Hello tout le monde !

J'entends à l'instant des voix qui me disent que j'ai tardé à écrire ce chapitre. Désolée ! Mais, vous savez, le syndrome de la page blanche, c'est terrible ! J'ai mis plusieurs jours à m'en remettre ! ^_-

Réponses aux reviews (et de quatre !) :

Titedauphine : Hé ! Hé ! Coquine ! Tu me lisais depuis le début sans me laisser une seule review ? Pas bien ça ! Tu as bien fait de réparer cet oubli ! ) A part ça, je suis contente que ça te plaise et j'espère que tu continueras à me lire (avec ou sans reviews ! ^_-).

Diablo-Satoshi : Après avoir lu ce chapitre, tu sauras qui devraient sauver Jeanne. Les x-men ? Ou les autres ? A toi de voir ! Oh ! Et puis merci encore beaucoup pour tes compliments !!

Loo-Felagund : Bon, ok, j't'pardonne, ch'uis magnanime aujourd'hui !! D Merci pour le «topo» habituel, ça fait toujours aussi plaisir. Concernant ce que tu me suggères, tu sais ce qu'il en est après nos mails. Ce sera très certainement présent dans le chapitre suivant ! ^_^

Matteic : Ouais, t'as raison, c'est des choses à ne pas dire ! Je fais de mon mieux !! Et en l'occurrence, j'ai tellement de choses à dire dans tous ces chapitres que je m'en sors à peine ! Alors, scrogneugneu, je fais ce que je peux !! Mordious !! A part ça, merci bikoup ! bikoup ! pour ton compliment !

Bonne lecture à tous !

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Chapitre 9 : La neuvième fiche

Méthodiquement, Janis étala devant lui une dizaine de feuillets sur son bureau. Il s'agissait des fiches signalétiques des mutants de la liste «Mutati in pejus». Neuf au total. Janis regarda leurs noms pour la plupart, il les avait connus personnellement du temps de l'Atlantide. Ce qui lui facilitait son travail aujourd'hui, car il savait à quoi s'en tenir. Il connaissait le pouvoir de pratiquement chacun et pouvait ainsi évaluer les risques.

Il y avait la prêtresse Flammula. Janis la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle n'était pas à prendre avec des pincettes. Elle avait été la fiancée de son ami Argenteus, mais Janis ne l'avait jamais aimée : il était jaloux de l'amour qu'Argenteus lui portait.

Janis observa un instant la fiche de Somnia. Son pouvoir télépathique n'avait pas son égal. La dernière fois que Janis l'avait vue, c'était en Allemagne, après qu'ils avaient été réveillés tous les deux par le professeur Werner de leur sommeil millénaire : le corps de la prêtresse n'avait pas supporté cette léthargie et avait commencé à se dégrader progressivement. Intérieurement, Janis espérait qu'elle fut morte.

Sur la liste, il y avait un point d'interrogation sur Argenteus. Lui et Janis avaient été de grands amis à la fidélité inébranlable, ou presque. Argenteus avait été réveillé bien plus tard que Janis et avait pratiquement disparu aussitôt. Malgré toutes ses recherches, l'espion devait bien admettre que l'Atlante s'était évanoui dans la nature. Mort ou vivant ?

Il y avait bien sûr la fiche de Jeanne «Sententia». Elle et sa sœur Facetia avaient été réveillées en même temps que Janis et Somnia.

Facetia… Janis aurait préféré ne plus rien ressentir pour elle, car ses sentiments miroitaient sur Jeanne, qu'il se sentait le devoir de protéger. Non ! Il se sentait le devoir de protéger son enfant. Il ne l'expliquait pas il ressentait cela comme une décision instinctive. Oui, c'est ça, une décision ! Et jamais en plus il ne trahissait son instinct. Après tout, il ne s'agit pas de sentiments ! Janis voulait rejeter toute notion sentimentale : il ne devait pas se laisser émouvoir, car sinon son plan en pâtirait. Si son instinct lui disait de sauver le bébé de Jeanne, alors cela devait être fait. Mais aucune émotion ne devait intervenir.

Janis soupira et ses yeux tombèrent sur un autre nom. Onyx… Le général Norman, cet imbécile patenté, avait voulu s'en prendre à elle ! S'il avait pris le temps de lire correctement la fiche, il aurait vu qu'il s'agissait de la métamorphe Mystique, bras droit du terroriste Magnéto. On ne s'attaque pas à des individus pareils sans en mesurer les conséquences !

