Houhou !! Deux lecteurs supplémentaires !!! Houhou !! Trop contente, moi !!
Réponses au reviews :
Loo-Felagund : Kikou ! Donc, comme je te disais dans mon mail, nous supposerons environs 19 ans pour Malicia et Kurt, et 25 ans pour Tornade (comme ça, un couple Diablo/Tornade ne sera pas trop improbable... mais bon, je lis bien des histoires sur le couple Rogue/Harry Potter, alors plus rien ne peut étonner !! histoires que j'aime beaucoup généralement d'ailleurs…). Ah ! Et tu peux continuer à me dire que c'est bien ! ) Ça me gêne pas du tout !! lol !
Matteic : Oui, je sais, j'ai très tordu l'histoire autour du trio Mystique/Kurt/Malicia… navrée, j'ai fais comme j'ai pu… Mais, d'un point de vue personnel, je trouve que ça passe quand même ! (NB : je ne me vante pas là, malgré les apparences :D) Donc comme je le disais précédemment : je donne 19 ans aux «jumeaux» concernant la chambre perso, déjà dans la série X-men Evolution, Kurt a sa propre chambre, tandis que Malicia dort avec Kitty… Sinon, je peux me rallier à ton opinion : effectivement, ça pue, le souffre…
Diablo-Satoshi : Houhou !! Mer'chi ! Et un lecteur supplémentaire, un !! De plus, j'adore les gens chez qui Diablo fait parti des persos favoris ^^ !! Alors, qui peut bien être cette «Jean» ? Hum ? A voir ! En entendant, voici la suite !
Miss-Tania : Review courte, concise… et qui fait tellement plaisir ! Merci beaucoup !! 2ème lecteur supplémentaire !! Contente, moi ! J'ai vu que tu avais écris une fic sur Hp et les Atlantes : faut que j'aille lire ça !!!
Merci à tous : je vous attends encore plus nombreux aux reviews pour ce chapitre !
Bonne Lecture !!
Chapitre 3 : Janis«Votre attention, mesdames et messieurs. Veuillez regagner vos places, éteindre vos cigarettes et attacher votre ceinture. L'avion se posera à l'aéroport John Fitzgerald Kennedy dans quelques minutes. Nous vous remercions d'avoir choisi notre compagnie et espérons que vous avez passé un excellent voyage…»
Pff… «Excellent voyage» ! grommela dans sa barbe Otto Schein. Il n'avait pas cessé de stresser depuis son départ de Berlin. Après une escale interminable à Paris à attendre un contact, il s'était envolé pour New York, l'estomac aussi noué qu'une corde de pendu. Et pour cause ! Il commençait sérieusement à croire que sa situation bringuebalante d'indic virait à l'effet «roulette russe». Déjà métier peu facile au départ, cela devenait aussi cauchemardesque que les «Dents de la Mer» : les requins étant multipliés par cent, tous de gros clients avides d'informations comme de chaire fraîche. Schein se demandait juste à quelle sauce il serait mangé, et lequel de ces clients le ferait se mettre à table.
Fébrilement, il s'assura que sa ceinture était bien attachée et pressa contre lui son attaché-case. Une menotte au poignet droit le liait à la mallette. Il remonta ses petites lunettes rondes sur son nez, puis s'épongea le front.
«N'ayez pas d'inquiétude, jeune homme.»
Il se tourna précipitamment vers sa voisine, une vieille décrépite au sourire édenté.
«Was ?
- J'ai dit de ne pas vous inquiétez. Vous semblez nerveux. Détendez-vous. La première fois que j'ai pris l'avion, c'était en 1940. J'étais jeune et j'avais aussi peur que vous aujourd'hui. De Casablanca, on devait rejoindre le Portugal, et de là nous avons pris le bateau jusqu'en Amérique. 1940… Une époque troublée. On fuyait les nazis. Je me souviens, mon mari disait toujours…»
L'avion se posa finalement en douceur. Schein fut parmi les premiers à quitter l'appareil, bousculant tout le monde, sourd aux protestations. A la douane, il passa comme une lettre à la poste. En apparence son attaché-case ne comportait que des papiers de comptabilité. Mais ces objets sont des merveilles d'ingéniosité pour dissimuler des doubles-fonds, invisibles pour les douaniers.
