Je ne suis pas scientifique, il y a pas mal d'incohérences…mais dites-vous qu'en 30 ans on aura fait énormément de découvertes, alors...on peut toujours rêver (ou cauchemarder) -
Même si l'histoire ne vous botte pas trop, prenez au moins la peine de lire ce chapitre, c'est le dernier…toujours aussi zarbi j'avoue, et pourtant…
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Severus mit rapidement la cuillère dans sa bouche. La mixture qui lui servait de soupe était fade et peu appétissante Potter lui avait assuré qu'il recouvrerait bientôt sa notion du goût. Même en baissant la tête, il pouvait sentir des dizaines de regards sur sa nuque. Tout autour de lui, des imbéciles en blanc l'observaient manger, délaissant eux-même les plats posés devant eux.
L'homme aux cheveux noirs fit une grimace de dégoût. Il n'aimait pas qu'on le regarde. Il n'avait jamais aimé. Même l'orang-outan qu'un blondinet tenait en laisse le fixait de ses yeux glauques. A l'entrée du réfectoire se tenaient deux infirmiers moldus – ou scientifiques, peu importe. C'était eux qui l'avaient conduit, ou plutôt escorté, de sa chambre jusqu'à cette immense salle à manger bien trop propre pour être crédible.
Sans avoir touché à son assiette, Severus se leva brusquement, se maudissant aussitôt pour ça. Il attendit quelques secondes que ses vertiges soient passés puis se dirigea à nouveau vers la sortie. Les deux hommes s'avancèrent vers lui pour lui tenir les bras.
Des regards. Il les sentait. Il jeta un coup d'œil discret à sa gauche. Plusieurs personnes murmuraient, le regard fixé sur lui. Certains se permettaient même de lui sourire avec indulgence, voire affection ! L'homme au nez crochu passa devant ses deux geôliers sans même leur parler et se laissa emmener jusque dans sa cellule. Blanche. Tout était blanc, ici. Même si on ne lui avait pas dit, il aurait deviné qu'il se trouvait dans un hôpital.
Il s'allongea sur le lit, soupirant. Au bout de quelques minutes, Granger réapparut. Enfin, « Monaghan ». Elle était une des seules à avoir compris que pour lui, le Severus réel et l'imaginaire ne formait qu'un. Aussi avait-elle abandonné les manies de toutes les femmes de l'établissement, à savoir s'inquiéter sans cesse pour lui et le materner.
« Bon, comme d'habitude, hein, montrez-moi votre joli bras, » fit-elle avec un sourire sans joie. Rogue remonta sa manche, révélant une peau d'un blanc nacré, sans aucun tatouage en forme de tête de mort. Ce qui n'était qu'une mince consolation.
« Severus, je comprends votre mutisme, et je l'accepte tout à fait. Seulement nous allons avoir des problèmes… » lui dit la jeune femme tout en lui enfonçant une seringue dans la veine. L'homme aux cheveux noirs ne répondit rien, se contentant de froncer légèrement les sourcils. Lorsqu'elle eut fini, Elisabeth s'agenouilla au pied du lit, troublée. « L'homme qui est à l'origine de ce projet souhaiterait s'entretenir avec vous. Et…plusieurs médias. Ils avaient arrangé cela avant même votre réveil », fit-elle sur un ton d'excuse, avec une expression qui signifiait clairement qu'elle était opposée à cette idée.
Rogue ignora ce qu'elle venait de dire. L'avenir lui semblait un vieux souvenir. Comme s'il ne vivait plus que dans une réalité qui ne pouvait que basculer d'un moment à l'autre. Encore et encore.
La scientifique se redressa et commença à ranger son matériel, respectant le silence de son « patient ». Plusieurs minutes passèrent.
« Pourquoi m'avez-vous réveill ? »
Elisabeth se retourna lentement, ayant l'indulgence de ne pas montrer à l'ancien professeur qu'elle était soulagée qu'il soit enfin sorti de son mutisme de plusieurs jours. Elle le fixa pendant un petit moment, comme si elle choisissait ses mots. « Il y a eu...des complications. »
Rogue fronça les sourcils.
