*******************
Chapitre dix-septième : Tristesse mêlée de larmes
******************
J'ai froid, si froid. Tout mon être frisonne, mes veines se glacent, ma peau se givre. Il fait si noir. Trop noir. Je ne vois rien, je ne vois plus rien, que du noir dans les teintes de noir. Peut-être est-ce seulement mes yeux qui sont fermés ? Non, ils sont bien ouverts ou du moins, je le crois. J'en sais rien, je ne sais pas, je ne sais plus. Je ne suis plus sûr de rien. Est-ce bien le sol que je sens sous moi ? C'est relativement ferme mais en même temps poisseux. Peut-être suis tomber dans une flaque d'eau. Je me souviens de la pluie. Des torrents qui nous inondaient, qui me voilait le regard. À moins qu'il ne s'agisse de larmes ? Qui sait ? Pas moi !
Je ne ressens plus rien sauf la surface qui tient mon corps à l'horizontal. Je n'ai plus le contrôle de mon corps. Chaque membre, chaque os, chaque bout d'épiderme semblent avoir fuit. Plus rien ne me reste. J'ai l'impression d'avoir perdu mon corps, de n'être plus qu'une âme. Suis-je mort ? Est-ce la raison pour laquelle mon corps ne répond plus à mes appels ? Mon âme serait-elle devenue tout ce qu'il me reste ? Pourquoi je ne vois rien ? Pourquoi je ne sens rien ? Pourquoi je ne ressens rien ? Pourquoi je n'entends rien ? Où suis-je ? Suis-je seul ?
Je ne me rappelle plus de rien. Depuis combien de temps suis-je là ? À quand remonte mon dernier souvenir ? Comment suis-je arrivé ici ? Concentre-toi ! Fais un effort. Rien à faire. Mon esprit est vide. Un néant incroyable m'habite et m'entoure. Est-ce cela la mort ? Est-ce comme cela que l'on se sent lorsque l'on décède ? Rien. Complètement rien. Que du vide et du noir. Aucun bruit, aucune sensation, aucune réaction.
Pourquoi je n'arrive pas à bouger ne serait-ce qu'un doigt ? Suis-je vraiment hors de mon enveloppe corporelle ? Pourtant, je sais que je suis étendu, là, à quelque part. Je voudrais crier, appeler à l'aide mais je n'y arrive pas. Je voudrais me relever, courir loin de cet endroit mais je n'y arrive pas. Je voudrais pouvoir me repérer, déterminer où je suis mais je n'y arrive pas.
Je suis si fatigué, las, épuisé et tant d'autre chose encore... Étrangement je n'ai pas mal, je ne souffre pas. Peut-être est-ce seulement dû au fait que je ne sente pas la composition de mon corps ou de ce qui a été jadis mon corps. Je voudrais refermer les yeux, me laisser aller, m'endormir un moment, pour toujours mais je n'y arrive pas. Mes yeux restent fixement dans le vide, vide qui m'entoure qui me compose. Je veux dormir. Ce serait trop stupide que la mort ressemble à ça ! Pourquoi pas après tout ? À quoi m'attendais-je ? À être accueilli dans un genre de paradis comme le décrivent les moldus ? Personne n'en est revenu pour nous dire comment c'était ou comment cela se passait. Peut-être que je suis vraiment mort après tout.
Une partie de moi que je ne saurais identifier tente désespérément de combattre mon abattement, mon harassement. Mais je veux dormir. Laissez- moi fermer les yeux. Laissez-moi me reposer en paix. Pourquoi s'acharner ? Pourquoi continuer à se battre ? Pourquoi ? Pour qui ? Pour moi ? Non, cela n'en vaut pas la peine ! La preuve je ne ressens plus rien !
Laissez moi partir. Laisser moi m'enfuir loin d'ici. Laissez-moi quitter ce vide, ce néant qui m'englobe. LAISSEZ-MOI MOURIR ! Je ne sers plus à rien, je ne suis plus moi, je ne serai plus jamais moi, je ne serai plus même l'ombre de ce que j'étais. Je ne suis qu'une âme écorchée sans corps qui ne peut même pas errer. Je ne ressens RIEN. JE NE SUIS PLUS RIEN.