S'épongeant à nouveau le front, Schein s'apprêtait à quitter la salle de contrôle, lorsqu'un homme lui barra la route. Pardessus sombre et petites lunettes noires, assortis au chapeau de parrain, des cheveux blonds cendrés et un sourire trop blanc. Janis… Ainsi, il serait mangé par cette murène répugnante et visqueuse.
«Schein, susurra le dénommé Janis, tandis que deux autres hommes l'encadraient. Suis-nous.»
Ils escortèrent le pauvre Otto Schein jusqu'aux toilettes pour hommes, vidées au préalable pour la confrontation suivante. La porte se referma derrière Schein et il se retrouva face à Janis, toujours plus souriant.
«La mallette, dit celui-ci.
- Janis, ce qui a dans cette mallette a été payé au prix fort. Mon client est quelqu'un d'important. Toi-même tu n'oserais pas volé ce qui lui revient.
- Et bien, rendons donc à César ce qui est à César.»
Vif, il fit feu à bout portant sur Schein, qui s'écroula sur le dos, gémissant. Janis se mit alors à rire, son silencieux ayant toujours un petit bruit plaisant. Il continua de rire quand il se pencha au-dessus de Schein.
«Tu as toujours été lent, Otto.»
D'un geste brusque, il lui remonta sa cravate et commença à l'étrangler. Schein se débattit en vain. Son visage devint violet, tandis que ses yeux, presque sortis de leurs orbites, achevaient sa transformation en poisson en prenant une teinte vitrée. La langue pendante, il ne bougea plus. Précis, Janis fit sauter d'une balle la chaîne de la menotte et s'empara de la mallette.
«Encore une fois, je te remercie, Schein. Comme toujours, tu es ponctuel à tes rendez-vous, mais tu aurais peut-être dû jouer avec nous cette fois-ci. Plutôt que de faire les filles de l'air. Tu vois où ça t'a mené, … la débauche de tes infos… Vers l'échec de toutes celles qui voudraient s'émanciper de leur marre. A la sortie, il y a toujours un pêcheur en attente. Il est dommage, pour toi, que ce pêcheur ait été moi…»
Il enjamba le corps au visage violacé, sous lequel se formait une flaque de sang.
«Au plaisir de traiter à nouveau avec toi, Otto Schein…»
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Jubilé s'effaça pour laisser entrer Bobby dans la chambre. Il s'assit aux côtés de Malicia, qui garda les yeux baissés au sol. Jubilé fit signe à Kitty Pride de la suivre et toutes deux quittèrent la pièce, les laissant seuls.
«Malicia… Qu'est-ce qui se passe ? Dis-le-moi.»
La jeune mutante retint un sanglot en relevant brusquement la tête. S'obstinant à ne pas le regarder, elle se tordit les mains, cherchant à ne pas fondre en larmes.
«Rien… Il n'y a rien…
- Rien ?!… Malicia ! Jubilé vient me voir, me dit que tu n'as pas arrêté de pleurer de la nuit et il n'y a rien ?!
- Ce ne sont ni tes affaires, ni celles de Jubilé.
- Laisse-moi douter de cela !
- Bobby ! Arrête ! Tu ne peux pas m'aider…»
Sa tête retomba sur sa poitrine et les larmes perlèrent sur ses genoux. Avec douceur, Bobby lui passa un bras autour des épaules, la réconfortant comme il put. Désolé de ne pouvoir la serrer d'avantage. De ne pas pouvoir poser sa tête contre la sienne. Elle aurait pleuré contre son cou. Elle aurait pu s'épancher, grâce à ce simple contact. Ouvrir enfin son cœur.
Il l'aimait. A presque 20 ans, c'était fini pour lui les bluettes sentimentales.