D'un geste vif, il rassembla les fiches et se rendit soudain compte qu'il en manquait une. Il n'en avait que huit en main. Il les recompta, plusieurs fois. Il inspecta le sol, chaque recoin de son bureau. Il ouvrit ses tiroirs, souleva des classeurs. La neuvième fiche demeura introuvable.

On frappa. Il se redressa lentement, le visage parcouru de légers spasmes nerveux.

«Entrez.»

Edward Ecker ouvrit la porte en grand. Son air plein d'entrain s'évanouit quand il vit que Janis lui tournait le dos.

«Chef ? Vous avez un problème ?

- Ed…»

Janis se retourna. Ecker eut un recul de dégoût en découvrant son visage : son chef transpirait une monstruosité répugnante.

«Ed, peux-tu me dire si quelqu'un a pénétré dans mon bureau ?»

Ecker fit un signe négatif, ce qui fit tomber Janis sur sa chaise. Comment s'étonner qu'il y ait des fuites dans son propre bureau avec un assistant aussi incompétent ! Janis crut qu'il allait faire un meurtre. Mais il préféra se contenir : «Tu venais me voir pourquoi, Ed ?

- Pour ça, chef ! –Ecker présenta des feuilles de résultats scientifiques- Les quelques tests qui ont été faits sur la mutante Sententia ont permis d'aboutir à plusieurs conclusions… heu… Tenez, voyez vous-même.»

Mais Janis fit un geste de la main pour refuser et l'engager à poursuivre.

«Voilà … Les scientifiques aimeraient débuter les expériences pour la création de «mutés». Ils estiment en savoir déjà suffisamment assez sur l'ADN de Sententia… Ils veulent votre accord. Le général Norman, qui est passé au centre ce matin, vous laisse toute latitude pour décider.

- Ah, oui ? Et bien, que les scientifiques s'amusent à jouer à Frankenstein. Moi, j'ai d'autres chats à fouetter…»

Une telle complaisance de la part de Norman à son égard était suspecte. En fait, Janis était persuadé que c'était le général qui avait volé la neuvième fiche.

********************

«Kitty Pride» veillait Kurt endormi à l'infirmerie. Le jeune Allemand se rétablissait plutôt bien et rapidement, même si son esprit n'était pas vraiment sauf. Ses cauchemars ne faiblissaient pas, mais il n'avait plus jamais eu de crises comme la dernière fois. Néanmoins l'intensité restait forte et le fatiguait considérablement. Il passait presque toutes ses journées à dormir, se réveillant toujours un peu plus épuisé après un cauchemar.

Kitty «Mystique» se passa une main dans les cheveux. Elle-même avait des nuits de plus en plus épouvantables. Mais, soit elle était plus forte soit plus expérimentée que son fils, elle réussissait plus facilement à échapper à ses songes horrifiants. La seule chose qui continuait à la tourmenter était Malicia se changeant en Löwenberg. Cette image hantait la mutante qui se refusait à admettre l'évidence.

Elle croisa et décroisa les doigts puis souffla de fatigue. Kurt remua alors la tête et ouvrit lentement les yeux. Il cligna plusieurs fois des paupières avant de voir clair. Son cou lui faisait mal, mais il constata avec soulagement qu'il pouvait le bouger et qu'on lui avait retiré la minerve. Il n'avait plus de bandages à la tête, mais une grosse bosse y demeurait. Seul son bras était encore immobilisé par une attelle. Enfin, il n'était plus sous perfusion.

«Hé ! Hello Kurt !»

Tournant précautionneusement la tête sur le côté, il sourit à la jeune fille qui le veillait.

«Guten Tag, Kätzchen ! [=Bonjour, chaton !] Toujours là ?»

Appuyant sur un bouton, elle fit se lever la tête du lit pour que Kurt soit à peu près assis. Elle prit ensuite sur elle un plateau-repas.

«Cela ne te plaît pas que je sois toujours là ?

- Was ? Bien sûr que si ! Vous êtes tous si gentils avec moi. Mais j'aime particulièrement quand toi, tu es là.»

