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Cela faisait maintenant trois jours que Daniel avait disparu. Jack s'en voulait terriblement. Il aurait dû être le dernier à passer la Porte, c'est lui qui aurait dû disparaître. Ils avaient essayé de contacter la Tokk'ra ou les Asguards, leurs alliés, mais aucun d'eux n'avaient répondu. Le général Hammond interdisait toujours l'accès à la fameuse planète et Sam remuait ciel et terre pour comprendre ce qui avait pu se produire. Elle en avait fait la conclusion que soit Daniel était blessé et aux mains de l'ennemi qui devait le torturer pour obtenir les codes d'accès à leur Porte des Etoiles, soit le fameux docteur Jackson n'était plus de ce monde. Mais, pour une fois, elle était très loin de la vérité.

Le jeune linguiste ouvrit les yeux. Sa jambe avait cessé de le faire souffrir ce qui lui avait permis de mieux dormir. Il se sentait de très bonne humeur se matin et avait très envie de prendre l'air sous ce soleil radieux. Il était heureux d'avoir appris le nom de la jeune femme qui prenait soin de lui mais il se demandait encore comment engager la conversation avec elle. Elle était déjà levée ce matin et était partie faire un tour à l'extérieur. Elle avait pris le soin de laisser son habituelle infusion matinale et de quoi manger au jeune homme. Elle revint bientôt les bras chargés de deux gros volatiles. Elle s'aperçut que son hôte était réveillé et son regards plongea vers le sol. C'était très dur pour elle de respecter les règles de politesse qu'elle avait apprises pendant qu'elle vivait chez les Unas. En effet, les femelles Unas n'étaient pas les égales des males : les femmes devaient rester au foyer, elles s'occupaient de la cuisine, des peaux qui constituaient leurs habits et des enfants. Aucune femme n'avait le droit de regarder un homme dans les yeux sauf dans l'intimité de leur foyer et seulement leur compagnon. La femme devait veiller au bien-être de l'homme et n'avait pas le droit deb lui parler quand elle le désirait. Elle devait s'agenouiller et baisser les yeux jusqu'à ce que l'homme lui fasse signe de parler en lui tapant sur l'épaule. Il était inimaginable pour un Unas qu'une femme puisse chasser et pourtant Ayla enfreignait cette loi depuis bientôt 12 ans. Le chef avait intercédé en sa faveur auprès des autres Unas car elle était la plus habile tireuse à la fronde qu'il aie jamais vu et il ne voulait pas perdre un chasseur aussi doué. Pourtant, Ayla avait été chassée. Elle avait fait honte à la famille de Unas qui l'avait recueillie. Lors d'un Rassemblement d'Eté qui avait lieu tout les 10 ans, un jeune mâle avait voulu profiter d'elle et la violer. Comprenant ce que le Unas avait derrière la tête, la jeune femme s'était défendue. Elle avait tué son agresseur sans le vouloir. C'était le crime le plus abominable qui puisse exister pour un Unas. Comme elle aurait tant voulu pouvoir le raconter à Daniel ! Comme elle aurait voulu lui parler en toute liberté et le regarder dans les yeux sans craindre du mépris de sa part ! Ce qui la préoccupait, c'était que cet homme lui souriait souvent et riait lorsqu'il était heureux. Les Unas ne savent ni rire ni sourire. Et cet homme ignorait le signal pour lui permettre de parler. Peut être n'y en avait il pas chez lui ?Il faudra qu'elle y pense la prochaine fois.

