Disclaimer : Je crois au Yaoi que je décrirais ainsi : Un garçon en voit un autre, il craque pour lui, le drague jusqu'à ce qu'il l'ai dans son lit et arrivé à ce niveau de l'histoire, dois-je vraiment vous faire un dessin ?
Malheureusement pour en arriver là, il faut d'abord généralement utiliser des persos qui ne vous appartiennent pas, vous voyez où je veux en venir ?
Erszebeth
L'énigme Duo
Chapitre 16 : L'œil du cyclone
Heero :
Je suis dans une rue sombre, brumeuse. Le bruit de mes pas se répercute sur les murs avec un son curieusement creux, comme si il résonnait depuis une autre dimension. De loin en loin, la lueur des réverbères sur le bitume éclaire brièvement la nuit comme autant de lucioles inutiles. Les lumières ne peuvent pas percer la nuit, elles sont trop faibles et l'obscurité est absolue.
J'avance toujours vers une destination indéfinie. Ce n'est pas ma préoccupation et le chemin est infini. La rue est abandonnée, nue dans ses tons grisâtres. La rue ne me plaît pas mais je ne peux pas la changer.
J'avance toujours, il est plus facile de ne pas me poser de questions.
Mais soudain je ne suis plus seul et des cris retentissent de le vide et la noirceur de la ruelle.
Il me faut un moment pour réaliser ce qui ce passe. Cette voix je la connais, c'est celle de Duo.
Mais il ne parle pas, il crie.
Il est entouré par des ombres indistinctes qui se pressent contre lui et, bizarrement, son corps brille comme si il était lui même une source de lumière.
Sous mes yeux, il est en train de se faire violer et sa lumière se ternit peu à peu, imperceptiblement.
Il ne regarde pas ses agresseurs qui paraissent immatériels, mais moi. Je ne peux pas bouger, paralysé par ce spectacle.
Et toujours, il crie. Des cris de désespoir profond, comme si ce n'était pas tant son corps qui était envahi mais plutôt son esprit.
Quelque part, je suis presque jaloux. Cet acte ne me semble pas aussi ignoble qu'il devrait l'être.
Mes yeux clignent et soudain plus d'ombres sur Duo, juste moi et c'est moi qui suis en train de le violer. Il ne crie plus et son regard me transperce. Ses yeux sont vides, la gaîté qui les habite d'habitude a disparu, c'est comme si elle n'avait jamais existé. Il me regarde avec mépris…
Tout ce que je peux voir dans ses yeux, c'est moi.
Ses yeux sont des miroirs froids et ils renvoient mon image.
C'est moi qui suis vide, c'est moi qui suis froid, c'est moi qui suis…
Sans émotion.
Cette réalisation est trop dure pour moi, quelque part quelqu'un crie "Non !" et je ne sais plus si c'est moi ou Duo.
Je me réveille dans le dortoir d'Oz. Choqué.
J'ai un peu de mal à réaliser que tout cela n'était qu'un rêve, ça semblait si réel… Si froidement, parfaitement concret, tangible.
Jusqu'à il n'y a pas très longtemps, je ne rêvais jamais ou si je rêvais je ne m'en souvenais pas. Certaines personnes disent qu'il y a de la vérité dans les rêves.
Et là, juste pour une fois, j'aimerais bien que cela soit faux.
Parce que la vérité fait mal.
+++++++++
Duo :
J'émerge doucement du brouillard rose et chaud du sommeil. Comme d'habitude, je n'ai pas du tout envie de me réveiller pour affronter la dure réalité de la vie.
Les rêves sont tellement mieux…
Mais le matelas d'Oz est dur et plein de bosses comme la réalité et les ressorts gémissent sous mon poids lorsque j'essaye de me retourner. C'est sans doute la métaphore de quelque réalité cruelle de la vie mais je suis encore trop ensommeillé pour savoir laquelle.
C'était trop beau pour durer et les évènements de la veille me reviennent en mémoire avec tout le tact d'une tonne de brique qui vous tomberait sur le coin de la gueule en impromptu.
Ouch.
Je m'appelle Duo Maxwell, je suis un terroriste, j'ai 16 ans de vie pathétique derrière moi et deux des personnes que je considérais hier encore comme mes meilleurs amis veulent juste me baiser et basta.
Oh Joy !
Je ne poserai pas la question rhétorique "est ce que les choses peuvent empirer" parce que si quelque chose peut être pire que ça alors je ne veux pas savoir ce que c'est.
