The best Ennemies in the World

by Sataï Nad

Disclaimer : The characters are not mine. They belong to Thomas Harris. I just borrowed them. No infringement of copyright is intended.

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" … the while he held my heart in his hands… "

Chapter 10 : Back to Washington

Clint Pearsall fit irruption dans son bureau pour découvrir Starling, encadrée par deux autres agents. Il congédia les deux hommes immédiatement. Sur son bureau, on avait déposé les affaires de Clarice dont le fameux CD Rom. La jeune femme tendit les mains vers son supérieur et Pearsall lui enleva les menottes.

" J'ai fait aussi vite que j'ai pu mais j'étais en rendez-vous avec le Directeur Stryker. Comment ça va, Starling ? "

" Bien, Monsieur Pearsall. "

" J'ai lu les journaux de ce matin. Il y a eu du grabuge chez Palmer cette nuit. "

" A ce qu'il paraît. "

" Vous n'avez rien à voir avec ça ? "

Starling avait décidé de cacher une partie de la vérité et de ne pas révéler le rôle d'Hannibal Lecter dans cette affaire. Compte tenu des circonstances, on risquait de lui en tenir rigueur.

" Non. Je me cachais des tueurs de Palmer. "

" C'était un travail de professionnels. Ceux qui se sont introduits chez Palmer cherchaient quelque chose de précis. Ils connaissaient les lieux. Palmer a dit à la police que ses hommes avaient remarqué des rôdeurs dans les jours précédents. "

" Certains des associés de Palmer ont dû apprendre qu'un agent du gouvernement agissant sous couverture détenait la liste des personnes impliqués dans des trafics et dans des escroqueries. Palmer faisait aussi chanter pas mal de monde. Certaines victimes ont dû essayer de récupérer des documents alors que Palmer se trouvait en difficulté. "

" Racontez-moi ce qui s'est passé. "

Starling commença son récit depuis son départ de Washington neuf semaines plus tôt. Pearsall l'écouta avec attention, l'interrompant de temps à autre pour lui poser des questions. Il hochait parfois la tête lorsqu'un fait corroborait ses hypothèses.

Il tenait à présent le CD dans ses mains alors que Starling terminait ses révélations. Il agita le disque.

" Tout est là ? "

" Oui, les noms, les fonctions occupées, les pressions subies, les affaires concernées et les numéros de compte bancaire, y compris celui qui a été ouvert à mon nom aux Bahamas. "

" Les noms des agents corrompus chez nous ? "

" Oui. "

" Au Département de la Justice ? "

" Oui. "

" Des politiciens ? "

" Aussi… Comment procéderez-vous, Monsieur Pearsall ? Que comptez-vous faire ? "

" Je vais d'abord prévenir Jennings et Stevenson... Nous allons ensuite éplucher ce disque et faire le ménage méthodiquement. "

" Vous pouvez faire confiance à tout le monde ici. En revanche, dans le service de Stevenson, Gary Lockwood était bien notre taupe. J'ai aussi découvert deux autres agents impliqués dans des histoires de casino et d'argent blanchi. "

" Vous saviez que l'avocat de Palmer, Tony Benedetti, était en fuite ? "

" Je l'ignorais. Mais je peux comprendre : c'est lui qui m'a recruté. "

" Vous avez fait un sacré boulot, Starling. "

" Merci. "

" Pour être honnête, on ne donnait pas cher de votre peau. Je suis content que vous vous en soyez sortie. "

Elle eut un bref sourire. Sans Lecter, tu ne serais pas là aujourd'hui…

" Je vais donner l'ordre de suspendre les poursuites à votre encontre. Rentrez chez vous, Starling et prenez du repos. Revenez demain pour le debriefing et votre rapport. D'ici là, je vous adjoins deux agents... C'est pour votre sécurité. "

Starling se leva.

" Monsieur Pearsall, concernant ma réhabilitation… "

" Je sais, Starling... Ça ne dépend pas de moi, mais de Jennings… "

Il sembla hésiter.

