The best Ennemies in the World
by Sataï Nad
Disclaimer : The characters are not mine. They belong to Thomas Harris. I just borrowed them. No infringement of copyright is intended.
" Could he daily feel a stab of hunger for her and find nourishment in the very sight of her ? "
Chapter 14 : Promotion
Clarice Starling revint à Washington aux premiers frémissements du printemps. Elle fut déclarer apte au service par un médecin qui s'étonna de sa condition physique et par un psychologue qui la trouva reposée et calme, ne présentant aucun traumatisme après l'agression dont elle avait été victime six mois plus tôt. Il fut cependant surpris par les résultats des tests de personnalité qui ne correspondaient pas avec les précédents en sa possession. Il en fit part autour de lui, en ajoutant toutefois, que voir la mort en face, changeait souvent profondément les personnes. En conséquence, personne ne prit garde à ses recommandations.
Elle réintégra provisoirement le service de Pearsall et son ancien bureau. Ses collègues la virent avec étonnement archiver tout ce qui concernait le Docteur Lecter et ne rien conserver. Elle changea d'ailleurs de bureau. A son retour, Pearsall lui avait dit qu'elle réintégrerait le Département des Sciences du Comportement à Quantico, à la demande de Jack Crawford, sans préciser toutefois, à quel poste.
Cela n'avait d'ailleurs de son point de vue, aucune importance. Elle rédigea sa lettre de démission et la posta. Elle reçut la confirmation officielle de sa promotion et sa nouvelle affectation le soir même.
Le lendemain, elle déboula dans le bureau de Jack Crawford, interrompant une réunion entre le chef de division et ses chefs de département. Elle ne prit pas la peine de s'excuser.
" Monsieur Crawford, qu'est-ce que cela signifie ? "
Elle brandissait la fameuse lettre. Crawford s'excusa auprès de ses assistants et les congédia. Il fit asseoir Clarice. Depuis le retour de la jeune femme, il ne l'avait pas vue et il la trouva changée, sans pouvoir dire exactement en quoi.
" Je vous retourne la question, Clarice… Vous démissionnez ? "
" Je pars. "
" 'Convenances personnelles', n'est-ce-pas ? Starling, je sais par quoi vous êtes passée, et je ne le souhaite à personne… "
" Je ne cherche pas à me justifier, Monsieur Crawford. "
" Vous avez rédigé cette lettre avant de connaître le poste qu'on vous offrait ! Réfléchissez à cette proposition… "
" Je ne peux accepter votre place. Je suis sûre qu'il y a des chefs de département plus expérimentés et qui méritent ce poste plus que moi. "
" Ce n'est pas qu'une question d'expérience ou de mérite. "
" Alors, pourquoi moi ? "
" Vous avez toutes les qualités : détermination, courage de vos opinions, perspicacité. Vous avez fait vos preuves sur le terrain, vous savez comment fonctionnent les criminels. Vous pourrez diriger ce service avec bon sens. "
" Je n'ai pas de patience avec la hiérarchie ! "
" Ça s'apprend, Starling… Vous savez déjà comment ils fonctionnent. Vous vous adapterez. "
" Toute cette paperasserie ! "
" Ça fait partie du jeu, vous apprendrez à déléguer. Vous êtes entourés de personnes intelligentes et compétentes. Utilisez-les. "
" Monsieur Crawford, votre proposition est tentante, mais je voudrais aller vers autre chose. Je n'ai connu que le FBI, et globalement, vous admettrez que ça n'a pas toujours été une partie de plaisir pour moi, ni très gratifiant. "
" Clarice, ne partez pas sur un sentiment d'échec, dont vous n'êtes pas responsable. On a tenté de vous faire entrer dans un moule. Mais ici, dans ce département, votre meilleur atout, c'est d'être vous même. Vous serez épargnée par des décisions politiques. On vous demandera de faire votre boulot, on vous mettra la pression, bien sûr, mais personne ne vous dira ce que vous avez à faire et comment le faire. Vous êtes libre d'agir comme bon vous semble, pourvu que vous ayez des résultats. "
Il y eut un silence.
" Vous ne me dites pas tout. Ce n'est pas la vraie raison. Qu'est-ce qui vous a décidé à me choisir, moi plutôt qu'un autre ? "
Il soupira, soudain mal à l'aise.
