Auteur : Luna Denree
Titre : Tonight by the moonlight
Rating : Heu... PG-13, on est jamais trop prudents... )
Genre : Fantasy, définitivement ! ^^ Entre une chanson sortie de nulle part et des boules de cristal qui disparaissent... vous verrez bien ! ^^
Pairing : Heu... jusqu'à maintenant... Syaoran/Sakura et Eriol/Kaho... mais tout est sujet à changement ! ) (oui, je sais, je suis méchante avec les personnages...)

Commentaires : Je sais... il y a longtemps que je n'ai pas updaté cette fic, je me borne à faire des petites corrections de temps en temps... il faut dire que j'ai passé un trip Harry Potter récemment (et je le passe encore) et que j'avais peu d'idées pour la suite de cette histoire... en fait non c pas vrai, j'ai déjà mon plan tout fait, mais je ne trouvais pas mes mots pour faire la suite. En tout cas je m'y remet immédiatement ! J'ai déjà trop tard !

PS- Merci à Loua qui m'a remise sur la bonne voie... bisoux ! ) Et Merci à mes reviewers en général, auxquels je répondrai plus en détail au prochain chapitre.

Disclaimer : L'univers de Card Captor Sakura appartient aux Studios CLAMP, seule l'histoire est à moi ^^ (C'est vraiment dommage qu'ils aient refusé ma demande de leur acheter Eriol... et Clow... Et Fujitaka... ^v~) Et bien entendu je ne fais pas d'argent avec tout ça ! ^^

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Chapitre 1
Un étrange lapsus



On ko chi shin

Bâtir le futur en tirant un enseignement du pass


Dans le ciel, la lune, énorme et pleine, jetait sur le sol une lueur blafarde. Des volutes de brume s'enroulaient autour de ses jambes, de ses bras, de son corps, et se déroulaient incessamment dès qu'un vent capricieux changeait de direction.

... Au clair de la lune... mon ami Pierrot...

Dans le ciel, un vol de cygnes sauvages, élégants et majestueux, survola une falaise et passa devant l'astre lunaire. L'effet était saisissant, particulièrement lorsque des plumes, fragilement bercées par la brise, glissèrent dans l'air et touchèrent le sol.

... Prête-moi ta plume... Pour écrire un mot...

Dans le ciel, une étoile filante se décrocha de son écrin indigo pour s'écraser sur la falaise de roc. Ses yeux furent éblouis par la langue enflammée qui jaillit de l'impact. Lorsque la clarté de sa vision revint, la brume s'était évaporée et l'immense demeure étendait son ombre sur les braises mourantes.

... Ma chandelle est morte... Je n'ai plus de feu...

Dans le ciel, la lune éclairait faiblement les créneaux du château. On aurait dit que cet endroit respirait l'obscurité, qu'il se nourrissait d'ombres, et la lumière n'avait que très peu d'effet sur lui. Ses jambes avancèrent, faisant preuve d'une volonté propre, vers la lourde herse qui s'actionna à son approche. Grinçant, un abîme de noirceur s'épanouit à son regard.

... Ouvre-moi ta porte... Pour l'amour de Dieu...

* * *

Sakura s'éveilla en sursaut. Elle resta dans la même position quelques minutes, le temps que les battements de son coeur ralentissent. Ce rêve, encore... Et puis, elle tourna la tête et aperçut son cadran.

Ou disons, plus précisément, l'heure qui y était affichée.

- WAAAHHH ! Je vais être encore en retard !

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle s'était levée, habillée et coiffée, pour ensuite descendre les escaliers à toute allure. Ce faisant, elle sourit.

"Si Touya était ici, il me traiterait de Godzilla...", se dit-elle en débouchant dans la cuisine.

Son père y était, attablé devant un bol de riz. Il sourit d'un air indulgent lorsque sa fille lui vola son bol, qu'elle enfourna à la vitesse de la lumière en lui souhaitant de passer une bonne journée. Depuis longtemps, il s'était habitué à cette conduite quelque peu cavalière.

Sakura n'avait pas énormément changé depuis cinq ans. Elle était sûre d'elle, toujours active et enjouée, mais elle restait toutefois un peu naïve, comme Eriol l'avait prédit. Souvent, elle prenait les choses au pied de la lettre, et elle avait toujours de la difficulté à ne pas croire mordicus aux histoires de Yamazaki.

