Auteur : Luna Denree
Titre : Tonight by the
moonlight
Rating : Heu... PG-13, on
est jamais trop prudents... )
Genre : Fantasy,
définitivement ! ^^ Entre une chanson sortie de nulle part et des boules de
cristal qui disparaissent... vous verrez bien ! ^^
Pairing : Heu... jusqu'à
maintenant... Syaoran/Sakura et Eriol/Kaho... mais tout est sujet à
changement ! ) (oui, je sais, je suis méchante avec les
personnages...)
Commentaires : Je sais... il y a longtemps que je n'ai
pas updaté cette fic, je me borne à faire des petites corrections de temps en
temps... il faut dire que j'ai passé un trip Harry Potter récemment (et je le
passe encore) et que j'avais peu d'idées pour la suite de cette histoire... en
fait non c pas vrai, j'ai déjà mon plan tout fait, mais je ne trouvais pas mes
mots pour faire la suite. En tout cas je m'y remet immédiatement ! J'ai
déjà trop tard !
PS-
Merci à Loua qui m'a remise sur la
bonne voie... bisoux ! ) Et Merci à mes reviewers en général,
auxquels je répondrai plus en détail au prochain chapitre.
Disclaimer : L'univers de Card Captor Sakura appartient
aux Studios CLAMP, seule l'histoire est à moi ^^ (C'est vraiment dommage qu'ils
aient refusé ma demande de leur acheter Eriol... et Clow... Et
Fujitaka... ^v~) Et bien entendu je ne fais pas d'argent avec tout
ça ! ^^
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Chapitre 1
Un étrange lapsus
On ko chi shin
Bâtir le futur en tirant un
enseignement du pass
Dans le ciel,
la lune, énorme et pleine, jetait sur le sol une lueur blafarde. Des volutes de
brume s'enroulaient autour de ses jambes, de ses bras, de son corps, et se
déroulaient incessamment dès qu'un vent capricieux changeait de
direction.
... Au clair de la
lune... mon ami Pierrot...
Dans le ciel, un vol de cygnes sauvages,
élégants et majestueux, survola une falaise et passa devant l'astre lunaire.
L'effet était saisissant, particulièrement lorsque des plumes, fragilement
bercées par la brise, glissèrent dans l'air et touchèrent le sol.
... Prête-moi ta plume... Pour écrire un
mot...
Dans le ciel, une étoile filante se décrocha de son écrin
indigo pour s'écraser sur la falaise de roc. Ses yeux furent éblouis par la
langue enflammée qui jaillit de l'impact. Lorsque la clarté de sa vision revint,
la brume s'était évaporée et l'immense demeure étendait son ombre sur les
braises mourantes.
... Ma
chandelle est morte... Je n'ai plus de feu...
Dans le ciel, la lune
éclairait faiblement les créneaux du château. On aurait dit que cet endroit
respirait l'obscurité, qu'il se nourrissait d'ombres, et la lumière n'avait que
très peu d'effet sur lui. Ses jambes avancèrent, faisant preuve d'une volonté
propre, vers la lourde herse qui s'actionna à son approche. Grinçant, un abîme
de noirceur s'épanouit à son regard.
... Ouvre-moi ta porte... Pour l'amour de
Dieu...
* *
*
Sakura s'éveilla en sursaut. Elle resta dans la même position quelques
minutes, le temps que les battements de son coeur ralentissent. Ce rêve,
encore... Et puis, elle tourna la tête et aperçut son cadran.
Ou disons,
plus précisément, l'heure qui y était affichée.
- WAAAHHH ! Je vais être encore en retard
!
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle s'était levée,
habillée et coiffée, pour ensuite descendre les escaliers à toute allure. Ce
faisant, elle sourit.
"Si Touya
était ici, il me traiterait de Godzilla...", se dit-elle en débouchant dans
la cuisine.
Son père y était, attablé devant un bol de riz. Il sourit
d'un air indulgent lorsque sa fille lui vola son bol, qu'elle enfourna à la
vitesse de la lumière en lui souhaitant de passer une bonne journée. Depuis
longtemps, il s'était habitué à cette conduite quelque peu
cavalière.
Sakura n'avait pas énormément changé depuis cinq ans. Elle
était sûre d'elle, toujours active et enjouée, mais elle restait toutefois un
peu naïve, comme Eriol l'avait prédit. Souvent, elle prenait les choses au pied
de la lettre, et elle avait toujours de la difficulté à ne pas croire mordicus
aux histoires de Yamazaki.
