Titre : Sauve Son Passé En Devenant Son Futur

Notes de l'auteur : On peut dire que j'ai décidé de faire avancer l'histoire ! Enfin, oui, je sais !! Pas trop tôt ! ^^ Mais tout ce que j'ai écrit avant était, je le pense, indispensable. Peut-être que certaines descriptions sont un peu longues, mais on ne se refait pas ! Toujours est-il que ce chapitre 5 est un tournant décisif dans l'évolution de l'histoire, si histoire il y a réellement ^^. J'espère que vous apprécierez cette évolution, et que je n'ai pas été trop rapide à dévoiler le secret de… vous verrez en lisant ^^ Je dois dire que ce chapitre a été écrit plutôt vite. L'inspiration devait être du voyage.

Dédicace : aux très chères personnes qui lisent et postent des reviews ! Merci, ça me donne envie de continuer ! ^^ A Ayuluna de ffnet, grâce à qui j'ai décidé d'écrire plus vite et mieux, de façon à prouver qu'il est possible de monter un scénario qui tienne la route et qui mette en scène un homme et un jeune homme amoureux, sans que ce soit répugnant ^^.

Réponses aux reviews :

Gaeriel Jedusor : Hum des animaux… Pour le moment non, mais par la suite, j'ai pensé à quelque chose. Alors d'ici là… peut-être ^^ Merci pour ta review et tes compliments ! Je ne souhaite que continuer dans cette voix, si ça plaît.

LOU4 la rebelle (hihi): Ouais, tu sais, je me mets à sa place, mon pauvre Sevy est martyrisé par cette brute de Sirius ! . Je compte bien lui donner l'occasion de se venger ! niark !

Dark Jezebel : Je trouve quand même que Sev n'est pas dans son fort dans cette fic ! C'est triste, mais c'est peut-être comme ça que je le vois réellement. En tout cas pour le moment je pense que la façon dont j'ai décrit les persos ressemble vraiment à ce que j'ai en tête. Effrayant non ? o_o, A bas Voldie !

Snapegirl : Severus est toujours craquant, quoiqu'il fasse ! C'est pour ça que je l'aime ! Il est fascinant, et c'est à la fois une plaie et un plaisir d'écrire à son sujet ! ^^ Merci pour ta review !

Titu : et bien voici la suite ! je ne sais pas si j'ai réussi à rendre Snape méchant finalement ! Plutôt fou !

Pandoria : ahahah, ça ne fait rien si tu ne sais pas dessiner. ^^ Qui sait, lorsque j'en aurai marre de cette histoire (pas tout de suite), j'accepterai peut-être les requêtes de one-shot cadeaux ! Pour un anniversaire ? ^^ En tous cas voici le nouveau chapitre, en espérant bien sûr qu'il comble ta faim et ta curiosit ! Merci pour ta review, elle m'a fait très plaisir ^^

Origine : Je pense que ce chapitre sera encore un peu long. ^^ J'aime bien les longs chapitres aussi ! J'estime qu'on attend suffisamment entre chaque partie pour être dignement récompens ! Je dois dire que je suis plutôt satisfaite de petit Sevy et Nyssa  Quant à Lucius.. bien sûr je ne compte pas l'oublier. Tu verras ! Merci pour ta review, je les adore !

Peu de reviews cette fois, mais c'est vrai que je poste ce chapitre rapidement !

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Chapitre 5 : Où les deux partis se rapprochent.

 Le Grand Hall s'était d'hors et déjà vidé de ses convives, et la plus part des adolescents jouaient sous les rayons du soleil dans les immenses jardins de l'école. Harry suivit un chemin qu'il connaissait déjà par cœur pour aller retrouver ses amis à la bibliothèque, la mort dans l'âme. Dumbledore semblait avoir des desseins pas très nets à son sujet, mais bien évidemment, il était incapable de mettre le doigt  sur un quelconque indice quant à leur nature. Ce vieil homme était aussi rusé qu'un renard, et Harry commençait même à se demander si ce n'était pas sa forme d'animagus, plutôt que tout autre animal majestueux.

  La porte de la bibliothèque était entrouverte, le laissant apercevoir une chose à laquelle il ne s'était pas préparé mentalement : ses deux amis, qui, s'étaient sans doute fatigués après de vigoureux efforts intellectuels, se prélassaient dans les bras l'un de l'autre, leurs visages si rapprochés qu'ils ne faisaient plus qu'un. Le visage du jeune sorcier s'enflamma. Harry ne pensa même pas à détourner les yeux, comme captivé par cette furtive vision qui éveillait en lui une douce chaleur inconnue. Il émit un faible toussotement et fit un pas à l'intérieur de la pièce.

« Oh ! Harry ! Nous… Nous étions… » s'empressa d'expliquer Hermione, une fois sa bouche libérée.

  Ron quant à lui ne fit aucun effort pour placer une légende sous l'évidence de leur situation. Ils étaient jeunes, et amoureux, pourquoi en dire plus ? Il se contenta d'offrir à son meilleur ami un sourire espiègle suivi d'un haussement d'épaules. Harry saisit le message sur l'instant.

« Bien sûr Hermione, je suis certain que cette démonstration était nécessaire à vos recherches. » plaisanta le garçon, ravi de prendre sa jeune amie au dépourvu, une fois n'étant pas coutume. « Bon, maintenant que vous êtes ressourcés, vous pouvez me dire ce que vous avez trouv ? »

« Hum, oui, cela va de soit, Harry. » dit Hermione, les joues roses et la voix adoucie. « Ron et moi… On a trouvé très peu de choses qui semblent tenir la route, par contre… J'ai déniché ce livre, dans la section réservée aux professeurs. » ajouta-t-elle en déposant dans les mains d'Harry un épais volume à la couverture de cuir.

  Le livre était certainement très ancien, ou en avait en tout cas l'air. Le cuir était passé, et abîmé dans les coins. On pouvait tout de même lire les inscriptions « Passages et autres voies à travers la mémoire », en fines lettres dorées.

« Oh, et qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-il, fixant l'ouvrage d'un œil sceptique.

  Hermione bomba le torse comme elle le faisait à chaque fois qu'elle se lançait dans une de ses explications interminables quelqu'en soit le sujet, et afficha un sourire des plus satisfaits. Reprenant le livre poussiéreux pour le poser sur une des tables de la pièce, elle continua après avoir ouvert le livre sur un sommaire presque effacé.

« Ici se trouve certainement la clé de nos recherches, Harry. Comme je te l'avais promis, j'ai bien trouvé une piste solide, et je suis certaine que tu me sauteras au coup quand tu auras entendu ce que j'ai à te dire ! »

« 'Mione, vas-y, dis-moi, ou bien je vais le faire ! Tu vois bien qu'Harry ne comprend rien ! »

« Bien, c'est simple, en fait. Cet ouvrage décrit les différentes portes existant pour pénétrer les mémoires d'autrui. Et il se trouve qu'au chapitre… ah, où est-ce… ? ah oui, au chapitre 17, nommé L'Arcade Temporelle et le Voile d'Éternité, il est expliqué ce qui arrive lorsqu'une personne qui passe à travers un voile magique comme celui du Département des Mystères de la Magie survit. » finit-elle dans un large sourire qui était décidemment communicatif.