Fini depuis bientôt trois ans son lycée privé de Washington. Fini aussi le temps où ses parents le considéraient comme le fils prodigue. Il était désormais un X-men. Personne dans son entourage familial ne devait à présent ignorer son statut de mutant. Une charmante lettre de son frère, qui l'avait surnommé le «Freezer», lui avait demandé, sur le ton le plus naturel du monde, si le FBI l'avait fiché dans la catégorie «lasers réfrigérants» ou parmi les différentes gammes de frigos.
Malicia laissa tomber sa tête contre le torse du jeune homme, lui effleurant légèrement la peau du menton, ce qui le fit frissonner malgré lui. Il avait adoré l'embrasser la dernière fois, mais jamais ils n'avaient recommencé. Il l'aimait comme un fou, mais une réserve commune s'était néanmoins installée entre eux depuis cet accident. Mais il l'aimait de cet amour qui dure, rien n'aurait pu l'abattre. Même si le pouvoir de Malicia leur pesait souvent.
«Parle au Professeur Xavier. Si tu ne veux pas te confier à moi… Peut-être que ce qui te perturbe à un lien avec ce qui arrive à Kurt ?
- Bobby… Que vas-tu imaginer ?
- Rien ! Rien !… C'est juste, que, comme il t'avait parlé, j'ai cru que c'était lié…»
Elle ne répliqua pas et il se tut. Inconsciemment, il se mit à la bercer dans ses bras, où elle se pelotonna encore plus. Il s'abîma à nouveau dans ses pensées, lorsqu'elle s'écarta finalement de lui en s'échant ses larmes.
«Comment va-t-il ? demanda-t-elle.
- Je crois savoir que sa nuit a à nouveau été un véritable cauchemar. Il est resté couché et Tornade le veille… Tu sais, n'est-ce pas, ce qui lui arrive…»
Ce n'était pas une question. Malicia se contenta de le nier, ce dont Bobby ne crut pas un mot mais ne chercha pas à en savoir plus. Pourtant, c'était vrai. Kurt était allé la voir spontanément et lui avait décrit quelques-uns de ses cauchemars, mais elle n'en savait pas plus. Elle ignorait ce qu'ils signifiaient. Quant à un lien avec elle, elle en doutait car ses propres rêves étaient d'une toute autre nature. Mais, comme pour Kurt, rien ne pouvait prévoir ce qu'ils présageaient pour elle.
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Diablo ouvrit à demi les yeux, lentement. Les stores tamisaient la lumière du soleil, instaurant dans la chambre une atmosphère apaisante. Kurt fut quand même aveuglé un instant. Puis, l'éclat se fit moins persistant et il put distinguer autre chose qu'un reflet blanc.
Relevant légèrement la tête de l'oreiller, il aperçut, très floue, la forme d'une statue assise, sur sa commode. Elle était sombre et ses traits indistincts. Diablo ne réussit pas à la détailler d'avantage. Mais il lui sembla que l'image ondulait , comme un reflet sur l'eau.
Il reposa sa tête et remonta les draps en frissonnant. Il savait que cette statue ou «pseudo-statue» n'était qu'une persistance de ses rêves. Car il était réveillé. Seulement, il admettait qu'il devrait à l'avenir s'habituer à ces mirages, résultante de son délire quotidien et de ses cauchemars.
Il referma les yeux, se laissant baigné dans une sensation d'apaisement : étrangement, il se sentait bien, bordé dans ses draps. Paradoxalement, il avait l'impression que tous ses muscles n'étaient plus que du coton, ce qui engourdissait ses sens. Cependant, ce n'était pas désagréable comme perception : tout était tout simplement plus indolent et alangui. Ce qui le changeait singulièrement de ses nuits toujours plus violentes dans ses songes. Après chaque cauchemar, il se réveillait invariablement en nage et dans les bras de Logan ou de Tornade. Mais pour une fois, il était juste bien.
Il releva la tête. La statue persistait à s'imposer dans son champ visuel, mais ses contours commençaient à s'effacer. Soulagé, Diablo se laissa aller sur l'oreiller, calme.