Mais elle était à présent assez âgée pour
s'occuper d'elle-même, et son père ne craignait pas de la laisser seule quelques
jours, lorsqu'il participait à des fouilles archéologiques hors de la ville.
Lorsqu'elle avait été plus jeune, celui-ci avait été obligé de demander à Touya
de revenir pour quelques temps ou, lorsque cela était impossible, d'annuler sa
présence avec les plus grands regrets. Heureusement, depuis bientôt trois ans,
ce n'était plus le cas. La seule chose qui témoignait encore de sa gaminerie...
c'était sa fâcheuse tendance à oublier de programmer son réveil matin.
Le
résultat se manifestait quand, la bouche pleine de riz, elle tentait d'attacher
ses patins à roues alignées et de mettre son blouson à la fois. Fujitaka, un
éternel sourire flottant sur ses lèvres, l'aida à se préparer et lui tendit son
sac d'école, qu'elle avait faillit oublier. Elle le remercia et s'enfuit
aussitôt.
Lorsqu'elle fut enfin dans la rue, Sakura laissa divaguer ses
pensées. C'était le printemps, les arbres en fleur laissaient échapper des
myriades de pétales blancs et roses, les oiseaux se faisaient la cour et un
soleil frileux, incertain, éclairait timidement la nature qui
s'éveillait.
"Pourquoi est-ce que
je fais toujours ce rêve...? C'est étrange... ce n'est pas un rêve qui ressemble
à ceux que je fais d'habitude... même ceux qui sont
prophétiques..."
Pensive, elle roulait en humant les odeurs fraîches
de ce début de matinée. Comme toujours, elle sourit devant le carrefour où,
autrefois, Tomoyo et elle se séparaient en revenant de l'école. Cinq ans déjà...
Toutes ces années, elles n'avaient correspondu que très irrégulièrement, puisque
toutes deux avaient été très prises par leurs études. De plus, son amie avait
commencé à travailler, dernièrement, ce qui laissait encore moins de temps pour
répondre à ses lettres.
Sakura s'ennuyait souvent de l'époque où tous
quatre étaient encore au Japon. Syaoran, Eriol, Tomoyo et elle, quelle équipe
ils avaient fait ! Malgré la tension constante entre les deux garçons, tension
qui heureusement s'était dissipée avant leur séparation, qu'est-ce qu'ils
s'étaient amusés ! Sans oublier leurs Gardiens respectifs, Kerberos et Yue,
Spinel Sun et Ruby Moon, son frère Touya, Sonomi... ce cher Yukito...
l'exaspérante Nakuru... la toute aussi exaspérante Meiling, qui avait pourtant
un coeur d'or... Mlle Kaho Mizuki qui, aux dires de Tomoyo, filait le parfait
bonheur avec Eriol.
"Quelle chose
étonnante", s'était-elle dite lorsqu'elle avait appris la nouvelle, "Moi qui croyait que tous deux avaient l'oeil
sur quelqu'un d'autre..."
Mais ni l'un ni l'autre n'avaient confirmé
ou infirmé la nouvelle. Il y avait bientôt deux ans que la jeune réincarnation
de Clow n'avait plus écrit, et trois pour Syaoran. Ironiquement, seule Meiling
continuait à envoyer sa sempiternelle lettre de recommandations une fois par
mois. Elle y décrivait aussi ses progrès (fictifs...) en magie et ceux (très réels !) en combat, elle demandait
des nouvelles... et non, elle n'avait pas vu Syaoran depuis très longtemps. Elle
était à l'étranger en programme intensif d'entrainement, et lui se trouvait à
Hong Kong...
Perdue dans ses pensées, Sakura faillit entrer dans son
ancienne cour d'école. Souriant à son erreur et à l'air ébahit des jeunes
enfants qui la regardaient, elle rebroussa chemin et entra dans celle du lycée
voisin où ses amis, Chiharu et Yamazaki, l'attendaient.
- Sakura, salut ! Savais-tu que des
scientifiques ont découvert que les humains ont des gênes communs avec les
champignons ?
- Ah oui
?!
- Oui, c'est vrai, et
c'est pour ça que le foetus vit pendant neuf mois dans le ventre de sa mère.
