Chapitre 9 : Questions existentielles
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31 octobre 2005, 08h00, 10 Grimmauld Place.
Depuis 48 heures, le 10 Grimmauld Place résonnait des coup de chiffons et du bruit incessant des meubles tirés puis remis en place par une forme frénétiquement affairée au ménage. La tâche paraissait pourtant décourageante, mais rien ne semblait entamer l'enthousiasme de la personne installée dans la petite maison. A sa connaissance, aucun sorcier ne vivait ou l'avait jamais vécu ici sauf Juiliana Landsburry, sa mère, et l'ensemble de sa famille.
Ce que la personne ignorait c'est que trois maisons plus loin Harry Potter accomplissait, pour la deuxième fois déjà, le même genre de nettoyage. Harry n'avait pas connaissance non plus d'aucune personne installée dans le voisinage, la guerre avait sévit ici plus encore qu'ailleurs lorsque Voldemort avait appris que la maison des Black servait de quartier général à l'Ordre du Phœnix. La disparition de Sirius et la prétention à la propriété des dernières descendantes de la famille Black, à savoir Bellatrix et Narcissa, avaient rendu le secret public avec les révélations de Kreatcher, l'elfe de maison depuis attaché au manoir Malfoy.
Lorsque Harry sortit ses sacs à déchets, chargés des vêtements et papiers que tout moldu pouvait manipuler sans que le secret magique ne soit éventé, il croisa une grande cape noire qui visiblement avait accompli à la même tache.
- Bonjour ! Lança t il à la personne qui entrait chez elle. J'ignorais que quelqu'un habitait le voisinage.
- Bonjour ! répondit l'autre après un sursaut maladroitement dissimulé et dans un anglais teinté d'accent étranger. A qui ai-je l'honneur de parler ?
- Harry Potter, répondit ce dernier en tendant la main.
- Julian Landsburry, dit il en prenant la main tendue d'une poigne ferme. Il semblerait que nous soyons voisins.
- En effet. Dit Harry. Depuis combien de temps êtes vous installé dans le quartier ?
- Quarante huit heures, pour ma part. Et vous ?
- Eh bien, je suis arrivé hier. Et j'ai retrouvé une maison en piteux état je dois l'avouer. Dit Potter en frottant sa nuque.
- Voilà encore un point commun. Lança Julian d'un ton enjoué. Si seulement je parvenais à retrouver ce fichu Leancher, il pourrait m'aider.
- Pardon ? Lança Harry en examinant le voisinage, l'œil inquiet.
- Non, rien. Dit Julian en comprenant ses inquiétudes. Puis-je vous offrir une tasse de th ?
- Hum, oui. Dit Harry ne sachant que penser de cette invitation qu'il jugea saugrenue.
- Je vous en prie, dit Julian en tendant la main vers sa porte d'entrée à peine ouverte.
- Merci. Dit Harry.
Il pénétra dans une maison aux dimensions respectables et richement décorée. Le couloir d'entrée était couvert de papier peint bleu royal uni pour la moitié supérieure et d'un bois aux tons chauds et parfaitement lustré. Les tableaux accrochés aux murs représentaient des paysages verdoyants ou couverts de neige. Pas un seul portrait n'ornait ces murs. Le parquet luisant ne grinçait pas et Harry se sentit en sécurité pour la première fois depuis des années, il avait l'impression qu'ici rien de pouvait altérer le bonheur et la simplicité d'une vie bien remplie. Cette sensation nouvelle et étrange le mit en alerte, il était peu habitué à se laisser aller.
Le petit couloir se finissait sur un escalier en colimaçon très large et en bois de la même essence que les murs et le plancher. La pièce était éclairée par des chandeliers dorés et les bougies couleur miel diffusaient une lumière rassurante. Harry se sentit dans une atmosphère familière malgré le fait que cette maison lui soit totalement inconnue.
- Si vous voulez bien me suivre. La voix chaude et joyeuse de Julian sortit Harry de sa rêverie.
- Oui, merci. Dit il en le suivant alors qu'il venait de passer la porte située à sa propre gauche.
