The best Ennemies in the World
by Sataï Nad
Disclaimer : The characters are not mine. They belong to Thomas Harris. I just borrowed them. No infringement of copyright is intended.
" … Would she see through the bars of his plight and ache for him ?… "
Chapter 15 : Take a Ride on my Trail
L'entrée officielle en fonction de Clarice ne se fit pas en grande pompe. Jack Crawford assura la passation des dossiers et resta auprès d'elle pour qu'elle se familiarise avec les affaires en cours. Le meurtre commis par Hannibal n'en était qu'un parmi d'autres. Son travail consistait principalement à coordonner les équipes sur le terrain et a leur apporté le soutien nécessaire. Elle avait déjà travaillé dans ce service et elle reprit rapidement ses marques. Elle imprima tout de suite un autre style que celui de Crawford.
Les équipes qu'elle dirigeait n'apprécièrent guère l'arrivée de cette jeune femme aux dents longues mais elle fit preuve à la fois de souplesse et de fermeté avec eux et les gagna rapidement à sa cause. D'abord méfiants, les chefs de département apprécièrent ses compétences et son autorité, et ils prirent conscience du choix judicieux de Jack Crawford.
Si elle leur parut froide aux premiers abords, ils comprirent qu'elle savait écouter leurs doléances et les rassurer. Elle avait appris cela de Jack Crawford et de sa propre expérience. Couvrez les gens, laissez-leur un peu d'initiative et ils vous font confiance.
Elle s'occupa personnellement de rechercher Hannibal Lecter. Elle n'avait aucune idée de l'endroit où il pouvait se trouver. Pas à Florence en tout cas. Il n'avait pas cherché à la contacter. La balle était dans le camp de Clarice.
Elle ne disposait que de la lettre envoyée à Crawford. Qui pouvait avoir informé Lecter de sa promotion ? Sa nomination avait été une complète surprise pour elle. Est-ce que le fait de lui avoir annoncé qu'elle quittait le FBI avait poussé le Docteur à lui faire comprendre qu'elle n'était pas si libre que cela, et qu'il était toujours dans l'ombre à la guetter ?
Clarice Starling s'épuisait en conjectures. Personne d'extérieur hormis Crawford, elle et les directeurs ne pouvaient avoir été mis au courant. Personne d'extérieur, oui, alors quelqu'un de l'intérieur. Hannibal consultait quelquefois le site Internet du FBI. Y avait-il ses entrées, au même titre que les agents ?
Tout comme elle l'avait fait pour retrouver Pazzi, elle dressa la liste des fichiers consultés et le nom des utilisateurs. C'était un travail titanesque mais elle sentait qu'elle tenait une piste. Elle fit des recoupements par dates et par données, et peu à peu, elle dégagea une liste d'une trentaine de noms, dont plus de la moitié était des pseudos. C'était encore beaucoup trop. Elle se rendit au CART, la section informatique du Bureau, dont le responsable n'était autre qu'un de ses anciens camarades de promotion.
" H ! Clarice Starling ! Quelle bonne surprise ! "
" Mickey ? C'est toi ? "
" En chair et en os ! "
" Je ne savais pas que tu travaillais ici… "
" Ça fait six ans… J'ai appris pour toi, mes félicitations ! "
" Merci… "
" Qu'est-ce que ça te fait d'être de retour ? "
" Ça fait bizarre, après toutes ces années… "
" En tout cas, ça me fait plaisir après tout ce que tu as endur ! Il y a enfin une justice en ce monde !… Alors, comment ça se passe là-haut ? "
" Je m'habitue… Je gère six affaires en même temps et les directeurs qui, à eux seuls, monopolisent les trois-quarts de mon temps de travail… "
" Bienvenue au club, Starling ! Inclinez-vous devant sa Majesté, la Bureaucratie… "
Ils se mirent à rire.
