The best Ennemies in the World

by Sataï Nad

Disclaimer : The characters are not mine. They belong to Thomas Harris. I just borrowed them. No infringement of copyright is intended.

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" … And in his arms, my lady lay asleep wrapped in a veil… "

Chapter 11 : At the Potomac Hospital

Jack Crawford avait appris la nouvelle par son collègue, Clint Pearsall. Les deux hommes s'étaient rendus à l'hôpital, mais on leur avait refusé toute visite. Starling était plongée dans un profond coma.

Ils se rendirent alors dans une minuscule pièce d'où les hommes de la sécurité surveillaient la chambre à l'aide d'écrans de contrôle. On y avait placé une caméra. L'accès était restreint. Ils contemplèrent en silence la forme inerte de Clarice Starling. Sous respirateur artificiel, la jeune femme était pâle et menue. Cette vision rappela à Jack Crawford la lente agonie de sa femme, Bella, et il détourna douloureusement les yeux. Clint Pearsall lui parlait, mais il n'avait pas suivi la conversation. Que disait-il ? Ah oui, il parlait du comportement admirable de Starling dans toute cette histoire, de son courage et de sa détermination.

Sur l'écran, deux hommes en blouse blanche pénétrèrent dans la chambre, mais Crawford et Pearsall n'y prirent pas garde. Deux gardiens étaient postés à l'entrée et vérifiaient les identités. Seul le personnel médical était admis. Le Professeur Powell observa la feuille de température et de tension, alors que l'autre docteur s'approcha de Starling. Le médecin se pencha sur elle et lui souleva les paupières. Il vérifia avec une lampe sa réaction à la lumière. Puis il saisit la main de la jeune femme et la garda dans la sienne. Il resta immobile un long moment et sembla lui parler à l'oreille. Enfin, il se redressa et quitta la pièce avec son collègue.

Jack Crawford avait observé la scène avec détachement, enregistrant machinalement les gestes des deux hommes. Il entr'aperçut fugitivement le profil du second médecin au moment où ce dernier quittait la pièce. Un signal d'alarme résonna alors dans sa tête. Il interrompit Pearsall en apostrophant les deux hommes qui surveillaient l'écran.

" Les deux médecins dans la chambre de Starling, vous pouvez me les repasser ? "

Un homme rembobina la cassette et lança la lecture. Crawford regardait à présent attentivement l'homme qui s'était approché de Starling. Pearsall s'inquiéta.

" Jack, quelque chose ne va pas ? "

" Ce médecin près du lit, vous savez qui c'est ? "

" Certainement un collègue du professeur Powell… "

" Vous avez son nom ? "

Pearsall se tourna vers les deux hommes qui secouèrent négativement la tête. Le profil de l'homme apparut à nouveau sur l'écran.

" Stop ! Revenez en arrière et faites un arrêt image sur lui quand il est de côté ! "

L'homme s'exécuta et l'image se figea. Certes les traits du visage avaient changé, la coupe de cheveux était différente et l'homme portait un médaillon de barbe poivre et sel, mais Crawford venait de le reconnaître. Il sentit le sang bourdonner dans ses artères et une boule se former au creux de son estomac.

" Lecter ! C'est Hannibal Lecter ! "

Jack Crawford sortit en trombe de la pièce et courut vers la chambre de Starling, suivi de Pearsall qui hurla des instructions dans son talkie pour les hommes de la sécurité. Toutes les issues de l'hôpital furent immédiatement bouclées.

Personne ne quitta les lieux, et pourtant, le Docteur Lecter semblait s'être volatilisé. Seul témoin de sa présence, le professeur Powell fut retrouvé inconscient dans son bureau. Quand il reprit conscience, il refusa de dire un mot concernant son assaillant. Il avait visiblement peur. Après deux heures de recherches infructueuses et de mécontentement, le dispositif fut levé.

Hannibal Lecter avait disparu sans laisser de traces.

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La salle de réunion était agitée de conversations houleuses et animées. Jack Crawford frappa soudain du poing sur la table pour demander le silence. Comme escompté, toutes les personnes présentes se figèrent et se tournèrent vers lui.

" Ça suffit ! Il ne s'agit pas de refaire l'histoire avec des 'si'. C'est arrivé, et nous nous sommes fait bernés comme des débutants. Maintenant, ça ne doit plus se reproduire... "

" Lecter se moque de nous ! "

" Bien sûr, il adore la provocation, mais nous ne devons pas tomber dans son jeu. "

" Que pouvons-nous faire ? "

" Tout d'abord, l'élément clé dans cette histoire, c'est Starling. Quel que soient les liens qui se sont tissés entre Lecter et elle, je ne veux pas en entendre parler, et surtout pas par la presse. Ce que chacun de vous en pense ne regarde que vous, mais sachez que votre collègue est entre la vie et la mort à l'heure actuelle. Elle a fait ce que l'on attendait d'elle, et l'a même fait de manière remarquable, alors si certains ont des doutes, qu'ils les expriment ou qu'ils se taisent ! "

Crawford avait bien insisté sur le mot 'collègue' et défiait à présent quiconque de porter un jugement sur la jeune femme. Un silence pesant fit suite à cette déclaration.

" Bien, je vois que nous sommes d'accord... Maintenant que les choses sont claires, nous allons pouvoir avancer. Clint ? "

Il se tourna vers Pearsall.

