The best Enemies in the World

by Sataï Nad

Disclaimer : The characters are not mine. They belong to Thomas Harris. I just borrowed them. No copyright infringement is intended.

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Chapter 3 : Doctor Lecter's Letter

Chère Clarice,

Tout d'abord, permettez-moi de compatir à votre situation en suspens et de vous demander ceci : les rumeurs ont-elles déjà commencé ? Si ce n'est le cas, soyez assuré que ce n'est plus qu'une question de temps.

Bientôt, le public ira au delà de votre actuelle disgrâce et s'interrogera sur la raison pour laquelle j'ai négligé de faire de vous ma prochaine victime. Ne vous inquiétez pas. Vous n'aurez pas besoin de vous justifier, car il arrivera à ses propres conclusions. Et malheureusement, quoi que vous disiez ou fassiez, les gens croiront ce qu'ils voudront.

Votre détermination à me sauver des griffes de Mason Verger viendra obscurcir leur jugement. Désolé, Clarice, j'ai le regret de vous dire qu'ils n'accepteront jamais l'idée que vous ayez agi par miséricorde en m'épargnant la torture. Ils ne verront pas dans ce geste votre obsession à sauver les pauvres agneaux. Ils ne verront qu'un agent du F.B.I. qui a risqué sa carrière, ses valeurs morales et sa vie pour secourir un monstre. Vous vous êtes faite une réputation que rien ne pourra effacer, quoi que vous accomplissiez à l'avenir. Vous deviendrez l'agent intègre qui a mal tourné, et je serai pour toujours votre amant diabolique. Ce que vous avez fait fera de moi une nouvelle énigme, mais fera de vous un paria corrompu.

Est-ce que cela vous dévore, Clarice, de savoir que vous avez tout sacrifié pour finalement tout perdre ? Que vous reste t'il à présent ? Un nom entaché, une carrière brisée ? Caressez-vous toujours l'idée que le F.B.I. soit votre raison de vivre ? Soyez honnête envers vous-même, Clarice. Des envieux vous menaceront toujours. Qu'ont-ils encore à vous offrir, si ce n'est que mépris et souffrance ?

Dites-moi, avez-vous gardé la robe ? Je l'espère. Pardonnez-moi d'avoir violé votre intimité pendant votre sommeil, mais même Vénus n'aurait pu paraître aussi belle que vous l'étiez, vêtue ainsi. Sensuelle, provocante… et si fragile.

J'ai encore le goût de vos lèvres sur les miennes. Toutes les émotions que vous avez ressenties en cet instant resteront gravées à jamais dans ma mémoire. De la confusion, de la tristesse, un sentiment de perte. Oui… Et l'amertume de cette larme? Pourquoi et pour qui pleuriez-vous ? Certainement pas pour moi, ni pour votre carrière. Serait-ce de la honte ? Peut-être qu'un jour, vous me le direz. Peut-être ou jamais…

Aux yeux de la majorité, vous semblez commune. Peu de personnes voient au-delà des simples apparences. Très peu se figurent le magnifique papillon que vous pouvez devenir. Vous avez besoin de vous enrichir, Clarice, car personne ne le fera pour vous. Comme ma supposée lettre d'amour le laissait entendre, vous êtes effectivement " le miel dans la lionne ". Libérez-vous de ces êtres insignifiants. Ils ne vous voient pas comme je vous vois. Ils ne savent pas ce que je sais. Est-ce que cela vous dévore aussi, Clarice, de savoir que le seul être qui vous voit tel que vous êtes réellement, est un meurtrier ? Bien que l'idée vous effraie, vous savez que je vous connais mieux que vous ne vous connaissez vous-même. Et vous me connaissez comme personne. Aux yeux du monde, vous êtes ma faiblesse. A tort ou à raison ? Hélas, vous ne saurez jamais si c'est la vérité.

Dites-moi, Clarice Starling, continuerez-vous à me poursuivre sans le soutien du Bureau ? Voudrez-vous prouver votre valeur au monde extérieur ? Je l'espère. Nous pourrions tellement nous amuser.

