la vision s'effaça rapidement laissant place à toute l'assemblée qui la dévisageait et à sa mère, avec de nombreuses années en plus que dans sa vision. Celle- ci s'approcha d'elle et lui dit d'une voix forte :

« Moredva, êtes vous ici de votre plein gré et souhaitez vous résider parmi nous, à Avalon ?

- Oui, répondit Moredva d'une voix forte en regardant sa mère dans les yeux, c'est là mon vœu le plus cher.

- Soit, dit la Haute Prêtresse, venez à présent. »

Et elle attira Moredva à elle, elle la serra dans ses bras avec force et amour et posa un doux baiser sur son front. Au fond d'elle-même Moredva entendit les paroles non prononcées de sa mère :

« Ma fille, ma petite fille, te voici enfin de retour près de moi... »

Tout ce qui se passa par la suite, Moredva ne s'en rappela pas avec grande clarté, sans doute du à la grande fatigue qui l'accablait tout à coup, après avoir embrasser chacune de ses nouvelles sœurs, jeunes novices, et prêtresses confirmées. Une grande fille rousse, qui ne devaient pas être plus âgée qu'elle, la conduisit jusqu'à la Maison des Vierges accompagnée d'une grande fille brune à la peau blanche qui devait être un tout petit peu plus âgée et d'une jeune prêtresse aux cheveux châtain clair, et, après lui avoir donner un peu à manger, on la conduisit à un doux lit moelleux où on la coucha, dans une chambre à quatre lit, où était assise sur une chaise, une petite fille à la peau brune qui la regarda d'un air admiratif.

Ainsi commença le début d'un long apprentissage et d'une grande amitié, en ce lieu sacré, d'Avalon...