Au programme : 2x1x2, angst, sap, fluff, past NCS. La relation entre Duo et Heero s'installe.

Erszebeth

L'énigme Duo

Chapitre 18 : Bruits Subliminaux

Duo :

C'est un putain de bruit subliminal, malgré le casque sur mes oreilles qui déverse son rock habituel. Le genre de bruit que vous supportez cinq minutes mais qui est tellement irritant qu'il finit toujours par se rappeler à votre bon souvenir, comme si il raisonnait dans votre tête. Impossible à ignorer, il finit par vous  faire grincer des dents.

C'est le bruit qui signifie que la communication ne passe pas, que votre partenaire et accessoirement petit ami se referme sur lui même parce qu'il ne sait pas comment gérer votre relation et tout ce qui va avec.

C'est le tic-tac de la bombe armée, le bruit insupportable de l'horloge qui avance *contre* vous.

C'est le bruit des mains de Heero sur le clavier de son ordinateur portable, le cliquetis rapide et incessant des touches sous ses doigts. De puis le temps, je devrais sans doute être immunisé mais ce bruit, la barrière qu'il crée entre nous m'est plus que jamais intolérable. Je veux être avec Heero… Et je ne laisserais rien et surtout pas un ordi se mettre entre nous.

Les deux questions sont alors : "pourquoi Heero s'emmure t'il dans le silence ?" et "comment l'en faire sortir ?"

*********

Heero :

Je laisse mes mains courir sur le clavier pendant que je rédige le rapport de notre dernière mission. Duo lui est sur le lit, les écouteurs sur les oreilles. J'entends la musique qui dégouline de ses oreillettes et qui créée un vague fond sonore irritant. Je ne sais pas comment il peut s'entendre réfléchir dans ce genre de conditions.

Je n'ai pas vraiment besoin de me concentrer sur ce que j'écris tant c'est une tâche familière, presque apaisante. Ce que je ne mets pas dans le rapport, c'est que mon instinct protecteur aurait bien pu tout faire rater. Au niveau conscient, je sais bien que Duo peut se défendre tout seul est que c'est Oz qui devrait faire gaffe mais mon instinct, lui, me dit de protéger mon partenaire.

Est-ce mon cerveau reptilien qui me joue des tours où bien est-ce un effet secondaire des rêves que j'ai eu au sujet de Duo, je n'en sais rien. Mais en tous cas, je le connais assez pour savoir qu'il serait furieux si j'essayais de le materner.

Mais lorsque ce soldat a visé Duo, j'ai eu peur. J'ai soudain réalisé que je pouvais le perdre à n'importe quel moment. J'ai été paralysé et je ne l'ai pas couvert comme je l'aurais fait d'habitude. Une chance, le soldat l'a raté et Duo lui ne l'a pas loupé avec son arme, mais j'ai quand même commis une erreur.

Une erreur impardonnable, me crie mon entraînement qui se rappelle à mon bon souvenir juste quand il ne faut pas.

Il me dit qu'une telle relation est impensable en temps de guerre, que c'est une grossière erreur qui pourrait bien nous coûter la vie à tous.

Comment suis-je censé entretenir des relations avec quelqu'un quand mon programme me crie le contraire ? Suivre mes émotions ? Elle est bien bonne celle là. Personne ne m'avait jamais dit que c'était aussi difficile.

J'en suis là dans mes réflexions lorsque j'entends Duo s'approcher derrière moi.

*********

Duo :

Heero tressaille, il m'a entendu arriver. Apparemment, il était profondément plongé dans ses pensées. Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas.  Heero est plus tendu qu'un ressort. Il est temps de passé à la phase B. Je pose légèrement mes deux mains sur ses épaules et exerce dessus une petite pression, histoire de tester. Ouaip, c'est bien ça, ses muscles sont plus durs qu'un parpaing. Heero Yuy est officiellement tendu, mesdames et messieurs.

Hm. L'attaque frontale ne convient pas pour ce genre de cas. Il va falloir ruser.

Je me baisse assez pour mettre ma bouche à hauteur de son oreille et je lui murmure doucement et accessoirement sensuellement, histoire d'avoir toute son attention :

"Heero… Et si tu me disais ce qui ne va pas ?"

Il se tourne vers moi, visiblement pris par surprise.

Hé, que voulez vous que je vous dise ? Quand vous savez que l'attaque frontale ne va pas marcher, vous changez de tactique. Et visiblement ça marche parce que ses muscles se détendent un chouia sous mes doigts qui en profitent malicieusement pour commencer à le masser.