Mais elle était à présent assez âgée pour s'occuper d'elle-même, et son père ne craignait pas de la laisser seule quelques jours, lorsqu'il participait à des fouilles archéologiques hors de la ville. Lorsqu'elle avait été plus jeune, celui-ci avait été obligé de demander à Touya de revenir pour quelques temps ou, lorsque cela était impossible, d'annuler sa présence avec les plus grands regrets. Heureusement, depuis bientôt trois ans, ce n'était plus le cas. La seule chose qui témoignait encore de sa gaminerie... c'était sa fâcheuse tendance à oublier de programmer son réveil matin.

Le résultat se manifestait quand, la bouche pleine de riz, elle tentait d'attacher ses patins à roues alignées et de mettre son blouson à la fois. Fujitaka, un éternel sourire flottant sur ses lèvres, l'aida à se préparer et lui tendit son sac d'école, qu'elle avait faillit oublier. Elle le remercia et s'enfuit aussitôt.

Lorsqu'elle fut enfin dans la rue, Sakura laissa divaguer ses pensées. C'était le printemps, les arbres en fleur laissaient échapper des myriades de pétales blancs et roses, les oiseaux se faisaient la cour et un soleil frileux, incertain, éclairait timidement la nature qui s'éveillait.

"Pourquoi est-ce que je fais toujours ce rêve...? C'est étrange... ce n'est pas un rêve qui ressemble à ceux que je fais d'habitude... même ceux qui sont prophétiques..."

Pensive, elle roulait en humant les odeurs fraîches de ce début de matinée. Comme toujours, elle sourit devant le carrefour où, autrefois, Tomoyo et elle se séparaient en revenant de l'école. Cinq ans déjà... Toutes ces années, elles n'avaient correspondu que très irrégulièrement, puisque toutes deux avaient été très prises par leurs études. De plus, son amie avait commencé à travailler, dernièrement, ce qui laissait encore moins de temps pour répondre à ses lettres.

Sakura s'ennuyait souvent de l'époque où tous quatre étaient encore au Japon. Syaoran, Eriol, Tomoyo et elle, quelle équipe ils avaient fait ! Malgré la tension constante entre les deux garçons, tension qui heureusement s'était dissipée avant leur séparation, qu'est-ce qu'ils s'étaient amusés ! Sans oublier leurs Gardiens respectifs, Kerberos et Yue, Spinel Sun et Ruby Moon, son frère Touya, Sonomi... ce cher Yukito... l'exaspérante Nakuru... la toute aussi exaspérante Meiling, qui avait pourtant un coeur d'or... Mlle Kaho Mizuki qui, aux dires de Tomoyo, filait le parfait bonheur avec Eriol.

"Quelle chose étonnante", s'était-elle dite lorsqu'elle avait appris la nouvelle, "Moi qui croyait que tous deux avaient l'oeil sur quelqu'un d'autre..."

Mais ni l'un ni l'autre n'avaient confirmé ou infirmé la nouvelle. Il y avait bientôt deux ans que la jeune réincarnation de Clow n'avait plus écrit, et trois pour Syaoran. Ironiquement, seule Meiling continuait à envoyer sa sempiternelle lettre de recommandations une fois par mois. Elle y décrivait aussi ses progrès (fictifs...) en magie et ceux (très réels !) en combat, elle demandait des nouvelles... et non, elle n'avait pas vu Syaoran depuis très longtemps. Elle était à l'étranger en programme intensif d'entrainement, et lui se trouvait à Hong Kong...

Perdue dans ses pensées, Sakura faillit entrer dans son ancienne cour d'école. Souriant à son erreur et à l'air ébahit des jeunes enfants qui la regardaient, elle rebroussa chemin et entra dans celle du lycée voisin où ses amis, Chiharu et Yamazaki, l'attendaient.

- Sakura, salut ! Savais-tu que des scientifiques ont découvert que les humains ont des gênes communs avec les champignons ?

- Ah oui ?!