" Tu n'as pas changé, Mickey… "
" Et toi, tu es toujours aussi mignonne… Tu es mariée ? Un petit ami ? "
" Non aux deux questions. Et toi ? "
" J'ai une femme merveilleuse, Caroline, et nous avons des jumeaux de six ans, Tommy et Jude. "
" C'est eux ? "
Elle indiqua une photo. Il la prit en souriant et hocha la tête.
" Ils sont le soleil de ma vie… "
Tu es la lueur qui illumine mes ténèbres, mon ange de lumière… Clarice entendit la voix chaude d'Hannibal résonner à ses oreilles, et comme la première fois qu'il avait murmuré ces mots, elle frissonna. Mickey aperçut la pâleur soudaine de la jeune femme et vit qu'elle était perdue dans ses pensées. Il attendit que le moment passe.
" Hum… Je suppose que tu n'es pas venue pour parler du bon vieux temps. Qu'est-ce qui t'amène ? "
" Mickey, est-ce que des individus ont cherché récemment à forcer le système informatique ? "
" Si quelqu'un avait cherché à nous pirater, je le saurai. Les sécurités se seraient enclenchées et nous aurions tracé l'intrus. "
" Ecoute, je suis sûre que quelqu'un d'externe a pénétré notre système pour obtenir des informations relatives à certaines affaires. J'ai une liste de pseudos. Je voudrais savoir qui se cachent derrière ces noms. "
" Fais voir ta liste, Starling, je m'en occupe… "
" Tu peux me faire ça pour quand ? "
" Laisse-moi jusqu'à six heures, Ok ? "
" Mickey, je t'adore ! "
" C'est ce que tout le monde me dit… "
" A plus. "
A six heures, Mickey lui apporta la liste. Elle commença à vérifier les dossiers correspondants lorsqu'il s'agissait d'agents, à téléphoner lorsque ces personnes appartenaient à une autre branche gouvernementale ou à interroger le fichier d'identités pour les personnes non répertoriées. Il était neuf heures et elle n'avait pas examiné la moitié de la liste lorsqu'un nom la frappa.
Jason Fake.
C'était un agent de Kansas City. Elle regarda les dossiers que ce dernier avait consultés dans les six derniers mois. Informations internes et notes de service, les dossiers Palmer et Anderson, diverses bibliothèques et ressources internes, la liste des dix criminels les plus recherchés, les comptes rendus de son raid à la ferme de Muskrat et les rapports de la maison du lac, et ça ne s'arrêtait pas là… Le volume consulté était impressionnant, mais ce n'était pas cela qui frappa Clarice : elle venait de s'apercevoir qu'aucune des consultations ne concernait la juridiction de Kansas City.
Elle réfléchit. Pourquoi un agent de Kansas City s'intéresserait-il à des affaires qui ne dépendaient pas de son bureau ? Elle appela son dossier personnel à l'écran et attendit en buvant son énième café de la journée.
La fiche d'un homme d'environ trente ans apparut à l'écran. Un visage plutôt agréable, si ce n'était la bouche au pli légèrement cruel et les yeux froids. Clarice eut l'impression d'avoir déjà vu ce visage quelque part. Elle parcourut les renseignements… Jason Thomas Fake… né le 28 octobre 1968… à Hannibal, Missou… Hannibal ! Elle écarquilla les yeux… Non, ça ne pouvait pas être une coïncidence… Elle s'empara de son téléphone et composa le numéro du bureau de Kansas City. Le standard de nuit la fit patienter, avant de lui passer un agent en service.
" Agent Masterson à l'appareil, que puis-je faire pour vous ? "
" Bonsoir Agent Masterson, je suis le chef de division Starling du Département des Sciences du Comportement à Quantico. Je cherche à joindre l'agent Fake. "
Il y eut un silence au bout du fil.
" Agent Masterson ? "
" L'agent Fake ? Nous n'avons personne de ce nom ici… "
" Jason Fake… un homme aux cheveux bruns, yeux verts, la trentaine… "
" Ça ne me dit rien. Je vais consulter la liste du personnel… "
Elle attendit de longues minutes.
