Chapitre 2 : Rencontre fortuite

7 juin 2005, Paris.

- Miss Weasley ?

La jeune aide soignante de l'hôpital américain venait de pousser la porte de la chambre 415. Elle venait comme tous les matins, vérifier l'état de santé de sa patiente. Ce matin, elle venait aussi assurer à la jeune femme aux cheveux roux qu'elle pourrait reprendre le travail dès sa sortie dans un peu moins d'une heure.

- Miss Weasley ? redemanda t elle inquiète de ne pas avoir de réponse.

- Oui ? Je suis dans la salle de bains. Dit une voix fraîche et joyeuse.

- Emily, c'est ça ? demanda t elle en passant la tête par la porte. Vous venez me vampiriser encore une fois avant ma sortie ?

- Miss, vous avez de ces expressions, je ne vampirise personne ! dit Emily gênée.

- Savez vous à quelle heure je pourrais sortir ? Demanda Ginny, impatiente de quitter cet hôpital moldu.

Elle n'arrivait toujours pas à ce faire au système de soin des non sorciers. Vivement qu'elle puisse rentrer chez elle et réparer ça en faisant venir un médico-mage à domicile. Une demi heure et deux examens complémentaires plus tard, Ginny sortait de l'hôpital en compagnie de Christophe son fidèle coiffeur et maquilleur.

- Alors, Ginny chérie ! Tu nous as fait une belle peur. Dit Christophe d'un ton amusé. Simon ne décolère pas et Eugénia est encore plus stressée.

- Et bien tant pis ! C'est quand même de leur faute si ce miroir a explosé. Dit elle d'un ton déterminé. J'aurais pu m'en tirer avec les lésions plus graves qu'une simple coupure à la main !

- Je sais Ginny chérie. Ton agent a appelé de Londres, tu as une interview avec un journaliste français cet après midi.

- Quoi ? Mais enfin, je sors à peine de l'hôpital ! C'est un horrible esclavagiste ! Dit Ginny exaspérée. Bon c'est qui ce journaliste ?

- Un certain Jérôme Savier. Il travaille pour Séries magazine. Dit Christophe. Il a l'air gentil, et très mignon en plus.

- N'ai pas l'air aussi gourmand lorsque tu parles d'un homme, tu sais que ça me gêne ! Répondit Ginny rouge coquelicot.

Christophe partit d'un rire gras. Il savait que ses airs un peu androgynes lui conféraient une réputation d'homosexuel. Il en jouait exagérément, bien qu'il soit totalement hétéro. Il était même un « grand chasseur » comme il aimait à le dire. Tout le contraire de son frère jumeau d'ailleurs. Ginny les aimait tous les deux profondément. Peut être parce que ils savaient qui elle était vraiment.

Ils arrivèrent chez elle pour y déposer les bagages et pour qu'elle se change. Une interview cette après midi et la préparation d'un « extérieur - nuit ». La journée allait être chargée. Elle appuya sur le bouton du répondeur numérique et alluma la radio.

Elle délaça ses chaussures et se servit un verre de lait. Le répondeur contenait des dizaines de messages de fans contrits par sa blessure, deux de Eugénia lui disant de la rappeler dès sa sortie et au moins vingt de Simon Mansion, son réalisateur et producteur. Le premier était pour signaler que le technicien responsable de l'accident avait été viré et les autres pour lui dire que le tournage reprendrait le soir même et qu'elle ne devait pas oublier de passer au studio pour qu'on lui remette le scénario de l'épisode à tourner.

Elle prit son téléphone portable et s'apprêta à composer le numéro des studios de production lorsqu'une voix surgie du passé résonna sur son répondeur.

- Ginny ? C'est Hermione ! J'ai eu ton numéro de téléphone par ton agent. Ginny, c'est important, réponds ! Bon tu n n'as pas l'air d'être chez toi. Rappelle moi c'est urgent. Mon numéro est dans l'annuaire de Londres à Finnigan. Appelle moi je t'en prie.

Le verre de lait éclata au sol. Ginny, les pieds couverts de lait restait figée de surprise et d'inquiétude. Pourquoi Hermione appelait t elle après tout ce temps ? Cela devait bien faire cinq ou six ans qu'elle ne l'avait pas vue.

