Disclaimer : J'imagine que si les G boys m'appartenaient alors je serais envahie de fangirls qui essaieraient de me les piquer… Peut être que finalement, c'est pas si mal que ça de ne pas les détenir…

La chanson "Patterns" est (encore) une chanson de Paul Simon. Vous pouvez la trouver sur l'album "Parsley, Sage, Rosemary and Thyme" de Simon & Garfunkel.

Au programme : 1+2, angst, angst, angst !

Erszebeth

L'énigme Duo

Chapitre 15 : Avis de tempête

Wufei :

 Après avoir forcé notre sortie par la porte de derrière du club pour plus d'intimité, Duo s'appuya au mur d'un geste apparemment décontracté, mais l'atmosphère qui régnait entre nous trois niait totalement cette attitude. L'américain nous fixa, la dureté du regard à demi cachée par ses yeux mi clos comme une panthère en train de digérer.

J'avais une boule dans l'estomac comme si j'étais en train de passer en jugement.

Quand finalement la voix de Duo s'éleva, elle était tellement neutre qu'elle aurait pu être morte. Il scanda presque les consonnes comme si il essayait de garder le contrôle sur ce qu'il était en train de dire.

- Puisque je suis le seul ici à ne pas être au courant, j'aimerais bien savoir à quel jeu vous jouez tous les deux. Care to explain ?

Aussi bénin qu'il paraisse, l'emploi de l'anglais était révélateur. Les seuls moments où Duo utilise l'anglais sont ceux où il est nerveux.

J'ai pleinement conscience qu'il faudrait que l'un d'entre nous réponde à sa question. Quelque chose me dit que c'est absolument vital, qu'il faut que je lui explique la situation mais pas moyen de desserrer les lèvres.

Je regrettais de ne pas y être arrivé car à peine quelques secondes plus tard, j'assistais à une parfaite démonstration de la loi de Murphy [1]. Heero me jeta un regard et, voyant que j'étais statufié, il eu un petit sourire victorieux et se dirigea en direction de Duo, plaça ses mains sur le mur, lui bloquant tout moyen et fuir et se pencha vers l'américain.

J'écarquillais les yeux en réalisant qu'il l'embrassait violement, presque avec frustration comme si il voulait marquer son territoire et j'attendis, pensant que Duo allait réagir… Mais rien ne se produisit. Duo resta immobile, le baiser cessa et Heero le fixa comme étonné ou exaspéré de son manque de réaction. Pour autant, il n'ôta pas ses bras et Duo était toujours prisonnier entre lui et le mur.

Mais pas pour longtemps.

La face impassible de Duo se tordit soudain dans une grimace exprimant une émotion que je n'avais encore jamais vu sur son visage et son poing percuta le plexus solaire de Heero qui s'écroula, le souffle coupé.

L'américain se pencha sur lui, son masque sans émotion de retour sur son visage et il psalmodia de cette effrayante voix morne :

- Merci pour cette démonstration, Yuy. J'ai bien compris ce que tu voulais de moi et je crois que tu as très bien compris ma réponse.

Je m'entendis reprendre mon souffle et prononcer avec peine :

- Ce n'est pas ce que tu crois Duo !

- A non ? Alors je suis curieux d'entendre ton explication, Chang.

Dans sa bouche, mon nom me sembla étranger et je réalisais que c'était la première fois que je l'entendais l'utiliser. Ce Duo que j'avais devant moi… qui était il ? C'est comme si je parlais à un parfait étranger ou à un mur de briques.

Ou à Shinigami.

Je tentais de trouver les mots qui pourraient arranger la situation. Il y avait un goût de bile sur ma langue.

- Nous essayions juste de te séduire Duo…

Soudainement, il explosa :

- Parce que tu appelles ça de la séduction ?

Rageusement, il essuya sa bouche d'un revers de main et j'aperçus un filet de sang. Heero l'avait mordu !

Mais comment expliquer à Duo la tension qui régnait entre Heero et moi et qui a fait réagir le soldat parfait avec tant de violence et de possessivité ? Le japonais n'est pas habitué à échouer face aux objectifs qu'il s'est assigné…

Comme pour rajouter de l'huile sur le feu, Heero dit d'une voix rauque, entre deux tentatives pour reprendre son souffle :

- Ne joue pas les innocents Duo… Tu savais parfaitement ce que tu faisais en t'habillant ainsi ce soir… Tu as passé ton temps à nous tenter tous les deux. Ne me dis pas que tu ne l'as pas cherché.