" Madame, nous n'avons pas d'Agent Fake ici. Vous êtes sûre qu'il travaille chez nous ? "
" Non. Je voulais juste vérifier qu'il s'agissait d'une erreur. Merci, Agent Masterson. "
" A votre service. "
Clarice raccrocha. Elle tenait une piste. Elle imprima la photo et l'afficha sur le tableau au mur. Elle consulta sa montre : il était temps de rentrer. Elle rassembla ses affaires, ferma son bureau et prit la direction du parking. La Mustang démarra et sortit de Quantico.
Elle ne vit pas l'homme dans la Jaguar noire qui la guettait et la suivit.
" Bonjour, Clarice… Bien dormi ? "
" Pas vraiment… "
" Encore des cauchemars ? "
Clarice Starling hocha la tête et entra dans son bureau, suivie de sa secrétaire. Curieux comme les cauchemars avaient tendance à refaire leur apparition depuis peu.
" Clarence Willis du Tattler a téléphoné. Il veut faire un papier sur vous. Le sous-directeur Noonan voudrait savoir où vous en êtes dans l'affaire Orovitz. Idem pour le Gouverneur Dixon. Vous avez rendez-vous avec votre collègue, Jimmy Partrese, à onze heures au Complexe, et Mickey Dalton du CART voudrait savoir si vous êtes libre à déjeuner ce midi… "
Clarice prit son courrier et sentit soudain un poids énorme sur elle. Elle n'avait pas demandé cela.
" … J'ai réservé votre vol pour Seattle et votre hôtel... Voici le programme définitif des conférences et les intervenants… Ils insistent encore pour que vous preniez la parole pour parler de Lecter… "
Clarice soupira, prit le programme et le déposa dans un coin.
" Jackie, dites à Willis que je suis débordée. Pas d'interview... J'appelle le sous-directeur Noonan et le Gouverneur tout de suite... Dites à Mickey que j'accepte. Rendez-vous à 13 heures… Appelez les organisateurs de ces maudites conférences et dites-leur que je n'interviendrai pas dans les débats… "
" Très bien, et je vous apporte un café tout de suite… "
" Plus une aspirine, s'il-vous-plaît… "
Jackie revint quelques minutes plus tard et s'arrêta sur la photo accrochée au tableau.
" Il n'est pas mal, hein ?... "
" Quoi ? "
Clarice suivit le regard de sa secrétaire.
" Vous savez qui c'est ? "
" Bien sûr, c'est cet acteur qui joue un golden boy serial Killer dans ce film… " American Psycho ", je crois... Il est terrifiant, non ? "
" Je… je ne sais pas. Je n'ai pas vu ce film. "
" Oh, vous devriez le voir… "
" Jackie, vous pouvez me laisser ? "
" Bien sûr. "
La secrétaire partie, Clarice décrocha la photo et la déchira. Tu t'amuses bien, hein Hannibal ? Attends que je te retrouve… Elle consulta le dossier de Jason Fake et l'imprima. Elle l'étudia et découvrit une URL et une adresse e-mail qu'elle nota sur un bout de papier. L'heure de son rendez-vous avec Jimmy Partrese approchait. Elle sortit et se rendit au complexe de Hogan pour assister à un entraînement des jeunes recrues.
Elle déjeuna ensuite avec Mickey et lui parla de sa découverte. Ils retournèrent au CART et Mickey s'installa devant son ordinateur.
" Donnes-moi l'adresse e-mail. "
Mickey lui avait proposé de traquer son correspondant. Elle le laissa effectuer des manipulations dont lui seul avait le secret. Avec plusieurs tentatives infructueuses, il se renversa dans son fauteuil et réfléchit.
" Très malin… aucun message entrant, aucun message sortant. Donc aucune traçabilité. "
" Comment va t'on le retrouver ? "
" En se connectant sur l'URL… "
" Ça risque de l'alerter, non ? "
" Oui, mais il ne s'en rendra peut-être pas compte immédiatement. Je vais mettre en route ACES. "
" C'est quoi ? "
" Notre système de recherche automatisé par satellite. "
Mickey lança le programme et attendit que les procédures se mettent en place sur un autre écran. Une carte du monde avec les principaux réseaux apparut.
