[n/a] : Nous savons, ce chapitre a mis plus de temps à venir que ses
prédécesseurs mais on n'arrivait pas à en venir à l'unanimité quant au
choix de la suite. Harry devait-il survivre ou mourir ? Une longue
semaine de questionnements et de débats, puis la réponse nous a été imposée
pratiquement de force. Très chère Alixe, nous reprenons tes propres mots
si tu le permets : « Ne soyez pas sadiques (pour une fois) ». Eh bien
désolées de te décevoir de nouveau, mais nous avons une réputation à
maintenir. Hihihihihihihi (petit rire sadique)
************
Chapitre dix-neuvième : Il n'y a que sur terre que l'on peut souffrir autant !
*************
Le silence, un silence de mort, lourd et terrifiant. Du blanc, que du blanc. Une lumière vive, trop vive, éblouissante et aveuglante. Quel est cet endroit ? Où suis-je ? Suis-je mort ? Si cette vision est la mort, je ne sais ce que je préférais, le noir ou le blanc ? Sommes nous obligés à notre décès de vivre les deux extrêmes ? Je me serais amplement contenté du gris, un mélange des deux. Le noir était trop sombre, le blanc trop éblouissant. Comment peut-on passer de l'un à l'autre ainsi ? Comment aie- je fais pour me retrouver ici ?
Je ne peux toujours pas me lever, je ne sens toujours pas mon corps. L'aurais-je définitivement perdu ? Je n'arrive pas à me faire à cette idée, ça ne peut être ça, je ne peux être RÉELLEMENT mort !
Au moins, il y a une amélioration avec mon état précédent, je semble me souvenir de plus de choses. Il faut seulement que je réfléchisse un peu, oui, ça me revient. D'abord une odeur. Du souffre. Ça me monte au nez et me pique les yeux. Puis plus rien. En fait oui, plein d'autres odeurs mais plus aucune trace de souffre. La pluie masque le plus subtile mais une odeur particulière hante la place, LE SANG ! Vient ensuite une saveur, cuivrée, toujours LE SANG ! Des sensations, la pluie qui s'acharne à tomber dru et le vent qui se met de la partie. Suivent des visions, des éclairs qui illuminent temporairement l'endroit où je me trouve. Éclairant par le fait même des bouts de scènes affreuses. Je vois maintenant LE SANG ! Une autre sensation, une douleur déchirante au niveau de l'épaule. Mes doigts se portent à l'endroit qui me tenaille. Cette fois je touche LE SANG !
Puis de nouveau c'est le noir. Dans mon esprit à tout le moins puisque tout autour de moi, le blanc règne en maître. Je tente de me rappeler un autre souvenir. En voilà un. C'est d'abord des flashs de lumières de couleurs différents. Ce ne sont pas des éclairs, probablement des sorts. Ils semblent provenir de trois endroits distincts, d'abord de la place où je me trouve puis de deux autres formes en face de moi. Nous formons à nous trois une sorte de triangle et nous gardons cette forme tout en nous déplaçant de côté. Qui sont ses personnes devant moi ? La concentration et la détermination forment les traits d'un vieil homme à ma gauche. La haine et la colère déforment les traits déjà peu avantageux de la forme à ma droite. Des échos me reviennent, des mots prononcés, presque criés, la plupart dans une langue qui m'est inconnue ou qui me dit vaguement quelque chose. Puis de nouveau le néant.
J'aime pas les sensations qui m'envahissent soudainement. C'est comme si mon esprit s'embrumait, qu'un voile s'en emparait. Que m'arrive-t-il ? C'est dérangeant, c'est incommodant. Soudainement, brusquement, mes sens reprennent du service. J'AI MAL ! Mais je ressens ! D'abord la vision, l'odorat et l'ouie. J'ai de nouveau une gorge et elle est tellement sèche et enserrée que j'ai de la difficulté à laisser entrer l'air que réclament maintenant à hauts cris mes poumons qui ont eux aussi repris leur place. Je suis aveuglé par la luminosité de l'endroit où je me trouve, mon nez est mécontent des informations qu'il recueille, des odeurs cuivrés et chlorhydriques l'envahissent d'un coup. Mes glandes semblent se souvenir soudainement de la manière de produire de la salive, ce qui va être bénéfique à ma gorge qui me fait de plus en plus souffrir.
