Through the corridors of sleep
Past the shadows dark and deep
My mind dances and leaps in confusion
I don't know what is real,
I can't touch what I feel
And I hide behind the shield of my illusion
Flowers never bend with the rainfall, Simon & Garfunkel
Erszebeth
Le pentacle
Chapitre deux : La forêt des Quatre Saisons
Un pesant silence régnait dans la chambre de Duo et de Quatre. Les deux amis préparaient leurs affaires en vue de la mission, sélectionnant avec soin ce qui leur serait nécessaire.
Quatre jeta un coup d'œil à l'elfe qui affichait une mine préoccupée. Au début, Quatre avait pensé que Duo était contrarié d'avoir hérité de Trowa comme partenaire plutôt que de Wufeï mais il commençait à en douter sérieusement. Duo n'avait pas décroché la mâchoire depuis l'incident de la fontaine.
En temps ordinaire, Duo n'était pas du genre à rester silencieux. L'elfe avait toujours quelque chose à dire ou une plaisanterie à faire, ou du moins, c'était ainsi qu'il paraissait aux yeux du reste du monde. Mais parfois, il se renfermait sur lui-même pendant de brèves périodes. Quatre avait déjà à plusieurs reprises essayé de le faire parler à ce sujet mais jamais Duo ne lui avait dit ce qui le préoccupait assez pour que son comportement s'altère à ce point-là, éludant ses questions avec son charme et son sourire habituels.
Quelque chose dans l'attitude de Duo disait à Quatre que son humeur sombre était encore plus profonde que d'habitude.
A vrai dire, Quatre lui-même ne savait pas trop à quoi s'en tenir au sujet de ce qui s'était passé plus tôt. Toute l'après-midi, il avait eu comme une sorte de picotement dans la nuque, comme si on essayait de lui dire qu'il allait se passer quelque chose d'important mais il l'avait tout d'abord attribué à sa nervosité. Mais maintenant…
Il avait beau réfléchir tout en enfilant une fine côte de mailles en mithril sous sa robe de prêtre, il n'avait jamais entendu dire que la fontaine prophétique s'était déjà adressée personnellement à des élèves pour un message aussi spécifique. Quelque chose était définitivement anormal et Quatre n'avait aucune idée de ce qui se passait mais il lui semblait bien que Duo en avait une.
Comme si tout d'un coup, leur vie ordinaire avait pris un nouveau tour…
Tout en fourrant quelques potions de soins dans son sac, Quatre observa les mouvements de son ami. Les gestes du voleur étaient précis, sa profession ne tolérait pas la moindre erreur, même dans la préparation de son équipement. Duo était beaucoup plus professionnel que ne le laissait croire son attitude.
L'elfe portait une armure de cuir d'un noir légèrement teinté de violet, comme l'aile d'un corbeau. Elle était assez résistante pour le protéger mais assez légère pour ne pas gêner ses mouvements lorsqu'il devait jeter un sort. Des poches à sa ceinture contenaient les instruments nécessaires à sa profession : passes partout et autres ustensiles astucieux destinés à désamorcer les pièges et à ouvrir les portes sans oublier des couteaux de jet à la lame faite d'un métal si noir que la lumière ne pouvait se refléter dessus. Quatre le savait, d'autres armes étaient dissimulées sur son ami comme par exemple un rouleau de fil à couper le beurre dans la doublure de sa cape de voyage ou des lames supplémentaires glissées dans ses bottes sans compter les rossignols dans sa tresse. Duo était toujours préparé au pire.
Quatre regarda l'elfe sortir sa rapière de son fourreau pour la vérifier. Duo avait toujours pris grand soin de l'arme. Celle-ci avait une forme étrange, presque en fin croissant de lune et n'avait rien à voir avec les armes qu'on donnait généralement aux élèves de l'académie. Duo l'appelait Deathscythe et plus d'une fois, Quatre aurait juré la voir briller d'un vert pâle un peu malsain. Lorsqu'il en avait parlé à son ami, les yeux de celui-ci avaient brillé d'une lueur étrange et il lui avait seulement répondu que c'était probablement dû au poison dont il enduisait parfois sa lame.
