Ch'alut !

J'avais promis de récapituler les personnages à ce chapitre, mais ce sera au prochain (grosse crampe ou grosse flemme… Prenez l'excuse qui vous convient ! ) )

Reviews :

Titedauphine : Voici la suite !! (et bonne chance pour ton histoire !)

Matteic : Pour le bestial, je confirme dans ce chapitre ! ) Je retiens ta suggestions de dessiner mes persos. J'ai un peu commencé … Un peu de Diablo dans ce chapitre (mais un peu, hein !) Concernant ma bio, ouais, j'avoue, j'ai (légèrement) copié sur toi (mais toi-même, tu ne t'es pas inspiré de quelqu'un d'autre pour l'alphabet ?… à moins que je confonde…). Au fait, quand tu précises que ta bio est «courte», je dois le prendre pour moi ? p… Et je tiens à préciser que j'attends vivement la suite de Nocturne (en autre !).

Diablo-Satoshi : Hé ! hé ! J'espérais bien que ma petite scène entre Scott et Malicia ferait son petit effet (bon, ok, tout petit l'effet…). Et merci !

Lyel : Un peu de Diablo cette fois-ci ! Scott et Malicia : comme je disais ci-dessus, ch'uis contente que ça ait plu ! Je confirme, Angelus n'est ni plus ni moins qu'Archangel en fait, je le voyais bien en Atlante, et comme il me fallait un mutant ailé… Malicia s'appelle Marie d'Acanto (ou quelque chose comme ça… d'Aucanto peut-être…) Au fait, tu vas savoir qui est ce fameux Victor Creed ! Mais c'était pas si compliqué; je croyais que tout le monde avait deviné qui c'était !


Chapitre 12 : Crise

Le cauchemar débuta en début de matinée vers 6 ou 7h. Les premières images fut paisibles.

Vêtue d'une robe grise longue jusqu'à ses chevilles, Rose allait pieds nus dans l'herbe, en courant comme une enfant. Ses cheveux roux flottaient derrière elle comme autant de flammèches, qu'éclaboussait d'or le soleil. Le garçon regarda la jeune fille, qui avait surgi comme une apparition : il sembla à l'adolescent qu'elle appartenait à un tableau. L'image en était même très forte avec les montagnes enneigées à l'arrière-plan, les sapins noirs tout autour d'elle, comme s'ils cherchaient à l'emprisonner. Mais elle, elle courait libre comme l'air et le coin de ciel bleu dégagé, où le soleil dardait ses rayons, ne semblait n'être présent que pour elle.

Il sourit à son ange, sa petite sœur adoptive, son amie la plus fidèle, son secret amour. Non sans une pointe d'agacement, il constata que son père regardait lui aussi la jeune fille depuis la fenêtre de sa chambre : il en fut même furieux, tant il aurait voulu être le seul à contempler l'objet de sa dévotion.

Rose se baissa et cueillit quelques fleurs en fredonnant pour elle-même. Il s'imagina qu'elle chantait pour lui. C'est alors qu'en se relevant, elle l'aperçut. L'air béat qu'il affichait, appuyé mollement sur sa hache, la fit éclater de rire, ce qui fit monter le feu aux joues au garçon. Elle s'en fut vers la maison, riant toujours.

Déçu de la voir déjà rentrer, il observa un instant la porte derrière laquelle elle avait disparu. Soudain, quelqu'un le frappa du plat de la main sur l'arrière du crâne, le faisant sursauter. Se retournant, il se retrouva face à Thomas Logan.

«Gamin, lui dit ce dernier. Ton père me paie pour t'apprendre la vie. Celle des hommes du nord, des trappeurs… Alors cesse de lorgner les donzelles ! Au lieu de t'affaler comme un veau, empoigne cette hache et achève de couper le bois !

- Désolé, m'sieur Logan.

- Je te préviens… Si tu n'as pas fini à temps, tu y passeras la nuit s'il le faut !»