Comme les champignons, il vit au détriment de la forme de vie qui le porte ! Et
savais-tu qu'autrefois, les champignons étaient gigantesques ? Ils pouvaient
mesurer jusqu'à six mètres de haut ! Et puis...
- Tait-toi, Yamazaki ! Sakura, ne l'écoute
pas, il dit des bêtises, comme d'habitude. Tu vas bien ?, dit Chiharu,
l'entraînant loin de son fiancé qui continuait à déblatérer sur les principales
similitudes entre parasites et mammifères.
- Oui, je vais bien... je fais de drôles de
rêves, ce temps-ci, répondit- elle, distraite par le babillage de son
ami.
- Comme quoi ?
-
Oh, rien du tout !, dit-elle très
vite en rougissant, s'apercevant de son erreur, Où sont Rika et Naoko ? Je suis toujours la
dernière, d'habitude...
- Oh,
Naoko je l'ignore, mais Rika sera absente. Le professeur est
malade.
- Le professeur ? Tu
veux dire Yoshiyuki Terada ? Il y a des années qu'il te demande de l'appeler par
son prénom, pourquoi ne le fais-tu pas ?
- C'est que, tu vois, je n'ai jamais perdu
l'habitude de le voir comme un professeur, lui répondit son amie en
rougissant.
Elle fut dispensée d'explications supplémentaires par
l'arrivée inopinée de Naoko. Celle-ci, essoufflée, fut abordée par un Yamazaki
ravit de trouver un nouvel auditoire pour son histoire de champignons. Il n'eut
malheureusement pas la chance de poursuivre plus avant dans sa théorie car les
filles les rejoignirent et l'heure d'entrer en classe arriva. Les jeunes gens se
séparèrent.
Ce matin-là, Sakura avait classe de maths. Elle détestait les
maths, les avaient toujours détestés (sauf lorsque Mlle Mizuki enseignait) et
les détesteraient probablement toujours. Ceci dit, elle n'était pas mauvaise
dans cette matière et, malgré son dégoût, était l'une des meilleures de sa
classe, grâce à beaucoup d'étude.
En entrant dans la classe, elle sentit
une différence, quelque chose qui n'était pas là auparavant. Pourtant, le
professeur, les élèves étaient les mêmes. Intriguée, elle prit sa place au fond
de la salle et attendit.
Son cours débuta normalement, avec les notions
de sinus et de cosinus. Le professeur était volubile, prodigue d'informations,
et la jeune fille était incapable de se concentrer. Elle regarda par la fenêtre,
où des arbres épars camouflaient la route un peu plus loin. Ses yeux dérivèrent
quelques instants avant qu'elle ne s'aperçoive que, depuis cinq minutes, elle
revenait toujours à un même point, situé à l'extrême droite de sa périphérie.
Près d'un arbre, une étrange lueur pulsait tranquillement, comme si un coeur
lumineux se trouvait là, dehors.
"Mais... qu'est-ce que ça peut bien
être..."
Elle s'aperçu soudain du silence qui régnait dans la classe.
Lentement, le visage en feu, elle se retourna pour voir son professeur qui la
regardait, semblant attendre une réponse.
- Heu... oui ?,
s'étrangla-t-elle.
La classe éclata de rire et, s'avouant à elle-même le
ridicule de la situation, Sakura rie avec eux. Même le professeur se permit un
petit sourire.
- Kinomoto, ayez
l'obligeance d'être un peu plus attentive à l'avenir. Qui peut me répondre ?
Reikoto ?
À la pause, elle prétexta un urgent besoin de se rafraîchir
pour s'éclipser. Une fois seule, au détour d'un corridor, elle attrapa ses
cartes et prit The Mirror.
- Par
le pouvoir de l'astre stellaire, sceptre de l'étoile, montre-moi ta vraie forme
! Par notre lien je te l'ordonne ! Libération ! Mirror !, dit- elle, prenant
tout de même des précautions pour ne pas se faire repérer.
La carte se
déploya et la silhouette fantomatique qu'était Mirror sous sa véritable
apparence se matérialisa devant elle.
- S'il te plait, prend ma forme et
remplace-moi au cours de maths !
La petite carte eut un doux sourire
et forma une réplique parfaite, inversée, évidemment, de la jeune fille. Puis,
imitant sa façon de marcher, elle prit son sac et s'en fut rejoindre les élèves
qui retournaient en classe. Restée derrière, Sakura attendit que les couloirs
soient libérés, puis elle se faufila discrètement à l'extérieur.