Cela dit, l'arme de prédilection de Quatre elle aussi était singulière. C'était un bâton, certes, l'arme traditionnelle du prêtre, mais le sien était taillé dans une matière étrange, ni bois ni métal ni même pierre mais un étrange mélange des trois. D'aspect, il ressemblait à un pilier d'albâtre finement cannelé avec en son centre des décorations d'un métal doré qui semblait être de l'illithium. Le supérieur de son temple le lui avait confié un jour en prétendant que le dieu Lathandre lui-même lui avait dit de lui donner. Tout le monde savait que le grand prêtre n'avait plus toute sa tête mais Quatre avait juste poliment accepté le cadeau, trop bien élevé pour faire autrement.
La luminosité dans la chambre allait en diminuant, par la fenêtre de la chambre, on pouvait voir que le soleil avait pratiquement disparu à l'horizon. Duo finit ses préparatifs en ajoutant quelques manuels de magie et des parchemins à son sac et en vérifiant la solidité de la corde de son arc. Finalement, il fixa son carquois à son dos et se releva ; il était aussi prêt qu'il pouvait l'être.
"Ça va être l'heure Quatre. Allons-y" Dit-il d'une voix plus grave qu'à l'ordinaire.
********
Quand Trowa et Wufeï arrivèrent devant la porte de l'étude de l'archimage, ils trouvèrent Quatre et Duo qui les attendaient. Le blond avait l'air nerveux, les yeux fixés sur la porte de chêne clair, tandis que son compagnon feignait une pose d'une nonchalance étudiée contre le mur que démentaient l'expression de ses yeux et la tension de ses épaules.
Ces détails ne passèrent pas inaperçus aux yeux bien entraînés du rôdeur et du guerrier, eux aussi troublés par les évènements de la journée et en particulier à ceux de Trowa qui avait observé l'attitude de Duo de très près à partir du moment où la fontaine l'avait désigné comme son compagnon.
D'autorité, Wufeï frappa à la porte avant d'entrer dans le bureau.
Les yeux pénétrants de l'archimage se posèrent sur chacun des quatre jeunes garçons, les mesurant du regard. Il dû trouver le résultat à la hauteur de ses espérances car il se leva et se dirigea vers la fenêtre. Les yeux dans les ténèbres qui habitaient pour la nuit les jardins de l'académie, il dit :
"En ce qui concerne votre examen, j'ai une mission spéciale à vous proposer. Comme vous le savez, vous êtes les éléments les plus prometteurs de cette académie et vous êtes appelés à accomplir de grandes choses. La princesse du royaume part demain en mission diplomatique. Je souhaiterais que vous assuriez sa protection pendant le transport."
Les yeux de Duo prirent une expression suspicieuse mais il ne dit mot. Il lui paraissait vraiment très étrange qu'on confie une mission aussi importante à des débutants comme eux. Il connaissait bien G et savait que tout ça cachait quelque chose. Et pourquoi le vieillard n'abordait il pas le sujet de la prophétie ?
Néanmoins, les compliments de G avaient caressé la fierté asiatique de Wufeï dans le sens du poil car il répondit, parlant pour les trois autres membres :
"Archimage, nous serons honorés d'accepter une telle mission."
Aucun de ses trois compagnons ne le démentit car à ce moment là, tous trois étaient saisis par une impression de fatalité inexorable.
Toujours le nez à la fenêtre, G acquiesça :
"Je n'en attendais pas moins de vous. Vous êtes attendus au château dès ce soir. Vous devriez partir immédiatement."
Sans mot dire, les quatre jeunes aventuriers sortirent du bureau de G aussi calmement qu'ils y étaient entrés.
L'archimage quant à lui ne bougea pas, même en entendant la porte se refermer. Il connaissait le trajet que prendrait le convoi. La destinée les attendait sur le chemin. En ce qui le concernait, il avait fait son devoir en les guidant dans la bonne direction.