« Pas avec vous, je vous rassure. Seulement…dès que nous avons eu des résultats positifs, le directeur du projet en a fait part à ses actionnaires et les personnes avaient lesquelles il était en relation afin de pouvoir exploiter nos études financièrement – il a déboursé plusieurs millions pour nous soutenir, je suppose qu'il était pressé de les revoir...et si possible d'en voir plus. »
Elle eut un petit rire d'autodérision et se passa la main dans les cheveux, comme pour dissimuler une gêne. Pour la première fois depuis son « arrivée » ici, Rogue ressentit une pointe de…sympathie ? pour cette femme. Pour Granger. Cette pensée le fit frémir.
« Ils ont commercialisé le projet, sous forme de jeu vidéo, en quelque sorte. Des appareils ultra-perfectionnés envoyant directement des ondes au cerveau. Simples d'utilisation, et adaptables aux scénarii que vous désiriez – tout dépendait du jeu acheté, » continua-t-elle en attrapant une chaise et en se rapprochant du lit avant de s'asseoir. Son ton avait tout d'une professionnelle à présent. « Le concept a été…révolutionnaire, c'est le moins que l'on puisse dire. Et le prix aussi. Je crois que mille personnes au grand maximum auraient pu se l'offrir dès la première semaine. Cela dit, vous connaissez le système : il y avait de plus en plus de demandes, donc les prix chutaient…dans 3 ans à peine, chacun aurait possédé un appareil de ce genre. »
L'ancien Mangemort la fixa longuement, ecoeuré. Pas réellement envers elle, car elle semblait autant affectée que lui, même s'il n'aurait su dire pourquoi. Mais sa vie…ses 40 années d'existence, ou presque, était un jeu. Des moldus idiots – quels moldus, la magie n'existait pas ! – jouaient avec des vies, des destinées différentes et les « éteignaient » comme bon leur semblait. Il eut brusquement envie de vomir. Ou de hurler, de prendre un objet contondant et d'éclater la gueule à tous ces médecins stupides qui se prenaient pour Dieu, tous ces prétendus scientifiques qui surpassaient de loin le plus perverti des Mangemorts.
La jeune femme remarqua son trouble. « Si cela peut vous consoler, ce projet de commercialisation a été un échec. » Severus ouvrit les yeux et releva la tête pour lui gueuler qu'il n'en avait rien à foutre que des pauvres manipulateurs aient perdu un peu de leur argent de poche, lorsqu'il vit l'expression de terreur sur son visage.
« Que s'est-il pass ? » demanda-t-il à regret.
« Tous n'avaient pas votre mental, Severus…Dans les premières semaines, tout allait bien. Les prix ont baissé, et de plus en plus de personnes se sont ruées dans les magasins. Puis il y a eu des cas recensés…la vente a été interdite, mais c'était déjà trop tard. » Elle fit une pause, comme si elle voyait des images horrifiantes repasser devant ses yeux. « La plupart sont devenus fous, incapable de différencier réalité et fiction. D'autres se sont tout simplement… « endormis ». Malgré le minutage très précis, leur cerveau ne sortait plus de l'état de rêve et il a fallu se résoudre à…à les entreposer, dans des « usines à coma », comme certains les appelaient. Et je ne vous parle même pas des suicides. Nous aurions du vous réveiller avant de lancer ces engins sur le commerce, » fit-elle d'une voix basse en relevant la tête et le fixant de ses grands yeux noisette.
Rogue se pencha vers elle, et mit sa main sur la joue. « Oui, vous auriez du me réveiller plus tôt. Cela m'aurait évité de m'attacher à certaines personnes qui sont toutes mortes aujourd'hui. Ou plutôt qui n'ont jamais existé.» Il y avait tant de rancœur et d'ironie dans sa voix que les yeux de l'infirmière s'embuèrent. Durant un instant elle le regarda avec un mélange de regret, de confusion et de colère, puis elle se leva, prétendant devoir rapporter ses seringues dans une autre pièce.
