CHAPITRE UN

BONJOUR, BIENVENUE CHEZ ST-PIERRE

Tout est noir, je ne vois rien. Tout ce que je sais, c'est que ça tourbillonne à n'en plus finir. On dirait que je tombe dans un trou noir. J'en ai mal au cœur. Finalement, je sens le sol sous moi.

OOOOOh! Quelle chute mes amis! Bon maintenant, où est-ce que je suis? En tout cas, j'y suis couchée par terre. Rien à voir avec un lit, et ça sent plus l'hôpital. J'ouvre un œil… AARRGGHH!!! Je le referme tout de suite. Il y a une de ces lumières aveuglantes!!! Terrible! Je réessaye, tranquillement cette fois. Difficile à s'y habituer, c'est trop lumineux comme pièce. Mais maintenant que j'ai les yeux ouverts, je me rends compte que je ne suis pas dans une pièce. Qu'est-ce que c'est que cet endroit? Je me relève du plancher (que je ne vois pas, et qui n'a pas l'air d'être là non plus.). On dirait que je repose sur rien. Mais je ne flotte pas. Étrange, vraiment étrange. Ah!!! Il y a une dame là-bas, assise derrière un bureau, devant deux immenses portes de bois. Ça me donne un mauvais pressentiment, ces portes… Je m'approche d'elle (de la dame, pas des portes) et risque un timide:

"Euh… excusez-moi madame, pourriez-vous me dire où nous sommes exactement?

- Bonjour mademoiselle O'Breham. Je suis Briget, secrétaire de M. St-Pierre, DG du Paradis, et vous êtes dans la salle d'attente pour accéder à son bureau. Il vous recevra d'ici peu, je vous appellerai. Il y a généralement une heure de décalage entre votre départ et votre rendez-vous. Ce ne sera pas bien long. Passez une bonne journée!"

AARRGGHH!!! Mais je suis dans la salle d'attente pour le Paradis!!! Non mais c'est quoi cette histoire-là? Je ne veux pas mourir, moi! Je m'apprête à le dire à la fameuse Briget, mais elle s'adresse déjà à quelqu'un d'autre. Je me retourne et me retrouve véritablement face à une salle d'attente. Je n'avais pas remarqué. Il est vrai que ça fait seulement 5 minutes que je suis ici… Je ne veux pas mourir. Bon, reviens-en Éloïse quand tu rencontreras St-Pierre, tu lui diras que tu ne veux pas mourir.

Je m'assieds sur ce qui me semble être un nuage ayant la texture de la mousse de bain, mais qui ne disparaît pas quand on y touche, et qui est assez consistant pour s'y asseoir. Encore une fois: Étrange. Je ne croyais vraiment pas qu'il existait réellement un Paradis, avec un St-Pierre (qui a une secrétaire de surcroît), des Portes et tout! On voit ça dans les bd, pas pour vrai!!!

Et comme il n'y a pas de revues du genre"Échos-Vedettes du Paradis", je me mets à observer les gens autour de moi (habitude empruntée à ma copine Karine qui ne fait que cela de ses journées à l'école), à commencer par Briget qui est vraiment le stéréotype de la parfaite secrétaire. Les cheveux bruns un peu plus longs que ses épaules, séparés sur le côté, avec tellement de fixatif dedans que lorsqu'elle tourne la tête, tout bouge en même temps. Maquillage parfait, à faire verdir de jalousie n'importe quelle actrice américaine! Verni à ongles tout aussi parfait, s'agençant parfaitement au rouge à lèvres (et là, si je continue avec le maquillage, je pourrais faire concurrence avec Lise Watier). Un collier de perles parfaites, que le patron de tout bureau qui se respecte offre généralement après disons 20 ans de loyaux services… si c'est pas plus. (Tiens! j'espère qu'on arrête de vieillir un jour au Paradis, parce que ceux qui sont morts au Moyen Âge, ça leur ferait vieux!!!) Revenons à Briget, qui a, en plus d'être esthétiquement parlant parfaite, le nom parfait pour une secrétaire. Oh! J'oubliais presque de mentionner le parfait tailleur sur mesure! Blanc étincelant, comme tout ici d'ailleurs.

Bridget se lève pour ramasser des dossiers qui sont tombés. Les souliers à talons aiguilles (parfaits bien sûr)!!! Comment fait-elle pour tenir en équilibre là-dessus??? Je me suis toujours demandé comment ces femmes faisaient. Vive les bons vieux souliers de sports, même si on exploite les Chinois.

"Est-ce que je peux m'asseoir ici?"

