*********
Chapitre cinquième : Je comprends toujours pas pourquoi.
*************
C'est merveilleux ce soleil qui brille sur la neige ainsi, c'est féerique. Ça détend et c'est parfait pour une petite promenade à l'extérieur. Tien ? C'est Ginny là bas assise seule dans les gradins du stade ? Qu'est-ce qu'elle fait là ? Bien elle lit. Elle lit quoi ? Un livre sur la sexualité ! Ouf, est-ce moi ou elle qui est le plus rouge ? On pourrait sans doute concourir dans un festival de homards bouillis. Elle rit, je ris, on est pathétique. Mais pourquoi lisait-elle ce genre de livre ? Je veux dire, ce n'est pas pour « en apprendre » un peu plus, c'est plutôt le genre de livre épais qui traite de la psychologie reliée à la sexologie contemporaine.
Elle se pose des questions ? Mais encore... Je ne peux m'empêcher de la taquiner mais cette fois elle ne réagit pas. Ou plutôt si, elle devient vraiment très sérieuse. Trop sérieuse... J'aime pas ça. Je lui vole son livre et l'ouvre au chapitre qu'elle consultait malgré ses protestations.
Le titre du chapitre me stupéfie et du coup je ne peux plus rien faire d'autre que de le fixer, l'air complètement stupide. « L'hétérosexualité déviant ou autrement dit l'homosexualité ». Pourquoi ma gorge est si enserrée à cet instant, j'ai peine à déglutir, mes joues sont rouges mais pas à cause de la brise hivernale. À mes côtés, Ginny ne rit pas, le sourit pas. Elle est sérieuse, trop sérieuse.
Des milliers de pensées se bousculent aux portes de mon esprit. Pourquoi ? Pour qui ? Pour elle ? Seigneur ! Pas pour moi ? Ben non, voyons, pourquoi pour toi ? Mais si ... Comment ? Depuis quand ? Au Merlin, ma tête va éclater... Hé ! Reviens sur terre mon pauvre Harry, elle te parle là. Quoi ? Comment on sait que l'on est homosexuel ou pas ? Oh, je t'en prie Ginny, ne me pose pas ce genre de question. J'en sais rien moi et c'est bien là mon problème.
S'en suit une conversation où tout deux énumérons des possibilités, des hypothèses un peu mal à l'aise sans jamais avouer que ces questionnements sont véritablement nôtres. Je ne crois pas que Ginny me pose toutes ces questions dans le but de trouver des réponses à ces propres questionnements. Elle est hétéro, ça se sent, je le vois dans ses yeux à toutes les fois où elle est avec son petit ami, un vrai brasier l'enflamme à ce moment, qu'est-ce que c'est si ce n'est de l'amour. Alors pourquoi cette discussion ? Mieux, pour qui ? Serais-ce qu'elle se doute de MES questionnements. Nous sommes très proches et je sais qu'elle lit mieux en moi que moi-même. Aurait-elle trouvé ce que je m'efforce de cacher et de renier ? Si c'est le cas, je fais quoi ? Je ne suis pas prêt. Je ne suis pas sûr. Je refuse toujours...
Ginny me parle d'une lettre qu'elle a écrit le matin même à Charlie pour lui demander des renseignements ? Pourquoi ? Les dragons seraient-ils reconnus pour leur pratique sexuelle avec partenaire du même sexe ? QUOI ? Pourquoi personne ne me dit jamais rien à moi ! Charlie Weasley gay ? Remarque plus rien ne me surprend vraiment après ce que j'ai vu l'autre soir ... Serait-ce parce que ce sujet est tabou dans la famille Weasley ? Peut-être que l'un ou plusieurs d'entre eux n'approuvent pas.. Ron peut- être. MERLIN !
C'est ça rassure moi Ginny. OUF ! Tout le monde l'accepte bien, même Ron, ce qui est surprenant en fin de compte. C'est uniquement Charlie qui ne désire pas que cela s'ébruite. On comprend pourquoi. Pourquoi suis-je aussi soulagé d'apprendre que la famille de mon meilleur ami n'est pas homophobe ? C'est un poids qui vient de me quitter d'un coup. Étrange ! Je comprends toujours pas pourquoi ?