" Lecter s'est fait passer pour un certain Docteur Alan Forrester, un neurologue. Nous n'avons pour l'instant aucun élément sur lui, ni domicile, ni permis de conduire, ni passeport. Aucune photo récente. Un gars travaille sur un portrait-robot avec le chirurgien que Lecter a assommé. Il vous sera communiqué dès que Powell voudra parler. "

Il se mit à distribuer des instructions écrites aux chefs de département.

" Je veux que vous lanciez des avis de recherche dans tout le pays et je veux des résultats... Où en est-on avec le type qui a poignardé Starling ? "

Un des chefs de département se leva et prit la parole.

" Il a été identifié au fichier. Il s'appelle Vince Anderson. C'est un tueur professionnel. Dernier domicile connu : Miami. Une de nos équipes est sur ses traces. Il se cache ici : un de nos indics dit l'avoir aperçu dans un bar. On ignore qui est le commanditaire mais Anderson a dû être payé grassement pour abattre un agent en plein jour et devant des témoins. "

Il y eut des grognements de mécontentement et tous affichaient des visages en colère. Ils détestaient les tueurs de flics. Une voix s'éleva dans l'assistance.

" Je connais Anderson. Ce type est à moitié cinglé. Il est le seul à accepter ce genre de boulot ! "

Pearsall reprit la parole.

" Les services de Stevenson ont resserré la surveillance autour de Palmer. Il a été isolé. On n'a pas envie de le retrouver pendu dans sa cellule. Où en est-on avec l'avocat ? "

" On sait que Benedetti est en Californie. La perquisition de son domicile à Miami a donné peu de résultats. On est en possession d'une liste de codes. On essaie de savoir ce qu'ils signifient. "

" Lancez vos indics sur toutes les pistes. A l'hôpital, la surveillance est renforcée. Trois équipes au minimum. Un agent est jour et nuit dans la chambre de Starling, au cas où Lecter ou l'autre homme essaieraient de revenir la tuer... Vous avez des questions ? "

Personne ne pipa mot. Le travail était considérable et ils étaient pressés d'obtenir des résultats tant que la piste était encore chaude.

" Très bien, vous pouvez disposer. "

Les chefs de département et les assistants quittèrent la salle de réunion. Pearsall et Crawford restèrent seuls.

" Clint, je suis sûr que Lecter n'est venu que pour s'assurer qu'elle allait bien. "

" Qu'est-ce qui vous fait dire cela ? "

" S'il avait voulu la tuer, il l'aurait déjà fait. "

" Foutu détraqué... Je ne sais pas ce qui s'est passé entre eux à la ferme de Muskrat et chez Krendler, mais c'est inquiétant... Vous pensez qu'elle ne nous a pas tout dit sur ce qui s'est passé ? "

" C'est possible. "

" Elle cherche à protéger Lecter ? "

" Non, je crois qu'elle veut se protéger à titre personnel : de Lecter, de la presse, de ce que les gens pensent, même de nous. "

" Pourquoi ? "

" Starling n'aime pas être sous les feux de la rampe. Cette affaire Drumgo l'a profondément affectée, même si elle n'en a rien montré. Elle a subi une véritable injustice. Lecter a senti qu'elle était vulnérable et il est venu la harceler. C'est son jeu favori. La presse et l'opinion publique se sont acharnées sur elle, en la traitant de 'machine à tuer'. Et plus grave… "

" Oui ? "

" Nous lui avons tourné le dos quand elle avait besoin de nous. "

" Nous ignorions qu'il existait une machination contre elle pour capturer Lecter. "

" Elle est devenue un appât, une proie facile pour lui. Mais il n'a pas fait ce à quoi on doit s'attendre avec lui. "

" Vous voulez parler de l'épisode de la main ? "

" Pourquoi a t'il fait cela ? Qu'a t'il voulu lui montrer ? Mystère. Depuis le début, il a toujours eu un comportement étrange avec elle. Ils ont tissé une relation qui échappe à tous les analystes, basée sur le respect et la confiance. "

" Il est attiré par elle selon vous ? "

" Indéniablement. Starling est brillante, honnête et jolie. Il a trouvé en elle un objet de fascination, et peut-être aussi, un adversaire à sa mesure. Le docteur Lecter n'aime rien moins que s'ennuyer. Starling est apparue comme un rayon de soleil dans les ténèbres de sa cellule. "

" Que cherche t'il ? "

" Pour lui, tout est affaire de contrôle. Il est calculateur. Peut-être cherche t'il à la pervertir pour mieux la détruire et en savourer tous les instants ? "

" Vous croyez à cette histoire de 'Belle' et de 'Bête' ? "

" Le docteur Lecter est incapable de compassion ou d'éprouver des remords. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi manipulateur que lui et il peut vous faire croire n'importe quoi. Romancer cette histoire serait une erreur. Et Starling le sait, fort heureusement pour elle. "

" Si elle s'en sort, il vaudrait mieux qu'elle ne s'occupe plus jamais de Lecter. "

" Nous n'avons pas le choix, Clint. D'abord, parce qu'elle est la seule à connaître aussi bien Hannibal Lecter. Ensuite, c'est Lecter qui contrôle le jeu : il ne nous laisse aucune alternative en ne voulant traiter qu'avec elle. Enfin, un dernier élément déterminant : Starling ne laissera à personne d'autre le soin de l'arrêter, c'est une question d'honneur. Elle le poursuivra jusqu'à ce qu'il soit derrière les barreaux ou mort. "

Il y eut un silence. Pearsall reprit la parole.

" Mais si elle meurt ? "

" Je ne voudrais pas être à la place d'Anderson. Si on ne le rattrape pas avant lui, Lecter le mettra certainement à son menu. "

" Foutu détraqué ! "

… To be continued…