- Oui, c'est vrai, et c'est pour ça que le foetus vit pendant neuf mois dans le ventre de sa mère. Comme les champignons, il vit au détriment de la forme de vie qui le porte ! Et savais-tu qu'autrefois, les champignons étaient gigantesques ? Ils pouvaient mesurer jusqu'à six mètres de haut ! Et puis...

- Tait-toi, Yamazaki ! Sakura, ne l'écoute pas, il dit des bêtises, comme d'habitude. Tu vas bien ?, dit Chiharu, l'entraînant loin de son fiancé qui continuait à déblatérer sur les principales similitudes entre parasites et mammifères.

- Oui, je vais bien... je fais de drôles de rêves, ce temps-ci, répondit- elle, distraite par le babillage de son ami.

- Comme quoi ?

- Oh, rien du tout !, dit-elle très vite en rougissant, s'apercevant de son erreur, Où sont Rika et Naoko ? Je suis toujours la dernière, d'habitude...

- Oh, Naoko je l'ignore, mais Rika sera absente. Le professeur est malade.

- Le professeur ? Tu veux dire Yoshiyuki Terada ? Il y a des années qu'il te demande de l'appeler par son prénom, pourquoi ne le fais-tu pas ?

- C'est que, tu vois, je n'ai jamais perdu l'habitude de le voir comme un professeur, lui répondit son amie en rougissant.

Elle fut dispensée d'explications supplémentaires par l'arrivée inopinée de Naoko. Celle-ci, essoufflée, fut abordée par un Yamazaki ravit de trouver un nouvel auditoire pour son histoire de champignons. Il n'eut malheureusement pas la chance de poursuivre plus avant dans sa théorie car les filles les rejoignirent et l'heure d'entrer en classe arriva. Les jeunes gens se séparèrent.

Ce matin-là, Sakura avait classe de maths. Elle détestait les maths, les avaient toujours détestés (sauf lorsque Mlle Mizuki enseignait) et les détesteraient probablement toujours. Ceci dit, elle n'était pas mauvaise dans cette matière et, malgré son dégoût, était l'une des meilleures de sa classe, grâce à beaucoup d'étude.

En entrant dans la classe, elle sentit une différence, quelque chose qui n'était pas là auparavant. Pourtant, le professeur, les élèves étaient les mêmes. Intriguée, elle prit sa place au fond de la salle et attendit.

Son cours débuta normalement, avec les notions de sinus et de cosinus. Le professeur était volubile, prodigue d'informations, et la jeune fille était incapable de se concentrer. Elle regarda par la fenêtre, où des arbres épars camouflaient la route un peu plus loin. Ses yeux dérivèrent quelques instants avant qu'elle ne s'aperçoive que, depuis cinq minutes, elle revenait toujours à un même point, situé à l'extrême droite de sa périphérie. Près d'un arbre, une étrange lueur pulsait tranquillement, comme si un coeur lumineux se trouvait là, dehors.

"Mais... qu'est-ce que ça peut bien être..."

Elle s'aperçu soudain du silence qui régnait dans la classe. Lentement, le visage en feu, elle se retourna pour voir son professeur qui la regardait, semblant attendre une réponse.

- Heu... oui ?, s'étrangla-t-elle.

La classe éclata de rire et, s'avouant à elle-même le ridicule de la situation, Sakura rie avec eux. Même le professeur se permit un petit sourire.

- Kinomoto, ayez l'obligeance d'être un peu plus attentive à l'avenir. Qui peut me répondre ? Reikoto ?

À la pause, elle prétexta un urgent besoin de se rafraîchir pour s'éclipser. Une fois seule, au détour d'un corridor, elle attrapa ses cartes et prit The Mirror.

- Par le pouvoir de l'astre stellaire, sceptre de l'étoile, montre-moi ta vraie forme ! Par notre lien je te l'ordonne ! Libération ! Mirror !, dit- elle, prenant tout de même des précautions pour ne pas se faire repérer.

La carte se déploya et la silhouette fantomatique qu'était Mirror sous sa véritable apparence se matérialisa devant elle.

- S'il te plait, prend ma forme et remplace-moi au cours de maths !

La petite carte eut un doux sourire et forma une réplique parfaite, inversée, évidemment, de la jeune fille. Puis, imitant sa façon de marcher, elle prit son sac et s'en fut rejoindre les élèves qui retournaient en classe. Restée derrière, Sakura attendit que les couloirs soient libérés, puis elle se faufila discrètement à l'extérieur.