« Je… Je ne suis pas certain de comprendre. Quelqu'un qui passe par le voile peut survivre ?? Mais Dumbledore et Lupin ont dit que… »

« Oui, je sais ce que tous ont dit ! Mais écoute-moi bien Harry ! Ils n'avaient pas si tort que ça, à première vue ! Il est quasiment impossible de survivre une fois passé à travers le rideau… Sauf, si la volonté de vivre est suffisante, et si le sujet a besoin de ce voile pour guérir d'un sort. »

  La jeune fille se tut un instant, attendant de voir une quelconque réaction se dessiner sur le visage des deux garçons en face d'elle. Mais ces derniers continuaient à la regarder avec un air ahuri. Soupirant, elle fouilla dans le livre à la recherche du fameux chapitre 17, et montra l'illustration d'un sorcier ancien, et apparemment mourrant, que l'on jette à travers le voile.

« Soyez attentifs. Ce sorcier, est sortit vivant du voile. Mais hélas l'explication de ce miracle semble plutôt floue. La sorcière qui a créé les Arcades Magiques n'a pas laissé de document qui guide à l'utilisation, c'est pourquoi cet objet est très dangereux, et qu'il est caché au Ministère de la Magie. Mais écoutez bien la suite, car c'est ce qui m'a interpellée. Le destin du sorcier qui survit au passage dans l'Arcade est libre d'en sortir, mais apparemment, d'une façon très compliquée. Il peut visiter les souvenirs et les mémoires des autres, et les utiliser à sa manière. Il peut aussi créer des illusions très réalistes. Comme par exemple se projeter dans les rêves d'autres sorciers. »

  Harry sentit son cœur se fendre en un million de particules réduites en poussière. Qu'est-ce qu'Hermione avait DIT ? Sirius ne pouvait être la raison… mieux, l'instigateur de ces rêves où il souffrait le martyre ! Non, son amie devait se tromper, c'était certain !

  Mais… Elle avait parlé de…

« Attends une minute Hermione ! Tu veux dire que Sirius m'envoie des visions de… de lui… parce qu'il est vivant mais dans un passage je sais as quoi ? » s'écria-t-il, soudain alerte sur ses jambes tendues.

« C'est tout à fait possible. Du moins, après plusieurs heures de recherches, je n'ai rien trouvé qui s'apparente autrement à tes visions. Alors quand j'ai trouvé ce livre, j'ai tout de suite fait la relation. Et puis, tu dis toi-même que Sirius tente de te parler. Ce ne sont donc pas des rêves anodins, Harry, mais bel et bien des projections de Sirius. »

« Wouah, ça alors, Harry ! Tu te rends compte !! Ca veut dire que Sirius est en vie ! Il peut être sauv !! »

« Oui c'est… » souffla-t-il, l'esprit vagabondant déjà vers d'autres pensées.

  Il resta silencieux, sans savoir quelle réaction montrer. Il ne comprenait pas ce que cherchait réellement son parrain. Pourquoi ne pas lui demander simplement de l'aider, de quelque façon possible ? Pourquoi le rendait-il sujet à de telles souffrances, alors qu'il avait déjà bien assez de problèmes sur les bras ? Bien sûr, la joie de pouvoir sauver son parrain finit par l'emporter sur ses inquiétudes, et il finit par sourire à ses amis.

« C'est génial, si jamais je peux vraiment le sauver. Mais pourquoi ne me dit-il pas ce qu'il faut faire ? Comment le sauver sans savoir comment ? »

« Hélas, c'est une partie de l'explication totalement manquante. Je n'arrêterais pas mes recherches en si bon chemin, cependant, si j'étais toi, Harry. Il y a encore bon nombre d'ouvrages que je n'ai pu parcourir. »

« Bien, je ne sais pas comment te remercier, Hermione. Tu es plus qu'une amie ! Tu es ma sauveuse ! » lança-t-il, tout en entourant les épaules fines de la jeune fille de ses bras maigres.

« Harry, tu sais que ça m'a fait plaisir, surtout lorsque c'est pour trouver de si bonnes nouvelles. Nous allons devoir partir d'ici quelques minutes, mais promets-nous une chose, d'accord ? »

« Tout ce que tu veux, Herm' » dit Harry, le cœur gonflé de bonheur.

« Manges donc correctement et suis bien tes leçons ! Il faut que tu sois fort cette année, et Ron et moi, on ne veut plus te voir si triste ! » réprimanda la sorcière, fronçant ses sourcils bruns.

  Ron et Harry partirent dans un fou rire, bientôt suivi de leur jeune amie, et tous les trois continuèrent à échanger des banalités jusqu'au moment des adieux.

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  Une fois la totalité des invités partis, Harry prit le chemin désormais inscrit dans son esprit des cachots, où il comptait avoir une nouvelle discussion importante avec son cher professeur de potions. Il avait hésité à faire part des découvertes récentes en premier lieu à Lupin, mais s'était ravisé. Snape serait certainement furieux s'il n'était aussitôt mis au courant des nouveautés, lorsqu'il était lui-même affecté par celles-ci.

  Il ne sentit presque pas l'angoisse qui rongeait son estomac vide, en approchant de la porte des quartiers de son professeur. Il frappa énergiquement, décidé à en finir dans les plus brefs délais. De l'autre côté, un grognement lui répondit, avant que des pas bruyants ne s'approchent, et la massive porte s'entrouvrit sur un visage blême et furieux.

« Potter. Je pensais pourtant être débarrassé de votre présence pour la journée. Pourquoi me dérangez-vous ? » grinça-t-il, son ton plus sec encore que coutume.

« Professeur… Hermione… euh… a trouvé ce livre, et je pense que vous serez intéressé d'entendre ce qu'elle y a découvert. » hésita-t-il, certain de se voir la porte claquée au visage.

  Snape le considéra un moment d'un œil sévère, et arqua ses fines lèvres en une sorte de grimace boudeuse. Ou plutôt, un sourire étrange auquel Harry avait bien du mal à donner un nom. Puis, fait bien plus inhabituel, la porte s'ouvrit en grand, et le professeur fit demi tour, retournant s'asseoir sur un fauteuil couvert de velours vert. Il était apparemment plongé en pleine lecture lorsqu' Harry était venu le déranger. Harry loucha sur le titre du recueil, et crut y déchiffrer « Le sang du loup-garou et ses nombreuses propriétés ». Il plissa le front, puis reporta son attention sur le sorcier tout de noir vêtu qui le toisait d'un air impatient.

« Alors, Potter. Je n'ai pas toute la nuit. Parlez. Ne vous gênez pas, cette journée est de toute façon une calamité. »

  Bien que le ton était plus froid que jamais, Harry y décela une note d'humour. Un humour cynique, mais de l'humour néanmoins. Harry sourit presque à ces mots. Il ne pouvait contredire le sorcier, la journée avait très mal commencé, et si les dernières nouvelles étaient pour lui très bonnes, elles n'en seraient que plus insurmontables pour Snape. Après tout, ce dernier détestait Sirius.

« Hermione a découvert qu'il y avait une chance pour que le sort que Bellatrix Lestrange a lancé à Sirius avant qu'il ne tombe dans l'Arcade lui ai fait échapper à la mort. » Harry récita d'une traite la phrase qu'il avait préparée.

« Pardon ? Avez-vous perdu l'esprit, Potter ? »

« Je dis la vérité, Professeur. Monsieur, écoutez-moi. Je sais d'où viennent ces… visions. C'est Sirius qui les envoie depuis l'Arcade dans laquelle il est prisonnier. Je ne sais pas pourquoi mais je… »

« Taisez-vous !! Vous pensez me faire tourner en bourrique avec vos histoires à dormir debout ! Je vous préviens que, quoique Dumbledore pense de nos petites… familiarités, ma position sur le sujet est loin d'être identique !! »

  Sans répondre, Harry ouvrit le vieux grimoire à la bonne page, et vint coller celle-ci devant le grand nez de son professeur. Il n'avait pas l'intention de se laisser insulter plus longuement. Le silence qui suivit était la preuve que l'homme lisait les inscriptions du livre. Tout à coup, l'objet lui échappa des mains, alors même que Snape l'avait plaqué contre son bureau d'un geste furieux. Ses épaules étaient secouées de tremblements, et ses dents serrées. Il enrageait visiblement.