Une fois qu'elle fut sortie, Severus se recroquevilla sur lui-même, comme il le faisait chaque nuit lorsque son père habitait encore avec eux. Celui qui frappait sa mère. Celui qui venait lui faire lire à haute voix des récits nazis chaque nuit. Et ne repartait que le lendemain.
Les révélations de Granger, sans être réellement surprenantes, firent cependant exploser quelque chose dans la tête de l'ancien professeur. Il eut subitement la certitude que tout ceci n'était pas qu'un cauchemar, mais que c'était sa vie qui en avait été un.
Ce soir-là, Severus Rogue fit quelque chose qu'il n'avait plus fait depuis l'âge de 21 ans.
Il pleura.
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« Suivez-moi, je vous en prie ». Potter traversa la couloir de sa démarche vive et Rogue le suivit a contrecoeur, tel un zombie. « Je vais d'abord parler à Jedusor, rappeler les dernières consignes, puis je viendrai vous chercher dans quelques minutes », souffla le directeur à Elisabeth avant de disparaître derrière un couloir adjacent.
« Jedusor ? » dit Severus en fronçant les sourcils. A sa grande surprise, la scientifique le fixa avec un sourire. « Le directeur du projet. Un milliardaire qui s'y connaît autant en médecine que moi en cuisine. Vous risquez d'être…étonné, en le voyant, je vous préviens. »
L'autre ne répondit rien et après quelques temps ils virent Potter qui leur faisait signe. « Courage, Severus, vous avez tout à fait le droit de ne pas répondre à leurs questions », lui expliqua Potter tandis qu'ils se dirigeaient vers la salle de l'interview. L'ancien professeur se sentait déjà nauséeux, mais dès son arrivée dans la pièce, il crut qu'il allait défaillir.
« Monsieur Piret, regrettez-vous d'avoir été éveill ? Auriez-vous préféré rester à jamais dans vos rêves ? »
« Etes-vous au courant des atrocités commises par les victimes du Dreamer3000 ? »
« Monsieur Rogue, pensez-vous être capable de vous adapter au troisième millénaire ? »
« Allons, allons, messieurs-dames, chacun d'entre vous aura l'occasion de poser une question à Fabrice, calmez-vous je vous en prie », s'éleva une voix grave et polie, avec toutefois une nuance d'autorité. Severus se tourna vers celui qui venait de parler, puis regarda aussitôt Granger. « C'est un vrai tyran, je vous assure que le votre ne diffère pas vraiment de la réalit », lui chuchota-t-elle à l'oreille pour ce justifier.
« Fabrice ! Ou dois-je dire Severus ? » fit le directeur du projet en lui ouvrant les bras, avec un grand sourire. Plusieurs souvenirs revinrent en tête à l'ancien Mangemort. Mais dans ceux-ci, il n'y avait aucun Voldemort qui le regardait de façon aussi sympathique que celui-ci. Et il n'avait pas ce même nez droit et ces yeux gris perçants.
« Rogue », grogna-t-il, agacé par les flash qui crépitèrent aussitôt.
« Allons, Severus, je sais que nous ne sommes jamais rencontrés, mais je suis en quelque sorte votre « papa », plaisanta Jedusor. L'homme au nez crochu serra les poings, la gorge serrée. Il était habitué à ressentir des pulsions violentes, mais elles avaient rarement été aussi fortes que ces derniers jours.
Une pression sur son bras lui indiqua de s'asseoir et Potter en fit de même, tandis que Granger-Monaghan s'installait dans un coin, en retrait. « Très bien, qui désire commencer ? Vous ? », fit Jedusor en désignant une journaliste potelée du doigt.
« Monsieur Piret, je représente le DailyScot, et j'aimerais vous demander, comme beaucoup de personnes ici présentes j'en suis sûre, ce que vous ressentez à l'heure actuelle ? »
Severus baissa la tête, les lèvres retroussées. A nouveau, des dizaines de regards sur lui. Et ce n'était pas des cornichons auxquels il était supposé enseigner les potions, cette fois-ci. « Je suis plutôt heureux de m'être réveill », répondit-il en feignant un sourire. « Je ne connais pas encore grand-chose de ce monde – ou plutôt j'ai tout oublié – mais j'ai hâte de le redécouvrir. » La journaliste le fixa avec un sourire bienveillant et il put voir des dizaines demain s'agiter sur du papier.
