The best Ennemies in the World

by Sataï Nad

Disclaimer : The characters are not mine. They belong to Thomas Harris. I just borrowed them. No infringement of copyright is intended.

" ... He woke her then, and trembling and obedient, she ate that burning heart out of his hand. Weeping, I saw him depart from me. "

Chapter 13 : Starling's convalescence

Le chalet était plus que confortable et le cadre magnifique. Clarice s'installa et se reposa, loin de tout. Quand le temps le lui permettait, elle se promenait dans la forêt environnante et réfléchissait à sa situation. Sa réintégration était officielle et elle aurait sûrement une promotion, d'après ce que Pearsall lui avait fait comprendre. Jack Crawford souhaitait qu'elle revienne dans son service, certainement à un poste de chef de département.

Lorsqu'elle rentra après sa promenade quotidienne, elle trouva une rose rouge sur la table du salon. Elle resta un instant immobile, tous les sens aux aguets. "IL" était venu. "IL" l'avait retrouvée. Elle sentit la colère l'envahir. Pourquoi ne la laissait-il pas tranquille ? Pourquoi ne comprenait-il pas qu'elle ne voulait plus avoir affaire à lui ? Tout ce qui lui était arrivé depuis huit ans avait été de sa faute. Depuis le moment où leurs regards s'étaient croisés dans cet hôpital de Baltimore, le cauchemar avait commencé pour elle. Plus que jamais maintenant, elle était résolue à l'arrêter. Elle s'assura que son arme était chargée et sortit la paire de menottes qui ne la quittait jamais. Puis elle fouilla la maison. Comme elle le pensait, elle ne le trouva pas, mais elle savait qu'il reviendrait.

Elle alluma un feu et attendit, couchée sur le canapé, un livre à la main.

Ce fut le craquement d'une bûche dans l'âtre qui la réveilla et elle sut instinctivement qu'il était là, dans la pièce. Dehors, il faisait nuit. La lueur des flammes était la seule source de lumière dans le salon. Elle découvrit Hannibal Lecter, assis dans un fauteuil en face d'elle, les yeux brillants, générant leur propre lumière. Il se regardèrent un long moment sans prononcer une parole.

" Depuis combien de temps m'observez-vous ? " demanda t'elle finalement.

" Assez pour être sous le charme et ne pas réveiller la Belle aux Bois Dormant. "

Mauvais conte de fées. Si typique de lui. Elle secoua la tête.

" Vous ne faites jamais rien comme tout le monde ?"

" Non. Je m'y refuse."

Il se leva. Clarice fouilla immédiatement sous le coussin et s'empara de son arme qu'elle pointa vers lui.

" Où allez-vous ? Ne bougez pas !"

Il eut un rire.

" Allons, Clarice, vous ne voudriez pas gâcher cette merveilleuse soirée en tirant sur moi? "

" Vous savez très bien que je pourrais le faire si vous m'y forcez. "

" C'est pourquoi j'ai enlevé le chargeur. "

Sans plus s'occuper d'elle, il alla chercher deux verres dans la cuisine et ramena une bouteille de vin qu'il ouvrit. Elle l'observa et fut étonnée de son changement physique. Il avait maigri et ressemblait au Docteur Lecter qu'elle avait découvert huit ans plus tôt dans sa cellule. La coupe de ses vêtements le mettait en valeur. La chemise en soie indigo qu'il portait accentuait l'intensité de son regard, et curieusement, le rendait chaleureux. Son médaillon de barbe lui donnait un air méphistophélique, une impression renforcée par le reflet des flammes qui dansait sur ses traits. Paradoxalement, il se dégageait une grande douceur de tous ses gestes. Elle devait l'admettre, il était excessivement séduisant. Il lui tendit un verre et il porta un toast.

" À la femme qui m'est la plus chère au monde. Puisse t'elle avoir trouvé ce qu'elle cherche et qu'elle soit heureuse. "

Il but lentement sans la quitter des yeux. Clarice resta un moment interdite devant son comportement et la franchise de ses paroles. Elle oublia de boire, envoûtée par son regard. Il eut ce sourire qui adoucissait ses traits et elle sentit une chaleur subite l'envahir. Elle se mit à rougir et s'en voulut de réagir de cette manière, mais jamais encore aucun homme ne l'avait troublée à ce point. Lui seul arrivait à la décontenancer d'un seul geste, d'une seule parole, d'un seul regard. Elle but précipitamment une gorgée de vin et s'étrangla. Lecter se mit à rire.