Au moment où dans son esprit la hache retombait avec une lenteur exaspérante, il y eut un flash et d'autres souvenirs affluèrent. De la sueur perlait sur son front.

Il avait entendu son père hurler. Le gargouillement épouvantable qui s'ensuivit aurait pu sembler grotesque et irréaliste. Cela figea Rose dans un mouvement d'horreur, blanche comme la mort et une main sur la bouche. Il monta aussitôt à l'étage. Ses sens aiguisés perçurent l'odeur âcre du sang avant même qu'il n'ouvre la porte. C'était une sensation poisseuse et collante, qui vous glace jusqu'aux os en imprégnant à jamais les vêtements.

Il pénétra dans la chambre. Le sang était là. Partout. Dégoulinant en flaques informes, éclaboussé sur les murs, les draps blancs maculés…

Il frissonna d'horreur. Son visage était trempé. Vivement, il basculait sa tête de gauche à droite pour échapper aux images.

Images de l'homme dominant le corps de son père mutilé et disloqué sur le sol. Images de la hache ensanglantée dans les mains rougies de l'homme. Ce même homme qui lui avait appris le respect de la vie de tous êtres ou animaux, indispensable à sa propre survie. Appris à savoir écouter le murmure délicat et rare d'une source d'eau porté par le vent sur des kilomètres. A savoir se fondre dans le territoire des loups et à faire accepter sa présence à ces bêtes…

Il porta son regard sur le cadavre de son père. L'homme l'avait visiblement d'abord fait tomber de son fauteuil. Or son père ne pouvait plus marcher, et ce depuis qu'un boulet de canon lui avait emporté les jambes à Sad-hill en 1863, quand il était un soldat de l'Union luttant contre les confédérés sudistes lors de la guerre de Sécession. Traînant ses moignons, il semblait avoir essayé de ramper vers la porte, dans un espoir de salut illusoire. L'homme avait dû prendre du plaisir à le voir vautré au sol impuissant, plus malhabile qu'un ver. Puis, il avait dû soulever sa hache.

Et il vit la hache se soulever aussi lentement qu'il l'avait vue s'abaisser peu auparavant.

Puis, il lui sembla que le corps de son père éclatait soudain en morceaux. Le torse semblait avoir été déchiqueté avec une violente frénésie. Le dos n'était qu'une bouillie immonde de chaires. Les bras avaient été jetés sur le lit. Dans un état second, il vit la tête de son père rouler à ses pieds en bringuebalant sur le parquet disjoint. Les yeux fixes avaient déjà cet aspect flasque qui vous pétrifie, vous donnant l'impression que le mort vous juge.

Détachant difficilement les yeux du carnage, il avait regardé l'homme, qui se tenait toujours au-dessus de ce qui restait de sa victime. Les jambes écartées, sa main droite était encore tendue sur l'arme. Dans la main gauche, il tenait quelque chose de mou et informe.

«Déjà diminué durement par la vie, dit l'homme, le voilà privé des seuls atouts virils qui lui restaient…»

Il remua dans son sommeil, tirant sur ses couvertures.

L'homme l'avait plaqué contre le mur, emprisonnant ses jambes avec les siennes, en lui tenant la tête à deux mains. Le visage effleurant le sien, il regarda l'adolescent de ses yeux de dément et il dit : «Prouve que j'ai fait de toi un homme, gamin ! Tue-moi ! Fais-le avec toute la rage et le plaisir que j'ai eu à massacrer ton père !

- Non, m'sieur Logan… Non…

- Ou alors je te jure que je tue ! Puis, je m'occuperai de ta sœur, pour en faire une femme…»

Violemment, il arracha ses draps et couvertures qui chutèrent au sol. Une voix féminine d'outre-tombe résonna dans sa tête : «James !». S'arc-boutant, il commença à haleter. Puis il se redressa d'un seul coup, poings tendus vers l'avant, tandis que ses griffes remontaient ses avant-bras à la vitesse de l'éclair et jaillissaient entre ses phalanges.