Mystique se donna mentalement une claque. Elle n'aimait pas trop cette relation ambiguë entre elle et son fils. Elle jouait le jeu de la métamorphose aussi bien que d'habitude et Diablo croyait sincèrement avoir affaire à Kitty Pride. Seulement Mystique ignorait quels pouvaient être les rapports entre son fils et Shadowcat, et elle aurait dû se méfier un peu plus.

«Heu… Tiens, dit-elle en piochant dans la nourriture et en lui tendant la fourchette. Tornade m'a laissé ce plateau pour que tu manges un peu…

- Ooh ! Kitty ! gémit Kurt. Je ne crois pas que je vais pouvoir manger.

- Fais un effort. Tu sais, c'est seulement pour ton bien.

- Oh, ok ! Si tu insistes.»

Elle put lui mettre la fourchette dans la bouche et continua à l'aider car il n'avait pas encore assez de force pour tenir quoi que ce soit. Elle crut alors distinguer une lueur de malice dans les yeux de son fils. Il la faisait marcher et elle courait ! Il avait voulu qu'elle le prie pour qu'il mange ! Si elle n'y prenait pas garde, cette taquinerie allait se transformer en flirt entre deux adolescents ! Elle n'osait imaginer la tête de la vraie Kitty Pride si jamais Kurt développait de réels sentiments envers elle et décidait de lui faire une cour ouverte !

Soudain, il ne put avaler et eut un haut-le-cœur. Mystique déposa rapidement le plateau sur le chevet.

«Kurt ! Ca ne va pas ?»

Il regardait fixement devant lui comme s'il voyait des choses invisibles sur le mur d'en face.

«Kitty ! Oh, Kitty ! Dis-moi que tu vois bien quelque chose comme moi ?

- Mais voir quoi ?!»

Il passa sa main valide devant ses yeux. Sa tête retomba lourdement sur l'oreiller et il murmura : «Rien… Il n'y a rien à voir…

- Heu… Veux-tu encore manger ? –Il secoua négativement la tête- Bon, ben… je vais rabaisser ton lit. Repose-toi, tu en as besoin…

- Kitty… Crois-tu que je deviens fou ?»

Mystique se mordit les lèvres. Pendant un instant, elle fut fortement tenter de prendre sa forme réelle, de le réconforter comme une mère et non plus comme une fausse petite amie.

«Bien sûr que non ! Allez, dors. Je te laisse.»

Il la rattrapa par le poignet : «Nein ! Reste ! Bitte ! [=S'il te plaît !]» Il avait un pauvre sourire suppliant en disant cela. Elle se rassit et pour le réconforter elle lui passa une main sur le front. Il était chaud. Elle fit la grimace, mais devant l'air ravi de son fils, son cœur fondit tout seul.

«Danke ! [=Merci !] Peux-tu rester avec moi jusqu'à ce que je m'endorme ?»

Mystique sourit pour l'en assurer et lui prit la main. Très rapidement, il s'abandonna au sommeil, un fin sourire sur les lèvres. Sa mère reprit alors sa forme naturelle. A ce moment elle aurait donné n'importe quoi pour avoir eu la force de lui avouer la vérité. Elle garda encore un peu sa main dans la sienne, puis d'un doigt elle traça une de ses scarifications sur son visage. Il se détendit complètement sous cette caresse.

Quelques minutes plus tard, elle se leva et sortit de la chambre. Perdue dans ses pensées, elle sursauta violemment quand, ouvrant la porte de l'infirmerie, elle tomba nez à nez avec Charles Xavier.

********************

Discrètement, Janis regarda le rapport d'analyse que lui avait donné Ecker. Hormis leur caractère mutant qui pouvait passer pour une altération aux yeux des gens normaux, les cellules de Jeanne étaient parfaites. Elles avaient fourni un ADN sans aucun défaut génétique.

L'espion rangea le dossier dans la petite mallette noire où il mettait également la liste «Mutati». Comme s'il espérait trouver toujours les neuf fiches de la liste, il les recompta, mais elles n'étaient encore que huit. Contrôlant difficilement les tremblements de ses mains, Janis observa la pièce suspicieusement. Ses yeux tombèrent sur la poupée de Jeanne, Sally, qu'il avait ramassé machinalement dans la chambre de la mutante la nuit où il l'avait enlevée [cf chap 5]. La poupée trônait sur une chaise à droite de son bureau.