- « Lumos » murmura Julian qui ajouta plus fort à l'adresse de Harry, Vous pouvez vous asseoir.
La lumière se fit sur une cuisine plutôt petite, dallée de pierre brune et aux murs couverts de céramique sable. Une antique cuisinière de fonte aux proportions généreuses ronflait au fond de la pièce et une série de meubles, tous aux tons parfaitement coordonnés aux teintes des murs et du sol, encadraient la pièce. Chose surprenante, un four à micro ondes trônait sur le plan de travail et Harry vit Julian ouvrir ce qu'il avait tout d'abord prit pour une armoire et qui était en réalité un réfrigérateur de grande taille. Plus grand en tout cas que le réfrigérateur américain dont il se souvenait chez les Dursley. La bouilloire chantait sur le piano et les tasses dansaient dans l'air de la pièce en direction de la petite table en bois sur laquelle le sucrier et les cuillères attendaient déjà.
- Savoir que mon voisin est un sorcier est plutôt réconfortant. Lâcha Harry sur un ton badin.
- Eh bien, j'ai pensé qu'il ne serait pas correct que vous l'ignoriez alors que moi je savais qui vous êtes.
- Comment cela ? Dit Harry surpris.
- J'entends votre nom de puis ma plus tendre enfance, et vos prouesses lors du tournoi des trois sorciers se sont répandues comme des traînées de poudre. Pensez vous réellement que quelqu'un dans le monde sorcier d'aujourd'hui ignore votre nom ?
- J'y aspire pourtant, dit Harry d'une voix fatiguée.
- Allons, qui viendrait vous chercher ici ? Lui dit Julian en lui servant un thé fumant et parfumé. Le quartier est dévasté, et je me demande encore comment ces maisons sont encore debout.
- Les trois quarts au moins de mes amis qui connaissent cette adresse. Lâcha le brun aux lunettes. Et ils sont trop nombreux à mon goût en ce moment.
- Je vois, un petit remontant s'impose alors. Dit Julian simplement.
Harry le regarda se lever, intrigué. Il fouilla dans un placard et sortit une bouteille au contenu indescriptible. La bouteille était aussi poussiéreuse qu'opaque. Julian souffla dessus et un nuage de poussière le fit tousser un peu. Il attrapa deux verres à liqueur dans le placard à vaisselle et les posa sur la table. Il servit un liquide ambré et liquoreux et poussa l'un des verres devant Harry qui le regardait d'un air suspicieux. Julian prit délicatement son verre dans la main et observa le liquide un instant. Enfin, il avala son contenu d'une traite et se rassit à sa place en frissonnant légèrement.
Il adorait le goût de cet alcool suave que sa mère nommait « Fine de bordeaux ». Le meilleur remontant qu'il connaisse. Il sourit devant l'hésitation de Harry et l'encouragea à boire son verre lui aussi en se resservant. Jugeant les pensées de son invité trop intimes, il finit par se consacrer à l'observation des fleurs délicatement peintes sur la faïence de sa tasse à thé. Après de longues minutes de silence, le doux tintement du cristal retentit indiquant que Harry avait lui aussi vidé son verre.
Une longue conversation, basée sur des sujets sans importance, amena Julian et Harry à se confier l'un à l'autre. Ils étaient si étrangers l'un pour l'autre que les mots venaient seuls. Quelle importance ce que peut penser l'autre si l'on ne se connaît pas ? Enfin libéré de la certitude de n'être pas jugé, Harry laissa un interminable flot de rancoeurs et de déceptions vider son esprit et son cœur. Qu'il est bon de pouvoir trouver une oreille qui écoute, même si elle ne sait rein de vous. Julian laissa son hôte parler pendant des heures et profita d'un moment de silence pour prendre la parole.
Il raconta son histoire, celle de sa famille pendant un long moment et lorsque Big Ben retentit sonnant les quatorze heures, ils se rendirent compte qu'ils étaient étrangement proches et similaires. Beaucoup trop au goût de Julian qui commençait à penser à Harry en des termes autrement amicaux que le simple fait d'être voisins. Il avala sa troisième rasade de liqueur, histoire de calmer ses vagabondages intellectuels et phantasmatiques.