Excusez moi, l'interrompit Daniel, pourrais je avoir mon sac ? J'aurais voulu vous aider à préparer le dîner et peut être vous montrer quelque chose si vous voulez bien. C'était le moment où jamais, elle leva les yeux et le regarda droit dans les yeux. Un frisson lui parcouru l'échine. Son regard. Si clair, si profond. Mais elle ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il venait de dire. Il émettait des sons désordonnés et c'était tout ce qu'elle pouvait comprendre. Elle aurait tellement voulu lui répondre mais elle était incapable de saisir un mot de ce qu'il racontait. Un sentiment de frustration s'insinua en elle et des larmes de rage lui montèrent aux yeux. Voyant l'incompréhention de la jeune femme, Daniel essaya de mimer ce qu'il voulait en ajoutant par-ci par-là les quelques mots unas qu'il connaissait. Une lueur de lucidité s'alluma alors dans les yeux d'Ayla. Elle avait enfin comprit ce qu'il désirait. Elle était tellement heureuse qu'elle avait envie de sauter au cou du jeune archéologue et couru au fond de la caverne où elle avait rangé les affaires de Daniel. Ce dernier fut surpris de sa réaction soudaine et le fut encore plus en la voyant apporter son sac de voyage. Elle le lui tendit avec un immense sourire réjouit qu'il lui rendit avec joie. Elle l'observa un instant déballer ses affaires puis, se rendant compte de ce qu'elle faisait, elle détourna les yeux en rougissant. Daniel ne le remarqua pas. Il était trop occupé à chercher quelque chose dans ses affaires.

Ayla ? appela t il soudain

Elle tourna la tête d'un air étonné. Il lui montra quelque chose au creux de sa main. Une petite boîte en métal. Il l'ouvrit et une flamme s'échappa du sommet. Un briquet. Il savait que les Unas ne possèdent pas de feu domestique comme les humains. Ils vivent encore à l'âge des cavernes dira t on sur terre. C'est ce qui avait étonné Daniel, Ayla savait se servir du feu.

Feu , articula t il à l'intention d'Ayla

Feeeu ? répéta t elle timidement. Il acquiesça vivement. La jeune femme montra le foyer devant lequel elle était assise.

Feu ? demanda t elle encore. Un sourire illumina son visage quand Daniel approuva. Cette femme était loin d'être idiote, il le savait. Il lui pris la main et y glissa le briquet. Elle roula de grands yeux étonnés et secoua la tête en rendant le petit objet brillant. Elle se montra du doigt et alla chercher quelques brindilles. Elle fit un tas qu'elle posa entre Daniel et elle. La jeune femme s'assit en tailleur et ferma les yeux. Daniel comprit qu'elle se concentrait et ne l'interrompit pas, restant perplexe. Elle fronça les sourcils et en quelques instants, une petite flamme s'alluma sur le tas de brindilles. Comme par magie.

Daniel était stupéfait. Jamais il n'avait vu pareil prodige. Mais la jeune femme lui sourit comme si ce qu'elle venait de faire était la chose la plus naturelle du monde. Daniel en était bouche bée. Il commençait à comprendre pourquoi elle vivait seule. Ayla éteignit le feu qu'elle venait d'allumer et alla chercher le bol dans lequel Daniel avait l'habitude de prendre les infusions curatives qu'elle lui donnait tous les jours. Elle montra le bol au jeune homme. Ce lui ci leva un sourcil en signe de perplexité comme le faisait si souvent Teal'c.

Feu, dit elle en montrant le foyer qui brûlait près d'eux. Puis elle montra de nouveau le petit bol. Cette fois Daniel avait comprit.

Bol, dit il

Bol ?

Oui, c'est ça ! Tu veux apprendre à parler comme moi, n'est ce pas ? Très bien, si tu veux , je vais t'apprendre.

Ils passèrent la journée à épeler tous les mots qui venait à l'esprit de Daniel. Celui ci était sidéré par la vitesse à laquelle Ayla apprenait. Elle n'avait besoin que de répéter une fois le mot et elle le connaissait par cœur. Elle gardait toutefois un petit accent à cause de son éducation chez les Unas que Daniel trouvait tout à fait charmant.

A la fin de la journée, Ayla possédait le vocabulaire de base de la langue et parvenait tant bien que mal à se faire comprendre du jeune homme qu'elle avait recueilli. Mais Daniel ne parvenait toujours pas à comprendre pourquoi la jeune femme vivait seule dans cette petite grotte depuis apparemment un certain temps et pourquoi désirait elle apprendre sa langue avec une telle ferveur. Il espérait en savoir un peu plus sur elle quand elle saurait s'exprimer convenablement mais il doutât que ce ne soit avant longtemps et il lui faudrait retourner au SGC quand sa jambe pourra de nouveau le porter. « Les autres doivent être morts d'inquiétude à l'heure qu'il est » pensait il.