L'américain fixa le japonais, l'air saisi. Leurs deux regards rentrèrent en contact et je vis un instant passer une haine absolue passer dans les yeux de Duo. Je m'attendais presque à voir Duo frapper Heero a nouveau mais l'américain resta absolument immobile.

Je vis quelque chose briller sur ses joues et je restais saisi. Duo Maxwell était en train de pleurer.

La nausée me saisit au ventre, je n'arrivais pas à comprendre comment on en était arrivé là.

Quand Duo repris la parole, sa voix était étranglée par la fureur :

- Si j'ai fait cela, c'est pour savoir le fin mot de l'histoire. Il ne t'est jamais venu à l'idée de me DEMANDER MON AVIS ? Non, bien sûr. Soldat jusqu'au bout, même en ce qui concerne le sexe. On prend ce qu'on veut vite, brutalement… J'ai une nouvelle pour toi Yuy : ça s'appelle du viol. Est-ce comme cela que tu me considères ? Est-ce que c'est ce que tu veux de moi ?

Le silence qui suit est absolu, abyssal.

Et comme si ce n'était pas assez, Duo ajoute :

- Je suis déçu… Je pensais avoir réussi à créer des liens d'amitié entre nous mais je vois que je m'étais trompé.

Plus que tout autre chose, ces mots me lacérèrent le cœur et je sus que c'était pareil pour Yuy. Il fixa, Duo, l'air incrédule, comme un enfant qui aurait étouffé un oiseau dans sa main sans le vouloir et qui la  rouvrirait pour le trouver mort.

Avant que nous ayons pu ajouter quelque chose, Duo secoua la tête d'un air désolé et disparu dans l'obscurité.

J'entendis Heero murmurer "Duo" tout en tentant de prendre appui sur le mur pour se relever et me dirigeais vers lui pour l'aider.

Je le fixais droit dans les yeux et lui dit :

- On a merdé, Yuy.

Mais dans mon esprit, je pensais :

Tu as merdé, Yuy.

++++++++++

Duo :

The night sets softly

With the hush of falling leaves

Casting   shivering shadows

On the houses through the trees

Tandis que je m'éloigne dans la nuit sans sentir la morsure du vent d'automne et en tentant d'éviter les flaques de lumières des lampadaires, je ne peux pas m'empêcher d'entendre la voix de Heero dans ma tête.

And the light from a street lamp

Paints a pattern on my wall

Like the pieces of a puzzle

Or a child's uneven scrawl

D'entendre ce qu'elle insinue.

Peut être Heero à il raison. Je ne suis peut être rien d'autre qu'un rat des rues de L2 prêt à offrir son corps voir son cœur a n'importe qui dans l'espoir de combler le vide qui me ronge.

Up a narrow flight of stairs

In a narrow little room

As I lie upon my bed

In the early evening gloom

 

Mécaniquement, je rentre dans mon dortoir. Trowa et Quatre sont déjà là mais je leur accorde à peine un regard.

Impaled on my wall

My eyes can dimly see

The pattern of my life

And the puzzle that is me.

Quatre me regarde avec angoisse, je dois être en train de diffuser mes émotions j'imagine, mais à ce moment là ça m'est tout à fait égal. Il essaye d'attirer mon attention et de me parler mais finit par rendre les armes et sort du dortoir. A ce moment là, je ferais n'importe quoi pour un peu d'intimité, ne serait ce que dans le cockpit de mon gundam. Mémo à moi même : En finir rapidement avec ce général qui me force à tolérer la promiscuité des autres pilotes. Et, quitte à le tuer, lui faire payer pour être si dur à approcher, ou, pour parler plus clairement, me défouler dessus.

Je me déshabille sans vraiment m'en rendre compte, brosse mes cheveux et me glisse dans le lit inconfortable de la caserne. Il n'est de toute façon pas pire que le sol des rues de L2. Tout ça n'a plus vraiment d'importance. J'essaye de fermer les yeux et d'oublier la scène douloureuse  de tout à l'heure qui reste gravée dans mon esprit.

