The best Ennemies in the World

by Sataï Nad

Disclaimer : The characters are not mine. They belong to Thomas Harris. I just borrowed them. No infringement of copyright is intended.

" La vengeance est un plat qui se mange froid. " (Proverbe Klingon)

Chapter 12 : No more Mr. Nice Guy Stuff…

Pirater l'ordinateur du FBI était devenu un jeu d'enfant pour le docteur Lecter. Surtout depuis qu'il avait eut accès à l'identité et au mot de passe d'un agent négligent pour pénétrer le système. L'informatique présentait bien des avantages, comme de créer des identités virtuelles. Ce qu'il s'était empressé de faire. À présent, il avait ses entrées officielles et était l'un d'entre eux : Agent Spécial Jason Fake (), rattaché au Bureau de Kansas City, Missouri.

Dans les fichiers internes, il apprit donc l'identité de l'agresseur de Clarice et se procura une photo de lui. Puis il partit en chasse. Bien que ses goûts ne le portaient pas à fréquenter les fripouilles, il savait où s'adresser pour obtenir des renseignements.

Tout comme le FBI, il sut où avait été aperçu Anderson pour la dernière fois. Il prit cependant de l'avance en soudoyant des renseignements à d'autres indics. Avec la complicité involontaire des informateurs, il lança les enquêteurs du FBI sur une fausse piste. Il avait besoin de gagner du temps.

Il trouva Anderson dans un quartier défavorisé. L'homme prenait des précautions pour ne pas être repéré, mais Hannibal Lecter n'en était pas à son coup d'essai. Quand il chassait ses victimes, il agissait toujours avec soin et les observait longuement en se fondant dans le décor. Cette phase de préparation lui procurait toujours beaucoup de plaisir. Voir agir ceux que l'on sait prochainement vous appartenir lui avait toujours apporté un sentiment de pouvoir absolu. Il les regardait vaquer à leurs occupations, rire, manger, vivre en ignorant que dans l'ombre, celui qui disposerait de leurs vies, les observait. Il était arrivé au docteur Lecter d'approcher ses futures victimes. Par jeu, il leur avait même parlées. Ce faisant, il pouvait ainsi sentir l'odeur de ces proies. Il appelait ça " renifler le gibier "…

Il observa donc Anderson. Le tueur se cachait au milieu des nécessiteux et des sans-papiers. Dans la journée, il sortait peu, mais sitôt la nuit tombée, il se rendait seul dans un bar miteux où des filles se déshabillaient devant une clientèle masculine abrutie par le travail et l'alcool. Toujours, il téléphonait. Une fois son coup de fil passé, il s'installait à une table au fond, toujours la même, et prenaient deux bières. Puis il se rendait aux toilettes et s'en allait. C'était toujours le même rituel. Seul le chemin pour rejoindre sa planque différait.

Le quatrième soir, Hannibal Lecter attendit donc le départ de Anderson et pénétra dans l'appartement. Il en fit rapidement le tour. C'était un deux-pièces cuisine sordide qui sentait le renfermé et aurait eu besoin d'un rafraîchissement. Les papiers peints étaient déchirés et jaunis. La peinture du plafond était cloquée et il y avait des fuites venant de l'étage du dessus. Les meubles étaient tous dépareillés et dataient pour la plupart des années 70. Le lit était défoncé et la télévision était en noir et blanc.

Bien que bruyant, l'immeuble était stratégiquement bien placé. On voyait les flics arriver de loin. Le docteur Lecter avait repéré la seconde sortie sur une impasse où s'entassaient les poubelles et les clochards. Il disposait d'une heure devant lui. Il ouvrit la valise qu'il avait amenée avec lui et sortit ses accessoires. De son séjour à Florence, il avait conservé des instruments de torture particulièrement efficaces qu'il entretenait jalousement. De redoutables jouets entre les mains averties d'un expert. Ce soir, il mettrait en applications certaines pratiques dont il avait lu des comptes rendus quand il était le conservateur du Palazzo Capponi. Pour ce qu'il allait faire, la baignoire lui convenait parfaitement.

Vince Anderson reprit le chemin de l'appartement miteux qu'il habitait pour sa dernière nuit à Washington. Il partait enfin à Chicago le lendemain sur un avion privé, direction le Canada. Fini le bruit et les odeurs de moisi. A lui la belle vie, loin des flics du FBI. Il ouvrit la porte de son appartement et pénétra dans le salon déprimant. Il fut immédiatement assailli par une forte odeur d'éther mais n'eut pas le temps de réagir, alors qu'une main s'abattait sur son visage et que son bras droit subissait une clé qui l'empêchait de se retourner vers son assaillant. Il se mit à se débattre et essaya d'attraper son couteau. Mais le tampon de chloroforme appliqué sur son visage lui brouilla les idées et bientôt, Anderson perdit conscience.