Qui me retient ? Qui m'empêche de quitter ? Qui ne s'oppose à ma volonté ? Ne comprenez-vous pas qu'il faut que je parte ? Ne comprenez- vous pas qu'il n'y a plus rien à faire avec moi, qu'il n'y a plus rien à faire de moi, qu'il n'y a plus de moi ? Plutôt que de me retenir, DÉLIVREZ- MOI !
Ça y est, je m'enfonce un peu plus, je vais y arriver, je vais faire partie du néant qui m'englobe, je ne serais bientôt plus rien. Une dernière vision du monde qui m'entoure la tristesse mêlée de larmes.
***************
La pluie tombe avec une rage peu commune. Laissant des rigoles profondes dans le sol. Amenant avec elle des rivières rouges de sang. Celui des autres, le mien aussi. Agenouillé dans la boue, je renverse la tête par derrière et laisse les gouttes se mêler à mes larmes. J'ouvre la bouche en espérant vainement que cette pluie ait un effet bénéfique sur le feu qui couve dans mon être et qui prend naissance dans ma gorge.
Il faut que je me relève, que je trouve la force de me remettre debout et de continuer. Tout est devenu soudainement très calme. Je pourrais presque entendre le silence lui-même si ce n'était des gémissements que je peux percevoir à travers le rideau de pluie qui m'entoure. Qui a mal ? Est-ce moi ? Serait-ce mes propres plaintes que mon cerveau enregistre ? Evidemment, je souffre mais je ne crois pas que ces gémissements soient miens. J'ai mal partout, une douleur lancinante parcours mon corps du bout des orteils jusqu'à la pointe de mes cheveux. Cette douleur s'attarde plus longuement au niveau de ma cuisse droite. Aie-je assez de courage pour tenter un regard dans cette direction ?
Merlin, c'est pas joli ! Mais je devrais survivre, c'est déjà ça de pris. Les gémissements, des petits cris étouffés et même des pleurs. Je me dois de réagir. Allez, un effort mon vieux. Me remettre sur mes deux jambes est un exercice pénible mais j'y parviens. Me voilà chancelant mais vertical au sol, ma baguette toujours dans la main, mes vêtements en piteux état. Que dire de moi ? Je suis en piteux état. Moins par contre que l'homme vêtu de noir qui gît près de moi. De qui s'agit-il ? De quel fidèle encagoulé du Lord Noir aie-je survécu ? Quel est le dernier homme que j'ai terrassé ? Qui ne cherchait pas seulement à me mettre hors combat ? Qui cherchait délibérément à me tuer ?
J'ai bien peur de connaître que trop bien l'identité de cet homme. Mon être en entier tremble d'appréhension de découvrir qu'il s'agit bien de mon père. De l'homme qui est en grande partie responsable de ma présence sur cette terre. Du monstre qui m'a élevé, blessé et renié. L'être que je déteste le plus, celui que je honnis. Cet homme, je l'ai tué. Je suis à l'origine de sa mort, tout comme il était à l'origine de ma naissance. Ironie de la vie.
J'avance en claudiquant. Mon regard se porte tout autour de moi. Merlin, se fut un véritable carnage. Des corps inertes ou salement amochés forment un tableau qui me donne la nausée. À travers la pluie, je peux voir que d'autres s'en sont sortis, quelques-uns se relèvent comme moi et tentent de porter secours aux survivants. Pour l'instant nous sommes peu nombreux et j'espère de tout cœur que notre nombre augmentera lorsque tous seront soignés correctement. Au loin je distingue deux silhouettes noires s'enfuirent aussi vite que leur permet leur corps endolorit. Des mangemorts sans doute. Je n'ai pas la force de courir derrière eux. Qu'ils fuient, on finira bien par les retrouver et leur faire payer tous les ravages que leur stupidité aura causés.
Le combat a effectivement eu lieu à l'endroit où se tenait jadis la maison des Potter et dans ses alentours. J'arrive dans un endroit où plus rien n'existe, comme si ce point précis de la terre avait été envahit par le néant. Aucune végétation, aucun signe de vie, que noirceur et vide. L'air y est lourd et presque suffocant. De ma baguette je m'éclaire, un mince filet de lumière m'ouvre alors un chemin. Je distingue deux formes étendues sur le sol. J'ai un mauvais pressentiment. Il fait soudainement froid, trop froid. Il fait froid comme chez la mort. Je suis chez elle, je suis dans son antre. Ici ne règne que le vide et la noirceur.
