Hello !

Hein ? Que dites-vous ? Que ça fait un mois que je n'ai pas mis à jour ? Ooh ! Tant que ça ?! Désolée… - A vrai dire, je me suis concentrée un moment sur mon autre fic et… Hein ? Ah, ce n'est pas une excuse ? Bon, ok ! Je ne le referai plus !

Reviews :

Loo-Felagund : Merci, merci !! J'espère que la mise en bouche du précédent chapitre ne sera pas déçue ! Et désolée pour le retard ! Vraiment !… A part ça, tu te souviens de la petite scène qu'on a peaufinée sur Malicia ? Je la repousse un peu aux calendes grecques, mais t'inquiète pas elle est prévue !

Diablo-Satoshi : Merci ! voilà la suite ! (oui, je sais, avec du retard) Je vous donne un peu plus de détails sur la libération de Jeanne !

Matteic : Tu es si perdue que ça dans les personnages ? Bon, au prochain chapitre, je vous les récapitulerai tous ! Allez, bonne chance pour la fac !… Au fait, (je me répète à nouveau) si tu veux que j'écrives des avis sur fanart.com, dits-moi comment faire !

Titedauphine : Et ton histoire alors ? Tu l'as oubliée ? Je veux la suite ! Contente que tu aimes et c'est marrant, mais je me doutais que ton moment préféré était quand Malicia touche Mystique ! -

Lyel : Oh ! Oh ! J'étais trop contente de voir que tu m'avais laissé une review ! Merci, merci ! Voici donc la suite des «aventures» ! (mais pas de Diablo à l'horizon… non ! pitié! ne crie pas !!)

Bonne Lecture !!


Chapitre 11 : Confidences

L'appareil se mit tout d'abord à tanguer. Il se penchait de gauche à droite, à la merci des fluctuations du vent. Il entendit la voix de son père résonner étrangement parmi les passagers peu à peu gagnés par la panique : «Nous traversons une zone de turbulences… Restez assis et attachez vos ceintures…»

Cela lui semblait être une immense farce. «Une zone de turbulences» ! Cela n'était rien. Les avions devaient tous passer par des zones de turbulences. Il n'y avait que les informations du 20h pour en faire des drames aériens catastrophiques aux centaines de morts, massacrés dans de gigantesques explosions. Il avait vu un film récemment, c'était Les naufragés du 747 ou quelque chose comme ça. Il s'agissait d'un avion scratché sur la mer et échoué sous l'eau, dans lequel les passagers risquaient, au choix, d'être noyés ou de mourir suffoqués. Hormis quelques morts, tout se terminait bien. Du haut de ses six ans, il avait apprécié le film et conclut que tout se finissait toujours bien dans ce genre de situations. Le tout était de ne pas paniquer.

Il regarda sa mère faire nerveusement le signe de croix, en murmurant une prière, les yeux fermés. Elle agrippa des deux mains les accoudoirs de son siège : ses os blancs semblèrent jaillirent de leurs jointures tant elle serrait fort. Les nerfs apparurent soudainement grossis d'excitation, tandis qu'une veine palpitait convulsivement à une de ses tempes.

Il aurait aimé entourer un de ses bras avec le sien, poser sa tête sur son épaule et lui dire que ce n'était rien, que ce n'était qu'une zone de turbulences parmi tant d'autres, qu'ils ne seraient pas à la une des nouvelles catastrophiques du 20h. Il aurait alors aimé qu'elle répondit à son étreinte en se détendant, puis en lui caressant les cheveux d'une main avant de le rassurer à son tour.

Mais il ne lui prit pas son bras, car il savait qu'elle allait le repousser. Son frère Alex était assis à droite de leur mère. Délicatement, ce fut lui qui lui prit le bras et elle ne le repoussa pas. Scott sentit une onde de jalousie le submerger tandis qu'il regardait sa mère et son frère enlacés, alors que lui-même restait seul et sans affection, sans que personne ne se soucia de lui.

La voix de son père résonna à nouveau : «Plusieurs avaries ont endommagé les réacteurs. Nous allons tenter de nous poser. Veuillez rester calmes…»

Se poser ?! Mais où ?

L'avion piqua violemment du nez, puis remonta brusquement avant de tomber dans un trou d'air.

