The best Ennemies in the World

by Sataï Nad

Disclaimer : The characters are not mine. They belong to Thomas Harris. I just borrowed them. No infringement of copyright is intended.

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Chapter 7 : The Trap

Clarice appuya sur l'interphone, surmonté d'une caméra. Pas de réponse. Elle refit une tentative et machinalement, poussa la grille, qui s'ouvrit en grinçant à sa grande surprise. Elle sortit son arme et ôta le cran de sûreté avant de pénétrer dans le parc de la maison de Richard McKay.

Elle se dirigea vers l'entrée auxiliaire, dont elle avait les clés et pénétra dans la maison. Tout était silencieux. Elle connaissait les lieux et traversa le salon, la bibliothèque et le patio vers le bureau de Richard McKay. Là, elle aperçut le corps immobile du maître d'hôtel des McKay. Elle se pencha sur lui. Il était mort.

Elle écouta à l'affût du moindre bruit, puis reprit ses recherches. Elle traversa lentement le grand salon. Si McKay n'était pas là, il était à l'étage. En entendant un bruissement sur sa droite, elle se figea soudain.

Un coup métallique la renversa. Une onde de souffrance l'irradia. Elle tenta de se relever sur un genou, mais un nouveau choc l'atteignit au visage. Elle s'écroula en lâchant son arme. Elle déduisit avec retard qu'un homme l'avait suivie silencieusement et avait détourné son attention avant de la frapper par surprise. Clarice rampa sur le sol à la recherche de son revolver, mais le tueur se mit à la marteler de coups de poings et de coups de pieds. La jeune femme se recroquevilla sur elle-même, le corps tressautant sous chaque assaut. L'homme la saisit par les cheveux et lui assena un coup de crosse sur la tête. Des étoiles explosèrent sous son crâne. En gémissant, Clarice perdit connaissance…

Quand elle reprit conscience, l'homme mystérieux avait disparu. Elle se mit à vomir et dut rester un long moment à genoux pour récupérer son sens de l'équilibre. Elle se releva péniblement, le corps protestant contre le traitement qu'on lui avait infligé. La tête lui tournait et le sang battait à ses tempes comme un tambour. Sa vision était brouillée. Elle avança néanmoins vers ce qui lui semblait être le bureau. Dans la pénombre, elle aperçut le corps affaissé de Richard McKay.

Elle s'approcha du bureau et lui prit le pouls. Trop tard, lui aussi était mort. Une vague de désespoir envahit la jeune femme et elle dut s'asseoir, saisie de vertiges. Elle se força à respirer profondément. Quand son malaise se fut dissipé, elle quitta la pièce et monta à l'étage. Elle visita les chambres, heureusement vides.

En passant devant une salle de bain, elle vit son reflet pâle dans la glace. Elle éprouva le besoin de se passer de l'eau froide sur le visage, autant pour se rafraîchir que pour s'éclaircir les idées. Elle resta un moment à contempler son image. … pour vous rappeler votre courage et votre incorruptibilité, tout ce qu'il vous faut, c'est un miroir… La voix du Docteur Lecter avait surgi de nulle part. Clarice ferma les yeux pour essayer de retenir le flot d'émotions trop intenses. Peine perdue : elle s'effondra et se mit soudain à pleurer. Elle avait échoué. Elle avait trahi la mémoire de son père, elle s'était trahie en se compromettant, elle avait failli à sa mission par sa faute, un innocent était mort… Elle s'empara soudain du savon et le lança dans la glace qui se brisa avec fracas.

Elle quitta la salle de bain et se laissa glisser contre le mur du couloir pour se calmer. Quand elle se sentit un peu mieux, elle retourna dans le bureau de McKay et téléphona à la police. Elle chercha son arme des yeux et s'aperçut soudain qu'elle avait disparue. Elle fouilla partout dans la pièce, sans résultat. Elle ne pouvait rester là. Si on la trouvait sur les lieux du crime, elle ne pourrait expliquer sa présence sans mettre en péril sa couverture. Or, elle devait retourner chez Palmer : le disque – sa dernière chance - était resté dans sa chambre.