Où êtes-vous, Clarice ?

Que voulez-vous ?

Quelle est ma place dans votre monde ?

Posez-vous sincèrement les questions et les réponses s'imposeront d'elles-mêmes.

Bien à vous,

Hannibal Lecter.

Clarice Starling lut et relut lentement la lettre, et resta songeuse. Son premier réflexe aurait été de la remettre au laboratoire pour analyse. Bien sûr, il n'aurait rien découvert, mais c'était la procédure. La vérité, c'est qu'elle n'en avait pas envie.

Ce courrier était trop personnel. Clarice approcha le papier de son nez et le sentit. La fragrance de son eau de toilette, cette odeur si masculine, si typiquement lui… fit naître en elle le souvenir de leur baiser. Elle chassa les images qui avaient jaillies spontanément dans son esprit à cette évocation. Elle ne voulait pas partir dans cette direction : fantasmer sur lui ne menait à rien.

Cependant, elle ne put écarter le sentiment de perte et de regret qui subsista en elle toute cette journée.

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Quand elle arriva un matin à son bureau – " l'antre du Cannibale ", comme on l'appelait - elle trouva Clint Pearsall qui l'attendait, accompagné de deux hommes qu'elle ne connaissait pas.

" Starling, voici Matt Jennings du Département de la Justice. Et voici Josef Stevenson, des affaires internes pour la branche grand banditisme. "

Ils se saluèrent. Jennings prit la parole.

" Agent Starling, nous ne nous perdrons pas en bavardages concernant cette histoire : les choses sont mal engagées pour vous. Et comme vous le savez, cette affaire Lecter dérange beaucoup le Département de la Justice. Nous voudrions y mettre un terme dans l'intérêt des deux parties en présence. Mais d'abord qu'une chose soit bien claire : tout ce qui sera dit dans cette pièce restera entre nous, d'accord ? "

Starling jeta un regard vers Pearsall, qui hocha imperceptiblement la tête.

" Je vous écoute. "

" Dans quelques jours, vous serez avisé de votre renvoi. Bien entendu, on vous priera de démissionner… Ce que vous ferez… officiellement. "

Clarice se tendit à ces mots. Elle sentit son estomac se nouer. Elle regarda les trois hommes tour à tour et comprit qu'il y avait autre chose.

" Et ? "

" Vous partirez quelques jours pour vous mettre au vert, réfléchir à votre nouvelle situation, envisager votre avenir sans le F.B.I. "

" La décision de vous renvoyer est essentiellement politique. Vous n'êtes qu'un bouc-émissaire. Et nous voulons profiter de cette opportunité. "

" Une opportunité ? Je ne comprends pas. Où voulez-vous en venir ? "

" Vos états de service en disent long sur vos aptitudes, Agent Starling. En fait, vous avez le parfait profil pour la mission que nous voulons vous confier. "

Clarice était surprise.

" Quel genre de mission ?

" Josef vous donnera tous les détails. Officieusement, vous faites toujours partie du Bureau. Mis à part Josef, Clint et moi, personne d'autre ne sera au courant de votre rôle. Vous ne pourrez compter que sur vous-même. Je ne vous cache pas que c'est excessivement risqué. "

" Et si je refuse ? "

Il y eut un silence gêné. Matt Jennings reprit la parole.

" Vous n'avez pas vraiment le choix, Agent Starling. "

" Si vous réussissez, vous gagnerez une nouvelle respectabilité. Vous serez officiellement réintégrée et promue. "

" Et si j'échoue ? "

" Vous allez travailler sans filet, Starling. Pearsall et ses hommes n'interviendront que si les choses tournent vraiment mal. "

Starling resta silencieuse, mesurant la portée des paroles de Stevenson. Son avenir se jouait en cet instant. Les trois hommes attendaient une réponse.

" Très bien, je marche. "

… To be continued…