Il continua à tomber inexorablement, toujours plus vite. Scott avait soudain très peur et ne résistait plus à la panique. La voix de son père s'était tue et il ne l'entendrait plus jamais.

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L'officier de garde regardait sans plus trop y faire attention les écrans de contrôle. D'une main, il jouait avec une pièce de monnaie, qu'il s'amusait à envoyer en l'air en claquant deux doigts. Face, pile, pile, face… Il se faisait de petites prédictions et perdait à chaque fois.

Soudain, il vit sur l'écran de contrôle du couloir d'entrée un militaire avancer, accompagné d'un homme et d'une femme. Il se pencha sur le micro : «Qui va là ?» Intérieurement, il sourit en s'entendant dire ça. Cela lui faisait toujours penser à un film.

«Sergent Kensiston, armée de terre, chargé de la correspondance… J'accompagne deux scientifiques au bloc M.

- Je n'ai pas de fiches les concernant.

- On m'a confié les documents nécessaires que je dois vous transmettre.»

L'officier de garde haussa les épaules et, appuyant nonchalamment sur un bouton, il ouvrit les énormes portes coulissantes. Il devait s'agir du transfert de scientifiques d'un bloc de recherche à un autre. C'était une opération quotidienne.

Les trois personnes, le dénommé Kensiston et les deux scientifiques, entrèrent et se dirigèrent vers l'officier de garde, qui les observa arriver derrière la verrière de sécurité avec un détachement superbe.

«Donnez-moi ces documents, dit-il en réprimant un bâillement.»

Il ouvrit une petite trappe. Mais au moment d'attraper les papiers, il fut saisi au poignet par Kensiston, qui était parvenu à glisser sa main dans la trappe. Avant qu'il n'ait pu réagir et comprendre ce geste, l'officier de garde vit la femme scientifique levait sa main à hauteur de visage, les doigts écartés. D'une voix rauque et basse, elle dit : «Dormez, maintenant.» Kensiston lâcha alors le poignet et l'officier s'écroula en arrière sur son siège, bouche grande ouverte et yeux clos, endormi.

Aussitôt l'homme scientifique se fonda dans l'air en une nappe invisible et s'introduisit dans la petite trappe, puis se matérialisa auprès de l'officier renversé sur son dossier de chaise.

«Tu sais, Lumina, dit-il. Tu es un remède remarquable contre les insomnies. Tu donnes l'illusion à quelqu'un qu'il dort et il s'endort réellement ! Demandez le LuminaSoporifique, en cachets ou comprimés ! A moins que ce ne soit la SoporifiqueLumina ?

- Invisus, je n'ai que faire de tes commentaires, lui rétorqua la femme.»

Invisus lui fit son plus beau sourire –auquel elle ne répondit pas–, puis fit tomber l'officier de garde à terre pour prendre sa place devant les écrans de contrôle. Entre temps, les avaient rejoints quatre autres individus aux aspects les plus louches les uns que les autres : un homme très grand et longiligne, à fourrure grise et au long museau un autre de forte carrure, peau bleu ciel et cheveux blond d'or, vêtu d'un long imperméable dissimulant des ailes une toute petite femme d'un mètre vingt, la peau laiteuse et diaphane, le visage recouvert d'un capuchon…

Invisus regarda ce petit groupe en ayant la subtile impression qu'ils n'allaient pas passer inaperçu. Lumina allait avoir du travail pour faire passer tout ce monde pour des scientifiques. Mais Invisus évita de s'inquiéter d'avantage : les pouvoirs d'illusion de Lumina étaient très puissants. C'était grâce à elle que le dernier bateau à quitter l'Atlantide avait pu se faufiler parmi les galères gréco-romaines, sans se faire remarquer. [cf prologue]

Le prétendu sergent Kensiston se métamorphosa pour reprendre sa forme initiale : celle d'un gaillard plutôt fluet, mais aux muscles noueux, la peau noir charbon et recouverte d'écailles luisantes. Ses yeux jaunes sans pupille interrogèrent Invisus : «Comment ça se présente, InvisbleMan ?»