L'homme tomba en arrière, et il fut emporté dans sa chute. Il s'étala sur Thomas Logan en gardant ses griffes fichées dans le ventre de son ennemi. Logan avait les yeux révulsés et la bouche grande ouverte sous la surprise. L'adolescent, le visage crispé par la haine, bougea ses griffes dans le corps de l'homme, les tournant dans les plaies. Le sang gicla à son visage, rendant sa chemise visqueuse. Il accentua sa prise en poussant un cri d'exécration et de dégoût. Mais contrairement à ce qu'avait dit Logan, qui était déjà mort pendant qu'il le transperçait plus encore, il n'éprouva aucun plaisir à faire cela. Au contraire, il en fut malade d'écœurement.

Sa vision commença à se brouiller. Il se rendit alors compte que des griffes en os avaient surgi de ses mains, pour la première fois. Presque aussitôt, elles se rétractèrent d'elles-mêmes.

Regardant alors autour de lui, il constata qu'il n'était plus dans la chambre, mais dans une mine. Il était debout et vit un homme s'enfuir au loin dans un boyau. Devant lui se tenait Rose, qui, pressant une main tremblante sur sa poitrine ensanglantée, tomba lourdement en arrière. Il venait de la transpercer de ses griffes…

«JAMES !!!»

Wolverine ouvrit brusquement les yeux en poussant un cri d'angoisse. La respiration rapide, il regarda sa chambre de l'institut en ayant l'impression de la découvrir pour la première fois. Puis, se passant une main tremblante sur son visage, il ressentit un afflue de sang dans sa tête qui lui remit les idées en place.

[Logan ! Vous allez bien ?]

Logan… Dans son rêve, ce n'était pas lui qui s'appelait Logan… Il fit un effort pour se souvenir, mais il avait déjà tout oublié de son cauchemar.

[Tout va bien, professeur…]

[Quand vous pourrez, veuillez-nous rejoindre à l'infirmerie. Scott et Ororo sont déjà avec de moi.]

[Il est arrivé quelque chose au lutin ?]

[Pas tout à fait.]

Cette réponse à la fois laconique et évasive frustra Logan, déjà particulièrement vexé de ne plus se souvenir de son rêve, où, il en était certain, résidait la clef de ses origines. Il se leva en ronchonnant et se dirigea vers les douches. Ouvrant la porte de la salle de bain en la claquant, il fit sursauter Bobby Drake qui se trouvait à l'intérieur : le pauvre garçon fut tellement surpris qu'il en gela l'eau dans le lavabo et la figea dans le tuyau du robinet.

«Ah ! C'est malin ! vociféra Wolverine.

- Désolé, m'sieur Logan !»

Désolé, m'sieur Logan…

«M'appelle pas «m'sieur» ! Depuis quand tu prends des gants avec moi ?… Allez, l'eau, c'est pas si grave ! On demandera à Pyro de la dégeler… T'es pas un peu nerveux, toi, ce matin ?

- Bah… J'ai vu Malicia tout à l'heure… et elle m'a… comment dire ?… légèrement envoyé baladé … Je n'ai pas compris pourquoi !… Puis, elle a filé à l'infirmerie. Mais quand j'ai voulu l'y rejoindre, le professeur m'a ordonné de remonter !»

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Janis ramassa machinalement la poupée Sally à terre –tout ce qui restait de Jeanne dans sa cellule–, tandis qu'un sous-fifre quelconque lui rabâchait ce qu'il savait déjà : comment les mutants étaient rentrés, comment ils avaient mis k.o. le garde –Janis était d'ailleurs prêt à se proposer pour le réduire lui-même en bouilli–, comment ils avaient réussi à fuir… Il eut droit à tous les détails, réels ou inventés, à plusieurs versions commentées de l'événement… Plusieurs militaires eurent même l'imprudence de se vanter devant lui d'avoir hardiment combattu un homme-ptérodactyle géant Janis lança des regards tellement assassins à ces «cœurs vaillants», qu'ils s'enfuirent aussitôt vers d'autres tâches ne méritant aucun courage surfait.