Un rythme lent et régulier prend place dans ma poitrine qui se soulève maintenant par intervalle. Graduellement, je prends conscience que tout mon être physique retrouve ses facultés. Je ne sais pas si j'en suis heureux. Je souffre comme jamais je n'ai souffert dans mon existence auparavant. Chaque parcelle de mon corps me fait mal, il n'y a pas un endroit de mon être qui ne souffre de blessures variées. Cela va du simple picotement, au tiraillement et titillement jusqu'à la brûlure vive. J'ai l'impression que tout mon être n'est qu'une immense plaie à vif.
Maintenant je sais que je ne suis pas mort. Il n'y a que sur terre que l'on peut souffrir autant !
*****************
Voilà deux semaines que ce fichu combat a eu lieu, deux semaines que nous vivons en « paix ». Deux semaines que le héros du monde magique n'a pas donné signe de vie. Lorsque les médicomages sont finalement arrivés, ils me l'ont enlevé des bras pour l'amener à Ste-Mangouste où ils pourraient mieux le soigner. Car il n'était pas mort ! Mais il n'était pas vivant non plus ! Trop faible moi-même pour transplaner à leur suite, j'ai dû me résoudre à attendre que l'on daigne s'occuper de moi et me transporter au centre de santé d'urgence mit en place pour accueillir les blessés de ce combat ultime.
On soigna mes blessures, ainsi que celles des autres survivants. Il en avait si peu. Au loin, je pouvais voir les responsables de la morgue sorcière, transporter les dépouilles de ceux qui étaient tombés au combat. La pluie avait cessé et la lune pointait timidement à travers les nuages qui s'enfuyaient au loin. C'est sous ce clair de lune morbide que je compris que je ne reverrais plus jamais mon mentor, mon maître à penser avait passé la baguette à gauche. Severus Rogue était mort. Les yeux fixés sur son corps sans vie que l'on amenait, je réalisais soudainement tout le poids qui venait de s'abattre sur mes épaules. Un poids immense, toutes ces morts mêlées à l'incertitude et à mon impuissance face à la survie du « Survivant ».
Des larmes coulaient en flot sur mes joues mais je n'en avais pratiquement pas conscience. Un pouce doux et tendre vint tenter de les effacer. Je me souviens d'avoir tourné la tête en direction du propriétaire de ce pouce pour tomber dans le regard chagriné de Granger. Elle me demanda d'une voix douce si j'ai mal. Moi je ne pouvais détourner mon regard de l'affreuse cicatrice qui ornait la moitié de son visage. Je me rendis compte à temps que c'était plus qu'impoli et peu approprié suite à l'acte de bonté qu'elle venait de me gratifier. Je me suis forcé à répondre que ma blessure n'était rien, que je m'en étais toujours sortis alors pourquoi il en serait autrement cette fois. Elle m'a simplement sourit et est retournée auprès de Padma qui se faisait replacer la clavicule. Le traitement ne devait pas faire de bien si j'en jugeais à la grimace qu'elle fit. La douleur est une question de résistance et de volonté disait toujours mon père. Toute ma vie j'avais tenté de me persuadé que je n'avais pas mal, que j'étais plus fort que la douleur. Pourtant à cet instant précis, entouré de morts et de blessés, j'ai saisi toute la subtilité du terme « douleur de vivre ».
Deux semaines que la communauté voudrait fêter mais que personne n'ose réellement. On pleure encore nos morts et on s'inquiète pour Notre Héros. Le « on » dans cette affirmation n'exclue pas la personne qui parle ! Je pleure, je m'inquiète, pour lui, pour moi. Qu'est-il arrivé de moi ? Je n'arrive plus à revêtir comme jadis le masque froid et indifférent qui me saillait si bien. J'ai l'impression que je cultive malgré moi une toute nouvelle game de sentiments qui m'étaient jusqu'alors inconnus. Cela me fait peur. Alors je fais la seule chose que je sache faire, je fuis le flot de sentiments qui m'envahit.