" Monsieur Pearsall, vous ne me dites pas tout… "

" Et bien, après votre départ, les langues se sont déliées... Il y a eu des rumeurs… entre le Docteur Lecter et vous… Certains ont pensé que vous l'aviez rejoint… J'ai entendu toutes sortes d'horreurs… Puis il y a eu cette photo de vous avec Palmer, entourés de gardes du corps… Je pensais que ça ferait taire tout le monde... Peine perdue… Autant vous prévenir tout de suite, Starling : vous n'êtes pas la bienvenue ici. "

" Toutes les personnes que j'ai croisées se sont empressées de me le faire sentir, Monsieur. "

" Quand toute cette histoire sera dévoilée, je ne sais pas si vous serez traitée en héroïne ou en emmerdeuse de première, excusez-moi l'expression. "

" Je comprends. "

" Si ça peut vous consoler, vous avez tout mon soutien, Starling. Je n'ai pas envie de perdre un agent de votre valeur. Je ferai tout mon possible pour vous garder. "

" Merci, Monsieur Pearsall. "

Clint Pearsall rappela les deux agents et leur donna des instructions. Clarice rassembla ses affaires et s'apprêta à sortir.

" Starling… "

" Oui, Monsieur ? "

" Appelez Jack Crawford. Il se fait un sang d'encre à votre sujet. "

" Ok. "

Elle sortit, suivie des deux agents.

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La nouvelle fit sensation dans la presse. 'Le retour en grâce de l'Ange Déchue du FBI', 'L'agent Starling réintégrée, Andrew Palmer sous les verrous', 'La réhabilitation de Clarice Starling', 'La double vie de l'Agent Starling', 'Scandales en chaîne dans l'affaire Palmer'… ce furent quelques uns des titres des quotidiens nationaux après le dénouement de l'affaire.

Starling fut à nouveau assaillie par les journalistes et sollicitée par la télévision. Des maisons d'éditions et des producteurs à Hollywood la contactèrent pour écrire une biographie et faire de son histoire un film.

Reprendre une vie normale fut excessivement difficile pour elle. Elle aurait voulu s'éloigner un peu de toute cette médiatisation, mais elle était un témoin crucial dans l'affaire Palmer. D'ailleurs, à la demande de Stevenson, elle avait été transférée temporairement pour l'enquête dans son service. Ses nouveaux collègues la regardaient avec curiosité, mais elle décela vite un certain malaise, dont elle comprit l'origine : Hannibal Lecter. C'était le sujet de conversation qui revenait invariablement. Des experts en criminologie l'invitèrent à faire une série de conférences sur le célèbre Docteur. Elle déclina l'invitation et fit savoir autour d'elle qu'elle ne voulait plus en parler.

Et puis, elle reçut des menaces de mort. Le FBI les prit très au sérieux, et protégea Starling jour et nuit. Elle commença à éprouver l'impression d'étouffer. Son travail ne lui donnait guère de satisfaction : elle tapait des rapports ou passait ses journées pendue au téléphone, à recueillir des informations ou à répondre à des tas de questions sur l'affaire. Le terrain lui manquait. La liberté de mouvement lui était refusée. Sa vie sociale était désespérément bloquée à la case néant. Elle lutta avec son énergie coutumière, mais se rendit vite compte de la futilité de ses efforts et du décalage entre ses désirs et la réalité. Les paroles d'Hannibal Lecter lui revenaient alors en mémoire : Je vous plains, Clarice, car vous gâchez votre bonheur en poursuivant des chimères. Avec le recul, elle se mit à observer les éléments du puzzle s'imbriquer.

L'instruction du dossier de Palmer s'ouvrit pour elle dans une ambiance morose. Les agents chargés de sa sécurité ne la lâchaient pas d'une semelle. Elle avait quitté son domicile, pour être logée en résidence surveillée. Elle fut à nouveau au centre des préoccupations médiatiques. C'est alors que l'incident survint.