En fait, Janis ignorait s'il devait rire ou pleurer. En un sens, cette évasion quasi-miraculeuse hors d'un des complexes les plus protégés au monde tenait de la tragi-comédie.

Cela donnait à Janis la satisfaction de voir le général Norman battu dans son propre terrain, tandis que lui-même triomphait en moins de 48h en Italie en capturant le redoutable Vastare [cf chap 09 et 10]. Rien que ça pourrait lui permettre d'afficher des sourires narquois face au général.

Mais –et la tragédie se révélait–, cela signifiait que lui-même, Janis, avait été dépisté ; car de toute évidence, la date de l'évasion avait été choisie parce qu'il serait absent à ce moment-là. Ce qui confirmait que toute la clique atlante aux ordres de Flammula l'avait mis à jour, alors qu'il n'avait pas encore réussi à percer leur cachette. Et pour ça, il se serait donner des baffes.

A cette malencontreuse évasion, s'ajoutaient d'autres soucis, proportionnellement plus mineures mais tout aussi frustrants. Janis venait d'apprendre que ce cher professeur Werner s'était suicidé, empêchant ainsi les sentinelles de l'intercepter [cf chap 10]. Comme c'était dommage ! Lui, au moins, aurait pu lui révéler où se trouvait cette chère Flammula et consort ! Enfin, Janis allait devoir rechercher ce traître d'Edward Ecker [cf chap 09], qui, comme de juste, avait filé. Quelle perte de temps !

Toute cette ironie sous-jacente exaspérait Janis, contraint et forcé de subir la dépression des évènements. Et maintenant, il devrait superviser le conditionnement des mutants M11, alias Victor «Dents-de-sabre» Creed, et M12, alias Wade «Vastare» Wilson. Cette corvée le minait, mais il n'était pas encore temps pour lui de voler de ses propres ailes. Il attendait un signe, qui n'était pas encore venu…

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Une dizaine de minutes plus tard, arrivé aux sous-sols, Logan se dirigea directement à la chambre de Diablo. Mais il n'y trouva que Malicia, assise au chevet de Kurt toujours endormi. Elle regarda le nouveau venu avec un visage fatigué pourvu d'horribles poches sous les yeux.

«Heu, fit Logan presque aussi fatigué qu'elle. Où sont…

- Dans la chambre d'à côté.»

Wolverine jeta un dernier coup d'œil à la jeune fille, dont la mine était complètement éteinte. L'elfe, quant à lui, avait toujours les traits tirés, mais semblait dormir calmement, pour une fois.

Il pénétra dans la pièce que lui avait indiquée Malicia. Trois paires d'yeux se tournèrent vers lui aussitôt, Scott, Tornade et le professeur.

«Désolé de mon retard, fit Logan. J'ai eu un petit souci avec les douches…

- Oui, je sais, dit calmement Xavier. Je demanderai à Pyro de nous réchauffer la plomberie. –Il désigna la forme allongée dans le lit.– Vous souvenez-vous d'elle ?»

Wolverine remarqua alors la personne alitée. Amaigrie, ses beaux cheveux rasés, assommée par le sommeil, ses deux bras reposant mollement sur les draps : Jean Turner. Lentement, Logan s'approcha du lit : «Comment… ?

- Scott et Malicia ont été attirés cette nuit au dehors par une mutante. D'après Cyclope, c'était comme si il était poussé en avant, ce qui me fait penser qu'il devait s'agir d'une télépathe. Elle les a conduit dans le parc, où ils ont alors découvert Miss Turner inconsciente dans l'herbe, veillée par deux autres mutants.