Dehors,
un vent malsain soufflait par intermittence, comme l'expiration d'un géant qui
aurait observé d'un oeil noir la Terre et ses habitants. Immédiatement, la jeune
fille aux cheveux d'ambre fut sur ses gardes. De là où elle était, elle ne
voyait pas la pulsation qui l'avait intriguée, mais elle sentait que
l'atmosphère autour d'elle était réglée sur son rythme. Attentive à tout brusque
mouvement, elle se mit à marcher, faisant le tour de l'école en tentant de ne
pas se faire remarquer.
Et soudain, elle l'aperçu, sous le même arbre que
dans sa classe. Une lueur dorée qui pulsait lentement, tel un coeur branché sur
la planète. Elle allait s'approcher lorsqu'elle se souvint que l'endroit était
visible de l'intérieur de l'école.
"Et zut... qu'est-ce que je vais bien pouvoir
faire... Mirror est déjà fonctionnelle, et je suis limitée, question magie...
oh, je sais !"
- Illusion !
Fais qu'aux yeux des autres, tout soit normal !
Sakura, couverte par
sa carte, s'avança précautionneusement vers la lumière. Il lui semblait que
celle-ci croissait à mesure qu'elle s'approchait. Elle fut bientôt éblouie et ne
pus faire un pas de plus.
"Je ne
peux utiliser que trois cartes à la fois... une seule de plus... si cette chose
m'attaque, je serai désarmée ! Je ne peux pas me permettre de tomber endormie à
l'école... Mais je dois découvrir ce qu'est cette chose... Tant pis ! Essayons
!"
- Dark ! Éteint cette
lumière !
La noirceur vint d'un coup. Le temps que les yeux de Sakura
s'habituent, Dark était redevenue simple carte, sa mission achevée. Tout
semblait redevenu normal. Le vent soufflait toujours, mais ne la menaçait plus,
et il était nettement moins fort. Au pied de l'arbre se trouvait une petite
boule de cristal.
"Tient ? C'est
ce qui aurait produit toute cette lumière ?"
Elle ramassa la sphère
avec un mouchoir, prenant bien soin de ne pas y toucher directement, l'examina :
rien du tout. Haussant les épaules, elle l'enveloppa dans son mouchoir et le
fourra dans sa poche. Puis, elle revint tranquillement à l'école. Heureusement,
c'était la pause dîner, personne ne s'aperçut de quoi que ce soit.
- Hé, Sakura !, l'appelèrent ses
amis.
Souriante, chassant de son esprit les événements qui venaient de se
produire, elle se dirigea vers eux comme si de rien n'était.
- Comment s'est passé ton cours de maths
?, lui demanda Naoko.
- Bien,
bien..., répondit-elle distraitement, Ce que j'ai faim !
Elle attrapa
son goûter et le dévora. Comme les problèmes étaient rares à Tomoeda depuis le
départ de ses amis, cinq ans auparavant, elle ne se servait que très rarement de
ses cartes ou de ses pouvoirs en général. Elle manquait terriblement de
pratique, et perdait inutilement de l'énergie lorsqu'elle se battait, ce qui se
traduisait par la suite par un épuisement général et un appétit d'ogre. Ce
midi-là, elle concurrença presque Yukito en ce qui concernait la vitesse à
laquelle elle avala sa nourriture.
- Quel est ton cours, cet après-midi ?,
demanda Chiharu.
- Oh.... heu...
Je crois que c'est étude des religions !, répondit Sakura. Et toi ?
- À propos des religions..., commença
Yamazaki au grand désespoir de sa fiancée, Saviez-vous qu'autrefois, en Europe, les
gens mettaient tout sur le compte des dieux ? Leurs dieux étaient des géants,
toujours prêts à écraser sous leurs pieds ceux qui ne leurs plaisaient pas
!
- Est-ce qu'ils mangeaient
les champignons géants ?, demanda naïvement la jeune fille aux cheveux
d'ambre.
- Oui oui ! Et aussi les
gens ! Mais les gens étaient bien plus grands qu'aujourd'hui, alors ils n'en
mangeaient qu'un seul par repas ! C'était suffisant, et comme ça les humains ne
mourraient pas trop vite !