Dans mes rêves les plus fous, j'avais imaginé Heero en train de m'embrasser et j'avais même, idiot que je suis fantasmé dessus. Mais la journée d'hier a transformé le rêve en cauchemar. Ce n'est pas la première fois que je suis déçu, en tant qu'orphelin de L2 j'ai déjà une belle expérience de ce genre de situation mais… le fait que je pensais avoir réussi à me faire de Heero un ami rend tout cela tellement plus dur.
Heureusement que je n'ai rien dans l'estomac ; je vomirais sinon.
Ce sentiment de trahison reste en moi de même que la brûlure sur mes lèvres là où Heero m'a mordu.
Bon, cinq minutes de perdues à ressasser des choses que je ne peux pas changer et à m'apitoyer sur moi même. Ça suffit maintenant Duo ! Debout !
Mais n'empêche… ça fait mal.
++++++++
Wufeï :
J'observe Duo d'un œil tandis qu'il se réveille. Dire que je suis préoccupé par ce qui s'est passé hier est un euphémisme. La tension qui existait entre Duo, Heero et moi a explosé hier. Quelque part, je me sens un peu mieux mais j'ai peur des retombées que cela va avoir… En particulier sur notre mission.
Comment Duo va réagir à présent ?
Heero n'était pas dans la chambre quand je me suis réveillé. J'ai comme l'impression que l'ambiance sera tendue aujourd'hui encore.
Duo s'étire et s'éveille doucement. Pendant un instant, il fixe le vide et son expression ne trahit pas ses pensées. A-t-il même conscience que nous observons le moindre de ses mouvements ? C'est une personne tellement émotionnelle, après hier j'ai peur que son comportement ne se modifie drastiquement.
J'échange un regard avec Quatre qui paradoxalement à l'air rassuré. Il doit capter de bonnes ondes de l'américain. Duo regarde encore un instant devant lui puis commence sa routine matinale comme si de rien n'était. Il a apparemment un potentiel de récupération émotionnelle considérable ou alors il est plus stable que je ne lui en donnais le crédit.
Comme prévu dans l'encadrement des cadets, le reste de la matinée passe sans incident notable tandis que nous passons par différents cours d'instruction. Comment nettoyer et monter une arme, exercices sur le champ de tir et ainsi de suite. Excepté qu'étant pilote de Gundam, je sais tout cela depuis longtemps et mes coéquipiers aussi. De toute façon, j'effectue ces tâches en automatique, tournant souvent mon regard vers Duo pour essayer de capter la moindre altération de son comportement.
Et tout le long de la matinée, Duo ignore tout simplement Heero. En y regardant bien, il m'ignore aussi mais en fait, surtout Heero avec tellement de désinvolture que cela pourrait presque être accidentel. Et Heero à presque l'air soulagé. Je le suis moi aussi mais sans doute pas pour la même raison.
Lâches. Nous sommes tous les deux des lâches. Mais la question est : combien de temps devons nous attendre avant que la colère de Duo soit un peu retombée et que nous puissions lui parler et nous expliquer avec lui ? Car j'en suis persuadé, il ne faut pas laisser traîner cette situation plus longtemps que nécessaire.
C'est décidé, dès cette mission finie il faudra que j'explique certaines choses à Duo. Il en va de mon honneur.
Cela dit, visiblement, Duo n'a pas l'intention de laisser ce qui c'est passé hier altérer son comportement où son travail. C'est admirable de sa part.
Son comportement est tellement peu altéré en fait que cela semble presque être une insulte personnelle qu'il nous envoie à Heero et à moi.
J'imagine que c'est tout ce que nous méritons. Je regrette vraiment de ne pas être arrivé à l'ouvrir hier avant que nous ne nous laissions emporter par nos tempéraments.
Il est midi et à la cafétéria, Duo arrive à obtenir une double ration grâce à son talent oratoire habituel. La situation n'a pas l'air de lui couper l'appétit ou alors il le cache bien.
Chacun d'entre nous se fait servir et quand c'est au tour de Quatre, c'est le drame.
Car dans la grosse louche de purée qui atterrit avec un beau "sploosh" dans son assiette vide se trouve un bonus pour le moins inattendu :
Un beau gros rat bien juteux.
Et je regrette amèrement de ne pas avoir un appareil photo sur moi ; l'expression sur le visage de Quatre vaut son pesant de cacahouètes. Un mix bizarre d'horreur et de dégoût stupéfié.