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L'académie se situait en périphérie de la ville de Thendara, capitale du royaume d'Althéa. Le château était en plein centre de la ville et les quatre amis avaient donc un certain trajet à faire.
Ils étaient à mi-chemin lorsque Trowa se résigna à interrompre le silence :
"Tout de même, vous ne trouvez pas cela un peu bizarre ?"
"Tu veux dire d'être envoyé sur une mission si importante après ce qui s'est passé cette après- midi ? Je trouve aussi" Répondit Quatre, un peu nerveusement.
"Je ne vois pas pourquoi. Il est grand temps qu'on reconnaisse notre valeur. Même s'il s'agit de notre examen de passage, nous avons déjà effectué des missions de ce genre."
Un silence général suivit la réponse de Wufeï. Trowa tourna la tête vers l'elfe magicien du groupe. Duo n'avait pas desserré la mâchoire depuis le départ et s'était contenté de rabattre la capuche de sa cape de voyage, dissimulant ainsi ses traits les plus reconnaissables qu'étaient sa tresse, ses yeux violets et ses oreilles d'elfe. Jusque là le rôdeur ne s'était jamais aperçu à quel point les blagues et les petites piques que Duo leur lançaient habituellement détendaient l'atmosphère et il se surprit subitement à les manquer.
Et c'était étrange, vraiment, de le voir se refermer sur lui-même aussi brutalement. C'était, pensa le rôdeur… Presque… déstabilisant.
"Et toi Duo, qu'en penses-tu ?"
La tête encapuchonnée se tourna vers lui et Trowa ne pu s'empêcher de se sentir mal à l'aise car il ne pouvait pas voir les yeux de son interlocuteur. Un sourire ironique tordit la bouche fine de l'elfe et il répondit :
"G ne fait jamais de cadeaux ni de faux pas. Cette mission cache quelque chose probablement en rapport avec ce qui s'est passé cette après-midi et j'ai bien peur d'apprendre quoi beaucoup trop vite à mon goût."
A ses côtés, Wufeï fronça les sourcils d'un air désapprobateur :
"Je n'aurais jamais cru que tu étais aussi peureux Duo. Tu me déçois."
Le chinois n'avait pas pour habitude de mâcher ses mots ce qui lui valait souvent des antagonismes presque instantanés.
La voix de Duo prit un ton sarcastique et glacial:
"Il ne s'agit pas là de peur mais de méfiance, Chang. Un bon voleur ne met jamais les pieds dans un piège s'il peut l'éviter. Ta maîtrise de l'épée n'est plus à prouver mais ce serait bien que tu apprennes à te servir de ton cerveau."
Wufeï allait émettre une cinglante réplique quand la voix de Quatre le coupa dans son élan :
"Ça suffit vous deux. Au cas où vous l'auriez oublié, nous sommes censés être une équipe. On aurait l'air fin si vous vous tranchiez mutuellement la gorge avant qu'on arrive au château !"
"Pff. Comme si un guerrier de mon calibre craignait un petit voleur de rien du tout !" répliqua Wufeï avec dédain.
Trowa sourit calmement et rectifia le tir :
"Un petit voleur de rien du tout qui peut te transformer en slime visqueux d'un seul claquement de doigts. Je te vois mal alors te servir d'une épée."
Trowa ne parlait pas souvent, certes, mais il savait avoir la bonne parole au bon moment et avait réussi en un instant à détendre l'atmosphère. Duo ne répliqua rien mais le sourire était de retour sur ses lèvres. Les quatre compagnons continuèrent leur route dans silence seulement troublé par les récriminations que Wufeï grommela dans sa langue natale, plus vexé que réellement en colère.
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La pièce dans laquelle se trouvait Heero était sombre et étrange. Les angles des murs de pierre noire opaque étaient anormaux et donnaient l'impression à l'observateur qu'ils étaient sur le point de se refermer sur lui. Néanmoins dans la situation où Heero était, la claustrophobie était le moindre de ses soucis.