Invisus soupira bruyamment d'exaspération avant de répondre : «Mal. Il y a des gardes et des militaires à chaque coin de couloir. Sans compter les innombrables scientifiques. Mais en associant nos pouvoirs, on devrait pouvoir passer… Je propose de mettre devant Lumina et les télépathes. Ils pourraient nous ouvrir une voie sans que personne ne nous remarque.

- Ou vous servir de bouclier, précisa Lumina.

- A toi de voir après tout ! Mais ce que je dis, c'est une question de logique.

- Tu viens avec nous. Laissons l'Oiseau ici. Avec ses ailes, il nous encombrerait dans ce bâtiment. Toi, par contre, Invisus, tu connais cet endroit, alors guide-nous.»

L'Oiseau, plus communément appelé Angelus, remplaça Invisus devant les écrans, tandis que l'homme invisible s'exécutait sous l'injonction de Lumina.

Ils se retrouvèrent tous bientôt à déambuler dans les couloirs du Centre de recherche de l'US Army, la plus grande base scientifique secrète au monde. Invisus marchait devant, plutôt mal à l'aise il aurait préféré se rendre invisible, car visible il se sentait nu et démuni. Derrière lui, suivaient Lumina et les deux télépathes, la petite femme encapuchonnée et un homme maigre à mine patibulaire. Régulièrement l'un d'eux joignait par la pensée Angelus, qui, les yeux rivés sur les écrans de contrôle, les informait sur les gens en mouvement autour d'eux. Quand le groupe croisait quelqu'un, Lumina créait un champ d'illusion qui les «déguisait en scientifiques normaux». Parfois, pour forcer le passage auprès d'un militaire trop pointilleux, un des télépathes influait sur son esprit pour le rendre coopératif.

Enfin, ils débouchèrent devant le bloc M proprement dit, et plus précisément devant le complexe des cellules. Un garde armé déambulait dans le couloir. Le métamorphe se retransforma en sergent Kensiston et alla à sa rencontre, suivi des autres, «déguisés» en scientifiques.

«Nous venons chercher le sujet d'expérience M10, dit-il au garde. Les gens qui m'accompagnent sont les spécialistes qui la prendront en charge.

- Mais… Le transfert ne devait pas avoir lieu qu'au matin ?» [cf chap 09]

L'Atlante à fourrure grise stoppa devant la cellule M11.

«Et, qu'est-ce qui fait votre collègue ? dit le garde en le désignant. N'approchez pas de cette cellule, monsieur !

- Allez ouvrir la cellule M10, insista «Kensiston».

- Montrez votre ordre de mission d'abord.»

Soudain, le grand télépathe maigrelet se prit la tête à deux mains. Il haleta : «C'est Angelus… Plusieurs militaires… avec lui… Il se bat, il doit fuir…

- Que… ? commença le garde en empoignant son arme.»

Le mutant à fourrure l'empêcha de terminer son geste. Ses yeux ambrés s'illuminèrent et, levant les deux mains face à lui, il fit apparaître une onde lumineuse qui se propagea tout le long du couloir. Une lumière d'une blancheur si intense que le garde en fut pétrifié, aveuglé. Profitant de son inattention, Invisus lui envoya un direct explosif dans la mâchoire : le garde s'étala plus loin, devant la cellule M10.

«Il faut faire vite maintenant, commenta Lumina.

- Tu es très perspicace, ajouta Invisus en se massant la main.»

La femme l'ignora, ramassa les clefs attachées à la ceinture du garde et ouvrit sans tarder la cellule de Jeanne. La jeune fille, au départ effrayée, fit un large sourire en reconnaissant Lumina.

«Tu te souviens de moi ? demanda cette dernière.

- Je n'ai oublié personne.

- Alors, viens, dit Lumina en souriant à son tour. Tu n'as plus rien à craindre, Sententia.»

Affectueusement, elle couvrit les épaules de la jeune mutante avec son propre manteau, puis, la soutenant d'un bras, elle l'aida à marcher.

«Que fait-on de ce mutant dans la cellule M11 ? demanda le mutant à fourrure.»

Le métamorphe et Invisus regardèrent chacun leur tour dans le judas de la porte : un être humain à l'allure bestiale était recroquevillé dans un coin en gémissant.

