Chapitre 4 : Changements

Hermione Granger faisait face à Drago Malefoy, les lèvres pincées. La fille avait les doigts crispés sur sa baguette et s'en serait servie si une silhouette vêtue de noir ne s'était interposée entre elle et le prétentieux élève de Serpentard.

- Répression des fraudes ! scanda-t-il par-dessous sa cagoule de soie noire.

Hermione ouvrit la bouche toute grande, hors d'elle. Drago, lui, afficha son air supérieur sur son visage pâle.

- Pour qui te prends-tu, toi ? lâcha-t-il négligemment. Sais-tu qui je suis, et qui est mon père ?

L'homme vêtu de noir ne s'en laissa pas conter.

- Veuillez cesser immédiatement vos activités. Les conflits d'ordre physique se règlent uniquement selon le protocole instauré par la Guilde.

- Quelle guilde ? grogna Hermione, le regard noir.

L'homme se contorsionna pour attraper un rouleau de parchemin calé dans son dos. Il le déroula avec précision et rapidité.

- Décret d'Ankh-Morpork en vigueur à compter de la création de la cité tentaculaire. Tout acte se situant dans la classe « rapine », « assassinat politique, officiel ou vengeur » se doit d'être agréé par la Guilde des Voleurs, elle-même affiliée à la Guilde des Assassins, et pour cela, doit louer les services d'un de ces membres pour l'exécution de son acte. Les Guildes associées, par intérêts communs, se réserve le droit d'étendre son champ d'action au maraudage, enlèvement, maître-chantage, intimidation, acte de malveillance, dégradation des biens d'autrui,… mais passons, passons, venons-en à ce qui nous concerne… utilisation illicite de magie ou châtiment corporel incluant gifle.

Le voleur d'Ankh-Morpork rangea son parchemin administratif et tendit une main gantée de noir aux adolescents.

- Maintenant, chers amis, vous devez à la Guilde une taxe sur vos manigances illégales.

D'un commun accord, Hermione et Drago dégainèrent leurs baguettes et hurlèrent « petrificus totallus ». Le voleur de la Guilde s'écroula avec une rigidité cadavérique, bien que son souffle fut celui d'un dormeur. Puis, revenant sur leur différend, Drago et Hermione décidèrent d'enterrer la hache de guerre le temps que cette affaire d'impôt et de Guilde se tasse. Légèrement gênés d'avoir conclu une trêve, les deux élèves s'en allèrent dans des directions opposées, après s'être assurés qu'aucun témoin ne rôdait dans les parages. Hermione se réfugia dans la bibliothèque, les joues enflammées par ce qu'elle venait de faire, même si au fond d'elle-même elle ressentait une excitation et une satisfaction qu'elle n'aurait jamais cru éprouver en enfreignant des lois.

« Je dois absolument retrouver ce garçon, celui qui a ouvert le passage au-dessus du lit de Ron ! » soutint mordicus Harry Potter.

Ses compagnons de toujours, Hermione Granger et Ron Weasley, l'écoutaient avec une retenue polie, l'esprit plus ou moins ailleurs. Depuis le temps que Harry leur répétait qu'il aimerait être un garçon normal qui pourrait vaquer à des occupations normales plutôt que de suspecter ses professeurs et camarades de classe, de voir le Mal partout et de broyer du noir en frottant comme un forcené sa cicatrice devenue brûlante à la moindre interférence maléfique...

- Vous vous fichez pas mal de ce que je vous raconte ? cracha Harry, persécuté par la malchance. Puisque c'est comme ça, je me débrouillerai sans vous…

Le jeune homme tourna le dos au duo d'amis et fit voile vers la cabane du gardien des clefs de Poudlard, Hagrid. Des protestations peu convaincues s'élevèrent derrière lui :

- Harry, attends ! interpella mollement Hermione, Pattenrond lové dans ses bras.

- Harry, ne pars pas… tenta tout aussi faiblement de le rappeler Ron.

Mais Harry Potter, un sentiment d'abandon greffé sur son cœur, ne fit même pas mine de se retourner et bifurqua dans un couloir.

Les larmes aux yeux, Harry songea à s'enfoncer dans la Forêt Interdite pour y crier sa rancœur. Mais un brin de sagesse lui déconseilla vivement d'agir de la sorte, à moins qu'il ne désirât finir embaumé puis dévoré par la portée d'Aragog, l'araignée géante. Et puis, c'était sans compter les flèches des centaures, les griffes des ronces et les pluies inopinées de pommes de pin lancées par les écureuils vengeurs. Non, se convainquit-il, cette forêt regorgeait de bien trop de dangers pour qu'il s'y aventurât seul.

L'esprit d'Harry Potter s'égarait. Il revint à ses moutons. Les conseils d'Hagrid lui apparaissaient comme une trahison, un venin injecté dans son amour-propre. Une des personnes qu'il estimait le plus à Poudlard, et par extension, au monde, lui avait dit de faire appel aux services du professeur Rogue, la personne qu'il abhorrait le plus au monde, pour résoudre son dilemme ! Rogue ! Ce professeur qu'il haïssait depuis son premier jour à Poudlard ! Mais la fierté du jeune garçon reprit vite le dessus et il surmonta son aversion profonde pour cet homme pour aller le trouver. Après tout, il survivrait à cette confrontation, alors que son fardeau moral lui, menaçait de le rendre chèvre.