Mes lèvres me brûlent comme si une vipère m'avait mordu, mais c'était juste Heero. Ce que je veux, ce que je croyais vouloir, tout se brouille dans mon esprit. J'aimerais pouvoir sombrer dans le sommeil et tout oublier ne serait ce que l'espace d'une nuit mais les pensées enchevêtrées qui parcourent mon esprit ne me laisseront pas de répit.

From the moment of my birth

To the instant of my death

There are patterns I must follow

Just as I must breathe each breath

Quelque part sous l'anesthésie que je semble ressentir, je me sens si… trahi, humilié, souillé. J'essaye de ne pas m'apitoyer sur mon sort. Je ne l'ai jamais fait quand j'étais sur L2. Je ne le ferais pas maintenant et de toute façon une dépression nerveuse à ce stade de la guerre est un luxe que je ne peux pas me permettre.

Like a rat in a maze

The path before me lies,

And the pattern never alters

Until the rat dies

Bien sûr, je sais bien que Heero et Wufei ne sont pas censés connaître mon passé. Que leur dire d'ailleurs ? Excusez moi les gars mais vu que j'ai été violé, j'aimerais bien qu'on me demande mon avis avant qu'on me saute dessus, merci.

Non, je ne pourrais jamais leur dire ça.

Est-ce que toute ma vie je vais devoir traîner cette image derrière moi ? Peut-être que j'ai juste tort d'espérer que non.

And the pattern still remains

On the wall where darkness fell

And it's fitting that it should,

For in darkness I must dwell.

Bah, on est en tant de guerre. Avec un peu de chance, me vie ne durera pas si longtemps que ça.

Like the color of my skin,

Or the day that I grow old,

My life is made of patterns

That can scarcely be controlled.

+++++++++

Heero :

Je n'ai rien  vu venir, ni se besoin pressant de marquer Duo comme étant mien, ni même sa réaction imprévisible. Je ne suis  pas à l'aise dans ce genre de réactions émotionnelles.

Odin m'a dit un jour de suivre mes émotions et c'est ce que j'essaye de faire mais ne serait ce que la présence de Duo suffit à me faire perdre le contrôle de moi même ces jours ci. Je ne comprends pas bien ce qui se passe. Wufeï non plus apparemment, ce qui me rassure un peu.

Lorsque j'ai vu ses larmes dans ses yeux, j'ai été bouleversé comme seule la mort de la petite fille au chiot avait réussi à m'atteindre. J'ai eu l'impression d'avoir brisé un trésor que je ne savais même pas posséder.

Ce qui était en train de naître entre Duo et moi, cette chose fragile qui prenait peu à peu consistance, je l'ai fracassée, piétinée.

La seule chose que j'aperçois dans les yeux de Wufeï en me relevant, c'est de la pitié.

Le trajet de retour se fait dans un silence pesant. Nous ne sommes pas seuls dans le dortoir des cadets. Je n'aurais même pas la possibilité de m'expliquer avec Duo.

Je pensais qu'il ne pourrait rien se passer d'autre ce soir, mais il ne faut jamais mettre au défi les pouvoirs du pire. Devant l'entrée du dortoir, Quatre nous attendait de pied ferme avec dans les yeux une lueur que je n'avais plus vu depuis le zéro système.

- On peut savoir ce qui c'est passé ? Je n'ai jamais vu Duo dans cet état là !

Je me sens totalement incapable de lui répondre.

Encore une fois, Wufeï vient à mon secours d'une voix inquiète :

- Qu'est ce qui ne va pas chez Duo.

Quatre fronça les sourcils :

- C'est étrange. D'habitude il me cache la plupart de ses émotions mais ce n'est pas le cas ce soir, comme si il s'en fichait… Mais ce n'est pas ce qui me dérange le plus. Je perçois deux "courants" en lui. D'un coté, c'est comme si il était insensibilisé et qu'il ne sentait rien et de l'autre… Je sens un magma d'émotions tellement fortes et confuses que je n'arrive pas à analyser. Qu'est ce qui c'est passé Wufeï ?