" Doucement, Clarice... "

Pourquoi me fait-il cet effet? Pourquoi ce soir ? pensa t'elle.

" Parce que la vie est trop courte et qu'il faut saisir toutes les opportunités quand elles se présentent. "

Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Il venait de répondre à ses questions muettes.

" Je connais la valeur d'une vie, Clarice. Cela vous étonne venant de la part d'un homme qui a tué si souvent ? "

Elle comprit soudain comment il fonctionnait et elle fut illuminée par cette révélation : il était libre, dans tous les sens du terme. Moralement, socialement, physiquement, il était son seul maître, libre de choisir, libre d'agir, de repousser les limites, d'affronter ses peurs, d'apprendre, de détruire, d'aimer... La liberté était ce qui le motivait, le faisait vivre et avancer. Personne n'avait jamais compris cela. Tout le monde avait élaboré des théories compliquées à son sujet alors que c'était si simple. Elle se souvint soudain de ses paroles huit ans plus tôt.

Quel est le premier principe ? La simplicité... Relisez Marc Aurèle. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, et éclata de rire.

" Oui, Clarice, vous comprenez... " dit-il en hochant la tête.

Elle le regarda sous un nouveau jour et sut ce qu'elle cherchait. Elle lui enviait cette liberté depuis le premier jour. Même quand il était derrière les barreaux, dans cette prison de Baltimore, il était libre. Libre dans sa tête. Libre dans cet immense palais qu'était son esprit. Elle aussi pouvait être libre, il lui offrait depuis leur rencontre la possibilité de l'être.

Elle se leva et vint s'agenouiller devant lui.

" J'ai trouvé ce que je cherchais, Hannibal, et je suis heureuse. "

Une indéniable lueur de plaisir apparut dans les yeux d'Hannibal Lecter. Il inclina la tête sur le côté.

" Montrez-moi. "

Elle prit le verre qu'il tenait dans la main et le posa sur la table. Elle plongea dans ses yeux étranges et il se noya dans les siens, calmes, pleins d'assurance. Il se laissa submerger par une émotion indescriptible, agréablement surpris par cette confiance aveugle dont elle l'honorait. Il lut tout au fond de l'âme de Clarice, et il trouva enfin ce qu'il cherchait si désespérément depuis toujours : sa rédemption. Tel le chevalier dans sa blanche armure, elle venait vers lui, s'offrant en sacrifice. Des larmes apparurent dans ses yeux... Depuis combien de temps n'avait-il pas pleurer ? Depuis ce jour fatidique où Mischa avait disparu. Depuis, il s'était forgé une cuirasse indestructible, cachant la blessure qui ne se refermerait peut-être jamais. Il s'était fait alors cette promesse de toujours garder le contrôle, de ne jamais laisser à quiconque le droit de choisir pour lui. Il avait alors commencé à bâtir ce palais immense aux innombrables pièces, qu'il enrichissait tous les jours de ses expériences et où il aimait à se recueillir en toute sérénité.

Et puis, Clarice Starling était apparue dans sa vie. Il avait décelé en elle des qualités dont la jeune femme ignorait l'existence, et ce faisant, elle avait ouvert en lui de nouvelles portes sur des endroits insoupçonnés d'un édifice qu'il croyait pourtant connaître. Seul, il avait exploré ces pièces vides mais qui se révélaient si pleines de promesses. Si seulement... si seulement elle acceptait de les partager avec lui, d'y apporter sa touche personnelle et de les enrichir. Et aujourd'hui, Clarice, sa Clarice, acceptait de passer le seuil de ces portes avec lui.

Des larmes coulèrent sur les joues d'Hannibal Lecter, des larmes qu'il ne chercha pas à retenir. Emue, Clarice fut touchée par la vulnérabilité silencieuse de cet homme réputé inaccessible et implacable. Intuitivement, elle sut avec une certitude absolue que, derrière la façade froide et lisse, se cachait un homme qui appelait au secours depuis très longtemps, et que cette personne, cette victime, trouvait enfin la possibilité de s'exprimer grâce à elle.

Dans un élan irrésistible, elle le serra dans ses bras. Lentement, elle embrassa chacune de ces larmes et les absorba une par une, savourant leurs goûts salés.