Lentement par contre la lumière de ma baguette s'intensifie, comme si elle parvenait à repousser le néant. L'air se fait moins pesant. J'entends le bruit de mes pas dans la boue. Un regard vers le sol m'apprend que je patauge plutôt dans une véritable mare de sang. Mon cœur, mon esprit et mon âme s'affolent. Je sais, je sens, je ressens qu'il s'agit d'Harry. Où est-il ? Lequel des deux est Harry ? Est-il en vie ? Merlin faites que j'arrive pas trop tard !
Je me laisse tomber lourdement auprès du corps que j'ai identifié comme étant celui de mon ancien ennemi. Nos regards se croisent de nouveau mais cette fois je ne peux lui offrir que ma tristesse mêlée de larmes.
******************
Je ne peux plus respirer, j'étouffe ! J'ai plutôt l'impression que je me noie ! Je relève la tête le plus que je peux mais un poids immense me l'enfonce d'avantage dans le sol rendu tellement boueux par toute cette pluie. Je me débats comme un diable dans l'eau bénite. Si je n'arrive pas à respirer, je vais suffoquer sous peu. Le poids qui reposait sur ma tête se volatilise soudainement. Rapidement je lance ma tête par derrière et aspire une grande bouffée d'air. Je m'étouffe, je tousse, j'halète mais je recommence à respirer. Lentement, je reprends un rythme plus normal et je me retourne sur le dos pour continuer à réapprivoiser mes poumons à l'oxygène qui m'est vital.
Quelqu'un s'agenouille près de moi et pose ma tête sur ses genoux. Cette personne entreprend d'enlever mes cheveux qui collent à mon visage à cause de toute cette pluie et de la boue qui macule tout mon corps. Les doigts sont doux et tendre mais une douleur atroce me brûle. Je lève un regard vers la personne venue à mon aide et croise son regard compatissant. Tonk !
Dès le début du combat nous avons été séparées. Maintenant elle était revenue auprès de moi et cherchait quelque chose à l'intérieur de sa robe en lambeaux. De sa baguette elle nettoya mon visage de toute la boue puis m'appliqua avec soin et précaution une crème verdâtre. Maintenant que ma respiration ne me causait plus de problème, je sentais ma blessure. De mes doigts hésitants je tente de saisir l'étendu des dégâts. Je ferme les yeux et inspire profondément. J'ai une profonde cicatrice qui contourne mon œil droit et qui se termine sur ma joue. À voir l'air qu'affiche Tonk, ça ne doit pas être joli, joli.
Peu importe, je suis vivante non ? MERLIN ! Vite je tente de me relever pour aller porter secours aux autres mais bien vite je retombe dans les bras de l'Auror. Je suis encore étourdie. Avec plus de précaution cette fois, je me relève, Tonk m'aide également et on part toutes les deux à la recherche de nos amis blessés. Je m'arrête à chaque personne pour leur proposer mon aide ou leur administrer les premiers soins mais je la cherche du regard. Je m'inquiète, je me fais un sang d'encre. Pourvu qu'elle s'en soit sortie. Pourvu qu'ils s'en soient tous sortis.
À ma droite Tonk aide Ginny à se remettre sur pied, la jeune Weasley me sourit difficilement mais elle va bien. En voilà une pour laquelle je suis fixée. Les équipes de médicomages ne devraient plus tarder maintenant. En dessous de deux imposants mangemorts en piteux état que je pousse sans ménagement, je trouve le corps inanimé d'un homme portant une robe noire. Des larmes coulent sur mes joues. Severus Rogue aura donné sa vie pour aider le fils de son ancien ennemi. Reposez en paix professeur. Je ferme lentement, presque avec cérémonie les yeux de celui qui risquait sa vie pour le Bien en côtoyant le Mal.
Après une longue inspiration, je me remets à la recherche de gens à qui porter secours. Je tourne la tête à gauche et mon regard tombe sur deux silhouettes qui se démarquent au loin dans le rideau de pluie. Un immense corps est étendu à leurs pieds. Je n'ai pas besoin de m'interroger longuement pour savoir qu'il s'agit sans doute de Hagrid. Je me dirige d'un pas las vers eux. Plus j'avance plus mon cœur s'emballe. J'ai reconnu la posture, le maintient, les gestes. Puis les formes de celle que j'ai si souvent observée. Elle est en vie, elle est vivante ! Merlin soit béni.