Au ton de Quatre, il est visible que l'attitude de Duo l'angoisse. C'est compréhensible, de coutume, Duo est toujours celui qui remonte le moral de tout le monde.

Alors le chinois lui raconte le fiasco de ce soir et je vois Quatre rougir de colère. Il se contient jusqu'à ce que Chang ait fini puis il explose :

- Mais vous êtes une bande de crétins pas possible ! Mettre Duo au centre d'une compétition entre vous deux ! Vous auriez voulu le blesser que vous ne vous y seriez pas pris autrement ! Et toi,  Heero, je ne peux pas croire que tu aies fait tout ça, mais qu'est ce qui t'a pris ?

Voilà une question à laquelle j'aimerais bien avoir la réponse.

Il tente de se calmer en se passant la main sur le front et fait la grimace. Le connaissant, je suis presque sûr qu'il est en train de développer une fameuse migraine.

- Wufeï, est ce que tu peux nous laisser seuls Heero et moi ?

C'est plus un ordre qu'autre chose et le chinois s'exécute. Je le soupçonne d'être soulagé d'échapper à l'ire de l'arabe en mode "tempête du désert".

Lorsque nous sommes finalement seuls, Quatre continue, la voix plus calme :

- Heero, ce que tu lui as dit, tu ne le pensais pas vraiment, n'est ce pas ? Tu t'es juste… senti rejeté et tu as voulu le blesser a ton tour, n'est ce pas ?

Je relève la tête, surpris. L'idée ne m'avait pas effleuré mais maintenant que Quatre le dit, c'est limpide. Je hoche la tête muettement et Quatre soupire.

- Je te jure, vous deux vous êtes vraiment des cas.

Je me demande bien ce qu'il veut dire par là… Je tente d'expliquer à Quatre :

- Je ne voulais pas le blesser mais je ne savais pas comment lui faire comprendre que… Je suis attiré par lui. Alors j'ai pensé que les actions étaient plus lourdes que les mots et qu'en l'embrassant, il comprendrait…

- Ce n'est pas si simple Heero. Parfois, le désir peut blesser et ton attitude sous entendait que tout ce que tu voulais de Duo, c'était son corps. Et, le connaissant, jamais Duo ne s'engagera dans ce genre de relation. Pour lui, l'émotionnel est beaucoup trop important.

- Mais je…

Je m'arrêtais. Qu'est ce que j'allais dire ?

Quatre me regarda bizarrement et me dit :

- Si tu aimes Duo, tu devrais le lui dire.

Et sans rien ajouter d'autre, il me planta là.

+++++++++

Notes de l'auteur :

J'ai mis le temps… En fait, je n'avais pas le courage d'écrire ce chapitre parce que je savais que ça n'allait pas être beau à voir ni facile à écrire. Bizarrement, c'est venu d'un seul jet mais par contre, j'avais raison sur un point : le pov de Wufeï est encore plus sordide que le scénario le prévoyait et pourtant je l'aime beaucoup. En fait, Heero et Duo ont un peu échappé à mon contrôle… Heero n'était pas censé mordre Duo et pourtant il l'a fait, il n'était pas non plus censé lui dire tous ces mots vexants... Je ne sais absolument pas à quoi c'est dû, ça c'est fait automatiquement ce qui me fait dire que ça devait être comme ça et pas autrement.

Silmarill : Chapeau ! On voit bien l'auteur qui maîtrise sa création !

Erszebeth : Pas ma faute à moi, en ce moment j'ai plein d'idées pour de nouveaux fics et pleins de scénarios pour ceux en cours qui me trottent dans la tête.

En y regardant de plus près, tout le chapitre illustre la loi de Murphy…

[1] La loi de Murphy : Tout ce qui susceptible de mal se passer se passera forcément mal…

Silmarill : Je crois que tu devrais arrêter de lire des fics déprimants, ça te monte à la tête.

Avec tout ça, je vais être obligée de modifier mon scénario ! Ouin !

Pour ceux que ça intéresse, J'ai également updaté le chapitre 14 d'anarchie par intraveineuse.

Jikaï : Retour à la mission pour nos cinq pilotes. Mais comment parvenir jusqu'à un général surprotégé et, plus compliqué encore, comment réparer ce qui peut l'être…

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