" Oh, Clarice... j'ai cru mourir quand je t'ai vue, étendue sur ce lit... "

" Tout va bien, je suis là... "

" J'ai senti mon cœur exploser... "

" Je sais... Chut... "

Les lèvres de Clarice Starling continuèrent leurs lentes explorations et effleurèrent enfin celles Hannibal.

" Tout commence et tout finit par toi... Hannibal, libère-moi... "

Il l'embrassa passionnément et elle se mit à gémir. Elle retourna son baiser avec la même ferveur. A son tour, il grogna et Clarice se sentit étrangement excitée par cette expression animale de son être.

Son étreinte devint irrésistible et elle émit une plainte de douleur quand il serra brutalement sa cage thoracique. Elle eut un instant de frayeur en voyant la férocité de son expression et la faim dans ses yeux. Il ne s'excusa pas, mais relâcha la pression, et il continua à l'embrasser fougueusement. Elle fut prise d'une soudaine frénésie en voulant toucher sa peau et se noyer dans l'odeur de son corps. Elle tira sur sa chemise et en arracha les boutons. Il eut un rire rauque et se recula pour lui permettre d'accéder. Il captura dans sa mémoire l'expression de détermination et de désir qu'elle affichait sur son visage. Hannibal Lecter enleva sa chemise et elle put enfin poser les mains sur son torse. Fascinée, elle caressa ses épaules puissantes et ses pectoraux, couverts de poils grisonnants. Il la serra à nouveau contre lui, frustré, et l'embrassa brutalement, tout en enlevant le T-shirt qu'elle portait. Elle se colla contre lui, désireuse de sentir sa peau contre la sienne. Il se mit à lui mordiller l'épaule et elle eut un frisson en pensant aux dégâts que pouvaient faire ses dents sur sa peau. Loin de l'effrayer, cette pensée augmenta son plaisir et elle gémit, réclamant d'autres caresses. Il enleva le soutien-gorge de la jeune femme, puis s'empara d'un sein avec une main, et prit l'autre dans sa bouche. Il commença à en exciter les pointes, qui durcirent sous ses caresses. Clarice cria de bonheur, la tête rejetée en arrière et arqua le dos. Il la remercia de cette offrande par un grognement et explora son abdomen et son ventre avec sa langue. Elle ferma les yeux, saisie par la délicieuse sensation de lui appartenir et de n'avoir vécu que pour cet instant là.

Et tout à coup, elle ne sentit plus rien. Elle ouvrit les yeux et le vit penché sur elle, pâle, les mâchoires serrées. Elle comprit immédiatement ce qu'il regardait.

" Hannibal, non... "

Mais il ne pouvait détacher son regard des cicatrices fraîches qui barraient son torse. Clarice tenta de prendre le visage d'Hannibal entre ses mains, mais il se rebiffa, et pour la première fois, elle l'entendit jurer dans une langue qui lui était inconnue.

Clarice sentit les larmes lui monter aux yeux et elle tenta de cacher les affreuses cicatrices dont elle avait brusquement honte. Mais il lui prit les mains, et lentement, tout en la regardant dans les yeux, il posa des baiser légers sur chacune d'entre elles, y compris celles de son épaule gauche. Elle frissonna et s'émerveilla devant tant de tendresse et de délicatesse.

Il lui lâcha les mains et revint poser des baisers le long de sa mâchoire. Elle l'entendit murmurer en russe :

" Мой Іэбндь, мак лрекрасний мак храбрий... "

Le son de sa voix associé aux étranges accents gutturaux slaves la firent chavirer. Elle ferma les yeux brièvement.

" Qu'est-ce que ça veut dire ? "

" Mon cygne, si beau, si courageux... "

" Hannibal... "

Elle réclama ses lèvres et l'embrassa en frissonnant de plaisir. Ses mains explorèrent son dos puissant et elle se colla contre lui, désespérée de ne pas être plus en contact avec sa peau. Elle sentit contre son ventre l'érection d'Hannibal et caressa son pénis au travers de son pantalon. Il grogna de plaisir, tout en lui mordillant le cou, et ses mains capturèrent les seins de la jeune femme. Les nerfs en feu, Clarice continua cependant à lui administrer ses caresses, jusqu'à ce qu'ils s'écartent l'un de l'autre, le souffle court.