Mon dernier refuge en date, l'alcool et le sexe. Voilà deux semaines que je ne dessaoule pas, que j'enchaîne partenaire par-dessus partenaire. Moi qui m'empêchais jusqu'à tout récemment de seulement penser passer à l'acte dans ma nouvelle orientation sexuelle. Je rattrape le temps perdu. Cela fait dix nuits d'affilées que je dors dans les draps d'un autre que je quitte au petit matin sans un mot ni un vague espoir de nouvelle rencontre. Et dès leur porte franchie, je recommence à boire et à noyer ma peine et ma douleur.
Encore ce matin, c'est la moiteur d'un corps nu contre le mien qui m'a tiré de mon sommeil profond procuré par une quantité incroyable d'eau de vie. Le temps que mes esprits reprennent leur place, ma conscience me murmurait de nouveau que j'avais encore une fois choisit dans le tas d'amants possible, celui qui ressemblait le plus à celui que j'avais un jour détesté et envié. Mon dernier amant en date avait les principales caractéristiques physiques de l'homme que je visitais à tous les jours dans cette foutue chambre d'hôpital et qui ne montrait toujours aucun signe de vie. Mon partenaire sexuel pouvait lui ressembler physiquement, tout mon être savait que ce n'était pas Harry et ma douleur ne se réveillait que plus sournoisement.
Je suis présentement devant la porte de la pièce qui contient le corps mutilé de mon ancien ennemi, de mon nouvel amour. Cette constatation me fait souffrir mais bien moins que l'idée de le perdre. Il n'y a que sur terre que l'on peut souffrir autant !
*************************
Un mois que j'espère, un mois que je prie. Un mois à soutenir Ron et Ginny qui eux me soutiennent en retour. Un mois que j'angoisse et que je me fais réconforter par Padma qui bien qu'elle ait de bonnes intentions n'arrive pas à m'enlever complètement mes remords et mes peurs. Un mois que je croise Draco à tous les matins sur le pas de la chambre de Harry. Un mois que nous n'échangeons que des banalités et le dur constat de l'état amorphe de notre ami.
Le jeune Malfoy sombre de plus en plus dans le désespoir. J'ai peur pour lui. J'ai deviné ce qui le tracassait depuis longtemps mais je n'arrive pas à le rassurer à le réconforter. Je n'y parviens même pas avec moi- même, alors il me serait difficile de mentir à un autre. Padma et moi avons décidé d'attaquer ce soir même. Nous nous serrons les coudes et nous le sortirons de force s'il le faut des bars et des débits d'alcool qui sont devenus ses résidences principales depuis le soir où Harry lui fut arraché des bras.
Il n'est plus qu'une loque, lui qui était si fier de sa personne. Ginny s'est proposée pour nous donner un coup de main mais j'ai refusé. Sa jambe n'est pas totalement remise et elle a besoin encore de repos. Ron aussi aurait voulu « venir botter les fesses à Malfoy » comme il l'a si bien dit mais j'ai bien peur que sa nouvelle cécité ne l'empêche d'être à la hauteur devant un Draco en perdition. Étrangement, mon ami le rouquin prend assez bien sa nouvelle condition d'aveugle. J'aurais imaginé qu'il se serait lui aussi laisser emporter par la douleur de cette perte mais il en semble plus fort. Les médicomages sont partagés sur le fait qu'il puisse un jour ou l'autre retrouver la vue mais cela ne semble pas trop l'affecter. J'ai toujours su qu'il était fort et courageux. Le choixpeau ne s'était pas trompé en l'envoyant dans la maison rouge et or.
Je me prépare lentement pour ma « mission », Padma occupe la chambre de bain. Nos deux familles cohabitent toujours ensemble, le temps que la nouvelle maison de mes parents soit prête et que les Patil trouvent une nouvelle résidence également. Je suis devant le miroir de notre chambre et observe mon reflet. Cette affreuse balafre ne s'est pas estompée depuis le jour où elle m'a été faite. Elle restera en permanence sur mon visage, comme un souvenir de ce jour. Pure ironie ! Comment pourrais-je un jour oublier ? Du bout de mon index, je trace le contour de cette cicatrice. Je n'ai jamais été particulièrement coquette et encore moins narcissique mais cette marque est tout sauf esthétique. Une étreinte chaleureuse me ramène de ma contemplation. Des mots doux et rassurants me sont chuchotés à l'oreille. Elle m'aime. Ce n'est pas une vulgaire cicatrice qui changera ses sentiments. Pour elle je suis la plus belle. ETC. Ces mots elle me les a déjà dit plusieurs fois mais je n'arrive pas à les croire totalement, je voudrais mais je n'en suis pas prête. Je lui en suis reconnaissante mais cela me met toujours mal à l'aise. Peut-être un jour je croirai ses mots qui me semblent pourtant sincères.
