10 février 1978, base aérienne de l'URSS, quelque part au nord de Moscou.
Clark sortit une pince avec laquelle il fit un trou dans le grillage, assez grand pour qu'il puisse passer mais pas trop quand même. O'Neill était resté un peu en arrière et surveillait une quelconque approche ennemie. Le fait de savoir O'Neill derrière lui ne détendit que peu Clark qui doutait de sa capacité à réagir correctement si quelqu'un approchait. S'il l'avait choisit, c'est pour ses qualités de pilotes et parce qu'il avait quelque chose en plus sur le terrain, mais il n'avait aucune formation au combat vraiment poussée, contrairement aux souhaits de Clark.
Le grillage céda, il était à peine plus résistant que celui qu'il avait prévu de mettre dans sa cour. Clark fit signe à O'Neill de le suivre sans faire de bruit. O'Neill passa sous le grillage en se baissant, mais pas suffisamment car il resta coincé. Il finit par se libérer avant que Clark ne l'ait vu, mais sa veste était fichue, et ça, la bonne vue de Clark le remarqua aussitôt. Dans d'autres circonstances, il aurait pu trouver ça marrant, mais là, pas vraiment. Il eut quand même un sourire en essayant de remettre le grillage en place.
Le garage de Lénine 1 se trouvait devant eux, mais il fallait traverser à découvert une bonne partie de la base pour le rejoindre. Clark choisit de faire un détour qui leur permettrait de bénéficier de l'obscurité de la base. Il se dirigèrent vers la droite, en direction d'un bâtiment que Clark se souvenait comme étant une sorte de mess, bar, cafétéria avec à l'étage le logement des officiers. Il va de soi que ce bâtiment était le plus confortable et le mieux chauffé de toute la base. Alors qu'ils approchaient d'une fenêtre, Clark décida qu'il n'avait pas envie de vérifier ses infos et qu'il valait mieux ne pas être aperçu. La fenêtre était longue et basse pour que les soldats puissent profiter de la vue de la campagne soviétique enneigée, mais ceci obligea Clark et O'Neill à ramper pour ne pas se faire voir. Ils passèrent ensuite devant ce que Clark se rappelait être la cabane où on entreposait les armes. Aucun autre mot que cabane n'aurait convenu pour cette chose en bois, probablement non étanche, qu'ils avaient devant les yeux. Si Clark ne lui avait pas dit de se taire, O'Neill aurai demandé si cette chose n'était pas des toilettes publiques. Laissant derrière eux la cabane de bois, ils arrivèrent en vue du logement des soldats. C'était le dernier bâtiment capable de les protéger avant d'arriver au hangar. Tendant l'oreille, Clark entendit du bruit, un groupe de soldat arrivait. Immédiatement, Clark fit signe à O'Neill de se baisser et de ne pas bouger. Deux soldats arrivèrent, et stoppèrent devant la porte d'entrée fermée. Ils devaient avoir un peu bu car ils leur fallut du temps pour trouver leur passe. Pendant ce temps, Clark les entendait parler de leur femme restée à Moscou, de leur mère trop inquiète pour leur santé, et d'autre chose peut être moins gentille sur divers groupe de personnes dont les soldats américains. Dans une conversation entre soldats américains, les même thèmes auraient pu être abordés sauf qu'ils auraient parlé de leur belle-mère et de leur maîtresse. On a beau se retrouver à l'autre bout la planète, les sujets restent les mêmes. Enfin, ils trouvèrent une carte qui se révéla ne pas être la bonne, puis une autre qui fonctionna. La porte s'ouvrit, mais au moment où le deuxième soldat allait rentrer, il regarda dans la direction de Clark et O'Neill immobiles dans un coin du bâtiment. Il avait du voir quelque chose, car il s'approcha d'eux, laissant la porte se refermer derrière lui.
Dans le noir, O'Neill vit Clark sortir son arme et l'armer silencieusement. Le soldat approchait toujours mais ils ne bougèrent pas. Clark avait bien appuyé sur le fait que la nuit, l'œil est attiré par ce qui bouge et ils pouvaient rester invisibles tant qu'ils étaient immobiles. Le soldat approchait encore, sortant de la lumière de la petite ampoule qui surmontait la porte. Clark entendit la respiration d'O'Neill se faire un peu plus forte, et son propre cœur battait tellement fort qu'il était sûr qu'on pouvait l'entendre jusqu'à Moscou. L'homme s'approcha encore, et Clark se leva très doucement, son arme dans la main. Au moment où le soldat les vit, il resta figé de surprise quelques secondes qui suffirent à Clark pour appuyer sur la détente. Le corps s'écroula et Clark le recouvrit avec un peu de neige entassée au bord du bâtiment. Alors qu'il finissait sa tâche, la porte s'ouvrit et le premier soldat appela son compagnon. Un autre sortit, lui disant qu'il devait être retourné boire un coup, les deux hommes rentrèrent.
Clark et O'Neill profitèrent de quelques secondes de calme pour faire baisser leur pression artérielle et ils repartirent. Clark avait bien vu qu'O'Neill était devenu tout blanc quand le soldat est tombé, mais il n'avait pas le temps de dire quoi que ce soit pour essayer de lui remonter le moral. Lui-même savait qu'il rêverait cette base en cauchemar beaucoup plus souvent qu'il ne le voulait. Le garage était maintenant en vue, mais il y avait bien cent mètres en terrain découvert pour y accéder.
Une patrouille passa, et depuis le temps qu'il observait les militaires, Clark savait qu'ils ne se retourneraient pas et qu'ils ne reviendraient pas avant au moins dix minutes. Il fit un signe à O'Neill et s'élança à découvert en direction du grand garage. Heureux de pouvoir bouger un peu, O'Neill se dépêcha de le suivre. Ça faisait maintenant presque une heure qu'ils avaient rencontré le soldat maintenant mort et O'Neill avait de plus en plus peur que l'on trouve son corps ou que quelqu'un remarque son absence. Tous deux atteignirent le hangar sans difficulté, et ils restèrent cachés dans son ombre pour observer les environs. Puis Clark se rapprocha de l'entrée pour regarder la porte. Elle fonctionnait avec un passe, et il n'en avait pas. Par contre, il y avait un soldat qui n'en avait plus besoin à quelques dizaines de mètres de lui. Clark s'en voulu de n'avoir pas pensé à prendre le passe, surtout qu'il aurait du se douter que si les Soviétiques avaient protégé un bâtiment pour les soldats, il était normal que celui-ci le soit aussi. Mais si le soldat n'avait pas accès à cette partie de la base ? Clark connaissait assez ses ennemis pour les savoir avant tout paranoïaques. Après réflexion, Clark décida que le passe du soldat ne lui serait d'aucune utilité. Pourtant, il fallait qu'il se dépêche. Il n'avait rien dans ses outils lui permettant d'ouvrir la porte, sauf des explosifs, ce qui serait trop bruyant et contre-productif.
Pourtant, une idée naquit dans sa tête.