Elle sortit de la maison et courut jusqu'à sa voiture. Il était temps. Les sirènes hurlaient, de plus en plus proches. Elle démarra sans s'apercevoir qu'un van noir la suivait. Elle prit l'autoroute et sortit au nord de Miami. Une vingtaine de minutes plus tard, elle rentrait dans la villa. Le van s'arrêta à l'entrée et deux hommes en noir en sortirent. Ils pénétrèrent dans la propriété en passant le mur.

Clarice regroupa ses affaires et prit son arme de réserve. Elle aperçut une ombre fugitive à l'extérieur près de la piscine et sortit, arme au poing, prête à tirer. Elle resta en alerte, mais n'entendit aucun bruit suspect. Elle savait qu'elle n'était pas en sécurité. Avec précaution, elle remonta dans le 4x4, démarra et repartit en trombe.

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Cachée derrière un bosquet, une figure solitaire la regarda disparaître en souriant. L'homme jeta un œil aux formes inertes allongées de manière grotesque au sol. Puis il retira sans effort le carreau d'arbalète qui s'était planté dans le tronc d'un arbre proche et qui avait transpercé de part en part les deux hommes. Après un dernier regard vers la villa, il disparut dans les bois.

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Clarice resta cachée pendant trois jours dans un motel peu fréquenté. A la télévision, elle suivit l'ouverture de l'enquête sur la mort de Richard McKay. Elle apprit que la police avait retrouvé son arme dans le bureau et qu'elle avait servie pour tuer l'homme d'affaires. On la recherchait. Des photos d'elle en compagnie d'Andrew Palmer furent diffusées. La police révéla la véritable identité de l'ex-agent Gallagher. Sous de fortes pressions politiques et médiatiques, le FBI prit l'affaire en main. Un mandat d'arrêt au nom de Clarice Starling fut délivré par le bureau du procureur.

Clarice réfléchit à sa situation compromise. Un point la frappait : elle était sûre que son arme n'était pas dans le bureau de McKay. Elle l'avait cherchée en vain. L'arme portait ses empreintes. Quelqu'un avait dû la mettre là après son départ pour qu'on l'inculpe. Qui avait intérêt à faire cela ? Qui cela arrangeait-il qu'elle porte le chapeau ? Une seule réponse lui venait en tête : Andrew Palmer. Cela signifiait deux choses : il avait découvert qu'elle avait inspecté ses fichiers. Et des tueurs de l'Organisation étaient certainement à sa recherche.

Sa seule lueur d'espoir, c'était de rentrer en possession du disque. Il fallait qu'elle retourne chez Palmer et qu'elle se jette dans la gueule du loup. Alors qu'elle élaborait un plan, son téléphone mobile sonna. Sa ligne étant sécurisée, elle savait qu'on ne pouvait pas la traquer. Elle décrocha.

" Allô ? "

" Miss Starling ? C'est Andrew Palmer. Comment allez-vous, ma chère ? "

" Qu'est-ce que vous voulez ? "

" Rentrer en possession d'un objet que vous m'avez volé… Rendez-moi le disque et les copies que vous en avez faites. "

Il croît que j'ai le disque avec moi ! Bluffe, gagne du temps…

" Je ne vous le rendrai qu'à deux conditions : vous rappelez d'abord vos tueurs, et ensuite, je veux dix millions de dollars viré sur mon compte à l'étranger. "

Elle entendit un rire.

" Malgré votre situation, vous ne perdez pas le sens des affaires, Miss Starling ! Vous êtes recherchée par la police et par vos anciens camarades du FBI pour meurtre. Comment croyez-vous vous en sortir ? "

" C'est mon problème. Faites le virement d'ici demain soir. Je ne vous rendrai le disque que lorsque j'aurai confirmation que vous avez bien fait le transfert. Je ne vous rappellerai que pour vous confirmer le lieu d'échange. Ok ? "

" Il me faudra plus de vingt quatre heures pour réunir cette somme… "

" N'essayez pas de gagner du temps. Demandez à vos 'amis' de l'Organisation de vous aider. Vous n'aurez pas de délais supplémentaire. Si je n'ai pas l'argent demain soir, je vendrai le disque à d'autres personnes intéressées qui seront ravis d'entrer en sa possession. Je doute que vos associés apprécient. Me suis-je bien fait comprendre ? "

Un silence.