Avec un cri de rage, Janis l'attrapa d'une main et la propulsa contre le mur. Il retomba sur sa chaise, la tête entre ses poings. Se peut-il que ce soit le général Norman qui lui ait volé la neuvième fiche ? Par Saturne, ce serait bien dans son genre !

Janis souffla d'exaspération en se détendant contre le dossier de sa chaise. Observant la poupée échouée au sol, il réussit à se calmer, à redevenir digne de lui-même.

Se levant, il ramassa Sally et sortit avec, prenant bien soin d'emporter avec lui la mallette noire. Tout en marchant dans les couloirs, il ne comprenait toujours pas comment Norman avait pu lui voler cette foutue fiche, alors même qu'il ne se séparait jamais de sa mallette. Les seules fois qu'il ne l'avait pas portée lui-même, ç'avait été …

Ecker vint brusquement à sa rencontre.

«Chef ! Le général Norman veut vous voir !»

Janis ignora son collègue et continua son chemin jusqu'au bloc des cellules. Un hurlement se fit entendre. Quelques instants plus tard, Janis, Ecker sur ses talons, croisait deux infirmiers ramenant un plateau de soin avec eux. Ils saluèrent les agents de la CIA avec une révérence exagérée. Peu après, Janis et Ecker stoppaient devant la porte vitrée de la cellule de Jeanne.

La jeune fille s'était recroquevillait sous son lit, les jambes rentrées contre son torse, sa longue queue enroulée sur elle-même. Pleurant à chaudes larmes, elle ne cessait de se passer les mains sur son crâne rasé.

«Jeanne !»

Elle entendit et elle redoubla ses sanglots.

«Jeanne ! répéta Janis. Je dois t'annoncer que tu vas être transférée dans un autre service…

- Pourquoi ? demanda-t-elle d'une voix rauque.

- Pour certaines raisons auxquelles tu ne comprendrais rien. On viendra te chercher demain…

- Non ! Je voulais savoir pourquoi vous m'injecter un sérum tous les jours ! Qu'est-ce que c'est ?

- Ton crétin de père adoptif t'a fait injecter pendant des années une drogue qui empêchait tes gênes mutants d'être actifs. Cela parce qu'il avait trop peur qu'un jour tu n'uses de tes pouvoirs contre lui. Puis, il t'a fait boire le substitut de ce sérum, une potion inhibitrice appelée l'inhib4. Tu es, en somme, une droguée de longue date. Et nous sommes donc obligés de t'injecter un équivalent de ces inhibiteurs pour éviter que tu nous fasses une crise de manque.

- Une quoi ?

- Une crise de manque ! Comme les drogués à l'héroïne, par exemple, qui ne supportent pas de ne plus avoir de drogue. Ils ont alors un manque.

- Mais pour… pour mon bébé … il n'y a…

- Pas de risques ? Pas avec ce que l'on te donne. J'en viens alors à ce que je voulais te dire. Demain, on va t'emmener. Je me suis chargé personnellement de te trouver un médecin pour s'occuper de toi jusqu'à la naissance de l'enfant.

- Et… après ?»

Jeanne était à moitié sortie de sous le lit. Janis ignora totalement sa question. Vif comme l'éclair, il ouvrit la porte de la cellule, balança la poupée à la tête de la jeune fille et referma la porte. Puis, affichant une indifférence superbe, il tourna les talons et s'éloigna.

Poursuivi par les imprécations de Jeanne, Janis s'apprêtait à quitter l'endroit lorsqu'il fut attiré par une cellule à laquelle on avait récemment posé une porte blindée. La curiosité l'emportant, Janis fit coulisser le judas et regarda à l'intérieur.

«Chef ! s'exclama Ecker. Le temps presse. Le général Norman veut vous voir séance tenante.»

La cellule était très sombre, sans aucun mobilier, pas de lit ni même une paillasse. Janis réussit à distinguer une imposante forme tassée dans un coin, mi-homme, mi-bête et totalement nue. La respiration de l'être était forte. C'était celle d'un aliéné en proie au délire. Ou alors celle d'un animal sauvage aux abois.

«Monsieur ! reprit Ecker.»

Janis nota mentalement le numéro de la porte, M11. Puis, il suivit Ecker jusqu'au bureau du général Norman.

