Chapitre 2
Pendant ce temps, Dracula revint dans le hall après avoir caché le sceptre, ratant de peu Jabu, qui ne supportait pas d'être éloigné d'Athéna de plus vingt centimètres… Bien évidemment, il a un plan foireux en tête : enlever Athéna afin de l'obliger à l'intégrer dans l'ordre des chevaliers, de cette façon, il bénéficiera des réductions accordées à tous les chevaliers, et cela bien qu'il ait découvert le danger de vivre dans le voisinage de Shina.
Découvrant la déesse évanouie laissée seule apparemment, il la chargea en sifflotant sur son épaule et l'emmena dans les sous-sols-du-sanctuaire-où-plus-personne-ne-va-plus-étant-donné-l'état-de-saleté-des-lieux… Pauvre Saori, elle devra finalement la passer au pressing, sa foutue robe !
Lorsque Seiya revint avec les pizzas, réjoui à l'idée de se remplir l'estomac, il ne se doutait en rien de la sombre tragédie qui se déroulait quelques mètres plus bas… Il poussa même le vice à remarquer avec soulagement que, puisque la " chère " Saori ne traînait plus sur le sol, elle était sans doute réveillée – aucun des chevaliers n'aurait eu la désagréable idée de la porter jusqu'à ses appartements et de supporter la vision des murs repeints en rose bonbon agrémentés d'étoiles violettes, sauf peut-être Jabu, mais jamais il n'aurait eu l'audace de poser ne serait-ce que le petit doigt sur sa " Douce Mademoiselle " – et qu'il n'était donc plus besoin de se décarcasser pour joindre la Gazette des Chevaliers !
Il partit donc d'excellente humeur distribuer les pizzas aux autres chevaliers qui les attendaient patiemment en jouant à Colin-Maillard dans la salle à manger du sanctuaire : c'était visiblement Shiryu qui s'y était collé et, toujours dans les vapes, se prenait tous les obstacles que ses camarades de jeu plaçaient malicieusement sur son passage, à savoir les chaises, la table, différents vases et carafes d'eau, une bouteille de ketchup, une autre de mayonnaise et un Jabu poursuivi par Shina " pour améliorer ses réflexes ".
Dès qu'ils repérèrent Seiya, ou plutôt dès que le délicat fumet s'échappant des boîtes qu'il portait chatouilla les narines des joueurs affamés, ces derniers le submergèrent avec avidité comme des rugbymen pourraient sauter sur le pauvre joueur de l'équipe adverse qui avait la mauvaise idée d'avoir le ballon entre les mains. Une fois la dernière miette avalée, ils commencèrent à se reconnecter avec la réalité en voyant Jabu lorgner en salivant la pizza spéciale Saori relevée au parfum à la rose, à laquelle personne n'avait touché.
" Dîtes, vous n'avez pas l'impression qu'il manque quelque chose ? questionna Shina, les sourcils froncés.
-Je dirais plutôt qu'il y a quelque chose en trop, fit Seiya en désignant la seule boîte encore intacte alors que tout le monde était repu. La cuisinier n'a pourtant pas pu se tromper dans la commande, je lui ai dit que je voulais la même chose que d'habitude, à mettre sur le compte habituel.
-Si la pizza qui reste correspond aux préférences de l'un d'entre nous, on saura qui manque, s'entêta Shina en s'avançant pour l'examiner, ignorant totalement le regard noir que lui adressa Jabu au passage. Après avoir ouvert ladite boîte, la jeune femme ne put retenir une exclamation de surprise avant de se retourner brusquement vers les autres et de les examiner un à un. Où est Saori ? finit-elle par demander dans un soupir exaspéré.
-Hum… m'est avis qu'elle doit toujours être dans les pommes, supposa Shun après un rapide tour d'horizon.
-Nan, je suis rentré tout à l'heure et elle n'était plus étalée par terre… J'en ai déduit qu'elle attendait le repas avec vous, se défendit Seiya en sentant les regards des autres, lourds de reproches, se porter sur lui.
-C'est sans doute Jabu qui s'en est occupé… suggéra Ikki, qui se demandait s'ils étaient vraiment obligé de parler de cette folle alors qu'elle avait la bonté de ne pas leur imposer sa présence.
Tous les regards convergèrent alors vers le chevalier de la Licorne qui d'ailleurs ne s'en souciait guère, absorbé par ses rêveries sur la dernière pizza restante.
-Jabu ? appela Seiya.