- Il n'a pas changé... il est toujours
fasciné par ce qui est énorme..., marmonna Chirahu.
- Des géants ? Quelle horreur ! Au moins, les
fantômes du Japon ne peuvent pas nous manger ni nous écraser !, s'écria
Naoko.
- S'il te plait... arrête
de parler des fantômes... j'aime pas ça...
Les trois autres
regardèrent la jeune chasseuse de cartes qui tremblait comme une feuille. Puis
Chiharu soupira.
- Toi non plus,
tu n'as pas changé...
À son grand soulagement, la conversation se
poursuivit sur d'autres sujets. Puis, l'heure des cours sonna et une fois de
plus, ils se séparèrent.
Sakura aimait bien son cours d'étude des
religions, qui était une sous discipline de l'histoire. Cette matière lui
permettait non seulement d'apprendre beaucoup, mais elle se sentait ausi plus
proche de son prédécesseur de cette façon. Elle savait que Clow Reed avait vécu
à une époque très religieuse et superstitieuse, autant en Angleterre qu'au
Japon. Étudier la religion d son époque, c'était comprendre en partie ce qui
l'avait poussé à créer les cartes.
Elle s'était souvent demandé en
grandissant pourquoi il avait choisit cette forme de matérialisation. Des
cartes, quoi de plus banal ? Pourquoi pas des billes, des pièces de monnaies,
des cristaux ? Son cours lui avait appris que les cartes à jouer étaient très
utilisées depuis longtemps, partout sur la planète, pour diverses activités
allant du divertissement à la lecture de l'avenir. Cela lui avait fourni une
partie de sa réponse : si elles avaient été remarquées, le grand magicien aurait
pu prétendre qu'elles n'étaient qu'un tarot normal, un simple jeu de cartes. Et
en sachant cela, elle avait espoir de mieux comprendre sa
magie.
Heureusement, elle avait une enseignante très indulgente qui
tolérait ses lubies et poussait ses élèves à étudier en profondeur ce qui les
intéressaient. Elle lui avait donc permis de choisir comme sujet de recherche
quelle part les différentes magies avaient dans leurs religions
respectives.
En entrant dans la classe, elle se frappa le front.
Évidemment, les élèves avaient congé de cours aujourd'hui afin d'aller se
documenter à la bibliothèque. La majorité d'entre eux avaient probablement dû
quitter l'école pour se rendre à celle, bien mieux documentée, de la ville. En
soupirant, elle se dirigea à pas lourds vers celle du lycée.
Malgré ce
soupir, Sakura aimait bien la bibliothèque. Ce n'était pas tant la lecture que
les livres qu'elle appréciait, l'ambiance calme et souvent ancienne de
l'endroit. Elle préférait d'ailleurs étudier dans cette pièce chez elle, et y
fouiner lorsqu'elle n'avait rien à faire. Son père y entreposait tellement de
choses étonnantes ! N'était-ce pas lors de l'un de ces après-midi ennuyants
qu'elle y avait découvert le Livre de Clow, tant d'années auparavant ? À
l'école, elle se trouvait immédiatement apaisée dans la haute salle remplie
d'étagères et illuminées par de grands vitraux.
C'est dans cet état
d'esprit qu'elle poussa la porte pour y entrer. La pièce était déserte, et la
jeune fille admira quelques instants l'effet de la poussière volant dans un
rayon de soleil. Autour d'elle, tout était silencieux, comme si elle venait par
mégarde d'entrer dans une dimension parallèle ou une époque ancienne. Elle avait
soudain l'impression d'être dans un autre temps.
Malheureusement, cette
sensation somme toute agréable fut rompue par l'arrivée de la
bibliothécaire.
- Je peux vous
aider, jeune fille ?, dit la dame aux lèvres pincées.
- Je... je dois faire une recherche, et... eh
bien, je ne sais pas par où commencer, avoua la lycéenne.
- Très bien, une recherche sur quoi
?
- Sur les prophéties
!
- Prophéties asiatiques ou
étrangères ?, demanda la bibliothécaire sans broncher.
Confuse,
Sakura secoua la tête.
- J'ai dit
prophéties ? Je voulais dire magie, excusez-moi. La magie dans les religions du
monde.
- Très bien,
suivez-moi.
La vieille femme se retourna sans un mot et se dirigea
vers une section particulière de la bibliothèque. La jeune fille, lentement, la
suivit.