« C'est… Tout ceci est impossible ! Nous le saurions ! Si pareille chose était réalisable, nul doute que Lupin… ! »

« Je ne pense pas que le monde sorcier connaisse l'existence de ce livre. Ou alors personne n'y a cru. Mais Professeur, admettez-le. Il y a une forte chance pour que Sirius se serve de nous pour sortir du passage temporel. »

  Snape écarquilla ses yeux noirs, et les posa d'un air presque aliéné sur son élève. Ses cheveux étaient plus gras que jamais, et lui tombaient en mèches désordonnées sur son visage crispé de colère. Harry ne pouvait s'empêcher de craindre cet homme, car il savait de quoi il était capable. Cet homme le détestait plus que tout, lui et son parrain. Quelle allait être sa réaction ? Harry garda une main posée sur sa baguette, prêt à riposter contre une attaque soudaine.

  Mais aucun sort ne vint le frapper. Non, au lieu de toutes les réactions dignes du Directeur de Slytherin que le jeune gryffondor avaient envisagées, l'homme, contre toute attente, éclata de rire. Harry était plutôt décontenancé. Il ne pouvait se rappeler une seule fois où son professeur aurait ri. Non, ce n'était pas le genre de choses auxquelles s'adonnait Snape.

  L'homme était à présent dans la même position, c'est-à-dire les mains plaquées sur son bureau, le dos courbé, mais son visage avait été jeté en arrière, et était secoué de spasmes qui avaient tout d'une crise de rire. Harry ne comprenait rien. Il resta dans l'incapacité de bouger pour faire quoi que ce soit, si ce n'était de regarder son professeur rire à n'en plus pouvoir. Son rire à la fois amère et musical résonnait dans toute la pièce, et ne s'appareillait d'aucune façon avec sa silhouette sombre et sévère.

  Puis Harry se rendit compte que le sorcier avait perdu la raison. Du moins, c'était la seule explication logique à cette mascarade. Il était déjà assez choqué de voir Snape rire, mais en plus, le professeur ne semblait pas vouloir s'arrêter. Mais peu à peu, le rire perdit de son intensité, et les yeux jusqu'alors fermés de son professeur s'ouvrirent. Il se mit à fixer le plafond, la bouche formant une expression tout à coup pleine de tristesse. Harry sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine, mais ne perdit pas de temps à en analyser la cause. Que pouvait-il bien faire pour effacer cette affreuse ambiance ?

« Black m'a toujours gâché la vie. Et même maintenant, alors qu'il était supposé me laisser en paix, il continue à rire à mes dépends. » murmura Snape, sa voix pleine d'une colère palpable.

  Il se tourna vers Harry, et le dévisagea longuement. Puis il s'avança, une main tendue vers lui. Harry ne savait pas comment se comporter, alors il opta pour la solution de facilit : il ne fit rien, attendant. Une main du sorcier se referma sur son cou dégagé, sans que le garçon ait le temps de calculer la manœuvre. Il voulut se dégager, mais une lueur étrange dans les yeux de jade qui le fixaient l'en empêcha. Snape était-il capable de faire de la magie sans sortir sa baguette ?

« Je vous hais, Potter. Si vous saviez comme je vous hais. Et pourtant… »

 La main blanche et froide de l'homme desserra son étreinte, et Harry ne se rendit pas compte tout de suite que le corps de Snape gisait inerte sur le sol lisse de la salle de potions.

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  // Il volait, doucement. Il n'était même pas sur un balai, mais le vent le portait calmement, le balançant agréablement au gré des nuages qui parsemaient le ciel. Puis, le ciel devint rouge écarlate, et toutes les sensations de bonheur cessèrent d'un seul coup. Il tombait irrémédiablement vers le sol, ou ailleurs.

  Des bras doux l'accueillirent. C'est alors seulement qu'il prit conscience de son corps. Il était nu, sans que cela ne le gêne particulièrement. Les bras chauds qui l'enserraient étaient si confortables. Ils lui donnaient envie de se prélasser dans cette joie intense et inconnue. Quel était ce sentiment jusqu'alors jamais ressenti ?

« Severus. » une voix venant de nulle part l'appelait. Il ne savait pas de qui il pouvait s'agir, mais ce son lui était à la fois familier et agréable. Les appels se firent plus pressants, et des mains se mirent à parcourir son torse, caressant son ventre, sa poitrine, son cou palpitant.

  Alors qu'il s'apprêtait à répondre à ces délicieuses caresses, il vit au loin, sorti du néant, une silhouette qui se dessinait. Il aurait pu la reconnaître entre toutes, tant il avait passé des années à la maudire. Black. Il s'agissait bien de son ennemi de toujours, venu le débusquer jusque dans ce rêve où il était enfin heureux. Lorsqu'il put discerner les traits de son visage, Black se mit à parler, sur un ton presque enchanteur.

« Tous deux seuls, tous deux forts, tous deux faibles, tous deux vivants, tous deux morts.

  Lorsque la haine est le seul remède, lorsque l'amour est la seule chance.

  La haine disparue, l'âme à nue.

  L'amour naissant, dans ces deux esprits blessés. »

  Il sentit que les mains lui agrippaient le visage, pour le détourner de Black, qui le regardait en souriant. Il n'avait rien saisi  du sens de ses mots. Mais une main déterminée lui fit oublier tout le reste. Il ne pouvait plus penser à autre chose qu'à ces lèvres douces et humides qui se posèrent sur les siennes, ou à la langue rose qui se glissa entre ses lèvres. Il ouvrit les yeux, et se trouva plongé dans un regard limpide couleur émeraude. Son cœur fit un bond. Que ?//

  Severus se réveilla en sursaut, pour se rendre compte qu'il était au beau milieu de sa salle de potions. Que s'était-il passé au juste ? Il avait dû tomber, et se cogner le crâne contre le sol, ou…

« Ah ! Vous êtes enfin réveillé, Professeur ! J'ai eu peur que vous soyez mort d'une attaque cardiaque ! »

  Il s'empêcha juste à temps de sursauter à nouveau, et leva des yeux furieux vers le visage insolent de ce sale…

Merlin, ces yeux ! Ce sont… !

  Il se redressa doucement, au cas où un de ses membres aurait souffert de sa chute. Il se souvenait des évènements précédant son évanouissement. Apparemment, le choc, le manque de sommeil, ainsi que les vomissements répétés, alliés à la dose de nourriture légèrement en dessous de la norme qu'il avait ingurgité ces derniers jours, avaient suffit pour lui faire perdre conscience de la façon la plus indigne qu'il soit. Il maudit les limites du corps humain une fois de plus, et alla prendre une potion de fortification dans son armoire à ingrédients précieux, jetant un œil dédaigneux à Potter par la même occasion.

« J'ai manqué un ou deux repas et passé trop de temps dans mon laboratoire. Rien qui me vaille une visite chez Pomfrey. » crut-il bon de préciser.

  Le garçon le regardait d'un air amusé, mais ne dit rien en retours. Peut-être avait-il plus d'esprit que son insipide père, après tout. Severus se traîna jusqu'à son bureau, où le vieil ouvrage était toujours ouvert au chapitre 17, et s'assit sur son confortable fauteuil. Il marqua un temps de réflexion, et se tourna vers le gamin toujours debout au centre de la pièce, comme attendant l'heure de son exécution. Le Professeur haussa un sourcil et ne réprima pas le sourire mauvais qui se dessina sans sa permission sur ses lèvres.

