The best Ennemies in the World

by Sataï Nad

Disclaimer: The characters are not mine. They belong to Thomas Harris. I just borrowed them. No infringement of copyright is intended.

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Chapter 6 : Clarice's Mr. Right

Avec un déclic étouffé, Hannibal Lecter poussa la porte et pénétra silencieusement dans l'appartement de Clarice Starling à Arlington. Après la première intrusion du Docteur, la jeune femme avait changé la serrure, mais visiblement sans se faire d'illusions sur une possible tentative d'effraction. Il resta un moment immobile, tous ses sens en alerte pour s'imprégner de l'univers de Clarice.

Il baissa les yeux et aperçut à ses pieds le courrier qui s'amoncelait sur le sol. Il s'accroupit et fouilla, puis ouvrit une enveloppe. C'était la facture de la compagnie de téléphone. Il parcourut les derniers numéros appelés par la jeune femme : Floride, Miami. Il mémorisa les numéros et commença ses investigations dans la maison.

Il pénétra dans la chambre de Clarice. Comme dans les autres pièces, tout était soigneusement rangé. Il considéra un instant le matelas nu et ouvrit les placards. Une grosse partie de ses vêtements avait disparue. Elle était partie pour longtemps. Le bac à linge sale était vide. Elle avait organisé son départ.

Il passa dans la salle de bain et observa chaque détail. Il ferma les yeux un instant et imagina Clarice évoluer dans les deux pièces les plus intimes de la maison. Il la vit sortir du lit, alerte, portant seulement un long tee-shirt. Puis il la vit se tenir devant le miroir en train de brosser lentement ses longs cheveux auburn. Il laissa son esprit vagabonder et il se vit aussi dans le miroir, la rejoignant pour la prendre doucement par la taille. Clarice se laissait alors doucement aller contre lui en soupirant d'aise. Il la tenait ainsi pendant un long moment, savourant l'intimité de ce contact, respirant l'odeur parfumée de ses cheveux, caressant sa nuque avec ses lèvres, la sentant frissonner et s'abandonner, alors que ses mains exploraient lentement le corps de la jeune femme…

Hannibal Lecter se secoua soudain et chassa ses pensées devenues par trop érotiques. Ses yeux tombèrent sur l'eau de toilette de Clarice. Il ouvrit la petite bouteille et respira la délicate fragrance de 'L'air du Temps'. Il fut immédiatement projeté sept années en arrière, alors qu'il découvrait une jeune stagiaire du FBI, venue l'interroger sous un faux prétexte. Il avait d'abord éprouvé du mépris pour les méthodes employées par Jack Crawford, puis ensuite, il avait mentalement félicité le chef du Département des sciences de Quantico pour son choix.

Il avait tout de suite cerné la personnalité de la jeune et jolie Clarice Starling. Ambitieuse, courageuse, travailleuse, honnête, prête à se battre dans un monde d'hommes, pleine d'illusions. Comme il l'avait taquinée sur ses origines misérables, comme il s'était moqué de son accent, comme elle avait subi ses déclarations cinglantes, encaissant sans broncher, pleine de crans… Comme il avait aimé cette bravoure... Comme il avait été touché par sa vulnérabilité… Comme il avait apprécié son sens de la répartie… Comme il avait souhaité la revoir…

Hannibal Lecter revint au temps présent. Il avait lui-même ouvert la Boîte de Pandore. Il éprouvait encore ce besoin de la revoir, de savoir qu'elle allait bien, de la toucher, au péril de sa propre existence. Il avait déjà payé cher ce caprice. Mais il n'avait aucun regret : si c'était à refaire, il referait la même chose.

Après un dernier regard, il quitta la salle de bain et retourna au rez-de-chaussée à la recherche de nouveaux indices, puis il quitta les lieux en silence, tel un fantôme invisible…

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Clarice s'installa à la résidence de Palmer de manière inopinée. L'homme d'affaires tenait à la garder prêt de lui, et sous un prétexte fallacieux, lui avait demandé de revoir le système de sécurité de la propriété. Elle continua de 'veiller' en même temps sur Richard McKay et prenait maintes précautions chaque fois qu'elle sortait de la résidence de Palmer.