Le docteur Lecter posa le corps de l'homme sur le sol. Il le fouilla et lui retira le poignard. Puis il déshabilla entièrement l'homme et le ligota des pieds à la tête. Il le transporta ensuite dans la salle de bain et le déposa dans la baignoire.

Il sortit un scalpel et inclina la tête de l'homme en arrière. Il pratiqua de fines incisions à la base du cou et sectionna les cordes vocales d'Anderson. Pratiquée avec précision, cette opération était peu sanglante mais promettait d'être traumatisante pour la victime qui n'émettrait plus un son.

Le docteur Lecter attendit calmement le réveil de l'homme. Encore groggy, Anderson releva la tête et grimaça. Il aperçut le docteur et ouvrit la bouche. À sa grande surprise, il n'émit aucun son. Il baissa les yeux et aperçut deux filets de sang sur sa poitrine. Son visage exprima de l'incompréhension.

" Vous vous demandez ce qui vous arrive ?… "

L'homme regarda autour de lui et commença à se débattre en tirant sur ses liens. Le docteur le regarda faire en vain.

" C'est inutile, Vince... Cessez de vous agiter ainsi… Vous ne ferez que resserrer les nœuds. "

L'homme ouvrit la bouche sur un hurlement silencieux. La panique commença à l'envahir et il se débattit de plus belle.Le docteur l'observa, fasciné. La détermination va bientôt faire place à de l'abattement.

" Vous commencez à comprendre, n'est-ce pas ?... Vous maudissez votre impuissance... Le désespoir vous envahit... Et la peur s'insinue en vous par tous les pores de votre peau... Vous avez du mal à respirer, comme si vous aviez un nœud dans la gorge… Votre estomac se révulse… Vous transpirez alors qu'un froid intense vous envahit… "

Anderson le regardait, les yeux exorbités, le souffle court, la sueur couvrant son visage.

" Les mécanismes de la peur ne sont-ils pas extraordinaires ?… N'est-ce pas la preuve parfaite que la force des émotions commande le corps ?… Ne me répondez pas, c'était purement rhétorique… "

Anderson eut un sursaut involontaire lorsque le docteur sortit son Harpy et fit miroiter la lame à la lumière.

" ... Mon cher Vince, je vais ajouter la souffrance à la somme de votre inconfort... "

L'homme frissonna et lui jeta un regard terrifié en secouant la tête.

" Pourquoi ? Je vois que nous nous comprenons très bien tous les deux... "

Hannibal Lecter se pencha en avant. Il promena négligemment l'extrémité de son couteau sur la poitrine du tueur. L'homme sembla rétrécir dans la baignoire. Sa respiration devint très difficile.

" La loi du Talion, vous connaissez ?...Œil pour œil, dent pour dent... Oh, il ne s'agit pas de moi. J'agis en représailles de ce que vous avez fait à la femme que j'aime... Elle est entre la vie et la mort... Oui ? Vous voyez de qui je parle... Clarice Starling... "

L'homme se mit soudain à trembler violemment et son regard exprima une terreur sans nom.

" Et vous venez de comprendre qui je suis... "

Le docteur Lecter s'émerveillait chaque fois de ce que la simple évocation de son nom provoquait chez ses victimes. Anderson s'agita et ouvrit la bouche sur des paroles muettes.

" Des insultes... J'espère que vous comprenez, mon cher Vince, pourquoi j'ai sectionné vos cordes vocales... C'est très déroutant de ne plus entendre le son de sa propre voix, n'est-ce pas ? Imaginez tout à l'heure que vous ne vous entendrez pas hurler de douleur... "

Au comble du désespoir, Anderson éclata en sanglots et articula plusieurs fois le mot pitié. Le docteur soupira, soudain ennuyé.

" Allons, je vois qu'il va être temps de passer aux actes... "

Lecter se releva et alla chercher sa valise. Anderson secoua frénétiquement la tête lorsque Hannibal revint et se saisit d'un instrument étrange. Anderson ouvrit la bouche sur une prière muette. Il tremblait et son corps, couvert de sueur, était parcouru de frissons incontrôlables. Hannibal Lecter commença à entailler la peau de l'homme, et immédiatement, le corps d'Anderson se tendit sous la douleur. Le tueur avec du mal à respirer et de faibles soubresauts agitaient son corps. Lecter continua avec d'autres instruments, augmentant le seuil de la douleur. Le visage crispé et les traits déjà marqués du visage d'Anderson trahissaient ses souffrances. Sa respiration était saccadée et il urina sous lui.

Le docteur Lecter nota les réactions d'Anderson avec détachement. À un moment, l'homme, épuisé, s'évanouit. Le docteur suspendit ses expériences et rangea ses instruments après les avoir minutieusement nettoyés.