Padma et Pavarti semblent à première vue en bon état. Elles tentent de réanimer le semi-géant et je me joins à elles dans cette pénible tache. Lorsqu'elle me voit, Padma pousse un soupir de soulagement. Elle abandonne sa sœur et accourt vers moi. S'arrêtant à quelques centimètres, observant ma blessure. Après quelques secondes, elle décide que ce n'est rien et me saute au cou. M'embrassant tendrement. Comme je suis heureuse !
Je m'informe de l'état des jumelles. Elles ont chacune quelques ecchymoses, des éraflures et autres blessures mineures. Padma a probablement une clavicule de brisée alors que la jambe à peine guérie de Pavarti la fait souffrir. Rien de trop sérieux et j'en suis vraiment heureuse. À nous trois, on poursuit nos recherches parmi les corps jonchant le sol.
On approche d'un endroit sombre et qui me donne la chair de poule. L'air est chargé de quelque chose de désagréable à cet endroit. Deux corps reposent sur le sol et un homme est agenouillé près de l'un d'eux. Je m'approche du premier pour constater qu'il s'agit de Dumbledore, notre ANCIEN directeur. Le vieux mage aura donné sa vie pour ce combat. Je pleure en silence, mes larmes se mêlant à la pluie. Si ici repose le corps de Dumbledore, l'autre doit être celui de HARRY.
Je me traîne dans la boue jusqu'au corps figé de mon ami. Je relève la tête dans l'espoir de recevoir la confirmation de cet homme que mon ami va bien. Je croise le regard de Draco mais je n'y lis que tristesse mêlée de larmes.
***********************
[RAR] :
Alex : On croyait que tu étais fatiguée ? Tu nous as pondu une sacrée review tout de même. MERCI, merci ! Tu croyais que la fin du précédent chapitre était sadique ? Alors que dis-tu de celle-ci ? Non ! Non ! ne cherches pas à nous tuer, nous sommes innocentes, complètement innocentes, on te l'assure. loll Comme tu l'as sans doute déjà lu, tu as eu une bonne partie des réponses à tes questions avec ce chapitre. En espérant que ce chapitre t'a plu même s'il n'est pas bourré d'action comme tu le prévoyais.
Umbre77 : Alors comment te portes-tu avec toutes ces nuits blanches passées à travailler sur tes excellentes fics ? T'es certaine qu'Arthur n'a pas des vertus autres que décoratives ? En passant merci pour l'autorisation d'emprunt du nom. Maintenant l'affreuse plante en plastique que nous avons offerte à Joyce a été baptisée. On a fait une vraie cérémonie et tout, c'était vraiment émouvant snifff ! Pour ta carrière de scénariste d'humoriste chez nous, nous avons une école qui enseigne ce genre de truc. L'école du rire, elle forme les gérants de comique, les comiques eux-mêmes, les metteurs en scène et les scénaristes. Renseigne-toi, t'as sans doute la même chose chez toi, sinon demande une bourse d'étude pour l'étranger et viens t'en chez nous ! Bref, on va conclure sinon on est bonnes pour un autre chapitre en RAR. Merci encore et toujours pour tes reviews désopilantes que nous prenons un malin plaisir à lire et relire. Merci également pour la pub, c'est très gentil. Passes le bonjour à Arthur, Hermione, ton chien, la mouche et toutes les autres personnes que tu jugeras dignes de recevoir nos salutations.
Nee Chan : Merci beaucoup pour tes bons mots. Pour les morts faudra encore attendre un peu. On espère que ce chapitre t'a plu un peu également.
Sasha Krum : Merci pour ta review, pour tes questions, quelques-unes ont eu leur réponse pour d'autres faudra attendre encore un peu.
Alixe :Merci beaucoup de prendre le temps de laisser une review à chaque chapitre, c'est vraiment très apprécié. Comme tu l'as sans doute déjà lu, Draco et Harry ce n'est pas encore pour ce chapitre. D'ailleurs ce n'est pas prévu pour le suivant non plus.
Misimini : Merci beaucoup pour tes bons mots, ils nous vont droit au cœur. En espérant que cette fic continuera à te plaire...
Vif d'or : Alors ? Est-ce que l'on les a trop massacré pour toi ? Merci pour tes deux reviews, c'est très gentil et vraiment apprécié.