Cependant, Harry le regardait avec une bien étrange lueur dans le regard. Une lueur qu'il ne parvenait pas lui-même à identifier. Pourquoi cet homme lui inspirait tant confiance, lui qui, à l'instant d'Alastor Maugrey, ne faisait plus confiance qu'à lui-même depuis longtemps ? A ce moment précis, il était tellement las qu'il aurait pu s'en remettre totalement à ce Julian s'il le lui avait demandé. Mais au nom de Merlin qu'est ce qui lui passait par la tête ? Il respira à fond trois fois, tentant de réprimer le tremblement que Julian avait imprimé à ses doigts de par son simple regard.
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Le même jour, 08h45, Collège de Poudlard.
- Kingston et Evercut ! Cria Draco devant les chaudrons des deux élèves en question. Peut on savoir ce que vous préparez ?
- Une potion de sommeil, professeur. Articula laborieusement Kingston.
- Quelqu'un peut il m'inventorier la composition exacte d'une potion de sommeil dans cette classe ? Dit il en serrant fermement l'arrête de son nez d'exaspération.
- Non, monsieur Xander, pas vous ! Personne n'ignore votre haute connaissance en matière de potions, aussi je m'abstiendrais d'avoir recours à l'immensité de votre culture.
- Lucinda Castellini peut être ? Dit il vertement à l'adresse de l'élève passionnément occupée à dessiner sur ses parchemins.
- Non monsieur. Mes connaissances en potions se limitant à, selon vos dires, « savoir tout juste déchiffrer les quelques signes du tableau composant la recette d'une quelconque mixture alors que l'ensemble de la classe en est déjà à les réciter par cœur ». Cita t elle à la perfection.
Cette simple phrase était de la part de l'élève une claire provocation. L'ensemble des élèves retint son souffle, s'attendant visiblement à un ouragan de colère pire encore que ceux déjà légendaires de Rogue.
- Dites moi, mademoiselle Castellini, auriez vous mis à profit mon enseignement durant cette partie de semestre afin d'enrichir et votre vocabulaire et votre culture ? Demanda t il sur un ton narquois.
- Non, professeur, répondit elle d'un ton plus insolent encore, j'ai trouvé un manuel en fouillant sur votre bureau dans lequel on expliquait les règles de l'insolence et du mépris.
Les élèves de sixième année des deux maisons les plus rivales de l'école regardèrent l'un après l'autre leur professeur et leur camarade avec un effroi extrêmement profond peint sur leur visage.
- Comprenez moi bien mademoiselle, cracha t il d'un ton acerbe et en ménageant ses effets, car je ne le répèterait pas deux fois. Si un tel livre existait ce dont tout le monde ici en dehors de vous semble douter profondément et que ce soit sur mon bureau que vous puissiez l'y trouver, qu'est ce qui vous dit que je ne l'y aurait pas posé spécialement à l'attention d'élèves assez idiots pour violer mon territoire et qui se croient suffisamment arrogants pour tenir tête à leur professeur sans avoir la fourberie de le faire subtilement ?
- Je suis un Serpentard mademoiselle Castellini. Reprit il sans lui laisser le temps d'ajouter un mot. Avez-vous la moindre petite parcelle d'idée de ce que cela implique ?
- Non, professeur murmura t elle en rougissant.
- Pardonnez moi mais je ne suis pas sûr de comprendre vos propos, qu'avez-vous dit ?
- Non, professeur. Enonça t elle un ton plus haut.
- Cela signifie que rien dans cette école ne peut être pire que moi. Ne me déclarez pas de guerre ouverte, vous y perdriez bien plus que vous sept années d'études et votre diplôme. Avez-vous compris ou dois je me montrer plus explicite encore ?
- Oui, professeur, dit Lucinda au bord des larmes, j'ai compris.
- Peut on savoir à quoi vous rêvez ? hurla le professeur à l'ensemble de la classe sidérée.
- Hum, ajouta t il à l'adresse de Castellini, cinquante points de moins pour Gryffondor pour votre insolence, et cinquante autres parce que vous êtes un préfet et que votre devoir a été largement dépassé par l'idiotie de votre langue un peu trop vivace.