Nous descendons après un baisé échangé. Nous devons retrouver notre blondinet d'ami et l'empêcher de boire tout l'alcool du pays pour un soir. En descendant à l'étage inférieur, nous entendons des voix. Plutôt des pleurs. C'est fréquent. Malheureusement. Madame Patil pleure encore la perte de son fils. Une dépression incroyable s'est emparée d'elle depuis le décès de son cadet, son unique fils. Elle passe ses grandes journées à pleurer sur l'épaule de l'une des ses filles ou encore de son mari. Ils doivent lui administrer quelques potions pour qu'elle puisse se reposer un peu. C'est désolant, surtout que nous sommes tous impuissants devant sa douleur.
Ma douce s'est crispée près de moi. Je sais qu'elle souffre elle aussi de la perte de son frère mais seul le temps pourra la guérir. Une nouvelle fois je prends conscience de toute la douleur qui nous entoure et qui nous laisse totalement impuissant. Harry, Draco, les Weasley, les Patil et tant d'autres encore en commençant par moi. Le monde à mal et personne ne peut rien y faire. Il n'y a que sur terre que l'on peut souffrir autant !
************* [RAR] :
Vénus Potter : Merci beaucoup pour ta review.
Alixe : Tu nous en veux pas trop ? Nous avons été longues, on le sait mais on espère que ce chapitre t'a plu tout de même. On a adoré ta proposition d'engueulade érotico-romantique. On la garde précieusement en mémoire... Merci pour ta review et tes autres mots d'encouragement.
Nee Chan : Alors le voyage ? Ça c'est bien passé ? On l'espère du moins. Merci pour ta review. On espère que tu as aimé ce chapitre également.
Alex : Alors tu apprécies nos réponses, dis toi que nous aimons encore plus tes review ! Sadiques nous ? De la torture ? On voit pas du tout de quoi tu parles ! (petit air innocent, chaste et pur que nous n'avons plus depuis longtemps !) C'est vrai que tuer Rogue et Dumbledore nous a fait mal à nous aussi mais on ne peut gagner de guerre sans perte. Désolée de t'avoir fait attendre si longtemps mais comme on le disait en début de chapitre, on ne savait pas si on devait tuer ou non Harry ! Ce qui nous amenait à deux possibilité de fin intéressante mais on a finalement tranché, on espère que cela t'a plu.
Lily : Merci pour tes bons mots, on apprécie grandement.
Umbre77 : D'abord, on espère que tu vas bien, nous avons été désolé d'apprendre ta pseudo-retraite du monde des fics pour un mois mais on te comprend très bien et t'encourage dans la voie que tu as choisie. Pour Bubblejoyce, t'en fait pas, elle est faite forte, elle se venge quotidiennement de tout ce que l'on peut lui faire endurer, du coup, on cherche de nouvelles tortures, c'est une roue qui tourne depuis quelques années déjà et personne ne s'en plaint réellement. Non ! Pas de photo du baptême, on n'y a pas pensé, désolées ! T'as vraiment pleuré ? C'était pas réellement notre but mais on en est assez fière, merci pour tes larmes lolll. HÉ ! T'as passé ton test d'orientation professionnelle, c'est indiscret de te demander le résultat ? Nous sommes curieuses mais t'es pas obligée de répondre... Bon nous allons terminer en te recommandant de bien te reposer et prendre soin de toi (Joyce déteint sur nous à la longue, une vraie maman cette fille pourtant, elle veut rien savoir d'avoir des enfants à elle, va savoir pourquoi ?)
Vif d'or : On voulait utiliser ta suggestion de dire à Draco de dire à Harry qu'il l'aime mais je crois que notre blondinet n'est pas prêt pour cette étape ultime ! On espère que ce chapitre t'a plu tout de même et on te remercie de ta review, c'est toujours très apprécié.