Je sursaute. Une fillette d'à peu près 10 ans me tire de ma rêverie. Elle a l'air terrorisée. Pauvre petite!

"Bien sûr! Comment t'appelles-tu princesse? lui dis-je en souriant, désignant la place à côté de moi.

- Fanette Madame.

- Oh my god! S'il te plaît, pas madame, madame ça c'est ma mère. Je m'appelle Éloïse. D'où viens-tu?

- De Montfermeil Mademoiselle Éloïse.

- Ah! Je connais Montfermeil, on en parle dans "Les Misérables" de Victor Hugo.

- Je ne sais pas Mademoiselle, je ne connais pas Victor Hugo. Je ne vais pas à l'école moi. Maman n'avait pas assez de sous.

- Pas assez de sous? Mais n'habites-tu pas en France? doutant soudainement de ma connaissance géographique.

- Oui Mademoiselle."

Si elle était venue d'Amérique du Sud, j'aurais compris. Mais je doute fort qu'en France, les enfants ne vont pas à l'école s'ils n'ont pas assez de fonds. Un autre doute m'envahit…

"Fanette, quelle date sommes-nous aujourd'hui?

- Je crois que nous sommes le 15 janvier, Mademoiselle Éloïse.

- Juste Éloïse ça va aller. 15 janvier de quelle année?

- 1822, Madem… Éloïse."

Wooooooooooh!!! Attend un peu là! Je suis en présence d'une petite fille morte (ou dans le coma comme moi) en 1822… Ça, dans mon livre à moi, c'est pas normal. Je me tourne vers le couple qui bavarde devant moi.

"Excusez-moi d'interrompre votre conversation, mais en quelle année somme-nous?

- Tout dépend de vous Miss, me répond l'homme. Pour ma part, je suis de 1657.

- Et moi de 2498. Ça fait un choc, n'est-ce pas? Et toi?

- Euh… 2000, dis-je, pas tellement rassurée.

- C'est pour ça. Tu vois, c'est que chaque journée se déroule en même temps, peu importe l'année, m'explique la femme du futur. Je sais que c'est difficile à comprendre pour quelqu'un du début du millénaire, mais dis-toi que tu n'es pas la pire. Imagine monsieur ici, qui ne conçoit pas qu'on puisse se rendre ailleurs par les airs. Toi au moins, tu as connu l'avion! J'étais en train d'expliquer à Monsieur ce qu'était que l'énergie nucléaire, qui est en fait tout à fait désuète pour mon époque, mais actuelle pour toi. "

Les grandes portes s'ouvrent (ou plutôt volent, vu la vitesse à laquelle elles se sont ouvertes et qu'en plus elles sont en suspension dans l'air) sur un homme à la barbe blanche, portant une immense clé à sa ceinture.

"LADY ÉLOÏSE! OÙ EST LADY ÉLOÏSE! J'AI BESOIN D'ELLE IMMÉDIATEMENT! ELLE NE DOIT PAS MOURIR AUJOURD'HUI!

- C'EST MOI MONSIEUR ST-PIERRE!!! fais-je en me dirigeant d'un pas rapide vers le bureau de Briget. Youppi, je ne mourrai pas aujourd'hui!!!

- VITE! fait-il en m'attrapant par le bras. VITE ÇA N'EST PAS VOTRE JOUR! IL S'AGIT D'UNE ERREUR DANS NOS REGISTRES. "

Il m'entraîne au-delà des portes de bois. Il prend une sorte de carte de crédit sur son bureau, la glisse dans ce qui, je suppose, doit être un guichet, puisqu'une porte semble s'ouvrir de nulle part, tout noir à l'intérieur!

"Entrez là, Ma Dame, et bon retour chez vous."

Au même moment, Briget entre en hurlant un "NON CE N'EST LA BO…!" mais il est trop tard, St-Pierre m'a déjà poussée à l'intérieur de la porte noire qui s'est aussitôt refermée derrière.

Voilà! Premier chapitre fini! Vous noterez que le personnage principal, Éloïse O'Breham, est québécoise. Il est donc normal que nos amis d'outre mer ne comprenne pas certaines expressions qu'elle utilise. Si c'est le cas, demandez-moi la traduction, soit en review ou en mail, ça me fera plaisir. En espérant que vous avez été assez patient pour vous rendre jusqu'au prochain chapitre, là où le lien avec le film "A Knight's Tale" ("Chevalier", en français) se fait! Vous aimez? Reviewer! Vous n'aimez pas? Reviewer aussi! Dites moi ce qui cloche! Merci beaucoup de prendre le temps de me lire!