Anderson reprit conscience. Les yeux rougis et hagards, le visage pâle et les traits tirés, il baignait dans ses propres excréments et dans son sang. Le docteur Lecter revint vers lui, le Harpy à la main. Anderson l'implora du regard. Ce fut vite fait. Le docteur mit la tête d'Anderson en arrière et lui trancha nettement la gorge. L'homme eut quelques convulsions puis la lueur dans ses yeux s'éteignit. Lecter fit ensuite une profonde entaille sur le côté droit de sa victime et préleva son foie qu'il plaça dans une boîte hermétique. Il se releva et se lava les mains, laissant le cadavre encore chaud se vider de son sang.

Il quitta l'appartement, heureux d'en avoir fini. Il n'accordait à la souffrance physique qu'un intérêt secondaire, dont il se lassait vite. Jamais il n'avait été un masochiste. Il devait cependant reconnaître que la chair humaine avait beaucoup plus de goût quand les victimes avaient souffert. Un effet de l'adrénaline. Sur le chemin du retour, il réfléchit à la façon dont il allait accommoder son précieux morceau de choix… Après quelques suggestions mentales, il opta pour une sauce à la vénitienne. Des carottes Vichy et des poireaux à la crème feraient un excellent accompagnement, le tout servi avec un Gevrey-Chambertin 1986.

" On a retrouvé Anderson, " annonça Pearsall en entrant dans le bureau de Stevenson, accompagné de Jack Crawford.

" Ah bon, où donc ? "

" Dans un appartement miteux du quartier ouest de Washington. Il est mort. "

" Merde ! " jura Stevenson en se levant brusquement.

" Il a été torturé. "

" Merde, merde et merde ! "

" Nous avons le rapport d'autopsie, " dit Crawford.

" Faites-moi voir. "

Stevenson le parcourut en détaillant chaque explication.

" L'assassin est droitier. Il a égorgé la victime de la gauche vers la droite, en se tenant du côté droit de la baignoire, au-dessus de lui. La victime porte des traces de coups et de lacérations sur tout le corps, et a été attachée. Ses chevilles et ses poignets sont profondément marqués. Il a été également brûlé, peut-être avec un chalumeau électrique. Les cordes vocales ont été sectionnées avec un scalpel par un expert qui savait comment s'y prendre... Le prélèvement d'organe... a été fait post-mortem... Les autres mutilations ont été faites par des rats, qui pullulent dans l'immeuble… Qu'est-ce que ça veut dire ? "

" Lecter l'a retrouvé avant nous. "

" Vous êtes sûrs qu'il s'agit bien de lui ? "

" Des cheveux gris appartenant à un homme de type caucasien ont été trouvés. Le VICAP a confirmé : il s'agit bien de Lecter."

" Quelle merde ! "

" Oui, on a un sérieux problème sur les bras. "

" C'est surtout moche pour vous, Jack. À six mois de la retraite. "

" Le message est explicite : on ne touche pas à Starling. "

" Que voulez-vous dire, Jack ? "

" Depuis le début, on s'est trompé sur les intentions de Lecter vis-à-vis de Starling. Il ne la poursuit pas pour la tuer. Il la protège. J'aurais dû m'en apercevoir plus tôt, mais c'est à l'hôpital que m'est venue cette théorie. Je me souviens que dans l'affaire 'Buffalo Bill', un codétenu de Lecter avait agressé Starling. Lecter l'a tué. Pendant son enquête ensuite, Starling a subi les avances du directeur de l'hôpital psychiatrique où était enfermé Lecter. Nous avons cru à l'époque que le Docteur n'avait cherché qu'à se venger de lui, mais il se peut fort bien, qu'en tuant Chilton, il ait fait d'une pierre deux coups, parce qu'il n'a pas apprécié la façon dont la jeune femme a été traitée. "

" De même, il s'est vengé de Krendler parce qu'il est à l'origine des problèmes de Starling. Nous avions cru que Lecter l'avait tué parce qu'il travaillait pour Mason Verger, " continua Pearsall.

" Clarice disait qu'elle ne craignait pas que Lecter la poursuive. Elle disait qu'il aurait trouvé ça impoli. "

" Impoli ? " demanda Stevenson, interloqué.