« Potter, approchez. Puisque nous avons établi que cette journée était une réelle perte, autant continuer l'étude de ce grimoire. Qui sait quelles autres fantastiques révélations il pourrait bien nous apporter ? » lança-t-il en reportant son attention sur le dit livre.

  Potter resta debout à ses côtés, puisque Severus ne possédait aucune autre chaise dans son étude. Personne ne restait jamais assez longtemps en sa compagnie pour exprimer le désir de s'asseoir. Le sorcier parcourut à nouveau les quelques pages expliquant le mode de fonctionnement de l'Arcade, et fut bien déçu de l'évidence qu'elles lui procuraient. Le garçon ne s'était pas trompé, il n'y avait aucun doute sur ce point. Il sentit la colère monter en lui une fois de plus. Ce foutu Black lui paierait, oh oui ! Pourquoi était-il mêlé à cette sombre histoire ?

« Professeur. Comptez-vous en parler au Professeur Dumbledore ? » demanda soudain Potter, peut-être agacé par son manque de réaction.

« Ce que je compte faire ou non, Potter, n'est en rien vos affaires. Vous serez informé en temps et en heure. » rétorqua-t-il, la voix tranchante.

« Bien sûr que c'est mes affaires ! Vous oubliez que c'est nous qui avons trouvé ce livre, et que c'est grâce à … »

« Silence Potter ! Je ne tolèrerai aucune autre remarque idiote venant de vous. » Il se tourna vers son élève, qui bouillonnait de rage contenue. « Cela ne vous suffit-il donc pas, que je sois en ce moment même sujet aux originalités de votre cher parrain, par votre seule faute ?! »

  Bien loin d'accepter les accusations sans broncher, Potter explosa.

« Espèce de sale menteur ! C'est de votre faute ! Tout ça c'est votre faute ! Si Sirius n'est pas là maintenant c'est à cause de vous ! Parce que vous n'avez pas fait votre boulot ! Vous n'attendiez que ça, de le voir mourir ! Peut-être même que c'est vous qui avez demandé à Lestrange de le tuer ! Vous »

  Severus empoigna le cou de son élève pour le faire taire. Il détestait avoir recours aux mains, surtout lorsqu'il s'agissait de sorciers plus faibles que lui, mais Potter ne lui laissait pas le choix. Le professeur planta un regard meurtrier dans les pupilles dilatées de Potter, et approcha son visage de celui du garçon affolé.

« Taisez-vous Potter, je ne le répèterai pas. Si vous êtes incapable de vous contrôler, il est inutile de poursuivre cette discussion. Aussi vrai soit-il que je hais votre parrain, je ne suis pas responsable de sa mort, ou de sa… disparition dans une Arcade. Si vous souhaitez absolument déverser votre colère, faites-le hors de mon bureau. » siffla-t-il, son visage à quelques centimètres seulement du gryffondor.

  Une fois la main autour de son cou disparue, Potter se renfrogna, mais ne fit aucun mouvement pour partir. Severus grimaça, et sortit sa baguette pour conjurer une chaise. Potter leva des yeux étonnés vers lui, s'asseyant.

« Bien, reprenons. Vous avez je le crois eu plusieurs visions dans lesquelles Black vous commandait de l'aider, n'est-ce pas ? »

« Oui. Il m'a dit qu'il ne pouvait pas me donner plus d'explication, mais que moi et… 'lui', on pouvait l'aider. Je ne sais pas de qui il parlait. »

« Êtes-vous vraiment stupide, Potter ? Il s'agit de moi, bien évidemment. »

  Sa propre lucidité l'effrayait. Après ce court rêve lors de son malaise, il était certain que si Black avait contrôlé toutes ces visions, il avait quelque chose de prévu pour eux deux. Et le rêve qu'il venait d'avoir n'avait rien fait pour le rassurer à ce sujet. Ces yeux verts, il n'en connaissait pas des milliers. Il se souvenait de chacun des mots prononcés par l'animagus, mais n'en saisissait pas le sens caché.

« Co… Comment ?! Vous ? Mais… Vous détestez Sirius ! Pourquoi… »

« Comment saurais-je de quelle manière fonctionne le cerveau de votre parrain, Potter ? Croyez-moi, aucun élément de cette situation ne me met à mon avantage ! »

  Potter baissa la tête et se fronça les sourcils. Il semblait bien plus perturbé par les révélations de cette éprouvante journée que lui-même. Bon, bien sûr, il ne s'était pas évanoui.

« Pourquoi… » murmura le jeune sorcier. Sa voix semblait proche du sanglot, et Severus pria pour qu'il ne se mette pas à pleurer. « Pourquoi Sirius me ferait-il ça ?... Il vous déteste autant que moi, il n'y a pas de raison pour que… »

« Peut-être est-ce justement la raison… » dit-il, plus pour lui-même que pour son élève.

« Hein ? »

« On ne dit pas 'hein' à son professeur, Potter. » grogna-t-il de son ton le moins aimable. « Bien, il est nécessaire que j'approfondisse mes recherches à ce sujet, mais il est clairement inscrit ici que le sujet se trouvant dans l'Arcade peut intervenir sur les rêves et les souvenirs. Il n'a pas la possibilité de changer les souvenirs, juste s'en servir pour sortir de sa prison. Je suppose que les images que Black nous a projetées de sa personne n'étaient que des fragments de souvenirs mis bouts à bouts. Mais s'il y a un moyen de l'aider à sortir du tunnel temporel, je doute que même le Seigneur des Ténèbres ne sache lequel. »

 Il détourna les yeux des pages jaunies du grimoire pour voir la réaction du jeune sorcier à ses côtés. Ses grands yeux verts étaient écarquillés, et sa bouche ouverte bêtement. Il semblait ébahi devant son habilité à réfléchir. Severus fit apparaître un sourire narquois sur son visage.

« Professeur… Vous avez dit que Sirius avait projeté des images de lui-même mais… Je pensais être le seul à avoir vu Sirius. »

  Les envies de meurtre qui assaillaient les moteurs de son cerveau reprirent immédiatement le dessus. Quel gamin insupportable, incapable de comprendre le réel intérêt de ce qu'on tente de lui expliquer. Il fallait évidemment répondre le plus honnêtement possible à cette question idiote.

« Oui, une seule fois. Il m'est… apparu pour me dire des vagues stupidités, puisque c'est la seule façon de s'exprimer dont il soit maître. »

  Si Potter nota les mots blessants, il ne lui fit pas remarquer, préférant continuer sa série de questions pour assouvir sa curiosité de gryffondor.

« Qu'a-t-il dit ? A moi aussi il a dit des choses que je n'ai pas comprises. »

« Ce n'est pas important pour le moment. Je dois monter voir Dumbledore. Vous, retournez dans votre chambre ou… peu importe, puisse ce lieu être très loin de moi. Nous ne serons pas sans nous revoir avant… demain, après le déjeuner, n'est-ce pas, Monsieur Potter ? » dit-il sur un ton glacial, se penchant de toute sa hauteur sur le garçon.

  Sur ces mots, il partit d'un grand mouvement de robes, et attendit que son élève quitte la pièce, non sans lui lancer un regard qui en disait long sur son affection à son égard. Severus prit une profonde respiration et s'élança en direction des quartiers du Directeur. Il savait qu'après cette journée exténuante, il devrait avaler nombre de potions pour espérer dormir un minimum d'heures sans rêver à de nouvelles horreurs dont il connaissait maintenant la provenance.