Sasha Krum : Enfin quelqu'un qui ne nous menace pas de mort suite à la mort de Harry (on se répète là non ?). Merci pour ta review. C'est très gentil.
Lil'ly : Merci beaucoup pour tes bons mots et on espère que cette suite t'aura plu également.
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Chapitre dix-neuvième : Il n'y a que sur terre que l'on peut souffrir autant !
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Le silence, un silence de mort, lourd et terrifiant. Du blanc, que du blanc. Une lumière vive, trop vive, éblouissante et aveuglante. Quel est cet endroit ? Où suis-je ? Suis-je mort ? Si cette vision est la mort, je ne sais ce que je préférais, le noir ou le blanc ? Sommes nous obligés à notre décès de vivre les deux extrêmes ? Je me serais amplement contenté du gris, un mélange des deux. Le noir était trop sombre, le blanc trop éblouissant. Comment peut-on passer de l'un à l'autre ainsi ? Comment aie- je fais pour me retrouver ici ?
Je ne peux toujours pas me lever, je ne sens toujours pas mon corps. L'aurais-je définitivement perdu ? Je n'arrive pas à me faire à cette idée, ça ne peut être ça, je ne peux être RÉELLEMENT mort !
Au moins, il y a une amélioration avec mon état précédent, je semble me souvenir de plus de choses. Il faut seulement que je réfléchisse un peu, oui, ça me revient. D'abord une odeur. Du souffre. Ça me monte au nez et me pique les yeux. Puis plus rien. En fait oui, plein d'autres odeurs mais plus aucune trace de souffre. La pluie masque le plus subtile mais une odeur particulière hante la place, LE SANG ! Vient ensuite une saveur, cuivrée, toujours LE SANG ! Des sensations, la pluie qui s'acharne à tomber dru et le vent qui se met de la partie. Suivent des visions, des éclairs qui illuminent temporairement l'endroit où je me trouve. Éclairant par le fait même des bouts de scènes affreuses. Je vois maintenant LE SANG ! Une autre sensation, une douleur déchirante au niveau de l'épaule. Mes doigts se portent à l'endroit qui me tenaille. Cette fois je touche LE SANG !
Puis de nouveau c'est le noir. Dans mon esprit à tout le moins puisque tout autour de moi, le blanc règne en maître. Je tente de me rappeler un autre souvenir. En voilà un. C'est d'abord des flashs de lumières de couleurs différents. Ce ne sont pas des éclairs, probablement des sorts. Ils semblent provenir de trois endroits distincts, d'abord de la place où je me trouve puis de deux autres formes en face de moi. Nous formons à nous trois une sorte de triangle et nous gardons cette forme tout en nous déplaçant de côté. Qui sont ses personnes devant moi ? La concentration et la détermination forment les traits d'un vieil homme à ma gauche. La haine et la colère déforment les traits déjà peu avantageux de la forme à ma droite. Des échos me reviennent, des mots prononcés, presque criés, la plupart dans une langue qui m'est inconnue ou qui me dit vaguement quelque chose. Puis de nouveau le néant.
J'aime pas les sensations qui m'envahissent soudainement. C'est comme si mon esprit s'embrumait, qu'un voile s'en emparait. Que m'arrive-t-il ? C'est dérangeant, c'est incommodant. Soudainement, brusquement, mes sens reprennent du service. J'AI MAL ! Mais je ressens ! D'abord la vision, l'odorat et l'ouie. J'ai de nouveau une gorge et elle est tellement sèche et enserrée que j'ai de la difficulté à laisser entrer l'air que réclament maintenant à hauts cris mes poumons qui ont eux aussi repris leur place. Je suis aveuglé par la luminosité de l'endroit où je me trouve, mon nez est mécontent des informations qu'il recueille, des odeurs cuivrés et chlorhydriques l'envahissent d'un coup. Mes glandes semblent se souvenir soudainement de la manière de produire de la salive, ce qui va être bénéfique à ma gorge qui me fait de plus en plus souffrir.