Dehors, un vent malsain soufflait par intermittence, comme l'expiration d'un géant qui aurait observé d'un oeil noir la Terre et ses habitants. Immédiatement, la jeune fille aux cheveux d'ambre fut sur ses gardes. De là où elle était, elle ne voyait pas la pulsation qui l'avait intriguée, mais elle sentait que l'atmosphère autour d'elle était réglée sur son rythme. Attentive à tout brusque mouvement, elle se mit à marcher, faisant le tour de l'école en tentant de ne pas se faire remarquer.

Et soudain, elle l'aperçu, sous le même arbre que dans sa classe. Une lueur dorée qui pulsait lentement, tel un coeur branché sur la planète. Elle allait s'approcher lorsqu'elle se souvint que l'endroit était visible de l'intérieur de l'école.

"Et zut... qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire... Mirror est déjà fonctionnelle, et je suis limitée, question magie... oh, je sais !"

- Illusion ! Fais qu'aux yeux des autres, tout soit normal !

Sakura, couverte par sa carte, s'avança précautionneusement vers la lumière. Il lui semblait que celle-ci croissait à mesure qu'elle s'approchait. Elle fut bientôt éblouie et ne pus faire un pas de plus.

"Je ne peux utiliser que trois cartes à la fois... une seule de plus... si cette chose m'attaque, je serai désarmée ! Je ne peux pas me permettre de tomber endormie à l'école... Mais je dois découvrir ce qu'est cette chose... Tant pis ! Essayons !"

- Dark ! Éteint cette lumière !

La noirceur vint d'un coup. Le temps que les yeux de Sakura s'habituent, Dark était redevenue simple carte, sa mission achevée. Tout semblait redevenu normal. Le vent soufflait toujours, mais ne la menaçait plus, et il était nettement moins fort. Au pied de l'arbre se trouvait une petite boule de cristal.

"Tient ? C'est ce qui aurait produit toute cette lumière ?"

Elle ramassa la sphère avec un mouchoir, prenant bien soin de ne pas y toucher directement, l'examina : rien du tout. Haussant les épaules, elle l'enveloppa dans son mouchoir et le fourra dans sa poche. Puis, elle revint tranquillement à l'école. Heureusement, c'était la pause dîner, personne ne s'aperçut de quoi que ce soit.

- Hé, Sakura !, l'appelèrent ses amis.

Souriante, chassant de son esprit les événements qui venaient de se produire, elle se dirigea vers eux comme si de rien n'était.

- Comment s'est passé ton cours de maths ?, lui demanda Naoko.

- Bien, bien..., répondit-elle distraitement, Ce que j'ai faim !

Elle attrapa son goûter et le dévora. Comme les problèmes étaient rares à Tomoeda depuis le départ de ses amis, cinq ans auparavant, elle ne se servait que très rarement de ses cartes ou de ses pouvoirs en général. Elle manquait terriblement de pratique, et perdait inutilement de l'énergie lorsqu'elle se battait, ce qui se traduisait par la suite par un épuisement général et un appétit d'ogre. Ce midi-là, elle concurrença presque Yukito en ce qui concernait la vitesse à laquelle elle avala sa nourriture.

- Quel est ton cours, cet après-midi ?, demanda Chiharu.

- Oh.... heu... Je crois que c'est étude des religions !, répondit Sakura. Et toi ?

- À propos des religions..., commença Yamazaki au grand désespoir de sa fiancée, Saviez-vous qu'autrefois, en Europe, les gens mettaient tout sur le compte des dieux ? Leurs dieux étaient des géants, toujours prêts à écraser sous leurs pieds ceux qui ne leurs plaisaient pas !

- Est-ce qu'ils mangeaient les champignons géants ?, demanda naïvement la jeune fille aux cheveux d'ambre.

- Oui oui ! Et aussi les gens ! Mais les gens étaient bien plus grands qu'aujourd'hui, alors ils n'en mangeaient qu'un seul par repas ! C'était suffisant, et comme ça les humains ne mourraient pas trop vite !

- Il n'a pas changé... il est toujours fasciné par ce qui est énorme..., marmonna Chirahu.