***************
Je suis assis seul dans un coin reculé du château où personne ne va. Même les fantômes en ont sans doute oublié l'existence. C'est mon coin préféré, ma place à moi. Je m'y sens bien. C'est sombre mais le soleil entre tout de même par les meurtrières plus hautes sur les murs. J'y viens souvent pour réfléchir, ce qui est le cas aujourd'hui. Cette discussion avec Blaise m'a laissé de quoi méditer pour les quinze prochaines années.
Pourquoi avait-il fallut qu'il me choisisse moi comme confident ? Je ne suis pourtant pas le genre « approchez et confiez-vous tous, ceci est mon esprit torturé pour vous... » Ça c'est plus le style de Potter, pas le mien. Pourtant, c'est à moi qu'il a ouvert son cœur. Merlin, j'aurais jamais pensé que quelqu'un un jour aurait assez de courage pour me confier des choses comme ça. Surtout que tout le monde sait que je n'hésiterais pas à me servir de ses déclarations si cela pouvait m'être utile.
Il m'a parlé pendant des heures de son « amour ». J'aurais jamais imaginé qu'un Serpentard puisse aimer réellement et pourtant c'est le cas. Blaise est amoureux et ça même un stupide Poufsouffle pourrait le voir à l'œil nu. Ce qui me trouble le plus, c'est qu'à un certain moment, je me suis surpris à l'envier. C'est difficile à concevoir que je puisse éprouver de l'envie pour une telle chose. Non pas que l'envie me soit inconnue, je la connais très bien même. Toute ma vie j'ai envié les autres. D'abord enfant parce qu'ils avaient beau avoir trois fois moins de biens que moi et pourtant ils semblaient tellement plus heureux que je pouvais l'être. Ensuite ici à Poudlard, je me suis rapidement mis à envier ce stupide balafré. Je me borne à ne voir que les bons côtés de sa vie, ceux que j'envie. Je sais que sa vie n'est pas mieux au final que la mienne mais je dois avouer que je donnerais tout ce que j'ai pour être quelqu'un d'autre que celui que je suis. Naître Malfoy à ces avantages, surtout financiers mais je ne connais que les sentiments que m'ont appris mes parents : haine, mépris, colère, envie, soir de pouvoir, supériorité, orgueil et bien d'autres. Rien de vraiment très rose... Ma vie à moi est composée de noir. Le pire c'est que j'ai accepté cela sans rien dire, comme le garçon parfait de Lucius Malfoy que je me devais d'être.
Du moins jusqu'à ce que je refuse de suivre mes parents dans leur « choix de carrière ». Je n'ai jamais voulu être mangemort. J'aime que l'on me respecte, que l'on me craigne à la limite mais ai-je véritablement en moi ce besoin de faire du mal ? J'en doute. Si tel était le cas, je n'aurais pas besoin de ces deux gorilles pour me protéger, je frapperais moi-même sans me demander ce que mes actes m'apporteront. J'avoue que je retire une certaine satisfaction à voir mes ennemis souffrir suite à leur manque de respect envers moi. Mais serais-je capable, moi Draco Malfoy, de blesser sévèrement ou pire tuer un autre homme ? Suis-je de la trempe à plier les genoux devant un maître qui n'a rien à faire de vous, tout ce que vous représentez à ses yeux c'est une arme pour atteindre SES ennemis. Une arme pour laquelle il ne versera pas une larme s'il venait qu'à la perdre. Je ne suis pas qu'un simple objet, je ne serais jamais un simple jouet entre les mains d'un fou qui a pour idéal l'opposé de ce qu'il est.
Voilà des mois que je me pose la même question : qui suis-je ? Suis-je vraiment le Malfoy que mon père a formé ? Ne suis-je pas moi, tout simplement ? Et ce moi, qui est-il ? Quels sont mes véritables préférences, mes goûts mes désirs. Pas ceux que ma famille m'a inculqué, ceux qui sont miens et qui m'appartiennent en propre. Puis s'ajoute à tout cela mes questionnements d'ordre plus « intimes ».