«On ne fait rien, répondit la petite femme à capuchon.» Elle se tenait la tête à deux mains en réfléchissant intensément : «On ne peut plus rien faire pour lui… Son esprit est déjà détruit.»

Le petit groupe s'éloigna alors rapidement, remontant les couloirs qu'ils venaient d'emprunter. De temps en temps, Jeanne jetait un coup d'œil derrière elle, comme pour s'assurer qu'elle quittait bien ce lieu déshumanisé. Main dans la main, les deux télépathes unirent leurs esprits pour faire le vide dans la tête des gens qu'ils croisaient. Un militaire les mit en joue, mais le mutant à fourrure l'aveugla, permettant à Invisus de l'étendre par knock-out.

Ils débouchèrent enfin dans la salle aux écrans de contrôle qui semblait ravagée par un ouragan. Plusieurs militaires étaient étendus inanimés au sol. Quelques plumes blanches éparpillées témoignaient du souci qu'avait eu Angelus face à eux. Ce dernier ne tarda pas à les rejoindre, les ailes écartées et ébouriffées : «Faites vite ! cria-t-il. Il y a toute une escouade armée qui se déploie autour du bâtiment !

- Prends Sententia dans tes bras ! lui dit Lumina. Emmène Sensa avec toi aussi et va au Manoir Xavier ! Invisus, accompagne-les !»

Angelus souleva délicatement Jeanne, qui se crispa sous l'anxiété, tandis que la petite télépathe nommée Sensa grimpait sur le dos du mutant.

«T'inquiète pas, dit Lumina à Jeanne. On t'emmène auprès des X-men. Ils prendront soin de toi.

- Et pour vous, ça va aller ? demanda Angelus.

- Oui, pas de soucis. Partez maintenant.»

L'Oiseau déploya ses ailes et s'en fut par le couloir d'entrée, déboucha au dehors et fila haut dans les nuages, en évitant les rafales de balles qui l'accompagnèrent. Redevenu une enveloppe invisible, Invisus se faufila tant bien que mal parmi ces tirs d'artillerie lourde et parvint à s'enfuir à son tour.

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Sa mère poussa Alex dans le vide. Scott vit le parachute de son frère s'ouvrir, puis il devint un petit point blanc au loin.

L'avion chutait de plus en plus vite. Un des réacteurs était en feu et une longue fumée noire s'en échappait. La traînée que laissait l'appareil dans les airs était sinistre, comme le vol de la Mort qui laisserait flotter derrière elle son long manteau de suie. Les passagers semblaient devenir fous. Plusieurs avaient déjà sauté sans même passer un parachute. Les pilotes demeuraient dans le cockpit : Scott avait encore l'espoir insensé qu'il allait bientôt entendre la voix de son père à l'interphone, annoncer qu'il reprenait l'avion en main et allait le redresser.

Sa mère l'empoigna par le bras, vérifia convulsivement si elle avait bien fixé le parachute sur son fils. Puis elle le sera subitement contre elle. Tétanisé par ce geste d'affection auquel il n'avait jamais eu droit avant, Scott sentit des larmes couler sur ses joues.

L'écartant d'elle, sa mère le poussa à son tour, sans un regard supplémentaire, dans le vide. Scott se retrouva suspendu à son parachute, et put voir l'avion s'éloigner et chuter, chuter… chuter…

Scott se réveilla en sursaut en tombant sur le sol de sa chambre. En sueur et haletant, il se passa inconsciemment la main sur l'arrière de son crâne. En atterrissant sur la terre ferme, il s'était mal réceptionné, s'emmêlant dans son parachute, et s'était ouvert la tête. Il s'était réveillé à l'hôpital après un coma interminable. Quelques temps plus tard, il avait rouvert les yeux et manqué de perforer le plafond avec un rayon optique. Sa blessure avait bloqué sa mutation naissante, désormais toujours active, sans interruption. Suite à cet accident, il avait vécu un certain temps en aveugle, jusqu'à ce que le professeur Xavier s'occupe de lui.

Scott se frotta les yeux avant de passer ses lunettes noires, puis sortit de sa chambre. Le manoir était silencieux. Il devait être 4 heures du matin et tout le monde dormait encore du sommeil du juste. Scott sursauta en voyant Kitty Pryde surgir d'un des murs, les bras tendus devant elle : la somnambule faisait son tour nocturne !