" Parfaitement. "

" Bien. "

Elle raccrocha. Clarice poussa un profond soupir de soulagement.

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Andrew Palmer serra les mâchoires et se tourna vers son secrétaire qui avait essayé de traquer Clarice Starling. L'homme fit un signe négatif de la tête. Un précieux vase de Chine vola à travers la pièce avant de s'écraser avec fracas contre le mur.

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Clarice patienta en devenant de plus en plus nerveuse. Comme elle ne disposait pas du CD-ROM original, elle se décida à utiliser le disque qu'elle avait récupéré chez McKay et contenant des informations sur Palmer et sur l'Organisation pour lequel il travaillait. Le gardien de nuit qui l'avait accueillie à son arrivée était un passionné d'ordinateur. Il disposait d'un graveur. C'était un jeune homme au teint blafard, presque maladif, à force de ne pas voir le soleil. Il ne regardait jamais les informations à la télévision, préférant rester connecter des heures pour jouer en réseau avec ses amis. Avec son aide, elle put faire deux copies, une qu'elle emporterait avec elle pour faire l'échange, l'autre qu'elle décida d'envoyer à Pearsall directement, juste au cas où il lui arriverait malheur. Elle mit une note à l'intention de son supérieur et posta le tout.

Au soir du troisième jour, elle appela sa banque aux Bahamas pour savoir si le transfert avait été fait. On la fit patienter plusieurs minutes, puis elle demanda une confirmation par fax. Elle donna le numéro du motel et prépara ses affaires. Le jeune homme lui apporta le fax et elle paya sa note. Dans le 4x4, elle appela Andrew Palmer et fixa le rendez-vous avec lui. Elle vérifia son arme et démarra, en prenant la direction du sud vers Coral Gables.

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Le Miracle Theater était un lieu insolite. Architecture moderne faite de verre et d'acier, la structure ressemblait à un immense bateau avec sa coque renversée. Clarice gara le 4x4 à quelques rues de là et fit les dernières centaines de mètres à pieds. Elle jeta un œil sur sa montre : onze heures.

Elle observa la sortie des gens puis se mêla à la foule pour rentrer plus discrètement dans le théâtre. Elle avait donné rendez-vous à Benedetti à minuit, juste avant la fermeture des portes.

Elle attendit dans un coin du hall en se dissimulant derrière de hauts piliers chaque fois qu'un gardien apparaissait. D'où elle était, elle pouvait voir qui rentrait et qui sortait sans être vue.

Minuit approchait. Elle vit les hommes de la sécurité fermer les portes et commença à s'inquiéter. Les lumières s'éteignirent et elle resta seule, tapie dans le noir. Il n'y avait aucun bruit, aucun mouvement autour d'elle. Elle sortit son arme et avança dans la pénombre. Elle savait que le théâtre n'était pas gardé la nuit car l'administration était dans un autre bâtiment.

Minuit et demi. Toujours rien. Elle sentit qu'elle était tombée dans un piège et que Benedetti ne viendrait jamais. Elle se dissimula dans un recoin et attendit. Son attente fut rapidement récompensée : quatre hommes se faufilèrent en silence et se séparèrent. Deux d'entre eux partirent vers la salle pour la chercher parmi les rangées de siège, alors que les deux autres visitaient les toilettes.

Clarice saisit sa chance et pénétra discrètement dans le foyer. Il lui fallait rejoindre les coulisses pour sortir sans déclencher les alarmes. Il lui fallait aussi éviter les quatre tueurs. Elle s'en voulut de s'être laissé prendre au petit jeu de Palmer. Maintenant, elle était fixée quant aux intentions de l'homme d'affaires.

… To be continued…