Soudain, il perçut une présence à ses côtés. Tournant son regard, il vit Ororo, endormie sur une chaise, la tête ballante contre le mur. Sur ses genoux, reposait un livre ouvert. Une de ses mains pendait le long de son corps. Ses cheveux blancs étaient retombés à moitié sur son beau visage.
La couleur de sa peau lui évoquait un mélange de caramel et de pêche, un teint d'une infinie douceur. Il sourit à cette image bien réelle et réconfortante.
Elle le veillait déjà depuis longtemps. Kurt avait honte de l'empêcher de dormir, était gêné qu'elle se sente obligée d'être auprès de lui, sur cette chaise. Mais d'un autre côté, il appréciait sa présence. Il lui semblait qu'auprès d'elle il était comme enveloppé d'un halot protecteur. Il avait moins peur dès qu'elle était près de lui. Elle générait une chaleur qui le rassérénait. Il aurait voulu demeurer près de sa flamme, toute sa vie.
Soudain, son visage devient grave, tandis que de désagréables effluves surgies de ses cauchemars envahissaient son esprit, occultant la vision ravissante que lui inspirait Ororo. Des impressions subliminales, des taches de sang, de corps flottants entre les vagues, la chambre mouvante, et, à ses côtés, agonisant…
Il cligna plusieurs fois des yeux, se concentrant sur le visage tranquille de Tornade. Elle dormait sans soucis, totalement abandonnée dans les bras de Morphée. Diablo se jura de protéger à jamais cette icône de beauté et de gentillesse. Et avec la vision mystique qui lui était propre, il crut un instant la voir rayonner d'une aura d'or, sa tête blanche comme couronnée d'éclairs irradiants.
Il sourit, puis se rendormit sur cette image bienfaisante.
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Le soleil disparut derrière un nuage, enveloppant dans les ténèbres la Baie d'Ungava au nord du Québec. L'îlot rocheux, où Magnéto cachait sa base, fut engouffré dans l'air glacial de ce début d'automne. Puis, le disque solaire reparut, déglaçant un peu cet amas de roches désertiques.
Cette île minuscule n'était rien sur les cartes, elle n'apparaissait même pas. Mais elle était suffisamment large pour abriter, sous sa surface, un bunker pourvu de tout le nécessaire : insoupçonnable et, jusqu'à maintenant, insoupçonné. Une ouverture, camouflée dans son flanc, permettait d'atteindre la surface. On pouvait même, grâce à un mécanisme, l'agrandir pour laisser entrer et sortir un petit hélicoptère.
Mystique se trouvait sur l'exiguë esplanade d'entrée et regardait les vagues onduler et se briser contre la roche. Des embruns gelés venaient fouetter son visage, le recouvrant d'une fine pellicule de froides gouttelettes. Elle craignait moins le froid que la plupart des personnes sans doute un effet de sa mutation. Elle pouvait en effet sans peine réchauffer son corps et le maintenir à la bonne température.
Mais, telle qu'elle était, là, elle laissait l'air glacial la piquer et l'engourdir. C'était assez bizarre comme sensation. A la fois douloureuse et agréable. Elle pouvait sentir son esprit se vider comme une coquille, devenir aussi serein qu'un être sans soucis.
Soudain, elle sentit que quelqu'un lui déposait un manteau sur ses épaules. Puis, elle vit le Crapaud sauter lestement sur un rocher la surplombant.
«Mortimer !… J'ai eu peur, mais ce n'est que toi.»
Il sauta au sol et se tint debout devant elle. Il la regarda de ses grands yeux, la bouche légèrement pincée. Elle l'avait toujours trouvé pathétique avec sa peau verte et granuleuse, ses cheveux filandreux en broussailles, et cette manie d'adopter pour tout et pour rien une mine boudeuse ou abattue de cocker. Il était en fait très cabot, le Crapaud.
«Que veux-tu ? demanda-t-elle brusquement. J'étais bien, seule.
- Il faut qu'on parle.
- Mais de quoi ?
