A/N : après… quoi ? Trois-quart d'heure de torture, mon manager a enfin donné son accord pour le résumé que je lui proposais (non sans y avoir, au préalable, apporté quelques –bienvenue- modifications…). Pour reprendre ses termes exactes : « pas fantastik masi correct » . Et finalement, vous avez devant vous… ooooh miracle, un nouveau chapitre

 Nour avait froid, et le soleil la dérangeait : elle avait dû s'endormir la fenêtre ouverte. Sans ouvrir les yeux, elle tâtonna autour d'elle pour retrouver sa couverture, qui avait glissé pendant la nuit. Mais, alors qu'elle s'attendait à trouver à tout moment le tissu chaud et doux de sa couette, ses doigts ne saisirent que de l'herbe. Surprise, elle ouvrit les yeux, puis les referma, se pinça (un peu trop fort pour sa convenance d'ailleurs) pour vérifier qu'elle ne rêvait pas et les rouvrit. Non, elle ne s'était pas trompée : au lieu de sa petite chambre peinte en jaune, elle se trouvait maintenant dans un immense champ d'herbes folles. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire ici ?!? Et d'ailleurs, où était ce, « ici » ? Elle se dressa sur son séant. L'herbe l'empêchait de voir plus loin que deux mètres devant elle. Elle secoua la tête pour chasser les dernières brumes de sommeil qui lui restaient et mit son cerveau en marche (ce qui lui prit peu de temps, si on prenait en compte le fait qu'il ne devait pas être loin de cinq heures de matin…). Elle eut beau chercher, elle ne voyait aucun endroit de sa connaissance qui ressemblait à ça. N'étant pas une fille à paniquer pour un rien, elle essaya de trouver une explication logique au fait qu'elle se trouvait désormais ici, au lieu d'être chez elle. Soit elle avait fait une crise de somnambulisme, soit son frère, pour se venger, l'avait transportée ici durant son sommeil et épiait sa réaction quelque part dans les hautes herbes, soit elle avait été enlevée par des extra-terrestres et se trouvait désormais sur la planète Mars (bizarre ces champs verts d'ailleurs… cette planète n'était-elle pas justement réputée pour sa couleur rouge ?)

 …

 Non, aucune de ces possibilités ne la satisfaisait entièrement. Mais qu'avait-il pu se passer alors ??

 Avant qu'elle ne puisse se poser de nouvelles questions, elle fut projetée à terre par une énorme bête noire et poilue, qui se mit à lui lécher frénétiquement le visage après l'avoir reniflée de partout. Oubliant tous ses soucis, elle commença à courir et à sautiller en compagnie du chien. Lorsqu'elle fut hors d'haleine, elle se laissa tomber à côté de son livre et sa peluche. La gravité de la situation ne tarda pas à lui revenir. Elle sentit ses yeux se remplir de larmes. Ce qu'elle avait vu lorsqu'elle était debout ne correspondait en rien au paysage autour de chez elle : il n'y avait qu'une seule demeure dans les collines qui l'entouraient, tout était vert, et jaune et le soleil d'août faisait briller ça et là de petites mares, sûrement remplies de grenouilles. Pas un immeuble, une route, ou même un poteau de téléphone était visible. Juste la prairie. Il n'existait, à sa connaissance, aucun endroit autour de Paris qui ressemblait à ça : chez elle il n'y avait que du gris ou du brun…

 Ses larmes silencieuses se muèrent en gros sanglots. Le chien s'approcha tout doucement d'elle et commença timidement à lécher ses joues mouillées. Elle rit un peu, et enfouit son visage dans sa fourrure toute douce. Puis, se relevant, elle s'installa en face de lui, et commença très sérieusement à lui expliquer sa situation. Après avoir tout dit au chien, elle se rendit compte qu'elle avait très faim. Comme si son estomac avait soudain pris la relève sur son cerveau embrouillé, elle sut alors exactement ce qu'elle allait faire.

 Attrapant son livre et Bibou, son petit hibou en peluche, et, toujours flanquée de son compagnon à poils, elle se dirigea d'un pas décidé vers ce qu'elle supposait être la porte d'entrée de la maison qu'elle avait entrevue tout à l'heure. Elle était très large, et belle. Ses murs en pierre et son toit en tuiles rouges la faisaient ressembler à celles représentées dans les livres d'images. Du lierre grimpait à la façade. Les volets, de la même couleur que les tuiles et la porte, étaient encore clos.

 Ayant atteint son but non sans difficultés avec les herbes géantes qui l'entouraient, Nour se dressa sur la pointe des pieds, et frappa de toutes ses forces avec le heurtoir en cuivre. N'obtenant aucune réponse, elle recommença encore plus fort. Le chien, comme s'il avait compris ce qu'elle essayait de faire, se mit à aboyer furieusement. Ils ne s'arrêtèrent que lorsque la porte s'ouvrit sur une grande personne qui avait l'air extrêmement irritée.

 « -Padfoot, je ne sais pas ce que tu essayes de faire mais si tu veux réveiller toute la maisonnée tu es sur la bonne voie ! Alors maintenant, ça suffit, tu… »

 L'homme s'arrêta soudain de parler lorsqu'il remarqua la présence de la fillette qui le regardait avec des yeux ronds.

 « -Qu'est-ce que tu fais là, toi ?

  -T'es anglais ? fut tout ce qu'il obtint comme réponse. »

 Ce fut à lui de la regarder d'un air surpris.