Il était crucifié sur un autel entouré de bougies et le sang coulait lentement mais sûrement, offrande à un dieu impie. Epinglé comme le papillon par l'entomologiste, il avait du mal à garder les yeux ouverts. Il le fit pourtant en entendant une personne s'approcher de lui sur le sol de pierre noire. Sa vision n'était pas claire, il ne connaissait pas cette personne mais elle lui était pourtant curieusement familière. Il faut dire aussi qu'elle hantait ses rêves depuis des années.
Des larmes coulaient des yeux violets qui l'observaient et Heero savait pourquoi. Installé sur sa croix, il était en train de mourir et personne ne pouvait rien y faire.
Mais il y avait une troisième personne qui se cachait dans les ténèbres qui tapissaient la pièce et qui semblaient se mouvoir curieusement, évitant la lumière des bougies mais collant à la pierre plus noire de l'obsidienne, donnant l'impression malsaine que les murs étaient vivants et prêts à les engloutir, lui et l'inconnu aux yeux violets. Il tenta de prévenir celui-ci mais la voix lui manqua ; il était si fatigué…
Les bougies vacillèrent et Heero ferma les yeux. Lorsqu'il les rouvrit, les yeux violets étaient fermés, définitivement. Le corps de leur propriétaire était percé de part en part par une lance et le sang suintait de sa blessure béante.
Les yeux de Heero se fermèrent à nouveau pour tenter d'échapper à ce qu'il voyait. Il pouvait entendre des rires provenir des ombres changeantes de la pièce et pouvait sentir les ténèbres se refermer sur lui…
Tout était perdu.
Heero se réveilla brutalement, la respiration haletante, complètement angoissé. Depuis qu'il était tout petit, il faisait des rêves bizarres mais ces jours-ci ils étaient encore plus macabres qu'à l'ordinaire. Il dut faire un effort pour maîtriser l'impression d'étouffement qui semblait bloquer ses poumons.
Il était dans sa chambre et, à première vue, tout avait l'air normal, sauf qu'il avait toujours l'impression d'être fixé par le regard améthyste. Heero se prit la tête dans les mains en maudissant son imagination. Des yeux d'une telle couleur ne pouvaient exister que dans les rêves !
Pour exorciser son cauchemar, Heero procéda à sa routine matinale habituelle et revêtit son armure.
Heero était un paladin, un chevalier qui avait juré de servir l'ordre et le bien, ou du moins il l'avait été jusqu'au jour où la Sorcière Une avait conquis le royaume Peacecraft… Après cela, rien n'avait jamais plus été comme avant.
Heero ceignait son épée lorsqu'on frappa à sa porte ; la sorcière le convoquait. Il fit une grimace à la vue de son reflet dans un miroir et assuma le poids de son armure et de son épée et celui, plus lourd, de sa culpabilité.
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Assise sur son trône figé dans un granit d'un blanc bleuté, Une était pensive. C'était une femme sans âge aux cheveux piégés dans un lourd chignon. Elle portait une robe d'un bleu presque noir, coupée très près du corps. A son cou on pouvait voir une étole de renard des neiges, d'un blanc si pur qu'il blessait l'œil dans l'obscurité de la pièce.
Le battement d'une horloge était la seule chose qu'on entendait dans la pièce mais la sorcière, elle, portait son attention sur autre chose que le mouvement de sa pendule. Les Cinq venaient enfin, encore une fois, de se mettre en marche. La sorcière comptait bien interrompre net leur progression.
Un sourire mécanique fleurit sur ses lèvres froides lorsque les portes de la salle s'ouvrirent pour laisser rentrer son chevalier préféré. Il serait son outil pour cette mission.
Le paladin déchu Heero était très beau, cela personne ne l'aurait contesté mais c'était une beauté brute, presque sauvage, comme l'était le jeune garçon lui-même. Il n'avait que 17 ans et pourtant c'était le meilleur outil dont disposait la reine.