** ** **

  Harry se sentait mal en point, sans vraiment savoir pourquoi. Jamais il n'avait été en proie à d'aussi diverses et opposées émotions. Pendant quelques minutes, tout le temps que Snape avait été inconscient à ses pieds, Harry avait été très anxieux, sans savoir pourquoi. Après tout, il détestait cet homme, ou du moins, il le détestait, avant. Depuis quelques semaines, sa vision des choses avait radicalement changé, au point qu'il devait parfois se forcer à détester le sorcier. Pour quelles raisons tenait-il à le détester ? Il savait maintenant que Snape n'était pas responsable de la mort de son parrain, si mort il y avait.

  Ai-je besoin de haïr quelqu'un de tout mon cœur pour vivre ? Il y a déjà Voldemort mais… Snape je… Ce n'est pas le même sentiment. Un moment, il m'a regardé et il semblait si…

  Non, cette réflexion ne le mènerait nulle part. Harry marchait dans les couloirs, sans aucune idée de la direction qu'il allait prendre. Snape l'avait renvoyé de ce ton glacial qu'il prenait toujours pour s'adresser à lui, comme s'il était plus repoussant que le pire des insectes, ou que le simple fait de lui parler avait un effet nocif sur lui.

  Mais Harry trouvait que Snape ne le considérait plus de la même façon depuis leur cours d'Occlumency cet après-midi. Il devait être, comme lui, mal à l'aise de savoir que celui qu'il détestait le plus connaissait la vérité sur son passé. Cette seule pensée le rendait malade. Mais au moins, Snape ne pourrait pas se servir de ces nouvelles connaissances pour lui faire la vie dure.

  Snape avait une façon de lui parler qui le mettait hors de lui. Il était rempli d'envies de meurtres dès que l'homme ouvrait la bouche pour l'insulter ou rabaisser son intelligence. Même si son enfance évoquait chez le jeune homme une certaine compassion et même de l'amitié et de la compréhension, la forme adulte de son professeur avait le don de l'exaspérer au plus haut point.

  Je ne comprends pas pourquoi Sirius l'a choisi lui… C'est sûr que Snape n'a rien à faire de le sauver ! Il préfèrerait sûrement que Sirius soit vraiment mort. Et s'il cherchait un moyen de coincer Sirius derrière le voile définitivement ?

  Il devait en toucher un mot à Dumbledore, même si Snape allait sûrement lui annoncer les trouvailles d'Hermione d'ici peu de temps. Pourquoi Snape l'avait-il renvoy ? Il avait le droit d'écouter ce qui serait dit ! Il s'agissait de lui, et de Sirius. Même si le Maître des Potions était également concerné, cela ne signifiait pas qu'il avait le monopole des visions, au contraire !

« Très bien, puisque c'est ça, je vais aller voir Dumbledore moi aussi ! » s'exclama-t-il, faisant demi tour pour courir jusqu'à la statue de phoenix.

 ** ** **

« Professeur, vous avez une meilleure connaissance que moi à ce sujet. Alors, qu'en pensez-vous ? » s'enquit Severus en fixant avec un certain espoir son aîné.

  Celui-ci lui adressa un sourire joyeux, et s'enfonça dans son fauteuil, sa tasse de thé dans une main.

« Severus, je dois dire que j'avais pensé à cette possibilité, mais je n'ai pas osé vous en parler, de peur que vous ne vous vengiez sur Harry. Rien de ceci n'est sa faute. »

« Comment cela vous y aviez pens ?!! Vous connaissiez l'existence de ce livre et de l'Arcade ? » Severus eut quelque mal à contenir sa fureur.

« Hum, disons surtout que je connais bien Sirius. Il est intelligent- » Severus lui lança un regard sceptique. « Il est intelligent, vous le savez Severus, malgré tous ses défauts. Il n'est qu'humain après tout. » Autre regard sceptique « Bien, toujours est-il que j'avais pensé à cette option, et qu'il y a en effet des éléments qui ne trompent pas. S'il vous plait, répétez-moi les mots exacts qu'il a prononcé à votre égard. »

  Severus s'exécuta sur l'instant, et attendit le verdict du vieux sorcier. Celui-ci ne put empêcher le sourire de gagner ses yeux. Ils étaient proches du clignotement.

« Severus, ce que je vais vous annoncer ne va certainement pas vous plaire ! »

« Allez-y, Albus, je commence à m'habituer aux mauvaises nouvelles. » dit-il, abattu.

« D'après mes connaissances en ce domaine, et si je me réfère à un évènement similaire d'il y a quelques dizaines d'années de cela, Sirius doit faire appel aux souvenirs de deux êtres : l'un qui lui est très proche, et l'autre qui lui est éloigné mais qui lui voue des sentiments forts. Et ces deux êtres doivent être compatibles. »

« C…Compatibles ? Précisez, je vous prie Albus. »

« Capables de vivre dans le corps… ou plutôt les souvenirs, de l'autre. Mais je pense ne pas tout savoir à ce sujet, malheureusement. Le rapport sur l'histoire qui a eut lieu il y a des années est assez vague. Une femme du nom de Morina Bergamott est tombée derrière le voile alors qu'elle était pourchassée par des moldus armés. Blessée, elle s'est trouvée guérie une fois dans le passage temporel, et a utilisé les souvenirs de deux personnes qui se détestaient pour sortir de celui-ci. Il s'agissait de son amant et de son mari. Mais il n'est mentionné à aucun moment comment elle est sortie. »

« Cette histoire est insensée ! Celui qui a conçu cette Arcade était un fou doublé d'un crétin ! »

« Pas tant que cela, Severus. Comme je vous le disais plus tôt, il faut trouver le côté positif de la situation. »

« Pardonnez-moi si je n'y parviens pas, pour le moment… Si j'ai bien saisi, il faut que je… joigne mes efforts à ceux de Potter pour sortir Black de son passage, et ma vie reprendra alors son cours normal ?... » demanda-t-il de son air le plus cynique.

« En quelques mots, c'est exact, mon garçon. Mais je n'ai aucune idée de la méthode à utiliser. »

« Voilà qui nous avance bien. »

  Dépité, il laissa son visage tomber en arrière, fermant les yeux et se massant les tempes. Pourquoi ce genre de choses avait-il le don de lui tomber dessus ? En rouvrant les yeux, il aperçut furtivement la figure de Potter, dissimulée derrière la porte entrebâillée. Il se redressa en une fraction de seconde, et marcha rapidement vers cette porte, qu'il ouvrit brusquement. Potter n'eut pas le temps de se cacher, et lui lança un regard implorant, recroquevillé sur lui-même. La voilà la bravoure des Gryffondors !

« Que faites-vous là, Potter, alors que je vous ai donné l'ordre de regagner votre chambre il y a à peine quinze minutes ?! »

« J'ai le droit d'entendre cette conversation ! » déclara-t-il, se redressant pour fixer Snape dans les yeux du mieux qu'il put. « Ca me concerne autant que vous ! »

« Pff, peut importe. De toute façon, nous ne sommes pas plus avancés. Nous devons faire plus de recherches, et pour cela, je demanderai personnellement à Lupin de nous aider, puisqu'il a beaucoup de temps à perdre. Pour ma part, j'ai d'importantes choses à régler dans la semaine. »

  Severus fit un petit signe de tête en direction de Dumbledore pour indiquer qu'il disposait.

« Albus. » Puis se tournant vers le garçon, il ajouta d'un ton venimeux : « Monsieur Potter. Puisse cette nuit vous porter conseil. »

  Il disparut dans un bruissement de tissu noir.