"Mais qu'est-ce qui a bien
pu me pousser à dire que je faisais ma recherche sur les prophéties
?!"
Elle se sentait troublée, agitée comme elle ne l'était jamais
lorsqu'elle était entourée de livres. Elle se prit également à regretter
l'absence des autres. Si seulement Kero et Tomoyo étaient là ! Et Syaoran... à
eux quatre ils auraient bien eu une idée ! Mais elle était seule, et elle
devrait faire avec. Elle était plus mûre qu'autrefois, et il n'y avait pas
vraiment de problème, juste sa stupide langue qui fourchait... n'est-ce pas
?
Elle tentait de s'en assurer, et d'oublier l'épisode de la sphère
lumineuse ainsi que le rêve de la nuit précédente, lorsqu'elle entra dans
l'espace restreint entre deux rayons, à la suite de la bibliothécaire. Cette
dernière lui désigna un espace à sa gauche.
- Voici les livres de vulgarisation
scientifique, dit-elle, Vous y
trouverez probablement ce que vous cherchez. Si vous avez besoin d'un complément
d'informations, vous devrez demander une autorisation spéciale à votre
professeur pour les traités de magie où il est question de la pratique. Ces
volumes sont normalement interdits aux élèves.
Sakura bredouilla des
remerciements, toujours en train de penser à ce lapsus involontaire.
- Ah, et... au fait..., ajouta la vieille
femme.
Lorsque la jeune fille la regarda, elle émit un léger
sourire.
- Si vous changez
d'avis, mademoiselle... les prophéties sont dans la rangée à votre
droite.
Interdite, elle laissa la bibliothécaire retourner vaquer à
ses affaires et prit un livre au hasard. Elle s'installa à une table qui
jouxtait l'une des rares fenêtres claires. Incapable de se concentrer, elle fixa
l'extérieur.
Dans la rue, une femme promenait un bébé dans un landau.
Fixé sur la poussette, un jouet émettait une petite musique grêle. Le vent,
comme pour la narguer, lui porta les premières notes, et elle reconnut l'air
sans peine.
... Au clair de la lune... Mon ami
Pierrot...
* * *
Au moment
même où Sakura prononça les mots qui allaient la troubler pour la journée
entière, quatre autres personnes ressentirent une étrange agitation envahir leur
esprit.
Syaoran, qui à cet instant débutait un examen important, leva les
yeux de sa feuille et regarda l'horloge qui égrenait tranquillement le
temps.
"Je me demande si Sakura va
bien..."
Eriol, insomniaque tenace, buvait son thé tout en rédigeant
la traduction d'un vieux parchemin. Soudain, en voulant tremper sa plume dans
l'encrier, il renversa le tout sur ses livres et soupira autant à la vue du
désastre qu'à un soudain pressentiment.
"Hum... Des ennuis en
perspective..."
Tomoyo, qui à ce moment dormait à l'autre bout de la
planète, se réveilla en sueur d'un cauchemar dont elle fut incapable de se
rappeler la moindre bribe par la suite.
"Sakura... Sakura, Syaoran et Eriol... je
suis certaine que cela nous concernait tous..."
La quatrième
personne, elle, eut un air sombre lorsque la vague de malaise l'atteint à son
tour.
"Ça y est... les temps ont
changés... la prophétie va se réaliser... le moment
approche...!"
Tous quatre, toutefois, quels que soient leurs
sentiments à l'égard de ce qu'ils avaient perçus, eurent du mal à se concentrer
suffisamment longtemps pour retourner à leurs activités quotidiennes et
terminer, ou commencer, la journée.
* * *
Cette
nuit-là, Sakura dormit d'un sommeil agité. Malgré sa fatigue, elle était sujette
à de nombreux réveils et retournements. Elle refit le rêve de la nuit
précédente, mais cette fois ce fut comme un écho, le rêve d'un rêve. Elle
s'éveilla enfin vers quatre heures du matin, incapable de supporter son
insomnie.
Elle jongla quelques instants avec l'idée de passer le reste de
la nuit éveillée, à regarder la télévision ou à lire un livre. Puis, elle se
souvint que son père dormait sûrement, et décida d'oublier le vidéo. Elle avait
faim, pourtant, et choisit finalement de descendre se préparer un petit encas,
puis de remonter et lire un peu. Repoussant ses couvertures entortillées, elle
se leva.