********************

«Mystique ! C'est vraiment une surprise de vous trouver ici !

- Ne jouez pas au plus fin, professeur, répondit la métamorphe, l'air mauvais. Vous saviez très bien que j'étais ici !

- En effet, je le savais. Mais, il faut dire aussi que votre astuce pour approcher votre fils sans qu'il vous reconnaisse n'est pas très habile !

- Taisez-vous ! Cela vous va bien de jouer les donneurs de leçon et de morale, mais pas avec moi !»

D'un geste brusque, elle repoussa sur le côté le fauteuil roulant du professeur pour pouvoir passer. Elle courut aux longs escaliers et, quittant les sous-sols de l'infirmerie et de l'équipement, atteignit le rez-de-chaussée, essoufflée. Avec stupeur, elle se trouva face à Xavier.

«Il faudra que je vous montre les ascenseurs, dit Charles. Venez… J'ai un thé prêt dans mon bureau. Si vous voulez bien le boire avec moi.»

Cinq minutes plus tard, Mystique était assise face au professeur, dans un large siège victorien. La coupelle d'une tasse de thé dans la main, elle touillait machinalement une tranche de citron dans le sombre breuvage. Mais elle y trempa à peine ses lèvres. Le thé, ce n'était vraiment pas sa tasse de thé ! [n/a : jeu de mot facile, je sais !]

Elle reposa, gênée, la tasse sur la petite table basse.

«Alors ? De quoi vouliez-vous que nous parlions ? Je vous préviens, je ne veux rien entendre au sujet de Kurt ou de nos soi-disant cauchemars communs…

- Pas «soi-disant», Mystique ! Je suis persuadé qu'il y a un lien entre les mauvais rêves de Diablo et les vôtres, ainsi qu'avec une certaine personne de mon école.

- Ah, oui ?… Et qui ?

- Vous connaissez la réponse à cette question.» [n/a : et vous aussi, amis lecteurs attentifs !]

Elle fit mine de se lever, furieuse.

«Je vous en prie, ne partez pas ! Je m'excuse pour ma brusquerie ! Mais il faudra bien qu'un jour vous acceptiez plusieurs évidences…

- A partir de maintenant, je resterai sourde à tout ce que vous pourrez dire là-dessus.»

Xavier souffla silencieusement d'exaspération : «Bien… En réalité, je voulais notamment vous parler d'autre chose… J'aurai besoin d'avoir plusieurs informations sur le sénateur Kelly.»

Mystique, qui s'était rassise de mauvaise grâce, le regarda avec des yeux ronds : «Kelly ?! Mais pourquoi ?

- Plus précisément, j'ai besoin de renseignements au sujet de ses relations avec la CIA. Vous avez interprété son rôle pendant quelques temps, peut-être avez-vous appris quelques choses… Pour tout vous dire, je recherche des informations sur un agent de l'Intelligence Agency qui a enlevé récemment une jeune mutante. J'ai supposé que Kelly l'avait connu. Je pense que cet agent a dû travailler pendant un temps pour le compte de Stryker…

- Pourquoi pensez-vous cela ?

- Parce qu'il a conçu de nouveaux robots-sentinelles, dont les plans originaux, effectués par le Dr Bolivar Trask, étaient détenus par Stryker. Alors soit cet espion de la CIA a volé ces plans, soit le général les lui a fournis. Dans les deux cas, il n'a pu qu'être en relation avec Stryker.

- Bien, me direz-vous son nom ?

- William Carl Janis.»

Cela sembla faire à Mystique l'effet d'un fer chauffé à blanc. La tasse qu'elle avait reprise pour se donner une contenance éclata au sol. La peau de la mutante n'ayant été bleue, le professeur aurait juré de l'avoir vu pâlir.

«Ne vous approchez pas de cet homme, murmura Mystique d'une voix blanche. Ou il vous en coûtera, professeur…»

Elle quitta rapidement la pièce avant même que Xavier n'ait eu le temps de la rappeler. Ce dernier reposa sa propre tasse sur son service à thé anglais. Il fixa un instant à terre les débris éparpillés, puis se dirigea vers la fenêtre.

Dehors, le soir commençait à tomber. L'hiver approchant, les jours raccourcissaient et se peignaient de gris. Cela semblait, hélas, déteindre sur l'humeur de tout le monde.