Scott descendit au rez-de-chaussée et se rendit au salon, où Benny regardait encore la télévision, zappant d'un clignement des yeux.

«Tu pourrais essayer de dormir, lui dit Scott.

- J'aimerai bien, Cyclope, répondit le garçon sans le regarder.

- Ou du moins, t'allonger.

- A vrai dire, je n'aimerai pas dormir en ce moment.

- Pourquoi ?»

Benny se décida enfin à le regarder : «Parce qu'en ce moment, vous avez tous d'horribles cauchemars.

- Comment le sais-tu ?

- Tu n'es pas le seul, Cyclope, à te lever comme ça la nuit. Depuis quelques temps, je vois beaucoup de monde descendre en pleine nuit pour prendre l'air. J'ai même vu une fois le professeur Xavier. Mais surtout Diablo, avant qu'il soit à l'infirmerie, et Malicia… A ce propos, elle est là, dans la cuisine.

- Malicia ?»

Benny acquiesça et reporta son attention sur la télé.

Scott alla à la cuisine, où il trouva Malicia avachie sur une chaise, le visage décomposé par la fatigue. Ses mèches blanches lui tombaient devant les yeux, mais cela ne semblait pas la gêner. Cyclope sortit d'un placard deux grands verres, qu'il remplit d'eau. Vidant le sien d'un trait, il posa l'autre devant la jeune fille, qui le remercia et commença à boire à petites gorgées.

«Tu veux parler ? demanda un peu gauchement Scott.

- Et toi ?»

Cette réponse donnée à brûle-pourpoint le déstabilisa un peu. Se ressaisissant, il décida de s'asseoir face à elle pour se donner une contenance.

«Je ne sais pas, finit-il par dire. T'aimerai savoir quelque chose ?

- Pourquoi t'es-tu levé ?»

Il faillit répondre que c'était parce qu'il ne dormait plus, mais 'aurait été se dérober : «Parce que j'ai fait un cauchemar assez pénible. J'ai rêvé de choses que je ne pourrai jamais oublier…» Il attrapa le pichet d'eau et se resservit. Il réfléchit un instant et continua : «Tu sais… je pense réellement que tous les pouvoirs mutants ont leur inconvénient, leur talon d'Achille. –Malicia lui lança un coup d'œil ironique, et Scott se demanda pourquoi il parlait de ça avec elle, pour qui la mutation était une véritable malédiction.– Je veux dire… Chacun d'entre nous est parfois handicapé à cause de son pouvoir.

- Scott, où veux-tu en venir ?… En ce qui me concerne, je peux te dire que c'est insupportable. Ne jamais pouvoir toucher personne… Je ne devrai peut-être pas me plaindre, après tout, auprès de toi, qui as perdu Jean. –Scott déglutit.– Mais avec Bobby, vois-tu… On est heureux ensemble, on s'aime, mais ça ne mènera jamais nul part… On ne peut pas avoir une vraie relation sans jamais pouvoir toucher la personne qu'on aime.

- Tu as parlé de ça avec le professeur…

- Oh, mais pourquoi irai-je embêter le professeur avec ça ?»

D'un coup, elle avala le restant de son verre.

«Le professeur nous a parlé de tes cauchemars répétés… Il est inquiet pour toi.

- Scott, je t'en prie ! Je ne suis pas la seule à avoir de mauvais rêves ! Toi-même tu viens de m'avouer que tu t'étais réveillé à cause de ça…

- Il pense que tes cauchemars sont liés à ceux de Kurt, la coupa-t-il. Et… également à ceux de Mystique…

- Scott, je…

- Il nous a dit aussi que Kurt est le fils de Mystique… A cela, Magnéto a révélé que Mystique avait eu deux enfants : Kurt et sa sœur jumelle, disparue.»

Malicia ne réussit pas à cacher son trouble. Elle se reversa de l'eau d'une main tremblante et dit d'une voix incertaine : «Kurt… Il ne m'a jamais rien dit à ce sujet.

- Parce qu'il ignore qu'il a une sœur jumelle. Ils ont été séparés encore bébés. Et il ignore aussi que sa mère est Mystique… Le professeur estime que ce n'est pas à nous de le lui dire, mais à elle.