En passant devant le miroir sur pied qu'elle avait reçu à son
quinzième anniversaire, elle eut le souffle coupé. Ensuite, se morigénant pour
sa bêtise, elle se calma. C'était son reflet, pas un fantôme.
Sakura
avait beaucoup changé physiquement, et c'était seulement maintenant qu'elle s'en
était aperçue. Ses cheveux avaient allongés, ils lui arrivaient maintenant aux
épaules. Pour dormir, elle les laissait libres, et ils encadraient parfaitement
son visage ovale. Elle portait une chemise de nuit blanche qui avait appartenu à
sa mère et cela la vieillissait, tout en lui conférant une certaine beauté
angélique. Sur sa poitrine luisait faiblement le pendentif que lui avait offert
Tomoyo lors de son départ.
C'était la lune, décida-t-elle, c'était à
cause d'elle qu'elle s'était effrayée. Cette nuit était propice aux frousses de
toute sorte. Normal, avec la journée qu'elle venait de passer ! Volontairement,
elle choisit de ne plus y penser, et descendit les escaliers.
Dans
l'entrée, une étrange lueur apparaissait et disparaissait aussitôt.
"Oh zut... la sphère... ça
recommence..."
Elle l'avait oubliée dans la poche de son blouson, la
tête ailleurs à cause du lapsus qu'elle avait commit dans la bibliothèque,
l'après-midi même. À présent, celle-ci rappelait sa présence par ses pulsations
obsédantes. La jeune fille eut beaucoup de mal à secouer la torpeur qui l'avait
soudain envahit. Hésitante, elle se demandait quoi faire, lorsqu'elle entendit
du bruit à l'étage.
"Non ! Papa !
Il ne doit pas voir ça..."
Comme s'il était attiré par la perspective
de lui causer des ennuis, le petit objet émit une lumière plus forte encore.
Paniquée, Sakura bondit vers l'entrée et saisit son blouson. Puis, le plus
discrètement possible, et cachant le rayonnement de son mieux, elle regagna sa
chambre, priant pour que son père ne s'éveille pas.
Négligeant d'ouvrir
la lumière, elle prit le mouchoir dans lequel elle avait enveloppé la sphère et
laissa son manteau où il était tombé. En trois enjambées elle avait atteint son
lit et s'y était assise, jambes croisées sous elle. Dans ses mains, le mouchoir
irradiait par intermittence.
Presque hypnotisée, la jeune fille aux yeux
d'émeraude dénoua son mouchoir. La sphère apparut alors dans tout son éclat. Sa
main hésita, voleta au- dessus d'elle, attirée. Puis, oubliant toute prudence,
elle s'y posa.
Et dans son esprit, il y eut comme une explosion, un boom
supersonique qui l'emporta.
Sakura se retrouva soudain dans les airs,
portée par la brise, exultant de la liberté qu'elle venait d'acquérir. Elle
volait, elle jouait avec le vent, elle était le vent, soufflant le plus fort
possible pour manifester sa joie. Elle provoquait les plus grosses tempêtes
jamais créées, elle balayait la terre de ses impuretés, elle nourrissait le feu
de son air riche en oxygène. Et la rapidité qu'elle possédait ! Quelle
vitesse...!!!
Elle faisait la course avec le soleil lorsqu'elle aperçut
une lueur verte, au loin. Dérangée dans son jeu, préférant ses amusements
superficiels, elle tenta de l'oublier, mais plus elle se détournait, plus cette
lueur la narguait. Finalement, à titre de revanche, elle virevolta et fonça
directement dessus.
Et elle tomba.
* * *
En se
réveillant, le lendemain matin, Sakura eut du mal à se souvenir d'où elle se
trouvait. Elle fixa longtemps le plafond de sa chambre, essayant de trouver une
logique à sa confusion.
"Mais je
volais... mais je tombais... Pourquoi suis-je dans ma chambre
?!"
Elle se releva, encore un peu troublée. Sa confusion se dissipa
toutefois rapidement dès qu'elle aperçut son blouson, oublié au sol. En vitesse,
elle sortit de son lit, découvrit le mouchoir près d'elle.
Mais de la
sphère, aucune trace.
À suivre...
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Oui oui, le chapitre 2 s'en vient très bientôt ! D'ici la fin de semaine ! Promis ! ^^
Sinon, une ch'tite review ? Ça m'aide à continuer... )