Charles Xavier repensa à sa journée. Il avait rejoint Tornade à l'infirmerie, où il avait constitué un garde-fou mental dans l'esprit de Kurt pour le protéger contre une nouvelle crise aiguë. Il avait fait de même à Malicia pendant un cours de physique qu'il dispensait à ses élèves : la jeune fille souffrait en silence presque autant que Diablo, mais semblait avoir échappé aux excès cauchemardesques contrairement à Kurt. Le professeur avait déjà remarqué qu'elle était mentalement très forte. Une adaptation sans doute à son pouvoir autodestructeur. Il fallait être fort pour supporter une telle aliénation.

Enfin, Xavier venait tout juste de renouveler l'opération sur l'esprit de Mystique. Cela avait été plus délicat car la mutante se méfiait de lui. Mais il avait tout de même réussi. Il se surprit à prier pour que ces barrières mentales «tiennent». Mais qui pries-tu, mon ami ? Quel Dieu auquel tu ne croies pas ?

La fatigue et le doute le menaçaient, il le sentait. Mais il se sentait las de toujours combattre ses mêmes démons intérieurs. Epuisé, mentalement.

Un mouvement furtif dans le parc le fit scruter le dehors par sa fenêtre. Il avait cru voir une ombre se faufiler de buisson à buisson. Mais quand il chercha par la pensée un quelconque intrus, ce dernier, quel qu'il soit, disparut, comme s'il s'était dissolu dans l'air.

********************

Un peu plus tôt dans l'après-midi, Janis entrait dans le bureau du général Norman, avec son allure toujours aussi élégante et décontractée. Seul son éternel sourire avait finalement disparu de son visage. Le général remarqua aussitôt ce petit changement, ce qui eut pour effet d'agrandir son propre sourire. Le militaire était satisfait de lui-même et enchanté de la mission qu'il allait confier à Janis.

«Asseyez-vous, mon cher, minauda Norman.»

Mais l'espion resta debout, aussi inébranlable qu'un titan antique. Norman se fit alors l'étrange réflexion que, sous ses dehors raffinés, Janis était véritablement monstrueux. Le général sentit sa confiance en lui s'amenuiser. Mais son assurance refit surface quand il observa un instant une feuille négligemment posée sur son bureau. Janis suivit son regard et tout son corps se raidit, ce qui ravit le général.

«Vous êtes sûr de ne pas vouloir vous asseoir. Vous semblez en avoir besoin, ajouta Norman en contemplant la pâleur de son vis-à-vis.

- Je préfère rester debout, général. Venez-en aux faits.»

Le militaire rigola intérieurement Janis ne s'avouerait jamais vaincu et pourtant il l'était. Pas tout à fait mat, mais échec sans aucun doute.

«Voyez ceci, déclara Norman en brandissant la feuille. Il s'agit de la fiche signalétique d'un mutant de la liste «Mutati».

- Oui, je sais, car depuis ce matin je n'avais plus que huit noms dans ma liste. Ce que j'ignorais était que vous vous abaisseriez à voler une misérable fiche.

- Oh, mais, moi, je ne vous ai rien volé. Quelqu'un m'a gracieusement apporté cette fiche. Vous avez vos espions et moi j'ai mes agents doubles. Mais je vais vous faire une faveur : si vous faites un léger effort d'imagination, vous découvrirez tout de suite qui vous a trahi…»

Un fin frémissement de la lèvre supérieure de l'espion fit percevoir à Norman que Janis avait compris d'où venait la traîtrise.

«J'ai obtenu l'accord de vos supérieurs, Janis, pour vous envoyer en mission. Vous vous envolez dès ce soir vers l'Europe. Ce mutant, continua le général en montrant la fiche, se cache en Italie du Nord, dans la région de Florence. Je veux que vous me le rameniez.

- Les résultats obtenus avec Jeanne ne vous satisfont pas ?