Chapitre dix-septième : Tristesse mêlée de larmes
******************
J'ai froid, si froid. Tout mon être frisonne, mes veines se glacent, ma peau se givre. Il fait si noir. Trop noir. Je ne vois rien, je ne vois plus rien, que du noir dans les teintes de noir. Peut-être est-ce seulement mes yeux qui sont fermés ? Non, ils sont bien ouverts ou du moins, je le crois. J'en sais rien, je ne sais pas, je ne sais plus. Je ne suis plus sûr de rien. Est-ce bien le sol que je sens sous moi ? C'est relativement ferme mais en même temps poisseux. Peut-être suis tomber dans une flaque d'eau. Je me souviens de la pluie. Des torrents qui nous inondaient, qui me voilait le regard. À moins qu'il ne s'agisse de larmes ? Qui sait ? Pas moi !
Je ne ressens plus rien sauf la surface qui tient mon corps à l'horizontal. Je n'ai plus le contrôle de mon corps. Chaque membre, chaque os, chaque bout d'épiderme semblent avoir fuit. Plus rien ne me reste. J'ai l'impression d'avoir perdu mon corps, de n'être plus qu'une âme. Suis-je mort ? Est-ce la raison pour laquelle mon corps ne répond plus à mes appels ? Mon âme serait-elle devenue tout ce qu'il me reste ? Pourquoi je ne vois rien ? Pourquoi je ne sens rien ? Pourquoi je ne ressens rien ? Pourquoi je n'entends rien ? Où suis-je ? Suis-je seul ?
Je ne me rappelle plus de rien. Depuis combien de temps suis-je là ? À quand remonte mon dernier souvenir ? Comment suis-je arrivé ici ? Concentre-toi ! Fais un effort. Rien à faire. Mon esprit est vide. Un néant incroyable m'habite et m'entoure. Est-ce cela la mort ? Est-ce comme cela que l'on se sent lorsque l'on décède ? Rien. Complètement rien. Que du vide et du noir. Aucun bruit, aucune sensation, aucune réaction.
Pourquoi je n'arrive pas à bouger ne serait-ce qu'un doigt ? Suis-je vraiment hors de mon enveloppe corporelle ? Pourtant, je sais que je suis étendu, là, à quelque part. Je voudrais crier, appeler à l'aide mais je n'y arrive pas. Je voudrais me relever, courir loin de cet endroit mais je n'y arrive pas. Je voudrais pouvoir me repérer, déterminer où je suis mais je n'y arrive pas.
Je suis si fatigué, las, épuisé et tant d'autre chose encore... Étrangement je n'ai pas mal, je ne souffre pas. Peut-être est-ce seulement dû au fait que je ne sente pas la composition de mon corps ou de ce qui a été jadis mon corps. Je voudrais refermer les yeux, me laisser aller, m'endormir un moment, pour toujours mais je n'y arrive pas. Mes yeux restent fixement dans le vide, vide qui m'entoure qui me compose. Je veux dormir. Ce serait trop stupide que la mort ressemble à ça ! Pourquoi pas après tout ? À quoi m'attendais-je ? À être accueilli dans un genre de paradis comme le décrivent les moldus ? Personne n'en est revenu pour nous dire comment c'était ou comment cela se passait. Peut-être que je suis vraiment mort après tout.
Une partie de moi que je ne saurais identifier tente désespérément de combattre mon abattement, mon harassement. Mais je veux dormir. Laissez- moi fermer les yeux. Laissez-moi me reposer en paix. Pourquoi s'acharner ? Pourquoi continuer à se battre ? Pourquoi ? Pour qui ? Pour moi ? Non, cela n'en vaut pas la peine ! La preuve je ne ressens plus rien !
Laissez moi partir. Laisser moi m'enfuir loin d'ici. Laissez-moi quitter ce vide, ce néant qui m'englobe. LAISSEZ-MOI MOURIR ! Je ne sers plus à rien, je ne suis plus moi, je ne serai plus jamais moi, je ne serai plus même l'ombre de ce que j'étais. Je ne suis qu'une âme écorchée sans corps qui ne peut même pas errer. Je ne ressens RIEN. JE NE SUIS PLUS RIEN.