Aussi rapidement que possible, les étudiants penchèrent la tête vers leur chaudron et s'affairèrent à préparer la délicate potion que leur professeur avait imposée au début du cours. Draco retourna à son bureau, certain qu'aucun incident ne ponctuerait sa classe, et fit une pile parfaitement ordonnée des devoirs qu'il s'apprêtait à rendre.
Il s'assit, et repensa à son horrible matinée qui avait consisté à préparer une nouvelle potion pour sa mère afin de fournir une cure pour Virginia. Il détestait ses moments où Severus, elle et lui se retrouvaient autour d'un chaudron. Il n'avait jamais été doué pour les potions expérimentales et le manque certain de sang froid de son ancien professeur le rendait plus nerveux encore. Subir les éternelles remarques maternelles est une chose, écouter sans broncher les méchanceté qu'énonçait Rogue en était une autre.
Plusieurs fois, il avait crispé sa main sur la cuillère qui tournait la préparation en entendant le maître de la maison Serpentard lui asséner ses sempiternelles gifles psychologiques, en se retenant de lui coller son poing dans la figure. Juste pour soulager sa frustration d'être beaucoup moins bon que l'excellence qu'ils représentaient à ses yeux.
Le cri strident d'une élève affolée le sortit de ses pensées. Il regarda la salle de cours cherchant des yeux d'où provenait la catastrophe. Il se leva précipitamment, reversant sa chaise au passage, et couru vers la femme au teint cadavérique qui venait d'entrer dans son cours. Ginny, le teint plus transparent que gris, à moins que ce ne soit un subtil mélange des deux, marchait péniblement, pieds nus, et la démarche très mal assurée. Elle était courbée et se tenait le ventre d'une main. Sa chemise de nuit était tachée de sang et ses cheveux couvraient son visage aux lèvres bleues d'avoir perdu tant de son précieux liquide vital.
Elle ressemblait à une de ces choses non mortes que les moldus appellent zombies et comprenait mieux le cri de terreur de son élève, qui avait grandi parmi eux et avait sûrement dû se gaver de « films d'horreur ».
- Castellini, courez chercher la directrice Klimovitcz, vous irez voir le professeur Malfoy.Sa voix tonna à travers le cachot. Flint, surveillez vos camarades, je vais à l'infirmerie.
- Bougez vous ! Hurla t il devant l'hésitation de ses étudiants.
Il passa le bras gauche de Virginia sur son épaule et la soutint par la taille. Et l'aida à marche jusqu'au fond de la salle. Il frappa trois coups à la porte menant dans la salle attenante et tourna la poignée. Il la poussa du pied et entra. Rogue n'était pas là. Il aida la jeune femme à s'allonger sur le lit de camp installé dans la pièce et qui lui servait de plus en plus à passer les maigres heures de sommeil que ses insomnies n'avaient pas encore chassées.
Il s'apprêtait à sortir pour laisser quelques consignes supplémentaires et voir si ses collègues étaient arrivées quand Virginia attrapa sa main pour le retenir.
- Reste, supplia t elle d'un voix faible.
- Tu n'aurais pas dû venir jusque ici. Lui reprocha t il d'une voix douce en s'asseyant sur le bord du lit.
- Je ne pouvais plus supporter les murs blancs de l'infirmerie. J'avais besoin de te voir. Murmura t elle. Est-ce vrai ? Draco, ne me ment pas.
- Mais de quoi parles tu ? Demanda t il ignorant de quoi elle parlait.
- L'enfant. Est il vraiment mort ? Etais je vraiment enceinte ?
- Virginia, chut. Tu te poses trop de questions, dit il en posant une main sur son front glacé.
Drac frissonna au contact de cette peau froide et extrêmement pâle. Il cherchait le dernier souffle de vie et de chaleur dans ce corps brisé par une magie trop puissante pour être maîtrisée totalement.
- Draco, je t'ai dit de ne pas me mentir. Quelqu'un va t il enfin me dire ce qui se passe vraiment ? Dit elle d'un ton épuisé.