Alors qu'elle sortait du palais de justice après une journée d'auditions, il y eut des mouvements de foule. Les gardes du corps tentèrent bien de contenir les journalistes et les curieux, mais ils furent débordés. Starling ne vit pas un homme s'approcher d'elle et brandir un poignard. Elle ressentit une vive douleur à la poitrine et voulut se retourner. L'homme la frappa à nouveau. Le temps se suspendit. Elle vit la foule bouger au ralenti et entendit les hurlements étrangement assourdis des gens autour d'elle. Elle s'écroula lentement. Ses dernières pensées cohérentes allèrent vers le Docteur Lecter. Puis, elle perdit conscience.

Elle fut transportée rapidement à l'hôpital. Les blessures étaient profondes et l'hémorragie interne nécessita une intervention chirurgicale en urgence. Inquiets de la gravité de son état, les médecins ne voulurent pas se prononcer.

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Comme tous les matins, le Docteur Alan Forrester trouvait ses journaux devant sa porte d'entrée. Comme tous les matins, il revenait vers la cuisine, déposait les quotidiens sur la table et préparait le petit-déjeuner. Puis il s'installait et commençait à manger en parcourant tranquillement les titres.

Ce matin là, cependant, son sang se glaça dans ses veines en lisant la une du Herald Tribune : 'Clarice Starling entre la vie et la mort'. Il parcourut rapidement l'article en sentant monter en lui la tension. Les mots le frappèrent '… plusieurs coups de couteau à la poitrine…', '… La jeune femme transportée d'urgence au Potomac Hospital est dans un état jugé critique…', '… De nombreux témoins ont aperçu un homme…', '… L'assassin a réussi à prendre la fuite…', '… La police étudie les films et les photos prises au moment du drame…'

Clarice. Il contempla le cliché de Starling sans le voir et ferma les yeux pour faire taire l'angoisse et la douleur qui l'avait envahi. Peine perdue. Il parcourut les autres journaux, mais n'eut pas d'autres détails sur l'incident de la veille. Il se leva, passa dans le salon et alluma la télévision sur CNN. Il dut patienter de longues minutes avant la diffusion d'un nouveau flash, où il put voir le reportage et les premières images du drame.

Il s'empara alors du téléphone et appela le Potomac Hospital. Il demanda à parler au chirurgien qui avait opéré Clarice Starling la veille. Il dut encore attendre quelques minutes avant d'avoir le Professeur Powell.

" Professeur Powell à l'appareil… "

" Professeur, je suis le Docteur Forrester, le médecin personnel de Clarice Starling. J'ai appris la nouvelle par la presse ce matin. Comment va t'elle ? "

" On ne peut pas se prononcer pour l'instant. L'opération s'est relativement bien passée, mais elle est dans le coma. Son état est toujours critique. "

" De quoi souffre t'elle ? "

" Nombreuses lésions internes sérieuses. Le poumon gauche est perforé en plusieurs endroits, ainsi que le foie. L'hémorragie a été stoppée. "

" Pourrai-je la voir ? "

" Désolé, aucune visite pour l'instant. Le FBI a posté des gardes près de sa chambre. "

" Professeur, je suis son médecin et son ami. Il est très important que je vous parle d'elle. "

" Il y a quelque chose que je ne sais pas ? Elle suit un traitement ? "

" Quand puis-je vous rencontrer ? "

Il y eut un silence.

" Venez à onze heures. Avant, je suis au bloc. "

Hannibal Lecter raccrocha. Il resta un moment parfaitement immobile, perdu dans ses pensées, les yeux fermés. Le visage pâle et souriant de Clarice apparut devant lui. Il serra les poings et ouvrit les yeux. Dans son regard brillait à présent une détermination impitoyable. Si la jeune femme venait à mourir… Il refusait d'envisager cette hypothèse dans l'immédiat. En attendant, il allait retrouver son assassin et lui ferait lentement regretter son geste.

… To be continued…