" Il peut être n'importe où. Avec ACES, on va le traquer… "
Mickey tapa l'URL et lança la recherche.
" C'est parti ! "
Clarice suivit avec fascination sur l'écran ACES le tracé de la connexion. Partie de Washington, elle traversa les Etats-Unis et convergea vers Los Angeles, puis vers Vancouver. Elle traversa l'océan Pacifique. Ce fut Tokyo… Hongkong… Sydney, où elle s'arrêta… Mickey commença à s'impatienter… La connexion repartit vers l'Amérique du Sud... Rio… Buenos Aires… Puis, les Antilles… Nassau… Miami… La connexion reprit la direction de Washington… Mickey sentit immédiatement que quelque chose n'allait pas. Ce fut immédiatement confirmé par une sonnerie et un message d'alerte.
" Un feed-back ! "
La carte du monde disparut sur l'écran ACES. Sur l'écran de Mickey apparut en revanche un labyrinthe, dans lequel un Glouton dévorait des pastilles et courait après un petit personnage… qu'il finit par avaler. La mention GAME OVER apparut et une musique triomphale retentit… Puis l'écran devint noir. Mickey jura et voulut appeler le dossier de Jason Fake, mais tout avait disparu, effacé par la manœuvre Packman.
" Merde, il nous a eus ! "
" Qu'est-ce qui s'est pass ? "
" URL piégée. Du bon travail. Il est averti que sa couverture a été découverte. Ça a entraîné la destruction de son dossier virtuel… Impossible de remonter à la source. Je suis désolé, Clarice, je me suis fais avoir comme un bleu… "
La jeune femme soupira.
" Ok… Je vais rajouter la mention 'hacker glouton' à son dossier... "
A voir la tête de Mickey, elle comprit que le responsable du CART aurait du mal à digérer la plaisanterie du Docteur Lecter.
Clarice s'arrêta devant une boutique d'alimentation et fit quelques courses pour remplir son réfrigérateur vide depuis son séminaire à Seattle. Elle était revenue épuisée de ces journées de conférences. Elle avait peu dormi et était sur les nerfs.
Elle sortit du magasin et rangea ses courses. Au moment où elle allait reprendre le volant, son téléphone mobile sonna. Elle décrocha avec lassitude.
" Starling… "
" Bonsoir Clarice. "
" … Hannibal… "
" Comment s'est passé ton week-end à Seattle ? Bien, j'espère ? "
" Comment sais-tu ?… Peu importe. Où es tu ? Il faut que je te parle… "
" Tss-tss, chef de division Starling… L'heure n'est pas encore venue… "
" Quand ? "
" Toujours aussi impatiente, hein ?… Ou dois-je en déduire que je te manque ? "
Un silence. Il reprit.
" Non, bien sûr… Toi, en revanche, tu me manques… "
Clarice ferma les yeux et ignora sa tentative pour l'amener sur un terrain personnel.
" Pourquoi m'appelles-tu ? "
" Pour te féliciter d'avoir mis à jour Jason Fake… "
" C'est plutôt toi que je devrai féliciter. Tu m'as bien bais "
Clarice sentit la grimace qu'il fit à l'autre bout du fil.
" Ton langage, Clarice… "
" Rien à foutre de mon langage ! Pourquoi m'as tu forcé à reprendre du service ? "
Un silence.
" Les agneaux hurlent, n'est-ce pas ? "
" Oui, ils hurlent ! "
" Que ressens-tu ? "
" De la colère ! Contre moi-même, contre toi … Pourquoi ? Hannibal, pourquoi ? "
" Tu n'as pas rempli ta part du march "
" Quel march ? De quoi parles-tu ? "
" Du marché que nous avons passé, toi et moi… Je t'ai donné ce que tu désirais le plus au monde, mais j'attends toujours un geste de ta part, et aussi ta réponse. "
" A quelle question ? "
" As-tu peur ? "
Elle marqua un temps d'hésitation avant de répondre.