Faut dire que les déclarations de Blaise ne m'ont pas aidé à me faire une idée. Il est tellement sûr de lui, de ce qu'il ressent. Je suis à des kilomètres d'une telle prise de position. Je ne suis pas sot, je sais bien que mes questions ne trouveront pas de réponse en restant profondément enfouies dans mon esprit. J'aurais espéré que les aveux de Zabini me servent au moins à remettre un peu d'ordre. Tel ne fut pas le cas, tout ce que ça m'a apporté c'est encore plus de confusion mentale.
Je change, les gens commencent à le remarquer. Ça commencer par Rogue qui m'a ouvert sa porte mais que je n'ai pas prise. Dumbledore également a fait des sous-entendus que j'ai feins de ne pas comprendre. Même Zabini m'a dit avoir remarqué que je n'étais plus le même. Bientôt ce sera ces idiots de Crabbe et Goyle qui remarqueront si je ne fais pas plus attention.
Les choses en moi changent, je ne sais toujours pas quoi précisément et je comprends toujours pas pourquoi...
*********
J'ai décidé de me ressaisir, de me contrôler, d'agir comme je l'ai toujours fait, c'est à dire être sensée et posée. Je ne réagirai plus à sa présence, j'afficherai un masque impassible que j'aurai emprunté à Malfoy. Personne ne pourra plus se douter de quoi que cela soit et tous finiront par oublier. Même moi avec un peu de chance.
Je ne peux renier les faits d'un bloc, cela n'a jamais été ma nature et ne le sera jamais. Si j'ai pris cette décision, je sais également que je devrais me trouver du temps pour moi, pour évacuer ce que j'aurais refusé de laisser paraître dans la journée. Ce sera le soir, seule dans mon lit, les rideaux tirés et avec un sort d'insonorisation si nécessaire. Ainsi je pourrais sortir ce que j'ai sur le cœur et tenter de me comprendre à défaut de pour en parler à quelqu'un.
J'ai bien sûre pensé en parler avec Ginny. Elle me comprendrait, j'en suis certaine, elle m'écouterait et serait de bon conseil. Mais je me suis ravisée. C'est sans doute la rumeur qui circule qui m'a poussé à prendre cette décision. On dit dans tout Poudlard que l'objet de mon désir et également convoité par plusieurs autres, ce qui selon moi n'est pas surprenant. Ce qui l'est par contre, est la réponse en provenance de cette personne suite à cette rumeur. Cette réponse n'a rien d'une rumeur puisque j'étais, moi-même, présente lorsqu'elle a été formulée par les lèvres qui m'obsèdent. Son cœur est pris. Point à la ligne, plus rien à ajouter. Alors pourquoi je me rattacherais à un espoir qui était déjà plus que mince et qui vient de passer depuis peu à inexistant ?
C'est terminé, plus de fantasmes, plus de rêves, plus de pensées, plus de rêvasseries... Finies ces heures perdues à imaginer ce que son uniforme cache. Terminés ces vagues espoirs d'entendre sa voie mélodieuse au détour d'un couloir. Finis ces repas où je ne grignote seulement quelques bouchées pour courir plus vite à la bibliothèque dans l'espoir stupide de partager la même table de travail. Plus de rougissement lorsque je croise son regard. Maintenant, je garde la tête haute et soutiens son regard dans les rares moments où l'on se croise. Dès aujourd'hui je redeviens celle que j'ai toujours été. Je replonge dans mes études qui ont souffert ces derniers temps. Heureusement, je n'ai pas eu de réprimande de la part de mes professeurs mais je dois me ressaisir et vite.
Terminée ces nuits passées à me tourmenter l'esprit à tenter de comprendre ce qui m'arrivait, à tenter de saisir ce qui se passait en moi. J'ai longuement analysé ma situation dans tous les sens, j'ai tout reviré dans ma tête des centaines et des centaines de fois. J'accepte ce qui m'arrive mais je ne le comprends pas. Je comprends toujours pas.