- Janis… Quand vous avez dérobé la liste «Mutati» à l'indic allemand Otto Schein [cf chap 3], vous vous êtes alloué sans autorisation la prérogative d'examiner cette liste. Or, quand vous me l'avez remise entre les mains, vous m'avez à peine laissé le temps d'examiner ces fiches. Et vous m'avez tout de suite conseiller de prendre la mutante dénommée Sententia, prétendant que tous les autres étaient trop organisés ! Mais vous avez omis de dire que ce mutant –Norman pointa du doigt sur la neuvième fiche- était aussi facile à attraper que Sententia car seul... Je ne doute plus maintenant que vous l'ayez choisie par sentimentalisme envers sa sœur, pour laquelle vous avez avoué avoir eu des sentiments profonds. Votre comportement vis-à-vis de cette fille pousse même à se demander si ce n'est pas vous qui lui avez fait un enfant, afin de la soustraire aux examens médicaux !

- Norman, si vous dites un mot de plus, je…

- Taisez-vous, Janis ! Vous n'avez plus droit au chapitre dans cette affaire ! Je veux donc que vous me capturiez ce mutant italien pour qu'il subisse les expériences que nous n'avons pu faire sur Sententia ! Suis-je suffisamment clair pour vous ?

- …

- Bien, vous voilà raisonnable… Vous pouvez disposer. Le lieutenant Jefferson viendra vous chercher dans une heure dans votre bureau. Je vous rends votre précieuse neuvième fiche…»

Janis la prit d'une main qu'il voulait ferme. A cet instant, il faisait un effort considérable pour contrôler son envie de terrasser le général Norman d'un simple froncement de sourcils.

«Vous voulez que je capture Vastare, alias Wade Wilson ?! Premièrement, il n'est pas en Italie, mais au Canada…

- Erreur, Janis. Il est désormais en Italie, je le sais de source sûre.

- Mais ce type est un danger public !!

- Certes, mais son pouvoir n'est qu'un simple facteur auto-guérissant. Stryker a bien réussi à capturer le mutant Wolverine !

- Il se trouve que ce Wolverine était consentant à l'époque…

- Janis, mon ami, manqueriez-vous de cran ? Je mets à votre disposition deux unités de combat pour maîtriser cet individu… Et je vous assure que vous n'avez pas à avoir peur de ce type… N'avez-vous pas remarqué cette nouvelle cellule ?

- Si, le mutant M11.

- Il ne fait pas partie de la liste «Mutati», mas il me fallait un mutant «ordinaire» pour les expériences. Jusqu'à maintenant, on me refusait l'autorisation d'en enlever un, mais j'ai obtenu gain de cause. Il s'agit du dénommé Victor Creed, un monstre humain coriace qui faisait parti des terroristes mutants lors de l'attaque de la Statue de la Liberté. Vous souvenez-vous ?… Enfin, je peux vous assurer que Wade «Vastare» Wilson vous causera moins de soucis que ce Creed envers nous… Maintenant, sortez.»

Janis pivota lentement sur lui-même, le visage aussi froid que celui d'un croque-mort, mais bouillant d'une rage à peine retenue. Sortant du bureau, il se retrouva avec son assistant Ecker, qui l'avait attendu pendant l'entretient avec le général. Janis contempla son sous-fifre avec un sourire grinçant, qui fit perler des gouttes de sueur sur le front d'Ecker.

«Ed, dit d'un ton très bas Janis. A mon retour d'Europe, tâche de t'être trouver une excellente cachette. Je te le conseille, si tu ne veux pas qu'on reparle en tête-à-tête d'une certaine fiche dérobée mystérieusement dans mon bureau. Et ce alors même que tu prétends que personne n'y est entré … Et ne cherche pas appui auprès de Norman, car c'est lui qui t'a vendu auprès de moi. Et ne cherche pas non plus à éventer mon petit secret, si tu ne veux pas que je révèle ta vraie nature aux autorités. Elles rêvent d'un nouveau mutant pour leurs expériences scientifiques.»

Ecker s'étrangla avec sa propre salive tandis qu'un éclair doré meurtrier resplendissait dans les yeux de glace de Janis.

********************

Quittant un Edward Ecker traumatisé, une enveloppe invisible se laissa porter au gré des courants d'air, avant de quitter la base scientifique de l'Armée US pour se retrouver dans le vent du dehors. Manœuvrant comme un oiseau son déplacement dans le ciel, cette enveloppe impalpable descendit bientôt en piquet sur le Comté de Westchester. Après plusieurs virages hésitants, elle atteignit Salem Center et suivit le long tracé de Graymalkin Lane dans la forêt, jusqu'au Manoir Xavier.