- Vous êtes en train de subir un changement notoire de votre être magique, lâcha Narcissa d'un ton exaspéré.
Draco se leva et tenta de lâcher la main de Virginia. Elle resserra ses doigts autant que faire se pouvait et tira faiblement pour lui faire comprendre qu'elle voulait qu'il reste près d'elle.
- Comment cela ? Dit elle effrayée par la remarque, pendant que Draco s'asseyait de nouveau près d'elle.
- Vous êtes en train de changer. Ce qui vous subissez est une malédiction extrêmement puissante et votre aura magique en a été modifiée. Il faut donc que nous tentions de réparer tout cela, en commençant par votre fil de vie. Et croyez moi retisser un fil est ce qu'il y a de plus compliqué à faire.
- Mère, vous allez réussir non ? Demanda Draco.
- Je n'ai jamais échoué Draco. Lâcha t elle froidement.
- Vous devriez me suivre vers l'infirmerie, dit Minerva Mc Gonnagall à l'adresse de la jeune Weasley.
- Non ! Trouva t elle la force de crier. Je reste ici.
- Virginia, plaida Draco, tu sera mieux là bas. Pomfresh et Mère sont plus compétentes que moi pour te soigner.
- Je refuse, s'entêta t elle. Je ne quitterai cette pièce que lorsque je serai totalement remise.
- Soit, lâcha Narcissa, Draco vous irez chercher ses effets à l'infirmerie et préparerez votre chambre à son attention.
- Je m'occupe de rapporter ses effets personnels, Narcissa. Dit Minerva à son adresse.
- Je vais de mon côté préparer ma chambre. Dit Draco. Pourriez vous rester près d'elle, Mère ?
- Allez ! Le mot sonna comme un ordre.
Draco et Minerva quittèrent la pièce comme s'envolent les moineaux quand s'approche le chat. Le jeune Malfoy prit le temps de suspendre le reste de son cours et distribua rapidement les copies, se privant du plaisir de les commenter. Ils fit sortir les étudiants qui investirent le couloir en racontant l'arrivée de la jeune Weasley tel un roman épique. Il ne doutait pas que d'ici au déjeuner la jeune femme ne fut devenue un non mort, grâce aux ragots de couloir. Il sourit à l'idée en se dirigeant vers ses propres appartements.
Il n'eut besoin que d'une dizaine de minutes pour mettre sa chambre en ordre. Cela faisait presque trois jours qu'il n'y dormait plus. Il trouva ses vêtements en boule sur le lit et en les rangeant, aperçut le long bâton de bois qu'il avait prévu d'utiliser pour se déguiser. Et il réalisa que c'était justement ce soir qu'aurait lieu le bal de Halloween. Bal durant lequel il était chargé de veiller sur les élèves. Il chercha le reste de son costume, peut enclin désormais à ce rendre à cette stupide soirée alors que Virginia serait entre la vie et la mort allongée dans sa propre chambre certainement à attendre qu'il revienne de cette ennuyante soirée.
Il retourna vers la salle de Potions et surprit une conversation qu'il ne s'attendait pas à entendre. Sa mère parlait d'une voix tendre et chaleureuse à Virginia, qui lui répondait d'une voix fatiguée mais plutôt enjouée malgré tout, elles avaient l'air conspirateur que seules les femmes savent avoir lorsqu'elles manigancent une surprise.
- Et vous pensez que cela peut marcher ? Dit Ginny
- Oui, je le crois, mais il faut à tout prix garder le secret de votre rémission. J'ai besoin de deux écailles de Boutefeu chinois et aussi d'un ongle de loup-garou. Pour le dragon, je demanderai à Severus, mais pour l'ongle de garou je craints de ne pas savoir comment me procurer ceci avec le consentement de la bête. Je vous préparerai cette potion pour que le test puisse être fait dans l'optique d'une parfaite simulation.
- Pour l'ongle de loup garou Bill nous aidera, assura Ginny. Il ne peut rien me refuser. Mais qu'en est il de Draco ?