- Ginny ? Ginny, ça va ? Demanda Julien, le frère de Christophe, en agitant la  main devant ses yeux.

- Hum ? pardon j'étais perdue dans mes pensées. S'excusa t elle Je ne m'attendais pas à ce message.

- Qui est cette Hermione ? Demanda Christophe en passant la tête par la porte de la cuisine. Elle est jolie ?

- Christophe, enfin ! dit Ginny, tu es incorrigible !

- A table ! Dit Christophe pour changer de conversation. Aujourd'hui, c'est salade de lentilles et omelette à la ciboulette et à la crème.

- Yerk ! Dit Ginny en grimaçant. Où son passés les tendres pâtés et gâteaux de ma mère ?

- Aie ! Cria t elle en recevant un des coussins du divan.

- Attendez un peu tous les deux que je vous cloue au sol par des chatouilles. Ajouta t elle en sortant sa baguette.

- Bouh, j'ai peur ! Dit Julien en sortant la sienne. En garde Ginny Weasley !

- Heu excusez moi bande d'infâmes sorciers ! Mais je ne tiens pas à être un dommage collatéral. Je vais préparer un poulet au curry pour madame. Dit Christophe en fermant la porte de la cuisine.

- Hum, chuchota Ginny à Julien d'un air complice, et si on lui jetait un maléfice du saucisson, histoire de commander une pizza ?

- J'adore ton idée Ginny ! Dit Julien en riant.

Le pauvre Christophe se retrouva bientôt dans l'incapacité de faire quoi que ce soit. Julien commanda une série de pizzas et l'heure de l'interview arriva très vite. Ginny se prépara à sortir et Julien, son assistant, appela le journaliste et le coursier du studio pour leur donner rendez vous à la Taverne. Endroit que Ginny ne fréquentait que le soir en principe.


- Monsieur Malfoy ? Demanda le directeur du département des transferts et de la coopération internationale.

- Oui ? Répondit il d'un air absent, toujours plongé dans la lecture du livre rouge.

- Le directeur de cabinet du ministre vous demande dans son bureau, tout de suite.

- J'ai encore deux dossiers à finir dossiers que vous m'avez confié à rendre pour midi. Dois-je ajourner cette remise pour me rendre à ce rendez-vous ? Demanda t il d'un ton fatigué.

- Je pense qu'il vaudrait mieux. Lui dit le directeur d'un ton sans réplique. Ensuite, je souhaiterai vous parler des manifestations magiques que vous m'avez notifiées ce matin.

- Bien monsieur, j'y vais. Dit il d'un ton résolu.

Il ferma le petit carnet et le mit dans la poche de sa robe avec la lettre qui l'accompagnait. Il posa les dossiers en souffrance sur son bureau, en espérant pouvoir les boucler malgré tout et sortit.

Le ministère de la coopération magique était situé dans un bâtiment de verre et d'acier du côté de la Défense. En fait, tout moldu qui voyait le bâtiment pensait qu'il s'agissait de la succursale d'une grande entreprise irlandaise. Les personnes souhaitant y entrer sans les badges d'accès étaient systématiquement refoulés par des colosses face auxquels Crabbe et Goyle paraîtraient des enfants.

- Monsieur Malefoie ? Demanda la vieille secrétaire du directeur de cabinet.

- Mal - foy, articula Draco agacé par la secrétaire qui osait écorcher son nom.

- Peut importe, dit elle brusquement, monsieur Poirier vous attends. Vous pouvez entrer.

Draco entra dans un bureau de grande taille, extrêmement lumineux et culminant à 25 étages. Le directeur de cabinet attendait derrière un bureau d'acajou et de cuir d'une taille conséquente. Assise dans un fauteuil confortable et massif une femme attendait, silencieuse et un porte cigarette à la main. Elle portait un chapeau très petit chargé de voiles et de fleurs tous noirs.

- Monsieur Malfoy, entrez. Lui dit Poirier. Je vous ai fait venir à la demande de Lady Malfoy.

- Lady ? Depuis quand Mère porte t elle un titre ? Se demanda Draco.

- Lady Malfoy, je vous en prie, expliquez nous votre présence ici.

La femme se leva et se tourna vers le jeune homme.

