5 février 1978, base de l'USAF près de Miami.
Le capitaine O'Neill avait réussi sans trop de problème l'exercice de la veille. Passer à travers un réseau de radar n'est jamais très dur, mais il est aussi vrai que les appareils soviétiques ne sont pas un model de perfection. Surtout ceux sur lesquels il s'entraînait. L'épreuve du matin avait été un peu plus dure car elle mettait en jeu des radars et des avions américains. Ni lui ni aucun des autres n'avaient réussi à passer sans dommage, mais il faisait parti des trois à s'être fait descendre. Rien que pour ça, il craignait fortement pour sa place le lendemain.
L'homme qui les avait accueilli était actuellement en train de réfléchir à qui continuerait ou pas en compagnie d'un autre homme qu'ils n'avaient encore jamais vu.
Clark et Ritter avaient presque fini leur travail. Il leur restait un dossier à voir, et l'avant dernier avait été le quatrième retenu. Mais Clark avait insisté pour voir le dernier. Le capitaine O'Neill avait un bon dossier, mais Ritter voulait l'écarter à cause de ses problèmes avec le règlement et l'autorité. Clark voulait lui donner sa chance, expliquant qu'il était un aviateur, et que c'est lui qui avait la plus grande expérience des avions soviétiques. Cet argument ne fut pas assez convaincant, et Ritter n'avait pas l'intention de laisser Clark lui dicter sa conduite. Il avait beau être un bon élément, il restait sous ses ordres.
Dehors, O'Neill sentait la pression monter au fur et à mesure que le temps passait. L'homme de la conférence sortit et annonça les noms de quatre hommes qui avaient été retenus. Il y avait trois majors et un colonel.
Bien que très déçu de ne pas avoir été assez bon, O'Neill se dit qu'il aurait plus de chance une prochaine fois. Non, en fait il était assez dégoutté de ne pas avoir été retenu, il savait qu'il connaissait mieux cet appareil que les autres. Il avait toujours réussi à merveille tous ses exercices, et c'était la première fois qu'il mourrait aux commandes de son appareil. Même les simulateurs n'avaient jamais ou presque réussi à avoir sa peau.
Avant de partir, il décida de passer au bar de la base. Il n'y avait pas grand monde mais des bières avait été livrées et après un échec comme celui-là, il lui fallait un peu d'alcool.
Il s'assit sur un tabouret à côté du bar. Un sergent qui travaillait à la maintenance de la base servait de barman. Il commanda une bière qu'il but assez rapidement, puis une deuxième.
Le groupe des quatre retenus eut une arrivé assez bruyante alors qu'O'Neill commençait à la boire. Ils s'installèrent à une table écartée de lui, de sorte qu'il n'entendit rien de ce qui se disait.
Un autre homme entra peu après. Il s'assit sur un tabouret à côté d'O'Neill et commanda une bière. O'Neill l'avait reconnu, c'était l'homme qu'il avait vu avec Ritter.
Au bout de cinq longues minutes de silence, il se décida à lui demander.
- Et vous, c'est quoi votre rôle dans cette affaire ?
- Moi ?
Clark le regarda en souriant
- Vous voyez peut-être quelqu'un d'autre ici ?
- Non, mais qu'est ce qui te fait penser que j'ai quelque chose à voir avec ceci ?
- Sinon vous ne seriez pas là, et je vous ai vu parler avec l'autre, je me souviens plus de son nom.
- Ritter ?
O'Neill hocha la tête en buvant une gorgée.
- Oui j'ai parler avec lui, c'est mon patron. Tu m'as l'air d'un type bien alors je vais te dire quelques choses qu'ils ne savent pas là bas (de la tête, il montre le groupe à la table du coin). Ils ne vont pas que piloter. Toute la première partie de la mission sera autre, et c'est moi qui devrai veiller sur l'un d'eux .
- Alors je préfère ma place à la votre.
- Je déteste qu'on me vouvoie quand je suis tranquillement en train de boire une bière.
- Ok.
Il y eu un temps de silence puis O'Neill repartit
- Pourquoi tu m'as dit ça ?
- Parce que tu m'a l'air d'un type bien, je te l'ai déjà dit. Et puis franchement, j'aime aucun de ces types, ils ne m'inspirent pas confiance.
Clark avait depuis longtemps appris à se fier à ses sentiments, et là ils lui disaient si tu pars avec un des ces types, ne t'attends pas à revenir.
- Écoute, Ritter a d'autres chats à fouetter. Il part demain. Si tu peux rester, je verrai ce que je peux faire pour toi. De toute façon, c'est moi qui décide si la mission à lieu ou pas, et je ne partirai pas avec l'un d'eux, tu peux en être sûr.
- Merci.
Ils restèrent encore vingt minutes sans s'adresser la parole. Au bout de sa troisième bière, O'Neill décida d'aller dormir un peu. Clark resta encore quelques minutes à réfléchir puis il en fit autant.
6 février 1978, base aérienne de l'URSS, quelque part au nord de Moscou.
Le colonel Chekov attendait l'aube avec une certaine impatience. Il venait de recevoir l'ordre d'aller s'amuser avec les américains et rien ne lui faisait plus plaisir. Un porte-avions américain croisait suffisamment près de la base pour qu'il puisse aller leur dire bonjour à bord de Lénine 1. L'aller-retour devrait lui prendre une bonne heure, sans compter le temps qu'il passerait là-bas à narguer les yankees. Il se sentait de mieux en mieux.
Le décollage se fit tout en douceur. L'atterrissage était toujours plus dur car la piste avait tendance à geler très vite.
Le porte avion arriva finalement sur son écran radar. Il continua d'avancer, et se mit à raser la mer pour être plus furtif. Le colonel n'avait jamais ressenti tant de plaisir à piloter un avion. Il s'approchait à une vitesse assez rapide mais les américains ne semblaient pas l'avoir repéré . Il était maintenant à portée de tir. Il s'amusa à imaginer la manœuvre, demandant dans sa tête l'autorisation de tir. Il aurait pu faire un coup au but avant que les américains le voie, il en était désormais sûr. Il changea de cap alors qu'il était à une distance dérisoire du porte-avions, qu 'il avait en visuel.
Ce qu'il ne sut jamais c'est qu'une des vigies le vit quand il changea son cap, mais personne ne sut réellement ce qui s'était passé.