Dans son coin, Elisabeth remua, mais Rogue l'ignora. Il ne voulait pas faire part de ce qu'il ressentait réellement à des étrangers. Surtout à ces étrangers.
« Pour ma part, j'ai une question qui s'adresse à monsieur Potter », fit un autre journaliste. « Selon ce que certains de vos collaborateurs ont déclaré à la presse, vous avez réussi à vous implanter vous-même, ainsi que certains de vos collègues, dans la tête de monsieur Piret ici présent. Est-vrai ? »
Le directeur hocha la tête, Et Severus put voir qu'il se forçait lui aussi à répondre à toutes ces fouines, et qu'il désapprouvait toute cette mise en scène ridicule.
« Ce n'est pas réellement exact. Il s'agit d'un – d'un procédé très simple », cette fois-ci sa confusion laissa place à son professionnalisme. « Malgré l'état de sommeil, le cerveau est à même de retenir des images, à partir du moment ou les yeux sont ouverts bien sûr, et il les encode dans ses cellules mémorielles. C'est ce qui signifie qu'un noctambule a parfois des souvenirs de ses expéditions nocturnes, par exemple. Comme nous étions amenés à travailler souvent aux côtés de Severus, nous avons jugé préférables de nous implanter directement dans son l'encéphale, également pour qu'il ne soit pas trop perdu au moment du réveil. »
Rogue pouvait entendre au ton de sa voix qu'il ne disait pas toute la vérité, surtout lorsqu'il songea à Jedusor. Selon ce que Granger avait dit, celui-ci n'était pas supposé travailler sur le projet, en étant uniquement l'investigateur financier.
« Comment est-ce possible, docteur ? Je veux dire, que vous ayez pu implanter vous-même ces images ? »
Potter remonta ses petites lunettes carrées et fixa l'homme qui venait de poser cette question. « C'est assez simple, en vérité, même si ces découvertes sont plutôt récentes. Voyez-vous, il suffit d'exciter les cellules visuelles à l'aide de signaux électriques, infimes évidemment, pour que les images perçues par l'œil se gravent instantanément dans le cortex visuel et s'associe d'elle-même au personnage excité lui aussi à ce moment-là. Je ne sais pas comment vous expliquer… » Les sourcils grisonnants du directeur se froncèrent.
« Oui. Cela fonctionne de la même manière qu'on ordinateur, en réalité. Les « données », d'un personnage étaient transmises à l'encéphales visuellement ou auditivement, car la mémoire du cerveau permet également de retenir les sons et ce même en état de sommeil - »
« Si je puis me permettre, monsieur le directeur, le Dreamer3000 n'a pas de fonctions auditives ou même visuelles, comment est-ce alors possible d'implanter des mondes imaginaires dans un cerveau, alors ? »
Potter frotta négligemment la branche droite de ses lunettes. Une fois de plus, Severus fut frappé par sa dissemblance avec celui qui était surnommé le Survivant. Voir le gamin colérique et arrogant qu'il avait en cours se comporter avec une telle maturité, même avec 40 ans en plus, état probablement une des choses qui le perturbait le plus.
« C'est justement ce à quoi nous avons travaillé pendant toutes ces années », continua le cinquantenaire. « Inscrire des données dans un cerveau via des signaux électriques et des ondes. C'est ce à quoi nous sommes parvenus – le Dreamer3000 fonctionne uniquement sur ce procédé. A partir de ces bases, le cerveau extrapole lui-même les scenarii, les personnages qu'il le désire, selon les souhaits et l'inconscient de celui qui l'utilise. C'est la raison pour laquelle il est si difficile de s'en détacher il permet de vivre...son existence rêvée, en quelque sorte. »
Severus eut un tic de protestation. Son existence rêvée ? Coincé dans un château avec 500 gosses aussi abrutis les uns que les autres ? Il devait être un sacré masochiste.