- Mon dieu que tu as changé, dit elle.

- Grand-tante Malfoy ? Dit Draco surpris. Mais, pourquoi êtes vous ici ?

- Je suis surprise que les nouvelles ne te soient pas encore arrivées. Ne lis tu donc plus la Gazette ? Demanda la veille femme en prenant les mains de son petit neveu. Draco, je croie qu'il vaut mieux que tu t'asseyes.

- Heu oui. Parlez ma tante, que ce passe t il ?

- Ta mère, Draco. Annonça Rosemary Malfoy. Cette pauvre femme. Elle est morte dans un terrible accident.

- Quoi ? Draco sentit le sol se dérober sous ses pieds. Mère ? Quand, o ?

- Du calme mon petit. Dit elle d'une voix froide. Hier matin à l'aurore. Le manoir a brûlé, une fuite de gaz selon les rapports du ministère. Elle a été retrouvée dans l'après midi quand les pompiers ont réussit à étreindre l'incendie.

Draco serra les points. Brusquement une voix se fit entendre dans son esprit.

- Ta grand-tante, Draco. Rosemary Malfoy est de loin la plus dangereuse de la famille.

Sa mère, elle lui avait parlé de la famille Malfoy avant son départ. Elle lui avait fait un rapport complet de tous les vivants pour lui apprendre à ce méfier de ceux qui s'approcheraient de lui sans raison apparente.

Il respira un grand coup et prit un air douloureux. Il tenta de garder ses idées les plus claires possibles.

- Quand doit avoir lieu l'enterrement ? Demanda Draco la voix chevrotante.

- Je suis désolée, elle a été mise en terre ce matin. Nous ne pouvions attendre de te retrouver. Rosemary prit un air navré.

- Je vois. Où as t elle été mise en terre ? Dit il les larmes lui venant aux yeux. Dans Londres, dans le caveau des Black. Elle était une Black avant tout, tu comprends ?

- Bien. Dit il affichant l'attitude détachée qu'il avait apprise avec son père. Et je suppose que maintenant je suis libre.

- Oui, tu es libéré de la régence de ta mère. Tu devrais tout de même rentrer à Londres. Ajouta Rosemary. Il serait préférable que les derniers Malfoy se regroupent. Je te contacterai dans deux semaines.

Rosemary fit un signe de tête à Poirier et disparut dans un bruit sourd. Elle avait transplané.

- Monsieur Poirier si vous me permettez de rejoindre mon bureau. J'ai encore des dossiers à finir. Demanda t il respectueusement.

- Oui, allez y. Répondit le directeur.

- Si vous avez besoin de jours de repos. N'hésitez pas à les demander à monsieur Leblanc. Je veillerai à ce qu'il vous les accorde. Ajouta t il alors que Draco passait la porte.

Ce dernier ferma la porte et mit ses mains dans ses poches. Il y trouva la lettre de Bill Weasley, qu'il avait reçue le matin. Coïncidence plutôt étrange. Deux contacts du monde magique anglais en moins de douze heures. Il sortit la lettre de sa poche et appuya sur le bouton d'appel de l'ascenseur.

« Draco,

Je me permets de vous envoyer ce document que ma petite sœur a oublié chez moi. Elle l'avait laissé ouvert sur sa table de travail et je dois avouer l'avoir lu. Certaines choses qu'elle y a inscrite m'on amené à vous l'envoyer, pensant qu'elles vous concernent directement. J'espère que vous le lirez attentivement.

Les choses ne sont pas toujours ce qu'on voit d'elles. Méditez ceci en lisant son journal. Le monde magique connaît des troubles graves depuis quelques jours. J'espère que vous prendrez position cette fois ci si le besoin s'en faisait sentir. J'ai entendu que lors de la dernière guerre, c'est par votre absence que vous avez brillé.

Rappelez vous que les ennemis ne sont jamais ceux à qui l'on pense.

Sincèrement,

Bill Arthur Weasley. »

Draco replia soigneusement la lettre et songea au livre rouge. L'ascenseur s'ouvrit au deuxième étage et Draco prit le chemin de son bureau. Leblanc l'y attendait le visage grave.

- Monsieur Malfoy, on m'a averti que certains évènements familiaux risquaient de troubler votre travail pendant quelques jours. Dit il d'un voix compatissante.