Servir la sorcière était dur pour tous ses hommes, mais plus que tout autre, Heero s'était couvert les mains de sang pour lui obéir. La sorcière y avait veillé. Tel était le marché…
La sorcière contempla le chevalier avec l'amusement de l'enfant qui regarderait son jouet préféré. Il était magnifique dans son armure ternie, comme si elle avait été noircie par le souffle brûlant d'un dragon. A son côté, son épée étincelait d'un éclat avec lequel seul celui de ses yeux rivalisait. Son visage était inexpressif certes, mais ses yeux couleur de mer en colère exprimaient plus qu'assez sa haine envers la sorcière.
C'était un bon serviteur, mais en ce qui la concernait, tout le monde était un bon serviteur quand on savait motiver les gens. Heero était très attaché à cette fille, cette Relena et avait à regret accepté le chantage de la sorcière : la fille resterait en vie tant qu'il serait à son service. Avec amusement, Une se demanda comment réagirait ce beau chevalier si il apprenait la vérité sur sa belle princesse…
Peut-être qu'un jour elle le mettrait au courant. Ce serait à coup sûr fort distrayant de voir sa réaction.
Mais en attendant… Ses ongles cliquetèrent mécaniquement sur le marbre froid de son trône, le bruit résonnant presque fantomatiquement dans la pièce gigantesque mais vide. C'était beau de le voir lutter avec sa conscience, merveilleux de le voir accomplir toutes ces choses qui allaient contre tout ce qu'il croyait. Jour après jour, avec la technique consommée de l'araignée au milieu de sa toile, elle instillait dans son âme les ténèbres qui le dévoraient comme un poison et, jour après jour, il acceptait de faire tout ce qu'elle demandait, endurait de devoir se salir les mains en son nom.
Bientôt il arriverait au point de rupture mais son usure était un magnifique spectacle qu'elle ne se lassait pas de contempler.
Si magnifique, la chute du preux chevalier, tel un ange déchu, ses splendides plumes blanches se noircissant une à une, un chevalier dénaturé dont l'âme devenait peu à peu aussi ternie que son armure. C'était son chef-d'œuvre et elle regardait avec fierté les scrupules et la culpabilité qu'elle pouvait voir brûler dans ses yeux quand il pensait qu'elle ne le regardait pas.
La sorcière appréciait certes de briser physiquement les êtres, mais ce qu'elle préférait par-dessus tout, c'était les briser mentalement.
Pour l'instant il lui obéissait mais un jour, elle savait que sa magnifique marionnette tenterait de rompre les liens qui la retenaient… Et si il y arrivait… Non, *quand* il y arriverait, il tomberait et de haut.
Et à ce moment-là… Il n'y aurait personne pour le rattraper, personne pour ramasser les morceaux parce que tout le monde le haïrait.
Et ainsi, le lien entre les Cinq serait irrémédiablement brisé, le pentacle serait détruit à sa base. Il n'y avait plus qu'à laisser les acteurs du drame suivre le rôle qu'elle leur avait écrit. Prédatrice avant tout, Lady Une pouvait bien attendre un peu plus au milieu de sa toile ; elle avait de la patience à revendre. Après tout, qu'est-ce que le temps pour une immortelle ?
Laissant là ses pensées, la sorcière en vint à la raison pour laquelle elle avait appelé son chevalier :
"Mon cher Paladin, j'ai une mission spéciale pour vous. Je souhaiterais que vous éliminiez tous les membres du convoi du royaume d'Althéa qui part demain matin. J'ai bien dit *tous* les membres."
Heero s'inclina muettement en signe d'acceptation de la mission. Il n'était pas connu pour faire de prisonniers.
Après un regard amusé, la sorcière continua :
"Afin d'accomplir cette tâche au mieux, je vous ai choisi des troupes très spéciales, voyez plutôt…"
A ces mots, les portes de la salle s'ouvrirent lentement pour révéler la nature de ces fameuses "troupes". La sorcière ne dédaignait pas les effets d'annonce et prit un air satisfait.