** ** **

  L'accueil chaleureux de ses cachots, aussi sombres, froids et humides que lorsqu'il les avait quittés, rassura légèrement Severus. Il traversa les pièces sans un regard pour son bureau en désordre, ou l'ouvrage qui y trônait nonchalamment, et se réfugia dans sa chambre plongée dans un noir quasi-total. Comme il était agréable de se retrouver enfin seul, et libre de laisser  la douleur de la journée prendre le dessus. Il déboutonna lentement son pardessus, debout au milieu de la chambre obscure. Les différentes épaisseurs de tissu finirent par atterrir sur le sol, suivies par les longues chaussettes noires, et les bottines de cuir.

  Son lit l'attendait, en manque de sa présence depuis quelques nuits. Il n'était pas très tard, même pas l'heure du dîner, mais Severus ne comptait pas veiller, ce soir. D'une main déjà tremblante, il alluma un feu dans la cheminée, et se couvrit des épais draps. Son corps était sur le point de la rupture. Il avait dû trop tirer sur les cordes fragiles de sa santé, même avec l'aide des potions fortifiantes.  Il n'eut même pas le temps de commencer à s'apitoyer sur son sort, que déjà ses paupières cédaient sous le poids de la fatigue.

// Ses entrailles le brûlaient tellement qu'il était certain de partir en combustion d'un instant à l'autre. Pourquoi avait-il si mal ? Il tenta de joindre ses mains sur son thorax, mais se rendit compte que celles-ci étaient liées dans son dos. Il était allongé très inconfortablement, les jambes repliées sous son corps. Ses idées n'étant pas assez claires, il ne savait pas du tout où il se trouvait. Il ouvrit les yeux, et pourtant, sa seule vision fut la pénombre : Quelque chose lui obstruait la vue, un tissu certainement.

  Il fit un essai pour se relever, mais son crâne se heurta à un obstacle. Il était enfermé. Dans une boîte. Ou quelque chose du genre. Où était-il ? Pourquoi l'avait-on capturé de cette manière ? Il sentait à présent les douleurs dans ses bras et ses jambes, engourdis d'être restés dans la même position depuis probablement plusieurs heures. Son corps était recouvert, en plus de ses vêtements, d'une épaisse couche de tissu, qui aurait pu être une couverture ou toute autre chose.

  Il avait dû perdre conscience après une attaque surprise de Dudley et ses camarades. Il ne voyait pas d'autre solution.

  Soudain, un grincement attira son attention au dessus de lui, et une lumière trop vive passa à travers le tissu qui lui couvrait les yeux. Quelque chose lui saisit les épaules, et il se sentit soulevé. Il était plutôt léger, pour un garçon de son âge.

« Alors Potter, prêt à s'amuser avec nous ? » ricana une voix grossière qu'il connaissait pour ne l'avoir entendue que trop souvent. Salkins.

« Ouais on va trop se marrer avec toi ! Vas-y Dud, pose-le au milieu du terrain ! » renchérit une seconde voix, toute aussi familière, celle de Simmons.

  La sueur lui collait au visage, ses vêtements trop grands étaient humides et sales. On lui retira le bandeau, et il put enfin voir ce qui l'attendait : un match de rugby dont il serait la proie très spéciale. Un groupe de garçons à l'air aussi rustre que stupide le toisait comme s'il s'était tout à coup changé en chou à la crème. Il ferma les yeux pour s'empêcher de pleurer. Il n'y avait rien à faire, de toutes façons. Personne ne viendrait à son secours. Pas ici, pas lorsqu'il s'agissait des enfants gâtés des petits bourgeois du quartier. Dudley avait frappé fort, cette fois.

  La partie débuta, et tous se disputèrent la 'balle'. Le garçon fut ballotté de part et d'autre du terrain, son corps ne ressentant presque plus les coups de pieds. Puis, alors qu'il se concentrait sur la haine qu'il éprouvait pour Dudley, il retomba sur le sol boueux. Un cri de douleur retentit non loin de lui. Avait-il frappé quelqu'un sans le savoir ?

« Aaaaaah !!! Mon œil !! J'ai mal ! Aidez-moi ! Il gonfle, il n'arrête pas de gonfler !! » hurla Simmons.

  Les autres prirent peur et commencèrent à s'éloigner de lui, certains qu'un mauvais sort leur avait été jeté. Ils ne comptaient pas si bien dire.

 Il n'était plus très conscient au moment où quelqu'un hurla une chose qu'il ne saisit pas. Mais alors, tout bruit cessa, et il put écouter.

« Qu'est-ce que vous faites là, petits voyous ?! Si vous croyez que je vais vous laisser… Mais ! C'est un garçon dans ce sac ! Il est bless ! Mais vous êtes tombés sur la tête !! Tirez-vous d'ici avant que j'appelle la police, garnements ! » hurla la voix d'une femme, certainement assez âgée pour imposer le respect, puisque la troupe de garçons, déjà effrayés par le petit tour de leur 'balle', s'enfuit à toutes jambes.

  Des bras attentionnés l'entourèrent, et enfin il s'autorisa à ouvrir ses yeux à demi enflés. La femme qui le regardait d'un air inquiet était en effet plutôt âgée, mais encore jolie. Ses longs cheveux gris lui tombaient sur le visage, et ses yeux noirs étaient chaleureux. Le garçon ne put retenir les larmes qui dévalèrent ses joues. Il attendit patiemment que la femme lui détache les bras, les jambes, et tout ce qui l'empêchait de bouger.

 « Mon pauvre enfant, que t -ont donc fait ces brutes ? Ces gamins ne sont que des petites ordures ! Je vais t'emmener chez moi pour te soigner. Veux-tu appeler tes parents ? »

  Sa langue était elle aussi engourdie, et sa gorge était si serrée qu'il ne parvint à articuler qu'un faible « non » pour tout réponse.

  Il se retrouva dans un lit douillet, où il se sentait mieux qu'il ne s'était jamais senti dans ses souvenirs. Il s'osait bouger, de peur de faire quelque chose d'interdit. Il patienta jusqu'à ce que la dame revienne à ses côtés, nettoyant d'une douce éponge ses hématomes et plaies.

« Tu as de la chance de ne rien avoir de cass ! C'est même un sacré miracle ! Tu as beaucoup de bleus et quelques blessures, mais rien de très grave, c'est extraordinaire. »

  Il savait bien pourquoi il avait échappé au pire. C'était comme cela à chaque fois : son corps semblait se guérir tout seul, parfois. Il résistait très bien aux coups. Pourtant, la douleur, elle, n'était pas feinte.

« J'ai eu de la chance. Grâce à vous, merci madame. » articula-t-il finalement.

« Pourquoi ces garçons t'en voulaient-ils à ce point ? » demanda-t-elle, visiblement troublée.

« C'est pour s'amuser, m'dame. Ils aiment bien ça, et tout le monde écoute mon cousin… à l'école. » répondit l'enfant, fermant un instant les paupières.

« Hum… Il faut en parler à tes parents mon garçon ! Il ne faut pas se laisser faire ! Personne n'a le droit de traiter un enfant de cette façon ! Si ils s'en prennent à nouveau à toi, dis-leur que je suis une sorcière et que je vais venir les transformer en citrouille ! »

  Le garçon sursauta presque à cette plaisanterie. Oncle Vernon ne cessait de répéter que ces histoires de sorcières n'étaient que des balivernes. Pourtant, il semblait toujours peu rassuré dès qu'il était question de cela. Il se souvenait, une fois, lorsqu'il avait été surpris à regarder le Magicien d'Oz à la télévision…

« Vous êtes vraiment une vraie sorcière ?? »

  La vieille femme le contempla d'un air doux, et esquissa un sourire amusé, levant une main pour lui caresser les cheveux.