Clarice s'était empressée d'accepter, bien qu'être aux côtés de Palmer, la rendait malade. Il y avait chez cet homme, un je-ne-sais-quoi de méprisable et de pitoyable. Il achetait tout, y compris ses 'amitiés' et 'ses amours'.

Elle jouait à un jeu dangereux, mais elle n'avait pas le choix. Une pareille occasion ne se représenterait pas. Elle devait aussi gérer Palmer qui la draguait à présent ouvertement. Jusqu'à présent, elle avait toujours trouvé des prétextes pour se tenir éloigner de lui.

Elle eut un répit quand Palmer partit quelques jours en voyage. Elle en profita. Après quelques tentatives infructueuses, elle accéda à l'ordinateur de Palmer et copia sur un disque les fichiers qui l'intéressaient. Elle cacha ensuite ce disque dans sa chambre. Palmer rentrait plus tôt que prévu le soir même et elle ne pouvait repartir vers Washington parce qu'un problème urgent venait de surgir : elle avait découvert en compulsant des courriers que l'Organisation projetait de tuer Richard McKay. Il fallait qu'elle prévienne l'homme d'affaires.

Elle accueillit Andrew Palmer et ils dînèrent ensemble. Palmer rentrait satisfait. Il s'était rendu aux sièges de ses sociétés californiennes et les résultats le comblaient. Ses associés seraient contents. Ils parlèrent de ses affaires "légales" pendant la plus grande partie du dîner et abordèrent l'affaire McKay. Clarice essaya de l'amener à dire ce qu'il comptait faire et surtout quand il passerait à l'action. Mais il se lassa de cette conversation et l'orienta sur un terrain plus personnel.

" Dites-moi, Clarice, je souhaiterais que vous m'accompagniez à une soirée chez Grandsay demain. Il fête son soixantième anniversaire en grande pompe. "

" Helen Beardsall ne vous accompagne pas ? "

" Helen est une beauté glaciale. Pour tout vous dire, elle m'ennuie… Je voudrais que ce soit vous que les invités admirent. "

" C'est très aimable à vous d'avoir pensé à moi, mais… "

" Pourquoi ai-je le sentiment que vous m'évitez ? "

" Je ne vous évite pas, Andrew. Ma présence en ce moment à vos côtés en est une preuve. Mais j'ai beaucoup de travail… "

" Le travail n'est pas une excuse valable. Je suis moi-même très occupé. Il y a un temps pour tout : le travail et le plaisir… Vous devriez vous amuser un peu plus. C'est pourquoi je vous propose de m'accompagner. "

" Si vous insistez. "

" Non, ne le prenez pas comme cela. Je veux que vous veniez de votre plein gré, pas en obéissant à un ordre. Je veux que vous vous amusiez réellement, que vous preniez du plaisir à être avec moi. "

" Mais j'apprécie votre compagnie, Andrew, et je sais m'amuser. "

Il se mit à rire.

" Vous mentez mal, Clarice Starling. "

" Ecoutez, honnêtement, je ne peux pas vous accompagner. Entre mon travail ici et Richard McKay qui voit des complots partout et qui pense qu'on va le tuer… "

" Il pense ça ? "

" Il est complètement parano… "

" Et vous, vous êtes excessivement consciencieuse, voire maniaque… "

Clarice eut un haut-le-corps involontaire. Il lui prit la main en souriant.

" … Ne le prenez pas mal ! Ce sont des qualités que j'apprécie chez vous. Mais j'aimerais découvrir la femme qui se cache derrière cette façade professionnelle… sentir un cœur qui bat et qui vibre… Vous ne parlez jamais de vous… Je ne sais pas ce que vous aimez, ce que vous détestez, ce qui vous révolte… Qu'est-ce qui vous motive dans la vie, Clarice Starling ? "

Il s'était rapproché d'elle sur le sofa. Clarice se tendit soudain très mal à l'aise.

" Vous savez, il n'y a pas grand chose à dire… "

" Vous n'aimez pas parler de vous, c'est ça ? Ou est-ce votre passage au FBI qui vous a obligé à vous protéger de cette manière ? Une femme flic dans un monde d'hommes, j'imagine que ce n'est pas évident…

" Non, en effet. "

" Mais vous êtes courageuse, entreprenante, intelligente… Vous avez dû faire des jaloux, hein ?