Heero haussa un sourcil en voyant ce qu'il aurait à commander. Ce n'était pas son rôle de mettre en doute les choix de sa maîtresse, mais ces créatures n'étaient-elles pas trop puissantes pour être opposées à de simples soldats ?
A moins, bien sûr, que ce qui l'attendait soit plus que de simples soldats…
Heero pris son congé et Une s'installa confortablement sur son trône avant de croiser les jambes. Certes, son plan initial était de rompre l'essence même du lien entre les Cinq, mais si jamais Heero arrivait à tuer un ou plusieurs des membres du Pentacle, ce serait très bien aussi.
*******
Le convoi était en route depuis plusieurs jours déjà et tout était calme. Les quatre étaient à la tête du convoi, avançant en éclaireurs et Wufeï commençait à se demander pourquoi on leur avait demandé d'accompagner la princesse, car aucun danger ne semblait les menacer.
Trowa, qui chevauchait à ses côtés, n'en relâchait pas pour autant son attention. Comme tout bon rôdeur qui se respecte, il connaissait par cœur le pays et savait que le plus dur du trajet restait encore à faire. Son expression s'assombrit en voyant les futaies d'une forêt se profiler devant eux.
C'était un endroit étrange appelé la forêt des Quatre Saisons. Il y a longtemps, dans les ténèbres oubliées de l'histoire, un terrible duel de magie avait eut lieu à cet endroit. La bataille avait été telle que la magie avait imprégnée la forêt entière, déréglant entièrement le climat qui y régnait. Chaque partie de la forêt se trouvait dans une saison différente, et c'est pourquoi la forêt portait ce nom. Sous les sabots des chevaux, les feuilles craquèrent. Bien que l'on soit au début de l'été, ils venaient d'entrer en plein dans l'automne.
Mais ce n'était pas pour sa magie résiduelle que Trowa craignait la forêt. Il avait étudié de près le chemin qu'ils allaient suivre et son opinion était faite : si quelqu'un devait tendre une embuscade, ce serait dans cette forêt et nulle part ailleurs. La magie de l'endroit attirait de nombreuses créatures étranges et bien que ce soit un raccourci très rapide vers le royaume de Solthlein où ils se rendaient, c'était un endroit que Trowa aurait scrupuleusement contourné s'il avait du établir lui-même l'itinéraire de la caravane.
Même pour un rôdeur comme lui, habitué à parcourir les forêts et à discuter avec les animaux qui l'habitaient, l'endroit était déplaisant, déséquilibrant complètement ses sens. Le silence était oppressant, toute activité animale semblant absente. Même ses aptitudes elfiques ne suffisaient pas à le rassurer. Instinctivement, il essaya de contacter l'esprit de la nature qui habitait normalement toute forêt et écarquilla les yeux : à la place de la présence familière qu'il s'attendait à trouver, il n'y avait rien… Tendant ses sens, il sonda encore et finit par percevoir un écho, mais c'était tellement faible, comme un appel au secours presque mourant…
Aide-moi…
Un frisson parcourut Trowa. En tant que rôdeur, c'était son devoir de savoir ce qui avait pu provoquer ça.
Il n'était pas le seul à avoir tous les sens en alerte. Bien que n'ayant pas le lien mystique de Trowa avec la nature, Duo sentait instinctivement que quelque chose n'allait pas. Et puis aussi, il y avait l'odeur familière des feuilles en décomposition, les couleurs marron et fauve de l'automne qui lui rappelait confusément quelque chose qu'il aurait préféré oublier.
Il jeta un coup d'œil à la main qui tenait les rênes de son cheval ; elle tremblait et il n'en était pas surpris. Il sentait son pouvoir à fleur de peau, prêt à sortir à la moindre alerte et dut faire un considérable effort conscient pour le museler.
"Il y a quelque chose qui ne va pas Duo ?" En osmose avec les humeurs de son meilleur ami, Quatre avait senti sa nervosité.