Chapitre cinquième : Je comprends toujours pas pourquoi.
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C'est merveilleux ce soleil qui brille sur la neige ainsi, c'est féerique. Ça détend et c'est parfait pour une petite promenade à l'extérieur. Tien ? C'est Ginny là bas assise seule dans les gradins du stade ? Qu'est-ce qu'elle fait là ? Bien elle lit. Elle lit quoi ? Un livre sur la sexualité ! Ouf, est-ce moi ou elle qui est le plus rouge ? On pourrait sans doute concourir dans un festival de homards bouillis. Elle rit, je ris, on est pathétique. Mais pourquoi lisait-elle ce genre de livre ? Je veux dire, ce n'est pas pour « en apprendre » un peu plus, c'est plutôt le genre de livre épais qui traite de la psychologie reliée à la sexologie contemporaine.
Elle se pose des questions ? Mais encore... Je ne peux m'empêcher de la taquiner mais cette fois elle ne réagit pas. Ou plutôt si, elle devient vraiment très sérieuse. Trop sérieuse... J'aime pas ça. Je lui vole son livre et l'ouvre au chapitre qu'elle consultait malgré ses protestations.
Le titre du chapitre me stupéfie et du coup je ne peux plus rien faire d'autre que de le fixer, l'air complètement stupide. « L'hétérosexualité déviant ou autrement dit l'homosexualité ». Pourquoi ma gorge est si enserrée à cet instant, j'ai peine à déglutir, mes joues sont rouges mais pas à cause de la brise hivernale. À mes côtés, Ginny ne rit pas, le sourit pas. Elle est sérieuse, trop sérieuse.
Des milliers de pensées se bousculent aux portes de mon esprit. Pourquoi ? Pour qui ? Pour elle ? Seigneur ! Pas pour moi ? Ben non, voyons, pourquoi pour toi ? Mais si ... Comment ? Depuis quand ? Au Merlin, ma tête va éclater... Hé ! Reviens sur terre mon pauvre Harry, elle te parle là. Quoi ? Comment on sait que l'on est homosexuel ou pas ? Oh, je t'en prie Ginny, ne me pose pas ce genre de question. J'en sais rien moi et c'est bien là mon problème.
S'en suit une conversation où tout deux énumérons des possibilités, des hypothèses un peu mal à l'aise sans jamais avouer que ces questionnements sont véritablement nôtres. Je ne crois pas que Ginny me pose toutes ces questions dans le but de trouver des réponses à ces propres questionnements. Elle est hétéro, ça se sent, je le vois dans ses yeux à toutes les fois où elle est avec son petit ami, un vrai brasier l'enflamme à ce moment, qu'est-ce que c'est si ce n'est de l'amour. Alors pourquoi cette discussion ? Mieux, pour qui ? Serais-ce qu'elle se doute de MES questionnements. Nous sommes très proches et je sais qu'elle lit mieux en moi que moi-même. Aurait-elle trouvé ce que je m'efforce de cacher et de renier ? Si c'est le cas, je fais quoi ? Je ne suis pas prêt. Je ne suis pas sûr. Je refuse toujours...
Ginny me parle d'une lettre qu'elle a écrit le matin même à Charlie pour lui demander des renseignements ? Pourquoi ? Les dragons seraient-ils reconnus pour leur pratique sexuelle avec partenaire du même sexe ? QUOI ? Pourquoi personne ne me dit jamais rien à moi ! Charlie Weasley gay ? Remarque plus rien ne me surprend vraiment après ce que j'ai vu l'autre soir ... Serait-ce parce que ce sujet est tabou dans la famille Weasley ? Peut-être que l'un ou plusieurs d'entre eux n'approuvent pas.. Ron peut- être. MERLIN !
C'est ça rassure moi Ginny. OUF ! Tout le monde l'accepte bien, même Ron, ce qui est surprenant en fin de compte. C'est uniquement Charlie qui ne désire pas que cela s'ébruite. On comprend pourquoi. Pourquoi suis-je aussi soulagé d'apprendre que la famille de mon meilleur ami n'est pas homophobe ? C'est un poids qui vient de me quitter d'un coup. Étrange ! Je comprends toujours pas pourquoi ?