Elle ne répondit rien. Andrew Palmer prit cela comme un consentement implicite. Il se pencha vers elle.

" D'autant que vous êtes très belle… "

Il s'apprêta à l'embrasser. Clarice se recula et détourna la tête.

" Monsieur Palmer… "

" Hum ? "

" Je ne crois pas que ce soit une bonne idée… "

Palmer la regarda, visiblement déçu.

" Pourquoi ? Je ne vous plais pas ? "

" Vous préférez une réponse franche ou un mensonge ? "

" Dites toujours. "

" Vous n'êtes pas mon genre d'homme. "

Palmer afficha cette fois une mine froissée.

" Et c'est quoi, votre genre d'homme ? "

" Je ne sais pas… C'est difficile à définir, comme cela de but en blanc. Ne prenez pas mal ce que je vais vous dire, mais voilà, vous ne m'attirez pas. "

Un long silence. Palmer la regarda froidement. Clarice gigota, soudain mal à l'aise.

" Est-ce qu'il vous a baisé ? "

" Pardon ? "

" Lecter… Est-ce qu'il vous a baisé ? "

Elle resta un moment interdite, puis sentit tout à coup la colère l'envahir. Comment osait-il ? Elle leva la main vers lui, prête à le gifler, mais Palmer intercepta son bras et la plaqua contre le dossier du sofa.

" Comment dois-je interpréter cette réaction ? Etes-vous sincèrement choquée par mes propos ou bien aurai-je deviné juste, Clarice ? "

" Lâchez-moi… "

Il se mit à rire.

" Je pencherai pour la seconde solution. Je suis même sûr que vous avez adoré ça, sinon, pourquoi vous aurait-il laissée en vie, hein ? "

Il plaqua brutalement ses lèvres contre celle de la jeune femme et l'empêcha de prononcer les injures qu'elle mourrait d'envie de lui crier. Un sentiment de répulsion envahit Clarice. Elle se débattit inutilement. Il la tenait fermement. Elle réussit cependant à lui mordre la lèvre inférieure. Palmer recula brusquement et la lâcha. Stupéfait, il porta les doigts à sa lèvre et les regarda. Ils étaient couverts de sang. Clarice lâcha ce qu'elle avait sur le cœur :

" Ne vous avisez pas de recommencer, espèce de porc ! "

Personne ne résistait à Andrew Palmer. Personne ne l'insultait impunément. Il gifla violemment Clarice.

" Petite pute coincée ! Tu crois que j'ai eu envie de toi ? Mais regardes-toi ! Pour qui te prends-tu ? Un cinglé t'a tellement niqué le cerveau en faisant de toi son jouet qu'on se demande de toute façon qui voudrait de toi après ça ! "

Clarice ne répondit rien et redressa fièrement le menton, humiliée, les yeux brillants de colère. Palmer haussa les épaules et se détourna d'elle, préoccupé par sa blessure. Avant de quitter le salon, il lui lança :

" Me mordre, moi ! Tiens, vous feriez bien la paire tous les deux ! "

Vous ne croyez pas si bien dire, Andrew Palmer. Sous le coup de la colère, la pensée avait traversé son esprit avant qu'elle ait eu le temps de l'analyser. Elle fut frappée par la vérité de cette réflexion qu'elle était prête à accepter. Jamais le Docteur Lecter ne l'aurait traitée de cette façon. Correction. Il ne t'a pas traitée comme cela à Chesapeake. Son baiser n'avait rien à voir avec ça…

Son téléphone portable sonna soudain dans son sac et interrompit le fil de ses pensées. Elle décrocha.

" Gallagher ? "

" Miss Gallagher… Richard McKay… "

Un bourdonnement et des grésillements. La voix de McKay semblait paniquée.

" Monsieur McKay, je vous entends très mal… "

" … Venir à la propriété ?… Des rôdeurs ou des cambrio… Vite, j'ai peur !… Venez !… de suite… sont chez mes beaux-par… vous… prendre… s'il-vous-plaît ? "

Elle n'avait pas entendu la question, mais elle sentit qu'il y avait urgence.

" J'arrive, Monsieur McKay ! "

Elle monta à l'étage et se changea à toute vitesse. Elle prit son arme en espérant qu'il ne s'agissait que d'une fausse alerte et quitta la résidence Palmer précipitamment.

… To be continued…