Il l'aida à se lever et il continua lentement à la déshabiller tout en la couvrant de baisers. Clarice le laissa faire, puis elle le déshabilla à son tour, mais avec impatience. Avec un rire, Hannibal lui échappa des mains. Elle eut un geste de frustration qui provoqua un autre rire chez son compagnon. Il admira le corps nu de sa déesse. Elle ne put s'empêcher de frissonner sous son regard perçant et se plut à prendre une pose plus provocante. Il fronça les sourcils et ses yeux lancèrent des éclairs. Elle continua à le provoquer, un petit sourire insolent aux lèvres, jusqu'à ce qu'il s'approche finalement d'elle, la flamme incandescente du désir brûlant dans ses yeux, leur donnant un aspect véritablement satanique. Il se saisit d'elle, en voulant la soumettre à sa volonté. Il l'entraîna alors dans un tourbillon sensuel de caresses affolantes qui la laissèrent soumise et gémissante. Il la porta ensuite sur la table du salon où il la coucha, tout en la mordant et en la dévorant de baisers.

Il arrêta un instant son traitement et l'observa avec fascination. Perdue dans une extase sans nom, Clarice gisait devant lui, offerte, les yeux mi-clos. Ses joues avaient pris une teinte rose et ses cheveux brillaient d'une couleur fauve. Ses lèvres étaient gonflées et contrastaient violemment avec la pâleur de sa carnation. Il fut époustouflé par sa beauté.

" Voir Venise et mourir... "

" Humm ?... "
" C'est ce que les français disent... Si je devais mourir, c'est ton image en cet instant que j'évoquerais... "
" Qui parle de mourir ?... "
" Tu connaîtras la petite mort, mon amour... "

Elle le regarda d'une manière indécise, saisie d'un doute. Il éclata de rire et déposa sur sa gorge et sa poitrine des baisers brûlants. Il prit un mamelon entre ses dents et le mordilla, puis il passa à l'autre. Il continua sa délicieuse torture en mordillant son abdomen et son ventre, alors que ses mains écartaient les cuisses de sa jeune compagne. Il caressa brièvement son sexe, introduisit deux doigts dans son vagin considérablement lubrifié et caressa lentement son clitoris avec son pouce. Les nerfs à vifs, Clarice cria de plaisir et ses hanches se soulevèrent en rythme avec ses mouvements. Elle sentit monter un premier orgasme et elle s'accrocha à ses épaules. Mais soudain, il s'arrêta et elle le regarda, frustrée et haletante. Il retira ses doigts et les lécha lentement, goûtant avec un plaisir immense le miel de ses entrailles. Excitée par ce simple geste, Clarice gémit.

" Hannibal... "

Sans ménagement, il la rapprocha du bord de la table et lui souleva les cuisses. Il se positionna et la pénétra lentement en se retenant contre l'envie folle d'assouvir son désir immédiatement. Elle était si étroite. Clarice cria de plaisir et commença à remuer les hanches pour venir à sa rencontre, mais il l'empêcha de bouger, se contentant d'être en elle, savourant ce sentiment de possession. Il s'allongea sur elle, et tendrement, l'embrassa. Clarice crut devenir folle devant tant de contrôle.

" Hannibal... "
" Oui, Clarice ? "
" Prends-moi... "

Il se redressa sur les bras et commença un lent va-et-vient, délicieusement torturant. Clarice gémit, heureuse. Jamais aucun homme ne l'avait à ce point rendu folle de désirs. Elle s'accrocha à ses biceps et bougea en cadence, venant à sa rencontre. Il accéléra le rythme alors que les gémissements de Clarice augmentaient en intensité. Il allait et venait en elle, pompant avec un tel contrôle, la comblant complètement, puis se retirant, à tel point qu'elle le retenait, de crainte qu'il ne sorte. Sous l'effort, leurs deux corps se couvrirent rapidement de sueur. Clarice s'abandonna, envahie par des vagues de plaisir de plus en plus fortes. Elle sentit monter un formidable orgasme. Il accéléra encore le rythme et elle explosa en criant son nom. Hannibal sentit les muscles vaginaux de sa compagne se contracter sous ses assauts. Il continua à plonger en elle, mais la vision de la femme qu'il aimait en train de jouir, fut suffisante pour qu'il explose à son tour. Tout son corps se contracta soudain violemment alors qu'il éjaculait en elle. Il s'effondra sur elle, haletant, épuisé.