- Et qu'est-ce qui sont devenus ces mutants ?

- Ils se sont «envolés».»

Logan regarda le professeur avec l'air de quelqu'un dont on se paye la tête. Mais Xavier semblait tout à fait sérieux et de toute évidence il n'en savait pas plus lui-même. Wolverine regarda Cyclope, qui, obstinément, fixait un point extrêmement important entre ses pieds. Logan se retint pour ne pas le railler, sentant que ça aurait été déplacé.

«Le Cerebro ne vous a rien appris ?

- En toute sincérité, je ne me suis pas encore connecté au Cerebro… Scott m'a réveillé il y a une demi-heure environ… et je dois avouer que j'ai dû mal à accorder mon esprit… comme si une puissance télépathique extérieure me l'avait brouillé délibérément.»

Logan lui lança un drôle d'air de suspicion. Scott dardant toujours ses yeux sur ses pieds, Wolverine regarda Ororo, qui avait semblé elle aussi déconcertée par les paroles du professeur. Ce dernier s'était penché sur le côté de son fauteuil et, une main sur son front, se laissait aller sur un coude. Tornade lui passa affectueusement une main sur l'épaule. Logan, quant à lui, jugea qu'ils avaient tous besoin de sommeil, lui y compris.

Un gémissement leur parvint et ils regardèrent tous, Scott également, la jeune mutante allongée dans le lit.

«Hello, Jean, lui dit doucement Logan.

- Jeanne…

- Je te demande pardon ?» Elle déglutit et répéta : «Je m'appelle Jeanne…

- Ah, oui ! C'est vrai ! Pardon, j'avais oublié ! [cf chap 05]»

Elle commença à trembler. Sa bouche se crispait et ses yeux étaient agrandis.

«Jeanne, l'appela Xavier en rapprochant son fauteuil de la tête du lit. Dis-moi précisément ce que tu ressens.

- J'ai… j'ai froid… et chaud en même temps… Des frissons, partout… En fait, je ne sais pas si c'est de chaud ou de froid…»

Tornade lui passa une main sur sa joue. Elle était brûlante.

«Quoi d'autre Jeanne ? l'encouragea le professeur.

- J'ai comme l'impression que… que mon corps… réclame quelque chose…»

Etouffant un sanglot désespéré, elle ferma les yeux et posa une main sur son ventre, comme pour protéger la vie qu'il portait. Puis elle perdit connaissance.

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Malicia piqua soudain du nez, sous la fatigue, mais se réveilla dès qu'elle se sentit tomber. Elle se frotta les yeux, s'en réussir à clarifier sa vue : elle voyait trouble et ses paupières se fermaient sans arrêt. Elle aurait aimé poser sa tête à côté de celle de Kurt, mais son pouvoir l'interdisait de toucher même son frère.

Elle sourit à cette pensée qu'il lui semblait encore surréaliste. Kurt, son frère. Ils ne se ressemblaient pas, ou si peu. Même leur caractère était différent. Quoique… Ils étaient tous deux des mélancoliques et… Ah ! Oui ! Leurs papiers d'identité respectifs en faisaient tous deux des orphelins, comme le lui avait rappelé Scott cette nuit. Malicia se demanda soudain si leur père était toujours vivant. Elle se remémora le visage qu'elle avait vu dans l'esprit de Mystique en la touchant [cf chap 08] : un certain Löwenberg. Kurt lui ressemblait beaucoup. Malicia, elle, avait ses yeux. Elle essayerait de demander au professeur de le rechercher par le Cerebro.