" Cette idée m'est venue après la visite de Lecter à l'hôpital. J'ai su à ce moment qu'il ne vous lâcherait jamais. Je veux vous donner l'opportunité de le capturer en mettant tous les atouts de votre côté, pour vous libérer de lui. "
" Je me suis libérée de lui. D'une autre manière. "
Il la regarda curieusement.
" Comment ? il faut que vous m'expliquiez ça. "
" Une autre fois. Promis. "
" Vous avez changé, Starling. "
" Plus que vous ne le croyez. Voir la mort en face vous fait revisiter vos priorités… "
" Je suppose… Ecoutez, je ne voulais pas vous en parler avant d'en savoir plus, ni surtout me servir de ça pour vous faire changer d'avis, mais je voudrais que vous jetiez un coup d'œil sur quelques photos. "
Il lui tendit un dossier et elle étala les clichés devant elle. C'était une jeune femme nue. Elle était allongée sur une croix en bois couchée sur le sol. Physiquement, Clarice fut immédiatement frappée par la ressemblance que la victime présentait avec elle. Elle observa son visage : la jeune femme ne semblait pas avoir souffert. Elle détailla un des clichés et aperçut un petit tatouage en forme de papillon sur la poitrine, à la place du cœur. Avant même que Crawford commence à parler, elle sut avec certitude qui avait fait ça.
" Un homme l'a découverte hier après-midi dans un garage de Baltimore qui a appartenu au Docteur Lecter. Elle s'appelait Cathy Dorsell. Elle était serveuse dans un club privé de Philadelphie. Le rapport d'autopsie mentionne que la mort remonte à deux jours. Techniquement, elle a été clouée aux poignets et aux pieds, exactement comme le Christ, sauf que la croix est restée au sol. Mais elle était déjà morte avant... "
Clarice Starling continua à regarder les clichés. Il n'y avait aucune trace de blessure apparente.
" … D'ailleurs, c'est ce qui est le plus étonnant. Le médecin légiste a découvert que le cœur avait littéralement explosé. Le sang s'est concentré dans l'organe jusqu'à ce que ce dernier éclate. "
" Elle a fait un infarctus ? "
" Non, ce n'est pas un incident cardiaque. C'est un meurtre habile. "
" Comment ça ? "
" Le légiste dit qu'il a suffit de plier l'artère aorte afin d'empêcher le sang de s'éjecter du cœur, exactement comme on le ferait avec un tuyau d'arrosage. Le sang ne peut plus quitter l'organe. Le cœur gonfle et ne supporte pas la pression… "
Clarice regarda Crawford de manière incrédule.
" Comment peut-on plier l'aorte ? "
" Le tueur a plongé sa main dans les viscères de la victime puis a remonté jusqu'à l'aorte. "
" Quoi ? Mais il n'y a pas de blessure externe ! "
" Il y en a une… Ici. "
Crawford lui montra une autre photo où une fine incision avait été agrandie. Il reprit la lecture du rapport.
" La plaie ne dépasse pas dix centimètres de large et est invisible lors de l'examen externe. Si l'on tient compte de l'élasticité de la peau, c'est amplement suffisant pour passer un bras. "
" C'est fou… Et elle était vivante quand ça s'est produit ? "
" Oui. Et consciente aussi. L'explosion du cœur le prouve. Sous l'emprise de la peur, l'organe a dû s'affoler et précipiter son mécanisme de pompage. La saturation de sang a dû être brève et très violente. "
Clarice, j'ai senti mon cœur exploser… Oh, Hannibal, non... Clarice comprit le message et hocha la tête. Jack Crawford enleva ses lunettes d'un geste las.
" Clarice, Lecter ne fait plus seulement une fixation sur vous. Il est passé à l'acte... "
" Qui vous dit qu'il s'agit de lui ? "
" Ceci. C'est la photocopie de ce que j'ai reçu ce matin au courrier. L'originale est partie au labo, mais je doute qu'on y trouve quoi que ce soit. "
Il lui tendit une lettre. Clarice reconnut l'écriture racée d'Hannibal Lecter. Elle la parcourut en sentant son cœur se serrer dans sa poitrine.