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Je suis assis seul dans un coin reculé du château où personne ne va. Même les fantômes en ont sans doute oublié l'existence. C'est mon coin préféré, ma place à moi. Je m'y sens bien. C'est sombre mais le soleil entre tout de même par les meurtrières plus hautes sur les murs. J'y viens souvent pour réfléchir, ce qui est le cas aujourd'hui. Cette discussion avec Blaise m'a laissé de quoi méditer pour les quinze prochaines années.
Pourquoi avait-il fallut qu'il me choisisse moi comme confident ? Je ne suis pourtant pas le genre « approchez et confiez-vous tous, ceci est mon esprit torturé pour vous... » Ça c'est plus le style de Potter, pas le mien. Pourtant, c'est à moi qu'il a ouvert son cœur. Merlin, j'aurais jamais pensé que quelqu'un un jour aurait assez de courage pour me confier des choses comme ça. Surtout que tout le monde sait que je n'hésiterais pas à me servir de ses déclarations si cela pouvait m'être utile.
Il m'a parlé pendant des heures de son « amour ». J'aurais jamais imaginé qu'un Serpentard puisse aimer réellement et pourtant c'est le cas. Blaise est amoureux et ça même un stupide Poufsouffle pourrait le voir à l'œil nu. Ce qui me trouble le plus, c'est qu'à un certain moment, je me suis surpris à l'envier. C'est difficile à concevoir que je puisse éprouver de l'envie pour une telle chose. Non pas que l'envie me soit inconnue, je la connais très bien même. Toute ma vie j'ai envié les autres. D'abord enfant parce qu'ils avaient beau avoir trois fois moins de biens que moi et pourtant ils semblaient tellement plus heureux que je pouvais l'être. Ensuite ici à Poudlard, je me suis rapidement mis à envier ce stupide balafré. Je me borne à ne voir que les bons côtés de sa vie, ceux que j'envie. Je sais que sa vie n'est pas mieux au final que la mienne mais je dois avouer que je donnerais tout ce que j'ai pour être quelqu'un d'autre que celui que je suis. Naître Malfoy à ces avantages, surtout financiers mais je ne connais que les sentiments que m'ont appris mes parents : haine, mépris, colère, envie, soir de pouvoir, supériorité, orgueil et bien d'autres. Rien de vraiment très rose... Ma vie à moi est composée de noir. Le pire c'est que j'ai accepté cela sans rien dire, comme le garçon parfait de Lucius Malfoy que je me devais d'être.
Du moins jusqu'à ce que je refuse de suivre mes parents dans leur « choix de carrière ». Je n'ai jamais voulu être mangemort. J'aime que l'on me respecte, que l'on me craigne à la limite mais ai-je véritablement en moi ce besoin de faire du mal ? J'en doute. Si tel était le cas, je n'aurais pas besoin de ces deux gorilles pour me protéger, je frapperais moi-même sans me demander ce que mes actes m'apporteront. J'avoue que je retire une certaine satisfaction à voir mes ennemis souffrir suite à leur manque de respect envers moi. Mais serais-je capable, moi Draco Malfoy, de blesser sévèrement ou pire tuer un autre homme ? Suis-je de la trempe à plier les genoux devant un maître qui n'a rien à faire de vous, tout ce que vous représentez à ses yeux c'est une arme pour atteindre SES ennemis. Une arme pour laquelle il ne versera pas une larme s'il venait qu'à la perdre. Je ne suis pas qu'un simple objet, je ne serais jamais un simple jouet entre les mains d'un fou qui a pour idéal l'opposé de ce qu'il est.
Voilà des mois que je me pose la même question : qui suis-je ? Suis-je vraiment le Malfoy que mon père a formé ? Ne suis-je pas moi, tout simplement ? Et ce moi, qui est-il ? Quels sont mes véritables préférences, mes goûts mes désirs. Pas ceux que ma famille m'a inculqué, ceux qui sont miens et qui m'appartiennent en propre. Puis s'ajoute à tout cela mes questionnements d'ordre plus « intimes ».