Elle regarda la pendulette sur le chevet : 7h30. Elle se demanda ce qu'ils pouvaient tous fabriquer avec cette jeune mutante… Comment Scott avait dit qu'elle s'appelait ? Jean Turner, c'est ça… Il y avait eu des rumeurs sur cette jeune fille que Cyclope et Wolverine avaient cherchée à sauver [cf chap 04 et 05]. Elle aurait été enlevée par des militaires…

Le professeur avait demandé à Malicia de ne rien dire pour l'instant, et elle avait dû envoyer Bobby sur les roses. Mais en fait, cela l'arrangeait car elle ne se voyait pas parler. En tout cas, surtout pas comme avec Scott la nuit dernière. Elle ne savait pas trop pourquoi elle s'était confiée à Cyclope : elle n'avait jamais eu d'affinités particulières avec lui, il était du reste assez froid et d'un naturel distant… Logan avait plus l'étoffe du grand frère, malgré son caractère très variable. Scott était au contraire toujours plus calme mais il n'avait jamais pu devenir le «grand copain»… Dans le fond, c'était sans doute pour ça qu'elle s'était confiée à lui : son détachement apparent présupposait une discrétion sur n'importe quel sujet… Du moins, Malicia l'espérait…

Kurt remua légèrement et ouvrit lentement les yeux. Malicia tenta de paraître éveillée et souriante, mais peine perdue.

«Oh ! Mein Gott ! Gummi ! J'espère que tu ne me veilles pas depuis longtemps ?

- Non, non ! Je dors juste très mal, comme tu le sais… Comment m'as-tu appelée ?!»

En rougissant, la peau bleutée de Diablo prit une jolie teinte entre le rose et le violet.

«Je t'ai appelée «Gummi».

- Ca veut dire «élastique», non ?

- Heu… Il existe également des bonbons appelés «Gummibärchen»… [n/a : ch'ais plus si ça s'écrit comme ça…] Ils sont en forme d'ours…

- Ours ?! Et le rapport avec moi ?

- Je trouvais cela mignon…»

Elle rit de bon cœur devant la mine de petit garçon à la fois honteux et malicieux qu'affichait Kurt.

«Je vois que tu vas mieux ! lui dit-elle.

- Na ja ! fit-il en regardant son bras encore en écharpe. J'espère juste ne pas garder cette attelle trop longtemps… Crois-tu qu'on me laisserait remonter maintenant ? L'infirmerie, ça me gave !

- J'en sais rien…

- Au fait, Gummi, je voulais te demander… –il se souleva pour se rapprocher d'elle et elle se pencha vers lui– C'est une question un peu indiscrète… D'autant plus que je ne sais pas comment faire… Est-ce que Kitty a un petit ami ?

- Non, je ne crois pas… Allez, Kurt, termine ta pensée ! Tu lui as donné quel surnom à elle ?»

Il rougit tellement que la pointe de ses oreilles devinrent rouges.

«Je l'appelle «Kätzchen»… Ca veut dire «chaton»… Mais ne vas le dire à personne !!

- T'inquiète !… Et depuis veux-tu savoir si la place de petit ami auprès d'elle est libre, petit cachottier ?

- En fait… Depuis qu'elle a commencé à venir me voir ici, à l'infirmerie.»

Malicia espéra ne pas avoir eu l'air trop étonnée. Car, selon elle-même qui fréquentait autant Kitty que Jubilé, jamais Shadowcat n'était allée à l'infirmerie. Or qui donc hormis Mystique aurait pu se faire passer pour elle auprès de Kurt ?… Malicia était décidée à présent. Elle irait parler à sa mère.

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Jeanne se réveilla 24h plus tard en hurlant. Enfin, «réveiller»…

Après qu'elle eut perdu connaissance, chacun fut bien sûr très inquiet de son état. Après la phrase mystérieuse de la jeune fille, précisant que son corps réclamait quelque chose, Tornade, sous une intuition, lui avait fait plusieurs tests de dépistage, qui avaient révélé des résidus de drogues inhibitrices. Après plusieurs recherches et analyses, elle avait trouvé des traces importantes d'Inhib4, un inhibiteur pouvant être administré légalement dans les hôpitaux. Il y avait également la présence d'une autre drogue d'inhibition, plus récente, au sujet de laquelle Tornade ne trouva aucune information.