- Il a raison.

- Oui, sans doute. Mais au quel cas, il faudrait que Mystique se décide à faire le premier pas et ce n'est pas gagné … Le professeur aimerait aussi que tu viennes lui parler, ou que tu te confies à quelqu'un…

- Franchement, Scott, tu as le don pour passer du coq à l'âne !

- Je n'en avais pas l'impression, figure-toi ! –A nouveau, Malicia baissa les yeux.– … As-tu parlé avec Diablo ?

- Non… C'était lui qui se confiait à moi… De toute évidence, il n'a jamais pu parler ouvertement de ses sentiments avec personne… Il m'expliquait qu'au cirque, il était apprécié de ses compagnons, qui le respectaient comme leur égal. Sa mère adoptive était très aimante avec lui… Mais il faisait peur aux autres. Son image de diable lui collait à la peau… Cependant, il savait qu'il attirait les foules aux spectacles justement parce qu'il faisait peur. Le public voulait ressentir des frissons d'adrénaline… Alors du coup, Kurt ne s'est jamais plaint auprès de sa mère… Il s'estimait heureux d'attirer les gens et de gonfler les recettes du cirque… Ajoute à cela ses opinions religieuses de pardon et d'amour et tu comprendras pourquoi il ne se plaignait pas.

- Mais il est venu te parler, à toi.

- On ne peut pas rester enfermer sur soi-même indéfiniment.

- C'est un principe que tu devrais appliquer… Mais pourquoi est-il allé vers toi ?

- Scott, si tu veux insinuer qu'il est venu vers moi parce qu'il m'a vu comme une sœur, tu te trompes gravement !

- Ok ! Ok ! Mais pense-y ! Après tout, tu es aussi une enfant adoptée !

- Merci de me le rappeler !»

Scott se passa une main dans les cheveux, honteux d'avoir gaffé : des larmes perlaient aux yeux de Malicia.

«Je suis désolé, Marie… –Elle sourit en attendant son nom.– Je suis brutal. Mais j'ai le sentiment que tu caches quelque chose à nous et à toi-même… Dis… tu savais, n'est-ce pas ? Pour Mystique ?

- Oui.»

Ce mot sembla s'être arraché de sa gorge. Elle éclata en sanglots et posa sa tête sur la table, entre ses mains. Cyclope voulut se lever et la serrer contre lui, mais il se rappela qu'elle ne pouvait être touchée. Cela lui mordit le cœur, car à cet instant elle devait rêver d'être prise dans ses bras.

Elle commença à parler : «Il me semble que je l'ai toujours su… Je la voyais déjà dans mes rêves, mais sans comprendre pourquoi… Et puis, dernièrement, je l'ai touchée sans le faire exprès… Et alors je l'ai vraiment su… J'ai lu dans son esprit que j'étais sa fille… J'ai même vu le visage de mon père…» Elle s'interrompit en pleurant de plus belle. Scott aperçut Benny qui était accouru en entendant ces pleurs : le jeune homme lui fit signe de détaller. Malicia parla à nouveau : «Je crois qu'elle ne savait pas elle-même qui j'étais… Maintenant, elle doit avoir compris elle aussi, mais elle se le cache… Et je la hais pour ça !… Pour Diablo, elle a toujours su, je crois, mais elle ne lui a jamais rien dit… Je la hais ! Je la hais !»

Faisant fi de la prudence, Scott essaya de la prendre contre lui en ne touchant que ses vêtements. Mais même ainsi, il pouvait sentir le pouvoir de la jeune fille affluer et il en ressentit un léger frisson. Il lui murmura doucement quelques mots, tentant de la réconforter. Elle se calma petit à petit.

Toujours contre le torse du jeune homme, elle lui dit : «Je crois que je t'ai empêché de terminer ta pensée tout à l'heure… Que voulais-tu dire en parlant du talon d'Achille ?»

Elle venait de se confier et lui demandait à présent de se confier à son tour. Il comprit qu'elle y voyait un échange de bons procédés pour qu'il se taise à l'avenir sur leur conversation. Acceptant ce pacte de confiance, où ils devraient se taire sur le secret de l'un et de l'autre, il parla à son tour : «En y réfléchissant, je ne pense pas que «talon d'Achille» soit une bonne image… Nos pouvoirs sont comme des malédictions, c'est sûr…

- Kurt parlerait de sacerdoce.