Je le sens prendre une inspiration. Ça marche *vraiment* très bien.

"Duo… Comment tu fais pour ne pas te laisser déconcentrer par tes émotions ?"

J'aurais dû me douter que Heero n'en viendrait pas immédiatement à me dire ce que je veux savoir, mais la question est intéressante. J'y réfléchis brièvement en continuant à attendrir ses muscles.

"Hm. J'imagine que c'est plus facile quand on est habitué à les gérer. Ton problème, ou plutôt une partie de ton problème, c'est que tu les as refoulées trop longtemps. Donc, maintenant elles se vengent, vu que tu n'es pas immunisé contre elles"

Les mains de Heero s'arrêtent sur le clavier. Je me penche un peu plus :

"fini ?"

Il hoche la tête. Il est temps de passer aux choses sérieuses et de déplacer la discussion.

"Et si tu allais t'asseoir sur le lit ? Ce n'est pas très confortable de te masser sur cette chaise"

Héhé, Heero est trop rouge. Il est trop chou comme ça. Oui, vous avez bien entendu, Heero est chou. Moi non plus je n'en reviens pas.

Il s'exécute sans rien dire, en bon soldat. J'aurais probablement pu aussi le faire s'allonger sur le lit, mais je ne le veux pas *trop* détendu. Et puis comme ça je peux me placer derrière lui et déposer de temps en temps un baiser léger sur sa nuque. Vous pouvez me croire sur parole, je ne l'entends pas se plaindre, bien au contraire. Si il était un chat, il serait en train de ronronner.

Parfait. Temps de passer à la deuxième phase du plan.

"Et si tu me disais ce qui te tracasse vraiment ?"

Pour le coup, il se tend de nouveau et je laisse échapper un petit son de déception de voir tout mon beau travail ruiné.

"Mes émotions peuvent compromettre nos missions"

Je m'arrête un instant. Je sens un os, et il est pas dans le dos de Heero, celui-là.

"Mais quel type d'émotions, Heero ?"

Et hop, il se tend encore, conscient qu'il a ouvert la boîte de Pandore. Trop tard pour la refermer, Hee-chan. Il soupire :

"Pendant la mission… Je me suis rendu compte que je pouvais te perdre à n'importe quel moment. Je savais que je pouvais mourir à chaque mission et ça n'avait aucune importance mais tout d'un coup, quand ce soldat a levé sa mitraillette, je me suis figé et j'ai réalisé que ce n'était plus vrai pour toi"

… ! Que dire ? Venant de Heero Yuy, ce genre d'affirmation est presque une déclaration d'amour. Lentement je me penche et je me plaque tout contre en entourant mes bras autour de lui. Sa respiration est irrégulière et ses battements de cœur le sont aussi.

"Et dis moi Heero… Est-ce que mourir t'es toujours égal ?"

Sa voix est sans hésitation lorsqu'il répond :

"Je donnerai ma vie pour les colonies… Mais uniquement si c'est nécessaire."

Sa main droite se referme sur la mienne et je connais bien tous les non-dits que sous-entend ce geste.

"C'est pareil pour moi, Heero"

Sa main serre la mienne ; message reçu. Le mur qui nous empêchait de communiquer a disparu. J'ai la tête contre l'épaule de Heero et je me sens bien, en paix. C'est une drôle d'impression et je me rends compte que je ne l'avais pas ressentie depuis longtemps. Depuis Solo, en fait.

Nous restons là, silencieux, mais ce n'est pas un silence désagréable. Qui a dit que je ne savais pas me taire ? Vous voyez bien que vous vous trompiez. Et il faut que ce soit Heero qui le rompe :

"J'ai cette impulsion… De te protéger"

Aaah, je savais bien que Heero était un male alpha. Moi, mâle fort, protéger femelle faible. Sauf que Heero mon pote, y'a comme un deuxième os là, vu que je suis *aussi* un mâle. Faudrait voir à pas l'oublier quand même. Comment faire dans ces cas là ? Compromis, compromis mes amis !

"Nous sommes partenaires. Tu couvres mon dos, je couvre le tien. En clair, Yuy, tant que tu me mère-poulise pas, c'est ok avec moi"

Heero expire son air. Il s'attendait apparemment à ce que je le prenne mal. Les problèmes sont résolus et je décide donc de changer la nature de notre conversation. Moins de paroles et plus d'interaction, si vous voyez ce que je veux dire. Vu d'en haut, le débardeur de Heero ne couvre pas grand-chose et il en couvrira encore moins quand je l'aurais enlevé. Mais bon, si je commençais par ça, ça manquerait un peu de subtilité. Je change donc de coté pour me mettre à cheval sur Heero. Celui-ci me regarde avec les yeux ronds avant que ses mains rentrent en action. H moins une seconde avant le baiser du siècle.