Ils ne bougèrent pas pendant de longues minutes, essayant de calmer les battements désordonnés de leurs cœurs, savourant la communion de leurs corps et de leurs âmes. Clarice eut un faible gémissement. Hannibal leva le tête et la regarda. Elle avait du mal à respirer sous son poids et tremblait. Il se releva, inquiet.

" Clarice ? "
" J'ai mal partout... "

Il la souleva dans ses bras, légère comme une plume, puis la porta sur le canapé où il la recouvrit d'une couverture.

Il ranima le feu et alla chercher un verre d'eau. Il passa un peignoir et revint vers elle, pauvre petite chose. Il avait bien vu qu'elle avait terriblement maigri. Elle avait une mine à faire peur et l'amour l'avait vidée de ses dernières forces. Il lui donna à boire et lui caressa le front en écartant ses cheveux mouillés par la sueur. Epuisée, elle s'endormit immédiatement dans ses bras.

Il se leva en veillant à ne pas la réveiller et s'installa dans le fauteuil où elle l'avait découvert. Il reprit sa veille et resta à la contempler en train de dormir.

A cet instant précis, il sut avec une certitude absolue qu'il venait de s'enchaîner à elle et que son destin était scellé. Tel Prométhée sur son rocher, il était condamné à être dévoré par son amour pour cette femme. Il sentit sa vie basculer, alors que dans ses veines brûlait le feu de la passion. Depuis le premier jour, depuis le premier regard, il avait su qu'elle le mettrait à genoux pour son plus grand bonheur et son plus grand malheur. En cet instant, il accueillait avec délice sa capture et sa chute.

Mais elle serait aussi l'instrument de sa perte, et il savait avec son acuité extraordinaire que son être se révolterait et refuserait de se soumettre devant elle. Tel un cheval sauvage, il se cabrerait, ruerait et se débattrait jusqu'à l'épuisement pour refuser la selle. Il se prit la tête entre les mains. Il aimait cette femme de toutes les fureurs de son âme mais malgré tout, il pouvait lui faire du mal, la briser et la détruire pour conserver cette impression de liberté. Tôt ou tard, il lui faudrait partir pour la sécurité de Clarice.

Il se mit à maudire sa lucidité et sa connaissance des êtres. Tôt ou tard, elle n'aurait plus besoin de lui. Il incarnait un idéal de liberté aux yeux de Clarice, mais il savait pour en avoir fait l'expérience, que c'était une initiation personnelle que de s'aventurer sur ce chemin. Elle chercherait seule sa propre voie, avide d'explorer et de découvrir, de repousser toujours les limites. Peut-être que jamais elle ne lui rendrait l'amour qu'il lui porterait car elle refuserait d'être l'esclave de ses sentiments.

Il avait désespérément besoin d'un verre. Sans vraiment s'en apercevoir, il vida lentement la bouteille de vin et se laissa doucement griser par l'alcool. Combien de temps ? Le papillon venait de sortir de sa chrysalide et ses ailes devaient maintenant sécher avant de lui permettre de prendre son envol. Il se sentit soudain très vieux et soupira. Il allait l'aider à s'épanouir et la regarderait s'éloigner de lui. Elle resterait elle-même, tout en devenant quelqu'un d'autre. Peu à peu, elle deviendrait de plus en plus inaccessible. Leur temps ensemble était d'ores et déjà compté.

Clarice s'éveilla, percluse de courbatures, mais heureuse et légère. Elle aperçut Hannibal et lui sourit, puis aperçut la bouteille vide et la fatigue de son compagnon.

" Tu n'as pas dormi. "

Ce n'était pas une question.

" Non. "
" Quelque chose te préoccupe ? "

Elle se leva et s'enroula dans sa couverture, puis vint s'asseoir sur les genoux d'Hannibal. Il l'accueillit avec un sourire et l'embrassa.

" Bonjour Clarice... "
" Hannibal, dis-moi... "

Elle posa sa tête contre son épaule. Elle ne le lâcherait pas facilement. Il secoua la tête.