" Oui… Mais pas pour moi… Pour toi… "
" Si tu as peur pour moi, alors tu sais ce qu'il te reste à faire… "
" Je ne comprends pas. Qu'est-ce que tu veux à la fin ? "
" C'est à toi de le découvrir… A propos… "
" Oui ? "
" J'adore ton tailleur… "
Elle se tourna dans tous les sens et observa les proches alentours. Quelque part, en ce moment même, elle était dans son champs de vision.
" Hannibal ? Où es-tu ?… Hannibal ? "
Il avait raccroché. Elle lança rageusement son téléphone sur le siège passager et détailla le quartier. Une rangée de magasins, des passants qui marchaient tranquillement sous les arbres, d'autres qui bavardaient, des gamins qui rentraient de l'école en roller et à vélo, des voitures qui tournaient au carrefour, d'autres qui attendaient que le feu passe au vert… Et tout à coup, elle vit une Jaguar noire qui sortait lentement de la rangée de voitures parquées le long de l'avenue en déboîtant majestueusement.
Elle observa le conducteur. Malgré les lunettes de soleil, elle reconnut Hannibal Lecter. Il passa devant elle et la regarda en affichant un sourire provocateur. Clarice sentit monter en elle une colère noire. Elle grimpa dans la Mustang, démarra en trombe et tourna, sans se soucier des véhicules qui venaient dans l'autre sens. Un concert de freins et de Klaxons retentit derrière elle.
Hannibal Lecter avait suivi la scène depuis son rétroviseur intérieur. Il eut un sourire qui découvrit ses dents de prédateur. Il attendit qu'elle remonte l'avenue et se rapproche de lui, avant d'appuyer délibérément sur l'accélérateur. Il entendit avec satisfaction le moteur V8 rugir et passa les rapports de vitesse. Il déboîta et doubla les voitures devant lui en les laissant littéralement sur place.
Clarice l'avait rejoint et pensait le suivre, lorsqu'elle vit brutalement le coupé Jaguar accélérer et doubler. Elle appuya à son tour sur l'accélérateur et le moteur 5 litres de sa Mustang Stroker vrombit. Elle doubla les véhicules devant elle et s'accrocha aux basques de Lecter.
La circulation n'était pas très dense. Le Docteur Lecter zigzagua entre les véhicules devant lui, anticipant les trajectoires des autres conducteurs. L'aiguille du compteur afficha 110 miles. Il jeta un œil dans le rétroviseur. Clarice le suivait.
Clarice le vit griller un feu sans ralentir. Elle formula brièvement une prière et s'engagea. Elle entendit le crissement des pneus et les Klaxons des autres véhicules. Elle se rendit compte que ses mains étaient crispées sur le volant.
Au carrefour suivant, Hannibal tourna à droite sans décélérer. La Jaguar partit en dérapage. Le Docteur contre-braqua et remit les roues en ligne sans problème, puis appuya sur l'accélérateur. Le V8 donna de la voix et répondit immédiatement. Le bolide sembla bondir en avant…120 miles… 150 miles.
Clarice le vit tourner et dut freiner brutalement pour éviter le véhicule placé à sa droite. Elle prit l'avenue à vitesse plus modérée que le Docteur, mais c'était mieux ainsi. Sa Mustang était plus lourde que la Jaguar. Si elle partait en dérapage, elle aurait beaucoup de mal à la contrôler. La Jaguar était loin devant elle, mais elle fit parler la poudre, et fonça derrière lui. Elle passa plusieurs carrefours en évitant les véhicules qui venaient perpendiculairement à elle. Les Klaxons hurlaient à ses oreilles, les voitures pilaient, certaines s'encastraient dans d'autres, mais elle s'en moquait bien. Son cœur devait battre à 140 pulsations minutes.
Où sont les policiers quand vous avez besoin d'eux ? La Jaguar noire se faufilait dans la circulation plus dense avec une agilité remarquable. Clarice s'accrocha, en sentant la sueur couler sur son visage.