J'adore Quatre, vraiment, mais il ne faut pas oublier qu'il a vécu dans un luxe qui l'a protégé de pas mal des réalités de la vie, en l'occurrence de la cuisine des armées. Il reste là cinq secondes complètement statufié dans le silence causé par la brusque apparition du rat jusqu'à ce que Duo dise avec bonne humeur :
- Hey cuistot, pourquoi j'ai pas eu droit au bonus rat moi ?
Pour le coup, le sang de Quatre ne fait qu'un tour et ses idées de l'hygiène envoient un poing bien décidé dans la figure du pauvre cuistot.
Un "pop" m'apprend que le nez de ce dernier vient de prendre un angle peu naturel.
Les cadets tout autour suivent l'exemple de Quatre et en un instant c'est la bagarre généralisée dans le mess des soldats. On ne peut pas attendre de jeunes gens affamés par une matinée de dur labeur qu'ils prennent bien ce genre de surprise.
Tout en évitant les coups de poings qui pleuvent de partout, j'observe un Duo qui ne semble absolument pas défrisé par la situation sortir un sac en plastique de la poche de son pantalon de combat, attraper le rat couvert de purée par la queue et le fourrer dans le sac, y faire un nœud et remettre le tout dans sa poche.
Je suis curieux de savoir ce qu'il compte faire avec ça…
Très vite les officiers interviennent et demande qui a commencé la bagarre. Avant que l'un d'entre nous ait pu répondre, Duo s'avance et nous désigne tous les cinq.
Il a une idée derrière la tête, je pourrais le parier.
Nous sommes conduits manu militari à la prison et mis au arrêts. Je brûle de demander à Duo des explications mais Heero me devance d'un ton menaçant :
- Mais enfin, qu'est ce qui t'a pris Duo ?
Duo a un petit sourire satisfait et dit :
- Tu verras bien Yuy.
Ok… Duo n'appelle Heero par son nom que quand il est en colère. Il se distancie de lui.
Heero grommelle :
- Je vois ce que c'est. Je me débarrasserai de ce général moi-même dès que je serais sorti de cette prison où je te dois d'être.
Les yeux de Duo prennent un éclat dur et avant que quelqu'un ait pu réagir, il attrape Heero par le col et le plaque contre le mur.
- Tu as oublié ce que je t'avais dit, Yuy ?
Heero le regarde éberlué sans répondre. Je crois qu'il a du mal à savoir où il en est avec L'américain tant avec lui ça peut être la douche écossaise émotionnelle quand il le veut bien. Et il ne faut pas oublier que Heero n'est pas très doué avec tout ce qui est émotionnel, surtout quand c'est de Duo dont il s'agit. Je dois dire que moi même je ne sais pas toujours à quoi m'en tenir avec l'américain.
Ayant attiré l'attention du japonais, Duo continue :
- Quelque soit la situation, tu ne partiras pas en mission seul, tu as oublié ?
Heero déglutit péniblement et hoche la tête l'air plutôt surpris… Avait il oublié ce qu'il s'était passé durant notre dernière mission ? Ou pensait il qu'après les évènements de la veille Duo reviendrait sur ce qu'il a dit ? L'américain est persistent, je dois bien l'avouer c'est sûr.
La réaction de Heero a l'air de l'horripiler et il lève les yeux au ciel, c'en est presque comique et il lâche enfin Heero.
Qui reste là comme deux ronds de flan. Il est clair qu'il ne l'avait pas vue venir celle là.
Moi non plus, je dois dire.
Duo soupire et finit par expliquer :
- Vous ne l'avez pas réalisé, mais avec le grabuge qu'on a fait, ce cher général va demander à nous voir… c'est l'occasion idéale pour accomplir notre mission.
Bon ok, disons le carrément, Duo m'épate. Mais il oublie tout de même un minuscule détail et je m'empresse de le souligner :
- C'est bien beau ça, mais nous n'avons pas d'arme !
- Et depuis quand on a besoin d'une arme pour tuer quelqu'un ? Et en plus, les soldats d'Oz sont nuls en fouille…
Et comme le ferait un bon illusionniste, Duo sort un couteau bien aiguisé de sa tresse.
C'est officiel, il y aura du général d'Oz froid au repas de ce soir. Avec sa verve habituelle, Duo nous a tous mis d'accord.
Qu'est ce qu'on ferait sans lui ?