" Le docteur Lecter peut-être bien des choses, mais il obéit à des règles de conduite strictes. La courtoisie en est une. Beaucoup de personnes l'ont décrit comme un parfait gentleman et n'ont jamais eu à se plaindre de son comportement. C'est ce qui l'a rendu d'ailleurs si difficile à capturer. "

" Mais Lecter a tué, alors que Starling est hors de danger maintenant ! "

" C'est un avertissement pour ceux qui voudraient s'attaquer à elle de nouveau. "

" En attendant, nous sommes dans une impasse. "

" Sur le dossier Palmer ? "

" Les charges sont accablantes. Mais après ce qui est arrivé à Starling, de nombreux témoins se sont rétractés. Ils ont peur de parler. "

" Les arrestations continuent. Mais il faudrait qu'on mette la main sur Benedetti. Il était au courant de tout. "

" Que fait-on au sujet de Lecter ? "

" On le cherche… Il est ici, quelque part. Il ne s'éloignera pas de Starling, j'en suis sûr. "

" Comment va t'elle à présent ? "

" Elle montre des signes de réveil. Les médecins sont optimistes quant à l'amélioration de son état. Mais il faut encore attendre. "

Clarice Starling reprit conscience après une semaine de coma. Affaiblie par ses blessures, elle passait par des phases d'éveils et de sommeils, qui allèrent en s'espaçant au fil des jours.

Quand elle eut reprit suffisamment de forces, Jack Crawford et Ardelia Mapp vinrent la voir. Crawford lui cacha les derniers événements, notamment la visite surprise du Docteur Lecter, et Ardelia ne parla pas de l'affaire. La jeune femme, colocataire et amie de Starling à l'Académie, s'était mariée trois années plus tôt et avait une petite fille. Elle vivait à Boston où son mari était avocat. Toujours au FBI, elle occupait un poste de chef de service qui lui convenait tout à fait.

La presse annonça que Starling était sortie de son coma, mais qu'il lui faudrait de longues semaines de convalescence et de repos. Quant à son avenir, il semblait assurer et on parlait déjà de promotion pour elle.

Huit jours après son réveil, ce fut Thanksgiving. Elle reçut un magnifique bouquet de fleurs, livré par le meilleur magasin de la ville, et un mystérieux paquet, que l'on ouvrit en prenant beaucoup de précautions. La carte attachée ne comportait pas de signature, mais seulement deux mots : 'Prompt rétablissement'. Personne ne fut dupe sur l'auteur de l'envoi, mais de manière consensuelle, personne n'évoqua le Docteur. Les agents chargés de sa surveillance lui apportèrent enfin le paquet ouvert et elle découvrit avec stupeur et plaisir sa chaîne passée dans la chevalière d'Hannibal Lecter. On voulut lui confisquer ses objets en tant que pièces à conviction, mais elle protesta vivement. Après tout, c'était son collier, ce que confirma Ardelia. Par contre, elle mentit en prétendant que la chevalière avait appartenu à son père. Comment ces objets étaient arrivés entre les mains du Docteur et pourquoi les avait-il rendus ? Ce furent les questions que se posèrent les responsables du Bureau.

Clarice, quant à elle, comprit pleinement la signification symbolique des deux objets qu'elle avait au départ entrelacés par commodité, et fut embarrassée. Maintenant, le Docteur pouvait croire qu'elle s'était attachée à lui. En lui rendant les bijoux, son geste trahissait les sentiments qu'il éprouvait envers elle et la forçait à considérer ce qu'elle ressentait pour lui. Finement joué, Docteur, mais ne croyez pas que vous l'emporterez aussi facilement.

Après les derniers examens qui annoncèrent que son état s'était nettement amélioré, elle fut enfin autorisée à sortir. Elle rentra chez elle, mais elle était sous surveillance 24 heures sur 24. Elle se reposa car elle se fatiguait vite. Elle put reconduire et devenir autonome. Mais elle, si énergique, avec du mal à supporter cette inactivité forcée. Pearsall lui conseilla de profiter au maximum de ses congés maladie. Elle accepta la proposition d'Ardelia et elle partit passer les fêtes de Noël à Boston chez son amie. Elle suivit dans la presse les retombées des scandales liés à l'arrestation de Palmer.

Ce fut aussi par la presse qu'elle apprit que le Docteur Lecter lui avait rendu visite pendant son séjour à l'hôpital. Elle fut furieuse et appela immédiatement Pearsall : une indiscrétion avait révélé ce que le FBI avait tenté de dissimuler. Ce fut un nouveau tollé dans la presse et Clarice fut à nouveau involontairement sous les feux de l'opinion publique. L'histoire de la belle et de la bête refit son apparition. Clarice ne le supportait plus : avec l'aide d'Ardelia, elle trouva un chalet dans un endroit perdu au fin fond du Maine. Elle voulait être seule et échapper à toute cette pression. Elle entassa des provisions dans une voiture louée et partit. Ardelia s'inquiéta pour son amie mais elle comprenait que Starling en avait assez et voulait se retrouver seule pour faire le point.

Huit semaines après sa sortie du coma, Starling disparut, mais personne ne sembla s'en soucier.

... To be continued...