Qui me retient ? Qui m'empêche de quitter ? Qui ne s'oppose à ma volonté ? Ne comprenez-vous pas qu'il faut que je parte ? Ne comprenez- vous pas qu'il n'y a plus rien à faire avec moi, qu'il n'y a plus rien à faire de moi, qu'il n'y a plus de moi ? Plutôt que de me retenir, DÉLIVREZ- MOI !
Ça y est, je m'enfonce un peu plus, je vais y arriver, je vais faire partie du néant qui m'englobe, je ne serais bientôt plus rien. Une dernière vision du monde qui m'entoure la tristesse mêlée de larmes.
***************
La pluie tombe avec une rage peu commune. Laissant des rigoles profondes dans le sol. Amenant avec elle des rivières rouges de sang. Celui des autres, le mien aussi. Agenouillé dans la boue, je renverse la tête par derrière et laisse les gouttes se mêler à mes larmes. J'ouvre la bouche en espérant vainement que cette pluie ait un effet bénéfique sur le feu qui couve dans mon être et qui prend naissance dans ma gorge.
Il faut que je me relève, que je trouve la force de me remettre debout et de continuer. Tout est devenu soudainement très calme. Je pourrais presque entendre le silence lui-même si ce n'était des gémissements que je peux percevoir à travers le rideau de pluie qui m'entoure. Qui a mal ? Est-ce moi ? Serait-ce mes propres plaintes que mon cerveau enregistre ? Evidemment, je souffre mais je ne crois pas que ces gémissements soient miens. J'ai mal partout, une douleur lancinante parcours mon corps du bout des orteils jusqu'à la pointe de mes cheveux. Cette douleur s'attarde plus longuement au niveau de ma cuisse droite. Aie-je assez de courage pour tenter un regard dans cette direction ?
Merlin, c'est pas joli ! Mais je devrais survivre, c'est déjà ça de pris. Les gémissements, des petits cris étouffés et même des pleurs. Je me dois de réagir. Allez, un effort mon vieux. Me remettre sur mes deux jambes est un exercice pénible mais j'y parviens. Me voilà chancelant mais vertical au sol, ma baguette toujours dans la main, mes vêtements en piteux état. Que dire de moi ? Je suis en piteux état. Moins par contre que l'homme vêtu de noir qui gît près de moi. De qui s'agit-il ? De quel fidèle encagoulé du Lord Noir aie-je survécu ? Quel est le dernier homme que j'ai terrassé ? Qui ne cherchait pas seulement à me mettre hors combat ? Qui cherchait délibérément à me tuer ?
J'ai bien peur de connaître que trop bien l'identité de cet homme. Mon être en entier tremble d'appréhension de découvrir qu'il s'agit bien de mon père. De l'homme qui est en grande partie responsable de ma présence sur cette terre. Du monstre qui m'a élevé, blessé et renié. L'être que je déteste le plus, celui que je honnis. Cet homme, je l'ai tué. Je suis à l'origine de sa mort, tout comme il était à l'origine de ma naissance. Ironie de la vie.
J'avance en claudiquant. Mon regard se porte tout autour de moi. Merlin, se fut un véritable carnage. Des corps inertes ou salement amochés forment un tableau qui me donne la nausée. À travers la pluie, je peux voir que d'autres s'en sont sortis, quelques-uns se relèvent comme moi et tentent de porter secours aux survivants. Pour l'instant nous sommes peu nombreux et j'espère de tout cœur que notre nombre augmentera lorsque tous seront soignés correctement. Au loin je distingue deux silhouettes noires s'enfuirent aussi vite que leur permet leur corps endolorit. Des mangemorts sans doute. Je n'ai pas la force de courir derrière eux. Qu'ils fuient, on finira bien par les retrouver et leur faire payer tous les ravages que leur stupidité aura causés.
Le combat a effectivement eu lieu à l'endroit où se tenait jadis la maison des Potter et dans ses alentours. J'arrive dans un endroit où plus rien n'existe, comme si ce point précis de la terre avait été envahit par le néant. Aucune végétation, aucun signe de vie, que noirceur et vide. L'air y est lourd et presque suffocant. De ma baguette je m'éclaire, un mince filet de lumière m'ouvre alors un chemin. Je distingue deux formes étendues sur le sol. J'ai un mauvais pressentiment. Il fait soudainement froid, trop froid. Il fait froid comme chez la mort. Je suis chez elle, je suis dans son antre. Ici ne règne que le vide et la noirceur.