S'infiltrant par les plus petits interstices de la demeure, l'enveloppe visita l'école sans se faire repérer : sa texture incorporelle dénuée de température animale ne se faisait pas remarquer par les multiples détecteurs d'intrus.

Elle se colla à Logan en premier lieu, mais ce dernier sembla un instant la remarquer grâce à son odorat extrêmement développé. L'enveloppe préféra passer à Cyclope, qu'elle abandonna bien vite aussi, le jeune homme passant son temps à se lamenter dans sa chambre. Avec plaisir, elle passa d'une élève à l'autre, de Jubilé à Shadowcat. Mais le contact avec la peau de Malicia lui fit l'effet d'une brûlure et elle s'enfuit vivement loin de la jeune mutante.

C'est alors qu'elle tomba sur Mystique surgissant d'un escalier. Elle la suivit dans le bureau du professeur Xavier, où elle apprit des choses passionnantes. Se collant à Mystique, elle ressortit du bureau, puis se détacha de la mutante pour aller dans le parc.

Le soir tombait, créant de bénéfiques zones d'ombre où se cacher. Choisissant un buisson volumineux, l'enveloppe se matérialisa pour devenir Invisus, prototype mutant inégalé de l'homme invisible. Agrippant un téléphone portable, il composa l'habituel numéro vers l'Angleterre. Comme d'habitude, ce fut Flammula qui répondit : «InvisibleMan, quelles nouvelles ?»

Invisus pesta intérieurement de s'entendre appelé InvisibleMan.

«Ecker est un admirable porteur. Ni lui ni Janis n'ont jusqu'à maintenant soupçonné ma présence… Janis a été convié à un entretient avec le général Norman, mais je n'ai pas pu entendre. Par contre, j'ai compris que Janis était envoyé en Europe dès ce soir et il en a profité pour proférer des menaces envers Ecker quand il reviendrait. Ecker semble lui avoir fait je ne sais quelle crasse que Janis n'encaisse pas… Bref, Janis absent au moins cette nuit, ce qui devrait faciliter l'opération. En outre, on n'a pas le choix, car Sententia est transférée demain dans un autre service. Si on veut la sauver, c'est cette nuit ou jamais.

- Excellent ! A l'heure qu'il est, tes renforts ont atterri aux Etats-Unis. Où es-tu en ce moment ?

- Au manoir Xavier encore. L'école sera le refuge idéal pour Sententia. Elle retrouvera en plus une vieille connaissance, car j'y ai vu Onyx ! Elle a bien grandi !

- Sans blague !… Dépêche-toi pour ne pas louper le rendez-vous. Ils ont besoin de toi pour se repérer dans la base scientifique.

- Lumina est parmi eux ? Ses pouvoirs d'illusion seraient utiles.

- Oui, je t'ai même envoyé deux télépathes…»

Au même instant, un homme désemparé quittait sa chambre pour aller s'aérer l'esprit dans le parc du manoir. Scott Summers était plus dépressif que jamais, se dépréciant un peu plus chaque jour. Il se trouvait incompétent et inapte, avec le sentiment d'être un boulet pour ses compagnons. Ses nuits en étaient perturbées, tant il ressassait les souvenirs de Jean Grey et son récent échec cuisant pour sauver Jean Turner. Tu es une loque, mon pauvre ami. Même plus digne du souvenir de ta fiancée…

Soudain, sa vision «infrarouge» lui permit de découvrir un intrus dissimulé derrière un buisson. Il s'approcha le plus silencieusement possible. L'homme était plié sur lui-même et murmurait dans un téléphone, usant d'une langue qui sembla à Scott être du latin.

Tandis qu'il se rapprochait de l'intrus, Cyclope marcha malencontreusement sur une brindille sèche, dont le bruit eut l'effet d'un détonateur. L'homme se retourna sous la stupeur et disparut presque aussitôt. Complètement et bel et bien. Ni Scott ni le professeur, qui regardait dehors de son bureau, n'auraient pu le définir autrement : l'homme s'était simplement évanoui dans l'air.

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Allez, ceux connaissent les comics doivent savoir qui sont Victor Creed et Wade Wilson ! Non ? Si vous n'avez pas deviné, je vous le dirai la prochaine fois…