Pas grand-chose, je crois. Il était censé être sans dessus dessous après hier et pourtant, dès que le général nous a appelé dans son bureau, il a pris tout naturellement les commandes de la mission. Un coup de chance, j'aurais pensé qu'il y aurait au moins un soldat chargé d'assurer sa sécurité dans le bureau mais non.
Le général nous jauge du regard. Ça n'a pas l'air d'être un mauvais bougre mais ça ne l'empêchera pas de figurer dans la rubrique nécrologique du journal du coin d'ici peu.
Lorsqu'il demande ce qui a causé la rixe, Duo s'approche du bureau et sort de sa poche le rat couvert de purée. De surprise, le général reste sans réaction un instant, instant dont profite Duo pour lui lancer le couteau dans le cœur avec son doigté habituel.
Le général mort s'écroule sans cérémonie sur le rat qui en aura décidément vu des vertes et des pas mûres après sa mort. Sans un mot, Heero s'approche de l'ordinateur du général et récupère les fichiers qui intéressent les mad fives.
Mission accomplie mais je suis curieux de voir comment Duo va nous sortir de la base.
Je n'aurais pas dû m'inquiéter : pendant que nous patientions avant que le général nous appelle dans son bureau, Duo en avait profité pour draguer la secrétaire de ce dernier comme il le fait d'habitude. Alors, lorsqu'en sortant il lui dit d'un ton léger : "Au fait, le général m'a demandé de vous dire qu'il souhaitait ne pas être dérangé de l'après midi" et qu'il lui fait un clin d'œil complice, la secrétaire le remercie avec un grand sourire.
Le charme Maxwellien marche à tous les coups. C'est quelque chose que nous devrions tous apprendre… Surtout Heero. Mais bon, une bonne partie de ce talent dépend uniquement du charisme de Duo donc j'imagine que ça ne marcherait pas de toute façon.
Sans se presser, Duo nous conduit hors du bâtiment avec une désinvolture horripilante. En plus, il à l'air très satisfait de lui-même, le bougre !
Le reste du plan de Duo est d'un sang froid pas croyable. Il profite des exercices sur le terrain de l'après-midi pour nous escamoter en piquant une jeep sans même que les officiers censés nous former se rendent compte de quoique ce soit.
Le temps qu'Oz réalise que le général est mort et que les cinq cadets qui l'ont vu en dernier ont disparu, nous sommes déjà loin dans la planque qui nous à été attribué pour attendre la prochaine mission, la jeep trop facilement identifiable abandonnée dans un coin paumé.
Encore une fois, je suis admiratif face aux ressources de Duo et je crois bien que je ne suis pas le seul dans ce cas là.
++++++++
Notes de l'auteur :
Merci pour toutes vos reviews pour le chapitre 15, j'espère que celui-ci vous a plu tout autant. Vous aller pensé que j'ai gâché un bon potentiel d'angst mais je refuse de laisser Duo s'apitoyer sur lui même. Pour moi, ça ne cadre pas avec le personnage. Par ailleurs, j'aurais tout le temps de tirer les conséquences du chapitre 15 dans le prochain chapitre… La vérité, c'est qu'avec une mission en cours, Duo ne pouvait tout simplement pas se permettre de se laisser aller…
C'est bizarre mais quand on regarde les pov de Duo et de Heero, ils partagent une curieuse symétrie paradoxalement dissymétrique…Le pov de Heero est très onirique, peut être trop… mais bon sang les symbolismes que j'ai collé dedans ! Je mets des symbolismes partout en ce moment.
Quand au dernier pov, celui de Wufei, c'était au départ un pov de Trowa mais je trouvais qu'il manquait de substance alors j'ai gardé la trame narrative et j'ai fait parler Wufeï à la place ce qui m'a fait tout réécrire. J'imagine que je ne maîtrise pas encore assez bien Trowa pour le voir comment il réfléchit et il agit… zut !
Vous allez me dire que l'histoire du rat c'est peut être pousser le bouchon un peu loin mais c'est arrivé à une personne que je connais. Sans déconner !
Jikaï : Une planque, cinq pilotes, du temps pour réfléchir et une situation tendue… Où en sont exactement Heero, Wufeï et Duo ? Y'a de l'explication dans l'air.
Bon, maintenant que j'en ai fini avec ça, j'imagine que je vais voir si je ne peux pas écrire le chapitre 6 de "De l'autre coté du monde". Don't get your panties in a twist, buddies, it's coming soon!
Et comme d'habitude, si vous avez des réactions ou des suggestions, je serais charmée si vous me laissez une petite review pour me les faire savoir. Ja ne !
