30 janvier 1978, Langley, USA.

John Clark se dirigea vers le bureau du DAO d'un pas décidé. Ce n'était pas la première fois qu'il allait voir le DAO, ni son assistant Bob Ritter, mais les deux hommes semblaient très pressés de le voir, ce qui avait éveillé sa curiosité.

Agent de terrain hors pair, Clark avait été recruté par la CIA suite à une histoire de vengeance qui avait mal tourné. Après le meurtre de sa petite amie, il avait débarrassé le pays de quelques dealers. Mais il avait fini par être démasqué, et aidé par la CIA, il s'était « suicid ». Sa nouvelle vie comporte une femme qu'il aime plus que tout, et une fille encore bébé. Malgré ceci, il reste le meilleur agent de terrain de la maison, celui à qui on fait appelle quand les autres se mettent à avoir des problèmes de conscience.

Il tourna dans un autre couloir puis entra dans le bureau de la secrétaire qui l'introduisit dans celui du DAO.

Mettre Clark au courant de l'opération formateur ne prit pas longtemps. Après ça, il partit dans un petit cagibi qui lui servait de bureau pour mettre au point un plan réalisable, qu'il devait présenter trois jours plus tard. J'ai du boulot pensa- t-il en commençant à ouvrir le premier dossier.

31 janvier 1978, base de l'USAF du Colorado

O'Neill fut appelé de bonne heure dans le bureau du général.

- Capitaine, vous êtes convoqué le 4 février à la base de Miami.

- Pourquoi ?

Il ne se serait jamais permis de poser une question pareille, avec autant de familiarité s'il n'avait pas été très surpris.

- Ce sont les ordres de la haut, capitaine. Je n'en sais pas plus que vous. Bonne chance.

- Merci mon général.

Il salua puis partit. L'enveloppe que lui avait donné le général contenait un rendez-vous dans une base assez proche pour partir vers la Floride. Il avait largement le temps de participer aux entraînements du lendemain avant de faire ses affaires et se rendre là-bas.

2 février 1978, Langley, USA.

Le rapport de John Clark entre les mains, le Juge Moore commença la réunion avec ses chefs de département par l'étude de l'opération formateur tel que Clark l'avait proposé.

Sortir illégalement de l'URSS n'est déjà pas une chose évidente, mais le faire avec un avion volé était quasiment mission impossible. L'idée était de passer la frontière aux commandes de l'avion, sans se faire détecter par les radars au sol, ni les autres appareils, qu'ils soient amis ou ennemis dans les deux cas.

Spillway avait assisté au vol de démonstration de Lénine 1 et il en avait profité pour soutirer quelques informations aux généraux présents. La technologie de base de cet appareil était bien Soviétique, mais il y avait aussi des éléments de technologie américaine et extra-terrestre. Apparemment, il y avait eu dans les années cinquante un crash semblable à celui de Roswell, sauf que l'engin récupéré, tout comme ses occupants, étaient entièrement différents. Les Soviétiques avaient retrouvé des hommes presque normaux à l'exception d'une poche au niveau du ventre où vivait une espèce de petit serpent. Aucun des spécimens n'avait survécu, tout comme ceux de Roswell. Sauf que le DCI savait que ceux de Roswell étaient de petites créatures grises. Leur vaisseau était de petite taille et totalement inutilisable. Et si les Soviétiques avaient vraiment réussi à créer un avion avec cette technologie ?

Il leur fallait Lénine 1 coûte que coûte, il en était de plus en plus persuadé.

Formateur trouva de nombreuses voix au sein du petit comité, et il fut présenté au président le jour même. De toute façon, l'opération était déjà à moitié en route depuis que le juge Moore avait demandé de commencer à recruter des pilotes.

4 février 1978, base de l'USAR près de Miami.

Le capitaine O'Neill fut surpris en arrivant à destination. Cette base était sur le point d'être désaffectée il y a encore une semaine, mais maintenant une cinquantaine d'officier de l'USAR étaient là, aussi perdus que lui.

Tout ce que tout le monde savait, c'était que les ordres viennent d'en haut, ce qui était assez maigre. O'Neill avait déjà participé à des opérations top secrètes pour le gouvernement, mais ici, c'était différent. On aurait plutôt dit une opération mal organisée, ou organisée trop vite.

Il se rendit dans ce qui servait de salle de conférence à la suite de tous les capitaines, majors et colonels présents.

Il y avait un homme sur l'estrade qui les regardait tous attentivement. Dès qu'ils furent installé, les portes furent fermées et l'homme commença.

- Je vais être bref. Nous avons besoin d'une personne, d'un d'entre vous pour une mission un peu spéciale. Certaines raisons nous ont empêché de passer par la filière habituelle (qui consiste à demander leur avis aux gens avant de les embarquer pour l'autre bout du pays) et nous nous en excusons. Si certaines personnes ne veulent pas de cette mission vous pouvez partir quand bon vous semble. Ne vous sentez pas obligés de rester car dans cette affaire la volonté de réussir y sera pour plus dans la réussite que l'entraînement.

Déjà quelques personnes partirent avant que la phrase ne fut finie. On entendit des « ça valait le coup de nous faire venir » ou autres dans l'assemblée.

- La mission, je ne peux pas vous en dire plus maintenant, va se dérouler à bord d'un appareil soviétique. Vous en avez normalement déjà tous piloté un. En sortant, un numéro va vous être donné. Il correspond à un avion et une heure de passage définie que vous trouverez affichée sur le mur au fond. Si vous ne vous présentez pas, ou si vous ne réussissez pas l'épreuve, vous pouvez rentrer chez vous. Nous n'avons pas beaucoup de temps, et dans cinq jours maximum, un seul d'entre vous sera encore là. Bonne chance messieurs.

O'Neill soupira un coup. Il avait hésité à partir avec le premier groupe, mais finalement sa curiosité fut plus forte. Maintenant il savait qu'il lui fallait le poste. Il se leva et suivit le mouvement de la foule.

Du haut de son estrade, Ritter espérait que ce qu'il avait dit suffirait à motiver suffisamment l'un d'eux. Il avait besoin de ce pilote. Mais il ne se faisait pas trop d'illusions non plus, une petite moitié seulement viendrait aux essais, et pas plus d'une dizaine serait encore là demain.

En fait, le lendemain soir, il ne voulait plus que quatre officiers, et c'est là que les exercices commenceraient pour de bon. Bien sur, c'est Clark qui aurait le dernier mot en ce qui concerne l'homme qui l'accompagnerait sur le terrain.

Clark regarda le groupe principal sortir. Ritter avait raison, une petite moitié seulement regarda l'heure à laquelle ils devaient se présenter. Il resta en retrait. Son heure n'était pas encore venue, mais bientôt c'est à lui que ces hommes devraient obéir. Il espéra en lui qu'il n'y aurait pas trop de colonels. En temps que sous-officier, il avait toujours été plus impressionné par les colonels que les autres.