Cher Jack,
Je vous adresse mes vœux les plus sincères pour votre départ en retraite. Vous fûtes un adversaire coriace et " stoïque ". Il est d'ailleurs regrettable que nous n'ayons jamais fait plus ample connaissance, mais vous avez toujours préféré utiliser des intermédiaires plutôt que de venir m'affronter en personne.
Votre successeur sera t'il à la hauteur ? Si j'en juge par les événements de ces quelques mois et par le niveau médiocre de vos effectifs, vous avez logiquement nommé l'Agent Starling à votre place.
Je ne vous dirai jamais assez combien je vous suis reconnaissant de me l'avoir envoyée. Vous avez dû noter à quel point elle me fascine. Qu'avez-vous pensé lorsque vous m'avez vu pencher sur elle à l'hôpital ? Avez-vous cru que j'allais la tuer et perdre ainsi la seule personne digne d'intérêts dans cette partie ? Non, Jack… elle et moi n'en avons pas encore fini.
Le dernier acte va bientôt se jouer. Va t'elle m'arrêter ? Vais-je la tuer ? C'est cette incertitude qui est excitante. En attendant, vous avez dû avoir un aperçu du traitement que je lui réserve… entre autres choses. Que comptez-vous faire, Jack ? La protéger ? Vous avez déjà failli dans cette mission… La sacrifier sur l'autel du sacro-saint Bureau ? Tentant, n'est-ce pas ?
Mais peut-être devrions-nous demander à l'intéressée ce qu'elle en pense ? Agent Starling, vous aspirez à la liberté. Il vous faudra payer le prix pour l'obtenir. Venez d'abord plonger dans l'abîme avec moi. Peut-être en ressortirez-vous victorieuse ? Peut-être savourerez-vous enfin cette liberté si chèrement acquise ? Tant que vous n'aurez pas affronté le dragon, vous resterez dans l'ignorance et n'achèverez pas votre quête... Ou avez-vous peur pour la première fois de votre vie ? Venez me le dire, Clarice Starling.
La partie est engagée, Jack. J'attends votre mouvement.
Le monde sera notre terrain de jeu.
Et les règles seront les miennes.
Bien à vous,
Hannibal Lecter, MD.
Clarice sentit la colère l'envahir et menacer de l'engloutir. Les pensées s'entrechoquaient dans sa tête. Fils de pute égoïste ! Tu es prêt à tout pour me revoir… C'est la seule manière que tu as trouvée pour que je revienne vers toi ! Tu me fais comprendre que je ne suis pas encore libre… Tant que tu vivras, tu ne me lâcheras pas, hein ?… Que cherches-tu, bon dieu ?… Oui, j'ai peur, mais pas pour moi… Es-tu à ce point désespér ? Oh, Hannibal, tu sais très bien où tout cela va nous mener !…
Elle fit les cent pas dans la pièce, sous le regard impassible de Crawford qui attendit qu'elle se calme.
" Jack, comment peut-il être au courant ? Ma nomination à votre place précisément ! Cette lettre vous est adressée, mais il savait que vous me la montreriez ! "
" Je l'ignore... Clairement, il vous lance un défi, Starling, et il veut que vous le releviez. Quant à vous tuer, je crois que c'est suffisamment clair... "
" Il essaiera. "
" Je peux vous protéger… "
" Inutile. Même si je me cache, il finira toujours par me retrouver. "
" Que comptez-vous faire ? "
" L'affronter. Il ne me laisse pas le choix. "
" Vous voulez entrer dans son jeu ? Clarice, c'est exactement ce qu'il veut… "
" Vous avez une meilleure solution, peut-être ? Le Docteur Lecteur est un joueur d'échecs. Il est patient et a affiné sa stratégie. Il vient de lancer l'offensive et il attend que je réagisse… Mais cette fois, il ne gagnera pas. "
" Clarice, vous n'aurez aucun contrôle dans cette affaire. Il vous mènera où il voudra et il fera de vous sa prochaine victime… "
" J'irai jusqu'au bout, Jack, et je le forcerai à faire une erreur. "
Il y eut un silence entre eux.
" Est-ce que cela signifie que vous acceptez le poste ? "
" Contrainte et forcée, oui. "
" Je suis désolée, Clarice. "
Clarice Starling sentit une froide détermination prendre le pas sur sa colère.
" Pas autant que moi, Jack. Pas autant que moi… "
… To be continued…