Et pourtant, il aurait donné tout ce qu'il avait pour les retrouver, ces 500 attardés…
« Michael Bread, pour le Times. Monsieur Piret, ou Rogue, comme vous préférez – avez-vous entendu parler des accidents causés par le Dreamer300 ? Qu'en pensez-vous ? »
« Allons, ne nous orientons pas uniquement dans cette direction », fit Jedusor avec un sourire forcé. « Les incidents dus à certains engins défectueux n'ont rien à voir avec Severus, il en sera question plus tard. »
Rogue sentit un sourire étirer ses lèvres. Dieu merci, il pouvait le camoufler derrière ses cheveux longs, mais néanmoins plus courts que dans ses souvenirs. Dans son autre vie.
Le milliardaire n'avait rien à gagner et rappelant sans cesse les dégâts de son « joujou » il espérait probablement se servir de l'ancien maître des potions pour rassurer la foule. Mais celui-ci ne lui ferait pas ce plaisir. Ne serait-ce que pour se venger de Voldemort.
« Non, mon cher Jedusor, laissez-moi répondre, je vous en prie », fit-il avec une sympathie qui le surprit lui-même. Elisabeth se décala légèrement pour être dans son champ de vision et lui lança un regard perplexe.
« Oui, j'ai entendu parler des accidents de votre…machine, on me l'a racont », continua-t-il sans se soucier d'elle. « Et honnêtement je le regrette. » Il vit plusieurs personnes lui sourirent en hochant la tête. Oh, comme ils allaient le regretter. Ou plutôt, Jedusor allait regretter, les médias, eux, allaient adorer.
« Oui, je le regrette. Car d'après ce que j'ai compris, ça n'a touché que peu de personnes. Et j'aurais adoré que tous, que chacun d'entre vous se retrouve coincé là-dedans et soit obligé d'en sortir un jour ou l'autre. » Sa voix était froide, mais elle s'anima lorsqu'il se tourna vers la journaliste ronde qui lui avait posé une question en premier. « Vous m'avez demandé ce que je ressentais. Et bien je ne ressens plus rien, voil !! »
Severus se leva, s'approchant d'elle d'un air menaçant, comme il l'aurait fait devant une élève prise en faute. « Imaginez que toute votre vie, que vos amis, les personnes que vous aimez, tous vos 40 ans de souvenirs et de constructions s'effondrent en une demi-seconde. Il n'y a que la mort qui puisse vous faire cela. Et la mort est salvatrice. Mais moi...par votre faute, vous tous qui vous prenez pour Dieu lui-même sans lui arriver à la cheville…par votre faute…je suis VIVANT !! »
Jedusor s'était levé, apparemment pour tenter de raisonner son protégé, mais tout ce qu'il reçut de celui-ci fut un magnifique crochet du droit suivi par plusieurs autres.
Severus se défoula sur lui, sur ce monstre qui avait détruit sa vie réelle aussi bien que l'imaginaire, ce vampire, cette parodie d'être humain…Il sentit ensuite des mains se refermer autour de ses bras et la sensation maintenant familière d'une seringue qu'on lui enfonçait dans le bras.
Les calmants firent leur effet et il s'effondra.
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« Je pense qu'il serait préférable de l'envoyer un hôpital psychiatrique. De toute façon, tu as entendu Jedusor, le gouvernement s'est approprié le bâtiment…pour en faire un véritable hôpital. Si ça se trouve, il n'aura même pas à bouger », plaisanta Potter avec cynisme.
Elisabeth le fixa avec un sourie sans joie puis laissa dériver son regard vers la grande vitre transparente. Comme il y a une semaine, il discutait de la destinée de l'homme allongé dans le lit.
« Ca va aller, toi ? » demanda le vieil homme. (Ndla : 50 ans ce n'est pas vieux du tout je précise...arf)
La jeune femme regarda à nouveau l'ami de ses parents puis hocha lentement la tête. « Je vais aller lui parler, » dit-elle après un moment. Potter lui sourit avec encouragement puis tourna les talons, après lui avoir posé la main sur l'épaule pendant quelques secondes.