- Des géants ? Quelle horreur ! Au moins, les fantômes du Japon ne peuvent pas nous manger ni nous écraser !, s'écria Naoko.

- S'il te plait... arrête de parler des fantômes... j'aime pas ça...

Les trois autres regardèrent la jeune chasseuse de cartes qui tremblait comme une feuille. Puis Chiharu soupira.

- Toi non plus, tu n'as pas changé...

À son grand soulagement, la conversation se poursuivit sur d'autres sujets. Puis, l'heure des cours sonna et une fois de plus, ils se séparèrent.

Sakura aimait bien son cours d'étude des religions, qui était une sous discipline de l'histoire. Cette matière lui permettait non seulement d'apprendre beaucoup, mais elle se sentait ausi plus proche de son prédécesseur de cette façon. Elle savait que Clow Reed avait vécu à une époque très religieuse et superstitieuse, autant en Angleterre qu'au Japon. Étudier la religion d son époque, c'était comprendre en partie ce qui l'avait poussé à créer les cartes.

Elle s'était souvent demandé en grandissant pourquoi il avait choisit cette forme de matérialisation. Des cartes, quoi de plus banal ? Pourquoi pas des billes, des pièces de monnaies, des cristaux ? Son cours lui avait appris que les cartes à jouer étaient très utilisées depuis longtemps, partout sur la planète, pour diverses activités allant du divertissement à la lecture de l'avenir. Cela lui avait fourni une partie de sa réponse : si elles avaient été remarquées, le grand magicien aurait pu prétendre qu'elles n'étaient qu'un tarot normal, un simple jeu de cartes. Et en sachant cela, elle avait espoir de mieux comprendre sa magie.

Heureusement, elle avait une enseignante très indulgente qui tolérait ses lubies et poussait ses élèves à étudier en profondeur ce qui les intéressaient. Elle lui avait donc permis de choisir comme sujet de recherche quelle part les différentes magies avaient dans leurs religions respectives.

En entrant dans la classe, elle se frappa le front. Évidemment, les élèves avaient congé de cours aujourd'hui afin d'aller se documenter à la bibliothèque. La majorité d'entre eux avaient probablement dû quitter l'école pour se rendre à celle, bien mieux documentée, de la ville. En soupirant, elle se dirigea à pas lourds vers celle du lycée.

Malgré ce soupir, Sakura aimait bien la bibliothèque. Ce n'était pas tant la lecture que les livres qu'elle appréciait, l'ambiance calme et souvent ancienne de l'endroit. Elle préférait d'ailleurs étudier dans cette pièce chez elle, et y fouiner lorsqu'elle n'avait rien à faire. Son père y entreposait tellement de choses étonnantes ! N'était-ce pas lors de l'un de ces après-midi ennuyants qu'elle y avait découvert le Livre de Clow, tant d'années auparavant ? À l'école, elle se trouvait immédiatement apaisée dans la haute salle remplie d'étagères et illuminées par de grands vitraux.

C'est dans cet état d'esprit qu'elle poussa la porte pour y entrer. La pièce était déserte, et la jeune fille admira quelques instants l'effet de la poussière volant dans un rayon de soleil. Autour d'elle, tout était silencieux, comme si elle venait par mégarde d'entrer dans une dimension parallèle ou une époque ancienne. Elle avait soudain l'impression d'être dans un autre temps.

Malheureusement, cette sensation somme toute agréable fut rompue par l'arrivée de la bibliothécaire.

- Je peux vous aider, jeune fille ?, dit la dame aux lèvres pincées.

- Je... je dois faire une recherche, et... eh bien, je ne sais pas par où commencer, avoua la lycéenne.

- Très bien, une recherche sur quoi ?

- Sur les prophéties !

- Prophéties asiatiques ou étrangères ?, demanda la bibliothécaire sans broncher.

Confuse, Sakura secoua la tête.

- J'ai dit prophéties ? Je voulais dire magie, excusez-moi. La magie dans les religions du monde.

- Très bien, suivez-moi.

La vieille femme se retourna sans un mot et se dirigea vers une section particulière de la bibliothèque. La jeune fille, lentement, la suivit.