- Ma mère est morte, apparemment. Dit Draco d'un ton absent. J'aurai besoin de deux journées. Pour mettre de l'ordre dans mes idées.

- Bien sûr, je m'occuperai de transmettre ces dossiers à Alvarez. Dit Leblanc en les ramassant.

- Monsieur ? Demanda le jeune Malfoy.

- Oui ?

- A propos des manifestations magiques non autorisées. Je.

- Oubliez cela, Malfoy. Je m'en arrange.

- Bien monsieur.

Cet homme était vraiment très étrange. Souvent colérique, jamais joyeux. Draco ne se souvenait pas l'avoir jamais vu si conciliant. Il décida cependant d'en profiter largement et sortit du ministère préoccupé. Il rentra directement chez lui en transplanant et trouva un deuxième hibou sur sa table de salon. Il lui donna un peu d'eau et détacha le parchemin.

L'écriture lui était inconnue. Il déposa la lettre sur la table, décidant qu'il avait eu son content de mauvaises nouvelles et se changea. Il voulait retourner à la Taverne. Contrairement à ce qu'il avait chuchoté à Lisette au petit matin, il souhaitait la revoir. Elle seule semblait le comprendre.

Il mit un pantalon de lin écru et un t-shirt noir il attrapa un blouson de lin de la même couleur que son pantalon et mit le carnet dans sa poche arrière droite. Une paire de lunette de soleil à la mode et hors de prix posée sur le nez il ferma la porte de son appartement avec les clés, une fois n'est pas coutume, et sortit dans l'air chaud parisien.

La Taverne se situai à cinq cent mètres de son appartement, il les couvrit d'un pas léger. Et s'attabla à l'endroit habituel. Il ouvrit le carnet rouge et reprit sa lecture. Jusqu'à maintenant, rien ne correspondait avec les propos que Bill avait tenus dans sa lettre. De longues suites de lettres à Ginny à son journal dans lesquelles elle parlait de Potter, encore et toujours de Potter. Une lettre l'accrocha soudainement.

« Cher journal,

Aujourd'hui, a eu lieu la dernière grande bataille de la guerre contre Voldemort. J'ai fait un truc pour lequel ma famille m'en veut horriblement, j'ai sauvé la vie de Draco Malfoy. Ils ne comprennent pas pourquoi j'ai fait ce geste alors que son allégeance à Voldemort semblait claire.

Mais c'est quand le carreau d'arbalète d'Hagrid s'est approché de lui que j'ai compris. Il n'avait rien fait. Pas encore. Alors j'ai plongé pour lui éviter un carreau mortel. Sa mort ne m'avait pas semblé juste quand j'ai ai pensé. D'autant que c'était son père qu'Hagrid visait et pas lui. Il y a eu tellement de morts innocents.

Ajouter Draco sans lui laisser l'ombre d'une chance de faire un vrai choix de vie, ça m'a révoltée. Bien sûr, mes parents ont décidé de ne rien dire. Ron, Fred, Georges et Charlie ne comprennent pas encore. Percy n'a même pas osé ouvrir la bouche. Mes parents ont eu du mal à oublier l'épisode Fudge. Hermione et les autres ont préféré m'ignorer, s'occupant plutôt d'organiser les funérailles des 150 tués de cette journée et mettent en place des navettes entre le collège et Sainte Mangouste pour les blessés.

Je crois qu'il n'y a que Bill qui me comprenne. Il faut dire que lui aussi est très étrange, selon les critères maternels. Il m'a dit comprenait mon geste. Et qu'il avait vu Draco abattre un mangemort. Mes choix se sont donc avérés judicieux. Il m'a dit aussi de me méfier. Que sauver la vie de quelqu'un peut amener à des sentiments plus forts que la simple satisfaction de l'avoir fait.

Le temps nous le dira, mais j'en doute. De toutes façons, nous ne nous verrons plus jamais, il a fini ses études et moi j'ai encore un an à faire. C'est dommage, il avait l'air gentil malgré tout. Une chose est sûre, je l'ai emmené vers le bon chemin. Je sais que je peux en être fière. »

Le reste de la lettre était sans importance. Il continua sa lecture et tomba sur une autre lettre encore plus intéressante.