Les craintes d'Ororo furent donc confirmées le lendemain quand Jeanne «se réveilla». Scott, qui la veillait, eut beaucoup de mal à la calmer car elle lui sauta dessus, toutes griffes en avant. Ses cris de démente ressemblaient à des feulements hystériques, qui résonnèrent jusqu'aux étages, glaçant d'effroi tout l'institut. Scott la retenait des deux mains par les poignets, en tâchant de la faire reculer pour la recoucher sur son lit.

Vivement, elle parvint à lui mordre un avant-bras. Cyclope poussa un juron sonore et serrant les dents, il parvint à la repousser sur le matelas. Lui croisant les bras sur la poitrine, il réussit à l'acculer sur le dos, mais elle lui balança des coups de pied rageurs. Par trois fois, elle parvint aussi à le frapper de sa queue très osseuse. Enfin, Scott reçut l'aide de Tornade qui administra un sédatif à Jeanne. Cette dernière lança à la mutante un regard de haine implacable, comme si elle la tenait responsable d'un fait particulièrement abject. Elle eut encore deux, trois sursauts de déchaînements convulsifs, mais Scott la maintint fermement plaquée sur le lit. Bientôt sa tête roula sur le côté, et elle se rendormit, la poitrine soulevée par une respiration rapide et nerveuse.

«Nom de Dieu, murmura Scott en la lâchant prudemment. Qu'est-ce qui lui a pris ?!

- Je crois, en fait j'en suis plus que certaine, qu'elle fait une crise de manque…»

Tornade mit alors au courant Cyclope, puis Logan et le professeur, sur sa découverte, révélant que Jeanne avait été droguée presque toute sa vie pour empêcher son pouvoir d'être actif.

«Vous êtes en mesure de découvrir quel est son pouvoir, professeur ?

- Je crains fort que non, Scott… On va devoir attendre que la drogue disparaisse de son organisme. Si elle survit, nous saurons alors bien assez tôt.

- Si elle survit ? demanda Logan.

- Une crise de manque d'une telle envergure… Il est arrivé que les gens n'y survivent pas.

- Que peut-on faire ?

- Rien, malheureusement… Elle va devoir traverser cela toute seule…»

Ces excès de violence, tant verbaux que physiques, durèrent deux jours, qui semblèrent interminables à tous ceux qui la veillèrent à tour de rôle. Mystique mise à part, la Confrérie de Magnéto fut même mise à contribution. Erik Lehnsherr lui-même fut contraint de subir un torrent d'injures de la jeune fille, qui, désormais attachée au lit, invectivait quiconque avait le malheur d'être auprès d'elle à son réveil. Le grand homme eut beaucoup de mal à retenir ses impulsions meurtrières, car il n'avait jamais accepté les insultes de qui que soit.

Puis elle se fit suppliante, tentant de charmer particulièrement les garçons pour qu'ils la détachent. Le Crapaud, Bobby et Logan en firent les frais, sans cependant céder, ce qui déclenchait à nouveau la colère de Jeanne, qui recommençait alors à les injurier.

Tornade dut plusieurs fois avoir recours au sédatif, mais c'était un procédé qu'elle préférait éviter. Un soir, alors qu'elle lui en injectait une dose, la jeune fille la supplia en pleurant de lui donner un inhibiteur. Puis elle s'endormit très agitée.

Au troisième matin, elle s'éveilla avec une forte fièvre elle délirait. Elle n'insultait plus personne, mais ce léger changement ne diminua en rien l'intensité de la crise. Elle était prise de mouvements convulsifs, tirant sur les attaches qui lui retenaient poignets et chevilles. Son visage se couvrait de sueur et était très chaud, pendant qu'elle haletait, les yeux grands ouverts. Pendant cette période, il fut presque impossible de la nourrir elle se cabrait et remuait la tête de dégoût, recrachant systématiquement ce qui lui était glissé dans la bouche. Tornade lui posa une perfusion en désespoir de cause.

