A table, ils ne parlèrent plus de Lily Potter, l'oncle Vernon préférant largement causer d'économie et tout particulièrement de l'entreprise où il travaillait, qu'il qualifiait de " génie en matière de technologie perceusienne ".

Une ambiance bonne enfant s'était installée, tout le monde parlait, ayant toujours son mot à dire, défendant ses opinions (Mr Owen était, lui, employé dans une entreprise de robots ménagers et insistait sur le fait que ses produits avaient plus d'avenir que des perceuses).

Les seules personnes qui n'avaient pas pris part à la discussion étaient, naturellement, Harry, qui comme à son habitude, faisait semblant de ne pas exister, attendant toutefois le bon moment pour pouvoir reparler de sa mère, et la jeune fille qui n'avait toujours pas dit un mot depuis son arrivée. Elle s'était contentée de séré la main à l'oncle et la tante de Harry, sans même se donner la peine de sourire, puis elle avait pris place à table et avait commencé à manger tranquillement, ne prêtant aucune attention aux noiseries que débitait Dudley pour (essayé ?) de l'impressionner ni, en fait, à personne d'autre. On aurait dit que rien à part son assiette n'existait autour d'elle.

Harry la regardait de temps en temps, toujours très furtivement. A vrai dire, il ne la trouvait pas vraiment jolie mais devait admettre que son regard rempli de mystères, le charmait un peu.

Après le dessert, Mme Owen proposa aux adolescents de quitter la table et de faire un peu mieux connaissance avec sa fille.

- Allez Lyra, je suis sûre que ces jeunes garçons seront enchantés de te faire visiter leur chambre, déclara-t-elle avec un clin d'œil.

Lyra regarda sa mère quelques secondes d'un air las. Se résolvant à suivre Dudley, elle se leva et se dirigea vers les escaliers, suivie de près part Harry.

Dudley était tout excité, fou de joie de réussir pour la première fois de sa vie à faire venir une fille dans sa chambre.

Arrivé devant une porte où un panneau " danger de mort " y était accroché, Dudley l'ouvrit à Lyra, se baissant avec cérémonie, avant d'entrer lui-même et de fermer la porte au nez de Harry.

Ce dernier était trop fatigué pour riposter et se dit simplement, prenant un ton fataliste :

" Les personnes ne changent pas... "

Il décida alors d'aller prendre une douche, quand il entendit le rire cristallin de Mme Owen monter jusqu'à lui, comme un appel lui rappelant que la discussion sur sa mère n'était pas finie.

Alors qu'il commençait à descendre les premières marches du petit escalier en bois, il perçut la voix grave de Mr Owen, qui disait qu'ils resteraient environ une semaine dans la région avant de repartir en Irlande.

Si ils restaient une semaine, pensa-t-il, il aurait largement le temps de parler à sa cousine, peut-être même sans que son oncle et sa tante s'en aperçoivent, ce qui serait l'idéal.

Il entra dans la salle de bain, se disant amèrement, qu'il avait finalement bien fait de ne pas redescendre car, il en était persuadé, si il parlait encore de sa mère dans la soirée, son oncle et sa tante ne le supporteraient sûrement pas et ils risqueraient encore de sacrifier son éclair de feu, objet qu'il lui tenait tant à cœur, non pas pour son aspect technique mais symbolique. Ce balai lui fut offert par son parrain, mort il y a à peine quelques mois.

A cette pensée encore douloureuse, il eut mal et resta longtemps sous l'eau froide à pleurer doucement.

Après s'être un peu calmé, il entra dans sa chambre, vêtu d'une simple serviette nouée à sa taille et ses lunettes à la main. Il s'arrêta net, pétrifié.

Une ombre était assise sur son lit.