Monaghan entra dans la pièce, le cœur battant. Rogue se redressa, et tourna la tête. Elle vit s'agenouiller à ses côtés. « Severus, je vous en prie…je sais que vous nous en voulez à tous, mais je vous assure que je n'ai pas souhaité tout cela. »
L'homme aux cheveux noirs secoua légèrement la tête. Il ne lui en voulait pas. Pas à elle. Mais à lui. A contrecoeur, il se retourna vers Granger. Son visage fin, ses grands yeux lui rappelèrent désespérément l'exaspérante gamine aux dents de lapin de gryffondor et par conséquent toute sa vie à Poudlard. Son ancienne vie. A sa plus grande honte, des larmes inondèrent à nouveau ses yeux, restés secs bien trop longtemps, que ce soit dans sa vie réelle ou imaginaire.
Elisabeth le vit, et elle se redressa pour le prendre dans ses bras. Severus voulut se dégager, mais ses muscles ne lui répondaient plus. Combien de temps… ? Combien de temps depuis que personne ne l'avait serré ainsi dans ses bras, sans poser de questions ? Et ce temps, que signifiait-il réellement ? On avait probablement fait d'autres choses à son véritable corps pendant que lui-même vivait encore dans un monde qu'il croyait réel.
« Tu as été mon unique obsession pendant plusieurs années, » souffla-t-elle, le maintenant toujours contre elle. « Ce ne sont pas eux qui t'ont créé, alors ne les laisse pas te détruire. »
Severus releva difficilement la tête, les yeux rougis. Toutes les barrières qu'il s'était efforcé de dresser durant une décennie, au point qu'il en était arrivé à croire qu'elles avaient cessé de n'être que des barricades pour se fondre avec son essence-même, toutes s'écroulaient en cet instant. Et comme elles étaient fortement ancrées en son âme, il avait l'impression de perdre une partie de lui-même et de se retrouver totalement nu.
« Tu me parleras de ton monde. Et je te ferai redécouvrir le mien », murmura Elisabeth, les yeux embués également et un sourire aux lèvres. Rogue ne voulait plus qu'elle parle. Il avait besoin de silence. Même les prisons de Voldemort respectaient ce droit au recueillement. Il fit alors ce qui lui semblait le plus approprié en ce moment de proximité. Il posa sa bouche sur celle de l'infirmière, laquelle le serra encore plus fort.
« Tu verras », dit-elle à voix basse lorsque leurs lèvres se furent détachées, « je te prouverai que tu peux redevenir comme avant. »
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Flash de 17 heures. A Edinburgh ce matin même, une banque a été cambriolée par deux hommes masqués et déguisés en pirates, le montant dérobé s'élevant à plus 2 millions de livres. Toute personne possédant des informations sur ce vol est priée de joindre le commissariat de la ville au 04523 355 23.
Actualité régionale à présent, le festival du Champignon qui devait se dérouler demain risque hélas d'être reporté pour cause de pluie diluvienne. Les organisateurs se sont concertés mais la décision doit être prise ce soir. Nous vous tiendrons au courant lors du bulletin de 20 heures.
Pour terminer ce flash, un fait divers. Fabrice Piret, le mathématicien qui avait été choisi comme sujet pour les expériences sur le sommeil paradoxal à l'Institut de Recherche Neurologique a été retrouvé mort ce matin même, la gorge tranchée. Les enquêteurs sont formels et ont conclu à un suicide. Les études de cet Institut sont à l'origine, rappelons-le, du Dreamer3000, l'appareil commercialisé il y a de cela plusieurs mois et qui avait été retiré de la circulation suite à de nombreux accidents intervenus auprès des utilisateurs. Plus d'informations ce mercredi, durant la soirée qui y sera consacrée et où nous recevrons le directeur du projet, Monsieur Tom Jedusor, ainsi que le Professeur Harry Potter, responsable des recherches.
Mesdames et messieurs, bonne fin d'après-midi.
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Et Severus redevint ce qu'il avait été. Un personnage oublié, un héros de l'ombre. Et là où il était, plus aucune réalité ni fiction. Seulement le repos. Ce à quoi il avait aspiré durant toute son existence.
Rêvée ou pas.