Dans ses délires, il arrivait à Jeanne de s'exprimer dans une langue, que le professeur reconnut comme étant du latin. Alors qu'il la veillait avec Magnéto durant l'une de ses divagations, Erik, qui avait quelques notions latines, distingua plusieurs mots : «Elle parle de la mer… J'ai entendu plusieurs fois le mot «sang»… «Beaucoup de sang», dit-elle… Elle parle aussi d'une cité, mais je n'arrive pas à saisir son propos…

- Elle délire. Il n'y a donc aucun sens à ce qu'elle dit, répondit Xavier d'un ton las. Néanmoins, cette histoire de cité est troublante, car cela correspond tout à fait au genre de cauchemars que fait Diablo… [cf chap 01, 02 et suivants !]»

Le paroxysme de la crise fut atteint au soir du sixième jour. Pendant de nombreuses heures, elle fut agitée de spasmes terrifiants. Dès lors, Tornade ne la quitta plus, présageant que Jeanne arrivait au bout de son calvaire. Mais la dernière nuit fut la pire. Les gémissements aigus s'entrecoupaient d'hurlements, qui n'échappaient à personne dans l'institut et empêchèrent pratiquement tout le monde de dormir. Ororo lui passait régulièrement une main sur le visage et lui disait des mots réconfortants, sachant que Jeanne, quelque part au fond d'elle-même, l'entendait.

Et soudain, la jeune fille se tut et tout son corps se détendit. Tornade put percevoir une respiration douce elle dormait calmement pour la première fois depuis près d'une semaine. Ororo l'observa encore peu et ne put résister plus longtemps au sommeil, en s'endormant à son tour.

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Jeanne se réveilla lentement et observa autour d'elle, l'esprit embrouillé. Elle était dans une chambre aseptisée digne d'un hôpital. Auprès d'elle, elle distingua difficilement une forme couronnée de cheveux blancs et vêtue de clair. Ce devait être une infirmière qui la veillait. Jeanne ressentit un doute affreux, qui se confirma quand elle tenta de se lever : elle était attachée au lit.

Ainsi donc, elle avait rêvé ; jamais personne n'était venu la sauver, elle n'était pas chez les X-men. On avait dû la transférer, à son insu, dans ce nouveau service, dont lui avait parlé Janis [cf chap 09]. Cette «infirmière» faisait donc parti de ces gens qui prendraient «soin» d'elle, en veillant bien à lui donner sa dose d'inhibiteur tous les jours. Puis ils lui voleraient son enfant quand il naîtrait…

La femme à ses côtés se réveilla enfin. Dans un flou nébuleux, Jeanne la vit s'approcher d'elle. Elle l'entendit lui parler, mais ne comprit rien du tout. Enfin, elle sentit que la femme la détachait délicatement. Les nerfs sous tension, Jeanne la laissa patiemment faire et ferma les yeux pour s'empêcher d'éclater.

Les membres libres, elle resta pourtant immobile, espérant que la femme allait la laisser. Soudain elle sentit sa main sur son front. Cela lui fit l'effet d'un choc électrique. Se redressant en criant rageusement, elle balança instinctivement sa queue sur la femme…

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Ororo regarda le visage fermé et boudeur de Jeanne. Affectueusement, elle commença à lui passer une main sur le front. Mais la jeune fille répondit à son geste en criant elle se redressa sur son lit et la frappa de sa queue. De la gousse qui en formait la terminaison, Tornade eut le temps de voir une sorte de crochet sortir. Puis elle sentit la piqûre dans son épaule. Un froid violent la prit dans tout le corps et elle s'effondra.


PS : Comment ça «sadique» ?!?!… hé ! hé !