« Cher journal,

Je crois que Bill avait raison de m'avertir. Lors de ma remise des diplômes, alors que tout le monde était là pour me féliciter d'avoir obtenu tous les aspics, j'ai attendu quelqu'un qui n'est pas venu.

Je sais que c'était idiot de ma part. Il ne serait jamais venu. Pourquoi l'aurait il donc fait ? Il y a des jours où je déteste mon nom. Si je n'avait pas été une Weasley, peut être se serait il intéressé à moi. Peut être serait il quand même venu. Je pensais que les liens que j'avais commencé à tisser en lui sauvant la vie seraient arrivés jusqu'à lui. Mais non, quelle idiote je fais. Il n'y a aucune raison à cela.

Pourquoi ? Pourquoi est ce si dur ? Mais je ne peux en parler à personne qui me croirait ? Ils penseraient que je suis folle. Moi tomber amoureuse de mon pire ennemi ? Non, je ne dois pas y penser. Il m'a bien oubliée lui.

Pourquoi est ce que je souffre tant alors ? »

La lettre était interrompue. Il tourna les pages frénétiquement pour chercher d'autres signes d'un sentiment partagé. Il n'y avait rien. Pendant plus de deux ans, elle n'avait rien écrit que les futilités. Elle avait noté un jour qu'elle voulait se tourner vers le monde moldu, pour oublier ce qu'elle était et son monde. Elle avait aussi noté qu'elle avait « auditionn » pour une série européenne.

Cela faisait bientôt trois ans qu'elle jouait dans cette série dont il ignorait tout. Il n'avait pas la télévision et ne lisait aucun journal moldu. Son immersion n'était pas totalement réussie apparemment. Il était à Paris depuis quatre ans mais n'avait jamais entendu parlé ni de la série, ni de Ginny. Il était trop occupé par son travail et, depuis peu, par ses après midi à regarder les parisiens vivre.

La vois de Lisette le tira de ses pensées.

- Bonjour, My Lord. Dit elle joyeusement. Vous êtes venu tôt aujourd'hui.

- Oui, j'ai fini ma journée. Répondit il. Je suis là pour déjeuner. Que me proposez vous ?

- Nous avons une carte très complète, permettez que je vous l'apporte ?

- Faites donc. Répondit il. Et apportez moi aussi un…

- Bloody mary, je sais.

Elle riait et parlait en même temps. Merlin qu'elle pouvait être belle à ce moment là. Un bruit de pneus le tira de ses pensées. Une grande voiture noire se gara de l'autre côté de la rue, devant la terrasse. Un homme habillé de noir sorti du côté passager et ouvrit la portière arrière droit. Un autre homme, dont la carrure en ferait certainement un bon poursuiveur, s'extirpa du véhicule.

L'homme en noir fit le tour et tendit la main. Une femme rousse en sortit. Il n'avait pas encore vu son visage. Mais il était quasiment sûr que c'était elle. Lisette posa le Bloody Mary et la carte sur la table de Draco et leva les yeux. Elle cria.

- Oh mon dieu ! C'est elle ! C'est Virginia Weasley !

- Oui, dit il résolu et froid. En effet, c'est elle.

- Oh mon dieu ! Vous allez pouvoir lui parler ! Quelle chance ! Jubila t elle.

- Oh, non. Je ne crois pas. Je ne lui parlerai pas ! Dit il en remettant ses lunettes de soleil.

Ginny au bras de Julien, passa devant Draco dont la table était située devant l'entrée de la taverne. Elle tourna la tête vers lui et le vit. Leurs regards se croisèrent et la seconde qu'elle prit à entrer dans le café parut durer deux minutes. Ils se dévisagèrent et se reconnurent immédiatement. Leurs sourires moururent. Puis ce fut fini. Elle était entrée.

Draco devint nerveux et brusquement, il n'eut plus faim du tout. Il allait partir quand Lisette arriva avec sa salade césar. Elle le retint en lui disant qu'il était ridicule. Piqué au vif, il resta à condition qu'il puisse la raccompagner lorsqu'elle aurait fini son service. Elle accepta.