« Les sorcières, ça n'existe pas, mon enfant. Mais eux, n'ont pas besoin de savoir ça. »

  Et il sourit à son tour. Non, ils n'avaient vraiment pas besoin de le savoir. //

  Severus ouvrit les yeux, presque surpris de constater qu'il était entouré de noir. Tout à coup, il ne pouvait plus supporter cette pénombre, et tâta de la main à la recherche de sa baguette pour allumer un feu et quelques bougies. Encore un de ces rêves qui lui donnaient envie de vomir. Il n'en pouvait plus de ces cauchemars, ces visions, ou peu importe de quoi il s'agissait. Il voulait être capable de rêver à des évènements sans intérêt mais indolores, incorporels, auxquels il ne s'attachait pas. Le sorcier en avait plus qu'assez de se retrouver dans le corps d'un enfant stupide incapable de se défendre contre un tas de moldus plus bêtes les uns que les autres.

  Il enrageait. Pourquoi Potter ne s'était-il pas révolt ? Pourquoi n'avait-il pas utilisé… Non… Il ne connaissait pas l'existence de la magie, à cette époque. Il ne savait pas qui il était vraiment. Mais comment Albus Dumbledore avait-il pu le laisser chez ces gens ignobles et insensibles ? Pour quelle raison élaborée avait-il laissé un enfant innocent en proie à une telle cruaut ? Même pour lui, qui avait subi bien plus que n'importe quel sorcier, cette pensée était insupportable.

  Il a laissé le gamin sans protection, et lui ne s'est jamais plaint. Stupide Gryffondor. Stupide, stupide Potter…  

  Mais avait-il été mieux loti, toutes ces années auparavant ? Dumbledore, s'il avait su, n'avait pas levé un doigt pour l'aider, lui non plus. Il lui avait pardonné cette faute de jugement, et cela ne l'avait pas empêché de se rallier à sa cause, pour tout l'amour qu'il lui portait.

  Il ne m'a pas aidé, quand j'en avais besoin. Il n'a pas aidé… Il ne l'a pas aidée, elle. Mère… Comme vous me manquez.

  Il chercha sous son oreiller le toucher froid du métal de son médaillon. C'était son seul confort, en cet instant. Il le porta à ses lèvres et l'embrassa, soulagé par ce simple contact contre sa peau.

  Non, il n'avait jamais tenu rigueur à Albus pour son inaction. Il se tenait pour seul responsable de son destin, et ne voulait pas reprocher à autrui ce qu'il avait subi. Rien n'avait été la faut du vieil homme, après tout. Il n'était pas invincible, malgré ce qu'il voulait faire croire au Ministère et à tous ces crétins.

  Cet homme, je lui dois ma vie. Il est le seul à m'avoir tendu la main, sans aucune raison. Le seul.

  ** ** **

  Harry était allongé depuis des heures sur son matelas, vêtu uniquement de son pantalon de pyjama. Il mourrait de chaud, alors que la chaleur de la pièce était tout ce qu'il y avait de plus supportable. Il fixait le plafond, fort inintéressant après tout, de la chambre des Gryffondors qu'il avait l'habitude de partager avec ses camarades de classe. Sans le bruit des ronflements et des lits qui grincent, cette chambre était bien vide, voire un peu effrayante. Mais ce qu'Harry redoutait le plus, c'était de s'endormir.

  Il ne voulait pas retomber à nouveau dans un de ces rêves sur Snape. Il avait peur. Peur de plonger dans une vision de la vie de son professeur détesté, mais pas pour les raisons qui avaient jadis été les siennes. Il craignait de se voir radicalement changer de point de vue sur le sorcier, à force de connaître les secrets de ce dernier. Il ne voulait pas partager sa souffrance, ou ses plaisirs, car cela finirait mal. Il le pressentait.

  Pourtant, toute la volonté du Gryffondor ne fut pas suffisante pour venir à bout du sommeil. Et il s'endormit, les yeux encore remplis d'images des yeux noirs du Directeur de Slytherin.

//

« Non, Lucius, ne… ah ! » entendit-il, alors qu'il marchait vers les étables où étaient richement parés de nombreux étalons.

  Mais il ne s'attendait pas à ce genre de spectacle lorsqu'il avait décidé de rendre visite à son aîné. Le jeune homme était torse nu, le visage contorsionné dans une grimace de ce qui ressemblait à de la douleur, et sa culotte était descendue jusqu'à ses bottes d'équitation. En regardant mieux, il aperçut, à moitié cachée par une botte de foin, une forme indéniablement féminine. Si sa mémoire le servait convenablement, Lucius était en train de chevaucher une servante, ou une fille de petite vertu, au milieu d'une étable.

  Trop choqué pour penser à faire demi tour, il resta ainsi, bouche bée, à regarder son ami, le visage exprimant définitivement plus que de la douleur. Puis, les yeux de Lucius s'ouvrirent, et se posèrent sur lui. Loin d'être perturbé par sa présence, il lui sourit, et rejeta la tête en arrière pour une dernière joute.

  Il se retira de la fille, et, lui attrapant le bras, lui balança ses vêtements au visage.

« Hors de ma vue, toi ! J'ai de la visite ! » lui cria-t-il, puis, se tournant vers le garçon, sourit. « Severus, quelle arrivée appropriée ! »

« Je… Je suis navré de t'avoir interrompu. »

« Pas du tout ! Je n'ai que faire de cette traînée !... Alors, tu t'es décidé à écouter mes conseils ? »

  Gêné, il hocha la tête. Il était venu pour cela, après tout. Il était bien décidé à faire tout ce que Lucius lui demanderait, pourvu qu'il ait en retour ce qu'il attendait.

« Je veux devenir fort. » dit-il simplement.

  Le sourire satisfait qui se dessina sur le visage du jeune aristocrate le fit frissonner. Avait-il vraiment eu raison d'accepter son aide ?

« Severus. Je vais t'apprendre tout ce que je sais. Tu seras fort, je te le promets. Mais tu dois me jurer, en échange, de toujours me suivre, quoique je décide. C'est d'accord ? »

« J'en fais la promesse. » Et à ces mots, il sortit une petite dague, donnée par sa mère, et s'entailla l'avant-bras.

  Lucius approcha de lui, et lui saisit le poignet, y posant les lèvres.

« Je scelle cette promesse sous le regard de Salazar Slytherin. Severus Snape, je t'enseignerai les sorts les plus puissants, les potions les plus intrigantes, et l'art du duel. Pour que tu puisses te venger de lui. »

« Merci Lucius. »

  Il ne s'en rendit même pas compte, mais les lèvres de son ami avaient déjà recouvert les siennes. Il n'avait jamais compris cette façon qu'avait Lucius de se montrer chaleureux envers lui, alors qu'il ne lui rendait jamais la pareille. Mais il le laissa faire, car le jeune homme allait lui apprendre comment tuer celui qu'il haïssait plus que tout, et cette science valait bien n'importe quelle peine. //

  Harry se redressa, palpitant. Ce qu'il venait de voir, c'était terrifiant. Il n'osait croire ce qu'il avait pourtant vu des propres yeux de son professeur. Le sorcier avait demandé son aide à Malfoy… Pour tuer son père ? Il avait senti toute la haine qu'il lui portait dans le cœur de Snape. Malfoy lui avait fait promettre de le suivre quel qu'en soit le chemin, était-ce pour cette raison qu'il était devenu un Death Eater ?

  Il secoua la tête, chassant tant bien que mal ces pensées impropres. Il ne voulait pas réfléchir sur les décisions du Maître des Potions. Il ne voulait plus rien connaître de sa vie. Il en avait assez de se torturer pour ce qu'il n'avait pas réellement vécu. De toutes ses forces, Harry souhaita ne jamais avoir vu, ressenti, vécu, la vérité. Mais malgré tous les efforts qu'il y mit, aucun de ces affreux souvenirs ne disparurent. Tous étaient bien là, inscrits dans son esprit, peut-être à tout jamais.

