Chapitre 5 : Et Harry rencontra ses semblables

« Potter, lâcha Severus Rogue avec une moue révulsée en guise de salut. Entrez vite, au lieu de rester planter là à bâiller aux corneilles !

Harry Potter, rodé à ce genre de marques de sympathie, ne releva pas, et adopta une posture qui se revendiquait noble.

- Monsieur, pourriez-vous, s'il vous plaît ( malgré toute la violence qu'il se faisait, Harry manqua défaillir ) m'aider à préparer une Potion de Revenance ?

Rogue toisa le jeune garçon de son regard luisant, mais ne trouva pas de réplique à la hauteur de ce que lui inspirait Harry à ce moment précis. Il dut l'admettre, l'étudiant faisait montre d'une résolution époustouflante. Son visage juvénile portait le masque d'une expression torturée, ses yeux criaient pitié à qui l'entendrait et ses phalanges, blanchies tant il crispait les poings, parlaient pour sa détresse intérieure. Le professeur décida de ne pas pousser le bouchon trop loin.

- C'est d'accord, Potter, je vais préparer la potion, entraînez-vous à lire la formule de Revenance en attendant.

Rogue lui tendit une page de grimoire abîmée et jaunie par les ans, et s'en alla prendre les ingrédients dans son armoire. Harry, pendant ce temps-là, lut à voix basse :

Toi, étranger d'un monde lointain,

Reviens m'aider à affronter mon dilemme,

Que la distance qui nous sépare

Ne soit pas un obstacle !

Revenance, revenance,

Viens à moi, libère-moi de ma souffrance !

La potion était maintenant prête ; Harry, de même. Avec fermeté, il récita le sortilège qu'il connaissait par cœur désormais.

Sous l'œil critique de Severus Rogue, un tourbillon de poussière s'éleva du chaudron et prit peu à peu la forme de deux silhouettes. Harry, les yeux écarquillés, se retrouva en face de deux êtres investis du même fardeau que lui, sauver le monde du Mal. Avec le garçon au poignard qu'il avait invoqué, se trouvait un jeune homme de petite taille, et non la fillette blonde qu'il avait vue la première fois.

- Où est Lyra ! s'exclama le garçon au poignard.

Apercevant Harry Potter, il tendit sa main aux deux doigts tranchés vers lui.

- Toi ? Qu'as-tu fait ?

Harry bégaya faiblement des explications confuses :

- Je…voulais…c'est juste…il faut m'aider…le Mal…il faut le détruire !

L'homme de petite taille, vêtu de pantalons en laine solide, d'une chemise légère et d'une cape verte, leva ses yeux perçants vers Harry. Ses cheveux étaient bouclés et bruns. Ses pieds nus démesurés et velus. Il portait une chaîne en argent autour de son cou. Au bout de la chaîne pendait un anneau en or.

- Puis-je savoir où je suis ? Et où sont Sam, Pippin, Merry, Aragorn, Gandalf, Boromir, Gimli et Legolas ?

Le petit homme fronça les sourcils et se repassa mentalement la liste de ses compagnons. Le compte y était. Rogue mit fin à tout quiproquo :

- Diantre, qui êtes-vous ? grogna-t-il en rejetant sa chevelure de jais en arrière. Mon bureau devient un véritable bureau des réclamations, c'est inadmissible ! Cinquante points de moins pour Gryffondor !

Harry renifla avec mépris. Le garçon au poignard se présenta d'abord.

- Je suis Will Parry, je suis le porteur du poignard subtil. J'accompagne Lyra dans sa quête contre la destruction de la Poussière.

Puis, ce fut au tour du jeune homme aux pieds poilus.

- Je me nomme Frodon Sacquet, de la Comté, j'appartiens à la race des Hobbits, j'ai été désigné comme Porteur de l'Anneau. Je suis accompagné dans ma quête par une Communauté de valeureux amis. Je dois détruire l'Anneau de Pouvoir, pour que le Mal suprême, Sauron, le Seigneur des Ténèbres, qui cherche à anéantir toutes les créatures libres de la Terre du Milieu, soit anéanti.

Harry Potter se gratta la tête, perplexe. Le Mal ne régnait donc pas que dans les environs… D'autres mondes étaient infectés par le même problème, d'autres innocents devaient trinquer pour le bouter hors du monde… A cette pensée, Harry Potter esquissa un sourire radieux. Il n'était plus seul ! Le poids qui compressait sa poitrine depuis trop d'années déjà s'allégea.

- Mes amis, Frodon, Will, déclara solennellement Harry, à nous trois, nous vaincrons tous les maux de tous les mondes existants.

Réalisant l'entreprise que cela impliquerait, Harry se rattrapa avec brio :

- Enfin, on va commencer par nos trois mondes respectifs.

Les deux autres le dévisagèrent avec surprise, puis acquiescèrent. Pour une fois qu'une occasion comme celle-ci se présentait, il ne fallait pas la laisser filer. Leur salut en dépendait. Harry serra même la main d'un Rogue désarçonné avant de quitter son bureau en entraînant à sa suite le Hobbit Frodon et le jeune Will. Une compréhension mutuelle naquit entre eux.