Ginny était nerveuse. Elle voulait partir. Julien l'en dissuada au moins une dizaine de fois. Puis il parla du jeune blond à l'entrée du café dont il ignorait qu'ils se connaissaient. Il passa en revue l'intégralité de ses qualités physiques. Son œil de connaisseur analysait tout. Plus elle l'entendait plus elle se rappelait ses années douloureuses où elle avait espéré le voir. Ses moments uniques où dans sa chambre elle l'appelait.

Elle était loin de penser que celui dont on l'avait persuadée qu'il était mort serait là bien vivant, et attablé à la terrasse du café qu'elle fréquentait depuis deux ans. Quelle ironie. Elle s'était plongée dans le monde moldu et c'était dans ce même monde qu'elle le retrouvait.

La serveuse l'approcha et lui demanda ce qu'elle souhaitait boire. Elle lui répondit vaguement quelque chose comme un Perrier citron. Elle commanda aussi une crème brûlée et signala qu'elle attendait quelqu'un. Lisette explosa d'un rire unique à cette annonce et s'excusa immédiatement.

Peu après, elle apporta la crème et fit entrer le journaliste. Visiblement impressionné par Ginny, le garçon passa du rouge au vert puis à nouveau au rouge. Il était nouveau dans le métier et travaillait pour un magazine qui publierait son premier numéro dans deux semaines. Elle le trouva mignon et touchant. L'interview se passa pour le mieux et elle sortit très vite sans accorder un seul regard à Draco qui l'ignora tout autant.

Elle rentra chez elle, et prit un bain brûlant.

- Virginia ? Cria Christophe.

- Oui ! Dit elle. Je suis dans la salle de bains !

- J'arrive ! Un hibou a apporté ça, dit il en entrant sans frapper.

- Christophe, j'aurais pu être nue ! Dit elle indignée.

- Mais tu es nue ! Répondit il en la détaillant. Et ton bain n'est pas moussant !

- Sort de là, goujat ! Dit elle en lui jetant une serviette à la figure.

- Heu, sans rire. Dit il le plus sérieusement du monde. Ce n'est pas la première fois que je te voie nue et ça n'a jamais effleuré ton esprit, qu'est ce qui ne va pas ?

Ginny sortit de son bain le regard triste et s'enroula dans sa serviette. Elle leva les yeux vers son ami et confident. Elle explosa d'un sanglot inextinguible et tomba dans ses bras. Elle ne dit rien et Christophe renonça à la faire parler pour l'emmener dans sa chambre. Il la coucha et la laissa se reposer.

- Julien ! Appela t il. Tu sais ce qui se passe avec Gin ?

- Non, enfin, peut être après réflexion. Répondit le frère.

- Alors crache ta pastille, elle est effondrée sur son lit à pleurer toutes les larmes de son corps.

- Ben, y avait ce gars à la Taverne. Un dieu grec, je te jure, grand, blond, sexy… Commença Julien.

- Epargne moi les détails de ce bellâtre, et accouche.

- Ben, quand ils se sont regardés, j'ai senti comme un truc, on aurait dit qu'ils se connaissaient. Ensuite j'ai dû calmer Virginia plusieurs fois. J'ai cru qu'elle avait vu un fantôme. Finit par dire Julien. Elle est comme ça depuis ce moment là.

- Ok, appelle Simon, ajourne le tournage de ce soir. Dis lui que Gin est choquée par l'accident, enfin n'importe quoi, ce que tu veux je m'en fous. Mais ce soir elle reste ici.

- Bien, chef. Dit Julien l'air grave.

- Ah, tant que tu y es, commande des bentôs. J'ai faim ! Cria t il dans le couloir.

Il rentra doucement dans la chambre de Gin et la trouva écroulée au sol une fiole de cristal qui avait contenu un liquide vert près de sa main et un petit bout de parchemin avec écrit « Je suis désolée » posé sur la table de nuit.


A tous mes reviewers : voilà une suite qui va vous plaire j'espère. Le chapitre est un peu plus long que l'autre, mais je suis sûre que vous ne m'en voudrez pas pour ça.

Je n'ai pas mis de scène R, car j'ai préféré y laisser une bonne place à l'intrigue.

J'espère que tu ne me feras pas la tête Bridget !

J'attends vos reviews et vos questions avec impatience.

Je vous embrasse tous bien fort.