Faut dire que les déclarations de Blaise ne m'ont pas aidé à me faire une idée. Il est tellement sûr de lui, de ce qu'il ressent. Je suis à des kilomètres d'une telle prise de position. Je ne suis pas sot, je sais bien que mes questions ne trouveront pas de réponse en restant profondément enfouies dans mon esprit. J'aurais espéré que les aveux de Zabini me servent au moins à remettre un peu d'ordre. Tel ne fut pas le cas, tout ce que ça m'a apporté c'est encore plus de confusion mentale.
Je change, les gens commencent à le remarquer. Ça commencer par Rogue qui m'a ouvert sa porte mais que je n'ai pas prise. Dumbledore également a fait des sous-entendus que j'ai feins de ne pas comprendre. Même Zabini m'a dit avoir remarqué que je n'étais plus le même. Bientôt ce sera ces idiots de Crabbe et Goyle qui remarqueront si je ne fais pas plus attention.
Les choses en moi changent, je ne sais toujours pas quoi précisément et je comprends toujours pas pourquoi...
*********
J'ai décidé de me ressaisir, de me contrôler, d'agir comme je l'ai toujours fait, c'est à dire être sensée et posée. Je ne réagirai plus à sa présence, j'afficherai un masque impassible que j'aurai emprunté à Malfoy. Personne ne pourra plus se douter de quoi que cela soit et tous finiront par oublier. Même moi avec un peu de chance.
Je ne peux renier les faits d'un bloc, cela n'a jamais été ma nature et ne le sera jamais. Si j'ai pris cette décision, je sais également que je devrais me trouver du temps pour moi, pour évacuer ce que j'aurais refusé de laisser paraître dans la journée. Ce sera le soir, seule dans mon lit, les rideaux tirés et avec un sort d'insonorisation si nécessaire. Ainsi je pourrais sortir ce que j'ai sur le cœur et tenter de me comprendre à défaut de pour en parler à quelqu'un.
J'ai bien sûre pensé en parler avec Ginny. Elle me comprendrait, j'en suis certaine, elle m'écouterait et serait de bon conseil. Mais je me suis ravisée. C'est sans doute la rumeur qui circule qui m'a poussé à prendre cette décision. On dit dans tout Poudlard que l'objet de mon désir et également convoité par plusieurs autres, ce qui selon moi n'est pas surprenant. Ce qui l'est par contre, est la réponse en provenance de cette personne suite à cette rumeur. Cette réponse n'a rien d'une rumeur puisque j'étais, moi-même, présente lorsqu'elle a été formulée par les lèvres qui m'obsèdent. Son cœur est pris. Point à la ligne, plus rien à ajouter. Alors pourquoi je me rattacherais à un espoir qui était déjà plus que mince et qui vient de passer depuis peu à inexistant ?
C'est terminé, plus de fantasmes, plus de rêves, plus de pensées, plus de rêvasseries... Finies ces heures perdues à imaginer ce que son uniforme cache. Terminés ces vagues espoirs d'entendre sa voie mélodieuse au détour d'un couloir. Finis ces repas où je ne grignote seulement quelques bouchées pour courir plus vite à la bibliothèque dans l'espoir stupide de partager la même table de travail. Plus de rougissement lorsque je croise son regard. Maintenant, je garde la tête haute et soutiens son regard dans les rares moments où l'on se croise. Dès aujourd'hui je redeviens celle que j'ai toujours été. Je replonge dans mes études qui ont souffert ces derniers temps. Heureusement, je n'ai pas eu de réprimande de la part de mes professeurs mais je dois me ressaisir et vite.
Terminée ces nuits passées à me tourmenter l'esprit à tenter de comprendre ce qui m'arrivait, à tenter de saisir ce qui se passait en moi. J'ai longuement analysé ma situation dans tous les sens, j'ai tout reviré dans ma tête des centaines et des centaines de fois. J'accepte ce qui m'arrive mais je ne le comprends pas. Je comprends toujours pas.