" Je suis juste le plus heureux des hommes. Je n'en reviens pas encore. "
" Tu ne me dis pas tout... "
" Agent Starling, vous n'espérez quand même pas que je vais vous faire des confidences parce que nous avons fait l'amour ensemble ? "

Elle eut un rire et l'embrassa sur la joue pour se faire pardonner. Il reprit doucement :

" Tu vas bien ? "

Elle hocha la tête, bailla et s'étira langoureusement comme un chat en grimaçant un peu.

" J'ai merveilleusement bien dormi... Et je meurs de faim "
" Si Mademoiselle daigne se lever, je crois pouvoir aller à la cuisine préparer un petit-déjeuner digne de Mademoiselle... "

Elle éclata de rire devant cette imitation parfaitement réussie d'un maître d'hôtel anglais. Elle se blottit contre lui et l'embrassa.

" J'ai aussi d'autres appétits... "
" Ah ? "
" Plus physiques... "
" Ah-ah... "

Elle écarta les pans de son peignoir et découvrit son torse qu'elle commença à caresser de manière sensuelle.

" Plus charnels... "

Il se surprit soudain à ne plus avoir de voix devant son audace. Elle se pencha et saisit un de ses mamelons entre ses lèvres. Elle l'excita avec sa langue et ses dents. Il fut pris au dépourvu et gémit, traversé littéralement par un courant électrique. Il rejeta la tête en arrière et ferma les yeux, envahi par le plaisir. Elle le regarda s'abandonner, surprise et fière de la réaction qu'elle suscitait chez lui. Elle continua à le mordiller, tandis que ses mains exploraient son abdomen, son ventre et son bas-ventre. Il se mit à grogner lorsqu'elle s'empara de son pénis en érection. Elle caressa lentement la peau tendre de son membre, puis descendit vers les testicules qu'elle serra doucement. Elle alterna caresses légères et prises fermes sur sa verge, et vit les mains de son amant se crisper sur les accoudoirs du fauteuil, aux limites de son contrôle. Déjà, il respirait plus difficilement et se mit à grogner, alors que quelques gouttes de sperme arrosait la main de Clarice. Elle suspendit ses caresses et l'embrassa. Il accueillit avec avidité ses lèvres et ses bras enserrèrent la taille de la jeune femme. La couverture glissa, lui laissant libre accès à sa poitrine. Il prit chacun de ses seins dans ses mains et caressa les mamelons avec ses pouces, tout en continuant à l'embrasser avidement. Clarice gémit à son tour. Il l'attira à lui et elle frotta son sexe contre l'érection d'Hannibal. Il grogna, excité, et voulut la pénétrer. Mais elle se déroba avec un petit rire.

" Clarice... "
" Je sais... Patience... "

Elle se mit à l'embrasser et à le mordiller sur tout le corps. Hannibal rejeta une nouvelle fois la tête en arrière. Toutes ses terminaisons nerveuses étaient en feu. A chaque contact, ses muscles tressaillaient, et son pénis lui faisait désespérément mal. Sa résistance commençait à être mise à mal.

" Clarice... "

Cette fois, sa voix étranglée alerta Clarice qui se mit en position au-dessus de lui. Elle guida le sexe d'Hannibal à l'entrée de son vagin et elle s'empala brusquement sur lui. Ils crièrent tous les deux et Hannibal dut la retenir de bouger car il était trop proche. Il appuya sa tête contre l'épaule de sa compagne et reprit un peu de son contrôle. Clarice lui caressa doucement la nuque en s'étonnant du pouvoir qu'elle exerçait sur lui. C'était exaltant, mais elle avait envie de partager cette sensation avec lui. Elle murmura à son oreille :

" Jamais sans toi... "

Il redressa la tête et la regarda dans les yeux. Comme s'il avait deviné ses pensées, il lui dit :

" Ne fais pas une promesse que tu ne tiendras pas. "
" Tu veux parier ? "

Elle commença à bouger au-dessus de lui. Elle dicta la cadence et il s'ajusta à elle, mais rapidement, il dut faire à nouveau appel à tout son contrôle. Le rythme qu'elle imprimait était trop délicieusement lent, et cette douce torture menaçait de le submerger. Il ferma les yeux, incapable d'en supporter davantage. Clarice lui saisit impérieusement le visage.