- De toi. Mr Lehnsherr m'a parlé de la proposition du Professeur Xavier. Tu devrais accep…
- Oh ! Non ! Pas toi aussi ! s'exaspéra Mystique. C'est Eric qui t'a ordonné de me dire ça ?»
L'air furibond de la femme fit reculer Mortimer Toynbee, alias Crapaud.
«Non, il ne m'a rien ordonné… Il m'a juste dit qu'il avait remarqué que nous nous parlions beaucoup. Et il espérait que je pourrai te faire changer d'avis, car il semble penser que tu ne l'écoutes pas… Mystique… Je ne t'aurais pas parlé de ça, si je ne pensais pas moi-même que ce serait effectivement une bonne chose que tu vois Charles Xavier.»
Elle partit d'un rire rauque et malveillant, ce qui le fit reculer encore plus. L'éclat de ses yeux jaunes sans iris avait un aspect terrifiant. Ils étincelaient de rage.
«Mais qu'avez-vous donc, tous, à porter Xavier au pinacle comme s'il était le représentant de Dieu sur terre ?! Si vous estimez ses services aussi précieux et prépondérants, pourquoi ne vous engagez-vous pas dans les X-men ?!… Allez les voir ! Demandez-leur ! Ils doivent bien avoir besoin d'un forgeron et d'un gobeur de mouches !!
- Mystique… Je…
- Non ! Non !!»
Fébrilement, elle agrippa sa tête à deux mains, le visage convulsé. Elle continuait à crier, mais le Crapaud n'était plus tout à fait sûr que ses invectives étaient dirigées contre lui. Le manteau, dont il lui avait enveloppé les épaules, glissa à terre. Il voulut le ramasser et la recouvrir à nouveau, mais elle le repoussa, le faisant tomber à terre.
«Ungeheuer !!» [= monstre !]
Sur ce, elle disparut à l'intérieur de la base.
*********************
Jeanne ramassa, satisfaite, le linge qu'elle venait de repasser une tâche en moins au programme. Elle s'apprêtait à aller le ranger dans la chambre des Turner, lorsque son énorme père adoptif fit irruption, bloquant la porte de la lingerie de sa masse.
«T'as pas encore fini, Jean ?»
Jeanne… Je m'appelle «Jeanne», pas «Jean» !!
«Si, si, j'ai fini, monsieur.
- Bien. Range-ça ! Vite ! Puis, va te préparer, on reçoit ce soir ! Fais-toi toute belle que nos invités puissent t'admirer !… C'est une soirée fondamentale pour moi, ne l'oublie pas !!
- Oui, je sais… Je me tiendrai bien droite, sourirai gauchement de timidité et vanterait vos admirables vertus humaines !
- C'est ironique ce que tu viens de dire ?
- Non, c'est sincère, je vous le jure !
- Mmouii… Mais, bon, allons, dépêche-toi !!»
Il libéra le passage et partit enguirlander un bon coup les cuisiniers, avant d'aller embrasser sa chère et tendre épouse se pomponnant de poudre et de crème. Jeanne fit une grimace de dégoût à cette seule pensée. Elle souleva l'énorme panier à linge, soufflant fortement sous l'effort.
Oh, je vous en prie… J'ai l'effroyable impression que cette soirée va être la goutte d'eau en trop dans le vase !… Venez me sauver, je vous en prie ! Sauvez-moi !!
********************
Cyclope ajusta sa visière, enfila un long imperméable pour camoufler son uniforme noir des X-men, puis se coiffa d'un casque de moto. Enjambant sa toute nouvelle Suzuki, il se demanda une dernière fois s'il faisait ce qu'il fallait faire.
N'aurait-il pas dû avertir le professeur et, accessoirement, les autres ? Du reste, que ferait-il une fois sur les lieux ? Frapper à la porte, dire salut et emmener la fille sans que les parents n'interviennent ? Mais tu es ridicule, Scott ! Non seulement tu fais cavalier seul, sans te soucier de ton équipe, mais en plus en tant que leader potentiel tu agis comme un gamin ! En outre, qu'est-ce qui te pousse à aller «sauver» cette fille ? Tu ne sais rien d'elle, hormis son nom ! «Jean» !