- Il ne saura rien, je puis vous l'assurer. Cela doit venir de lui-même. Il doit l'avouer spontanément. Je ne puis le contraindre et vous ne devez l'aider en rien. Cela fausserai tout. Lui dit Narcissa qui tenait les mains de Ginny dans les siennes.
- Narcissa ? Quand aura lieu notre petite expérience ? J'ai grande hâte de savoir !
- Ne soyez pas si pressée. Tout est question de temps. Mais il faut surtout éviter de vous fatiguer pour le moment. Cela dit, tous les signes que vous m'avez rapportés me confirment que vous êtes en parfaite santé.
Elles rirent.
- Pour une femme dans votre état s'entend. Ajouta t elle plus sérieusement. Vous êtes de constitution robuste fort heureusement.
- Oui, j'ai toujours eu cette chance. Concéda Ginny.
- Bien maintenant, il va falloir vous remettre au travail, ma belle enfant. Je pense que mon fils ne va pas tarder à revenir.
- Narcissa, merci.
- Ne me remerciez pas, j'ai fait tout ça pour lui. J'ai agi par pur égoïsme.
- Peut être qu'un jour vous accepterez de me parler de lui. Dit Ginny malicieusement.
- Et de qui voulez vous que je vous parle, s'il vous plaît ?
- De celui qui a volé votre cœur à Lucius. Dit elle doucement. Ne me demandez pas comment je l'ai appris. J'ai promis d'en garder le secret.
- Soit, sachez seulement que Lucius n'a jamais eu mon cœur, jeune curieuse. Dit elle plus froidement. Je n'ai jamais aimé cet homme froid et calculateur.
Draco sentit son cœur sombrer et un étourdissement aussi soudain que bref le contraignit à prendre appui sur une table pour ne pas tomber. La table le trahit et glissa bruyamment de quelques centimètres, révélant sa présence aux deux femmes. Il ravala les larmes de rage que cette révélation faisait jaillir au bord de ses yeux et reprit contenance pour ne pas afficher ses sentiments, une fois de plus.
- Chut, murmura Narcissa à Ginny, il revient.
Ginny arbora son air de pure souffrance encore une fois et s'affala sur le lit de camp. Elle se mit à réfléchir à grande vitesse, les paramètres de cette nouvelle révélation s'imbriquant avec les anciens. Elle était proche de tout savoir de cette famille qui la fascinait, malgré ce que le commun des sorciers en pensait et en disait. Elle savait que de lourds secrets restaient encore enfouis et se promit de les faire ressortir.
- Mère ! Virginia ! Dit Draco d'un ton plus rageur qu'inquiet, contrairement à l'effet escompté.
- Draco. Répondit sa mère qui ignora superbement le ton de son fils.
- Ma chambre est prête.
- Bien vous avez fait vite. Emmenez la jusqu'à votre lit et restez y jusqu'à ce que je revienne.
- Viens Virginia, dit Draco en l'aidant à se lever. Je t'emmène.
- Merci, souffla t elle.
- Qu'est ce que tu as ? Demanda Ginny en sentant Draco se raidir.
- Rien. Jeta t il un peu brutalement.
Sans ajouter un mot, il la conduisit dans sa chambre. Il la laissa s'installer sur le lit et ouvrit la porte à la directrice du collège qui apportait le sac de Ginny. Draco le lui arracha des mains et referma la porte sur son nez sans dire un mot. Puis se dit qu'il avait été un peu grossier avec « la vieille Mc GO » comme il l'appelait. Il ouvrit la porte de nouveau l'instant d'après mais elle était déjà partie. Il la referma une nouvelle fois et retourna dans sa chambre pour aider Ginny à s'installer et à trouver ses marques.
Et il constata qu'elle n'avait pas eu besoin de lui pour comprendre que le lit était le sien. Elle y avait consciencieusement étalé des parchemins et quelques livres moldus qu'elle lisait assise sur le lit, les avant-bras posés sur la couverture et suçotant un crayon à papier moldu. Son aptitude à le flouer était si parfaite qu'il explosa de colère en la voyant moins malade qu'il ne l'avait jugé.
- J'en reviens pas ! Cria t il
- Pardon ? Parvint elle à dire après un cri d'effroi et un sursaut.