Un rythme lent et régulier prend place dans ma poitrine qui se soulève maintenant par intervalle. Graduellement, je prends conscience que tout mon être physique retrouve ses facultés. Je ne sais pas si j'en suis heureux. Je souffre comme jamais je n'ai souffert dans mon existence auparavant. Chaque parcelle de mon corps me fait mal, il n'y a pas un endroit de mon être qui ne souffre de blessures variées. Cela va du simple picotement, au tiraillement et titillement jusqu'à la brûlure vive. J'ai l'impression que tout mon être n'est qu'une immense plaie à vif.
Maintenant je sais que je ne suis pas mort. Il n'y a que sur terre que l'on peut souffrir autant !
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Voilà deux semaines que ce fichu combat a eu lieu, deux semaines que nous vivons en « paix ». Deux semaines que le héros du monde magique n'a pas donné signe de vie. Lorsque les médicomages sont finalement arrivés, ils me l'ont enlevé des bras pour l'amener à Ste-Mangouste où ils pourraient mieux le soigner. Car il n'était pas mort ! Mais il n'était pas vivant non plus ! Trop faible moi-même pour transplaner à leur suite, j'ai dû me résoudre à attendre que l'on daigne s'occuper de moi et me transporter au centre de santé d'urgence mit en place pour accueillir les blessés de ce combat ultime.
On soigna mes blessures, ainsi que celles des autres survivants. Il en avait si peu. Au loin, je pouvais voir les responsables de la morgue sorcière, transporter les dépouilles de ceux qui étaient tombés au combat. La pluie avait cessé et la lune pointait timidement à travers les nuages qui s'enfuyaient au loin. C'est sous ce clair de lune morbide que je compris que je ne reverrais plus jamais mon mentor, mon maître à penser avait passé la baguette à gauche. Severus Rogue était mort. Les yeux fixés sur son corps sans vie que l'on amenait, je réalisais soudainement tout le poids qui venait de s'abattre sur mes épaules. Un poids immense, toutes ces morts mêlées à l'incertitude et à mon impuissance face à la survie du « Survivant ».
Des larmes coulaient en flot sur mes joues mais je n'en avais pratiquement pas conscience. Un pouce doux et tendre vint tenter de les effacer. Je me souviens d'avoir tourné la tête en direction du propriétaire de ce pouce pour tomber dans le regard chagriné de Granger. Elle me demanda d'une voix douce si j'ai mal. Moi je ne pouvais détourner mon regard de l'affreuse cicatrice qui ornait la moitié de son visage. Je me rendis compte à temps que c'était plus qu'impoli et peu approprié suite à l'acte de bonté qu'elle venait de me gratifier. Je me suis forcé à répondre que ma blessure n'était rien, que je m'en étais toujours sortis alors pourquoi il en serait autrement cette fois. Elle m'a simplement sourit et est retournée auprès de Padma qui se faisait replacer la clavicule. Le traitement ne devait pas faire de bien si j'en jugeais à la grimace qu'elle fit. La douleur est une question de résistance et de volonté disait toujours mon père. Toute ma vie j'avais tenté de me persuadé que je n'avais pas mal, que j'étais plus fort que la douleur. Pourtant à cet instant précis, entouré de morts et de blessés, j'ai saisi toute la subtilité du terme « douleur de vivre ».
Deux semaines que la communauté voudrait fêter mais que personne n'ose réellement. On pleure encore nos morts et on s'inquiète pour Notre Héros. Le « on » dans cette affirmation n'exclue pas la personne qui parle ! Je pleure, je m'inquiète, pour lui, pour moi. Qu'est-il arrivé de moi ? Je n'arrive plus à revêtir comme jadis le masque froid et indifférent qui me saillait si bien. J'ai l'impression que je cultive malgré moi une toute nouvelle game de sentiments qui m'étaient jusqu'alors inconnus. Cela me fait peur. Alors je fais la seule chose que je sache faire, je fuis le flot de sentiments qui m'envahit.
Mon dernier refuge en date, l'alcool et le sexe. Voilà deux semaines que je ne dessaoule pas, que j'enchaîne partenaire par-dessus partenaire. Moi qui m'empêchais jusqu'à tout récemment de seulement penser passer à l'acte dans ma nouvelle orientation sexuelle. Je rattrape le temps perdu. Cela fait dix nuits d'affilées que je dors dans les draps d'un autre que je quitte au petit matin sans un mot ni un vague espoir de nouvelle rencontre. Et dès leur porte franchie, je recommence à boire et à noyer ma peine et ma douleur.