Lentement par contre la lumière de ma baguette s'intensifie, comme si elle parvenait à repousser le néant. L'air se fait moins pesant. J'entends le bruit de mes pas dans la boue. Un regard vers le sol m'apprend que je patauge plutôt dans une véritable mare de sang. Mon cœur, mon esprit et mon âme s'affolent. Je sais, je sens, je ressens qu'il s'agit d'Harry. Où est-il ? Lequel des deux est Harry ? Est-il en vie ? Merlin faites que j'arrive pas trop tard !
Je me laisse tomber lourdement auprès du corps que j'ai identifié comme étant celui de mon ancien ennemi. Nos regards se croisent de nouveau mais cette fois je ne peux lui offrir que ma tristesse mêlée de larmes.
******************
Je ne peux plus respirer, j'étouffe ! J'ai plutôt l'impression que je me noie ! Je relève la tête le plus que je peux mais un poids immense me l'enfonce d'avantage dans le sol rendu tellement boueux par toute cette pluie. Je me débats comme un diable dans l'eau bénite. Si je n'arrive pas à respirer, je vais suffoquer sous peu. Le poids qui reposait sur ma tête se volatilise soudainement. Rapidement je lance ma tête par derrière et aspire une grande bouffée d'air. Je m'étouffe, je tousse, j'halète mais je recommence à respirer. Lentement, je reprends un rythme plus normal et je me retourne sur le dos pour continuer à réapprivoiser mes poumons à l'oxygène qui m'est vital.
Quelqu'un s'agenouille près de moi et pose ma tête sur ses genoux. Cette personne entreprend d'enlever mes cheveux qui collent à mon visage à cause de toute cette pluie et de la boue qui macule tout mon corps. Les doigts sont doux et tendre mais une douleur atroce me brûle. Je lève un regard vers la personne venue à mon aide et croise son regard compatissant. Tonk !
Dès le début du combat nous avons été séparées. Maintenant elle était revenue auprès de moi et cherchait quelque chose à l'intérieur de sa robe en lambeaux. De sa baguette elle nettoya mon visage de toute la boue puis m'appliqua avec soin et précaution une crème verdâtre. Maintenant que ma respiration ne me causait plus de problème, je sentais ma blessure. De mes doigts hésitants je tente de saisir l'étendu des dégâts. Je ferme les yeux et inspire profondément. J'ai une profonde cicatrice qui contourne mon œil droit et qui se termine sur ma joue. À voir l'air qu'affiche Tonk, ça ne doit pas être joli, joli.
Peu importe, je suis vivante non ? MERLIN ! Vite je tente de me relever pour aller porter secours aux autres mais bien vite je retombe dans les bras de l'Auror. Je suis encore étourdie. Avec plus de précaution cette fois, je me relève, Tonk m'aide également et on part toutes les deux à la recherche de nos amis blessés. Je m'arrête à chaque personne pour leur proposer mon aide ou leur administrer les premiers soins mais je la cherche du regard. Je m'inquiète, je me fais un sang d'encre. Pourvu qu'elle s'en soit sortie. Pourvu qu'ils s'en soient tous sortis.
À ma droite Tonk aide Ginny à se remettre sur pied, la jeune Weasley me sourit difficilement mais elle va bien. En voilà une pour laquelle je suis fixée. Les équipes de médicomages ne devraient plus tarder maintenant. En dessous de deux imposants mangemorts en piteux état que je pousse sans ménagement, je trouve le corps inanimé d'un homme portant une robe noire. Des larmes coulent sur mes joues. Severus Rogue aura donné sa vie pour aider le fils de son ancien ennemi. Reposez en paix professeur. Je ferme lentement, presque avec cérémonie les yeux de celui qui risquait sa vie pour le Bien en côtoyant le Mal.
Après une longue inspiration, je me remets à la recherche de gens à qui porter secours. Je tourne la tête à gauche et mon regard tombe sur deux silhouettes qui se démarquent au loin dans le rideau de pluie. Un immense corps est étendu à leurs pieds. Je n'ai pas besoin de m'interroger longuement pour savoir qu'il s'agit sans doute de Hagrid. Je me dirige d'un pas las vers eux. Plus j'avance plus mon cœur s'emballe. J'ai reconnu la posture, le maintient, les gestes. Puis les formes de celle que j'ai si souvent observée. Elle est en vie, elle est vivante ! Merlin soit béni.