Waow. Pour un débutant, Heero ne manque ni de technique ni d'enthousiasme. Je pèse de tout mon poids sur lui et nous tombons à la renverse sur le lit. Jambes emmêlées, mains en vadrouille et bouches exploratrices… J'imagine que je pourrais vous faire une bien meilleure description si la langue de Heero n'était pas en train de tutoyer mes amygdales. Pas que je me plaigne, attention, mais vous admettrez que ce n'est pas facile de se concentrer dans ces conditions. Et puis c'est pas comme si j'avais envie de me concentrer sur autre chose que Heero, de toute manière.

On en était là quand tout d'un coup Heero me retourne comme une crêpe. Mauvais mouvement. Je réagis instinctivement et je m'extirpe de son étreinte. Pendant un instant, un tout petit instant, j'ai perdu le contrôle et les souvenirs sont remontés à la surface. Damn. J'ai du mal à respirer. On échappe pas indemne d'un viol… Et le fait de me sentir encagé sous lui, de me sentir vulnérable m'a rappelé de très mauvais souvenirs. Pendant un moment, au dessus de moi ce n'était pas Heero mais un violeur anonyme.

J'arrive pas à relever la tête pour le regarder dans les yeux. Je me suis acculé tout seul contre le montant du lit et j'essaye de calmer les tremblements qui me parcourent en m'entourant les bras autour du torse.

C'est alors que je sens la main de Heero qui se pose sur mon bras en une touche légère et je relève alors la tête. Ces yeux sont sérieux et préoccupés et je peux sentir les questions qui sont en train de naître dans son cerveau.

Zut, bien joué Duo et bravo pour ton contrôle.

Il humecte ses lèvres comme si il réfléchissait puis se penche un peu vers moi. Je jugule à peine un mouvement de recul.

"Duo… Est-ce quelqu'un t'a fait du mal, enfin, je veux dire…"

Je ne comprends que trop bien ce qu'il veut dire. Comme si notre relation n'était déjà pas difficile sans avoir à ajouter en plus dedans mes problèmes personnels. Je n'avais pourtant pas l'intention de le cacher, mais j'espérais avoir un peu plus de temps avant d'avoir à discuter de tout ça et j'ai la désagréable impression d'avoir largué un cadavre en décomposition entre nous. Je pousse un soupir vaincu et hoche la tête avant de la planquer dans mes genoux. Vous connaissez mon credo : Je cours et je me cache, mais je ne mens jamais. J'avais pas dû beaucoup réfléchir le jour où j'avais décidé que ce serait ma ligne de conduite.

Nous voici donc au troisième os de la soirée, ça commence à faire beaucoup. Encore à peu près 200 et je pourrais me faire un squelette. Vous aussi, faites peur à vos amis !

********

Heero :

Tout se passait bien jusqu'au moment où j'ai retourné Duo. Sa réaction a été instinctive, il s'est tout de suite mis à lutter contre moi et dès que je l'ai lâché, il s'est éloigné le plus possible. J'aurais sans doute été blessé dans mon amour-propre si je n'avais pas regardé ses yeux avant qu'il ne reprenne contenance.

Et j'ai tremblé en y voyant une peur irraisonnée.

Je restais un instant saisi et l'entendant respirer à toute vitesse. Pour une quelconque raison, mes actions lui avaient fait peur alors qu'il avait l'air à l'aise auparavant. Un frisson me parcourut. Ses réactions me rappelaient trop les rêves que j'avais eus et où il se faisait violer. Et c'est bien au moment où il a perdu le contrôle que Duo a réagi. Soit Duo ne me fait pas confiance soit… C'est autre chose. Je préférerais presque qu'il ne me fasse pas confiance.

Il faut que je sache, mais comment demander ? Quelque part, le mot "viol" me fait peur à cause de tout ce qu'il implique. Je ne sais pas comment tourner la question.

"Duo… Est-ce quelqu'un t'a fait du mal, enfin, je veux dire…"

Il tressaille et ne répond pas tout de suite mais finit par hocher la tête avant de la cacher dans ses genoux. Mes pires craintes confirmées, je ne sais pas comment réagir. Quelle est l'étiquette relationnelle à suivre dans ce genre de situation ? Duo à l'air tellement perdu, tellement vulnérable recroquevillé contre le mur, je sens mes impulsions protectrices revenir en force.