Encore ce matin, c'est la moiteur d'un corps nu contre le mien qui m'a tiré de mon sommeil profond procuré par une quantité incroyable d'eau de vie. Le temps que mes esprits reprennent leur place, ma conscience me murmurait de nouveau que j'avais encore une fois choisit dans le tas d'amants possible, celui qui ressemblait le plus à celui que j'avais un jour détesté et envié. Mon dernier amant en date avait les principales caractéristiques physiques de l'homme que je visitais à tous les jours dans cette foutue chambre d'hôpital et qui ne montrait toujours aucun signe de vie. Mon partenaire sexuel pouvait lui ressembler physiquement, tout mon être savait que ce n'était pas Harry et ma douleur ne se réveillait que plus sournoisement.
Je suis présentement devant la porte de la pièce qui contient le corps mutilé de mon ancien ennemi, de mon nouvel amour. Cette constatation me fait souffrir mais bien moins que l'idée de le perdre. Il n'y a que sur terre que l'on peut souffrir autant !
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Un mois que j'espère, un mois que je prie. Un mois à soutenir Ron et Ginny qui eux me soutiennent en retour. Un mois que j'angoisse et que je me fais réconforter par Padma qui bien qu'elle ait de bonnes intentions n'arrive pas à m'enlever complètement mes remords et mes peurs. Un mois que je croise Draco à tous les matins sur le pas de la chambre de Harry. Un mois que nous n'échangeons que des banalités et le dur constat de l'état amorphe de notre ami.
Le jeune Malfoy sombre de plus en plus dans le désespoir. J'ai peur pour lui. J'ai deviné ce qui le tracassait depuis longtemps mais je n'arrive pas à le rassurer à le réconforter. Je n'y parviens même pas avec moi- même, alors il me serait difficile de mentir à un autre. Padma et moi avons décidé d'attaquer ce soir même. Nous nous serrons les coudes et nous le sortirons de force s'il le faut des bars et des débits d'alcool qui sont devenus ses résidences principales depuis le soir où Harry lui fut arraché des bras.
Il n'est plus qu'une loque, lui qui était si fier de sa personne. Ginny s'est proposée pour nous donner un coup de main mais j'ai refusé. Sa jambe n'est pas totalement remise et elle a besoin encore de repos. Ron aussi aurait voulu « venir botter les fesses à Malfoy » comme il l'a si bien dit mais j'ai bien peur que sa nouvelle cécité ne l'empêche d'être à la hauteur devant un Draco en perdition. Étrangement, mon ami le rouquin prend assez bien sa nouvelle condition d'aveugle. J'aurais imaginé qu'il se serait lui aussi laisser emporter par la douleur de cette perte mais il en semble plus fort. Les médicomages sont partagés sur le fait qu'il puisse un jour ou l'autre retrouver la vue mais cela ne semble pas trop l'affecter. J'ai toujours su qu'il était fort et courageux. Le choixpeau ne s'était pas trompé en l'envoyant dans la maison rouge et or.
Je me prépare lentement pour ma « mission », Padma occupe la chambre de bain. Nos deux familles cohabitent toujours ensemble, le temps que la nouvelle maison de mes parents soit prête et que les Patil trouvent une nouvelle résidence également. Je suis devant le miroir de notre chambre et observe mon reflet. Cette affreuse balafre ne s'est pas estompée depuis le jour où elle m'a été faite. Elle restera en permanence sur mon visage, comme un souvenir de ce jour. Pure ironie ! Comment pourrais-je un jour oublier ? Du bout de mon index, je trace le contour de cette cicatrice. Je n'ai jamais été particulièrement coquette et encore moins narcissique mais cette marque est tout sauf esthétique. Une étreinte chaleureuse me ramène de ma contemplation. Des mots doux et rassurants me sont chuchotés à l'oreille. Elle m'aime. Ce n'est pas une vulgaire cicatrice qui changera ses sentiments. Pour elle je suis la plus belle. ETC. Ces mots elle me les a déjà dit plusieurs fois mais je n'arrive pas à les croire totalement, je voudrais mais je n'en suis pas prête. Je lui en suis reconnaissante mais cela me met toujours mal à l'aise. Peut-être un jour je croirai ses mots qui me semblent pourtant sincères.