Devant elle, Hannibal Lecter jubilait au volant de la XKR. Il monta le son du lecteur CD et la 'Chevauchée des Walkyries' de Wagner retentit à pleine puissance dans l'habitacle. Il regarda en arrière : Clarice s'accrochait à lui comme une sangsue. Il fit quelques embardées parfaitement maîtrisées, évita des véhicules devant lui et s'engagea sur la voie de gauche en riant comme un possédé.
Clarice Starling le vit avec horreur prendre la file des véhicules venant en sens inverse, et pour la première fois, elle remit en cause la santé mentale du docteur. Un mur de voitures approchait dans un concert de Klaxons. Il tourna à gauche in extremis dans un crissement de pneus. Clarice sut qu'elle ne pourrait pas passer. Elle dut freiner et stopper pour attendre que les voitures dégagent le passage. Autour d'elle, les gens sidérés s'étaient arrêtés pour regarder le conducteur fou dans sa voiture de sport noire qui s'éloignait. Les automobilistes autour d'elle s'apostrophaient. Elle sentit une boule se former au creux de son estomac, à la pensée qu'il ait pu… Elle chassa cette pensée et repartit en trombe derrière Lecter.
Il jouait avec elle. Elle aperçut sa voiture. Il avait ralenti pour la laisser le rejoindre et maintenant, ils roulaient tous les deux sur une avenue où la circulation était fluide. La Jaguar tourna à droite et à gauche à plusieurs reprises, et Clarice perdit ses repères. Elle essaya plusieurs fois de monter à son niveau et de le dépasser, mais elle comprit vite la futilité de ses efforts.
Mon dieu, y a t'il une seule chose sur cette Terre qu'Hannibal Lecter ne sache pas bien faire ?
Ils quittèrent la ville et elle vit les maisons s'espacer de plus en plus. Il ralentit soudain et s'engagea sur un chemin de terre. Elle le suivit. Formule rallye maintenant, et sur ce terrain, sa Mustang était certainement mieux adaptée. Elle combla la distance qui les séparait, mais elle ne put le doubler, vu l'étroitesse de la voie.
Il ralentit et Clarice aperçut une maison devant laquelle il stoppa. Il sortit de la Jaguar et courut jusqu'au pavillon, alors qu'elle s'arrêtait à son tour. Elle s'empara de son 0.38 et le suivit.
Clarice Starling ouvrit la porte et se retrouva face à face avec Hannibal Lecter.
Ils s'observèrent intensément en se jaugeant comme deux adversaires avant le combat. Il avait rasé sa barbe et ses cheveux étaient plaqués en arrière. Il ressemblait à présent trait pour trait au Lecter qu'elle avait connu à Baltimore huit années plus tôt, à Hannibal, le tueur impitoyable. Clarice frissonna sous son regard glacial et oublia de pointer son arme vers lui. La tension entre eux monta d'un cran quand il fit un pas vers elle.
Clarice était là devant lui, le défiant bravement du regard. Sa Clarice, qui tremblait pour lui, au lieu de craindre pour sa propre vie. En cet instant, Hannibal Lecter se mit à la haïr profondément. Rapide comme l'éclair, il lui saisit les poignets et elle lâcha le revolver, surprise. Il la plaqua sans ménagement contre le mur, en lui maintenant les bras en l'air. Elle commença à se débattre, non disposée à capituler, mais il la tenait fermement contre son corps.
Le doute s'insinua en elle et elle plongea dans les yeux étranges du Docteur pour deviner ses intentions… Elle se perdit dans ce regard bleu et dans ce qu'il évoquait… La glace et le feu… Le paradis et l'enfer... Il affermit sa prise sur elle et afficha un terrifiant sourire triomphateur. Loin d'effrayer Clarice, cette vision ouvrit la porte à ses pulsions les plus sombres.