"Mais qu'est-ce qui a bien pu me pousser à dire que je faisais ma recherche sur les prophéties ?!"

Elle se sentait troublée, agitée comme elle ne l'était jamais lorsqu'elle était entourée de livres. Elle se prit également à regretter l'absence des autres. Si seulement Kero et Tomoyo étaient là ! Et Syaoran... à eux quatre ils auraient bien eu une idée ! Mais elle était seule, et elle devrait faire avec. Elle était plus mûre qu'autrefois, et il n'y avait pas vraiment de problème, juste sa stupide langue qui fourchait... n'est-ce pas ?

Elle tentait de s'en assurer, et d'oublier l'épisode de la sphère lumineuse ainsi que le rêve de la nuit précédente, lorsqu'elle entra dans l'espace restreint entre deux rayons, à la suite de la bibliothécaire. Cette dernière lui désigna un espace à sa gauche.

- Voici les livres de vulgarisation scientifique, dit-elle, Vous y trouverez probablement ce que vous cherchez. Si vous avez besoin d'un complément d'informations, vous devrez demander une autorisation spéciale à votre professeur pour les traités de magie où il est question de la pratique. Ces volumes sont normalement interdits aux élèves.

Sakura bredouilla des remerciements, toujours en train de penser à ce lapsus involontaire.

- Ah, et... au fait..., ajouta la vieille femme.

Lorsque la jeune fille la regarda, elle émit un léger sourire.

- Si vous changez d'avis, mademoiselle... les prophéties sont dans la rangée à votre droite.

Interdite, elle laissa la bibliothécaire retourner vaquer à ses affaires et prit un livre au hasard. Elle s'installa à une table qui jouxtait l'une des rares fenêtres claires. Incapable de se concentrer, elle fixa l'extérieur.

Dans la rue, une femme promenait un bébé dans un landau. Fixé sur la poussette, un jouet émettait une petite musique grêle. Le vent, comme pour la narguer, lui porta les premières notes, et elle reconnut l'air sans peine.

... Au clair de la lune... Mon ami Pierrot...

* * *


Au moment même où Sakura prononça les mots qui allaient la troubler pour la journée entière, quatre autres personnes ressentirent une étrange agitation envahir leur esprit.

Syaoran, qui à cet instant débutait un examen important, leva les yeux de sa feuille et regarda l'horloge qui égrenait tranquillement le temps.

"Je me demande si Sakura va bien..."

Eriol, insomniaque tenace, buvait son thé tout en rédigeant la traduction d'un vieux parchemin. Soudain, en voulant tremper sa plume dans l'encrier, il renversa le tout sur ses livres et soupira autant à la vue du désastre qu'à un soudain pressentiment.

"Hum... Des ennuis en perspective..."

Tomoyo, qui à ce moment dormait à l'autre bout de la planète, se réveilla en sueur d'un cauchemar dont elle fut incapable de se rappeler la moindre bribe par la suite.

"Sakura... Sakura, Syaoran et Eriol... je suis certaine que cela nous concernait tous..."

La quatrième personne, elle, eut un air sombre lorsque la vague de malaise l'atteint à son tour.

"Ça y est... les temps ont changés... la prophétie va se réaliser... le moment approche...!"

Tous quatre, toutefois, quels que soient leurs sentiments à l'égard de ce qu'ils avaient perçus, eurent du mal à se concentrer suffisamment longtemps pour retourner à leurs activités quotidiennes et terminer, ou commencer, la journée.


* * *


Cette nuit-là, Sakura dormit d'un sommeil agité. Malgré sa fatigue, elle était sujette à de nombreux réveils et retournements. Elle refit le rêve de la nuit précédente, mais cette fois ce fut comme un écho, le rêve d'un rêve. Elle s'éveilla enfin vers quatre heures du matin, incapable de supporter son insomnie.

Elle jongla quelques instants avec l'idée de passer le reste de la nuit éveillée, à regarder la télévision ou à lire un livre. Puis, elle se souvint que son père dormait sûrement, et décida d'oublier le vidéo. Elle avait faim, pourtant, et choisit finalement de descendre se préparer un petit encas, puis de remonter et lire un peu. Repoussant ses couvertures entortillées, elle se leva.