- Il y a à peine cinq minutes encore je te croyais aux portes de la mort et je te trouve sur mon lit, à gribouiller sur un parchemin, aussi fraîche qu'une rose éclose du matin.
- Tu exagères. Dit elle d'une moue provocatrice. J'ai un teint cadavérique. Mais tu as raison sur un point, je vais beaucoup mieux.
- Ta mère m'a dit que le processus de guérison arrivait à son terme. Et que je suis définitivement classée dans la catégorie hors de danger. Elle m'a aussi grondée pour l'avoir si joliment trompée sur mon état tout à l'heure. Mais je devais être crédible, si je ne la trompais pas elle, comment espérer te tromper t…
Elle s'arrêta, réalisant qu'elle était en train de trop parler.
- Oui, continues je t'en prie. Dit Draco d'un ton sec en sentant sa colère remonter d'un cran.
- Non, rien. Dit elle trop vite.
- Weasley, dit il d'un ton outrageusement méprisant, finis ta phrase ou c'est la dernière fois que tu te joueras de moi ! Il avança vers elle un rictus de colère sur le visage et la posture menaçante.
- Je… Commença t elle paniquée. Je n'en ai pas le droit. J'ai fait un serment.
- Donc, tu complotais bien avec ma mère. Je vous ai entendues et jusqu'à maintenant je ne pouvais croire que ce que j'avais entendu était vrai. J'ai cru que ma mère me jouait un vilain tour. Que ce n'était pas possible.
- Draco, je ne comprends rien de ce que tu dis.
- Ne m'appelle pas par mon prénom, cracha t il.
- Mais, enfin Dra…Elle se reprit devant ses yeux furieux. OK, Malfoy. Calmes toi, je ne comprends rien.
- J'ai toujours espéré qu'ils s'aimaient.
Il parlait d'une voix lointaine, les yeux perdus en des lieux que Ginny ne pouvait atteindre. Il s'appuya à la lourde armoire de chêne qui trônait dans sa chambre et finit par glisser le long de la porte pour s'asseoir sur ses talons la tête penchée en avant. Une petite tache d'eau apparut au sol, trop petite et trop lointaine pour que Ginny ne l'aperçoive.
- J'ai toujours rêvé d'entendre ces simples mots, ces trois mots que l'on dit quand on a des sentiments sincères. J'aurais dû savoir, jamais ils ne les avaient prononcés en ma présence. Quand on aime on le dit, on le crie. On le montre.
- Que sait tu de l'amour Draco. Dit elle sans comprendre.
- Rien dit il dans un sanglot. C'est là le problème. Je ne sais rien.
Il éclata en sanglots inextinguibles. Ginny se leva, et s'approcha de lui. Elle le prit dans ses bras et le consola un moment. Ils n'entendirent pas la porte s'ouvrir doucement. Ginny le consolait en caressant doucement ses cheveux et lui parlait doucement cherchant des mots susceptibles de le rassurer. Elle prit son menton à deux mains et le remonta pour découvrir un visage aux yeux rougis et aux cheveux trempés de larmes qui ne s'arrêtaient plus collé à ses joues.
« Si Draco, tu connais l'amour. » lui chuchota t elle, ignorant qu'ils étaient observés. Elle dégagea les cheveux et lui essuya les yeux avec sa chemise de nuit, qu'elle avait changé un peu plus tôt. Il la regarda surpris et reconnaissant et avança ses lèvres près des siennes. Il hésita un peu et elle l'embrassa doucement, juste assez pour lui montrer son affection et ne pas le brusquer.
Il brisa le baiser et la regarda un instant incrédule. Finalement il tomba à genoux devant elle et, dans ses bras, pleura de plus belle. Narcissa, satisfaite, les observa un petit moment encore puis referma silencieusement la porte en souriant. Les deux autres avaient raison, tout était pour le mieux.
A suivre…
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Désolée mais je ne posterai pas de réponses aux reviews. Pas vraiment le temps.
Juste un petit mot pour Alisa : Merci de ton soutien.
Bises, et je vous donne rendez vous au chapitre 10.