Nous descendons après un baisé échangé. Nous devons retrouver notre blondinet d'ami et l'empêcher de boire tout l'alcool du pays pour un soir. En descendant à l'étage inférieur, nous entendons des voix. Plutôt des pleurs. C'est fréquent. Malheureusement. Madame Patil pleure encore la perte de son fils. Une dépression incroyable s'est emparée d'elle depuis le décès de son cadet, son unique fils. Elle passe ses grandes journées à pleurer sur l'épaule de l'une des ses filles ou encore de son mari. Ils doivent lui administrer quelques potions pour qu'elle puisse se reposer un peu. C'est désolant, surtout que nous sommes tous impuissants devant sa douleur.
Ma douce s'est crispée près de moi. Je sais qu'elle souffre elle aussi de la perte de son frère mais seul le temps pourra la guérir. Une nouvelle fois je prends conscience de toute la douleur qui nous entoure et qui nous laisse totalement impuissant. Harry, Draco, les Weasley, les Patil et tant d'autres encore en commençant par moi. Le monde à mal et personne ne peut rien y faire. Il n'y a que sur terre que l'on peut souffrir autant !
************* [RAR] :
Vénus Potter : Merci beaucoup pour ta review.
Alixe : Tu nous en veux pas trop ? Nous avons été longues, on le sait mais on espère que ce chapitre t'a plu tout de même. On a adoré ta proposition d'engueulade érotico-romantique. On la garde précieusement en mémoire... Merci pour ta review et tes autres mots d'encouragement.
Nee Chan : Alors le voyage ? Ça c'est bien passé ? On l'espère du moins. Merci pour ta review. On espère que tu as aimé ce chapitre également.
Alex : Alors tu apprécies nos réponses, dis toi que nous aimons encore plus tes review ! Sadiques nous ? De la torture ? On voit pas du tout de quoi tu parles ! (petit air innocent, chaste et pur que nous n'avons plus depuis longtemps !) C'est vrai que tuer Rogue et Dumbledore nous a fait mal à nous aussi mais on ne peut gagner de guerre sans perte. Désolée de t'avoir fait attendre si longtemps mais comme on le disait en début de chapitre, on ne savait pas si on devait tuer ou non Harry ! Ce qui nous amenait à deux possibilité de fin intéressante mais on a finalement tranché, on espère que cela t'a plu.
Lily : Merci pour tes bons mots, on apprécie grandement.
Umbre77 : D'abord, on espère que tu vas bien, nous avons été désolé d'apprendre ta pseudo-retraite du monde des fics pour un mois mais on te comprend très bien et t'encourage dans la voie que tu as choisie. Pour Bubblejoyce, t'en fait pas, elle est faite forte, elle se venge quotidiennement de tout ce que l'on peut lui faire endurer, du coup, on cherche de nouvelles tortures, c'est une roue qui tourne depuis quelques années déjà et personne ne s'en plaint réellement. Non ! Pas de photo du baptême, on n'y a pas pensé, désolées ! T'as vraiment pleuré ? C'était pas réellement notre but mais on en est assez fière, merci pour tes larmes lolll. HÉ ! T'as passé ton test d'orientation professionnelle, c'est indiscret de te demander le résultat ? Nous sommes curieuses mais t'es pas obligée de répondre... Bon nous allons terminer en te recommandant de bien te reposer et prendre soin de toi (Joyce déteint sur nous à la longue, une vraie maman cette fille pourtant, elle veut rien savoir d'avoir des enfants à elle, va savoir pourquoi ?)
Vif d'or : On voulait utiliser ta suggestion de dire à Draco de dire à Harry qu'il l'aime mais je crois que notre blondinet n'est pas prêt pour cette étape ultime ! On espère que ce chapitre t'a plu tout de même et on te remercie de ta review, c'est toujours très apprécié.
Sasha Krum : Enfin quelqu'un qui ne nous menace pas de mort suite à la mort de Harry (on se répète là non ?). Merci pour ta review. C'est très gentil.
Lil'ly : Merci beaucoup pour tes bons mots et on espère que cette suite t'aura plu également.