" Regardes-moi ! "

Il plongea dans les yeux de sa compagne et le miracle s'accomplit. Il absorba son énergie et sa force, et il repoussa les frontières du plaisir avec une reconnaissance infinie. Elle absorba sa gratitude et se régala de cet amour inconditionnel qui déferla en elle, remplissant le vide qui l'effrayait tant. La fusion de leurs âmes culmina alors que leurs corps couverts de sueur explosaient simultanément et les laissaient vidés de toutes sensations autres que le plaisir à l'état brut.

Combien de temps restèrent-ils enlacés, incapable du moindre mouvement ? Ils n'en eurent aucune idée. Ils ressemblaient à deux naufragés échoués sur une plage, deux survivants d'une catastrophe, seuls au monde, hors du temps...

Clarice sortit du délicieux engourdissement post-coïtal dans lequel elle baignait. Elle s'aperçut qu'Hannibal s'était endormi sous elle et l'observa. Ses traits volontaires étaient à présent détendus. Elle se leva en veillant à ne pas le réveiller et le couvrit avec la couverture. Elle le laissa se reposer puis alla prendre une douche.

Elle se sentait merveilleusement bien, et cela, grâce à lui. Tous ses gestes, tous ses mots éveillaient en elle un sentiment nouveau. Un nouvel horizon s'ouvrait devant elle sur des territoires inconnus. Avec lui à ses côtés, elle était prête à relever le défi et à se dépasser. Elle puiserait dans l'être exceptionnel qu'il était, dans sa force et dans son esprit pour partir à la conquête du monde.

Elle ne sursauta pas quand il la rejoignit sous la douche et passa ses bras autour de sa taille. Elle se reposa sur lui, le dos contre sa poitrine, heureuse de leur intimité nouvelle, de cette complicité qui allait les lier. Ils restèrent longtemps enlacés ainsi, sans prononcer un mot, scellant le pacte de leur destinée commune.

Les journées passèrent, ponctuées de discussions passionnantes et interminables, de promenades main dans la main et de batailles de boules de neige, d'histoires et de rires, d'enrichissements personnels et de grandes fringales d'amour et de sexe. Ils se suffisaient à eux-mêmes, oubliant le monde autour d'eux, construisant leur propre univers.

Il fut une source constante d'émerveillements et de mystères pour elle. Elle fut une source permanente d'étonnements et de surprises pour lui. Il ne chercha pas à la façonner, et comme promis, il l'aida à s'épanouir de manière désintéressée. Il ne voulait pas savoir ce qu'elle pouvait devenir. Elle choisirait. Clarice puisait son inspiration dans les capacités infinies d'amour de cet homme, un sentiment dont elle était à l'origine et dont personne, sauf elle, n'avait soupçonné l'existence chez lui.

Elle lui parla de son père et comprit d'où venait sa colère. Il lui parla de Mischa et combla le vide causé par l'absence de sa sœur.

Prendre, donner, échanger.
Clarice, avec toute la vigueur et l'enthousiasme de sa jeunesse.
Hannibal, avec toute l'expérience et la sagesse accumulée au soir de sa vie.

Mais leur bonheur, aussi intense qu'il fut, n'était pas du genre à durer longtemps.

Hannibal observa ce qu'il craignait le plus : elle se détourna lentement de lui, avide de saisir le monde à bras-le-corps, comme il l'avait fait lui-même à son âge, et de le soumettre à sa volonté.

Clarice le vit sans surprise se débattre dans ses chaînes et contre ses instincts. Même s'il n'en disait rien, il cherchait à redevenir l'homme libre qu'il avait été.

Une tension palpable monta entre eux. Elle culmina après une journée remplie de sous-entendus et de non-dits. Chacun savait pertinemment ce que l'autre pensait, mais la bataille était engagée et aucun ne voulait céder un pouce de terrain.

Clarice sut que sa vie était en danger, après avoir aperçu une lueur sauvage fugitive dans le regard de son amant. Hannibal sut que la fierté de la jeune femme et son courage la conduiraient à l'affronter. La décision lui appartenait. Il en avait toujours ainsi, mais le savoir ne rendait pas les choses moins pénibles pour lui.

Quand il annonça son désir de retourner à Florence, elle ne chercha pas à le retenir.
Quand elle lui dit qu'elle allait démissionner du FBI, il sut qu'elle était prête à prendre son envol, seule.

Ils se séparèrent sans effusions particulières, chacun emportant des moments précieux dans sa mémoire, chacun masquant la douleur des derniers instants, chacun sachant que la page était tournée.

... To be continued...