Aucune réaction.
-JABU ! ESPECE DE LAVETTE INCAPABLE !!! ON TE CAUSE !! hurla soudain la douce Shina dans les tympans du pauvre chevalier.
-QU… On parle de moi ? articula-t-il, pris dans la poigne de la jeune femme.
-T'as rangé Saori ?
-Qui ? Moi ? Non ! Jamais je n'aurais profané son divin corps de mes humbles mains… Pourquoi ? On l'a perdue ? Par Zeus ! C'est horrible ! Epouvantable ! MA PAUVRE MA DEMOISEEEEEEEELLE !!!! s'écria-t-il en commençant à fureter sous les meubles, dans les vases et dans la boîte de la pizza spéciale Saori…
PAF !
-Et voilà ! s'exclama Shina, satisfaite, en jouant négligemment avec sa massue. Un idiot en moins ! Bon, maintenant, où est encore passée la pleurnicheuse ?
Soudain, un écran de fumée assaillit les bâtiments depuis les sous-sols, les lumières s'éteignirent, et Dracula apparut, une lampe-torche à la main placée sous son menton et le sourire sadique de Saori-niark-niark-j'vais-réussir-à-coincer-Seiya-dans-un-coin-sobre accroché au visage.
" Qu'est-ce qu'il veut encore cet autre crétin ? lança Shina, prête à pulvériser son record de lancer de massue.
-SILENCE ! répliqua le vampire d'une voix caverneuse, obtenue grâce au magnifique mégaphone qu'il avait tenu jusque là soigneusement caché. C'est moi qui ai enlevé votre déesse. Vous allez m'écouter et m'obéir, sinon plus jamais vous ne la reverrez. "
Des cris de joie lui répondirent. Shina elle-même alla jusqu'à lui faire la bise.
" Hum… Je ne crois pas que vous ayez vraiment compris… JE VAIS LA TUER, MISERABLES !!! "
Les rires cessèrent aussitôt… pendant cinq secondes. Heureusement, Hyoga les ramena à la raison :
" Si elle meurt vraiment, vous croyez tout de même pas qu'on pourrait faire passer ça pour un accident de travail ?
-Disons un accident de parcours ! rigola Aldébaran.
-Bof, ces vieux schnocks de dieux ne pourraient pas nous en vouloir…
-Sûr ! Ils paressent à longueur de journée, ils ne connaissent pas notre malheur, sinon ils seraient venus se plaindre pour tapage nocturne à chaque fois que Saori se met à chanter une berceuse à sa poupée favorite. Donc, ils ne pourront pas savoir que pour une fois on a fait grève, raisonna Ikki.
-Mon grand frèrot ! s'émerveilla Shun.
-Couché Shun ! s'énerva le Phénix.
Soudain, des éclairs traversèrent le ciel sans nuages, et les susnommés nuages arrivèrent à une vitesse effarante à l'horizon, escortés par un tonnerre étourdissant.
-Hum, on dirait que Zeus n'apprécie pas la remarque ! fit Dracula.
-Tu parles, tout ça parce qu'il croit que personne ne sait qu'il nous envoie cette enfant gâtée pour avoir la paix, ronchonna Seiya.
-Enfin, on s'écarte du sujet, là ! Aux grands maux, les grands remèdes, vous l'aurez voulu ! soupira le vampire. Trois quatre !
Brutalement, les lumières se rallumèrent, éclairant clairement le comte, qui pour l'occasion s'était affublé d'un sombrero et de maracas.
" Je suis Super Dracula !
Et j'ai enlevé votre Athéna…
Et il continua à chanter ainsi de suite sur la chanson qui propulsa Stanley Hipkiss , alias le Mask, au hit parade de la chanson.
… Et j'ai le super-sceptre qui fait
Boum boum Badaboum
Boum Badaboum !
Si vous voulez la r'trouver,
Acceptez-moi comme chevalier,
Ça me f'ra des réducs sur mes bidons de lait,
Mes bidons de lait !…
-Bidons de lait ? s'étonna Seiya pendant que les Draculettes, rameutées hors de leur décharge par la musique applaudissaient le chanteur avec un enthousiasme délirant.
-Tous ensemble avec moi ! lança Dracula, qui, ne se souciant même plus de son auditoire, entama une sarabande endiablée avec ses Draculettes.