Qu'est-ce que tu cherches à te prouver ? Que tu es capable de la sauver ? Mais, ouvre les yeux mon pauvre ami ! Jean est morte ! Sauver cette fille ne la ramènera pas ! Car cela ne voudra pas dire que tu aurais pu sauver ta fiancée ! Elle s'est suicidée pour nous ! Rien ni personne n'aurait pu l'en empêcher…
Mais c'était à lui que la jeune mutante avait donné ce message de détresse : «Sauvez-moi.» Un sentiment obscure lui signifiait que ça lui était, d'une manière comme d'une autre, irrémédiablement destiné. Je dois aller à son secours !
Mais que savait-il d'elle ? Tornade semblait persuadée que la jeune fille n'était pas heureuse chez elle, mais depuis leur visite elle n'avait rien fait pour elle. Du côté du professeur, na da également ! Certes, il oubliait un peu vite les soucis de Diablo. Mais que pouvait-il faire lui-même ? Il n'était d'aucune aide pour leur ami.
Par contre, il avait la possibilité d'aider la jeune «Jean», il se le devait ! Mais était-elle seulement malheureuse ? Qu'est-ce qui justifiait son message d'alerte ? Du reste, l'emmener avec lui équivaudrait, aux yeux de ses parents adoptifs, à un enlèvement ! Depuis l'invasion de l'Ecole Xavier par les hommes de Stryker, révélant de ce fait au monde l'existence d'une école pro-mutante, la police saurait où le trouver désormais !
Tu déraisonnes ! Cette action de bravoure aveugle ne te ressemble pas ! C'est complètement irréfléchi ! On croirait Wolverine fonçant dans le tas avec sa finesse habituelle !
Il soupira et mit en route le moteur, qui vrombit d'allégresse. Enclenchant la vitesse, il démarra et dépassa les grilles d'entrée dans un fracas infernal.
Aussitôt qu'il eut disparu, Logan, qui s'était dissimulé derrière la Ford de Scott, se précipita jusqu'à sa propre moto.
//Ça y est, prof ! Il est finalement parti !\\
//Je sais, Logan. Suivez-le aussi vite et discrètement que possible ! La seule chose que je vous demande, c'est de l'empêcher de créer une catastrophe !\\
Wolverine enclencha la clef et fit vrombir sa moto.
//On aura tout vu, prof… Maintenant, vous me demandez de surveiller Cyclope !!… Vous ne lui auriez pas demandé, comme ça, à l'improviste, de me surveiller un coup de temps en temps ?\\
//Jamais, je le jure !\\
Logan sourit largement et démarra, filant à la suite de Cyclope, jusqu'au domicile des Turner.
********************
Le général John F. Norman, de l'US Army, regarda d'un œil suspicieux le rapport que lui transmettait un des subordonnés du laboratoire de recherche. Cette lavette de scientifique tremblait de tous ses membres face au militaire foncièrement antipathique.
«Qu'est-ce c'est que ces chiffres, ces colonnes tarabiscotées et ces compte-rendus ineptes ?
- Les résultats des analyses aux différents tests, mon général.
- Et bien ! En clair, qu'est-ce que ça donne ?
- Les sujets, que nous avons traités, réagissent très mal aux différents métabolismes que nous leur faisons subir. Les trois clones qui subissaient le traitement ont été retrouvés morts ce matin, dans leur cellule. Les pores de leur peau avaient… heu… «recraché» l'ensemble des substances que nous leur avions injectées ! Quant aux deux créations mutantes, nous constatons de graves dégénérescences. Elles se couvrent de pustules purulentes, des excroissances apparaissent sur leurs organes…
- Oui, oui, ok, ça va, j'ai compris ! Mais qu'est-ce que vous foutez, bon sang ?! Je veux des résultats positifs et vite !
- Mais, nous faisons de notre mieux, mon général !! Si seulement, nous pouvions opérer sur des sujets sains ! La méthode du clonage n'est pas au point on ne peut, avec ça, qu'obtenir des aberrations ! Quant à la création scientifique de mutation, nous ne faisons tout juste qu'explorer ce domaine ! Il nous faudrait un vrai mutant sur qui appliquer nos procédures !