Il effleura les lèvres de la jeune femme de manière sensuelle et elle réagit à contrecœur à ses caresses, luttant contre le feu qui menaçait de la consumer. Elle laissa finalement échapper un gémissement de reddition alors qu'il l'embrassait de plus en plus passionnément
La main droite d'Hannibal descendit le long du corps de la jeune femme jusqu'à sa cuisse gauche. Il plaqua son corps encore plus étroitement contre le sien, l'enveloppant entièrement. Clarice leva la jambe et il appuya son érection contre le centre de ses désirs. Il lui lâcha les poignets et continua à l'embrasser, explorant sa bouche avec sa langue, la goûtant et la dévorant irrésistiblement.
Sous ses assauts, Clarice répondit avec une faim égale à la sienne. Elle posa ses mains sur les épaules de son amant et se blottit contre lui. Elle gémit quand il lui mordilla le cou et quand il posa ses mains sur sa poitrine. Ils continuèrent à s'embrasser, puis s'écartèrent l'un de l'autre, haletants, dévorés par le même désir. Hannibal prit le visage de Clarice entre ses mains. Elle demeura incertaine un moment quand elle vit la faim insatiable dans ses yeux.
Il arracha soudain violemment le chemisier de Clarice. Elle sursauta malgré elle. Jamais il ne s'était montré aussi brutal. Elle comprit que ce n'était plus le Hannibal Lecter civilisé qu'elle avait en face d'elle, mais l'autre, le monstre. Un magnétisme quasi animal émanait de lui. Une peur viscérale et une joie sauvage s'emparèrent d'elle.
Lecter se contrôlait avec peine. Il écarta nerveusement les pans du chemisier et posa ses mains sur la poitrine de Clarice qu'il malaxa avec rudesse. Il plongea en même temps son regard dans celui de la jeune femme, et elle se sentit excitée au-delà de toute raison par sa férocité et sa noirceur. Les mains de Clarice quittèrent le torse de son compagnon pour s'acharner maladroitement sur les boutons de son pantalon.
Il passa les mains sous le soutien-gorge de Clarice et l'arracha, puis il caressa brutalement les seins de Clarice et en pinça les extrémités dressées. Traversée par un courant électrique, elle ferma les yeux en gémissant et rejeta la tête en arrière. Il lui mordilla le menton tout en la regardant s'abandonner, savourant le contrôle qu'il exerçait sur elle. Ils s'embrassèrent à nouveau, le souffle court.
Elle eut un sourire lorsqu'elle l'entendit grogner pour la première fois de leur étreinte, alors qu'elle caressait son pénis en érection au travers de l'étoffe de son pantalon. Il sentit plus ce sourire sous ses lèvres qu'il ne le vit, mais il ne le toléra pas. Il émit cette fois un grondement menaçant.
Avec brutalité, il retourna Clarice de façon à ce que le dos de la jeune femme soit contre sa poitrine, puis il recula contre l'autre mur. Il attrapa sa mâchoire et l'obligea à tourner la tête pour l'embrasser brutalement. Clarice s'appuya contre lui et entama un mouvement de hanche giratoire contre son membre. Les mains de son amant se posèrent à nouveau sur ses seins, puis descendirent sur son abdomen. Il lui mordilla sauvagement la nuque et elle gémit. Elle se cambra et souleva les bras pour que ses mains caressent la nuque de son compagnon. Les mains d'Hannibal descendirent le long des cuisses de Clarice et remontèrent la jupe de la jeune femme sur ses hanches. Il continua à l'embrasser et à la mordiller dans le cou, pendant que sa main droite se glissait dans l'intimité de sa compagne. Au comble de l'excitation, Clarice gémit sans retenue.
Elle était plus que prête pour le recevoir. Il changea de position encore une fois, et entraîna Clarice vers le centre de la pièce. Là, il la força brutalement à s'allonger sur le ventre contre le dossier du sofa. Prise soudain de panique, Clarice se débattit mais il la maintint solidement par la nuque en l'empêchant de se relever. Elle entendit le zip de sa braguette.