Je me rapproche doucement, comme je le ferais pour un animal blessé et je l'entoure de mes bras avant de l'attirer vers moi. Il ne lutte pas et met sa tête contre mon épaule. Mais le doute subsiste encore, il faut que je demande :

"Est-ce que c'est bien ce que je crois ?"

Duo pousse un nouveau soupir :

"Oui Heero. Je… J'ai été violé"

Le mot est lâché. Automatiquement ma main vient s'enfouir dans ses cheveux et, sans vraiment m'en rendre compte, je le serre contre moi. Je l'entends dire d'une toute petite voix :

"Je suis désolé…"

Je sens ma gorge rétrécir, pris entre mon émotion pour Duo et ma haine pour ceux qui lui ont fait ça. Je levais sa tête vers moi pour voir ses yeux qu'il cachait depuis toute à l'heure et je lui dis avec tout la conviction que je peux rassembler :

"Ce n'est pas de ta faute, tu n'y es pour rien"                            

Je cherche mes mots quelques secondes. Il y a autre chose que je devrais lui dire, quelque chose de plus important encore… je peux lire dans ses yeux qu'il en a besoin :

"Je ne t'en estime pas moins pour autant, Duo, au contraire"      

Il poussa un petit gémissement de soulagement. Je ne sais pas vraiment comment, mais on dirait que j'ai trouvé les mots qu'il faut. Ce n'est pas si difficile finalement de suivre ses émotions. Je continue à caresser ses cheveux machinalement et je le sens se décontracter contre moi. Je lui murmure confidentiellement à l'oreille :

"Je comprends mieux tes réactions maintenant, quand tu as décapité cet officier d'Oz et plus tard quand tu as réagi si violemment quand je t'ai mordu la première fois…"

Il acquiesça :

"Dans ce genre de situations, j'ai du mal à me contrôler… Soit je suis paralysé par la peur soit je suis fou de colère… Et quand j'ai vu cet officier te tripoter… Bon sang, je crois bien que je n'avais jamais été autant en colère de toute ma vie"

Je repense à l'apparition de Duo dans cette base d'Oz…

"Tu as fait ça pour me protéger… Et je dois dire que tu étais particulièrement impressionnant. Et très, très sexy"

Pour le coup, Duo à l'air surpris et un timide sourire réapparaît sur ses lèvres. Je reste sérieux :

"J'en ferais autant pour toi. Si quelqu'un essaye de te toucher, il a intérêt à numéroter ses testicules"

Le sourire qu'il m'adresse est plus franc :

"Merci Heero"

Je réfléchis deux secondes en repensant à ces rêves qui m'ont hanté. Je voulais le dire à Duo mais je n'aurais jamais osé. Mes peurs me semblaient si ridicules avant…Maintenant, ça  me semble important :

"Il y a quelque chose que je voudrais te dire. Ces rêves que j'avais où ces gens te faisaient du mal…"

Je me mords les lèvres, ne sachant pas vraiment comment continuer. Duo lui m'écoute et me fait un petit geste de la tête pour me dire de dire ce que j'ai à dire :

"Ne me demande pas comment, mais c'est comme si je savais inconsciemment ce qui t'était arrivé. Dans mes rêves, tu te faisais violer et je ne pouvais rien y faire. Ça me culpabilisait tellement, je pensais que c'était de ma faute…"

Je le serre dans mes bras convulsivement. Je l'entends murmurer à mon oreille :

"Tout est ok Heero, je suis avec toi maintenant"

Et je réalise soudain que je suis amoureux de Duo Maxwell, et que je le suis déjà depuis longtemps, peut-être depuis le jour où j'ai posé les yeux sur lui pour la première fois. Et dans un coin de mon cœur, je me jure de ne plus jamais lui faire du mal et de toujours être là pour lui. Maintenant que je l'ai attrapé, je ne vais plus le lâcher. Pendant un très long moment, l'un contre l'autre, nous restons silencieux, baignant dans nos chaleurs cumulées.

*****

Notes de l'auteur : C'est comme si ce fic ne devait jamais finir. J'aime bien jouer avec mes personnages. Cela dit, écrire en pov ça demande une concentration telle que j'enverrais bien ce fic à tous les diables. Enfin, tant qu'il vous plaît c'est le principal.

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