En passant devant le miroir sur pied qu'elle avait reçu à son quinzième anniversaire, elle eut le souffle coupé. Ensuite, se morigénant pour sa bêtise, elle se calma. C'était son reflet, pas un fantôme.

Sakura avait beaucoup changé physiquement, et c'était seulement maintenant qu'elle s'en était aperçue. Ses cheveux avaient allongés, ils lui arrivaient maintenant aux épaules. Pour dormir, elle les laissait libres, et ils encadraient parfaitement son visage ovale. Elle portait une chemise de nuit blanche qui avait appartenu à sa mère et cela la vieillissait, tout en lui conférant une certaine beauté angélique. Sur sa poitrine luisait faiblement le pendentif que lui avait offert Tomoyo lors de son départ.

C'était la lune, décida-t-elle, c'était à cause d'elle qu'elle s'était effrayée. Cette nuit était propice aux frousses de toute sorte. Normal, avec la journée qu'elle venait de passer ! Volontairement, elle choisit de ne plus y penser, et descendit les escaliers.

Dans l'entrée, une étrange lueur apparaissait et disparaissait aussitôt.

"Oh zut... la sphère... ça recommence..."

Elle l'avait oubliée dans la poche de son blouson, la tête ailleurs à cause du lapsus qu'elle avait commit dans la bibliothèque, l'après-midi même. À présent, celle-ci rappelait sa présence par ses pulsations obsédantes. La jeune fille eut beaucoup de mal à secouer la torpeur qui l'avait soudain envahit. Hésitante, elle se demandait quoi faire, lorsqu'elle entendit du bruit à l'étage.

"Non ! Papa ! Il ne doit pas voir ça..."

Comme s'il était attiré par la perspective de lui causer des ennuis, le petit objet émit une lumière plus forte encore. Paniquée, Sakura bondit vers l'entrée et saisit son blouson. Puis, le plus discrètement possible, et cachant le rayonnement de son mieux, elle regagna sa chambre, priant pour que son père ne s'éveille pas.

Négligeant d'ouvrir la lumière, elle prit le mouchoir dans lequel elle avait enveloppé la sphère et laissa son manteau où il était tombé. En trois enjambées elle avait atteint son lit et s'y était assise, jambes croisées sous elle. Dans ses mains, le mouchoir irradiait par intermittence.

Presque hypnotisée, la jeune fille aux yeux d'émeraude dénoua son mouchoir. La sphère apparut alors dans tout son éclat. Sa main hésita, voleta au- dessus d'elle, attirée. Puis, oubliant toute prudence, elle s'y posa.

Et dans son esprit, il y eut comme une explosion, un boom supersonique qui l'emporta.

Sakura se retrouva soudain dans les airs, portée par la brise, exultant de la liberté qu'elle venait d'acquérir. Elle volait, elle jouait avec le vent, elle était le vent, soufflant le plus fort possible pour manifester sa joie. Elle provoquait les plus grosses tempêtes jamais créées, elle balayait la terre de ses impuretés, elle nourrissait le feu de son air riche en oxygène. Et la rapidité qu'elle possédait ! Quelle vitesse...!!!

Elle faisait la course avec le soleil lorsqu'elle aperçut une lueur verte, au loin. Dérangée dans son jeu, préférant ses amusements superficiels, elle tenta de l'oublier, mais plus elle se détournait, plus cette lueur la narguait. Finalement, à titre de revanche, elle virevolta et fonça directement dessus.

Et elle tomba.


* * *


En se réveillant, le lendemain matin, Sakura eut du mal à se souvenir d'où elle se trouvait. Elle fixa longtemps le plafond de sa chambre, essayant de trouver une logique à sa confusion.

"Mais je volais... mais je tombais... Pourquoi suis-je dans ma chambre ?!"

Elle se releva, encore un peu troublée. Sa confusion se dissipa toutefois rapidement dès qu'elle aperçut son blouson, oublié au sol. En vitesse, elle sortit de son lit, découvrit le mouchoir près d'elle.

Mais de la sphère, aucune trace.


À suivre...

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Oui oui, le chapitre 2 s'en vient très bientôt ! D'ici la fin de semaine ! Promis ! ^^

Sinon, une ch'tite review ? Ça m'aide à continuer... )