- Ha ! Ha ! Ouais… Heu… Je te disais que je m'étais réveillé à cause d'un cauchemar… En fait, je rêvais à l'accident qui a bouleversé ma vie dans mon enfance… J'ai survécu à un crash… Ma mère m'a mis un parachute et m'a poussé dans le vide… C'était mon père qui pilotait. Ni lui ni ma mère n'ont pu s'éjecter… Mon frère a sauté en parachute aussi, mais je n'ai jamais su ce qu'il était devenu…

»Quand j'étais petit, je me sentais comme un étranger. Mes parents n'avaient d'yeux que pour mon frère Alex. Alors, moi, au milieu, j'étais presque de trop. Et j'ai toujours cru que si un accident arrivait, ils le sauveraient lui, mais pas moi… Or, lors de ce crash, ma mère nous a sauvés tous les deux et c'est moi qu'elle a embrassé contre son cœur… Je venais de comprendre trop tard qu'elle m'aimait… Quand je me suis réveillé à l'hôpital, j'étais seul. Quelques jours plus tard, j'ai ouvert les yeux et un rayon rouge meurtrier en est sorti. A chaque fois que j'ouvrais les yeux, je perforais ce que je regardais… J'ai compris qu'en un sens, c'était le prix à payer pour avoir été aveugle trop longtemps vis-à-vis de mes parents…

- C'est horrible comme sentiment !

- Je te rassure, je ne pense plus ainsi ! Je ne suis pas superstitieux !… Mais il n'empêche que c'est troublant !

- Oui, une vraie malédiction ! Et quoique tu dises, c'est aussi ton talon d'Achille.»

Oui, sans doute… Il y réfléchirait…

Ils restèrent encore un quart d'heure l'un contre l'autre, silencieux.

Un choc contre la fenêtre les fit sursauter. Ils se levèrent aussitôt et s'approchèrent lentement. Ils sursautèrent à nouveau quand un autre caillou fut projeté contre le carreau. Cyclope ouvrit brusquement la fenêtre, prêt à tout.

Une petite forme, tapie dans les buissons, lui faisait des signes. On aurait dit un enfant. Elle voulait que Cyclope la rejoigne dehors. Ce dernier sortit de la cuisine, Malicia sur ses talons, et alla sur la terrasse.

«Scott, n'y va pas, lui dit la jeune mutante.»

Devant eux, la petite forme abaissa son capuchon, découvrant le visage rond d'une femme-enfant. Parfaitement chauve, un tatouage bizarroïde sur le crâne, elle leur souriait et ses yeux violets aux pupilles de chat resplendissaient. Sa peau d'une blancheur de lait semblait illuminée sous la lune

«Qui êtes-vous ? demanda Scott.»

La petite créature ne répondit pas, mais continua ses signes pour qu'il la suive. Cyclope, naturellement méfiant, se sentait pourtant attiré irrésistiblement. Quelque chose dans sa tête lui disait de faire confiance quelqu'un lui suppliait d'avoir confiance ! Alors, il avança et suivit la petite femme. Derrière lui, Malicia hésita un instant et fut à son tour comme poussée en avant.

La créature les conduisit jusqu'à un bosquet, où ils découvrirent deux hommes penchés sur une forme allongée à terre. L'un d'eux était ailé. Quant à l'autre, Cyclope reconnut l'homme qu'il avait déjà aperçu dans le parc avant de se coucher [cf chap 09]. Et il reconnut la forme évanouie au sol : Jean Turner !

Il se pencha aussitôt vers elle et la souleva dans ses bras. Puis, il avisa Malicia et Benny, qui les avait discrètement suivis.

«Va chercher de l'aide ! ordonna-t-il au garçon. Marie, aide-moi à la porter !»

Du regard, il chercha les trois autres personnes qui auraient dû être avec eux : au loin, il vit le mutant ailé s'envoler haut dans le ciel, la petite femme sur son dos quant à l'autre homme, il s'était encore une fois dissous dans l'air.