 « -Oui, pourquoi ? Tu t'attendais à trouver quoi en Angleterre ? Des chinois ?

  -EN ANGLETERRE ?!? »

 La peau couleur chocolat de la fillette avait pâlit à cette remarque et elle semblait de plus en plus déboussolée. Il continua donc de lui poser des questions afin d'essayer de comprendre ce qui se passait.

 « -Bon, maintenant, dis-moi, où ils sont tes parents ?

  -À Paris, fit-elle d'une toute petite voix.

  -Et toi, qu'est-ce que tu fais ici ?

  -Je ne sais pas !! s'écria-t-elle avant d'éclater en sanglots. »

 L'homme sembla un instant pris de court, puis il tapota maladroitement la tête de la fillette avant de l'introduire dans la maison. Il la conduisit à la cuisine et la fit asseoir à la table. Pendant qu'il lui préparait un petit déjeuner, il voulut savoir ce qui lui était exactement arrivé. Lorsqu'elle eut finit son histoire, elle se tut et se mit à observer l'homme qui lui tournait présentement le dos. Il était grand et mince. Malgré ses cheveux gris, il ne semblait pas très vieux. Il avait de grands yeux argentés qui paraissaient en même temps doux et perçants à Nour, curieux mélange. Ses traits étaient tirés et des cernes violettes entouraient ses yeux. Il semblait plongé dans une profonde réflexion. Alors qu'elle commençait à s'ennuyer, elle remarqua quelques choses insolites dans la cuisine : son reflet, dans le miroir qui se trouvait en face d'elle, lui faisait d'horribles grimaces, plusieurs hiboux dormaient paisiblement sur un perchoir dans un coin, une plume traînait sur le buffet, des livres de recettes aux titres bizarres étaient soigneusement rangées sur une étagère au-dessus du fourneau où brûlait un feu joyeux. Elle allait ouvrir la bouche pour demander à l'homme comment cela était possible lorsqu'il lui mit une tartine de confiture et un bol de chocolat chaud sous le nez. Le reflet moqueur et toutes les autres bizarreries lui sortirent immédiatement de la tête et elle se mit à dévorer son repas avec bon appétit.

 L'homme n'avait rien dit depuis qu'ils étaient entrés dans la cuisine. Alors qu'elle finissait son chocolat, quelqu'un d'autre entra dans la cuisine. C'était un deuxième homme, sensiblement du même âge que le premier mais qui paraissait moins mal en point. Il se pencha pour dire quelques mots à l'oreille de son ami puis se tourna vers Nour.

 « -Bonjour, s'exclama-t-il d'une voix joyeuse, comment ça va ?

  -Ben…

  -Oui, j'avais cru comprendre. »

 Ses yeux sombres  sourirent à la petite fille. Il lui tendit la main.

 « -Je m'appelle Sirius, enchanté de te connaître, comment tu t'appelles ?

  -Moi, c'est Nour. J'ai 7 ans, et toi ? »

 Sirius et l'autre homme éclatèrent de rire à cette question.

 « -Hum… c'est pas très important, ou bien ? Ah, au fait, ça, c'est Remus, qui, il me semble, ne s'est pas présenté. Et dire que c'est toujours lui qui me rappelait les règles élémentaires de la politesse… »

 Il remarqua alors que  Nour les regardait d'un drôle d'air. Il leva alors un sourcil interrogatif.

 « -Tu te moques de moi, l ? T'es pas sérieux, si ?

  -Comment ça, pas Sirius ? Bien sûr que si que je le suis !

  -Hin, hin, hin… tout dans la subtilité Sirius…

  -Mais bien sûr, Remus mon cher… Tu disais Nour ?

  -Mais… mais… c'est pas possible !

  -Et pourquoi s'il te plait ?

  -Oooh ! À moins que… »

 Le regard de la petite fille tomba alors sur le livre qui se trouvait sur la table, sous son hibou.

 « -À moins que ça soit vrai… souffla-t-elle. »

 Elle fit un sourire lumineux aux deux hommes, qui visiblement n'avait pas bien saisit ce qui venait de se passer. À ce moment là un grand bruit retentit et plusieurs personnes firent irruption dans la pièce.

 « -Ça suffit maintenant ! Rends-moi ça ! Ou sinon… »

 Une jeune femme rousse, visiblement en colère, menaçait un homme -roux également- qui riait aux éclats à l'aide d'un bout de bois –ou devrait-elle dire une baguette magique ??

Nour ne put réprimer la terrible envie de rire qui la prit. Bientôt elle sautait, riait et battait des mains sous l'œil ahurit des « adultes » présents. Lorsqu'elle cessa enfin, deux autres personnes se tenait dans la cuisine qui heureusement, était suffisamment grande pour qu'ils puissent tous y tenir sans être trop à l'étroit. Devant leur air perplexe, elle se remit à battre des mains et chantonna :

 « -Je sais qui vous êtes !! Je sais qui vous êtes !!! Oh, oui, je le sais !!!

  -Ah oui ? répliqua sarcastiquement Sirius, vas-y !

  -Toi, t'es Sirius Black, ou Padfoot, toi, c'est Remus Lupin et ton surnom c'est Moony. Là-bas, il y a Ginny et Ron Weasley et puis ça, ce sont Hermione Granger, et… Harry Potter ! C'est bien ça ? »

 Elle n'aurait pas eu une expression plus ravie si on lui avait appris que son rêve le plus cher venait de prendre vie –ce qui était en effet le cas.