Padma et Pavarti semblent à première vue en bon état. Elles tentent de réanimer le semi-géant et je me joins à elles dans cette pénible tache. Lorsqu'elle me voit, Padma pousse un soupir de soulagement. Elle abandonne sa sœur et accourt vers moi. S'arrêtant à quelques centimètres, observant ma blessure. Après quelques secondes, elle décide que ce n'est rien et me saute au cou. M'embrassant tendrement. Comme je suis heureuse !
Je m'informe de l'état des jumelles. Elles ont chacune quelques ecchymoses, des éraflures et autres blessures mineures. Padma a probablement une clavicule de brisée alors que la jambe à peine guérie de Pavarti la fait souffrir. Rien de trop sérieux et j'en suis vraiment heureuse. À nous trois, on poursuit nos recherches parmi les corps jonchant le sol.
On approche d'un endroit sombre et qui me donne la chair de poule. L'air est chargé de quelque chose de désagréable à cet endroit. Deux corps reposent sur le sol et un homme est agenouillé près de l'un d'eux. Je m'approche du premier pour constater qu'il s'agit de Dumbledore, notre ANCIEN directeur. Le vieux mage aura donné sa vie pour ce combat. Je pleure en silence, mes larmes se mêlant à la pluie. Si ici repose le corps de Dumbledore, l'autre doit être celui de HARRY.
Je me traîne dans la boue jusqu'au corps figé de mon ami. Je relève la tête dans l'espoir de recevoir la confirmation de cet homme que mon ami va bien. Je croise le regard de Draco mais je n'y lis que tristesse mêlée de larmes.
***********************
[RAR] :
Alex : On croyait que tu étais fatiguée ? Tu nous as pondu une sacrée review tout de même. MERCI, merci ! Tu croyais que la fin du précédent chapitre était sadique ? Alors que dis-tu de celle-ci ? Non ! Non ! ne cherches pas à nous tuer, nous sommes innocentes, complètement innocentes, on te l'assure. loll Comme tu l'as sans doute déjà lu, tu as eu une bonne partie des réponses à tes questions avec ce chapitre. En espérant que ce chapitre t'a plu même s'il n'est pas bourré d'action comme tu le prévoyais.
Umbre77 : Alors comment te portes-tu avec toutes ces nuits blanches passées à travailler sur tes excellentes fics ? T'es certaine qu'Arthur n'a pas des vertus autres que décoratives ? En passant merci pour l'autorisation d'emprunt du nom. Maintenant l'affreuse plante en plastique que nous avons offerte à Joyce a été baptisée. On a fait une vraie cérémonie et tout, c'était vraiment émouvant snifff ! Pour ta carrière de scénariste d'humoriste chez nous, nous avons une école qui enseigne ce genre de truc. L'école du rire, elle forme les gérants de comique, les comiques eux-mêmes, les metteurs en scène et les scénaristes. Renseigne-toi, t'as sans doute la même chose chez toi, sinon demande une bourse d'étude pour l'étranger et viens t'en chez nous ! Bref, on va conclure sinon on est bonnes pour un autre chapitre en RAR. Merci encore et toujours pour tes reviews désopilantes que nous prenons un malin plaisir à lire et relire. Merci également pour la pub, c'est très gentil. Passes le bonjour à Arthur, Hermione, ton chien, la mouche et toutes les autres personnes que tu jugeras dignes de recevoir nos salutations.
Nee Chan : Merci beaucoup pour tes bons mots. Pour les morts faudra encore attendre un peu. On espère que ce chapitre t'a plu un peu également.
Sasha Krum : Merci pour ta review, pour tes questions, quelques-unes ont eu leur réponse pour d'autres faudra attendre encore un peu.
Alixe :Merci beaucoup de prendre le temps de laisser une review à chaque chapitre, c'est vraiment très apprécié. Comme tu l'as sans doute déjà lu, Draco et Harry ce n'est pas encore pour ce chapitre. D'ailleurs ce n'est pas prévu pour le suivant non plus.
Misimini : Merci beaucoup pour tes bons mots, ils nous vont droit au cœur. En espérant que cette fic continuera à te plaire...
Vif d'or : Alors ? Est-ce que l'on les a trop massacré pour toi ? Merci pour tes deux reviews, c'est très gentil et vraiment apprécié.