Duo hocha faiblement la tête et essaya d'exprimer ses sensations avec des mots :
"Quelque chose n'est pas normal ici…"
Wufeï grogna :
"Bien sûr que non ce n'est pas normal, c'est la forêt des Quatre Saisons ! Juste un peu de magie qui traîne, pas de quoi trembler comme une fillette !"
Quatre fronça les sourcils à l'insensibilité de Wufeï. Lui aussi pouvait percevoir la magie mais également la façon *étrange* dont les ombres des arbres semblaient un tout petit peu trop longues et aussi, trop sombres.
"Peut-être que c'est toi qui a raison Wufeï mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a autre chose…" dit-il.
"L'esprit de la forêt est mourant" les informa sèchement Trowa.
"Et quelque chose arrive" ajouta Duo.
Wufeï fit un petit bruit dédaigneux :
"Moi, tout ce que je vois arriver, c'est la tombée de la nuit."
Plongés dans leurs pensées, les quatre se turent. Le soleil lui continua sa descente et les ombres s'allongèrent encore… Et se mirent à se mouvoir, se détachant des arbres et se solidifiant. En un instant la route de la caravane était bloquée.
"Enfer ! Des démombres !" siffla Wufeï.
"Tout le monde, en formation de combat ! Protégez le carrosse de la princesse !" cria le capitaine de la garde à l'arrière du convoi.
A l'avant, les réflexes de Duo prirent le dessus et il sauta de cheval. Avant qu'un seul démombre ait pu l'approcher assez pour le frapper, Duo lança un sort et soudain la majorité des ombres solides furent prises dans une toile d'araignée.
Si l'attaque s'était résumée à une vague de démombres, ils auraient pu s'en tirer sans trop de mal…Mais hélas…
Le sang de Duo se gela dans ses veines en voyant autre chose sortir des ténèbres.
Des drows.
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Notes de l'auteur : Muwahaha, moi sadique. Si vous voulez vite la suite, vous savez ce qu'il vous reste à faire ? Reviewez pour me donner du cœur à l'ouvrage !
Les dessous du pentacle
La création des personnages :
Trowa
Là encore, Trowa est tout sauf facile à cerner. Voici selon moi ces ses stats :
Race : Demi elfe
Force : 16
Dextérité : 18 (c'est un acrobate dans GW plus le bonus demi elfique)
Constitution : 17
Sagesse : 17
Intelligence : 15
Charisme : 14
Et un alignement neutre bon
Avec des stats pareils, Trowa peut être un guerrier, un voleur, un rôdeur, un druide ou un clerc. Comme d'après moi Tro est très près des bêtes, j'ai longtemps hésité entre les rôles de rôdeur et celui de druide. Néanmoins j'ai fini par choisir celui de rôdeur à cause du syndrome Aragorn (faut que j'arrête le seigneur des anneaux, Laurie c'est ta faute !) et le fait que je vois trop bien se servir d'un arc long (qui est interdit au druides).
En tant que rôdeur, Tro a pour mission de défendre la nature. Il a un lien avec les animaux (parle le langage des bêtes) peut appeler un familier pour se défendre (une panthère ou un loup), peut lancer des sorts mineurs de clerc mais également se servir de ses armes presque aussi bien qu'un guerrier ou effectuer une attaque furtive de voleur. Voilà encore une raison pour laquelle j'ai choisi le métier de rôdeur pour Trowa : c'est extrêmement polyvalent.
Tro est demi elfe et bénéficie d'une résistance limitée aux charmes et aux sorts de sommeil ainsi qu'une infravision limitée. Il bénéficie des aptitudes des elfes avec l'arc long et l'épée longue. Au combat rapproché, il utilise pour se défendre un style à deux épées caractéristique du rôdeur : une épée longue et une rapière. Son arme de prédilection à longue distance est l'arc long elfique.
Arme principale : L'arc HeavyArms (BrasPuissant). Bien que très dur à bander, le HeavyArms inflige des dégâts accrus avec une précision supérieure.
Si vous appréciez ce fic et que vous voulez vite lire la suite, reviewez ! ça me motive pour écrire.