** ** **

  Il faisait déjà jour depuis plusieurs heures lorsque Severus émergea du sommeil. En s'éveillant, il n'osa pas ouvrir les yeux, à cause de la profonde douleur qui s'était logée entre ses deux globes, à l'endroit où ses sourcils si souvent froncés avaient creusé des rides toujours visibles. Son corps semblait avait été recouvert de place durant ses quelques heures d'inconscience, tant il avait du mal à le mouvoir. Il attrapa une barre de sa tête de lit, et tenta de se redresser. L'horloge qu'il avait dans la tête, ou alors un grand don de la divination, lui dit qu'il devait être neuf heures passées. Combien de temps avait-il dormi ? Il se sentait bien plus fatigué qu'avant de se coucher !

  Un bruit dans la pièce termina de le réveiller. Lupin, et sa fichue manie de surprendre les gens dans des situations éprouvantes, cherchait à le joindre par sa cheminée.

« Severus ? Severus, vous êtes l ? Il est neuf heures dix, et je dois vous parler. »

  Ne pouvait-on pas le laisser tranquille plus d'une demi journée ?! Apparemment, non, car Lupin était décidé à lui casser les pieds, après tout.

« Snape, je sais que vous êtes l ! Répondez donc ! »

  Tant pis pour cet animal ! Je ne serai pas responsable de cette situation.

« Oui, je suis là, Lupin. Je vous suis gré de m'avoir réveillé, je craignais d'en être capable par moi-même. » répondit-il d'une voix faussement mielleuse.

« Ah, vous voil ! Je v… Seve…rus ? Vous… dormez nu ? »

  Le Professeur de Potions s'était levé, attrapant une robe qui était posée sur une chaise, et se trouvait en effet, plutôt dénudé, mais juste assez pour choquer un animal tel que Lupin. Ce dernier était rouge pivoine. Severus n'y prêta pas d'attention outre mesure.

« Je ne pensais pas devoir affronter un collègue au saut du lit, Lupin. Est-il déraisonnable de croire que vous connaissez les mots vie privée, Professeur ? »

« Je… Toutes mes excuses… Je… Habillez-vous, je vous prie. Venez me rejoindre dans la salle de Défense, si vous le voulez bien. » bégaya le pauvre professeur, au comble de la gêne.

« Je ne suis pas réellement en mesure de refuser, je suppose. Je vous verrai sous peu donc, Lupin. »

  Encore une journée qui s'annonce bien médiocre.

  Il se dirigea vers sa petite salle de bain, et regarda, perplexe, son visage dans le miroir magique. Il avait la mine grisâtre et les yeux vitreux d'un sorcier ayant suivi la cure de remise en forme de Benny Party, cette sorcière de Knockburn Alley. Il soupira. Le miroir n'y était certainement pas pour grand-chose, mais il se sentit obligé de lui reprocher ce reflet misérable, et le frappa du poing. Il ne sentit même pas la douleur qui se mit à vibrer dans le membre durant quelques secondes.

  Il se passa rapidement de l'eau et un liquide préparé par ses propres soins sur le visage, et opta pour un sort simple de nettoyage pour le reste du corps. Il ressortit, et inspecta l'état du meuble qui contenait ses quelques vêtements. Il avait malheureusement perdu une de ses précieuses robes noires lors d'un combat contre un liquide visqueux quelques jours auparavant. Il opta donc pour une robe d'un vert sombre, pour changer. Cela suffirait amplement pour discuter avec un loup garou.

  Peut-être par esprit de vengeance, ou bien parce qu'il adorait surprendre le sorcier, Severus entra sans prendre la peine de frapper dans la salle de Défense Contre Les Forces Du Mal. Il était attendu, évidemment. Lupin se tourna immédiatement vers lui au son de la porte s'ouvrant, ses joues montrant encore des signes d'embarras.

« Ah, Severus. Vous avez été rapide. »

« Et j'ose espérer que cette discussion le sera tout autant. J'ai à faire. »

« Hum… Oui, bien. Severus, Albus m'a mis au courant hier soir, de quelque chose qui m'a beaucoup surpris… Voyez-vous, il m'a fait part des visions qu'Harry et vous semblez partager, et surtout de la possible responsabilité de Sirius dans cette situation. »

« Ah. »

« Et… C'est tout ce que vous avez à dire ? »

« Je ne vois pas ce qu'il y a à ajouter, Lupin. Oui, tout cela est la vérité. Albus a certainement souhaité vous mettre au courant parce que nous… semblons avoir besoin de votre aide pour les recherches. Potter et moi, bien sûr, y travaillerons chaque jour. » expliqua-t-il, las de la redondance de cette conversation.

« Oh,  mais vous savez que je suis toujours disposé à vous aider, Severus. Et Harry aussi. Oui, je veux aider Harry bien sûr. » bafouilla Lupin, à nouveau victime de rougissements.

  Severus arqua un sourcil, mais ne fit aucun commentaire. Il était inutile de chercher à comprendre la façon dont fonctionnait le cerveau d'un loup garou.

« Bien, puisque tout est dit, je vous laisse à vos occupations qui, j'en suis certain, sont nombreuses et primordiales. »

  Il ne perdit pas de temps pour quitter la pièce dont l'atmosphère était devenue proche de l'irrespirable. Il  se demanda s'il avait le temps de passer au Manoir Malfoy avant son inévitable rencontre avec Potter, en début d'après-midi. Finalement, décidant qu'il était une bien trop pénible vision à lui-même en ce jour, il opta pour une visite le lendemain. Draco ne s'inquièterait pas pour une journée de plus.

** ** **

  Le sauveur de l'humanité fit son apparition dans sa salle à deux heures précises, pour une fois. Cette ponctualité n'était pas forcément signe de bonne volonté, mais Severus apprécia néanmoins cet effort. Il observa les mouvements incertains du garçon, et ne put que remarquer sa gêne, si bien que sa curiosité en fut piquée.

« Potter, vous ne me semblez guère plus frais que moi, aujourd'hui. Votre nuit vous fut-elle pénible autant qu'à moi ? »

  Le garçon leva sur lui de grands yeux étonnés, comme si son professeur venait de prononcer les derniers mots qu'il imaginait entendre de sa part. À dire vrai, c'était certainement le cas. Il se faisait presque peur. Quel était ce besoin de faire la conversation avec Potter ?

« Euh… »

« Très bonne réponse Potter. Une des meilleures que vous ayez eues jusqu'à présent. Bien, commençons. »

  La mine renfrognée de son élève ne lui apporta que plus de plaisir à le martyriser. Si Potter pendait que de vulgaires rêves communs allaient l'empêcher d'être traité comme il le méritait – c'est-à-dire un ignorant Gryffondor – il se trompait radicalement. Non, il n'avait pas fini d'en baver.

** ** **

  Voilà c'est fini ! Quel long chapitre ! Je comptais m'arrêter plus tôt, mais bon, j'aime particulièrement ce chapitre. Je ne sais pas pourquoi. J'ai l'impression que cette histoire se barre un peu trop loin, et je me creuse mon petit crâne comme une dingue pour trouver des parades à mes blancs, mais malgré tout, j'aime la tournure des choses. Moi-même, je ne m'y attendais pas.

  Dans le prochain chapitre, nous reverrons ce cher petit Draco, ainsi qu'un ptit bout de Sirius et de quelques autres. Oh, j'aime Lupin maintenant. Bon voilà, j'ai décidé de continuer cette histoire même si personne ne la lit plus ! Je m'en fiche parce que c'est pour moi que je l'écris avant tout !