Clarice était parfaitement consciente de ce qui allait s'ensuivre… Ils luttèrent un instant encore ensemble mais il était trop fort pour elle. Lecter se positionna derrière elle, et d'un coup de rein puissant, il la pénétra violemment. Clarice cria, puis elle le sentit aller et venir en elle sans ménagement.
Il écarta les cheveux de Clarice pour voir son visage et la dominer. Dans le même geste, il se coucha sur elle et lui mordit brutalement l'épaule. Cette fois, ce n'était pas par jeu. La jeune femme se contracta et ne put retenir un cri de souffrance. Il s'arrêta de bouger et la serra alors contre lui avec une force irrésistible, comme pour absorber sa douleur. Il commença à lécher la plaie et se mit à gémir, enivré par le goût métallique du sang et par son désir de la posséder.
Il glissa sa main entre les cuisses de Clarice et reprit ses va-et-vient, beaucoup plus lentement cette fois. Il commença à exciter son clitoris et il la sentit se cambrer sous lui, et venir à la rencontre de ses coups de reins. Rapidement, il l'amena à un premier orgasme, qui la laissa pantelante.
Lecter la fit glisser sur le sofa, puis vint se coucher sur elle. Avec ses jambes, il écarta celles de Clarice. Ils s'embrassèrent fiévreusement. Elle voulut le toucher, mais brutalement, il l'obligea à garder les bras au-dessus de sa tête. Clarice plongea dans son regard magnétique, totalement à la merci de l'étranger penché sur elle. Il la pénétra à nouveau et dicta la cadence. Ses coups de rein étaient lents mais violents et profonds. Il observa Clarice, pour qui ses mouvements étaient une lente montée vers le plaisir. La jeune femme se mit à gémir pour l'encourager. Lecter la regarda, fasciné, son propre visage n'exprimant aucune émotion. Il accéléra le rythme et se pencha pour l'embrasser. Il lui mordit la lèvre inférieure et elle cria. Il goutta son sang et grogna, pris d'une nouvelle frénésie. Il lui lâcha les poignets pour prendre appui sur ses bras. Leurs corps se couvrirent de sueur. Leurs respirations se firent plus laborieuses, et les gémissements de Clarice augmentèrent en volume. Elle sentit monter un nouvel orgasme alors qu'il la chevauchait sans plus aucune retenue.
Clarice se contracta violemment sous lui et s'accrocha à ses épaules, en lui enfonçant ses ongles dans le dos, alors qu'elle jouissait. Simultanément, il se mit à grogner et donna un dernier coup de rein avant de s'effondrer sur elle, le cœur battant à tout rompre, haletant.
Après quelques minutes, il se dégagea de son étreinte en l'embrassant et s'assit sur le bord du sofa en lui tournant le dos. Elle le regarda, indécise. Elle posa finalement une main sur le bas de son dos. Il se tourna brusquement vers elle et la regarda avec une telle froideur qu'elle sentit son cœur se serrer dans sa poitrine.
" Qui es-tu ? " murmura t'elle, les larmes aux yeux.
" Mon pire ennemi. "
Il se leva et rajusta ses vêtements sans plus s'occuper d'elle.
" Va t'en, Clarice… "
" Hannibal, je ne peux pas te laisser… "
Il fut sur elle en l'espace d'une demi-seconde, le Harpy à la main, surgi du néant comme par magie. Il lui attrapa les cheveux, et elle eut soudain du mal à déglutir, le couteau pointé sur sa gorge. Dans les yeux d'Hannibal dansait une étincelle de folie. Il prit quelques inspirations et gronda d'une voix sourde :
" Sois une gentille fille… Pour ton propre bien, fais ce que je te dis… "
Elle le regarda, inquiète et réellement terrifiée par son attitude.
" D'accord. "
Il la lâcha et elle s'éloigna de lui en rajustant sa tenue. Elle prit son arme, et se tourna vers lui une dernière fois. Il s'était assis sur le sofa et lui tournait le dos, la tête entre les mains. Elle éprouva pour lui un mélange d'horreur, de fascination et de pitié.
… To be continued…