Les rouages du cerveau mal irrigué de Seiya cherchèrent un moment encore le rapport entre Saori et des bidons de lait ; il se fit d'ailleurs une immense frayeur lorsque Death Mask, à qui il avait confié son trouble, lui suggéra que la terreur violette était peut-être enceinte, mais heureusement il se rassura l'instant s'après en se disant que personne n'aurait voulu ni osé infliger ça au monde, même Jabu.
Finalement, après que la chorale de service se soit essayée à la Salsa du démon, il répéta sa question :
" Mais quels bidons de lait ?
-Comment ça, t'es pas au courant ? s'étonna une des Draculettes.
-De quoi ? demandèrent en cœur les chevaliers.
-Bah c'est au sujet des bidons de lait, mais à par ça… commença Shun.
-CHUUUUUUUUUUUUUUUUTEUH !!! Faut pas qu'ils sachent ! s'énerva Dracula.
-Savoir quoi ? demanda Carmilla, l'une des Dracula-Girls.
-Ben que en fait, je mets tous les jours une nouvelle recharge de lait dans mon mannequin en plastique ! Oups… "
Pour le coups, tous les chevaliers de Bronze éclatèrent de rire, de même que les Chevaliers d'Or, attirés par la musique eux aussi.
Vexé, Dracula s'en fut, criant à la cantonade que puisque c'était comme ça, il ne rendrait pas la déesse. Malheureusement pour son ego, il se prit les pieds dans la massue que Shina avait laissé tomber par terre tellement elle riait, et finit donc le trajet jusqu'à la porte sur les fesses. Les chevaliers commençaient à trinquer à la santé du comte, sauf Jabu qui se noyait dans ses Kleenex, lorsque Dracula se retourna une dernière fois :
" Soyez maudits, bandes d'imbéciles !J'ai votre déesse à ma merci, et également son sceptre, et si d'ici trois jours vous n'accédez pas à ma demande, je fais exploser le Sanctuaire et toutes les maisons autour !
-M'en fous, marmonna Aldébaran, de toute façon, la mienne est encore à l'état de plans !
-Mais… tenta Shura.
-SILENCEUH ! beugla le comte dans son mégaphone, et, faisant volte-face, il prit la porte. Ou plutôt se prit a porte, puisqu'il avait mal calculé sa distance de repli, et fut piétiné par son fan club qui le suivait de près.
C'en fut trop, tous les chevaliers s'écroulèrent par terre, terrassés par une crise de rire hystérique générale. Finalement, le calme revint au bout de quelques heures, et Mu relança la question de la menace que représentait Dracula, parce que, lui, après tout, avait réparé sa maison en moins de deux grâce à ses pouvoirs télékynésiques.
-Il est hors de question de le transformer en chevalier, protestait-il. Il nous faut pour cela l'ais de Saori.
-On aurait peut-être du lui dire de la garder en vie dans ce cas-là, non ? fit Shun.
-Sur-tout PAS ! fut la réponse générale.
-Et puis, il n'y a aucune armure disponible depuis que Seiya et Kanon font double emploi, souligna sagement Shaka.
-Donc…
-La seule solution serait de…
-Se battre ! finit piteusement Seiya.
-Oui, mais seulement pour récupérer le sceptre, précisons-le !intervint Milo.
-Même pas la peine ! s'écria Kanon en se frappant le front. J'avais enlevé le mode d'emploi pour que l'autre, enfin Saori, ne l'utilise pas pour rembourser ses dettes de jeu ! DONC il ne sait pas que pour l'activer il faut dire Abracadabra en grec ancien ! DONC on ne risque rien !
-DONC pas de combat ! se réjouit Hyoga. Quelqu'un veut le dernier morceau de pizza ?
Tout à coup, un cri déchirant vrilla les tympans des chevaliers.
-AAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHH !!!! (c'est le cri déchirant)
Shina, guidée par les fluctuations du niveau sonore, voulut marteler la source de la nuisance, pensant que c'était Saori, mais quelle ne fut pas sa surprise en constatant qu'il s'agissait d'Aphro !
-Aphro ? s'inquiéta Shun.
-ELLES M'ONT PIQUE MON ROUGE A LEVRES !!!Le bô que j'avais acheté en promo en plus !!! hurla le chevalier des Poissons.
-Oh le (la ?) pauvre ! compatirent les autres.
-On ne peut pas tolérer ça ! décréta Camus.
-On va se battre, et on récupèrera ton rouge à lèvres, et accessoirement le sceptre ! décida Shun, vindicatif, puis il ajouta, pensif : Et en dernière extrémité, Saori aussi !