- Nous vous accordons déjà un budget pour grand que celui de la recherche officielle !! Ah ! Foutez-moi l'camp, incapable !!»
Le subordonné scientifique détala à toutes jambes, remportant son rapport honni. Le général Norman se laissa tomber sur sa chaise, vert de rage. Cinq sujets d'étude perdus, dont trois morts !! Si seulement on m'avait autorisé à prendre un mutant, au hasard, dans la foule ! Non, il devait attendre que ces inaptes de la CIA mettent la main sur la liste «Mutati». Quel nom ridicule ! Et quel intérêt, je vous le demande ?!
Selon les sources officieuses de l'Etat, cette liste répertoriait des mutants aux capacités génétiques si incroyables que les espérances scientifiques en seraient dépassées ! Cette liste aurait été dressée en Allemagne par un vague laborantin ayant espionné son supérieur. Ce dernier aurait découvert, lors de fouilles archéologiques, un résidu des toutes premières formes de mutations. Le laborantin espion aurait alors démontré que certains mutants actuels seraient encore pourvus de ces gènes antiques. Mais à quoi bon ? Ce que je dirige ici ne souffre aucun retard ! Et je dois attendre cette foutue liste !
Il remarqua brusquement que le voyant rouge de son interphone clignotait.
«Général Norman, Mr Janis de la CIA demande à vous voir. Il dit que c'est urgent.»
Quelques instants plus tard, le Maître-Espion de la célèbre «Agence» était assis face à Norman, qui frémit. William Carl Janis, dans son élégance raffiné de gangster des années 30, était répugnant. Ses cheveux cendrés étaient bien lissés en arrière, méticuleusement brossés. Toujours rasé de frais, la peau plus belle que celle d'un enfant, il avait les joues roses et les mains douces. Ses yeux gris pétillaient de malveillance derrière ses lunettes cerclées d'argent. Enfin, il affichait un sourire effrayant, allant d'une oreille à l'autre, d'une blancheur de perle. D'une beauté indéniable avec ça ! Vraiment répugnant !
Janis sortit une liasse de papiers d'un attaché-case, d'où pendait la moitié d'une menotte.
«Je vous présente, mon général, le fameux rapport «Mutati in pejus».
- Oohh !! Parfait, Janis ! Mais comment…
- C'est très simple. Nous avons finalement réussi à le trouver entre les mains de notre bon vieil indic, feu Otto Schein, récemment rappelé à Dieu.
- Ouais, je sais que vous ne faites pas dans la dentelle… D'autres copies de ce rapport existent-elles ?
- Indubitablement, répondit l'espion en haussant les épaules. Mais l'important n'est-il que nous ayons enfin une de ces copies ?»
Le général commença à regarder la liste : en fait un ensemble de fiches reliées entre elles, décrivant les spécificités des mutants répertoriés. Norman fut déçu : il n'y en avait en tout et pour tout que neuf.
«Ce n'est qu'un début, assura Janis. Nous sommes persuadés qu'ils sont beaucoup plus nombreux.
- Ça me fait une belle jambe !… Janis, je veux, sans perdre de temps, que vous me trouviez un de ces mutants «supra-génétiques» ! Voyez, cette femme par exemple… celle classée sous l'appellation «Onyx»…
- Oh ! Celle-l ? Je crains que sa capture pose problème. Personnellement, j'ai déjà étudié cette liste et je vous conseille cette adolescente de l'Etat de New York.
- Celle sous l'appellation «Sententia» ?
- Celle-là même. Elle se trouve à Salem Center, comté de Westchester. Elle est la fille adoptive d'un ponte de la finance. Tous les autres en liste sont organisés en groupe. Elle, elle est seule et donc plus facile à faire disparaître, sans laisser de traces qui pourraient alerter la communauté mutante. Ai-je votre autorisation de procéder ?
- Oui, ce soir-même !»
